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Introduction de La Dissertation

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méthode de dissertation

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  • 1 Lintroduction de dissertationVous avez dj srement entendu des dizaines de fois que lintroduction

    dune dissertation consiste analyser les termes du sujet pour faire apparatreun problme philosophique. Les deux questions sont : quest-ce que a veut dire ?Comment quon fait pour faire a ?

    1.1 Les problmes philosophiquesLintroduction est trs importante parce quelle aboutit poser le problme

    qui lgitime toute la dissertation par la suite. Mais quoi ressemble un problmede dissertation de philosophie ? Cest un petit peu diffrent de ce que vous pouveztrouver dans les autres matires, comme en littrature par exemple.Exemple : "Il peint comme il sent" Sujet tir dun des Salons de Diderot.Cest un sujet-citation et il vous faut en tirer une problmatique qui porte surlart, la littrature en particulier, et encore plus prcisment sur loeuvre etlcriture de Diderot.

    Un problme de philosophie se distingue par les trois caractristiques sui-vante :

    1. Cest une question que tout un chacun pourrait se poser ou trouver int-ressante cest pour cela que je vous dconseille trs fortement dutiliserdes termes techniques de philosophie en introduction.

    2. Cest une question universelle en ce quelle ne porte jamais sur telle outelle priode de lhistoire ou sur telle ou telle rgion du monde. cestpour cela que je vous dconseille toute rfrence un auteur ou uncontexte historique pour problmatiser le sujet dune dissertation.

    3. Cest une question qui ne peut pas tre rsolue directement par une pro-cdure technique ou scientifique, si difficile soit-elle, sans argumentation.

    Ces trois caractristiques distinguent un problme philosophique dun problmetechnique. La question comment dmontrer que la somme des angles dun tri-angle = 180 ? par exemple est une question technique pour un mathmaticien.Il a tous les moyens sa disposition pour y rpondre dune manire qui fasselunanimit sans discussion. Par contre la question peut-on dire quil est vraique la somme des angles dun triangle 180 ? est un problme philosophique,car il ny a rien dans larithmtique ou dans la gomtrie qui vous dise commentil faut dfinir le terme vrai. Celui-ci pouvant prendre plusieurs sens diffrentsil est soumis discussion, et toute rponse cette question ne peut se passerdune argumentation, elle ne fera pas demble lunanimit.Normalement votre niveau vous savez faire la diffrence entre un problmephilosophique et un problme dun autre ordre, donc je vais passer au problmesuivant : comment trouver le problme philosophique qui se cache derrire le su-jet ? Et pour rpondre cette question il faut voir ce que lon appelle lanalysedu sujet.

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  • 1.2 Lanalyse des termes du sujetCest le morceau de bravoure de la dissertation, en lettres comme en philo-

    sophie : cest le moment o lon va savoir si vous avez bien compris le sujet ounon. Comme en lettres, il faut montrer quil y a un problme avec ce sujet enmontrant quil peut tre compris de diffrentes manires parce que son noncou "intitul", contient des termes qui son susceptibles de plusieurs interprta-tions, plusieurs significations. Mais votre niveau en philosophie il faut allerun peu plus loin que juste montrer que le sujet est ambigu. Il faut montrer queles termes qui y apparaissent sont susceptibles de plusieurs conceptualisationsdiffrentes.

    1.3 Notions et ConceptsIl y a deux termes que lon confond souvent, ce sont ceux de concept et de

    notion. Ils sont pourtant trs diffrents.Un concept est quelque chose de prcis en philosophie et en logique. Cest un

    nom commun, cest--dire un terme qui dsigne une catgorie de choses. Mais la diffrence des noms que lon emploie dans la vie courante un concept estdfini rigoureusement. Rigoureusement, cest--dire que cette dfinition est uncritre suffisamment prcis pour que lon puisse dire, pour chaque objet quipasse devant nous, si cette dfinition lui est applicable ou non, et si cette chosepeut tre appele par le nom du concept ou non. Lnonc de cette dfinitionest ce que lon appelle son intension.Comment faire noncer un tel critre ? A quoi reconnaissez-vous par exempleun mammifre ? Au fait quil a une proprit - avoir des mammelles - que tousles mammifres et seulement les mammifres ont en commun. On dit souventque cette proprit est lessence de ces choses, car si elles ne lont pas, on nepeut plus les appeler ainsi et considrer que ce sont toujours les mmes choses.Un animal qui na pas de mammelles ne peut tre appel un "mammifre" : ondira donc que les mammelles sont lessence des mammifres.Lintension dun concept est ainsi lnonc dune proprit quun ensemble dob-jets ont en commun. Cet ensemble dobjets runis par un point commun estappele lextension du concept.

