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1 INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE Dr TOURE Gninin Aïcha Desline Assistante en Archéologie Institut de Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD) UFR- Sciences de l’Homme et de la Société (SHS) Université Félix HOUOHOUET-BOIGNY Cocody-Abidjan [email protected] / M. MARDJOUA Barpougouni Doctorant en co-tutelle en Archéologie Université d’Abomey-Calavi &Université libre de Bruxelles [email protected]

INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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Page 1: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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INITIATION A L’HISTOIRE

ET A L’ARCHEOLOGIE

Dr TOURE Gninin Aïcha Desline

Assistante en Archéologie

Institut de Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD)

UFR- Sciences de l’Homme et de la Société (SHS)

Université Félix HOUOHOUET-BOIGNY Cocody-Abidjan

[email protected]

/

M. MARDJOUA Barpougouni

Doctorant en co-tutelle en Archéologie

Université d’Abomey-Calavi &Université libre de Bruxelles

[email protected]

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Syllabus

Nom et Prénoms : TOURE Gninin Aïcha Desline & MARDJOUA Barpougouni

Grade : Assistant/ Doctorant

Titre du cours : Initiation à l’Histoire et l’Archéologie

Année universitaire : 2018-2019

I- Objectifs du cours

1- Objectif général

Donner aux étudiants, des notions d’archéologie et d’histoire en respectant les règles

cartésiennes des disciplines.

2- Objectifs spécifiques

A l’issue des enseignements, les étudiants doivent être capables de :

- conserver les vestiges issus des sites archéologiques ;

- connaitre les grandes innovations qui ont marqué l’histoire du continent ;

- s’approprier les règles de la dimension scientifique de l’histoire (méthode d’analyse et de

recherche).

- Appréhender les grands problèmes qui se posent à la discipline historique

II- Le contenu du cours

La culture ancienne est mal connue des jeunes. Avec le temps, elle risque de disparaître. C’est

ainsi qu’intervient l’histoire et l’archéologie, sciences qui étudient l’histoire, le mode de vie, le

développement local, socio-économique, culturel, environnemental d’une population donnée.

Pour ce qui est de l’archéologie, elle permet de mettre au jour des artefacts, témoins d’une

culture matérielle ancienne qui seront valorisés. Les étudiants sont instruits sur les différents

types de sites archéologiques et sur la mise en valeur des artefacts. Ils opèrent de ce fait une

rupture avec certaines perceptions qu’ils ont de l’histoire et l’archéologie.

III- Programmation

Les cours sont programmés du 25 février au 01 mars 2019.

IV- Méthodologie

Le cours est dispensé sous forme de Cours Magistraux (20 heures) suivis de Travaux Dirigés

(15 heures). Dans le cas des de Travaux Dirigés, le travail se déroulera en exercices pratiques

en groupe de quatre (4) portant sur les différents aspects du cours pour observer le niveau de

compréhension des étudiants.

Thèmes des travaux dirigés

1- L’archéologie du bâti

2- L’archéologie préventive

3- Le paysage urbain : cas de Porto-Novo

4- Le musée ethnographique Alexandre Sènou ADANDE dans la connaissance de

l’histoire de l’actuelle République du Bénin

L’évaluation compte un examen clôturant l’évaluation de la première session organisée à la fin

des enseignements, d’une durée maximum de 03 heures. La deuxième session porte sur un sujet

d’une durée également de 03 heures.

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Dr TOURE Gninin Aïcha Desline

Assistante en Archéologie

Institut de Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD)

UFR- Sciences de l’Homme et de la Société (SHS)

Université Félix HOUOHOUET-BOIGNY Cocody-Abidjan

[email protected]

Première partie :

INITIATION A

L’ARCHEOLOGIE

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INTRODUCTION

Les sociétés humaines ont des traits distinctifs par rapport aux autres espèces du

règne animal, tels que la curiosité par rapport au passé, le besoin de savoir sur leur

origine ou les interrogations liées à leur origine. Des réponses à ces

questionnements ont une grande diversité de faciès, de la légende1 au mythe2, de

la religion à l’exploration de la mémoire collective. D’où la question par exemple,

« Divinité ou simple témoin des hommes d’avant nos ancêtres immédiats » ?

Cette dernière interrogation est le point de départ d’une approche qui a donné

naissance à une discipline qui a pris forme au XIXème siècle en Europe et en

Amérique du Nord qui ont connu la révolution industrielle avec ses

bouleversements des paysages.

En Afrique, la pratique est beaucoup plus récente. Ainsi, les recherches

archéologiques sur le continent sont encore peu développées. Les recherches

menées jusque-ici ne concernent qu’une partie du continent. Cette pauvreté

documentaire ne favorise guère la connaissance du passé ancien. Les sciences

historiques en général et l’archéologie en particulier, constituent à cet égard, des

moyens adéquats pour satisfaire cette préoccupation essentielle.

- Définition de l’archéologie

Etymologiquement, le terme « archéologie » vient du grec « archaïos » qui signifie

ancien et « logos » qui veut dire discours /Archaios : qui concerne les temps très

anciens, les origines.

Elle apparait donc comme le discours sur les choses anciennes. En d’autres

termes, c’est la « Science qui étudie le passé de l’humanité à travers ses vestiges

matériels »

1 La légende est un récit ou une tradition populaire qui a, en général, pour sujet soit des événements ou des êtres

imaginaires, mais donnés comme historiques, soit des faits réels, mais mêlés de merveilleux. 2 Le mythe est un récit légendaire transmis par la tradition, qui a travers les exploits d’êtres fabuleux, fournit une

tentative d’explication des phénomènes naturels et humains.

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L’archéologie peut donc être définie comme la science qui, grâce à la mise au jour

et à l’analyse des vestiges matériels du passé, permet d’appréhender depuis les

temps les plus reculés, les activités de l’homme, ses comportements sociaux ou

religieux et son environnement (cf. Petit Larousse 1998).

L’archéologie est également la science qui recherche et étudie les vestiges de la

présence des hommes du passé : outils, constructions, restes de cuisine, traces

artistiques, etc.

