INSE~ P~~~IIER

LA SIDÉRURGIEFACEAU RECULDE LADEMANDEEN 1991

Jacqueline Paris

Division Comptes et étudesde l'industrie, Insee

aumInstitut National de la Statistiqueet des Études ÉconomiquesDirection Générale :18, boulevard Adolphe Pinard75675 PARIS CEDEX 14Directeur de la publicationJean-Claude MilleronRédacteur en chef : Catherine BlumRédacteurs : P . Franceschi, G . Gautier,E . Naulleau, J-M. RenauxMaquette : B . Doguet, M . Legrand, L. Luong

Industrie de biens intermédiaires, la sidérurgie souffreparticulièrement du ralentissement de l'activité économiquecontraction de la demande d'acier et nouvelle chute des prix allantde - 10 à - 20 % selon les produits. La baisse de productionamorcée en 1990 s'accélère en 1991, en dépit de progrès sensiblesen matière de commerce extérieur. Après trois années d'embellie,la branche enregistre des pertes d'exploitation. De nouvellesrestructurations sont envisagées qui s'accompagneraient de 8 000suppressions d'emplois d'ici 1994.

La filière sidérurgique (ou branche des mine-rais et métaux ferreux) comprend pour les troisquarts la sidérurgie proprement dite, en amontl'extraction du minerai de fer (0,4 % ) et en avalla première transformation de l'acier (25 % ) .Cette dernière activité regroupe le tréfilage, lelaminage à froid, l'étirage et le profilage ainsique la fabrication des tubes d'acier. En 1991, laproduction totale de la branche a atteint 112milliards de francs, soit 11,5 % de la productionde l'ensemble des biens intermédiaires et 4,0 %de celle de l'industrie manufacturière .

Le groupe Usinor-Sacilor constitue=, en1987 produit plus de 90 % de l'acier fran-çais. Ses filiales sont spécialisées sur lesdifférents segments du marché de l'acier-Sollac pour les produits plats,-Unimétal pour les produits longs en acierscourants,-Ascométal pour les produits longs en aciersspéciaux,-Ugine pour les produits en inox .

0 Production et demande intérieure de la filière sidérurgique

Source : Comptes nationaux 1991, Insee

© Insee 1992

Les sites de production sont localisés en grandepartie dans le Nord (Dunkerque), en Lorraine,à Fos-sur-mer et en Savoie (Ugine) .

La demande intérieure régresse

Industrie de biens intermédiaires, la filièresidérurgique accuse les à-coups de la conjonc-ture. Après trente mois de croissance soutenue,la demande intérieure décroît dès le deuxièmesemestre 1990 suite au ralentissement de l'éco-nomie américaine et à la crise du Golfe . En1991, le recul est important> 5,0 % en volume(tableau 1 ) . Ce repli est accentué par l'impor-tant déstockage des industries clientes aprèsdeux années d'un fort stockage .Le bâtiment, génie civil et agricole, l'automo-bile, la mécanique se partagent les trois quartsde la consommation d'acier . Or l'activité de cestrois secteurs décélère ou est en repli en 1991 .

Prix = 12 F

Variation annuelleen volume (%)

Valeur(Milliards de F)

1988 1989 1990 1991 1991

Production de la brancheMinerais et métaux ferreux 7,5 2,8 -1,3 -3,1 112,3

Sidérurgie 6,4 1,0 -0,9 -1,9 83,7

Il ère transformation de l'acier 11,7 9,0 -2,5 -6,3 28,1

Minerai de fer -5,2 -23,6 1,5 -20,5 0,5

Demande IntérieureMinerais et métaux ferreux 10,1 3,6 1,6 - 5,0 114,4

Sidérurgie 8,8 2,4 1,9 -4,0 82,7

aère transformation de l'acier 12,7 6,9 1,4 -6,3 28,5

Minerai de fer 16,3 -1,0 -2,2 -6,5 3,2

La construction, qui utilise pour les deuxtiers de ses besoins des produits longs(poutrelles, ronds à béton, dérivés dufil, tubes) et pour un tiers des produitsplats (laminés marchands, tôles revê-tues), ralentit depuis deux ans: + 2,4 %en volume en 1990, + 1,2 % en 1991 .L'automobile, en difficultés depuis le4ème trimestre 1990, régresse de3,5 % en volume en 1991 et entraîneune chute de la demande de tôlesrevêtues et de fil machine . Enfin, laproduction de la mécanique décroît de5,3 % en volume en 1991 après unecroissance de 5,1 % en 1990 . Le recul,sensible dans tous les domaines, l'est

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Indices de volume (100 =1980)

1981 1982 1983 1984

Source : Comptes nationaux 1991, Insee

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particulièrement dans le matérielpour les travaux publics, les mines etla sidérurgie et dans le machinismeagricole où il atteint environ 15 % .Le secteur de l'emballage tire toujoursla demande de fer blanc. Ce matériaurésiste bien à la concurrence du plas-tique et de l'aluminium grâce à destôles de plus en plus minces .