    Extension dun concept = lensemble des objets quil regroupeIntension dun concept = nonc de la proprit que ces objets ont en commun

    Essence ou proprit essentielle = cette proprit commune

    Un concept est donc quelque chose de trs prcis, trs rigoureusement dli-mit. Un mme mot peut tre susceptible de recevoir des dfinitions, des inten-sions diffrentes, cest--dire dtre conceptualis de manires trs diffrentes.

    Lorsquon parle dun tel mot, qui a une grande importance mais qui peuttre dfini de manires trs diffrnetes, on parle dune notion et non dunconcept. Par exemple, la notion de "nature" peut tre dfinie de manires trsdiffrentes :

    1. Nature = Lensemble des phnomnes rels, lUnivers

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  • 2. Nature = Tout ce qui na pas t produit par ltre humain (soppose la culture)

    3. Nature = Lessence ou la ralit dune choseA chaque fois que lon fournit une dfinition diffrente du terme "nature" on enfournit une intension et donc une extension diffrentes. On a donc affaire ici 3 concepts de la Nature diffrents. 1Une fois cela pos on peut dfinir avec rigueur ce quest lanalyse dun sujet.

    1.3.1 lanalyse

    "Analyser" en chimie correspond la dcomposition de substances com-plexes, comme leau, en substances simples, comme lhydrogne et loxygne. Enmathmatique, analyser une fonction revient dcomposer sa formule en l-ments simple pour tudier ses proprits comme ses limites, sa continuit, etc.En psychanalyse, une analyse est un traitement dans lequel le patient raconteses rves et/ou hallucinations afin que le mdecin les dcompose en symbolessimples pour en trouver lorigine inconsciente.

    Dans tous les cas : analyser = dcomposer quelque chose de complexe en descomposants plus simples.

    Cest exactement cette mthode que lon va appliquer en introduction dedissertation de philosophie : tel quil est pos le sujet est complexe, il ne peutadmettre une solution, il est trop confus, on pourrait aussi bien soutenir unechose que lautre.

    Pourquoi ? Parce quun sujet de philosophie contient des notions et queces notions sont susceptibles de plusieurs conceptualisations diffrentes. Dolambiguit et limpossiblit de se comprendre et de sentendre sur ce sujet.

    Lanalyse du sujet consiste dfinir de plusieurs manires diffrentes chacundes termes et des notions du sujet afin de montrer que lon peut en extraireplusieurs concepts diffrents. Il faut faire exactement ce que lon a fait pour lanotion de Nature ci-dessus, et le rpter pour toutes les notions du sujet.

    Cest parce que lon peut conceptualiser les notions dun sujet de diffrentesmanires que lon peut soutenir diffrentes thses son gard. Exemple :

    1. Travail = Activit de transformation dune matire ou dun objet en unautre (pensez au travail dune force)

    2. Travail = Activit pnible visant rpondre un besoin social et entant que telle salari (pensez au sens du mot travail comme mtier, ou ltymologie comme tribalium)

    Vous voyez bien que ces deux concepts de la notion de travail ne sont pas strictement parler opposs et que pourtant ils peuvent amener soutenir desthses opposes sur le sujet "Le travail est-il une alination ?"

    1. Les tudiants confondent souvent concepts et notions. Ils pensent souvent que ce quaf-firme un philosophe sur un sujet est le fin mot sur ce sujet. Sils ont tudi ce que Descartes ditde lesprit par exemple et quils ont bien compris ses arguments, ils peuvent avoir limpressionque ces arguments sont dfinitifs et que la thse de Descartes sur lesprit est la seule qui puissetre soutenue. Cela vient selon moi du fait quils ne se rendent pas compte que lon peut avoirun autre concept desprit que celui de Descartes, i.e. que la notion desprit est susceptibledautres conceptualisations que celle de Descartes.