L’archéologie peut être vue comme la science ou l’art de reconstituer la façon

dont les peuples constituent et actualisent leurs cultures et l’utilisation faite par

certains peuples des différentes étapes du temps et certaines informations par

rapport à leur propre passé.

Ainsi donc, la discipline dénommée archéologie est le produit d’une élaboration

théorique et pratique qui a une histoire.

- Origine et évolution de la discipline

Comme toute activité humaine, l’archéologie a une histoire. Elle commence

réellement après la renaissance (XVème-XVIème Siècle), période au cours de

laquelle l’Europe redécouvre les œuvres monumentales et les sculptures des

artistes gréco-romains et cet intérêt pour l’antiquité se double d’une floraison

littéraire et muséale en Italie d’abord puis en France et en Espagne avant de gagner

le reste du continent européen. Cette époque a été également celle de l’expansion

de l’Europe qui découvre aussi d’autres parties du monde habitées.

Ainsi, s’ouvre pour les nations européennes une ère de contrôle des ressources

économiques et des circuits commerciaux essentiels à partir du XVIIè siècle et

surtout du XIXème siècle. C’est au cours de ce dernier siècle que l’archéologie

va prendre ses principales caractéristiques qui vont faire d’elle une nouvelle

discipline scientifique.

Page 6: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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La naissance de l’archéologie a été donc favorisée par la renaissance en Europe

(Italie, France et Espagne…) puis par le siècle des lumières et enfin par la

révolution industrielle avec la naissance des sciences telles que la géologie et la

botanique.

Il faut noter que la géologie a fourni à l’archéologie quelques notions de base telle

la notion de stratigraphie (dépôt successif des couches) et la notion de fossile

(restes d’animaux ou de plantes conservés). Toutefois, c’est au XXe siècle que

l’archéologie va se constituer en discipline autonome avec le développement de

sa propre méthodologie.

D’Europe en Afrique, l’archéologie a été appliquée dans d’autres continents avec

l’expansion impérialiste des puissances coloniales en Amérique, en Asie, en

Afrique, au Moyen-Orient, etc.

La recherche archéologique est menée en Afrique sur la base d’une frise

chronologiques. Ces approches font distinguer :

- une archéologie préhistorique qui couvre les débuts de l’humanité

jusqu’à l’avènement des premières techniques de métallurgie ;

- une archéologie protohistorique consacrée à l’étude des cultures de

transitions entre la fin de la préhistoire et les débuts de l’histoire. Ces

cultures reposent surtout sur le développement des métallurgies primaires

et anciennes ;

- une archéologie historique qui étudie les sociétés humaines structurées,

utilisant l’écriture ou les traditions orales pour la conservation de leur

mémoire historique, culturelle et technique ;

- une archéologie contemporaine qui peut prendre la forme d’une

ethnoarchéologie

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- Objet

L’archéologie appelle la collaboration de nombreuses disciplines scientifiques

complémentaires les unes des autres : sciences de la vie, sciences de la terre,

sciences humaines, sciences sociales. C’est un travail d'équipe, à la fois sur le

terrain, lors de la fouille, et lors de l'étude des vestiges découverts !

Progressivement la discipline élargit son objet de recherche. Elle a une échelle

plus large dont l’étude des processus d’évolution des sociétés.

De ce fait, nous la définissons désormais comme l’étude des traces d’activités

humaines, des témoignages matériels de présence humaine, y compris dans leurs

dimensions sociale et économique et dans leur interaction avec l’environnement.

Ainsi, à travers ses nouveaux objets d’étude, l’archéologie, en se penchant sur le

passé, s’intéresse aussi au présent dans le but de la valorisation du patrimoine

culturel et de la confrontation des vestiges avec les données actuelles.

Il faut donc retenir que mener des études en archéologie en Afrique, revient à bâtir

un substratum culturel qui nous permettra de mieux comprendre le mode de vie

des populations anciennes et de connaitre de façon plus précise nos origines et nos

cultures.

I- LE TRAVAIL DE L’ARCHEOLOGUE

Un archéologue est nécessaire pour chercher et trouver des traces du passé. En

effet, il est chargé de dater (avec des moyens scientifiques) les objets trouvés dans

le sol, de les cataloguer (faire des croquis, prendre des photographies) et d'étudier

leur usage (ce à quoi ils servaient). Un archéologue fouille des sites pour trouver

des objets enfouis. Il doit aussi avoir de la patience et de la méticulosité pour ne

pas détériorer les vieux objets.

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En effet, un site archéologique est un lieu (ou un groupe de sites physiques) où

sont préservées des preuves de l'activité passée (préhistorique ou historique ou

contemporaine). Le site a été, ou peut-être, fouillé grâce à l'archéologie.

Mais comment l’archéologue s’y prend pour fouiller les sites ?

On peut distinguer trois grandes phases dans la recherche archéologique : d’abord

celle de la préparation, puis la phase des travaux de terrain et enfin celle du

traitement des données suivis des interprétations sur la diffusion des résultats et

éventuellement sur la mise en valeur du ou des sites et collectes.

1- Phase préparatoire d’une recherche

a- Préparation documentaire et administrative

Toutes recherches commencent par le choix du thème. La thématique en

archéologie étant très large, il faut se documenter pour faire un état des

connaissances au moment du démarrage de la recherche. Il faut pour ce fait

dépouiller la littérature existante sur le thème, sur le ou les sites ou sur la région à

étudier (archives, références bibliographiques, recueils de traditions orales, études

linguistiques, toponymiques, etc.), et collecter la documentation cartographique

et photographique. C’est à partir de cette base de données que le chercheur ou

l’équipe de chercheurs peut élaborer son projet de recherche. Par la suite, il faut :

- Une demande d’autorisation à l’institut compétente ;

- Par correspondance et visite, annoncer aux autorités administratives locales

(préfet, maire, etc.) sa présence sur le terrain.

b- Préparation financière et logistique

Toute recherche a un coût proportionnel à l’ampleur et à la diversité des activités

programmées. Aussi, faut-il à la coordination du projet avoir prévu un budget et

avoir levé en conséquence les fonds nécessaires dont les sources peuvent être

multiples.

