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INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ÉCONOMIQUES DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES ET DE LA COOPERATION
Division des Etudes et Méthodes Statistiques pour le Développement
SOMMAIRE le 73 - Mars 1993
ISSN : 0224-098-X
Pages
- Editorial
3
- Alain BRILLEAU Les enquêtes agricoles dans les pays sahéliens 5
- Abel NKOUNGOUROU-EBONGUE Estimation de la superficie par culture et de la production
25 des cultures associées dans les enquêtes agricoles dans les pays en développement
- Jean BAHILI et Djaby BAKARY 49
L'enquête nationale sur les effectifs du cheptel du Burkina Faso
- Gérard CHENAIS Quelques réflexions sur l'élaboration d'un schéma directeur
63 de l'information économique et sociale
- ON SIGNALE... 89
STATECO : Bulletin de liaison non officiel des statisticiens et économistes exerçant leur activité dans les pays du Tiers-Monde
Rédacteur en chef
Assistante de rédaction
Secrétaire de fabrication
Secrétariat de la revue
Tirage : 1 300 exemplaires
Philippe BRION
Annie CHANUT
Véronique TRIQUARD
I.N.S.E.E. Division des Etudes et Méthodes Statistiques pour le Développement 18 boulevard Adolphe Pinard 75675 PARIS CEDEX 14 Tél : 41.17.53.13
- 3 -
EDITORIAL
par Philippe BRION
La mise en place de systèmes d'information relatifs aux politiques
agricoles et alimentaires nécessite une statistique agricole de qualité. Ce numéro
de STATECO présente trois articles sur ce sujet.
Alain BRILLEAU présente d'abord les enquêtes actuellement réalisées
dans les pays sahéliens, où les céréales ont une place primordiale. Ces enquêtes
ont plusieurs objectifs : estimation des superficies et des productions, estimation
du niveau des stocks céréaliers, prévisions de récoltes céréalières. Les
méthodologies utilisées dans les pays étudiés dans cet article ont des
caractéristiques communes, au niveau de la collecte et du traitement des données.
L'auteur insiste sur les contrôles à opérer à ces deux niveaux. Un récapitulatif
des caractéristiques des différentes enquêtes est présenté, qui devrait être utile
lors de la mise en place d'enquêtes analogues.
Abel NKOUNGOUROU-EBONGUE aborde ensuite le problème, fréquent
dans les pays en développement, des cultures associées, c'est-à-dire cohabitant
sur une même parcelle. Comment les prendre en compte afin de produire des
estimations de superficie et de production ? Plusieurs approches de ce problème
existent, qui correspondent à des objectifs différents. L'auteur les situe les unes
par rapport aux autres et nous fait comprendre les erreurs à ne pas commettre
lors de leur utilisation.
Le troisième article, de Jean BAHILI et Djaby BAKARY, présente
l'enquête sur les effectifs du cheptel qui a été réalisée au Burkina Faso : plan
de sondage, méthodes d'observation (par comptage effectif des animaux),
traitement informatique, organisation générale de l'équipe chargée de l'opération.
Là aussi les éléments d'information exposés peuvent servir de repères lors de la
préparation d'autres enquêtes.
4
Gérard CHENAIS a exposé dans le n° 69-70 de STATECO
l'organisation qui lui semble souhaitable pour une Direction nationale de la
Statistique. Il reprend ici l'idée de l'élaboration d'un schéma directeur de
l'information économique et sociale, en adaptant la méthode "RACINES", qui est à
l'origine une méthode d'élaboration d'un schéma directeur informatique : quelles
sont les structures à mettre en place lors de cette élaboration, et comment
décomposer ce travail en différentes étapes ? La démarche proposée, par son
côté systématique, pourrait conduire à une meilleure adéquation entre offre et
demande de statistiques.
- 5 -
LES ENQUETES AGRICOLES
DANS LES PAYS SAHELIENS
par Main BRILLEAU1
INTRODUCTION
Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans
le Sahel (CILSS) regroupe neuf Etats sahéliens : Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie,
Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad.
Dans chacun de ces pays, l'agriculture occupe non seulement une
place importante dans le produit intérieur brut mais la production agricole,
essentiellement céréalière, est déterminante pour la sécurité alimentaire des
populations (à l'exception du Cap-Vert et de la Mauritanie, où la production
céréalière est relativement marginale par rapport au niveau de la consommation céréalière).
L'enquête agricole annuelle fournit, dans chaque pays, les données
sur la production agricole mais aussi, en octobre (soit un à deux mois avant les
récoltes), sur le niveau des stocks céréaliers paysans et sur les prévisions des récoltes.
Ces divers produits de l'enquête agricole sont très attendus au
niveau des décideurs nationaux et des organisations internationales, fournisseurs
éventuels d'aide alimentaire.
1 Division "Etudes et Méthodes Statistiques pour le Développement" de l'INSEE. Alain BRILLEAU
a travaillé jusqu'en 1992 au Projet Diagnostic Permanent du CILSS.
- 6 -
L'enquête agricole est un élément très important du système de suivi
de la situation alimentaire dans les pays sahéliens.
Au niveau national, la disponibilité céréalière est évaluée comme
étant égale à : production disponible (production brute - pertes - semences) +
stocks initiaux (stocks paysans + autres stocks) + importations prévues -
exportations prévues. Cette disponibilité céréalière est à comparer aux besoins
(consommation + stocks finaux prévus). Au niveau sub-national, les résultats des
enquêtes agricoles permettent d'évaluer le niveau d'autosuffisance céréalier
(production disponible - consommation).
L'enquête agricole permet d'évaluer les deux postes les plus
fluctuants du bilan céréalier : production et stocks paysans.
I - PRESENTATION DES ENQUETES AGRICOLES
I.1. Cadre général Depuis la campagne agricole 1987/88, il existe, dans chacun des neuf
pays du CILSS, une enquête agricole annuelle. Les dispositifs des enquêtes
agricoles ont beaucoup évolué depuis 5 ans, quant à leur couverture géographique,
leurs objectifs, leur organisation, leur méthodologie, le traitement des données et
la présentation des résultats.
Dans chacun des pays, le service des statistiques agricoles,
dépendant du Ministère de l'Agriculture, est maître d'oeuvre de l'enquête
agricole. Au Mali, la Direction de la Statistique est co-responsable, et dans les
autres pays elle peut apporter un appui technique.
Les enquêtes agricoles bénéficient dans les neuf pays d'une
assistance technique, financière et matérielle du Projet Diagnostic Permanent du
CILSS et, pour certains pays, d'autres assistances (FAO, Banque Mondiale,
France, Pays-Bas, Suède, USAID).
- 7 -
1.2. Objectifs L'enquête annuelle a pour objectifs essentiels de déterminer :
les superficies cultivées ;
les prévisions de production des cultures céréalières en
octobre ;
les stocks paysans de céréales avant récolte en octobre ;
les rendements et les productions pour l'ensemble des cultures.
Au Cap-Vert et en Mauritanie, les stocks paysans de céréales ne
sont pas estimés, étant donné leur faible niveau par rapport à celui de la
consommation.
La détermination des stocks paysans et la prévision des récoltes à
partir de données collectées par l'enquête agricole sont des objectifs nouveaux
dans la plupart des pays. Elles sont réalisées depuis la campagne 1990/91 dans
l'ensemble des pays (à l'exception des stocks paysans au Cap-Vert et en
Mauritanie).
A côté de ces objectifs principaux, d'autres préoccupations
apparaissent dans certains pays : la démographie des exploitations agricoles
(Guinée-Bissau, Mali et Sénégal), l'application de thèmes techniques tels que le
type de semences employé, l'utilisation d'engrais (Cap-Vert, Gambie, Guinée-
Bissau, Mali et Mauritanie), la collecte de données sur l'élevage (Gambie, Guinée-
Bissau et Mali), les prix aux producteurs (Mali et Tchad). Mais les données sur
ces domaines ne sont pas systématiquement exploitées.
1.3. Méthodologie
1.3.1. Champ de l'enquête - Niveau de représentativité L'enquête agricole couvre l'ensemble des exploitations agricoles de
type traditionnel. Les exploitations de type moderne, les grands périmètres
irrigués, les sociétés de développement rural sont enquêtés par ailleurs.
Le niveau de représentativité des données est le premier niveau
sub-national au Cap-Vert, en Gambie, en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au
Tchad et le deuxième niveau au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sénégal.
1.3.2. Plan de sondage Le plan de sondage, similaire pour les neuf pays, est à base
démographique. Le sondage est aléatoire à deux degrés sauf au Tchad où il est à
trois degrés.
La base de sondage au ler degré est l'ensemble des villages (zones
de dénombrement au Cap-Vert et au Mali) obtenu à partir du dernier recensement
de la population (sauf au Cap-Vert et au Tchad, où on procède respectivement à
partir du recensement agricole et à partir d'une enquête spécifique).
La base de sondage au second degré est l'ensemble des exploitations
agricoles des villages échantillon. Cette liste est dressée lors du premier passage
de l'enquête par un recensement exhaustif.
Au premier degré, les villages (respectivement zones de
dénombrement) sont tirés à probabilités inégales proportionnelles à un critère de
taille (nombre de concessions, population, etc.).
Au second degré, les exploitations agricoles sont tirées
probabilités égales.
La taille de l'échantillon varie entre 666 exploitations agricoles pour
la Gambie et 3 097 pour le Cap-Vert. La taille de l'échantillon de chaque
enquête est donnée dans les tableaux 1 et 2 en annexe.
1.3.3. Méthodes d'observation Les quatre principaux volets de l'enquête agricole doivent être
distingués : estimation des superficies, prévision des récoltes céréalières,
estimation des stocks céréaliers et estimation de la production.
Estimation des superficies
Toutes les parcelles des exploitations agricoles échantillon sont
mesurées. Le nombre maximum de cultures considérées par parcelle varie de deux
à quatre selon les pays.
- 9 -
Prévision des récoltes céréalières
Deux méthodes de prévision des récoltes sont utilisées selon les
pays : l'une est basée sur les déclarations des paysans sur leurs prévisions de
récolte, l'autre sur des prévisions de rendement à partir du comptage d'épis ou d'estimations subjectives.
Pour la première méthode, il est procédé ainsi :
estimation par le paysan, pour chaque céréale, de sa production
de la campagne passée en U.M.L. (unités de mesures locales :
bottes, paniers, etc.) ;
prévision par le paysan de la production céréalière par parcelle
de la présente campagne en U.M.L. ;
pesée des différentes U.M.L. ;
détermination de ratios régionaux "production prévue/production
année passée", qu'on applique aux résultats définitifs de la
campagne passée.
Pour la deuxième méthode, il est procédé ainsi :
calcul des superficies par région ;
détermination d'un rendement moyen prévisionnel par région ;
calcul de la prévision de production (superficie x rendement
prévisionnel).
Estimation des stocks céréaliers
Deux méthodes d'estimation des stocks céréaliers sont utilisées selon
les pays : l'une est basée sur les déclarations des responsables des unités de
stockage, l'autre sur les mesures des volumes des céréales stockées.
Pour la première méthode, il est procédé ainsi :
- estimation par les responsables des unités de stockage des
quantités de céréales stockées en unités de mesures locales par
grenier ;
- pesée des différentes U.M.L.
- 10 -
Pour la deuxième méthode :
- détermination du volume des céréales stockées à partir de
mesures extérieures au grenier et du niveau des céréales à
l'intérieur du grenier ;
- détermination des coefficients de conversion poids/volumes.
Estimation de la production
L'estimation de la production se fait de manière classique,
essentiellement à partir des superficies et des rendements.
Pour obtenir les rendements, on pèse la récolte d'un carré de
rendement. Le nombre de carrés de rendement pesés varie selon les pays : dans
chaque parcelle, ou dans une parcelle sur deux ou trois.
Un rendement moyen est calculé par domaine d'étude. Il est multiplié
par la superficie pour obtenir l'estimation de la production.
Le calcul de la production pour les cultures associées est évoqué
plus loin.
1.4. Organisation - Calendrier des opérations
* L'enquête se déroule généralement en 4 passages :
1er passage recensement des exploitations agricoles dans
les villages échantillon (ce passage n'est
pas réalisé chaque année dans tous les
pays) ; tee i` f tq csZc_f ?
2ème passage mesure des parcelles échantillon, pose des
carrés de rendement ;
3ème passage prévision des récoltes céréalières,
estimation des stocks céréaliers ;
4ème passage pesée des carrés de rendement.
* Le calendrier des différents passages est le suivant :
1er passage mai-juin
2ème passage juillet-août
3ème passage septembre
4ème passage novembre-décembre
* Le tableau 1 (voir annexe) précise le personnel de terrain employé
pour l'enquête agricole de chaque pays. Il convient de noter que, si pendant la
période de l'enquête, les agents de collecte sont occupés à plein temps au
Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau et en Mauritanie, ils ne sont
disponibles que partiellement au Mali, Niger, Sénégal et Tchad, ce qui entraîne
des difficultés pour les opérations de collecte.
1.5. Traitement des données - Publication des résultats
Depuis 1991, le traitement des données de l'enquête agricole
annuelle est informatisé dans tous les pays à l'exception de la Mauritanie.
Au Burkina Faso, au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, au Mali, au Niger
et au Tchad, l'exploitation des données est réalisée à l'aide du logiciel SP6, mis
au point par le Projet Diagnostic Permanent du CILSS.
Les résultats de la campagne agricole font l'objet de deux publications :
- les prévisions de récolte et l'estimation des stocks paysans
sont publiées en octobre dans les neuf pays du CILSS - les résultats définitifs de la campagne sont publiés au cours
du premier semestre de l'année suivante.
II - PROBLEMES RENCONTRES ET VALIDITE DES RESULTATS
ILL Problèmes rencontrés
Les principaux problèmes rencontrés lors de l'enquête agricole sont de deux types :
- les problèmes inhérents à toute enquête (contrôle insuffisant
des opérations de collecte et de traitement des données, délai
de publication, etc.) ;
- les problèmes propres à cette enquête, liés aux méthodologies
utilisées.
Un des principaux problèmes rencontrés est celui d'un contrôle souvent insuffisant des opérations de collecte.
- 12 -
Le travail des enquêteurs n'est pas suffisamment suivi par les
contrôleurs et superviseurs. Les raisons en sont principalement le manque de
personnel, le manque de moyens mais souvent aussi le manque de procédures de
contrôle. En effet, les tâches des contrôleurs sont trop imprécises et leur travail
n'est pas suffisamment suivi. Il conviendrait pour les contrôleurs, comme pour les
enquêteurs, de définir avec précision leurs activités.
L'autre problème rencontré, moins connu peut-être, est celui du
manque de rigueur dans l'exploitation informatique des données. La saisie n'est
pas toujours effectuée avec du personnel qualifié, et les procédures de contrôle
de la saisie sont, lorsqu'elles existent, souvent déficientes. De plus, pour
certaines enquêtes, les méthodes de calcul sont quelquefois inexactes
(l'exploitation informatique est encore souvent du seul ressort de l'informaticien
et n'est pas suivie par le responsable de l'enquête).
Il faut cependant relever la contrainte majeure de l'enquête
agricole : le délai très court accordé pour le traitement des volets "prévision des
récoltes" et "stocks paysans". En effet, les opérations de collecte se déroulent
sur le terrain en septembre et il faut que les résultats soient disponibles à la mi-octobre.
Il est donc primordial que ce traitement soit parfaitement organisé ;
or on relève dans tous les pays l'absence d'une démarche formalisée et explicite
pour le traitement des données. Il est indispensable de préparer un document
précisant les procédures de contrôle des données, de calcul de résultats et un
plan de tabulation.
Enfin, si les résultats des volets "prévision des récoltes" et
"estimation des stocks" sont toujours disponibles dans les délais (étant donnée la
forte pression des utilisateurs de ces données), les résultats définitifs des
enquêtes agricoles sont présentés encore tardivement par beaucoup de pays.
Les problèmes méthodologiques sont aussi à prendre en compte : le
plan de sondage, l'estimation des superficies et surtout la méthode des carrés de
rendement, la technique d'évaluation des stocks, la méthode de traitement des
cultures associées sont en effet susceptibles d'être améliorés voire totalement
modifiés.
- 13 -
La télédétection permet d'envisager de substituer éventuellement un
sondage à base aréolaire à un sondage à base démographique actuellement utilisé.
Le point sur les recherches faites actuellement au Sahel est évoqué plus loin.
Cependant, en l'état actuel de ces recherches, cette méthode de sondage ne
saurait être opérationnelle avant plusieurs années. Il convient donc, pour le
moment, de se préoccuper d'améliorer le plan de sondage à base démographique par :
une meilleure répartition de l'échantillon entre
d'études ;
une meilleure répartition de l'échantillon
primaires et unités secondaires ;
- une stratification des unités secondaires
agricoles) selon un critère agricole.
les domaines
entre unités
(exploitations
L'estimation des superficies est très liée au type de plan de
sondage, mais aussi à la prise en compte des superficies de toutes les parcelles,
plus qu'à la technique des mesures peu susceptible de grandes erreurs (de par le
contrôle aisé à l'aide des erreurs de fermeture).
La méthode des estimations des récoltes basée sur les carrés de
rendement est souvent mise en cause. La pose aléatoire du carré, la récolte des
seules cultures du carré et les pesées sont susceptibles d'occasionner des biais.
L'enquêteur peut, en effet, avoir tendance à placer le carré là où les cultures
sont les plus développées, à prendre en compte au moment de la récolte plus de
poquets ou de pieds et aussi à ne pas respecter le délai entre les pesées brute et nette2.
Il semble cependant que ce ne soit pas seulement un problème de
méthode mais plutôt encore un problème de contrôle des opérations de collecte.
Les méthodes d'estimation des stocks paysans n'ont pas encore été
suffisamment évaluées, principalement du fait que ces estimations ne sont
réalisées que depuis deux ou trois campagnes seulement.
2 Les céréales du carré sont pesées juste après la récolte, puis une deuxième fois après une
période destinée au séchage.