Nouveau recul de laproduction

La production de la branche chute de 3,1 %en 1991 après -1,3 % en 1990 (tableau 1,

( Évolution de la production de la filière sidérurgique

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1986 1987 1988

© Résultats du commerce extérieurde la filière sidérurgique (prix courants)

1989 1990 1991

(1) Taux de pénétration : importations / marché intérieur (production + importations + droits dedouane - exportations)(2) Taux d'exportation : exportations (hors marges) / production distribuée(3) Taux de couverture : exportations (FAB) l importations (CAF)

Source : Comptes nationaux 1991, Insee

INSEE Pgraphique 1) . La production de fontediminue d'environ 5 % par an en volumedepuis 1989 du fait du recul de la demanded'acier mais aussi du passage progressif àla technique du four électrique . Ce procédéqui utilise directement des ferrailles estaujourd'hui à l'origine de 30 % de l'acierproduit contre 16 % en 1980 . Le reste estobtenu par la technique du haut fourneauassocié au convertisseur à oxygène .

Le tonnage de la production d'acier brutrégresse de 3,0 % en 1991 et celui desproduits finis laminés de 0,7 %. Parmices derniers, les produits longs ont reculéde 2 % par an entre 1989 et 1991 malgrél'envolée du matériel de voie TGV(+ 25 % sur deux ans) . Les produits plats,en baisse de 6,4 % en 1990, se maintien-nent cette année grâce à la progressiondes tôles minces (+ 1,6 % en tonnage) .En cinq ans, la production des tôlesrevêtues s'est accrue de 60 % toujours entonnage .

Les aciers non alliés, une des deuxgrandes familles d'acier (trois quarts destonnages produits), sont en repli de 2 % ;les aciers alliés progressant de 2 % grâceà des utilisations de plus en plus diversi-fiées, principalement pour les aciersinox.

Directement en aval de la sidérurgie, levolume de l'activité de la premièretransformation de l'acier recule en1991 encore plus fortement qu'en 1990- 6,3 % après - 2,5 % en 1990. Toutes sescomposantes régressent : 7,5 % en vo-lume pour les tréfilés et plus de 10 %pour les laminés et étirés ainsi que pourles profilés. Seule la production de tubes,qui représente environ 40 % de l'ensem-ble, évite un recul plus accentué (- 3 %par an sur les deux dernières années) .Après l'arrêt des commandes soviéti-ques en gros tubes soudés servant à laconstruction des gazoducs, les débou-chés de la Mer du Nord (pose du gazoducnorvégien) ont permis d'enrayer labaisse de la production. L'entrepriseGTS Industrie (filiale d'Usinor-Sacilor)et sa concurrente allemande Mannes-marin ont fourni à elles seules 70 % des450 000 tonnes de tubes du premier tron-çon. Depuis l'été 1991, elles sont deve-nues partenaires sous le nom d'EuropipeGmbh afin d'être bien placées lors del'extension du chantier et de mieux résis-ter à la concurrence japonaise .

tta

Taux depénétration

(1)(0/.)

Tauxd'exportation

(2)( 0/.)

Taux decouverture

(3)(0/.)

Soldecommercial(Milliards de F)