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Il faut aussi réunir la logistique qui comprend tous les différents matériels

nécessaires d’une part pour l’intendance d’un groupe plus ou moins nombreux

devant faire un séjour prolongé loin de son lieu habituel de résidence et, d’autre

part tous les instruments de travail, de mesure et de conditionnement des éléments

à recueillir ou à collecter pendant les travaux de terrain.

En d’autres termes, la logistique comprend : l’hébergement, la restauration, le

transport, la santé, etc.

c- La prise de contact sur le terrain

Elle se fait à deux niveaux : au niveau des autorités administratives et des autorités

coutumières.

Au premier niveau, il s’agit des Préfets, Maires, des Chefs d’Arrondissement, des

Commissaires, etc.

Au deuxième niveau, il est recommandé aux chercheurs de s’ouvrir à elles et aux

populations en général. Les chercheurs se doivent d’avoir une certaine

connaissance des us et coutumes locales et en tenir compte dans leur démarche

(respect des lieux sacrés, des tombes, etc.). C’est ce qu’on appelle faire l’enquête

orale.

2- Les travaux de terrain

a- La prospection

La prospection est une méthode de reconnaissance qui vise à identifier la présence

de vestiges archéologiques et à collecter des données.

Il existe plusieurs façons de prospecter. Cela dépend de l’objectif à atteindre et du

type de site auquel l’on a affaire.

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- La prospection aérienne : Les archéologues utilisent l’avion pour repérer

depuis le ciel des anomalies de couleur ou de relief du sol. Ces anomalies, que

personne ne voit depuis la surface, indiquent souvent des vestiges enfouis.

Aujourd’hui nous avons le drone qui nous permet de faire ce type de prospection.

- Les prospections au sol : les prospections au sol repèrent les sites depuis la

surface et servent à dresser l’inventaire de vestiges encore visibles ou enfouis.

Elle se fait en marchant sur le site. Il existe en effet, deux types de prospection au

sol : la prospection géophysique et la prospection pédestre. Cette dernière est la

plus pratiquée.

b- Le sondage et la fouille

Le sondage est un diagnostic pour révéler la présence de vestiges archéologiques

exceptionnels.

Le sondage occupe une place un peu à part dans la mesure où il peut être considéré

soit comme une méthode de prospection, soit déjà comme un travail de fouille et

intervenir ponctuellement au cours de celle-ci.

Quant à la fouille archéologique, elle est l'acte de rechercher des vestiges enfouis,

qu'il s'agisse de constructions, d’objets ou de traces de l’activité humaine passée,

et de procéder à leur mise au jour par enlèvement des matériaux et sédiments qui

les recouvrent.

Les fouilles archéologiques font intervenir un certain nombre d’acteurs :

Topographe, photographe, architecte, dessinateur, anthropologue, palynologue,

sédimentologue, restaurateur de mobilier etc.

En effet, un soin particulier est accordé aux fouilles afin de tirer le plus grand

nombre d’informations. Pour la fouille, l’archéologue a besoin d’un matériel

approprié pour mener à bien son travail :

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Une ardoise pour écrire le nom du site, la boussole pour se repérer, le nord

géographique pour indiquer le nord, un appareil photographique numérique pour

les prises de vues, une lunette de chantier et une mire pour les relevés

orthogonaux.

Du matériel a servi pour le creusage, le ramassage et le tamisage. Nous avons

utilisé entre autres les houes, les pioches et piochons, les grattoirs, les racloirs, les

pelles, les pinceaux, les truelles, etc.

L’archéologie n’est pas une chasse au trésor et les archéologues ne cherchent pas

des objets. Le métier d’archéologue consiste à réunir des indices qui vont

permettre de reconstituer l’histoire du site fouillé.

Elle est un chantier particulier. De nombreuses personnes et différentes techniques

sont réunis pour un même objectif : noter tous les indices et prélever tous les objets

qui racontent l’histoire du site. Cela se fait par décapage de carré.

Les vestiges sont recueillis selon leur nature, récupérés à la main et ensachés

séparément dans des mini-grips. Des écrits sur les sachets (lieu, code

d’identification du carré, niveau et nature de l’objet) permettent d’identifier

chaque élément.

A la fin de la fouille, les coupes stratigraphiques sont réalisées. A la suite de la

fouille, les vestiges matériels recueillis sont gardés dans des malles sur les sites

jusqu’à la fin de la campagne. Ces vestiges prélevés seront étudiés au laboratoire.

3- La post-fouille

a- Le nettoyage et le lavage

Après une fouille, tous les objets trouvés remplissent des dizaines de bacs. Pour

retrouver rapidement les objets d’une couche, l’archéologue écrit le numéro de la

couche sur les bacs. Maintenant, leur contenu doit être lavé.

Page 12: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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Le nettoyage des objets n’est pas du tout une opération anodine. Il va supprimer

tous les indices qui sont peut-être collés ou imprimées sur la terre qui entoure

l’objet. Aussi il faut d’abord vérifier que des fibres de tissus, de débris organiques,

des pigments de couleur n’adhèrent pas à sa surface. La plupart des objets peuvent

être nettoyés à l’eau avec une simple brosse à poils souples. On ne doit pas utiliser

les brosses métalliques car elles rayent les objets. Et même si ces rayures ne sont

pas visibles à l’œil nu, elles deviennent des nids à bactéries et à champignons.

b- Le séchage

Une fois propre, chaque objet doit sécher. Le séchage doit être lent, sans radiateur,

à l’abri du soleil, dans une pièce à l’ombre et sèche. Bien sûr, il faut toujours

garder l’étiquette qui porte le numéro de la couche avec les objets correspondants

et ne pas mélanger les contenus des différents sacs.

c- Le marquage

Tous les objets prélevés en fouille, puis lavés, doivent être marqués une fois secs.

Le marquage doit être discret. L’objectif du marquage est d’inscrire sur chaque

objet les informations liées au contexte de sa trouvaille (code & nom du site, année

de la fouille, numéro de la couche où l’objet a été trouvé, numéro d’inventaire).