- 14 -
La technique des mesures ne semble pas encore avoir été
parfaitement assimilée par l'ensemble du personnel de terrain et peut être
complexe pour certains types de grenier. Les risques d'erreurs de mesure existent
à différents niveaux : pour chacune des mesures des greniers, pour le niveau de
la céréale et pour le coefficient de conversion volume/poids. De plus, la
reconnaissance du type de grenier n'est pas toujours aisée. Au niveau des
déclarations, les unités de mesure utilisées sont souvent trop grandes et donc les
estimations des stocks peu précises.
De plus, la proportion d'exploitations agricoles détenant des stocks
nuls semble, quel que soit le niveau des récoltes précédentes, anormalement
élevée, mais le problème semble plutôt résider au niveau du contrôle des
opérations de collecte que de la méthode.
Un autre problème existe : le volet "stocks paysans" de l'enquête
agricole se déroule durant le mois de septembre alors que le niveau des stocks à
prendre en compte est celui au 31 octobre. Les ajustements (retrait de la
consommation de la partie de la population concernée) ne sont pas toujours aisés
à faire.
Il est nécessaire de mener une évaluation des deux méthodes
d'estimation des stocks paysans, tout en sachant qu'une des méthodes peut être
plus adaptée à certains pays (par exemple, au Niger, le stockage se fait quasi
uniformément en bottes, et le paysan peut indiquer le nombre de bottes stockées).
La méthode de calcul des productions des cultures associées varie
selon les pays de par le nombre de cultures associées enregistrées et la prise en
compte ou non de la prédominance des cultures dans l'association.
11.2. Validité des résultats La validité des résultats des enquêtes agricoles peut être examinée
en tenant compte de trois types d'erreur : les erreurs d'objectif, les erreurs
d'échantillonnage, et les erreurs d'observation.
Depuis quelques années, les objectifs des enquêtes agricoles se
focalisent de plus en plus sur la collecte de données conjoncturelles (prévision
- 15 -
des récoltes, stocks paysans, production définitive). Néanmoins, les enquêtes de
certains pays fournissent encore quelques données structurelles (démographie des
exploitations, utilisation d'intrants, etc.). Il conviendrait, de plus en plus, de
séparer la collecte des données conjoncturelles de celle des données
structurelles ; les données conjoncturelles sont du ressort de l'enquête agricole
annuelle tandis que les données structurelles doivent être collectées lors du
recensement agricole (ayant une périodicité de 5 à 10 ans).
Les erreurs d'échantillonnage des enquêtes agricoles de six pays du
CILSS (Burkina Faso, Cap-Vert, Mali, Niger, Sénégal et Tchad) ont été évaluées
dans une étude du Projet Diagnostic Permanent "Evaluation des échantillons des
enquêtes agricoles des Etats membres du CILSS".
Les principales conclusions de cette étude (tableau 2 en annexe)
sont pour les cinq plus grands pays les suivantes :
- la précision des résultats des superficies pour les principales
cultures est tout à fait satisfaisante au niveau national ;
- au premier niveau sub-national (C.R.P.A. (Burkina Faso),
Région (Mali), Département (Niger), Région (Sénégal),
Préfecture (Tchad)), les résultats des superficies et des
rendements sont assez satisfaisants ;
- au deuxième niveau sub-national (Province (Burkina-Faso),
Cercle (Mali), Arrondissement (Niger) et Département
(Sénégal)), la précision des résultats est médiocre ;
une amélioration de la précision des résultats au deuxième
niveau sub-national nécessiterait un accroissement considérable
de la taille de l'échantillon et donc des coûts qu'aucun budget
d'enquête ne pourrait supporter.
Les erreurs d'observation des enquêtes en milieu rural sont difficiles
à cerner et à quantifier. Un essai d'évaluation de ces erreurs a été réalisé au
Sénégal dans le cadre d'une opération pilote du Projet Diagnostic Permanent :
"Suivi approfondi d'un sous-échantillon de l'enquête agricole". Les principales
sources d'erreurs et d'approximations constatées sont les suivantes :
- la non-réactualisation de la base de sondage ;
- la non-exhaustivité du recensement des parcelles ;
- 16 -
- l'imprécision des mesures des superficies ;
- le nombre insuffisant de carrés de rendement posés et dont
les récoltes sont effectivement pesées.
Une diminution des erreurs d'observation passe principalement par un
meilleur contrôle des opérations de terrain (déjà évoqué au paragraphe 11.1.). Un
changement de méthodologie (plan de sondage, méthodes d'observation) pourrait
aussi amener une meilleure précision pour les enquêtes. Les recherches menées
dans cette direction sont évoquées dans la partie suivante.
III - LA RECHERCHE EN STA IISTIQUE AGRICOLE
La recherche en statistique agricole est essentiellement présente au
niveau de la prévision des récoltes céréalières à partir des méthodes
agro-météorologiques et satellitaires.
La recherche est actuellement plus avancée au niveau du volet
"superficie" qu'au niveau du volet "prévision des rendements".
Il convient de rappeler que pour les pays sahéliens, l'information
essentiellement demandée par les utilisateurs est la prévision des récoltes à la
mi-octobre.
L'utilisation de la télédétection pour l'estimation des superficies
agricoles dans le Sahel avait soulevé beaucoup d'espoirs, il y a quelques années,
surtout auprès des bailleurs de fonds. Les difficultés rencontrées, entre autres un
parcellaire sahélien très dispersé et bien moins homogène que dans les pays
développés ou dans certains autres pays africains (Maroc, Egypte, Kenya), ont
fait que l'utilisation de l'outil satellitaire en est restée à l'état de recherche.
Actuellement, son utilisation est essentiellement testée au niveau du
plan de sondage. La base de sondage est alors constituée d'aires géographiques
- 17 -
utilisant les images satellitaires3.
Les deux principales méthodes testées pour la détermination de
prévisions de rendement sont soit à partir du diagnostic hydrique des cultures,
soit en utilisant les indices de végétation. Le détail des méthodes est présenté
dans la publication du Projet Pilote Prévision des Productions Agricoles au Sahel
"Evaluation des rendements agricoles" (SYSAME, CIRAD).
Des résultats encourageants ont été obtenus mais ils ne concernent
pour le moment qu'une seule céréale, le mil, et en culture pure. Il sera donc
nécessaire d'attendre plusieurs années pour rendre ces méthodes opérationnelles
au niveau national et pour l'ensemble des céréales dans toutes les associations.
Une évaluation des méthodes d'estimation de la production céréalière
basées sur les carrés de rendement et les déclarations des exploitants a été
menée par le bureau d'étude Longacre, sur financement de la Banque Mondiale et
de la FAO, en 1987 dans cinq pays africains dont le Niger.
Les conclusions suivantes ont été dégagées :
les estimations basées sur les carrés de
entraîner de sérieuses surestimations ;
- les estimations de production formulées
après récolte présentent, dans tous les
rendement semblent
par les exploitants
pays, un degré de
correspondance remarquable avec les chiffres de la production
effective ;
- les estimations obtenues des exploitants avant la récolte
fournissent également des prévisions valables, mais sont
sujettes à des variances importantes ;
les estimations des superficies cultivées émises par les
exploitants surestiment les mesures objectives des superficies.
3 Voir l'article de Vincent GODARD dans STATECO n° 71, ainsi que "Estimation des superficies
cultivées dans l'arrondissement de Boboye au Niger" (SYSAME, CIRAD) et "Estimation des
superficies agricoles selon deux méthodes d'approche" (Ministère de l'Agriculture du Burkina
Faso).
- 18 -
Ces conclusions péremptoires sont à prendre en compte avec
précaution, étant donnée la taille limitée de l'échantillon (120 parcelles au Niger)
et le caractère très particulier d'une telle étude (suivi très rapproché des
exploitants et des enquêteurs).
L'extrapolation directe des déclarations sur la production attendue
est une méthode contestable. Une étude menée à partir des fichiers informatiques
des enquêtes agricoles a montré une sous-estimation manifeste des prévisions
directes des exploitants par rapport à des résultats plausibles tenant compte des
normes de consommation. C'est pour cette raison que, dans certains pays
sahéliens, les déclarations des paysans sont utilisées mais avec un système de
ratio par rapport à la campagne passée permettant de corriger les déclarations
directes.
La méthode des déclarations des paysans peut certainement alléger
le dispositif des enquêtes agricoles. Mais, avant de la rendre opérationnelle, il
faut poursuivre la recherche avec des tests en vraie grandeur (échantillon
suffisant et conditions équivalentes à celles de l'enquête agricole).
W - CONCLUSION
Depuis cinq ans, les enquêtes agricoles des pays sahéliens ont suivi
des évolutions progressives :
au niveau de la méthodologie, les plans de sondage ont été
améliorés, les méthodes d'observation ont subi d'assez
profondes modifications, en particulier pour les prévisions de
récoltes, par l'adoption dans plusieurs pays de la méthode des
interviews des paysans et l'adjonction d'un volet "stocks
paysans" ;
- au niveau de l'exploitation des données, tous les pays (sauf la
Mauritanie) utilisent l'informatique.
D'une manière générale, les enquêtes agricoles avec les
méthodologies actuellement utilisées (sondage sur base démographique, prévision
- 19 -
des récoltes à partir d'interviews, ou de mesures objectives, résultats définitifs à
partir des superficies et des carrés de rendement) fournissent des résultats en temps voulu.
Cependant, la fiabilité des résultats de ces enquêtes peut bien sûr être améliorée.
En premier lieu, les activités de collecte et de traitement des
données doivent être mieux suivies par un contrôle plus systématique à partir de procédures préétablies.
Il est aussi nécessaire d'évaluer régulièrement les erreurs
d'échantillonnage et les erreurs d'observations pour mieux appréhender les
possibilités d'améliorer les dispositifs classiques.
Au niveau de la précision des données, étant données les tailles
d'échantillon actuelles, il est illusoire d'espérer avoir des résultats précis au
deuxième niveau sub-national. De plus, il convient de s'interroger sur l'utilité et
l'utilisation de tels résultats ; les dispositifs, actuellement en place, de suivi des
zones à risques permettent de déceler les situations de crise à un niveau plus fin
encore.
Dans le cadre de la recherche en statistique agricole, des opérations
doivent être poursuivies :
pour l'évaluation des superficies agricoles (à partir de sondage
aréolaire sur base d'images satellitaires) ;
pour l'évaluation des rendements et surtout des prévisions de
rendement à partir de différents types d'approche (bilans
hydriques, indices de végétation, interviews des paysans, etc.).
Il est nécessaire que ces tests s'approchent de la vraie grandeur
pour bien prendre en compte les conditions de l'opérationnalité.
- 20 -
BIBLIOGRAPHIE
LONGACRE (Bureau d'études, 1988) : Evaluation des méthodes d'estimation de la production céréalière basées sur les carrés de rendement et les déclarations des exploitants
MARCHANT Tim (1989) : Evaluation des méthodes d'estimation de la production céréalière basées sur les carrés de rendement et les déclarations des exploitants - Résultats d'une étude méthodologique dans cinq pays d'Afrique Dans STATECO n° 58-59, juin-septembre
Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage du Burkina Faso (1992) : Opération pilote : estimation des superficies agricoles selon deux méthodes d'approche
Projet diagnostic permanent (1991) : Evaluation des enquêtes agricoles des pays du CILSS CILSS
Projet diagnostic permanent (1992) : Evaluation des échantillons des enquêtes agricoles des Etats membres du CILSS CILSS
Projet pilote de prévision des productions agricoles au Sahel (P4AS, 1992) : Evaluation des rendements agricoles dans l'arrondissement de Boboye au Niger Sysame- Cirad
Projet pilote de prévision des productions agricoles au Sahel (P4AS, 1992) : Estimation des superficies cultivées dans l'arrondissement de Boboye au Niger Sysame-Cirad
Résulats des enquêtes agricoles des pays du CTI-SS : publications nationales annuelles Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad
- 21 -
ANNEXE
TABLEAU 1 : FICHE TECHNIQUE DES ENQUETES AGRICOLES PERMANENTES (CAMPAGNE 1990/1991)
TABLEAU 2 : ECHANTILLON ET COEFFICIENTS DE VARIATION DES ENQUETES AGRICOLES (CAMPAGNE 1990/1991)
TABLEAU 1 : FICHE TECHNIQUE DES ENQUETES AGRICOLES PERMANENTES (CAMPAGNE 1990/1991)
BURKINA FASO CAP-VERT (1)
GAMBIE GUINEE- BISSAU
MALI MAURITANIE NIGER SENEGAL (1)
TCHAD
Service Maître d'oeuvre SSA/DEP G.E.P. P.P.M.U. GAPLA D.N.S.I./D.N.A. S.S.A. D.S.A./El. D.I.S.A. B.S.A.
Appuis extérieurs Pays-Bas,USAID, Banque Mondiale
DIAPER
Pays-Bas DIAPER
USAID DIAPER
FAO, ASDI DIAPER
PADEM DIAPER
FAO DIAPER
FAC DIAPER
FAO DIAPER
DIAPER
Personnel
131 -
24 11
30 - -
13
50 - 10 3
85 - 37
8
51 83 34 7
80 - 18
5
-ND 35 11
- ND ND 17
49 -
12 1
Nbre enquêteurs temps plein Nbre enquêteurs temps partiel Nbre contrôleurs Nbre superviseurs
Méthodologie
Province (30) Village (398,PT)
Ménage(2372,EG)
Mesure (1) Déclaration Pesée carrés Mesure,déclarat.
Ile(7),Conseil(17) Zone (143,PT) Expl. (3097,EG)
Déclaration (1) Estimation Pesée carrés
-
Division (6) Village (222,PT)
Dabadas(666,EG)
Mesure (1) Estimation Pesée carrés Mesure,déclarat.
Région (10) Village(500,PT) Expl.(2000,EG)
Mesure (1) Estimation Pesée carrés Mesure
Cercle (46) S.E. (409,PT) Expl.(1998,EG)
Mesure (1) Déclaration Pesée carrés
Mesure,déclarat.
Région (7) Village(196,EG) Expl.(1820,EG)
Mesure (2) Déclaration épis Pesée carrés
-
Arrondt. (35) Village(386,PT) Expl.(1926,EG)
Mesure (1) Comptage épis Pesée carrés Déclaration
Arrondt. (90) Village(429,PT)
Carrés(2138,EG)
Mesure (1) Déclaration Pesée carrés Déclaration
Préfecture (5) Canton (69,PT) Village(207,PT) Expl.(1026,EG)
Mesure (1) Estimation Pesée carrés Déclaration
- Niveau de signification et nbre - Unité 1er degré, nbre et mode tirage - Unité 2ème degré, nbre et mode tirage - Unité 3ème degré, nbre et mode tirage - Variables observées et méthodes
. Superficie (nbre de fois)
. Prévision Production
. Production définitive Stocks paysans
TABLEAU 1 : FICHE TECHNIQUE DES ENQUETES AGRICOLES PERMANENTES (CAMPAGNE 1990/1991)
(suite)
BURKINA FASO CAP-VERT
(1)
GAMBIE GUINEE-
BISSAU
MALI MAURITANIE NIGER SENEGAL
(1)
TCHAD
Traitement des données
informatisé
informatisé
informatisé
informatisé
informatisé
-
informatisé
informatisé
informatisé
manuel(2)
manuel(2)
-
informatisé
informatisé
informatisé
manuel
manuel
-
informatisé
informatisé
informatisé
manuel(2)
manuel(2)
manuel(2)
informatisé
informatisé
informatisé
- Prévision
- Production définitive
- Stocks paysans
Résultats
15 octobre
Décembre 89
15 octobre
Août 90
15 octobre
Avril 90
15 octobre
Avril 90
15 octobre
Juillet 90
15 octobre
Mai 90
15 octobre
.
15 octobre
Février 90
15 octobre
Juin 90
- Prévision (date)
- Production définitive
(Date publication-enquête 89/90)
(1) Personnel et méthodologie de l'enquête 1991/92
PT : Probabilités inégales proportionnelles à la taille
(2) Informatisé depuis campagne 1991/92
EG : Probabilités égales
TABLEAU 2 : ECHANTILLON ET COEFFICIENTS DE VARIATION DES ENQUETES AGRICOLES (CAMPAGNE 1990/1991)
BURKINA-FASO CAP-VERT(1) MALI NIGER SENEGAL(1) TCHAD
ECHANTILLON
Nombre de villages (ou ZD) 398 143 409 386 429 207
Nombre d'exploitations 2 372 3 097 1 998 1 926 2 138 1 026
Nombre de parcelles 17 533 7 518 7 555 4 779 ND 1 886
Superficies parcelles échantillon 9 416 3 352 9 954 10 463 8 198 1 418
(Ha)
Nombre de carrés de rendement 9 200 ND 2 039 4 615 ND 1 743
COEFFICIENTS DE VARIATION (en %)
Superficie céréales 2,7 2,9 4,8 3,1 2,9 4,9
Superficie principale céréale
culture pure
4,6 2,9 8,7 7,5 3,4 12,0
Superficie céréales 6,0 < CV < 13,8 6,4 < CV < 43,2 6,0 < CV < 29,2 6,2 < CV < 8,1 6,7 < CV < 23,7 7,3 < CV <12,7
1er niveau sub-national
Superficie céréales 6,8 < CV < 29,9 - 21,3 < CV < 90,3 7,1 < CV < 33,5 6,0 < CV < 63,9 _
2ème niveau sub-national
Rendement principale céréale 2,5 < CV < 20,3 ND 4,2 < CV < 39,3 4,7 < CV < 10,4 ND 6,5 < CV < 16,7
1er niveau sub-national
Rendement principale céréale 4,2 < CV < 37,7 ND 5,1 < CV < 48,1 5,6 < CV < 87,8 ND -
2ème niveau sub-national
(1) Campagne 1991/1992
- 25 -
ESTIMATION DE LA SUPERFICIE PAR CULTURE
ET DE LA PRODUCTION DES CULTURES ASSOCIEES
DANS LES ENQUETES AGRICOLES
DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
par Abel NKOUNGOUROU-EBONGUE1
INTRODUCTION
L'une des données les plus importantes, et certainement la plus
demandée en statistique agricole, est l'estimation de la superficie et du niveau de
production des principales cultures des pays.