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  • Pensez Ulysse rentrant Ithaque et se faisant reconnatre par Pnlopegrce son travail : cest lui qui a fait dans un arbre le lit coucher de la chambreroyale. L cest le concept 1. de travail qui est employ et clairement il ny arien dalinant l-dedans. Mais pensez aussi au Chaplin des Temps Modernesdans son usine la chane, qui lon fait tester une machine manger plus vite.L cest le concept 2. de travail, et clairement il y a quelque chose dalinantl-dedans. Ainsi les diffrents concepts de travail permettent de soutenir desthses opposes sur le sujet "Le travail est-il une alination ?" Cest tout ce quevous devez montrer en introduction.

    Mais pour cela vous voyez bien quil ne faut pas vous contenter de donnerdeux dfinitions du travail et de dire quune de ces formes de travail est alinanteet lautre non. Il faut que vous prouviez que lune est alinante et lautre non.Il faut montrer que dans les dfinitions que vous avez donn du travail il y aquelque chose qui fait quil est alinant ou non, et pour cela il vous faut aussidfinir la notion d"alination". Ainsi, lide que le travail est pnible, et que cestpour cela quil est salari peut vous amener lide que le travail est alinant.En effet, paradoxalement, plus un travail est pnible (physiquement) moins ilest pay : il y a donc quelque chose de "vol" ceux qui font un travail pnible,et cest en cela quils sont alins, car aliner cest tre donner ou vendre quelquechose en dea de sa valeur relle.

    Cest ce type de raisonnement partant dune des notions analyses pouraller lautre afin de soutenir une thse bien prcise sur le sujet que lon vousdemande de faire en introduction. Et il faut le faire plusieurs fois car il fautque vous montriez quil ny a pas de solution simple et directe au sujet sinonsouvenez-vous ce serait un problme technique et non philosophique.

    Lanalyse du sujet est donc la dcomposition des notions qui y apparaissentpour soutenir des thses antagonistes sur ce sujet. Lnonc de lincompatibilitde ces thses est la problmatique du sujet.

    Attention : puisquil y a de nombreuses manires de conceptualiser une no-tion, chaque sujet na pas une et unique problmatique. Nanmoins il y en asouvent une qui se dgage parmi les autres car elle est plus importante, elle lessubordonne. On va apprendre reprer cette problmatique importante.

    1.3.2 Sexercer lanalyse de sujet

    Pour sexercer lanalyse de sujet et lnonc de problmatiques, il ny apas cinquante mthodes : il faut sentraner conceptualiser les grandes notionsde la philosophie de diffrentes manires dune part, et dautre part apprendre tudier leurs relations de compatibilit, diffrences, opposition, etc.Les diffrents types de concepts que lon trouve pour chaque notion de phi-losophie est quelque chose que vous apprendrez progressivement, au fur et mesure de vos cours de philosophie et de vos lectures - car chaque philosophe sa manire bien lui de conceptualiser les termes quil emploie. Mais commentfaire lorsque vous tes, au brouillon, face des notions dans un sujet, pour lesconceptualiser de diffrentes manires mme si vous ne les avez jamais vu encours ?

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  • Plusieurs "trucs" soffrent vous, auxquels on va sentraner, par ordre dim-portance :

    1. Distinguez des mots proches peut vous permettre de saisir de subtilesdiffrences et surtout cela vous vite de faire quelque chose qui nerve pro-fondment tous les correcteurs : confondre des choses diffrentes. Exemple :en un sens tre "rationnel" cest tre la mme chose qutre "raisonnable"puisquil sagit dutiliser sa raison dans les deux cas. Mais tre rationnel estaussi trs diffrent dtre raisonnable puisquon est rationnel dans lordrethorique et raisonnable dans lordre pratique. Or ce qui vaut dans undomaine est souvent oppos ce qui vaut dans lautre.

    2. Chercher les contraires. La "thorie" peut sopposer l "exprience"en philosophie des sciences, ou la "pratique" en philosophie de laction.Dans le premier cas la thorie dsigne quelque chose dont on est sr carcela rend compte de lexprience, dans le deuxime au contraire quelquechose dinapplicable.

    3. Chercher la traduction du terme dans une autre langue. Bien souventl o il y a un mot dans une langue il y en a plusieurs dans une autre, etinversement. Cela vous permettra de distinguer plusieurs concepts derrireun seul terme en franais. Ex : le terme "jeu" en franais traduit par"play" ou "game" en anglais : dsigne deux concepts diffrents de la notionde jeu. Idem pour le terme objet traduit en allemand par "Objekt" et"Gegenstand". Bien sr a marche aussi avec les langues mortes.