Après cette étape, chaque objet aura un numéro différent. Pour chaque couche, les

objets sont d’abord rangés par catégories de matériau, puis numérotés en continu

: d’abord les objets en pierre, puis ceux en métal, puis en os, en céramique, etc.

d- Le stockage

Une fois numérotés, certains objets sont envoyés dans des laboratoires pour être

étudiés par des spécialistes. D’autres vont dans des laboratoires de restauration

pour y subir des traitements de consolidation et de conservation. Les autres sont

stockés dans des bacs faciles à manipuler, dans un endroit sec. Ils doivent être

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aisément accessibles, car durant les semaines ou les mois qui suivent la fouille, ils

vont tous être étudiées.

4- La valorisation des résultats

Après l’analyse des informations recueillies (mobiliers, structures, sols

archéologiques), le responsable de la fouille rédige un rapport de fouilles

comportant le détail des informations recueillies, les dessins archéologiques et son

interprétation scientifique. Ce rapport vient compléter et étayer un sujet de

recherche beaucoup plus large ; il sera le support essentiel de prochaines

publications, voire d’expositions temporaires ou permanentes. Lorsqu’un site

archéologique présente un intérêt essentiel de conservation, il peut faire l’objet de

la création d’un musée : un musée de site.

II- LES SOUS-DISCIPLINES DE L’ARCHEOLOGIE

L’archéologie est subdivisée en plusieurs sous-disciplines.

1- L’archéologie environnementale

L’archéologie environnementale a pour objet d'étude l'environnement passé et ses

interactions avec l'Homme.

Elle utilise les méthodes et techniques de la géographie, de la géologie, de la

géomorphologie, de la pédologie, de la faune et de la botanique. L’archéologue

peut ainsi comprendre et restituer l’histoire des sites archéologiques eux-mêmes,

mais aussi celle des paysages qui les entourent :

Comment l’environnement a-t-il conditionné les activités humaines ?

Dans quelles mesures les populations du passé ont-elles adapté leur milieu à leurs

besoins ?

Quels sont les impacts de ces modifications ?

Page 14: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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Pour étudier la végétation et le climat, l’archéologue fait appel à de multiples

disciplines : la palynologie, la dendrochronologie ou la carpologie.

2- L’archéologie expérimentale

L'archéologie expérimentale vise à retrouver, par la pratique, les gestes qui ont

conduit à la réalisation des vestiges retrouvés dans les sites archéologiques :

Pierre taillée, poterie, outils en os ou en métal, habitats…

L’archéologie expérimentale permet aux chercheurs de tester des hypothèses

formulées sur le terrain lors de la fouille.

Ce type d’archéologie se retrouve généralement dans les autres disciplines.

3- L’archéologie préhistorique

L'archéologie préhistorique est l’archéologie qui étudie les faits préhistoriques.

Elle couvre une très longue période, c’est-à-dire depuis le début de l’histoire de

l’humanité jusqu’à la protohistoire. Multidisciplinaire, elle interagit avec

l’anthropologie, l'ethnohistoire, l'ethnoarchéologie et diverses autres sciences qui

ont en commun de vouloir comprendre le passé des groupes humains, révélant

ainsi l'ancienneté et la complexité de l'univers culturel ancien des autochtones.

4- L’archéologie historique

L'archéologie historique, dont les vestiges sont souvent plus apparents et mieux

conservés que les vestiges de la période précédente, jette un regard inédit sur

différents aspects d'un passé plus récent de la société. Multidisciplinaire,

l’archéologie historique entretient des liens avec l’histoire et l’anthropologie, et

essaie de comprendre les modes de vie des sociétés du passé.

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5- L’archéologie urbaine ou l’archéologie de la ville

L’archéologie urbaine étudie le phénomène urbain à travers le temps et à travers

l’espace. Elle vise à mieux connaître le passé d'une ville, c'est-à-dire :

Son origine, son fonctionnement, son développement, l'identité de ses habitants,

la nature des activités qui s'y sont déroulées et leur impact sur la forme urbaine.

Un autre objectif de l’archéologie urbaine est d’assurer la pérennité des témoins

matériels de l'histoire de la ville, de les protéger ou de les intégrer dans le tissu

urbain d'aujourd'hui et de demain.

L’archéologue n’a pas la tâche facile : il doit composer avec de multiples facteurs

dont la nature du sous-sol où s’enchevêtrent de multiples occupations, parfois

difficiles à comprendre, ainsi que le développement urbain qui transforme

continuellement le paysage et perturbe parfois les couches archéologiques.

6- L’archéologie du bâti

L’archéologie du bâti est une discipline de l'archéologie qui étudie les élévations

d’une construction bâtie, qu'elle soit religieuse, militaire ou domestique. On

l’appelle aussi l’archéologie des élévations et elle se pratique généralement dans

un contexte de fouilles historiques.

L’archéologue du bâti étudie les parties aériennes d’un bâtiment. Il en reconstitue

l’histoire et la chronologie en retrouvant dans les murs les phases de construction

et de transformation que les parties en élévation ont subies, comme le percement

ou le rehaussement des murs. L’archéologue procède à un relevé minutieux des

structures architecturales et analyse les pierres, les mortiers, les enduits, et les

techniques d'assemblage. Il peut également dater les charpentes en utilisant les

techniques de la dendrochronologie.

Page 16: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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7- L’archéologie subaquatique

L’archéologie subaquatique s’intéresse aux sites archéologiques situés en dessous

de la surface de l’eau, qu’il s’agisse de l’océan, de rivières ou de lacs. En plus des

épaves de navires, l’archéologue subaquatique étudie les sites submergés, qu’ils

soient préhistoriques ou historiques, des vestiges comme des quais ou les écluses,

des épaves d’avions et d’autres types de ressources culturelles.

L’archéologie subaquatique utilise sensiblement les mêmes méthodes d’analyse

et poursuit les mêmes objectifs que l’archéologie appliquée à des sites terrestres.

Toutefois, comme elle se pratique dans un environnement particulier,

l’archéologie subaquatique est souvent plus complexe à réaliser que l’archéologie

terrestre. Elle demande la mise en place d’un ensemble impressionnant de

techniques et d’équipements spécialisés et coûteux afin de travailler de façon

productive sous l’eau.

8- L’archéologie préventive

L’archéologie préventive a pour objectif d’assurer, sur terre et sous les eaux, la

détection et l’étude scientifique des vestiges susceptibles d’être détruits par des

travaux liés à l’aménagement du territoire.