Les sources normales de ces informations sont les rapports des
services administratifs, notamment les services agricoles. Mais dans les pays en
développement, le système de rapports administratifs ne permet généralement pas
d'obtenir des données fiables. Les données sur les superficies et les productions
des principales cultures proviennent le plus souvent des enquêtes agricoles qui y
sont organisées. Des approches alternatives de détermination de la production,
parmi lesquelles la déclaration des producteurs occupe une place de choix, ont été
tentées avec des fortunes diverses. Mais elles sont encore au stade expérimental.
Aussi la présente étude se limite-t-elle aux problèmes liés aux enquêtes agricoles basées sur des mesures objectives de superficies et de rendements.
1 Abel NKOUNGOUROU-EBONGUE, expert indépendant, a travaillé à la FAO (Organisation des
Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture).
l'équation :
- 26 -
Dans celles-ci la production est généralement estimée à partir de
PRODUCTION = SUPERFICIE X RENDEMENT
Les techniques de mesures objectives de superficies et de
rendements, ainsi que les problèmes qui leur sont liés, et les concepts et
définitions utilisés en statistique agricole sont développés dans plusieurs documents
techniques, notamment le Manuel de l'Organisation des Nations-Unies pour
l'Alimentaion et l'Agriculture (FAO) intitulé "Estimation des superficies cultivées
et des rendements dans les statistiques agricoles". Nous ne revenons pas sur ces aspects supposés connus du lecteur. Nous traitons essentiellement d'un aspect particulier : l'estimation de la superficie et de la production dans le cas de l'association de cultures.
En effet on rencontre généralement deux modes de culture : la
culture en peuplement pur (ou culture pure) et l'association de cultures. Celle-ci
est une pratique très répandue dans les pays en développement, notamment pour
les cultures vivrières. Quelques exemples peuvent montrer l'importance du
phénomène. A Fiji, en 1968/69, la part des superficies physiques plantées en pur
par rapport à la superficie totale par culture était de : sorgho 58 %, maïs 65 %,
manioc 51 %, haricot 63 %, igname 16 % et plantain 14 %. En 1990/91 ces ratios
s'établissaient aux niveaux suivants pour le Niger : mil 31 %, sorgho 8,8 %, niébé
1,2 %. Dans le recensement agricole de la République du Cap-Vert de 1982, on a
constaté que sept associations de cultures sèches représentaient 92 % de la
superficie physique cultivée totale.
Si la culture pure ne pose aucun problème méthodologique particulier
pour la détermination de la superficie et de la production, il n'en est pas de
même de l'association de cultures. Deux problèmes principaux se posent :
la superficie totale d'une culture donnée est la combinaison des
superficies des parcelles portant la culture en pur et de celles
la portant en association avec d'autres cultures. Comment
déterminer la superficie de chaque culture d'une association et
- 27 -
par la suite la superficie totale d'une culture donnée ? C'est le
problème abordé ici. Il est examiné dans la première partie. Les
différentes approches possibles sont présentées, ainsi que leurs
avantages et inconvénients ;
afin de ne pas biaiser les chiffres de production, il est
indispensable de multiplier la superficie par culture par un
rendement approprié. Nous établissons dans la deuxième partie le
type de rendement par lequel il conviendrait de multiplier
chaque type de superficie par culture.
I - ESTIMATION DE LA SUPERFICIE PAR CULTURE
Compte tenu des pratiques culturales des pays, divers types de
présentation des résultats sur les superficies cultivées peuvent être adoptés. Dans la présente étude on vise plutôt la détermination de la superficie par culture en vue de l'estimation de la production.
Une culture peut être plantée soit en pur, soit en association avec
d'autres. Dans ce dernier cas elle peut être dense et homogène sur certaines
parcelles, et clairsemée et non homogène sur d'autres. La superficie en une
culture donnée est une combinaison des superficies des parcelles portant la culture
en pur et de celles des parcelles portant cette culture en association avec
d'autres.
La difficulté majeure dans la détermination de la superficie par
culture dans les associations réside dans l'harmonisation du traitement des données
au niveau national, afin de permettre leur intégration et leur comparaison.
Différentes approches possibles seront examinées plus loin.
Mais avant leur examen, il est important de signaler que la
physionomie de la parcelle, en terme de nombre de cultures, peut évoluer au
cours de la campagne. En effet les cultures pérennes et les cultures temporaires
ayant des cycles végétatifs différents, les premières peuvent être en mode pur à
un moment, puis associées à d'autres cultures en nombre variable à un autre
- 28 -
moment de la campagne agricole. De même, pour les cultures mixtes, il y a le cas
de cultures successives et de plusieurs rotations de cultures sur la même parcelle
durant une même campagne agricole. Ainsi, selon la période de passage de
l'enquêteur, la physionomie de la parcelle peut ne pas refléter son statut pendant
le reste de la campagne. Pour tenir compte de ce fait, les enquêtes agricoles
couvrent généralement l'ensemble de la campagne agricole, et les passages repétés
sur les parcelles-échantillons permettent de pallier cette difficulté.
D'autre part, lorsque la campagne agricole comprend plusieurs saisons
de cultures, l'enquête couvre séparement chaque saison et les estimations sont
faites séparément pour chacune d'elles. Les approches ci-dessous sont donc
appliquées séparément pour chacune des saisons.
Soient :
ni le nombre de parcelles portant une culture i ;
- n le nombre de parcelles où la culture est plantée en pur et
S117 la superficie d'une parcelle j ;
- n2i le nombre de parcelles où la culture est en association, mais
où elle est dense et homogène sur toute la parcelle et S217 la
superficie d'une parcelle j ; ny le nombre de parcelles où la culture est en association, mais
où elle n'est pas dense et homogène sur toute la parcelle (n11 +
n2i + n3i = ni) et S317 la superficie d'une parcelle j.
La superficie en une culture donnée i est une combinaison des
superficies des parcelles portant la culture en pur et des parcelles portant la
culture en association, c'est-à-dire des quantités suivantes :
n11 n2i n31
Sli = E • • S21 = E s21. j et s3i = E s,i; j=1 j=1
Le terme S1i ne pose aucun problème méthodologique. Il n'en est pas
de même des termes 52i et S3i. Les différentes approches dans la façon de
procéder à cette combinaison sont examinées ci-dessous.
- 29 -
I.1. Approche de la culture présente
Dans cette approche on attribue à chaque culture présente,
indépendamment de son importance (en terme d'homogénéité et de densité), l'ensemble de la superficie de la parcelle.
La superficie en la culture i est donnée par :
n11 n21 113i
si =E sla. j s .j +E 3.ij j=1 j=1 j=1.
La sommation des superficies de toutes les parcelles portant une culture donnée est ce que l'on appelle la superficie de présence de la culture.
C'est cette approche qui est souvent adoptée par les services
agricoles. Elle est surtout utile aux services chargés de la vulgarisation et de la protection des végétaux.
Avantages de l'approche de la culture présente :
- elle est d'application facile ;
- elle est matérialisable sur le terrain.
Faiblesses de l'approche de la culture présente :
le fait de ne pas tenir compte de l'importance de la culture sur
la parcelle et d'attribuer toute la superficie à quelques pieds ou
poquets de cultures disséminés sur la parcelle n'est pas satisfaisant ;
- la somme des superficies de présence étendue à l'ensemble des
cultures n'a pas de signification pratique. En outre elle est
largement supérieure à la superficie physique cultivée.
1.2. Approche de la culture dominante
Dans cette approche on détermine, pour chaque parcelle portant une
association de cultures, la culture dominante. Toute parcelle portera une et une
seule culture dominante. Plusieurs critères peuvent être utilisés, mais celui le plus
souvent retenu est l'aire occupée. Est considérée comme culture dominante celle
- 30 -
qui occupe la plus grande partie de l'aire de la parcelle. La détermination peut
ainsi se faire à vue, mais on peut aussi demander la collaboration de l'exploitant.
Dans la majorité des cas la culture dominante présente des
caractéristiques proches de celles de la culture plantée en pur (densité,
homogénéité sur la parcelle).
Remarques
1. Si aucune des cultures de l'association ne présente des caractéristiques proches
de celles de la culture plantée en pur, l'une d'elles devra obligatoirement être
désignée comme culture dominante, généralement avec l'aide de l'exploitant.
2. Si deux ou plusieurs cultures de l'association sont susceptibles d'être
considérées comme cultures dominantes, une et une seule sera retenue comme
telle, souvent avec l'assistance de l'exploitant. Mais ces cas sont généralement
rares.
Le principe de l'approche de la culture dominante consiste à lui affecter toute la superficie physique de la parcelle et à négliger les autres cultures de l'association.
Avantages de l'approche de la culture dominante :
- elle est d'application facile ;
- la somme des superficies par culture étendue à l'ensemble des
cultures est égale à la superficie physique cultivée totale.
Faiblesses de l'approche de la culture dominante :
- lorsque, comme c'est souvent le cas dans la pratique, certaines
cultures sont plus fréquemment considérées comme cultures
dominantes de l'association, cette appproche conduit à une
surestimation de la superficie de ces cultures et à une sous-
estimation de la superficie des autres ;
- aucune information n'est disponible sur la superficie des cultures
qui sont toujours considérées comme non-dominantes de
l'association.
- 31 -
L3. Approche de la culture principale Pour chaque parcelle portant une association de cultures, on
détermine une ou plusieurs cultures principales.
Est considérée comme culture principale toute culture dont les caractéristiques sur la parcelle sont proches de celles de la culture en mode pur.
Plusieurs critères peuvent être utilisés pour la détermination de la
culture principale. Parmi les plus couramment retenus on peut citer :
- la quantité de semence utilisée ;
- la densité de la culture sur la parcelle
- l'intention ou l'opinion de l'exploitant ;
- etc.
Mais le critère le plus souvent utilisé est la densité de culture. Une
culture principale sera donc généralement celle qui est dense et homogène sur
toute la parcelle, avec une densité voisine de celle de la culture en mode pur2.
Ainsi la culture principale peut être identifiée à vue par tout enquêteur entraîné.
Toute culture qui n'est pas considérée comme une culture principale sera dite
secondaire sur la parcelle. En général une telle culture n'est ni dense ni
homogène sur la parcelle.
Avec la définition ci-dessus il est possible :
de n'avoir aucune culture principale sur une parcelle, si aucune
des cultures présentes n'a des caractéristiques proches de celles
de la culture en mode pur, en termes de densité et
d'homogénéité. Toutes les cultures seront donc considérées
comme secondaires ;
- d'avoir plus d'une culture principale sur une parcelle.
Principe de l'approche de la culture principale
Pour chaque culture on identifie :
- toutes les parcelles où elle est plantée en pur ;
2 Un seuil est quelquefois fixé, généralement au moins 70 % de la densité en pur.
- 32 -
- toutes les parcelles où elle est une culture principale d'une
association de cultures. Toute l'aire de la parcelle lui est alors
affectée ;
toutes les parcelles où elle est une culture secondaire. Mais
contrairement à l'approche précédente (culture dominante), on ne
les néglige pas.
Dans la méthode de la culture principale, la superficie par culture
est présentée selon les trois catégories superficie en culture pure, superficie
ayant la culture comme culture principale d'une association de cultures, et
superficie ayant la culture comme une culture secondaire d'une association. Les
deux premières catégories étant de même nature (culture pure ou assimilée), on
les additionne.
Avantages de l'approche de la culture principale :
Le principal avantage de l'approche de la culture principale est
qu'elle tient compte du mode de culture en dissociant en quelque sorte la
superficie où la culture est dense et homogène de la superficie où elle ne l'est
pas.
Faiblesses de l'approche de la culture principale :
- cette appproche ne fournit pas un chiffre de superficie totale en
une culture i, mais éclate seulement sa superficie de présence en deux grands
groupes : la superficie en culture pure ou assimilée et la superficie portant la
culture comme culture secondaire d'une association ;
- elle nécessite une formation pratique poussée des enquêteurs dans
la détermination de la culture principale ;
- la détermination d'une superficie totale par culture dépend du
traitement que l'on fait de la superficie portant la culture comme culture
secondaire d'une association.
- 33 -
1.4. Approche de l'imputation des superficies portant une association de cultures Soient :
S l'aire ou superficie physique d'une parcelle portant une
association de cultures ;
i une culture de l'association ;
ci la valeur numérique d'une caractéristique de la culture i dans
l'association de cultures ;
Ci la valeur correspondante de la même caractéristique de la
culture lorsqu'elle est plantée en pur.
On appelle superficie imputée à la culture i dans l'association, la quantité Si :
c • S • =S---1
(ci/Ci peut être appelé coefficient correcteur).
La caractéristique utilisée peut être :
la densité de culture ;
la quantité de semence utilisée ;
etc.
Comme, dans la quasi-totalité des enquêtes, les cultures présentes et
leurs densités sont généralement relevées, la densité de culture est le plus
souvent adoptée comme caractéristique de la culture. L'expression ci-dessus
devient alors :
S 75- l. z Di
1 a
Ainsi l'imputation de superficie revient à déterminer la superficie de la parcelle que la culture aurait occupée si elle avait été plantée en pur. Elle représente donc la partie de la superficie physique de la parcelle qui produit effectivement la culture. Il s'agit d'une superficie théorique.
- 34 -
L'imputation permet donc de tenir compte de l'importance de la
culture dans l'association et d'éviter ainsi d'affecter toute la superficie à
quelques pieds de cultures disséminés sur la parcelle.
Remarques
1. Pour Di, il est possible d'adopter :
a) la densité théorique de plantation recommandée par les
agronomes dans le pays ou la région ;
b) la densité observée sur le terrain dans les parcelles en culture
pure dans le pays ou la région. Cependant, di étant une densité
observée, généralement à partir des carrés de densités,
l'adoption de la densité théorique entraînerait un manque
d'homogénéité entre le numérateur di et le dénominateur Di.
Pour cette raison il est recommandé d'adopter, autant que faire
se peut, la densité en culture pure observée dans le pays ou la
région.
2. Il est d'autre part recommandé d'adopter des densités observées moyennes
plutôt que des densités particulières à chaque exploitant, la moyenne effaçant les
effets de la variabilité de la nature et du nombre de cultures associées à une
culture donnée dans les différents parcelles.
Ainsi la superficie imputée à la culture i est donnée par :
-27 Si = D
i
Par ailleurs l'adoption des densités moyennes présente l'avantage,
entre autres, de permettre, comme cela est fait dans beaucoup d'enquêtes, de
placer les carrés de densité/rendement uniquement dans un sous-échantillon de
parcelles par culture, au lieu de les placer sur l'ensemble des parcelles, ce qui
représenterait une charge de travail énorme pour le personnel de terrain.
Cependant, il peut arriver que certaines cultures, pour un pays ou
une région donnés, ne soient jamais plantées en pur. Dans ce cas il se poserait
alors le problème de la détermination de Di. Pour ce type de situation, les cas les
plus fréquents sont les suivants :
- 35 -
i) Cette culture constitue un aliment de base (par exemple le haricot
au Zaïre), mais pour des raisons de techniques culturales, on l'associe toujours à
d'autres cultures bien définies pour en améliorer le rendement. Alors la parcelle
est en fait préparée pour cette culture, qui est généralement la première à être
plantée, et de façon dense et homogène, les autres n'étant mises en terre
qu'après. On peut donc considérer dans ce cas la densité observée comme étant
équivalente à la densité en pur. C'est donc comme si la culture donnée était
toujours plantée en pur.
ii) La culture est toujours une culture secondaire, disséminée sur les
parcelles portant d'autres cultures. C'est le cas par exemple du gombo à
Zanzibar. Il nous semble que dans ce cas la culture n'entrant pas dans la liste
des principales cultures du pays, il n'est pas indispensable de chercher à en
fournir une superficie. Mais, si l'on tient à le faire, c'est l'un des rares cas où
l'on peut préconiser l'adoption de la densité en pur recommandée par les services
agricoles, si toutefois l'information existe.
3. La somme des superficies imputées aux différentes cultures présentes sur une
parcelle est différente de sa superficie physique. En effet, soit une association de
m cultures représentée par le multiplet (1, 2, ..., m), on a :
m E si = E = sE ,=1 Di i=3. Di
m -27
E i=1 D * 1 me si * s
L'expérience montre queESi est souvent supérieure à S.
Lorsque l'approche de l'imputation des superficies est adoptée, deux
scénarios, conduisant à des résultats légèrement différents, sont possibles.
- 36 -
1.4.1. L'imputation est faite uniquement si la culture est une culture secondaire de l'association
Ce scénario est basé sur le fait que si la culture est une culture
principale d'une association de cultures, alors di est peu différent de Di et
S x di/Di est peu différent de S. Ainsi, pour chaque parcelle portant une association de cultures, sa superficie physique est affectée à chaque culture principale. Pour chaque culture l'imputation est faite si et seulement si elle est une culture secondaire de l'association.
Reprenons les notations définies plus haut, avec en outre die
représentant la densité moyenne de la culture dans les associations où elle est
une culture secondaire.
Toute la superficie de la parcelle étant affectée à la culture i
lorsqu'elle est une culture principale d'une association, la superficie en culture i
est donc égale à :
n,i n2i n31
ES11.3 •• +ES213 .• + -ES3ii j=1 Di j=i
qui est la superficie totale portant la culture i soit en pur soit comme culture
principale d'une association, augmentée de la superficie totale portant la culture i
comme culture secondaire d'une association multipliée par un coefficient de
correction (rapport de sa densité moyenne en association comme culture
secondaire et de sa densité moyenne en culture pure).
Cette superficie, qui est une superficie théorique puisque le dernier
terme de l'expression ci-dessus l'est, représente la partie de la superficie totale
de présence de la culture qui produit efectivement. Nous l'appelons superficie de
production de la culture.
1.4.2. L'imputation est faite pour toutes les cultures d'une association Dans le présent scénario on n'affecte plus toute l'aire de la parcelle
à la culture principale. L'imputation est faite pour chaque culture de l'association, qu'elle soit culture principale ou secondaire.
- 37 -
Soient d1.p et die les densités moyennes de la culture i dans les
associations où elle est respectivement une culture principale et une culture
secondaire. La superficie totale en la culture i est donnée par :
nli 1321 ---- nn E s • • + E S21 • + E _JIs3i; = j.,. 7=1 Di i=i D,
nui n21
E -
- s ---i7n3i
"r" 2ij E s3 • •
j=1 F
D, i=i
Le premier terme est la superficie totale portant i en pur. Les deux
derniers termes désignent la superficie totale imputée à i dans les parcelles où
elle est respectivement une culture principale et une culture secondaire d'une
association.