    4. Chercher les expressions de la vie courante dans lesquelles le termeapparat. Bien souvent, on emploie un mme mot avec des sens trs diff-rents dans la langue naturelle, et il suffit de faire un relev des occurencesde ce terme pour se rendre compte quil a des sens bien diffrents. Ex :le terme dexprience dans les expressions "cela vient avec lexprience","faire une exprience", "musique exprimentale", etc.

    5. Chercher la signification du terme dans diffrents domaines. Leterme de "substance" a un sens diffrent en chimie (une substance in-flammable) et en littrature (la substance dun texte). Cette variabilitva vous permettre de voir ce qui est retenu dans chacun des domaines etdonc ce qui est essentiel. De plus cette technique vous permet de faireimmdiatement une liste dexemples dans diffrents champs.

    6. Ltymologie. Vous devez utiliser cela srement beaucoup en lettres.Mais faites attention en philosophie, car il ne faut pas donner limpressiondans une dissertation que vous croyez que lhistoire dun mot vous ren-seigne sur la ralit de la chose que dsigne ce mot. Ce serait croire quil ya un lien naturel entre mot et chose rightarrow cratylisme. Mais nhsitezpas vous servir de ltymologie au brouillon.

    7. Evitez, comme je vous lai dit, demployer des dfinitions ou citations dephilosophes en introduction. Par contre, ds que vous aurez un peu deculture philosophique, vous pourrez essayer au brouillon de dgager plu-sieurs concepts dune notion en regardant comment diffrents auteurs

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  • lont conceptualise. Par exemple "dialectique" est un terme trs diffrentpour Platon, Aristote, Kant ou Hegel. Si vous connaissez ces auteurs celavous fournira un joli coup de main. Mais faites toujours attention ne pastransformer votre dissertation en catalogue dopinions.

    8. A la maison, aidez-vous de dictionnaires usuels et de philosophie. LeVocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande est excellent.En usuel : cf. TLFI

    Conseil en gnral : ne faites jamais un concept sans penser unexemple ! Il faut toujours quil y ait au moins un exemple pour

    illustrer votre concept.

    Votre premier travail au brouillon : cest cela. Chercher dpiauter les notions,les carteler en le plus de concepts possibles grce ces petits trucs. Puis for-muler le plus prcisment possible lintension de chaque concept.

    Exercice :

    1.4 Construire une introduction : la mthode attendueUne fois que vous avez ces diffrents concepts pour chacune de vos notions,

    il vous suffit de voir comment on peut soutenir deux thses sur le sujet,commeon la vu avec le sujet Le travail est-il une alination ? par exemple.

    Cette tche est moins complique quelle nen a lair : si vous avez bien fait letravail danalyse des notions du sujet, vous allez voir que le plus souvent certainsdes concepts de ces notions sont en relation didentit ou de compatibilit alorsque dautres sont en relation dopposition.

    Le plus simple est de rserver un paragraphe chaque thse dans lintroduc-tion. Commencez par la thse du sens commun. Le sens commun cest lopinion,et lopinion ne pense pas : cette thse est donc simple critiquer. Montrez quellene tient pas dans un deuxime paragraphe en proposant une autre thse basesur une autre dfinition dune des notions du sujet. Montrez ensuite que celle-cine fonctionne pas non plus pour noncer la problmatique.

    Au final cela donne ce plan dintroduction :

    Dfinitions des termes du sujet. 1re conceptualisation des notions. Thse dusens commun.Critique de la thse du sens commun, 2me conceptualisation, 2me thse in-compatible avec la prcdente.Enonc de la problmatique, cest--dire de lincompatibilit et de linsuffisancedes deux thses.Enjeux et plan

    On verra ce qui concerne les enjeux et le plan ci-dessous. Mais pour russir tirer une problmatique partir de lanalyse conceptuelle, le mieux est desadapter au type de sujet auquel on a faire.

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  • 2 Diffrents types de sujetPour linstant vous ne devez avoir eu quasiment que des sujets "questions",

    cest--dire de la forme "quest-ce que X" ou "peut-on dire que X ?" Mais aufur et mesure de vos tudes vous allez vois apparatre des sujets de types trsdiffrents.Il existe peu prs 4 types de sujets en philosophie :

    Type de sujet Exemple

    1 Les sujets-questions dutype "X est-il Y ?" la Nature a-t-elle des lois ?

    2 Les sujets-mots du type"X" Lexprience

    3 Les sujets-conjonction dutype "X et Y" Libert et ncessit

    4 Les sujets-triplet du type"X, Y et Z"Instrument, outil, ma-chine

    5 Les sujets-expression La raison du plus fort

    De tels sujets appellent des traitements un peu diffrents. On dcouvre nor-malement cela empiriquement, sur le tas, mais vous gagnerez du temps si vousconnaissez les trucs pour chacun des types de sujet.