L’archéologie préventive provient de l’archéologie de sauvetage, laquelle a

encore sa raison d’être. Malgré toutes les bonnes intentions des intervenants, il

arrive que des vestiges soient remarqués au cours de travaux d’aménagement. Il

convient donc d’agir vite pour collecter un maximum d’informations

archéologiques et limiter les frais causés par l’imprévu.

L’archéologie préventive se distingue de celle pratiquée par les universitaires par

son côté pragmatique. Les méthodes développées pour son application ne relèvent

pas de la recherche au sens pure. Elles ont été adaptées pour répondre au besoin

Page 17: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

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de protéger le patrimoine, tout en acquérant des connaissances sur notre histoire

ou notre préhistoire.

CONCLUSION

L’archéologie est une discipline scientifique qui s’inscrit dans un cadre juridique

et administratif fort de l’État et dans le cadre de projets de recherche spécifiques,

dans le seul objectif de nous permettre d’accroître notre connaissance des

civilisations anciennes. Elle met en œuvre des professions, des méthodes et du

matériel varié dans le respect des règles de sécurité et d’éthique et dans le souci

également de préserver, de conserver et de diffuser une histoire commune à tous.

BIBLIOGRAPHIE

✓ LECHANT (J.), Dictionnaire de l’antiquité, France, PUF, 2957 p.

✓ BEAUD (S.), WEBER (F.), Guide de l’enquête de terrain, collection guide,

grands repères, la découverte, Saint Armand-Montrond, Nouvelle Edition,

2006, 354 p.

✓ LEHÖERFF (A.), « La documentation archéologique », in Alain

SCHNAPP, JeanPaul DEMOULE, Anne LEHÖERFF, François

GILIGNY, Guide des méthodes de l’archéologie. Repères, Paris, Editions

la Découverte, 2002, pp.39-85

✓ N’DAH (D.), Sites archéologiques et peuplement de la région de l'Atakora

(nordouest du Benin), Thèse de doctorat unique en Archéologie africaine,

Université de Ouagadougou, unité de formation et de recherches en

sciences humaines, Département d'histoire et archéologie, Soutenue le 18

juin 2009, Année académique 2008-2009, 530p.

Page 18: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

18

✓ PESEZ (J.M), L’Archéologie, France, Nathan, 1997, 128 p.

✓ TOURE (G.A.) l’Art de la Terre cuite à Korhogo (Nord-Côte d’Ivoire) : de

XVIIIème siècle à nos jours, Thèse de doctorat unique en Anthropologie,

option Archéologie, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY d’Abidjan,

Soutenue le 16 Avril 2018.

✓ https://www.archeoquebec.com/fr/larcheologie-au-quebec/les-domaines-

de-larcheologie

✓ http://asso.objectif-sciences.com/Initiation-a-l-archeologie.html

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M. MARDJOUA Barpougouni

Doctorant en co-tutelle en Archéologie

Université d’Abomey-Calavi &Université libre de Bruxelles

[email protected]

Deuxième partie :

INITIATION AUX

SCIENCES HISTORIQUES

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20

Plan

Introduction

Chapitre I : Quelques généralités sur l’histoire au cœur des sciences sociales

A- Histoire : Définition et Objet

B- Diversification des domaines d’investigation

C- Des repères chronologiques

Chapitre II : Les grandes lignes de l’évolution de l’histoire

A- Les premiers moments de l’histoire

B- L’affirmation du caractère scientifique de l’histoire

Chapitre III : Les grands problèmes de l’histoire

A- Le problème de la documentation

B- La notion de fait historique

C- Le problème d’objectivité

D- Le problème de la tradition orale

Conclusion

Bibliographie sommaire

Page 21: INITIATION A L’HISTOIRE ET A L’ARCHEOLOGIE

21

Introduction

L’histoire est le résultat d’une longue évolution marquée par des périodes de

rupture avec la présentation selon les travaux et des historiens de certains faits

comme les guerres, la vie des Rois, des cours, des personnages parfois plus

proches des dieux que des hommes ; les catastrophes naturelles comme la famine,

la peste, les inondations. La démarcation entre les œuvres humaines et divines

n’est pas facile à percevoir.

Ainsi, primitivement, l’histoire était représentée sous la forme narrative d’une

chronique où les éléments essentiels ou non étaient mélangés sans aucune

cohérence et logique. Les récits étaient plus proches des épopées ou légendes.

C’est le règne de l’histoire événementielle. Et ce n’est qu’au XIXème siècle

qu’elle connaît véritablement des points de changement pour se constituer en une

discipline scientifique avec sa propre méthodologie.

Chapitre I : QUELQUES GENERALITES SUR L’HISTOIRE AU CŒUR

DES SCIENCES SOCIALES

L’histoire occidentale puise ses origines à trois sources à savoir : les sources

grecque, romaine et judéo-chrétienne. En effet, l’histoire dont l’Occident est

héritier naît au Vème siècle av. J-C et est l’œuvre de trois principaux auteurs.

Le premier, Hérodote d’Halicarnasse (père fondateur de l’histoire, vers 485 – vers

420 av. J-C), auteur des guerres médiques c’est-à-dire des guerres entre la Grèce

et la Perse qui ont permis l’expansion grecque. Il a fondé par sa méthode (dressage

du tableau des origines des guerres médiques, vaste enquête géographique) le récit

historique qu’il a essayé de détacher du mythe. Mais il se présente comme auteur

chez qui la précision des faits vient après le plaisir de narrer.

Quant à Hillanicos de Mytilène (vers 479 – 395) à qui on doit le tableau des

origines de la Grèce jusqu’au début de la guerre du Péloponnèse (Athènes et

Sparte 434 – 404). Il est le premier à avoir exprimé le souci de fonder une

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technique scientifique en accordant une importance particulière à la précision des

faits. Il est également auteur de plusieurs monographies des villes dans lesquelles

il fait une large part de leur institution.