Ainsi l'expression ci-dessus représente la superficie de production de
la culture.
Remarques
1. Tous les termes de la superficie de production sont assimilables à la superficie
en pur, la superficie imputée étant équivalente à la superficie en pur théorique
de la culture dans l'association. La superficie de production est donc une somme
d'éléments homogènes. Elle représente l'équivalent en culture pure de la superficie
de présence de la culture.
2. di/Di étant au plus égal à 1 (puisque di est généralement inférieur à Di) :
–m—n21 n21 n31 uiPE S21j E s2ij et ,E E s3ij
Di j=i j=1 j-1 j=i
On en déduit que, quel que soit i, la superficie de production est
inférieure à la superficie de présence.
3. La somme des superficies imputées aux différentes cultures en association sur
une parcelle étant différente de l'aire ou superficie physique de la parcelle, la
somme des superficies de production étendue à l'ensemble des cultures d'un pays
ou d'une unité géographique donnée est différente de la superficie physique
cultivée totale. Elle lui est souvent supérieure.
- 38 -
4. Au lieu de distinguer la densité moyenne de la culture dans les cas où elle est
une culture principale ou une culture secondaire, on peut considérer une densité
moyenne globale de la culture lorsqu'elle est en association. On aura donc
seulement deux termes au lieu de trois mentionnés ci-dessus.
5. Lorsque la culture est une culture principale d'une association, ses
caractéristiques sur la parcelle sont proches des caractéristiques en pur. De ce
fait la superficie qui lui est imputée, comme vu ci-dessus, est peu différente de
l'aire ou superficie physique de la parcelle. Il en résulte que les superficies de
production obtenues à partir des scénarios I-4-1 et I-4-2 sont peu différentes.
Avantages de l'approche de l'imputation des superficies :
- elle respecte la technique culturale. En effet l'utilisation de la
densité de culture ou d'un autre paramètre cultural fait que l'on
prend en, compte l'importance de la culture dans l'association ;
elle conduit à l'obtention d'une superficie qui a une signification
concrète : la superficie de production, c'est-à-dire celle qui
produit effectivement la culture. Elle permet ainsi une meilleure
estimation de la production.
Faiblesses de l'approche de l'imputation des superficies :
elle exige une bonne connaissance des densités pratiquées. De ce
fait, un soin particulier doit être apporté à l'étude des carrés
de densité, ce qui peut alourdir les travaux sur le terrain ;
bien que la superficie de production ait une signification
concrète, elle est une superficie théorique que l'on ne peut
matérialiser sur le terrain.
1.5. Approche de l'attribution de superficies L'approche de l'attribution de superficies est la suite logique de
celle de l'imputation des superficies.
n11 n2i E s„, E i=1 i.„
-d:- S2 2P S, , m
E s2ii i
S3 il' • D /3 m i
X z23,
j=1 E ie s — 32_7 j.1 Di
- 39 -
S étant la superficie physique de la parcelle portant une association de m cultures et Si la superficie imputée à la culture i sur la parcelle, on appelle
superficie attribuée à une culture i la quantité :
Sai - S Si
E Si
La superficie attribuée à i est donc égale au produit de la superficie
physique de la parcelle par le poids de la superficie imputée à i par rapport au
total des superficies imputées à l'ensemble des cultures de l'association.
Soit une parcelle portant une association de m cultures représentée
par le multiplet (1, 2, ..., m).
E Sai i=, •
Sx S- S =
Ainsi, contrairement à l'approche de l'imputation de superficies, la
somme des superficies attribuées aux différentes cultures de l'association est
égale à la superficie physique de la parcelle.
La superficie attribuée à une culture représente donc la part de la
superficie de la parcelle utilisée ou réservée pour cette culture.
Superficie totale en une culture i
En reprenant les notations définies plus haut, la superficie totale en
une culture i est donnée par (la caractéristique retenue de la culture étant la
densité) :
- 40 -
Le premier terme est la superficie totale de la culture i en pur. Les
deux derniers termes représentent la superficie totale attribuée à la culture i
dans les parcelles où elle est respectivement une culture principale et une culture
secondaire.
La somme des superficies attribuées étendue à l'ensemble des
cultures d'une association étant égale à la superficie physique de la parcelle,
l'expression ci-dessus représente la superficie physique cultivée totale utilisée
pour la culture i ou superficie physique totale réservée à la culture i.
La notion de superficie attribuée est donc très importante lorsqu'il
s'agit de présenter les statistiques sur l'utilisation du sol.
Remarques
1. Comme pour l'imputation de superficies on peut ne pas distinguer les cas où la
culture est une culture principale ou secondaire d'une association et ne prendre
qu'une densité moyenne globale de la culture lorsqu'elle est en association.
2. Au lieu de procéder à l'imputation ou à l'attribution de superficies telles que
définies plus haut, dans certains pays, on divise la superficie de la parcelle par le
nombre de cultures présentes. Si une telle méthode présente l'avantage de la
simplicité, elle a par contre le défaut majeur de ne pas tenir compte de
l'importance de la culture sur la parcelle, en attribuant le même poids à toutes
les cultures présentes, ce qui n'est pas satisfaisant.
Avantages de l'approche de l'attribution des superficies :
elle détermine la superficie physique totale utilisée ou réservée
pour chaque culture, et permet ainsi l'étude de l'utilisation du
sol ;
la somme des superficies par culture étendue à l'ensemble des
cultures est égale à la superficie physique totale cultivée.
Faiblesses de l'approche de l'attribution des superficies :
- tout comme l'approche de l'imputation de superficies dont elle
est le prolongement, elle exige une bonne connaissance des
densités de cultures pratiquées. De ce fait un soin particulier
doit être apporté à l'étude de cet aspect ;
- 41 -
la mise en oeuvre de la méthode est très lourde, à cause de la
nécessité de procéder à l'attribution de superficies parcelle par
parcelle. En effet, contrairement à l'approche de l'imputation où
l'on multiplie la superficie de l'ensemble des parcelles portant
une culture en association avec d'autres par un seul coefficient
correcteur (rapport des densités moyennes), il est indispensable
de procéder ici parcelle par parcelle, la superficie attribuée
étant fonction du nombre de cultures présentes sur la parcelle.
La charge de travail est donc très lourde ;
- les résultats finals obtenus sont de portée limitée, dans la
mesure où la superficie réservée ou utilisée pour chaque culture
n'est utile que dans le cadre de l'étude de l'utilisation du sol.
II - EST[MATION DE LA PRODUCTION
La production d'une culture est généralement estimée dans les
enquêtes agricoles par le produit de sa superficie et de son rendement. II est donc indispensable qu'il existe une homogénéité entre la superficie et le rendement utilisés.
Nous avons vu dans la première partie que, selon l'approche adoptée
pour l'estimation de la superficie par culture, on aboutissait à des types de
superficies différents les uns des autres. Par quel rendement faut-il multiplier
chacun des types de superficies par culture pour éviter d'introduire des biais dans
l'estimation de la production ? Cette deuxième partie vise à apporter des
éléments de réponse à cette question pour laquelle beaucoup d'erreurs sont
souvent commises sur le terrain.
II.1. Estimation de la production à partir de l'approche de la culture présente (superficie de présence)
Il n'existe pas un rendement unique par lequel multiplier la superficie
de présence pour estimer la production. La meilleure façon de le faire, et la plus
juste qui soit, à partir de l'approche de la culture présente, est de procéder selon
le mode de culture : culture pure, culture principale et culture secondaire d'une
association de cultures.
- 42 -
On doit alors disposer des éléments suivants :
superficie plantée en pur (S1) ;
superficie portant une association ayant la culture
respectivement comme culture principale (S2) et comme culture
secondaire (S3) ;
rendement moyen de la culture lorsqu'elle est plantée en pur
(Y/), et lorsqu'elle est respectivement une culture principale (Y2)
et une culture secondaire (Y3) d'une association de cultures.
La production P est alors estimée par l'équation :
P = .S1 Y1 + S2 y2 + S3 Y3
Le calcul du rendement selon le mode de culture fait que cette
approche prend en compte les interactions bénéfiques entre les cultures.
Cependant l'obtention de données aussi détaillées n'est généralement possible que
si l'on pose un ou deux carrés de densité/rendement par parcelle-échantillon, de
façon à observer chaque culture étudiée sous les différents modes de culture.
Mais procéder ainsi entraîne une charge de travail énorme pour l'enquêteur qui
doit faire la pose du carré, la récolte et la pesée des produits. C'est pourquoi
une telle approche n'est généralement adoptée que dans le cadre des enquêtes
spécifiques sur une seule culture (café, cacao, etc.).
Dans la majorité des enquêtes on choisit généralement de ne poser
de carré, pour une culture donnée, que sur des parcelles où elle est plantée soit
en pur soit comme culture principale d'une association. Toutefois, dans le cas où
la culture est en association, on relève généralement la densité des autres
cultures présentes. Mais pour réduire la charge de travail, leur rendement n'est
pas étudié. Dans ce contexte on ne dispose donc généralement que du rendement
de la culture en pur ou assimilée (culture principale d'une association). De ce
fait, dans la majorité des enquêtes, on ne dispose pas de tous les éléments
nécessaires à l'estimation sans biais de la production par l'approche de la culture
présente ou superficie de présence.
- 43 -
11.2. Estimation de la production à partir de l'approche de la culture dominante Comme dit dans la première partie, dans cette approche on assimile
généralement la culture dominante à la culture pure et on lui affecte l'ensemble
de l'aire de la parcelle.
Ainsi pour l'estimation de la production avec cette approche on multiplie le rendement de la culture en mode pur par la superficie totale en la culture (superficie en pur + superficie ayant la culture comme culture dominante d'une association).
Notons cependant que, compte tenu des faiblesses identifiées dans la
première partie, cette approche peut conduire à la surestimation de la production
des cultures le plus souvent considérées comme cultures dominantes et, partant, à
une sous-estimation de la production des autres cultures. D'autre part aucune
estimation de la production des cultures qui ne sont jamais considérées comme
cultures dominantes ne sera disponible.
11.3. Estimation de la production à partir de l'approche de la culture principale L'approche de la culture principale, qui ne débouche pas directement
sur la détermination d'une superficie totale en une culture donnée, mais plutôt sur
son éclatement en deux catégories, ne permet pas une estimation directe de la production. Celle-ci se fait commme pour l'approche de la culture présente ou
superficie de présence. Mais cela se fait rarement, cette approche ne constituant
en fait que le point de départ de l'imputation de superficies.
11.4. Estimation de la production à partir de l'approche de l'imputation de superficies (superficie de production)
La superficie de production étant la somme de la superficie totale
en culture pure et de la superficie totale imputée à la culture dans les
associations, pour déterminer le rendement par lequel il conviendrait de multiplier
la superficie de production, il est nécessaire de rechercher d'abord le rendement
à adopter pour la superficie imputée.
- 44 -
Soient
P la production d'une culture sur une parcelle portant une
association de cultures ;
S la superficie physique de la parcelle ;
- Si la superficie imputée à la culture sur la parcelle ;
- Y le rendement de la culture sur la parcelle ;
- Yi le rendement de la culture à multiplier par la superficie
imputée.
La production de la culture sur la parcelle ne changeant pas quel
que soit le type de superficie adopté, nous avons :
P = SY = Si Yi yi = S Y Si
Remplaçant Si par sa valeur S(cii/Di) en fonction de S nous avons :
S Y D. y Y. = - Y-1 — D •
S D.
Le dernier membre de cette égalité est le produit du rendement
moyen par pied par la densité moyenne en pur. C'est donc le rendement moyen de
la culture en pur.
Ainsi, pour estimer la production d'une culture en association par l'approche de la superficie imputée, celle-ci doit être multipliée, tout comme la superficie en pur, par le rendement moyen de la culture en mode pur.
Ce résultat est d'ailleurs tout à fait logique, l'imputation consistant
à calculer la superficie physique de la parcelle que la culture aurait occupé si
elle y avait été plantée en pur.
Pour estimer la production à partir de l'approche des superficies imputées, il faut donc multiplier la superficie de production par le rendement moyen de la culture en mode pur.
- 45 -
Cette approche présente donc l'avantage que seule la connaissance du rendement en culture pure ou assimilée est nécessaire, ce qui allège les
opérations de mesure de rendements.
D'autre part, pour l'estimation de la production, cette approche tient
compte de l'interaction entre cultures. En effet, l'on admet généralement que,
lorsque la culture est une culture principale (dense et homogène sur toute la
parcelle, avec une densité voisine de celle en culture pure), la différence de sa
densité de plantation avec celle de la culture pure est compensée par un
rendement au pied plus élevé dû à l'action bénéfique des cultures qui lui sont
associées. Le seuil, par rapport à la densité en pur, fixé par certains pays se
base sur l'idée que l'on s'y fait sur les améliorations des rendements imputables à
l'association de cultures.
11.5. Estimation de la production à partir de l'approche de l'attribution de superficies
Pour déterminer le rendement à utiliser lorsque l'approche de la
superficie attribuée est adoptée, c'est-à-dire le rendement par lequel il faut
multiplier la superficie réservée ou utilisée pour une culture donnée, il est
nécessaire de déterminer d'abord le type de rendement par lequel il conviendrait
de multiplier la superficie attribuée à la culture lorsqu'elle est en association.
Soient :
- P la production d'une parcelle ;
- S la superficie physique de la parcelle ;
- Si la superficie imputée à la culture sur la parcelle ;
Sa la superficie attribuée à la culture i sur la parcelle ;
- Y le rendement de la culture sur la parcelle ;
Ya le rendement de la culture par lequel il conviendrait de
multiplier la superficie attribuée à la culture.
La production de la culture sur la parcelle restant inchangée quel
que soit le type de superficie adoptée, l'on a :
P = SY = Sale, Ya = Y Sa
- 46 -
Remplaçant Sa par sa valeur en fonction de S et Si définie plus
haut, nous avons :
s s
ta
E Si
171
E si E Si S
si s si Y Si
Remplaçant Si par sa valeur en fonction de S et du rapport de
densités définie plus haut nous avons :
Y
{SÊ -27-1 1=1 Di Di
—E D-7 Di
d'où :
Ya = Y Di m 1. { y
1.1 Di Di}
-ai 1-1. Di
Le dernier membre de cette égalité est le produit du rendement de
la culture en pur par la somme des rapports des densités en association et en pur
de l'ensemble des cultures de l'association.
On déduit de ce qui précède qu'il n'existe pas un rendement unique par lequel il conviendrait de multiplier la superficie attribuée pour estimer la production. Le coefficient de correction à appliquer au rendement en pur dépend,
et du nombre de cultures présentes dans l'association, et de leurs densités sur la
parcelle. Par conséquent il faudrait procéder parcelle par parcelle à l'estimation
du rendement et de la production, ce qui n'est pas recommandable pour une
enquête.
- 47 -
Lorsque cette approche est adoptée, il est donc nécessaire de
trouver d'autres mécanismes pour estimer la production de chaque culture.
Dans l'expression P = SaYa remplaçons Sa et Ya par leurs valeurs. Si
Y1 est le rendement de la culture en pur, nous avons alors :
P = x x Y1 x EmS i=1. E Si 1=1.
E Si = sE P = Sa Ya = Di i=i i=1
Ainsi le produit de la superficie attribuée à une culture et du
rendement de la culture sur la parcelle est égal au produit de la superficie qui
lui est imputée dans l'association et du rendement de la culture en pur.
Par conséquent l'estimation de la production à partir de la superficie attribuée à la culture n'étant pas appropriée, il convient, chaque fois que cette approche est adoptée, d'estimer la production à partir de la superficie imputée correspondante. Celle-ci est alors multipliée par le rendement moyen de la culture en mode pur.
III - CONCLUSION GENERALE
Il existe donc plusieurs types de superficies par cultures en
statistique agricole, chacun d'eux recouvrant une vérité différente et permettant
de satisfaire les besoins d'une catégorie d'utilisateurs potentiels des données. II est donc souhaitable que les résultats d'une enquête présentent, autant que possible, les différents types de superficie par culture, le statisticien ne pouvant
prévoir à l'avance toutes les utilisations qui seront faites des données. L'approche
qui permettrait de disposer de l'ensemble des types de superficies par culture est
celle de l'attribution de superficies. Mais les différentes difficultés de sa mise en
oeuvre rendent son applicabilité limitée. Par contre l'approche de l'imputation de
superficie, d'application plus facile, permet de disposer, à l'exception de la
- 48 -
superficie utilisée par culture, nécessaire uniquement pour l'étude de l'utilisation
du sol, de tous les autres types de superficies par culture. En outre, au cas où
l'on souhaiterait étudier, en plus de la production agricole, l'utilisation du sol,
cette approche permet de disposer déjà de la totalité des données nécessaires
pour l'attribution de superficies.
Lorsque l'approche de l'imputation de superficie est adoptée, pour
chaque culture doivent être calculés les éléments suivants :
(i) la superficie totale en culture pure ;
(ii) la superficie totale où elle est une culture principale d'une
association de cultures ;
(iii) la superficie totale où elle est une culture secondaire d'une
association de cultures ;
(iv) la superficie totale imputée à la culture dans les associations où
elle est une culture secondaire (éventuellement, si l'imputation se fait chaque fois
que la culture est en association, la superficie imputée à la culture dans les
associations où elle est une culture principale).
Alors :
(i) + (ii) + (iii) donne la superficie de présence de la culture.
(i) + (ii) + (iv) donne la superficie de production de la culture.
(i) + (ii) donne la superficie en pur ou assimilée.
Par ailleurs, c'est la superficie imputée qui permet d'estimer la
production lorsque l'approche de l'attribution de superficies est adoptée.
L'approche de l'imputation de superficies est donc celle qui nous paraît la plus recommandable.
- 49 -
L'ENQUETE NATIONALE SUR LES EFFECTIFS
DU CHEPTEL DU BURKINA FASO
par Jean BAHILI et Djaby EAKARITI
Réalisée par le Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage (MAE) et
l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) du Burkina Faso,
l'enquête nationale sur les effectifs du cheptel a suscité l'attention des Etats du
Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
(CILSS).