1990 1991 1990 1991 1990 1991 1990 1991

Mineraiset métaux ferreux 37,1 36,6 37,8 38,7 106,4 112,9 2,8 5,1

Sidérurgie 33,1 32,0 34,9 35,7 112,9 123,2 3,7 5,9

lère transformationde l'acier 43,1 43,8 46,2 47,6 114,1 117,6 1,7 2,0

Minerai de fer 88,4 90,8 31,5 36,0 6,1 5,7 -2,6 -2,8

El1IEREPoursuite

de la baisse des prix

La baisse des prix des produits sidérurgi-ques, apparue au troisième trimestre1989, continue en 1990 (- 3,2 % ) ets'accentue en 1991 ( -10 %) . Le ralentis-sement économique mondial entraîneune réduction de la consommationd'acier et avive la concurrence entre lesproducteurs qui cherchent à conserverleurs parts de marché.Les prix des aciers non alliés dépendentfortement de l'offre et de la demande surle marché sidérurgique. La baisse de lademande et la progression de l'offre dela part des pays asiatiques (Corée du Sud,Taïwan), ainsi que l'accès au marchécommunautaire des ex-pays de l'Est acontraint les producteurs occidentaux àd'importantes réductions de prix. Cesprix sont descendus en dessous de leursniveaux de 1987, avec des baisses del'ordre de 20 % pour certaines catégoriesde produits. En effet, ces pays produisentprincipalement des aciers non alliés cou-rants comme le fil machine, à des prix derevient très faibles .Les prix des aciers alliés diminuent de6 % en 1991 après une chute de 11 % en1990. Ils sont en partie déterminés par lescours des métaux non ferreux entrantdans leur composition . Le cours dunickel, métal absorbé à 60 % par les inoxausténitiques, s'est effondré depuis 1990en raison de la vente d'excédents russeset de la faiblesse de la demande mon-diale . Les cours des ferrochromes, utili-sés pour plus de 60 % dans la fabricationdes inox ferritiques, dépendent fortementde l'évolution de la production de l'Afri-que du Sud par rapport à la demandemondiale. En effet, ce pays a une positiondominante sur le marché en réalisant plusde 30 % de la production ; il est notam-ment le premier fournisseur de la France .

Point positifl'amélioration du soldecommercial en 1991

L'excédent commercial qui s'était forte-ment réduit en 1991, passant de 8,1 mil-liards de francs en 1989 à 2,8 milliardsen 1990, remonte à 5,1 milliards en 1991(tableau 2, graphique 2 ) .

r

En 1990, les producteurs français avaientmal résisté à la concurrence ; ceci avaitentraîné une nouvelle hausse des impor-tations et un recul des exportations . En1991, l'amélioration du solde résulted'une augmentation des exportationscouplée avec une légère réduction desimportations . Après trois années de forteprogression (près de 30 % en volume surla période 1988-1990), le volume desimportations diminue en 1991 : - 1,0 %(tableau 3 ) .Les importations de minerai de fer ré-gressent en volume comme en 1990,baisse liée à la réduction de la filière

Source : Comptes nationaux 1991, Insee

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O Solde commercial des mineraisMilliards de francs

Source : Douanes

fonte ; celles de produits sidérurgiquesprogressent légèrement (+ 0,8 %), alorsque celles de la première transformationde l'acier diminuent de 4,6 %, avec uneforte baisse pour les tréfilés, les étirés etprofilés pleins . Dans le même temps, lesimportations de tubes stagnent après uneenvolée de + 30 % sur la période 1987-1990. Le taux de pénétration de l'ensem-ble de la branche calculé en francs cou-rants atteint 36,6 % en 1991, en légèrediminution par rapport à 1990 (37,1 %) .Les exportations augmentent de 3,3 % envolume en 1991 après un recul de 1,2 %l'année précédente (tableau 3) . Mais les

© Commerce extérieur de la filière sidérurgique

et métaux ferreux

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991

Variation 90189en %

Variation 91/90en% Valeurs

1991(Milliards

de F)Volume Prix Volume Prix

!rpportatlons (CAF)Mi;ierals et métaux ferreux 6,7 - 6,5 -1,0 -8,0 39,8

Sidérurgie 7,3 -7,3 0,8 -11,7 25,4

1 ère transformation de l'acier 7,7 -5,2 -4,6 -2,9 11,5

Minerai de fer -3,0 -5,0 -3,4 9,0 2,9

Exportations (FAB)Minerais et métaux ferreux -1,2 -9,4 3,3 - 6,4 45,0

Sidérurgie -1,0 -10,8 6,8 -8,9 31,3

1ère transformation de l'acier -1,7 -6,0 -4,4 -0,2 13,5

Minerai de fer -5,2 3,0 -1,2 0,0 0,2

mouvements des diverses composantessont très contrastés : les ventes de pro-duits sidérurgiques croissent de 4,8 %alors que ceux de la première transforma-tion de l'acier chutent de 4,4 % . Lesexportations progressent en tonnage versla Communauté Européenne, tirées parune demande en forte hausse de la part del'Allemagne . Habituellement déficitaireavec ce pays, la France devient excéden-taire de 167 millions de francs après undéficit de 643 millions en 1990 . Parcontre, les exportations reculent forte-ment à destination des Etats-Unis et aussidepuis deux ans vers l'ex-URSS du faitdes difficultés économiques de ce pays.Le taux d'exportation progresse ainsi deprès de 3 points à prix constants, maisseulement de 0,9 point à prix courants dufait d'une distorsion entre les prix desexportations et ceux de la production.