Le troisième pionnier Thucydide (460-396) auteur des guerres du Péloponnèse

s’efforce à l’objectivité en décrivant des événements vécus, en s’attachant à une

lecture critique des témoignages. Avec lui, l’histoire devient exigeante et dépasse

le simple récit pour tendre à la « connaissance scientifique ». Pour lui, comme

pour Hérodote (Introduction de leur travail par la présentation de la Grèce depuis

les origines) « l’explication des faits contemporains se nourrit de la connaissance

et de la compréhension du passé ».

Ces quelques données fondent la méthode historique occidentale : exposé clair et

rigoureux, rassemblement de témoignages variés, mise en œuvre d’un esprit

critique. Cependant, les historiens de la période hellénistique n’ont pas suivi cette

voie, leur méthode relevant davantage de la littérature que de l’histoire.

Les deux autres sources à savoir, la tradition romaine et celle judéo-chrétienne, se

sont efforcées respectivement de comprendre comment Rome de Bourgade est

devenu capitale d’un Empire aux dimensions du monde habité, d’une part, et de

remonter la généalogie du christ pour l’enraciner dans la tradition juive, d’autre

part. En somme, l’histoire occidentale puisse à ces trois sources : grecque,

romaine et judéo-chrétienne.

A- Histoire : Définition et Objet

L’histoire se définit comme « l’étude de l’évolution des hommes sur la terre

depuis le plus lointain passé » (André Nouschi). Il importe donc pour l’historien

de retrouver leurs multiples traces pour reconstituer ce passé : pierres taillées,

artefacts de toutes sortes, textes écrits, paysage, monuments etc. Ainsi,

l’histoire n’est pas le récit des événements passés (définition dépassée par rapport

au niveau de formation actuellement) mais elle est plutôt « la science qui

reconstitue ou étudie les faits ayant marqué la vie des hommes dans le passé ».

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De ce fait, l’objet d’étude de l’histoire, c’est l’Homme et tout ce qui intéresse ou

implique l’Homme.

B- Diversification des domaines d’investigation

Les hommes coexistaient dans les régions éloignées dont chacune avait son

histoire. L’histoire du monde est donc l’histoire des mondes multiples. Il existe

des différences profondes dans l’évolution des différentes régions du globe.

L’histoire en tant que discipline scientifique depuis le XIXème siècle n’est pas

restée figée. Il a évolué dans le temps et c’est d’ailleurs cette évolution qui l’a

permis de se constituer en une science. De ce fait, aucun domaine n’échappe à

l’histoire.

L’élargissement du domaine de l’histoire a aussi amené les historiens à tenter de

classer l’histoire du monde en fonction des aires culturelles ou géographiques.

Exemple d’aires culturelles : aire africaine qui se subdivise en aire d’Afrique

Blanche et une aire d’Afrique Noire ; exemple d’aires géographiques : aire

pacifique, aire méditerranéenne. En définitive, au fils des siècles, le domaine

d’investigation de l’histoire s’est considérablement étendu et l’historiographie

s’améliore progressivement.

C- Des repères chronologiques

La chronologie est la science qui étudie l’ordre de déroulement des faits dans le

temps. En histoire, les repères chronologiques sont particulièrement importants

car ils permettent de situer le fait étudié dans le temps. Le calendrier gréco-romain

est le plus utilisé et l’an 0 correspond à partir à la naissance de Jésus-Christ. Toutes

les dates qui se situent avant la naissance de Jésus-Christ sont suivies de : av. J-

C, c’est-à-dire, avant la naissance de Jésus-Christ. Exemple : 460 av. J-C, 50 av.

J-C.

Les dates situées après la naissance de Jésus-Christ sont suivies de : ap. J-C, c’est-

à-dire, après la naissance de Jésus-Christ. Exemple : 500 ap. J-C, 1800 ap. J-C.

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Du fait que ces dates d’après la naissance de Jésus-Christ sont positives et que

c’est ce calendrier qui est le plus utilisé, il y a une forte tendance à ne plus ajouter

ap. J-C, car ces dates sont de l’ère chrétienne, notre ère chronologiquement. D’où

l’année 500 revoie automatiquement à la fin du Vème siècle après J-C et 1800 à

la fin du XVIIIème siècle.

Le fait ou l’événement étudié peut s’étendre sur une décennie, un siècle, un

millénaire.

- Une décennie couvre une période de 10 ans,

- Un siècle couvre 100 ans et,

-Un millénaire s’étend sur 1000 ans.

Dans l’historiographie, l’année 1500 correspond à la fin du XVème siècle alors

que l’année 1501 équivaut au début du XVIème siècle. Autre exemple : l’année

1770 se situe au XVIIIème siècle.

Toujours dans les repères chronologiques, l’année 850 est située dans le premier

millénaire et l’année 1001 est le début du deuxième millénaire qui a pris fin en

l’an 2000. Et l’année 2001 marque le début du troisième millénaire.

Chapitre II : LES GRANDES LIGNES DE L’EVOLUTION DE

L’HISTOIRE

A- Les premiers moments de l’histoire

D’une façon générale, l’histoire durant la période médiévale (Vème-XVème

siècle) est considérée comme une discipline mineure, c’est-à-dire secondaire, et

mal définie, une « servante de la religion, une auxiliaire liturgique » bref, comme

une discipline trop liée à une vision chrétienne sans distance critique de la part

des auteurs et de leur public. De ce fait, un solide mépris a été affiché à l’égard de

la production historique médiévale et cette production était l’œuvre des Clercs et

des laïcs.

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La production historique durant cette période se caractérise non seulement par son

autonomie mais aussi par sa diversité : annales, chronique, l’histoire des familles

nobles.

L’histoire devient aussi un genre en part entière divisée en branches diverses :

l’histoire providentielle, histoire heuristique, histoire politique etc.

Au cours de la période des temps modernes (XVIème-XVIIème siècles), elle va

marquer le passage de l’histoire de la cour à l’érudition. En effet, à partir de la fin

du Moyen âge, l’histoire rencontre un public beaucoup plus large. Suite aux

guerres menées par la France contre ses ennemis (ex : guerre des 100ans contre

l’Angleterre), ce public cherche dans les écrits historiques une raison d’espérer

contre le malheur des temps et un moyen de confronter une fierté nationale

naissante.