Des enquêtes ayant le même objectif se sont déroulées en Gambie et
en Guinée-Bissau en 1990 et au Mali en 1991. La méthodologie a été quelque peu
adaptée au Mali pour tenir compte du cheptel nomade et transhumant.
Les estimations officielles des effectifs du cheptel du Burkina, avant
cette enquête, étaient pour le moins contestables.
Pour les bovins, elles s'appuyaient sur des estimations faites à partir
de la campagne de vaccination antipestique de 1967 et l'application d'un taux de
croît constant sauf pour les années de sécheresse de 1973 et 1984. Pour les
autres espèces, elles étaient issues d'études régionales et d'estimations des chefs
de poste d'élevage. Aucun recensement de l'agriculture n'a été réalisé au Burkina
et le recensement général de la population de 1985 s'est surtout intéressé aux
variables démographiques. L'absence de données fiables sur les effectifs du
Jean BAHILI est ingénieur statisticien à l'Institut National de la Statistique et de la
Démographie du Burkina Faso et Djaby BAKARY ingénieur d'élevage à la cellule "statistiques
animales" du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.
- 50 -
cheptel limitait tout diagnostic de ce secteur dont l'importance dans l'économie
burkinabè n'est pas à démontrer.
L'enquête s'est déroulée en deux passages sur le terrain :
le premier passage a porté uniquement sur le milieu rural et
s'est déroulé du 14 novembre au 15 décembre 1988. Son objectif
a été de constituer une base de sondage stratifiée de
concessions pour le second passage ;
le deuxième passage, du 16 janvier au 20 mars 1989, a concerné
les milieux rural et urbain.
L'objectif de cette opération de grande envergure était d'évaluer
avec précision les effectifs des principales espèces animales avec leur répartition
géographique par région et province. Quelques caractéristiques principales de
l'élevage ont aussi été appréhendées : taille du troupeau, ethnie du propriétaire.
Les résultats ont fait l'objet en février 1990 d'une publication en
deux volumes du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage2.
I - METHODOLOGIE
Le champ de l'enquête L'enquête nationale sur les effectifs du cheptel a couvert l'ensemble
du territoire du Burkina Faso.
Les espèces animales domestiques suivantes sont concernées : bovins,
ovins, caprins, asins, camelins, équins, poules, pintades, dindes, canards, lapins,
chiens, chats.
2 Enquête nationale sur les effectifs du cheptel
Volume 1 : ffluftateetanaiee ; volume 2 : Méthodologie
Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage du Burkina Faso, 1990.
- 51 -
1.2. Définitions des unités d'observation
On distingue trois types d'unités d'observation : pour les unités
primaires, ce sont le village en milieu rural et la zone de dénombrement en
milieu urbain, et pour les unités secondaires c'est la concession (quel que soit le
milieu). Le milieu urbain comprend les plus grandes villes du pays.
Le village est considéré dans ses limites à la date du recensement général de la population de 1985.
Une zone de dénombrement regroupe environ 1000 habitants en zone
urbaine. Elle est considérée dans ses limites du recensement général de la population de 1985.
Une concession est une unité d'habitation formée par un ensemble de
constructions entourées ou non par une clôture et où habitent un ou plusieurs ménages.
1.3. Plan de sondage
La base de sondage utilisée au premier degré est, pour le milieu
rural, la liste exhaustive des villages du Burkina Faso obtenue à l'issue du
recensement général de la population de 1985. Pour le milieu urbain, c'est la
liste exhaustive des zones de dénombrement issue du même recensement.
La base de sondage des unités primaires avait quelque peu changé :
éclatement de villages, regroupement de villages et changements d'appellation
parfois. Une remise à jour des unités était nécessaire.
Il s'est agi de considérer chaque village dans ses limites
géographiques à la date du recensement de la population de 1985. Préalablement
à l'enquête, chaque village échantillon a été d'abord repéré sur une carte, puis
sur le terrain avec les responsables administratifs locaux. Les villages qui n'ont
pu être identifiés ont été remplacés.
La base de sondage au second degré est la liste des concessions
obtenue au cours du premier passage pour le milieu rural et la liste exhaustive
des concessions établie lors du recensement général de la population de 1985 pour le milieu urbain.
- 52 -
1.3.1. Echantillon au premier degré Aucune information disponible ne permettait de classer les villages
par rapport à l'élevage.
Cinq strates sont définies au niveau de la province selon le critère
"taille" en nombre d'habitants :
la strate urbaine qui est l'ensemble des villes de plus de 10 000
habitants ;
la strate 0 formée par l'ensemble des villes de plus de 5 000
habitants ;
la strate 1, l'ensemble des gros villages ;
- la strate 2, l'ensemble des villages de taille moyenne ;
- la strate 3, les villages de petite taille.
Le tirage des unités primaires (villages, zones de dénombrement)
s'est effectué dans les strates 1 à 3 et la strate urbaine selon la technique du
tirage systématique à probabilités inégales (proportionnellement à la population),
après classement selon la taille.
Dans la strate 0, toutes les unités primaires sont retenues.
1.3.2. Echantillon au second degré Le premier passage a permis de constituer une base de sondage de
concessions stratifiée selon le critère "éleveur" et "non-éleveur" pour toutes les
unités primaires de l'échantillon des strates 0 à 3.
Pour cela, les chefs de concession ont été invités à déclarer les
effectifs des espèces bovines, ovines et caprines des concessions. La stratification
distingue les concessions possédant un cheptel important et celles en possédant un
moins important. Pour cette stratification, un seuil exprimé en nombre
d'unités-bétail-recensement (1 bovin = 5 UBR et 1 ovin = 1 caprin = 1 UBR) a
été déterminé pour chaque province.
- 53 -
Les concessions "éleveurs" de chaque village échantillon ont toutes
été enquêtées ; par contre seulement 15 des concessions "non-éleveurs", retenues
selon la technique du tirage aléatoire simple dans chaque village échantillon, ont été examinées.
Dans la strate urbaine, il n'y a pas eu de stratification des
concessions. Un tirage aléatoire simple de 10 concessions par zone de
dénombrement a été effectué.
1.3.3. Taille de l'échantillon
La taille de l'échantillon des unités primaires d'une province a été
déterminée selon les recommandations de l'enquête test réalisée dans trois
provinces et la répartition de l'échantillon entre les strates s'est faite
proportionnellement à la population de chaque strate.
La répartition des unités primaires selon les strates est présentée dans le tableau 1.
TABLEAU 1
REPARTITION DES UNITES PRIMAIRES
Strate Nombre de villages Nombre de villages échantillon
urbaine 31 31 0 72 72 1 1819 763 2 2399 394 3 2771 206
ensemble 7093 1465
Au cours de la première phase, 221 000 concessions ont été
recensées. Au cours de la deuxième phase, 23 251 concessions identifiées
"éleveurs" lors de la première phase, et 20 056 concessions "non-éleveurs", soit
au total 43 307 concessions ont été enquêtées.
- 54 -
1.4. Méthode d'observation
L4.1. Période de l'enquête Afin d'éviter des problèmes liés à la transhumance des animaux, la
période d'enquête a été choisie au moment où l'eau est encore disponible dans les
points d'eau et les pâturages toujours présents. La période favorable était de
novembre à mars.
1.4.2. Le premier passage L'enquêteur fait le tour du village avec un responsable du village
afin d'identifier ses limites selon le recensement de 1985. Il numérote les
concessions de 1 à n et inscrit le numéro à la craie blanche. Il passe ensuite à
l'enquête proprement dite.
Dans l'ordre des numéros de concession, il s'adresse au chef de
concession ou à son représentant. Il invite l'enquêté à fournir (sur déclaration) le
nombre de personnes et l'effectif des espèces bovines, ovines, caprines de la
concession y compris les jeunes animaux et les boeufs de trait.
Les animaux confiés à la concession pour assurer leur entretien sont
pris en compte. Toute notion d'appartenance de l'animal est écartée. On relève
également l'ethnie du chef de concession.
1.4.3. Le second passage Cette phase exige que l'enquêteur dénombre les animaux à vue par
comptage effectif.
Les bovins (y compris les boeufs de trait), les ovins et caprins sont
recensés tôt le matin, entre 5 et 10 heures, soit avant le départ au pâturage, ou
le soir entre 16 et 20 heures (et plus tard si nécessaire) à leur retour du
pâturage. A ces heures de la journée, les animaux sont dans leur enclos ou sont
rassemblés dans la concession ou aux alentours. L'enquêteur côtoie le troupeau,
en compagnie du berger ou du chef de concession, pour effectuer le
dénombrement.
- 55 -
Dans le cas où le troupeau, en entier ou en partie, serait en
transhumance, on note l'effectif déclaré par le chef de concession.
Les porcins, ânes, chevaux, camelins sont recensés aux mêmes heures
par dénombrement à vue.
La volaille est recensée également à la tombée de la nuit entre 18
et 20 heures lorsqu'elle est endormie. On visite tous les repères abritant la
volaille : les poulaillers et les arbres servant de perchoir aux pintades, afin
d'estimer à vue (dénombrer en gros par dizaine) le nombre de poules, pintades,
dindons, et canards.
On visite les clapiers pour dénombrer les lapins. Quant aux chats et
chiens, on demande l'effectif au chef de concession.
1.4.4. L'approche des enquêtés La réussite d'une telle opération résidait dans l'approche de la
population et donc dans la sensibilisation de l'opinion. Celle-ci a porté sur les
points suivants : l'objectif de l'opération, son importance, les conditions de son
exécution, le champ couvert. Il fallait surtout insister sur le fait que l'opération
n'avait rien à voir avec l'impôt et les taxes perçus autrefois sur le bétail et qui
d'ailleurs avaient été abolis.
La sensibilisation s'est déroulée en plusieurs étapes :
- une campagne d'information en français et langues nationales
s'est faite à la radio nationale durant toute l'enquête ;
au premier passage, des tournées d'information auprès des
responsables des structures populaires, des responsables
administratifs et des notables des villages échantillon ont été
entreprises ;
- l'enquêteur et un responsable du village ont également entrepris
une sensibilisation au cours de la reconnaissance des limites et
de la numérotation des concessions du village ;
- 56 -
au second passage, l'enquêteur a convoqué une réunion de
l'ensemble des chefs de concessions échantillon du village afin
de les imprégner encore une fois des objectifs, de les rassurer
et de leur expliquer les raisons de leur appartenance à
l'échantillon.
II - ORGANISATION
MI Organisation pratique
11.1.1. Opérations de terrain Pour ce qui est du déroulement pratique de l'opération, le pays a
été découpé en quatre régions avec un chargé de mission comme responsable
d'une région.
Chaque région, qui regroupe 3 ou 4 zones de supervision, correspond
au Centre Régional de Promotion Agro-pastorale (CRPA).
La zone de supervision est divisée en 5 ou 6 zones de contrôle dont
chacune compte 4 à 6 enquêteurs.
L'enquêteur est chargé d'un ensemble de 2 à 6 villages situés dans
un rayon d'au plus 100 km.
Pour ce qui est de la formation, les superviseurs et les contrôleurs
ont été formés, et ont, à leur tour, formé les enquêteurs. Compte tenu de
l'objectif limité de l'enquête "effectif du cheptel" (comptage simple) et aussi de
la facilité à identifier les espèces, la formation a été simple et l'accent mis
sur
- l'étude des questionnaires et de leur remplissage ;
- la méthode d'approche des populations ;
- la mise au point d'un calendrier de travail par l'enquêteur.
11.1.2. Traitement des données Le dépouillement partiel du premier passage, ayant servi à la
stratification des concessions, s'est effectué manuellement dans les centres de
- 57 -
supervision (CRPA) par les contrôleurs et les superviseurs, encadrés par les
chargés de mission.
Le dépouillement du second passage s'est fait à l'aide de micro-
ordinateurs IBM-PC.
Pour la saisie, le logiciel utilisé est RODE PC. Le traitement s'est
fait à l'aide de DBASE III PLUS et de CENTS IV.
L'ensemble du traitement des données a été réalisé par l'INSD avec
son personnel, son matériel et ses logiciels.
11.2. Moyens nécessaires
11.2.1. Moyens humains L'enquête a mobilisé :
Pour les opérations de collecte : 1 chef de projet : le chef de service des statistiques agricoles
1 chef d'opération : ingénieur d'élevage
1 conseiller technique : docteur vétérinaire
4 chargés de mission dont 2 ingénieurs des travaux statistiques et
2 ingénieurs agronomes
. 11 superviseurs régionaux : ingénieurs agronomes ou d'élevage
. 57 contrôleurs : ingénieurs des travaux agricoles ou d'élevage
. 260 enquêteurs ayant au moins le BEPC recrutés sur test
Pour la saisie et le traitement des données : . 1 informaticien
. 10 agents de saisie
Pour l'analyse des résultats et la publication : . 2 cadres dont un ingénieur des travaux statistiques et un ingénieur
d'élevage et l'appui d'un statisticien du Projet Diagnostic Permanent du CILSS.
- 58 -
11.2.2. Moyens logistiques Le matériel, rendu disponible par
nationales, était composé de :
6 micro-ordinateurs dont 5 pour
traitement des données ;
15 voitures tout terrain pour les
11 superviseurs ;
- 57 motos pour les contrôleurs.
la saisie et 1 pour le
les structures administratives
4 chargés de mission et les
Chaque enquêteur devait posséder un vélo avant de se faire
recruter. L'enquêteur est équipé d'une lampe torche et d'une paire de bottes.
11.2.3. Budget En dehors du matériel existant et des agents déjà pris en charge par
le budget de l'Etat, le Projet Diagnostic Permanent du CILSS, le Projet
Planification Rurale (Pays-Bas), le FAC, l'USA1D ont financé l'opération, d'un
coût total d'environ 100 millions de francs CFA.
III - PERTINENCE DES RESULTATS
Une évaluation de la méthodologie a été réalisée portant sur la
méthode d'observation et l'échantillonnage.
On peut retenir les points suivants :
DIL 1. De la nécessité du décompte Plutôt que d'évaluer l'erreur d'observation qui, par nature, ne peut
être calculée, une comparaison a été faite entre les effectifs des animaux
déclarés au premier passage et les effectifs comptés au deuxième passage.
En comparant sur l'échantillon, pour 16 000 concessions, les
effectifs des déclarations et des comptages, il ressort que les déclarations ont
sous-estimé les effectifs des bovins de 31 %, et ceux des ovins et caprins de
60 %.
- 59 -
La sous-estimation est plus fréquente dans les concessions
"non-éleveurs" que dans les concessions "éleveurs" pour toutes les espèces. Les
effectifs déclarés sont d'autant plus sous-estimés que les effectifs comptés sont
plus conséquents.
Si l'erreur d'observation lors du comptage n'a pu être estimée, les
écarts entre déclaration et comptage montrent la nécessité du dénombrement à
vue des animaux.
111.2. De l'erreur d'échantillonnage La précision des résultats de cette enquête a été déterminée à
partir des estimations des variances. L'effet du tirage systématique des villages
après classement par taille croissante n'a pas été pris en compte dans le calcul.
Les précisions réelles de toutes les estimations sont donc meilleures que celles
présentées.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- la précision relative (coefficients de variation) des données au
niveau national est de l'ordre de 5 % à 6 % pour les
principales espèces domestiques ;
au niveau des provinces les coefficients de variation sont
relativement élevés (souvent supérieurs à 20 %) ;
les coefficients de variation pour les principales espèces (bovins,
ovins, caprins) sont compris au niveau national entre 4 et 9 %
pour les strates 0, 1 et 2 (petites villes, gros et moyens
villages), de 25 % environ pour la strate 3 (petits villages) et
de 40 % pour la strate urbaine.
Si les effectifs de la strate urbaine sont faibles (moins de 5 % du
total), ceux de la strate des plus petits villages représentent entre 15 % et 20 %
de l'ensemble. Il aurait donc fallu une taille de l'échantillon plus élevée pour les
plus petits villages. Cependant, la répartition a priori de l'échantillon entre les
strates a fourni de bons résultats.
- 60 -
IV - LES PROBLEMFS RENCONTRES
Les principaux problèmes rencontrés ont été les suivants :
- des écarts importants ont été décelés au cours du premier
passage entre la population recensée de certains villages de
l'échantillon et celle de 1985. Ceci était souvent lié à la
mauvaise délimitation du village. En effet, le succès de
l'opération dépendait de la bonne connaissance des limites du
village au recensement de 1985 par les responsables locaux. La
prise en compte d'une partie d'un village dans ses anciennes
limites a aussi parfois suscité la réticence des populations
concernées ;
- certains chefs de concession avaient des difficultés à fournir
l'effectif du cheptel de la concession, surtout pour les ovins et
caprins ;
- pour le second passage, l'espèce caprine (souvent en divagation)
n'était pas toujours présente aux heures choisies. Il a fallu aller
au-delà de 21 heures ou revenir entre 13 et 14 heures afin de
la trouver à l'ombre sous les greniers ou sous les arbres aux
alentours de la concession ;
- dans certains cas, les pintades se perchent sur des arbres dont
l'accès est difficile à la tombée de la nuit. La visite des
poulaillers dans les concessions n'est pas non plus aisée ; la
notion d'estimation à vue (dénombrement en gros) de la volaille
est difficilement mattrisable.
- en milieu urbain où vivent plusieurs ménages dans une même
concession et souvent sans aucun lien de parenté, la notion de
chef de concession perdait son contenu. Il fallait plutôt
s'adresser à chaque chef de ménage pour avoir l'effectif de la
concession.
- 61 -
✓ - CONCLUSIONS
De l'objectif
L'objectif, "estimation des seuls effectifs", volontairement limité, a permis :
- d'augmenter, la taille de l'échantillon des unités primaires ;
de travailler avec des non-spécialistes car il suffisait
d'identifier l'espèce ;
- de dénombrer d'autres espèces que les bovins et les petits
ruminants.
De la méthode de sondage
Dans la plupart des recensements du cheptel (le plus souvent inclus
dans les recensements agricoles), l'unité d'observation est l'exploitation agricole.
Lorsqu'il y a stratification, les critères utilisés sont la taille de l'exploitation, le
nombre d'actifs ou l'application de thèmes techniques agricoles, sans rapport avec
les effectifs du cheptel.