    2.1 Sujets-questionVous tes habitus aux sujets de type question. Il suffit de reprer la notion

    centrale et de montrer que selon la manire dont on la conceptualise on obtientdes rponses diffrentes la question.

    Mais attention ! ! ! Il faut commenter tous les mots du sujet, passeulement cette notion.

    Si le sujet est du type "peut-on dire que ... ?" ou "X peut-il ... ?", il faut faireattention bien commenter les diffrentes modalits du verbe "pouvoir" : pos-sibilit logique, physique, lgale, morale ?Mme questionnement sur les modalits du verbe si vous avez faire un sujetdu type "faut-il que..." ou "doit-on dire que ...".Si le sujet est du type "Quest-ce que X" alors il faut dire que ce sujet posela question de la nature de X et ne pas sembarquer dans une problmatiqueconcernant sa valeur.

    2.2 Sujets-motLes sujets-mot du type "X" sont trs difficiles problmatiser mais assez

    facile traiter.Pour les problmatiser il faut essayer de trouver deux concepts de la notion

    X qui ne sont pas compatibles.

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  • Si cela ne fonctionne pas, il faut regarder dans la dfinition des diffrentsconcepts que lon a de cette notion pour voir sil ny a pas un autre terme quiy est frquemment associ (soit un mot proche, soit un contraire) : cest enconceptualisant ce mot que lon pourra alors faire apparatre la problmatique.

    Faites bien attention larticle qui accompagne le sujet. Le sujet "la science"nest pas le mme que le sujet "les sciences" par exemple. Nhsitez pas com-menter cet article.

    Notion X

    Concept X1 Concept X2

    Concept X1 6= Concept X2

    2.3 Sujets-conjonctionA linverse des prcdents, les sujets-conjonctions sont relativement simple

    problmatiser mais trs difficiles traiter par la suite (gros risque doublier undes termes et de ne traiter que lautre).

    Pour les problmatiser il suffit de trouver un type de relation entre unconcept de X et un concept de Y puis de montrer que lon peut changer aumoins un de ces concepts pour soutenir une relation diffrente.

    Attention : votre problmatique ne pourra jamais tre "quelles sont les re-lations entre X et Y ?" car une telle problmatique marcherait pour nimportequel X et nimporte quel Y. Or, une des rgles dor de la problmatique surlaquelle on reviendra plus loin est :

    Si votre problmatique pourrait tre appliqu un autre sujet outexte, cest quelle nest pas bonne. La bonne problmatique est

    spcifique.

    Servez-vous de tout ce que peut signifier la conjonction "et" pour trouverdiffrents types de relations entre X et Y. Dans "chiens et chats", le "et" signifieune opposition. Dans "ordre et loi" il signifie plutt une identit, ou une forteparent. Dans "il prit ses clefs et sortit" il signifie une succession, une causalit.Dans "la vertu et le courage" il peut signifier une relation dinclusion (le courageest une vertu), etc. Il ny a pas que lopposition et lidentit dans la vie !

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  • Notion X Notion Y

    Concept X1 Concept X2 Concept Y1 Concept Y2

    Concept X1 / Concept Y1 6= Concept X2 / Concept Y2

    2.4 Sujets-tripletCes sujets sont la fois dur problmatiser et traiter. Il faut essayer

    de montrer que lune des notions peut tre plutt rapproche dune des deuxrestantes dans un certain sens, et de lautre dans un autre sens. On peut aussiessayer de montrer quun des termes englobent les deux autres. Bref, il fautfaire comme pour les sujets-conjonction alors mme quil y a beaucoup plus derelations possibles entre les termes du sujet.

    2.5 Sujets-expressionLes sujets expressions sont eux-mmes de deux types. Si le sujet est une

    expression fige comme "la beaut du diable" par exemple, il faut connatrecette expression, et la traiter comme un sujet-mot.

    Si le sujet est une succession de termes accols dune manire ou duneautre, alors il faut le traiter comme un sujet-question ou un sujet-conjonctionen analysant les diffrents termes et en montrant comment ils peuvent ou nonsimbriquer les uns avec les autres.