Grâce au renouveau intellectuel de la Renaissance, les travaux des historiens se

trouvent favoriser à la fois comme réflexion sur l’histoire et comme élaboration

d’une méthode critique ayant l’érudition pour base. Mais au XVIIème siècle,

l’histoire redevient récit moraliste et conformiste. Le progrès amorcé se trouvant

ainsi freiné. Il a fallu attendre le XVIIIème siècle pour que se joignent à nouveau

réflexion théorique et érudition d’une part, et que d’autre part, se manifestent les

exigences scientifiques qui bouleversent la pensée historique et la fonde pour les

deux siècles suivants.

B- L’affirmation du caractère scientifique de l’histoire

La période du XVIIIème au XIXème siècle (1789-1900) et qui prolonge un peu

au-delà correspond à l’âge adulte de l’histoire. Le doute introduit dans la pensée

historique au XVIIIème siècle indique la possibilité d’un renouvellement

fondamental de l’écriture de l’histoire, c’est-à-dire, l’historiographie. Avec la

révolution française apparait un public différent et la question de l’histoire

nationale revient au premier plan des préoccupations. Un appareil institutionnel

mis en place permettra alors le développement de l’érudition et l’élaboration

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d’une méthode historique plus sure. D’où l’ouverture de nouveaux horizons pour

la discipline historique et c’est au XIXème siècle que l’histoire va se constituer

en une science.

Chapitre III : LES GRANDS PROBLEMES DE L’HISTOIRE

L’histoire se fait avec les documents. Mais pendant longtemps le document était

synonyme des documents écrits pour beaucoup d’historien. La tradition

historiographique européenne ne concevait pas une histoire fiable sans tradition

de l’écriture. Appliquée au contexte africain cette perception a de grandes

implications. Cela signifie que l’Afrique Noire, pendant une bonne partie de la

période du VIème au XVIème siècle n’avait pas d’histoire. En outre, en 1830,

Hegel déclarait que « l’Afrique Noire n’est pas une partie historique du monde ».

Dans ces mêmes conditions, même si on concevait que l’Afrique a une histoire,

celle-ci ne commence qu’avec l’arrivée des arabes, c’est-à-dire au VIIème siècle

et surtout avec l’arrivée des Européens à partir du XVème siècle. Et même dans

ce cas, il ne s’agit que de l’histoire des principales régions touchées par ces

influences extérieures. Heureusement les progrès de l’historiographie africaine

depuis la fin de la seconde guerre mondiale ont contribué à faire reculer ce que

Ki-Zerbo a appelé le « vieux préjugé des fétichistes de l’écriture » en montrant

l’importance des sources non écrites.

A- Le problème de la documentation

Si pour la période du VIème au XVIème siècle, les documents écrits étaient

insuffisants, par contre pour la période postérieure (après le XVIème siècle), les

documents sont beaucoup plus abondants. Sur la base des nouvelles découvertes

et des nouvelles collections (après la deuxième guerre mondiale), il existe des

documents de la période précoloniale, coloniale et postcoloniale.

Les documents écrits peuvent être subdivisés en sources écrites primaires ou

documents de premières mains et en sources écrites secondaires ou documents de

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deuxièmes mains. Toute proportion gardée, ce sont les documents arabes qui sont

les plus abondants pour la période antérieure au XVIème siècle.

Les documents arabes dont des documents écrits par des Arabes en arabe ou par

des non Arabes mais toujours dans cette langue. Les principaux auteurs Arabes

sont, entre autres, Ibn Battuta (1304-1377) : Ibn Khaldun (1332-1406).

En ce qui concerne le cas spécifique sur le problème de documentation au Bénin,

il importe de signaler que, comme partout en Afrique, les sources orales revêtent

une importance particulière. Elles sont, sans doute, une source importante dans

l’écriture de l’histoire du Bénin quelle que soit la période ciblée.

Comme sources à l’historiographie de l’espace occupé par le Bénin actuel, nous

avons aussi, les Archives Nationales dont la Direction se trouve à Porto-Novo et

les archives privés. On peut mettre aussi à contribution également la bibliothèque

nationale, toujours à Porto-Novo, ainsi que les bibliothèques et centres de

documentation de l’Université d’Abomey-Calavi et ceux de ses campus. Même

chose pour les bibliothèques des différentes représentations diplomatiques (ex.

Institut Français). Les musées historiques (Abomey, Porto-Novo, Ouidah) et le

musée ethnographique (A. B. ADANDE, Porto-Novo) sont des lieux où l’étudiant

ou le chercheur pourrait se documenter sur des thématiques relatives à l’histoire

ancienne ou récente du Bénin.

B- La notion de fait historique

Tout fait ou tout événement ne peut être historique. Un fait historique est un fait

qui a impacté la mémoire collective en bien comme en mal. Un fait est historique

lorsqu’il a touché un grand nombre de la communauté, donc a impacté la mémoire

collective et, il doit se situer dans un passé plus ou moins lointain. Les guerres

d’expansion des royaumes et empires, la traite négrière, la colonisation française

de certaines parties d’Afrique, les guerres de résistance ou d’indépendance sont,

entre autres, des faits historiques.

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Certes, il y a l’histoire immédiate qui s’emploie a étudié des faits historiques

récents mais il y a trop de risques surtout pour des débutants dans la recherche

historique.

Pour le cas spécifique du Bénin, la plupart des faits historiques ont laissé des

« marques » ou des « empreintes » à travers le paysage, qu’il soit naturel ou

culturel. Et ces « marques » ou « empreintes » sont aujourd’hui des patrimoines

qu’il importe d’inventorier et protéger pour les générations à venir.

C- Le problème d’objectivité

Les changements amorcés au XVIIIème siècle surtout à partir de la révolution

française de 1789 s’affirme au XIXème siècle avec l’élaboration de nouvelles

méthodes d’investigation plus rigoureuses mettant l’accent sur la critique,

l’analyse des documents et l’exigence de l’élaboration d’une problématique.

Toute recherche doit se justifier par l’élaboration d’une problématique car seule

une problématique bien cohérente et établie peut animer la recherche et fait

« parler » les documents, fondements de l’histoire. Grâce aux documents,

l’historien doit parvenir à jeter sur le passé un regard rationnel qui comprend à la

fois, saisir et expliquer le fait historique, car sans documentation de tout genre,

les questions que se pose l’histoire au passé demeureront sans réponses. Dans cet

effort de reconstitution, le problème d’objectivité se pose à l’historien.