Au Burkina Faso, la stratification au second degré s'est faite selon
l'importance du cheptel (bovins et petits ruminants) et a donc permis un gain
important de précision, qui n'a cependant pu être évalué.
La taille élevée de l'échantillon, en particulier au niveau national, a
permis d'estimer les effectifs avec une précision satisfaisante pour les principales espèces.
De la méthode de dénombrement La principale particularité du dénombrement réside dans le fait de
compter à vue les animaux de l'ensemble des espèces animales domestiques.
Si l'utilité du dénombrement de certaines espèces n'est pas toujours
évidente, le fait de s'intéresser aux principales espèces améliore sûrement la
connaissance du secteur élevage.
Une autre particularité de ce dénombrement est la définition de
l'unité d'observation. Il s'agit de la concession, c'est-à-dire qu'on a compté tous
- 62 -
les animaux rattachés à une concession. Cette définition s'éloigne de la notion de
troupeau généralement admise, où on peut retrouver les animaux de plusieurs
propriétaires ou de plusieurs concessions.
La notion de concession facilite énormément le travail sur le terrain
et permet une extrapolation plus fiable car on dispose d'une base de sondage sûre
issue du recensement de la population.
- 63 -
QUELQUES REFLEXIONS SUR L'ELABORATION
D'UN SCHEMA DIRECTEUR
DE L'INFORMATION ECONOMIQUE ET SOCIALE
par Gérard CHENAIS1
Ces réflexions sont tirées de l'expérience de l'auteur en tant que
directeur ou conseiller technique auprès de directeurs de la statistique et dans la
planification nationale du développement de l'informatique.
Elles se fondent sur l'idée d'un rapprochement possible entre le
besoin actuellement exprimé d'une maîtrise de l'évolution du système national
d'information statistique de pays africains2 (préoccupation somme toute aussi
ancienne que la statistique) et l'utilisation de la méthode RACINES
(RAtionalisation des Choix INformatiquES) qui, originellement, est une méthode
d'élaboration de schémas directeurs informatiques par les informaticiens et qui
devient, sous l'impulsion du Ministère de la Coopération3 , une méthode
d'élaboration, par les utilisateurs, de schémas directeurs de systèmes
d'information. Cette convergence est renforcée par le fait que l'informatique est
l'outil privilégié de la statistique pour le traitement des données.
1 Gérard CHENAIS est coopérant à la Direction Nationale de la Statistique à Djibouti.
2 Se référer par exemple au Plan d'action d'Addis Abeba, et aux articles de STATECO.
3 Voir l'ouvrage de référence auquel nous fai
mise en oeuvre par les utilisateurs", édition
du Ministère de la Coopération, parution
Française. (la première édition de 1988 par la
sons de nombreux emprunts : "la méthode RACINES
refondue par un groupe de travail à l'initiative
1993, diffusion assurée par la Documentation
Documentation Française est épuisée).
- 64 -
On tentera dans la suite de l'article de proposer une adaptation des
principes essentiels de la méthode au contexte de la statistique.
I - LES PRINCIPES DE LA METHODE RACINES
On ne retiendra ci-dessous que ce qui peut être généralisé au cas
de l'information statistique. Les emprunts à l'ouvrage de référence (voir note 3
de la page précédente) sont entre guillemets et les mots transposés en italique.
Li. Des préparatifs Avant de lancer une opération de schéma directeur, il est
indispensable d'en évaluer l'opportunité et de s'assurer que les ressources
humaines nécessaires seront disponibles pour la durée prévue de l'opération. "Une
telle opération ne peut être conduite dans un organisme qui ne serait pas prêt à
l'accueillir. La volonté politique du maître d'ouvrage d'élaborer et d'exécuter le
schéma directeur doit être fermement établie" et "se concrétiser par l'expression
d'orientations générales et d'objectifs très précis, et par la prise de dispositions
concernant la disponibilité des personnels concernés."
L2. Des structures de travail "L'opération est conduite par différentes structures de pilotage et
de travail qui sont mises en place officiellement lors de l'étape I."
Leur rôle et leur composition sont synthétisés dans le tableau ci-
dessous (extrait de l'ouvrage de référence) :
Structures Rille Composition type
Comité Directeur (CD) Mattre d'ouvrage
Instance décisionnelle
Président : le plus haut
responsable
Membres : directeurs, décideurs
Groupe de Projet (GP) Mattre d'oeuvre
Instance exécutive
Responsable du GP et un adjoint
éventuel
Membres : 4 à 8 décideurs ou
cadres
- 65 -
Groupe des Utilisateurs (GU) Instance consultative Représentants des services
utilisateurs
Groupes de travail en appui
du GP
Services spécialisés et
experts extérieurs Instances consultatives Experts
1.3. Une volonté de communication du savoir-faire
"Un principe de la méthode RACINES est de laisser les structures
mises en place mener elles-mêmes le processus d'élaboration du schéma directeur.
Toutefois, tant que ces structures ne maîtrisent pas le savoir-faire de planification statistique, elles ont besoin d'être appuyées par un spécialiste de cette méthode."
"Cet expert, volontairement appelé expert-formateur, intervient pour
communiquer son savoir-faire, principalement au groupe de projet, aux moments
clés de l'opération schéma directeur, à travers des interventions légères de
formation et de conseil. Il assure le suivi indirect de l'opération à travers la
préparation des points de contrôles auxquels il ne participe pas directement."
"L'opération doit être menée de telle sorte qu'une équipe interne
soit capable de faire évoluer et d'améliorer le document schéma directeur, après
avoir assimilé les principes de base de la planification des opérations statistiques."
1.4. Une démarche par étape
"Le processus complet, découpé en 5 étapes, permet d'étaler dans le
temps les difficultés et de résoudre successivement les problèmes qui se posent." (figure 1)
EtapeI.
Lancement de l'opération : définir précisément les rôles et les
objectifs de l'opération, mettre en place les structures de travail et faire adopter
un cahier des charges de l'opération.
Etapes Résultats principaux
Note sur les objectifs
du schéma directeur
Cahier des charges
de l'opération
Etape I
Bilan de l'existant
et orientations générales
♦ Scénario retenu
Synthèse des plans
d'action annuels
Schéma Directeur
Document final
Note de mise
en application
Etape II
Etape III
Etape IV
Etape V
Analyse de l'existant
Mise en oeuvre
Scénarios
Préparation
Plans d'actions
- 66 -
FIGURE 1
DIAGRAMME GENERAL
D'UNE OPERATION SCHEMA DIRECTEUR
extrait de "la méthode RACINES mise en oeuvre par les utilisateurs".
- 67 -
Etape
Bilan de l'existant et orientations générales : analyser la situation
et les besoins des utilisateurs, définir le système cible.
Etape
Scénarios : prévoir de manière volontaire mais réaliste en comparant
plusieurs scénarios permettant d'atteindre le système cible.
Etape IV.
Plans d'actions annuels : décider en préservant l'adhésion, après
avoir choisi l'un des scénarios, évaluer les différents projets.
Etape V.
Mise en oeuvre et suivi de l'exécution du schéma directeur : faire
exécuter de façon rigoureuse.
L5. Des points de contrôle dans le déroulement de l'opération "Chaque étape est sanctionnée par un point de contrôle. Ce point
de contrôle permet au Comité Directeur de s'assurer que toutes les actions à
mener et les validations nécessaires ont été réalisées et que toutes les décisions
utiles ont été prises avant d'entamer l'étape suivante".
"Ainsi une opération schéma directeur est un processus progressif de
validation et de décision".
II - QUELQUES GENERALITES SUR. LA STATISTIQUE
Si l'on tient à maîtriser les évolutions du système national
d'information statistique, il est indispensable d'avoir présents à l'esprit les
éléments intangibles du système.
ILL L'environnement du moment Il s'agit d'abord des conditions économiques permanentes (géographie,
ressources naturelles, population), puis des environnements culturel, administratif
et politique, enfin des relations internationales. En particulier, les administrations
- 68 -
sont souvent engagées dans des plans nationaux de développement économique et
social ou des programmes d'ajustement qui devront servir de cadre au schéma
directeur qui, idéalement, devrait en être un volet ainsi qu'une contribution. Un
modèle "littéraire" (par opposition à un modèle quantifié) décrivant le
comportement général de l'économie nationale pourrait servir de référence aux
quantifications et aux analyses.
Le système statistique devrait être modelé par ce profil, en
particulier par les tendances lourdes ; il l'est toujours par l'histoire. Le danger
permanent est de laisser les préoccupations conjoncturelles prendre le pas sur les
intérêts à long terme.
11.2. L'offre et la demande de statistiques. La finalité permanente est l'adéquation entre offre et demande de
statistiques sous la contrainte des moyens et des environnements économique,
culturel, administratif et politique du moment.
On peut distinguer d'un côté l'offre effective de l'offre souhaitable
et de l'autre la demande exprimée et la demande souhaitable :
- la demande souhaitable est déterminée par l'état de l'art en
matière d'analyse adaptée aux environnements du moment ;
- l'offre souhaitable est alors fixée par l'état de l'art en matière
de production des statistiques répondant à la demande
souhaitable ; le professionnalisme du statisticien peut s'évaluer
comme sa capacité à produire l'offre souhaitable ; les
recommandations internationales tentent de présenter l'essentiel
de l'offre souhaitable.
La demande n'étant pratiquement pas bornée, il est donc toujours
nécessaire :
d'établir des priorités, ce qui n'incombe pas exclusivement aux
statisticiens ;
de rechercher la productivité optimale des moyens disponibles,
ce qui revient aux statisticiens.
PRODUCTION EFFECTIVE
DEMANDE EXPRIMEE
ETAT de l'ART en matière
de PRODUCTION de STATISTIQUES
dans le contexte du moment
ETAT de PART en matière
d'ANALYSE adaptée y aux environements du moment
- 69 -
Il ne faut jamais oublier ce constat d'expérience que moins un
phénomène est compris et conceptuellement maîtrisé plus la demande
d'informations le concernant est vaste.
D'où les orientations permanentes (figure 2) :
aider à faire évoluer le demande exprimée vers une demande
"état de l'art" ;
faire évoluer la production effective vers la production "état de l'art'. correspondante.
FIGURE 2
Rencontre
La qualité des statistiques est fixée par l'utilisation que les
utilisateurs entendent en faire. En règle générale elles doivent être :
- accessibles à ceux à qui elles sont destinées ; une production
sans diffusion n'a que peu d'intérêt ;
pertinentes, donc être définies par les analyses qui en seront
faites par les utilisateurs ;
honnêtes, c'est-à-dire qu'elles doivent effectivement représenter
ce qu'elles sont censées représenter, ce qui nécessite un effort
d'explication et d'explicitation lors de la diffusion ;
- 70 -
livrées à temps, ce qui signifie qu'elles devront atteindre les
utilisateurs en temps utile pour eux, et donc conduit à
introduire une notion de diffusion au plus tard (à consommer de
préférence avant ...).
Enfin il faut toujours garder à l'esprit qu'il n'y a pas de liaison
fonctionnelle (d'automatisme) entre des statistiques et la décision politique
attendue ; le domaine du statisticien devrait donc s'arrêter là où commence celui
du décideur.
11.3. Les sources d'information et la production des statistiques L'information servant à l'élaboration des statistiques officielles est
initialement disponible auprès des entreprises, des individus et des administrations
et organismes publics ; ces derniers pouvant disposer de données concernant les
premiers comme sous-produits des activités entrant dans le cadre strict de leurs
missions et comporter des services statistiques sectoriels. Pour compléter le
tableau il reste à y ajouter la Direction Nationale de la Statistique.
Concernant l'organisation institutionnelle de la seule production des
statistiques, deux questions fondamentales se posent :
- qui fait quoi ?
- qui décide du comment faire ?
Les réponses peuvent prendre des modalités diverses selon
l'environnement du pays, mais elles doivent impérativement être cohérentes et
accompagnées de dispositions pratiques les rendant opérationnelles. Il serait
illusoire, par exemple, d'espérer qu'une Direction Nationale puisse jouer un rôle
de normalisation si aucun mécanisme n'existe pour officialiser les nonnes retenues
et en imposer le respect éventuel.
Les solutions retenues et les dispositifs d'accompagnement doivent
nécessairement faire l'objet de textes législatifs et réglementaires, mais aussi et
surtout d'une acceptation par tous les acteurs.
- 71 -
lII - LE SCHÉMA DIRECTEUR DE L'INFORMATION ECONOMIQUE ET SOCIALE
IlL1. Caractéristiques d'un schéma directeur On a préféré le terme d'information économique et sociale à celui
de statistique qui s'identifie, pour beaucoup, à une technique perçue comme ardue
et donc réservée à des professionnels. Or, un certain nombre de décisions
importantes reviennent de droit à des non-statisticiens (ministres, parlementaires,
hauts fonctionnaires, magistrats, chefs d'entreprise, chercheurs) ; il faut donc
impérativement les associer au processus d'élaboration et même, pourquoi pas,
leur donner le rôle prépondérant, et ainsi leur faire prendre leurs responsabilités.
On entend aborder le système national d'information dans sa
globalité c'est-à-dire que l'on devra considérer tout à la fois : la production, la
demande, les besoins, les producteurs, les utilisateurs, les répondants, les
utilisations, les ressources mobilisables, la législation et la réglementation, les
instruments conceptuels et méthodologiques, etc. Il sera toutefois souhaitable de
découper ce système en domaines de préoccupation : environnement -
démographie - conditions de vie des ménages, comptabilité sociale - production
marchande - finances, monnaie et crédit - échanges et prix - marché de
l'emploi - infrastructures économiques - infrastructures sociales, ..., ou tout autre
découpage adapté aux priorités et au profil particulier du pays.
Cependant, l'objectif principal de l'élaboration d'un schéma directeur
reste avant tout un document de large consensus explicitant les objectifs de
production visés, les moyens à mettre en oeuvre ainsi que les actions que toutes
les parties prenantes entendent entreprendre ensemble durant la période retenue
(généralement les 3 à 5 prochaines années). Il ne s'agit donc ni de souhaits, ni
d'espoirs, mais d'une programmation réaliste que l'on s'impose et dont l'exécution
reviendra pour l'essentiel aux professionnels de la statistique ; il appartient donc
à ces derniers d'assurer que le programme est compatible avec les moyens prévus
(et non pas seulement souhaitables).
La nature, l'enchaînement, l'envergure, ..., des actions que l'on
décide d'entreprendre, sont fixés en tenant compte d'une situation de départ
correctement décrite, de contraintes de toutes natures bien identifiées, des
besoins exprimés par toutes les parties, de l'état de l'art statistique, mais aussi
- 72 -
des caractéristiques essentielles d'un système global d'information désiré à long
terme (10 ans et au-delà). Les étapes intermédiaires de l'opération schéma
directeur servent à apprécier ces divers éléments ainsi qu'à faire procéder aux
arbitrages essentiels.
Quand doit-on s'embarquer dans une telle opération? Généralement
lorsque que l'on souhaite apporter des transformations substantielles à la
structure et à la dynamique du système d'information. C'est dire qu'un certain
nombre de conditions doivent être remplies : une volonté politique de faire
procéder à ces transformations, un minimum d'enthousiasme de la part de l'équipe
dirigeante de la Direction de la Statistique, un peu de temps devant soi (12 à 18
mois), une bonne connaissance du monde de la statistique officielle, un peu de
calme politique, un peu de foi, de chance et peut-être d'assistance pour passer
les caps les plus difficiles, enfin une démarche éprouvée.
Le schéma directeur est aussi un instrument de diagnostic et de
dialogue car l'étude de la situation existante et la recherche de solutions aux
dysfonctionnements constatés créent des occasions de rencontre entre des
personnes appartenant à des services et des domaines de préoccupation
différents. C'est pour les statisticiens une opportunité rare de faire pleinement
apprécier le rôle qu'ils doivent jouer dans l'administration, la spécificité de leur
savoir-faire et les contraintes de leur profession. Il facilite l'argumentation
budgétaire et les discussions avec les organismes d'assistance.
I11.2. Les parties prenantes d'un schéma directeur Il s'agit de tous les intervenants dans le système national
d'information statistique : les responsables politiques, les utilisateurs de
statistiques, les partenaires dans la production, les statisticiens, les répondants.
1. Les responsables politiques Ce sont pour l'essentiel le Chef de l'Etat et les ministres. Il leur
appartient de décider de l'évolution globale du système d'information, des
priorités et des ressources financières à lui consacrer. Le schéma directeur est
pour eux un instrument de travail privilégié. Il est à noter qu'ils sont eux-mêmes
utilisateurs des informations diffusées et des analyses effectuées.
- 73 -
2. Les utilisateurs C'est à la satisfaction de leurs besoins que concourt la production
de statistiques. Leur participation à l'élaboration du schéma directeur est
essentielle. Leur consultation doit être organisée dans le cadre de l'opération :
ils connaissent l'usage qui est fait de la production actuelle ainsi que ses limites.
Ils expriment leurs besoins et leurs contraintes. On pourra par la même occasion
évaluer leur capacité d'analyse et leurs besoins de formation dans ce domaine. On
pourra aussi découvrir des capacités insoupçonnées et des travaux originaux.
3. Les partenaires Il s'agit ici de tous les services de l'administration et les divers
organismes qui concourent à la production des statistiques sans être eux-mêmes
des services statistiques. Ils participent à la collecte ou fournissent leurs propres
données en vue de l'élaboration de statistiques officielles. C'est en partie par
eux que peut se faire l'exploitation des dossiers administratifs à des fins
statistiques. Ils devront aussi être consultés sur les questions de production
statistique.
4. Les statisticiens Ce sont les responsables de la Direction Nationale ainsi que des
services statistiques des ministères ou autres organismes. Ils apportent
l'expérience et les connaissances techniques en matière de production et d'analyse
des statistiques. Ils sont les garants d'une bonne articulation des programmes des
différents domaines retenus, et ce au travers des nomenclatures, des cadres
comptables et d'analyse, de la définition des champs et des grandeurs, des
méthodologies, etc. Ils participent à l'identification des projets qu'ils auront à
réaliser. Ils participeront à des actions de formation des utilisateurs et des
partenaires.