La sidérurgiese restructure toujours

Les restructurations massives du débutdes années 80 devaient éliminer les sur-capacités de production et moderniser lesinstallations afin d'obtenir des gains deproductivité conformément aux direc-tives de la CEE. En France, la création dugroupe Usinor-Sacilor en 1987, avec leregroupement de la production desgrands types de produits, a permis à lafilière de dégager des résultats positifssur la période 1988-1990, après leslourdes pertes des années précédentes .En 1991, le résultat s'inverse, le groupeenregistre 3,1 milliards de pertes, dont500 millions pour Unimétal, la filiale deproduits longs courants . Usinor-Sacilor adonc décidé d'accélérer le passage de la"filière fonte" vers la "filière électrique",moins coûteuse en investissements etplus flexible eu égard à la demande . Celadevrait entraîner l'arrêt de la Société mé-tallurgique de Normandie d'ici 1994,avec une redistribution de ses com-mandes sur les aciéries électriques deNeuves-Maisons et de Montereau. EnLorraine, la fermeture des hauts four-neaux d'Uckange (Lorfonte) ainsi que

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1170-4060

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BON DE COMMANDE

OO Emploi dans la filière sidérurgiqueEn milliers d'emplois (1)

celle de la mine de fer de Mairy sontengagées .Dans le même temps, le groupe pour-suit une stratégie européenne grâce àdes accords de coopération avec leluxembourgeois Arbed et à un rappro-chement avec l'allemand Saarstahl . Ildéveloppe sa croissance externe maisà un rythme ralenti par rapport auxdeux dernières années avec une prisede participation de 32,5 % dans Sidmed,entreprise espagnole spécialisée dansle laminage à froid, et une OPA surASD, deuxième affaire de négoced'acier en Grande-Bretagne ; mais il arenoncé à une nouvelle implantationaux Etats-Unis (TV STEEL) .

Le groupe Usinor-Sacilor se fixe commeobjectif des gains de productivité de2,5 % par an au cours des prochainesannées. Son plan de restructuration com-prend de nouveaux investissements pourmoderniser ses équipements (plus de 5milliards de francs pour chacune desdeux dernières années), mais aussi denouvelles suppressions d'emplois : envi-ron 8 000 d'ici 1994.

En 1991, la branche compte 90 000emplois soit 40% de moins qu'en 1982(graphique 3 ) .

BULLETIN D'ABONNEMENT à retourner à : INSEE-CNGP, B .P. 2718, 80027 AMIENS CEDEX 01

INSEE PREMIERE

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

(1) Emplois : salariés (nc intérimaires) et non salariésSource : Comptes nationaux 1991, Insee

Pour comprendreces résultats. . .

Chaque année, l'Insee révise les troisderniers comptes annuels . Pour 1991,dont le compte est provisoire, les infor-mations sur les branches et les produitsindustriels émanent principalement desDouanes (importations et exporta-tions), du Ministère de l'Industrie -SESSI (enquêtes de branches) et del'Insee (consommation des ménages,stocks, production industrielle, enquêtesde conjoncture sur l'activité industrielle) .

Pour en savoir plus . . .

- "Les comptes de la Nation en1991", Insee Première n° 191,avril 1992 .- "L'industrie en 1991 : le creuxde la vague", Insee premièren° 194, mai 1992.- "Les comptes de l'industrie en1991", Insee Études à paraître enseptembre 1992.- Minerais et métaux en France etdans le monde, Annales desMines, février 1992.

POUR VOUS ABONNER A INSEE PREMIÈRE (Tarif 1992)OUI, je souhaite m'abonner à INSEE PREMIÈRE - 1 an, 60 numéros : 446 F (France), 558 FF (Étranger), 718 FF (Étranger par avion)Nom ou raison sociale : ActivitéAdresse : Tél . :Ci-joint mon règlement en Francs par chèque à l'ordre de l'INSEE :F

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