En effet, il existe plusieurs obstacles qui empêchent l’historien d’atteindre

l’objectivité, c’est-à-dire, parvenir à reconstituer les faits tels qu’ils se sont

produits dans le passé. Au nombre de ces obstacles, l’appartenance de l’historien

à une communauté, un groupe socioculturel donnés. D’où l’historien pourrait

tenter de déformer les faits pour sauver l’honneur de sa communauté ou de son

groupe socioculturel ou encore celui de sa famille.

Cependant, il existe des éléments qui peuvent aider l’historien à surmonter ces

obstacles et tendre vers l’objectivité. Il y a d’abord l’esprit critique dont chaque

historien doit faire preuve. L’esprit critique consiste à critiquer les informations

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afin de dégager les pour et les contres véhiculés par cette information. L’historien

doit aussi croiser plusieurs sources avant de retenir une information pour vraie ou

fausse. En définitive, il ressort que l’objectivité en est histoire n’est jamais

atteinte, elle est une quête permanente pour l’historien. Et c’est pourquoi

l’historien doit, en tout moment dans son travail, se départir de ses sentiments,

états émotionnels, pour tendre vers l’objectivité, c’est-à-dire restituer les faits tels

qu’ils se sont produits dans le passé.

D- Le problème de la tradition orale

Même si l’écriture était connue par plusieurs peuples africains, les civilisations de

la parole dominent sur le continent noir. Il existe donc beaucoup de documents

écrits très anciens permettant de remonter très loin dans le passé de certaines

régions d’Afrique.

Malgré cela, les sources orales jouent un grand rôle dans l’historiographie

africaine. Elles présentent des spécificités qui obligent à l’historien à en faire un

traitement particulier.

La tradition orale est un message, un savoir, un témoignage transmis oralement

d’une génération à une autre. Elle est la grande école de la vie. Elle est toute à la

fois : religion, connaissance, sciences naturelles, initiation aux métiers, à

l’histoire, le divertissement, la récréation, bref, tout point de détails pouvant

permettre de remonter à l’unité primordiale.

Les récits historiques ou autres vivent et se conservent avec une fidélité rigoureuse

dans la mémoire collective d’une société à tradition orale. Aucun intellectuel

communautaire ne pouvant se permettre d’en transformer les faits.

D’ailleurs, certains faits conservés par la tradition orale ne permettent aucune

manipulation ou interprétation personnelle à cause de leur nature. Il s’agit de

documents fixes. Dans le cas même où l’intellectuel communautaire tenterait de

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modifier le fond de certains récits, il y aurait toujours dans son entourage, des

compagnons ou des ainés qui relèveraient immédiatement l’erreur et lui jetteraient

au visage l’injure de menteur, très mal acceptée en milieu rural. D’une façon

générale, la tradition africaine de conservation et de transmission de la parole, du

témoignage a horreur du mensonge.

En tant qu’œuvre littéraire, les éléments de la tradition orale se présentent sous la

forme réglée et libre. La forme réglée est constituée de poèmes, d’épopées, de

devinettes, de chants historiques, de prières, de listes de succession, de louanges

panégyriques. La narration constitue la forme libre.

La narration est un message conscient pour lequel la liberté de l’artiste est totale.

Malgré cela, le milieu social pourrait imposer au narrateur une fidélité envers ses

sources.

De nombreux facteurs religieux, magiques ou sociaux concourent à préserver la

fidélité de la transmission de la parole. Malgré cela, la tradition orale a des limites

qui renforcent la complexité de son utilisation en histoire.

Des problèmes de divers ordres rendent difficile l’utilisation de la tradition orale

dans la recherche historique. Nous citons, entre autres :

-Les possibilités de déperdition de certains éléments dus à la rupture de la chaine

de transmission, aux troubles de mémoire entrainant des vides ou des oublis de

certains récits.

-La possibilité de déformer le témoignage ou le message dans le souci de protéger

ou de faire la gloire de son groupe social ou sa famille.

-Le mode de transmission de bouche à oreille qui ne garantit pas la fiabilité de

l’information de la part du récepteur. Ce qui est une source de déformation à cause

de la mauvaise compréhension de la parole reçue.

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-L’absence parfois de personnes crédibles capables de donner des informations de

premières mains. Car, seul le témoignage oculaire a de la valeur dans la tradition

orale.

-Les difficultés de situer les faits dans le temps en est aussi une difficulté de

l’utilisation de la tradition orales dans la recherche historique.

Conclusion

L’histoire est une discipline scientifique constituée depuis le XIXème siècle et

elle est le produit d’une longue évolution dont les origines remontent à la période

hellénistique. Ses débuts de l’histoire étant caractérisés par l’événementiel.

Plusieurs changements ont été dans la vie de la discipline à travers les différentes

Ecoles (l’Ecole des Chartes, l’Ecole Méthodiste, l’Ecole des Annales) qui se sont

succédé jusqu’à la formation de la discipline scientifique historique. Les domaines

d’investigation de l’histoire se sont aussi élargis et tous les champs de l’homme

intéresse l’histoire ou n’échappe pas la discipline historique.

Bibliographie sommaire

1- Bloch (M.), Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, 5èEd, Paris, A.

Colin, 1964, 111p. (Cahiers des Annales3)

2- Braudel (F.), Ecrits sur l’histoire, Paris, Flammarion, 1969, 315p. (coll.

Science)

3- Banaclough, (G.), Tendances actuelles de l’histoire, Paris, Ed. Flammarion-

Paris, 1980.

4- Fèbvre (L.), Combats pour l’histoire, 2nde Ed Paris, A. Colin, 1965, 458p

(Economies, sociétés, civilisation).

5- Marrou (H. I.), De la connaissance historique, 7ème Ed., Rev. Et augmentée,

Paris, Edition du Seuil, 1975, 318 p. (Points-Histoire).

6- Nouschi (A.) : Initiation aux sciences historiques, Paris, Fernand Nathan,

1967, 139p.