5. Les répondants Ce sont toutes les personnes privées et les responsables
d'entreprises ou d'organismes à qui il est demandé de répondre à des enquêtes de
nature statistique ou de compléter des demandes d'information lors de démarches
auprès des services publics. De leur coopération dépend la qualité des
informations recueillies. Par l'intermédiaire d'organismes représentatifs, il est in-
dispensable de chercher à apprécier leur sentiment face à ces investigations de
l'administration.
- 74
6. Certains services spécialisés Certains services spécialisés de l'administration doivent être associés
à l'opération schéma directeur pour leurs compétences spécifiques. On peut citer
à titre d'exemple ceux chargés :
- des questions juridiques ;
- de l'organisation et de la réforme administrative ;
- de l'informatisation dans l'administration ;
- de la formation ;
- de la communication interne ;
- des moyens logistiques de l'administration.
W - LA METHODE D'ELABORATION D'UN SCHEMA DIRECTEUR
On suppose que l'opportunité d'élaborer un schéma directeur a été
reconnue et que les objectifs généraux de l'opération ont été arrêtés par le
pouvoir politique.
On pourra prendre pour point de départ de la réflexion initiale la
comparaison entre la situation prévalant dans le pays et le constat général fait
au niveau de l'Afrique lors de l'élaboration de la stratégie pour la mise en
oeuvre du plan d'action d'Addis Abeba pour le développement de la statistique en
Afrique dans les années 904, à savoir "la cause de la détérioration du niveau
des statistiques dans la plupart des pays africains"...."revient entre autres :
aux crises économiques qui ont conduit à la réduction des
dépenses publiques ;
au faible intérêt accordé à la formulation quantitative dans la
planification du développement ;
au statut désavantageux réservé aux services de statistique en
comparaison avec les autres services publics ;
au laisser-aller dans la gestion des services de statistique ;
4 C.E.A. (Commission Economique pour l'Afrique) : Projet de directives pour l'évaluation des
besoins/examen de programme et élaboration d'une stratégie, doc ECA/STAT/IAM,1/92/2.
- 75 -
- et à la compétition entre les demandes extérieures et
intérieures en matière de données statistiques."
C'est une combinaison de ces causes plus ou moins pondérées qui en
général a motivé la décision de faire élaborer un schéma directeur dans le pays.
Le pouvoir politique doit indiquer l'importance qu'il entend voir donnée à
l'atténuation de chacune de ces causes.
IV.1. Les structures de travail
1. Le Comité Directeur C'est l'organe décisionnel. Sa constitution dépendra de l'ampleur des
transformations envisagées.
Si elles sont fondamentales, il est préférable qu'il soit présidé par
le Premier Ministre et constitué de personnalités ayant rang de ministre
(finances, planification, statistique, fonction publique, travail, Gouverneur de la
banque centrale, éducation, par exemple) ; pour des raisons opérationnelles il sera
alors souhaitable de le doubler d'un Comité Directeur Technique chargé de
préparer les dossiers.
Si elles sont plus tendancielles, le Comité Directeur pourrait être
présidé par le Ministre chargé de la statistique et constitué de hauts
fonctionnaires d'une sélection de ministères et d'organismes ; si un Comité de
Coordination de la Statistique existe déjà, il pourra remplir le rôle de Comité
Directeur, quitte à en modifier la constitution et le mandat si nécessaire.
Il semble très souhaitable que le responsable de la Direction
Nationale de la Statistique remplisse le rôle de secrétaire du Comité Directeur ou
du Comité Directeur Technique.
Il ne faut pas perdre de vue que les décisions du Comité Directeur
devront être rendues exécutoires par les mécanismes les plus appropriés.
- 76 -
2. Le Groupe de Projet C'est l'organe d'exécution des directives du Comité Directeur ; il
effectue les études nécessaires, propose des orientations et des décisions à
l'approbation du Comité Directeur, en suivant les étapes de la méthode. Son
responsable est choisi pour son autorité technique et sa compétence qui ne
pourront être mises en doute ; il doit avoir un profil d'utilisateur et non de
statisticien. Selon l'ampleur de l'opération, on pourra lui affecter un adjoint, et
ensemble, ils doivent dégager un plein temps pour toute la durée de l'opération.
Ses membres (entre 4 et 8), sont des cadres de différents services
ou organismes (finances, planification, université, banque centrale, chambre de
commerce, travail, syndicats, etc.) ; ensemble ils ont une vue globale du système
d'information statistique, en ne se limitant pas seulement à l'administration ; ils
sont choisis aussi pour leur disponibilité. Ils doivent avoir une bonne connaissance
de l'utilisation de l'information statistique ; il n'est pas souhaitable qu'ils soient
en majorité statisticiens.
Les travaux de secrétariat sont importants dans une telle opération
où l'on tient des réunions, on produit et fait circuler des documents ; les moyens
de secrétariat devront être prévus dès le lancement de l'opération.
3. Le Groupe des Utilisateurs C'est l'instance de consultation au travers de laquelle l'ensemble des
utilisateurs de la statistique participent à l'opération et sont tenus informés. Il
sera constitué de représentants de chaque ministère ou organisme particulièrement
concerné par le système statistique national, y compris ceux que l'on avait
identifiés précédemment comme des partenaires ainsi que des représentants des
entreprises et des ménages (au titre de répondant). Ces utilisateurs seront
consultés lorsqu'il faudra collecter de l'information sur la situation existante, les
besoins en statistiques, les dysfonctionnements, les nuisances, etc.
Vu l'ampleur du système d'information, il sera nécessaire de
constituer des groupes de travail pour aborder des thèmes ou domaines plus
restreints en liaison avec le Groupe de Projet, et plus particulièrement avec l'un
de ses membres.
- 77 -
4. Les services spécialisés Il s'agit d'une sélection de spécialistes qui interviennent en appui du
Groupe de Projet, pour des problèmes d'organisation, de réglementation ou de
techniques diverses (informatique, communication, formation, etc.). On pourra faire
appel à des statisticiens extérieurs si des compétences spécialisées manquent
(comptabilité nationale, plan de sondage, cartographie, modélisation, traitement
informatique, par exemple). Ils pourront aussi intervenir dans le cadre de groupes
de travail.
5. L'expert-formateur Si l'on considère que les structures que l'on peut mettre en place
ne maîtrisent pas assez le savoir-faire en matière de planification statistique, il
sera préférable de faire intervenir un expert-formateur extérieur comme le
prévoit la méthode RACINES. Cette décision revient aux responsables politiques.
Un certain nombre de bailleurs se sont déjà montrés disposés à apporter une
assistance en ce domaine.
W.2. La démarche
1. Etape I : Lancement de l'opération Les responsables politiques produisent un document précisant les
motivations et mettent en place le Comité Directeur et le Groupe de Projet.
Le Comité Directeur rédige une note d'orientation générale
définissant les évolutions possibles du secteur public pour la période couverte par
l'opération, et resitue les objectifs du schéma directeur par rapport à ces
orientations.
Le Groupe de Projet rédige le projet de cahier des charges de
l'opération : objectifs détaillés, moyens nécessaires et calendrier. Il prépare
également le projet de note fixant la composition du Groupe des Utilisateurs et
celui de lancement de l'opération.
Premier point de contrôle : le Comité Directeur approuve les
différents documents qui lui sont présentés et les diffuse. L'opération est
effectivement lancée.
- 78 -
2. Etape II : Bilan de l'existant et orientations générales C'est l'étape la plus longue et la plus difficile. Il faut éviter soit
de se cantonner dans des généralités soit de se noyer dans les détails. De
nombreux entretiens avec les utilisateurs et les statisticiens devront être
organisés ; ne pas sous-estimer le temps nécessaire à leur réalisation. Un certain
nombre de documents de travail devront être conçus pour consigner et analyser
l'information à recueillir. La synthèse des informations devrait permettre de
caractériser la situation du moment, d'identifier les points faibles et les points
forts, de dégager les lignes de forces et la dynamique. Fort de ce bilan, des
objectifs généraux assignés au Groupe de Projet, il sera possible de bâtir un
système d'information statistique cible à l'horizon de 10 à 15 ans5 et de proposer
les orientations générales à retenir pour espérer atteindre ce système cible. Les
plans d'actions de l'étape IV, eux, ne porteront que sur la période retenue pour
le schéma directeur soit 3 à 5 ans.
L'étape se terminera par un point de contrôle au cours duquel le
Comité Directeur s'assurera que tous les utilisateurs ont pu s'exprimer, et
validera le contenu d'un document "Bilan et Orientations" présenté par le Groupe
de Projet.
Le Bilan de l'existant
Il s'agit d'abord de décrire la situation actuelle du système
d'informations économiques et sociales et des moyens humains, matériels et
financiers disponibles ; tous les dysfonctionnements seront soigneusement
enregistrés mais en évitant de conduire l'analyse comme un audit ce qui
risquerait de créer des blocages et des conflits inutiles. Devront être examinés :
- le dispositif institutionnel, (législation en vigueur) ;
- l'organisation générale de la production, (qui a charge de quoi)
découpée en grands domaines et en explicitant pour chacun :
. les moyens humains, y compris l'assistance extérieure ;
5 La fréquence généralement décennale des recensements de population conduit à raisonner sur
une période légèrement supérieure à 10 ans.
- 79 -
les moyens matériels disponibles (locaux, véhicules,
équipements informatiques, documentation,...) ;
la formation permanente à la statistique ;
les budgets et l'assistance financière extérieure ;
les nomenclatures, normes et cadres conceptuels etc.,
officiels et en usage ;
la recherche en statistique ;
les bases de sondages et les répertoires utilisables ;
les opérations statistiques récentes, en cours et déjà
prévues, (enquêtes, recensements, exploitations de
dossiers) ;
les analyses faites ;
la diffusion des statistiques et des analyses.
- les principaux utilisateurs des statistiques, en étudiant pour chacun :
. l'accès aux statistiques ;
. l'utilisation des statistiques ;
. les analyses conduites ;
. les lacunes et les déficiences telles qu'elles sont perçues.
- les moyens de formation des statisticiens et des utilisateurs.
Deux écueils importants sont à éviter : l'enlisement si le niveau de
détail de la collecte d'informations est trop fin, la cristallisation des éventuelles déceptions du passé.
Les orientations générales
Il s'agit d'abord pour le Groupe de Projet de rechercher un système
cible, en liaison avec le Groupe des Utilisateurs et dans le cadre défini par :
- l'environnement général ;
- les politiques et orientations nationales en matière de
développement économique et social et les priorités qui
ressortent de l'étape I ; - la situation décrite par l'analyse de l'existant ;
- les lacunes et déficiences perçues par les utilisateurs ;
- 80 -
- les contraintes et la dynamique relevées lors de l'analyse de
l'existant.
Ce système cible devra décrire de façon réaliste et pour chaque
domaine de la statistique :
les priorités en matière d'analyse à mener et d'informations
statistiques à rendre disponibles ;
les nomenclatures, les cadres comptables et d'analyse à
utiliser ;
les standards de qualité à respecter ;
les répertoires et les bases de sondage à créer et entretenir ;
la nature et la périodicité des recensements et des principales
enquêtes ;
- les opérations d'exploitation des dossiers administratifs à
conduire ;
les modes et conditions de diffusion de l'information.
Il faudra ensuite définir les politiques de moyens à mettre en oeuvre
pour atteindre ce système cible ; en pratique la démarche sera faite de va-et-
vient entre la définition du système cible et des politiques de moyens afin
d'aboutir à des propositions cohérentes, réalistes et donc crédibles.
Des orientations générales devront donc être proposées concernant
principalement :
l'évolution des enveloppes budgétaires globales ;
- le financement des opérations d'enquête et de recensement ;
le recours à l'assistance technique extérieure ;
la formation initiale des cadres statisticiens ;
le recrutement des personnels de la production statistique ;
la formation en cours d'emploi des personnels engagés dans la
production statistique ;
le statut et la mobilité professionnelle des statisticiens ;
la promotion de l'utilisation de la statistique ;
le développement des capacités d'analyse ;
- la sensibilisation du grand public ;
- 81 -
- la recherche en matière de collecte et d'analyse ;
- la protection de l'information individuelle ;
- le recours à l'outil informatique pour la production et
l'analyse ;
- les mesures d'accompagnement à prendre.
Ces orientations devront rester compatibles avec les politiques
générales correspondantes de l'administration en matière de recrutement, de
formation, d'évolution de carrière, de financements publics, d'informatisation,
etc. Elles ne devront concerner que les enjeux véritables pour la prise de
décision aux différents niveaux de l'organisation sociale. Elles doivent permettre
de faire sauter les obstacles présents au développement de la statistique et
assurer l'évolution souhaitable du système.
3. Etape III : Les scénarios Le système cible étant précisé, les orientations générales arrêtées,
pour le Groupe de Projet, l'étape des scénarios a pour objectif d'explorer les
chemins possibles pour atteindre le système cible, de les évaluer et de les
soumettre au Comité Directeur qui devra retenir l'un d'entre eux. Les scénarios
possibles sont à rechercher au niveau des déterminants du système qui possèdent
encore des degrés de liberté ; la situation varie d'un pays à l'autre mais surtout
d'une situation de départ à l'autre. Plus celle-ci est jugée satisfaisante, plus on
fera dans la nuance ; plus elle est dégradée, plus on sera conduit à considérer
des solutions radicales. Les scénarios étudiés sont en général au nombre de trois
et relativement contrastés afin de mieux comparer les avantages et inconvénients
des options sous-jacentes ; l'un d'entre eux pourra être en rupture avec la
situation actuelle (la transformation de la Direction Nationale de la Statistique en
un établissement public industriel et commercial, en est un exemple).
Les options pourraient porter sur :
- le degré de centralisation/décentralisation du système
institutionnel et le statut de la Direction Nationale ;
- la répartition des compétences entre statisticiens et
utilisateurs ;
- la répartition des opérations entre la Direction Nationale et les
services statistiques des ministères, en particulier dans le
- 82 -
domaine des enquêtes et recensement (plus ou moins de
concentration) ;
le degré de régionalisation ;
la part respective des enquêtes et des exploitations de dossiers
administratifs ;
- les niveaux de qualité des informations produites ;
la plus ou moins grande diversité des supports de diffusion des
statistiques ;
le degré de spécialisation de la formation initiale des
statisticiens : des généralistes de la statistique par opposition à
des spécialistes formés à la statistique ;
l'intensité du recours à l'outil informatique ;
etc.
En règle générale, un scénario devra comprendre :
une solution institutionnelle ;
une solution organisationnelle ;
- les opérations nouvelles à réaliser ;
l'organisation de la diffusion
- des variantes éventuelles ;
- une évaluation financière ;
les moyens nécessaires ;
- l'enchaînement des dates-clés traduisant les priorités
- l'évaluation des principaux impacts sur l'évolution du système
statistique et sur le développement de l'utilisation de la
statistique.
Pour tous les points de passage obligés, il est extrêmement
important d'obtenir des engagements sincères et quasi formels de toutes les
parties prenantes concernées et en particulier de toutes les autorités ayant
pouvoir de décision dans des secteurs importants : législation, finances, fonction
publique, organismes d'assistance, programmation des projets, tutelle des services
statistiques ministériels, marchés publics, informatisation, information,
représentation des organisations syndicales et professionnelles, etc. Il est essentiel
de ne pas chercher à obtenir plus que ce qu'elles peuvent raisonnablement
autoriser compte tenu du contexte plus général dans lequel on cherche à faire
évoluer le système statistique.
- 83 -
4. Etape IV : Les plans d'actions L'un des scénarios étant retenu par le Comité Directeur, il s'agit ici
d'établir le calendrier des actions à entreprendre pendant la période retenue pour
le schéma directeur (3 à 5 ans). Ce calendrier sera découpé en plans annuels
calés de préférence sur l'exercice budgétaire. Ils pourront être présentés
séparément pour chaque grand domaine de la statistique et pour la Direction
Nationale et les services statistiques des ministères. On pourra aussi ajouter une
programmation des activités connexes des utilisateurs principaux, des centres de
formation et des organismes engagés dans la recherche en statistique.
Ces plans d'action porteront sur :
- la production de statistiques :
opérations nouvelles : opérations pilotes , recensements,
enquêtes, exploitations de dossiers administr atifs,...
contraintes opérationnelles : aménagement des productions
existantes, adaptation des nomenclatures, des cadres
comptables, des bases de sondages, des répertoires et des
méthodologies ; consultation des utilisateurs,...
contraintes administratives : autorisations préalables,
ouvertures des crédits, visas divers, organisation comptable,
appels d'offres,...
les moyens à mettre en oeuvre :
personnels : recrutement, affectations, charges de travail,
formation, congés,...
assistance extérieure : conventions, termes de référence,
missions,...
matériels informatiques et logiciels de base : acquisition,
installation, mise en oeuvre,
logiciels statistiques acquisition, développement,
installation, formation,...
véhicules : acquisition, entretien,...
- l'environnement du système statistique :
. révision des textes législatifs et réglementaires,
- 84 -
mise en place de nouvelles structures,
modification de l'organisation de la Direction Nationale, des
services régionaux et des services statistiques ministériels,
mise en place de moyens de diffusion nouveaux,
acquisition et aménagement de locaux ;
5. Etape V : La mise en oeuvre et le suivi de l'exécution Cette étape a pour objet :
de préciser les structures, les moyens et les procédures
nécessaires à la mise en oeuvre, au suivi et à l'actualisation du
schéma directeur ;
de préparer une version définitive et complète du rapport
final ;
d'arrêter les modalités de diffusion des décisions et de
démarrage des actions prioritaires de la première année.
Concernant le suivi proprement dit, le Comité Directeur reste en
place, remanié légèrement si nécessaire, pour jouer le rôle de Conseil National de
l'Information Statistique. Il crée une cellule de suivi issue dans la mesure du
possible du groupe de projet et nomme à sa tête un rapporteur permanent qui
devrait être le responsable de la Direction Nationale étant donnée la mission de
coordination dont celle-ci est généralement investie. Cette cellule a pour
principales missions la promotion du schéma directeur, la préparation des réunions
du Comité Directeur et la présentation de rapports sur le déroulement des plans
d'actions. Le Comité Directeur, lui, a pour fonction quasiment unique d'assurer
que toutes les conditions soient réunies pour que les statisticiens puissent remplir
leurs missions ; il se réunit au moins une fois par an pour examiner les rapports
de la cellule de suivi et décider d'éventuelles actualisations des plans d'actions ;
il tient informées les instances politiques (gouvernement et parlement) et
s'enquière de leurs desiderata.