    Dans ce type de sujet aussi vous pouvez rencontrer des petits mots trsimportants, commenter absolument. Si le sujet est du type "X de Y" alors ilfaut commenter les deux types de gnitif du "de". Par exemple, "La ncessitdes lois de la nature" peut vouloir dire que les lois sappliquent de manirencessaire ou dire quil tait ncessaire que ces lois existent.

    3 Problmatique, enjeux et planCette section est consacre ce qui vient la fin de lintroduction : la

    problmatique, les enjeux et le plan.La problmatique na pas snoncer forcment comme une question. La

    problmatique peut tre une phrase du type : "Voil pourquoi par la suite nousallons considrer le problme de ..."

    Il est essentiel que la problmatique soit bien connecte avec ce qui vientauparavant, quelle en dcoule le plus directement possible. Nhsitez pas uti-liser souvent des marqueurs de connexion logique clairement identifiables tels

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  • que : "Mais", "Cependant", "Donc", "Ainsi", "Voil pourquoi", etc. Cela facilitegrandement la lecture et la comprhension.

    Je vous ai dj donn le critre ultime pour savoir si vous tenez une bonneproblmatique :

    Rgle dor de lintroduction en philosophie : Si votreproblmatique pourrait tre appliqu un autre sujet ou texte, cest

    quelle nest pas bonne. La bonne problmatique est spcifique.

    Donc si vous vous demandez si vous avez une bonne problmatique, demandez-vous si lon pourrait la poser pour un autre sujet. Si oui, cest quelle nest pasbonne. Si vous appliquez bien cette rgle dor, vous viterez le plus gros et leplus courant des dfauts en dissertation de philosophie : faire des problmatiquestrop larges du type "lhomme peut-il connatre le monde" sur un sujet du type"Quapprend-on de lexprience ?"

    Trs vite vous vous rendrez compte que votre souci nest plus que vous navezpas de problmatique, mais que vous en avez trop ! Par exemple, le sujet "Raisonet ncessit" peut admettre au moins deux problmes : "notre raison ne peut-elle comprendre que les phnomnes ncessaires ?" et "peut-on parler de raisonde nos actes sils sont ncessaires ?" Ces deux problmes reposent chacun sur unconcept diffrent de la notion de raison.

    Comment choisir ? En droit, les deux problmes sont pertinents, et cest sur-tout la qualit de votre analyse conceptuelle qui jugera si votre problmatiqueest valide ou non. Mais de fait, il y a souvent un problme plus important quunautre. Un problme est plus important quun autre est un problme qui contientlautre comme sous-problme. Cest--dire qui si lon rglait le problme impor-tant on pourrait rgler le problme moins important. Dans lexemple ci-dessus,cest le problme "peut-on parler de raison de nos actes sils sont ncessaires ?"qui est le sous-problme car il faut dabord trait le problme principal "notreraison ne peut-elle comprendre que les phnomnes ncessaires ?" avant mmede commencer y rflchir.

    Ce sous-problme peut apparatre par la suite soit comme "enjeu" soitcomme une partie du plan du dveloppement de la dissertation. Les enjeux sonttous les problmes lis au sujet qui ne sont pas la problmatique. Ils regroupentnotamment :

    Les sous-problmes Les consquences de la problmatique dans certains domaines spcifiques

    comme la morale, la politique, ou telle ou telle autre discipline Les autres grands problmes de la philosophie dans lesquels interviennent

    les notions du sujetIndiquer des enjeux nest pas obligatoire. Mais cest un trs bon moyen de

    donner limpression votre correcteur quil lit quelque chose dimportant, avecdes objectifs et du poids.

    Les avis divergent quant lannonce de plan en introduction. On verra plustard comment faire un plan intelligent et quilibr en dissertation. Une desmanires est de suivre les deux mouvements de lintroduction. Dans ce cas vous

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  • pouvez considrer quil nest pas ncessaire de faire dannonce de plan lcrit.A loral, quoiquil arrive, vous devez faire une annonce de plan.

    Quoiquil en soit ne faites pas de plan sous forme de mauvaise bande-annonce,o vous racontez dj la fin. Si vous annoncez que vous allez tudier telle thseet que vous allez ensuite la dtruire par des arguments imparables, on se de-mande quel est lintrt de passer toute une partie de dissertation lire deschoses inutiles. Pour viter cela vous pouvez annoncer votre plan sous forme dequestions.

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