Quelles que soient les structures mises en place, les statisticiens
responsables de la Direction Nationale et des services statistiques des ministères
assument l'entière responsabilité de l'exécution technique des travaux statistiques
prévus dans le schéma directeur.
- 85 -
V - L'EVALUATION DES BESOINS/EXAMEN DE PROGRAMME ET ELABORATION D'UNE STRATEGIE (EB/EPES) DE LA C.E.A.
La stratégie adoptée pour la mise en oeuvre du Plan d'Action
d'Addis Abeba pour le développement de la statistique en Afrique dans les années
90, "exhorte les Etats membres à constituer aussitôt que possible des équipes
d'évaluation des besoins, d'examen des programmes et d'élaboration de stratégies
qui tireraient les enseignements de l'expérience passée et définiraient les besoins
et priorités en tenant compte des conditions locales et du degré de dévelop-
pement en matière de statistique, et à formuler des plans nationaux de
développement statistique de cinq à dix ans''. En novembre 92, un projet de
directives devait faire l'objet d'un examen par le Comité de coordination sur le
développement de la statistique en Afrique ; nous n'avons pas eu connaissance du
document définitif. Ces directives sont destinées à aider les pays africains dans la conduite d'une EB/EPES.
A la lecture du document de la CEA, il apparatt clairement que
l'EB/EPES et le plan de développement de la statistique qui l'accompagne
constituent ensemble ce que nous appelons ici un schéma directeur de
l'information économique et sociale. L'équipe à constituer est alors notre Groupe
de Projet. Pour la C.E.A. il s'agit surtout d'un cadre de procédures minimales à
adapter par les pays et l'essentiel des directives porte sur l'activité de l'équipe
chargée de l'EB/EPES. La démarche schéma directeur cherche à couvrir plus en
détail l'ensemble du processus de décision en le structurant et en explicitant le
rôle des divers intervenants. A quelques réserves près, on pourrait dire que le
schéma directeur est un cas de mise en application des directives.
La différence essentielle qui explique les écarts dans la durée de
l'opération (2 à 4 mois pour l'EB/EPES contre 12 à 18 pour le schéma directeur)
vient de ce que le schéma directeur intègre la prise de décision par les autorités
depuis le lancement de l'élaboration jusqu'au démarrage du premier plan d'action ;
les décisions sont prises à la fin de chaque étape avant le démarrage de l'étape
suivante. L'EB/EPES s'apparente plus à une étude de consultants, commanditée
par le Ministre assurant la tutelle de la statistique, en vue de "préparer un
ensemble de recommandations pour le développement de la statistique sur la base
de l'expérience antérieure" et "formuler un projet de plan de développement
- 86 -
national de la statistique couvrant une période de 5 à 10 ans sur la base de ses
conclusions et recommandations" ; la finalisation du projet de plan de
développement (examen par les utilisateurs et les producteurs, révision et
approbation par le commanditaire) ne fait pas partie des termes de référence de
l'équipe. Le recours à la technique des scénarios est un développement notable
dans la démarche schéma directeur.
VI - QUELLE STRATÉGIE POUR LES STATISTICIENS ?
La détérioration du niveau des statistiques dans la plupart des pays
africains ne peut manquer de préoccuper la communauté des statisticiens, d'autant
plus que leur situation personnelle en pâtit en conséquence. Que devraient-ils
donc faire ?...
Rappelons brièvement que les causes principales de cette situation
ayant été identifiées par la C.E.A. sont (voir partie IV) : les crises économiques
conduisant à la réduction des dépenses publiques, le faible intérêt accordé à la
formulation quantitative dans la planification du développement, le statut
désavantageux des services de statistique, le laisser-aller dans leur gestion et la
compétition entre demandes extérieures et intérieures.
Il n'est pas facile d'agir sur les crises économiques mais l'on peut
toutefois affirmer que de bonnes statistiques bien analysées devraient permettre
d'en atténuer les conséquences. Donner sa juste place à la formulation
quantitative prendra de longues années et se réalisera grâce à la formation et
surtout à la relève des générations. Le statut réservé aux statisticiens est
directement lié à l'intérêt accordé à la formulation quantitative par les décideurs
politiques. Si le laisser-aller existe, il trouve partiellement ses origines dans les
causes précédentes. Enfin, si la compétition des demandes extérieures peut avoir
des effets négatifs, elle apporte généralement des ressources supplémentaires pour
mener des travaux statistiques importants.
En conclusion le blocage principal peut être attribué au faible
intérêt pour la formulation quantitative.
- 87 -
Les options pour tenter de redresser la situation sont peu
nombreuses et les résultats ne pourront être immédiats. On peut toutefois proposer :
- de mettre de l'ordre dans la "maison statistique" si nécessaire ;
- de promouvoir l'usage de la statistique par la diffusion d'une
production de qualité, prenant en compte les besoins essentiels
des décideurs politiques et donc fondée sur une plateforme
minimum 6
de s'appuyer sur la demande extérieure pour entreprendre et
financer des opérations importantes pour le pays.
L'élaboration d'un schéma directeur ou d'une EB/EPES devrait être
pour le statisticien une occasion à ne pas manquer d'influer sur le devenir de la statistique dans son pays.
6 Voir à ce sujet l'article de H.P. CHARLOT dans le n° 67 de STATECO.
- 89 -
ON SIGNALE ...
Les articles et ouvrages suivants ne sont pas analysés, mais seulement accompagnés d'une brève note.
Les comptes de revenu des ménages par catégorie socioprofessionnelle 1984-1989
Les comptes régionaux des ménages (1982-1990)
La société française Données sociales 1993
La rénovation des enquêtes nationales de conjoncture en 1991
Actes des journées de méthodologie statistique INSEE (13-14 mars 1991)
Le modèle de projection démographique omphale
Le développement agricole au Sahel
Les exploitations agricoles de la Crète Zaïre-Nil au Rwanda
- 91 -
LES COMPTES DE REVENU DES MENAGES PAR CATEGORIE
SOCIOPROFESSIONNELLE 1984-1989
par Madior FALL
INSEE-Résultats n° 226, 1992, 129 p.
ISBN : 2-11-066 095-3
Prix : 84 F
LES COMPTES REGIONAUX DES MENAGES (1982-1990)
par Monique VINCENAU, Maryse VALLLARD, Jacqueline BRASSEUR
INSEE-Résultats n° 229-230, 1993, 183 p.
ISBN : 2-11-066 098-8
Prix : 144 F
Ces deux INSEE-Résultats utilisent comme point de départ le compte
des ménages, établi selon les normes de la comptabilité nationale, et le
répartissent entre les catégories socioprofessionnelles d'une part [en utilisant la
catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence du ménage], entre les
régions d'autre part.
Les résultats présentés permettent des analyses en termes
d'évolution des différentes catégories de ménages ou de comparaisons
interrégionales. Les résultats régionaux présentent le compte d'exploitation et le
compte de revenu, alors que les résultats par catégories socioprofessionnelles se
limitent à ce dernier.
Dans les deux cas, les sources et méthodes utilisées dans le contexte
français sont explicitées.
- 92 -
LA SOCIETE FRANCAISE
DONNEES SOCIALES 1993
INSEE, 1993, 598 p.
ISBN : 2-W066-080-5
Prix : 285 F
Tous les trois ans, l'INSEE dresse un panorama de la société
française et de son évolution en publiant "Données Sociales". La nouvelle
livraison, qui utilise un format plus réduit que les précédentes éditions, présente
une soixantaine de contributions ordonnées selon dix thèmes :
- population ;
- éducation et formation ;
emploi ;
conditions de travail et salaires ;
- santé ;
- famille ;
- budgets et patrimoines ;
- cadre de vie ;
- groupes sociaux ;
- protection sociale.
Un accent particulier est mis sur les modifications du paysage social
des dix dernières années, en particulier à partir des données des recensements de
la population de 1982 et 1990.
- 93 -
LA RENOVATION DES ENQUETES NATIONALES DE CONJONCTURE
EN 1991
par Jean-Christophe FANOUILLET
INSEE-Méthodes n° 32, 1992, 88 p.
ISBN : 2-11-066077-5
Prix : 84 F
L'année 1991 marque un tournant dans le dispositif des enquêtes de
conjoncture mis en place par l'INSEE. Il est désormais homogène d'une enquête à
l'autre et couvre l'ensemble des secteurs d'activité, industrie, bâtiments et
travaux publics, commerce et depuis 1988, les services. Cet outil permet
l'établissement de diagnostic de court terme de l'économie française et donne des
indications sur l'évolution des prix, des effectifs, des investissements et de
l'activité. Ces résultats sont utilisables par l'ensemble des agents économiques,
mais plus directement par les chefs d'entreprises et les syndicats professionnels.
Ce document fait le point sur la nouvelle méthodologie utilisée pour réaliser,
exploiter et diffuser ces enquêtes.
- 94 -
ACTES DES JOURNEES DE METHODOLOGIE STATISTIQUE
INSEE (13-14 mars 1991)
INSEE-Méthodes n° 29-30-31, 1992, 401 p.
ISBN : 2-11-066067-8
Prix : 210 F
Les premières journées de méthodologie statistique se sont tenues à
l'INSEE les 13 et 14 mars 1991. Elles ont permis de présenter un certain nombre
de travaux menés à l'INSEE à un large public et ont bénéficié de la présence
d'experts venus de l'étranger qui ont présenté leurs propres travaux.
Les communications rassemblées dans le présent volume abordent les
thèmes suivants :
Thème 1 : Echantillonnages complexes
. Méthodes d'échantillonnages pour l'enquête annuelle d'entreprises (Frank COTTON et Christian HESSE - INSEE)
Echantillonnage représentatif optimum à probabilités inégales (Pascal ARDILLY - INSEE)
. Optimisation de l'échantillon pour le calcul de l'indice de prix à la consommation (Francis GUGUELMETTI et Pascal ARDILLY - INSEE)
. Plan de sondage pour la sélection de panels d'entreprises (Pierre LAVALLEE - Eurostat)
Thème 2 : Précision des données issues d'enquêtes complexes
. Estimation anticipée de variance pour des enquêtes sur échantillon-maître (Chantal BRUTEL - INSEE)
. L'enquête emploi : échantillon 1992 et années suivantes (Nicole ROTH - INSEE)
- 95 -
Thème 3 : Méthodologie des indices
. Changements de qualité et indices de prix (Antoine MOREAU - INSEE)
. L'exemple du prix des ordinateurs (Antoine MOREAU - INSEE)
. L'indice du coût de la construction (Jean-Pierre BERTHIER - INSEE)
. L'indice de prix des produits frais ( Marielle PRIME - INSEE)
Thème 4 : Amélioration d'estimateurs
. Estimateur par régression simple (Laurent BERREBI - INSEE)
. Estimateur par calage et technique de ratissage généralisé dans les enquêtes par sondage (Jean-Claude DEVILLE - INSEE et Carl-Erick SARNDAL - Université de Montréal, Canada)
. Redressements d'échantillons d'enquêtes auprès des ménages par calage sur marges (Olivier SAUTORY - INSEE)
Thème 5 : Estimations localisées
. L'estimation des taux de chômage au niveau infra-annuel national (Thierry LACROIX -INSEE)
. Estimation de populations locales par la méthode de la taxe d'habitation (Laurence DESCOURS , INSEE)
. Méthode d'utilisation d'enquête à un niveau géographique où l'échantillon est faible (François JEGER - INSEE)
. Estimation pour les petits domaines : théorie et pratique à Statistique Canada (Michel Arsène HIDIROGLOU - Statistique Canada)
Ce volume devrait être suivi par les actes des secondes journées de
méthodologie statistique tenues en juin 1992. Celles-ci se sont articulées autour
des sujets suivants : traitement des séries chronologiques, codification
automatique, usage des modèles LOGIT, analyse discriminante et applications,
contrôle de qualité du recensement.
- 96 -
LE MODELE DE PROJECTION DEMOGRAPHIQUE OMPHALE
par Laurence DESCOURS et François POINAT
INSEE-Méthodes n° 19, 1992, 64 p.
ISBN : 2-11-066079-1
Prix : 84 F
La décentralisation des décisions aux niveaux régional, départemental
et communal instaurée par la loi de 1982, a fait prendre conscience à de
nombreux acteurs locaux des conséquences à long terme de leurs décisions. Ceci
a entraîné une multiplication des demandes de projections démographiques locales.
Le modèle de projection démographique OMPHALE s'inscrit dans une
tradition déjà longue de réalisation par l'INSEE de projections régionales de
population. L'outil informatique a permis de passer à des périodicités et des
niveaux géographiques modulables en fonction des besoins.
Le modèle OMPHALE, présenté dans cet ouvrage, peut accepter une
grande variété d'hypothèses relatives à la fécondité, à la mortalité, aux
migrations. Partant seulement de la répartition par âge et sexe de l'exploitation
exhaustive du recensement de la population, il permet une utilisation
déconcentrée.
- 97 -
LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE AU SAHEL
par P.M. BOSC, V. DOLLE, P. GARIN et J.M. YUNG
Tome 1 : MILIEUX ET DEFIS
Tome 2 : RECHERCHES ET TECHNIQUES
Collection "Documents Systèmes Agraires", n° 17
CIRAD-SAR (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour
le développement - Systèmes agro-alimentaires et ruraux), 1993
Prix : 150 F (tome 1), 207,55 F (tome 2)
"Milieux et défis" est le premier tome issu d'une réflexion collective
animée par les chercheurs du CIRAD-SAR intitulée "Le développement agricole au Sahel".
Mettre en évidence la diversité des situations agricoles et les défis
auxquels sont confrontées les sociétés sahéliennes, analyser les apports de la
recherche aux processus de développement afin de suggérer de nouvelles
orientations et, enfin, réfléchir sur les processus d'innovation, tels sont les
principaux objectifs de cette synthèse.
"Milieux et défis" présente le contexte de la production et les
enjeux sociaux, techniques et économiques pour le développement des activités
agricoles. L'image qui prévaut pour le Sahel est celle d'une grande précarité des
conditions de production, liée aux fortes incertitudes climatiques, et d'un potentiel de production limité.
Ce constat apparaît trop réducteur. Aussi, chaque contribution
souligne-t-elle la diversité des situations locales et la nécessaire prise en compte de leurs spécificités.
En outre, malgré les évolutions défavorables des conditions physiques
et économiques de leur environnement, les sociétés d'agriculteurs et de pasteurs
- 98 -
ont démontré leurs capacités à innover. Ils modifient les systèmes techniques de
production et développent des stratégies souvent défensives, dominées par la
sauvegarde du court terme, mais qui peuvent se révéler offensives dès qu'existent
des opportunités économiques.
"Recherches et techniques" esquisse un bilan des résultats de plus de
trente ans de recherche agricole au Sahel. Dans le choix des contributions,
l'accent a été mis sur les thématiques qui paraissent essentielles face aux défis
du milieu. Evaluer les acquis en matière d'amélioration variétale, réfléchir à la
problèmatique de l'eau, aborder les enjeux de l'artificialisation des milieux
sahéliens, proposer, au vu des acquis techniques de nouvelles orientations pour
raisonner globalement les systèmes d'élevage au plan régional, tels sont
quelques-uns des thèmes traités dans cet ouvrage.
L'idée généralement répandue est que l'insuffisance des résultats
opérationnels expliquerait, en partie, la situation précaire des économies agricoles
sahéliennes. Les constats présentés démontrent, au contraire, que les propositions
d'innovations de la recherche sont nombreuses et qu'elles peuvent servir de base
à l'élaboration d'actions de développement. Cependant, loin de constituer un
panégyrique des recherches au Sahel, ces bilans mettent aussi en évidence la
nécessité de nouvelles orientations rendues indispensables et urgentes par les
évolutions récentes de systèmes de production et de leur environnement
économique.
(résumé repris du CIRAD)
CIRAD-SAR-Service Edition Av. du Val de Montferrand
B.P. 5035 34032 MONTPELLIER cedex 1 - FRANCE Tél : 67.61.58.00 - Télécopie : 67.41.40.15
- 99 -
LES EXPLOITATIONS AGRICOLES
DE LA CRETE ZAIRE-NIL AU RWANDA
Collection "Documents Systèmes Agraires", n° 19
CIRAD-SAR (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour
le développement - Systèmes agro-alimentaires et ruraux), 1993
Prix : 207,55 F
Les exploitations agricoles de la crête Zaïre-Nil sont soumises à de
nombreuses contraintes. Les principales ont trait aux caractéristiques du milieu
physique (pentes fortes, sols pauvres), au mode d'occupation de l'espace
(saturation foncière, exiguïté des finages) et aux mutations récentes de
l'environnement économique imposées par les projets agricoles.
Pour répondre à ces contraintes, les exploitants développent des
systèmes de production particulièrement adaptés aux conditions du milieu et aux
moyens de production disponibles. Ces systèmes présentent de nombreuses
caractéristiques communes, telles que la forte intégration de l'agriculture et de
l'élevage et la gestion spatiale de la fertilité ; mais ils présentent également des
éléments de diversité selon l'expression différenciée des contraintes et selon les
stratégies individuelles. Dans la plupart des cas, ils génèrent des résultats
permettant de satisfaire les besoins vitaux de l'agriculteur et de ses dépendants.
Cependant, les principaux exutoires à la croissance démographique se ferment,
entraînant une augmentation de la pression foncière et un morcellement des
finages. Par ailleurs, les projets agricoles se désengagent, entraînant une
diminution des emplois hors exploitation, et la disparition de débouchés. Cette
évolution hypothèque la reproduction des systèmes actuels et rend nécessaire la
recherche de nouvelles solutions techniques et organisationnelles. Paraissent
notamment envisageables l'augmentation de la productivité par l'utilisation
- 100 -
raisonnée d'intrants achetés, et la participation accrue des producteurs à la
valorisation des ressources spécifiques de la crête.
(résumé repris du CIRAD)
CI RAD -SAR -Service Edition Av. du Val de Montferrand
B.P. 5035 34032 MONTPELLIER cedex 1 - FRANCE Tél : 67.61.58.00 - Télécopie : 67.41.40.15
INSEE D340.0199.93.0