Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Introduction à l’art moderne et contemporain
L’art est une activité humaine ou le produit de cette activité s'adressant délibérément aux sens, aux émotions et à
l'intellect. On peut dire que l'art est le propre de l'homme, et que cette activité n'a pas de fonction clairement définie.
Néanmoins, on associe traditionnellement l’art à un idéal de beauté ainsi qu’à une maîtrise technique.
Toute subjective que soit notre appréhension de la beauté et de la maîtrise technique, nous pouvons néanmoins
tomber d’accord sur la prouesse de certaines créations humaines.
Ainsi, la fresque du plafond de la chapelle Sixtine, peinte par Michel-Ange entre 1508 et 1512 est unanimement
considérée comme un chef-d’œuvre de la peinture de la Renaissance italienne.
De même, le Taj Mahal (Inde, 1632-1643) est considéré comme un joyau de l'architecture moghole, un style combinant
des éléments d’architecture islamique, iranienne, ottomane et indienne.
Les touristes du monde entier ne s’y trompent lorsqu’ils viennent en masse visiter les monuments et les musées à la
gloire de l’art.
En Europe, depuis la fin du XVIIIe siècle, le terme « art » recouvre principalement les produits dits des « beaux-arts »
tels que la sculpture, la peinture, l'architecture, les arts graphiques, et aussi la musique, la danse, la poésie et la
littérature. On y ajoute depuis, parmi d'autres, le cinéma, le théâtre, la photographie, la bande dessinée, la télévision,
le jeu vidéo, voire l'art numérique ou la mode.
Si la notion de beau ou de style a longtemps été au centre des productions artistiques, l’art moderne et l’art
contemporain ont apporté avec eux les principes de transgression et de rupture.
L'expression « art contemporain » désigne de façon générale l'ensemble des œuvres produites depuis 1945 à nos jours.
Certains préférant les années 1970 comme borne temporelle de départ. Dans cette classification périodique, l'art
contemporain succède à l'art moderne (1850-1945). On a pu aussi parler d’ « art d’après-guerre » pour la période 1945-
1970.
-L’art moderne, on s’accorde à le faire commencer avec l’impressionnisme, mouvement artistique qui s’exprime vers la
fin du XIXe siècle.
Impression, soleil levant est un tableau peint en 1872 par Claude Monet. C'est cette marine qui a donné son nom au
mouvement impressionniste.
Edgar Degas (1834-1917), Après le bain, femme nue s’essuyant la nuque, 1898.
Ce mouvement pictural est notamment caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la
suppression des contours des formes, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à
noter les impressions fugitives et à rendre les objets représentés flous, la mobilité des phénomènes climatiques et
lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile.
L’impressionnisme, qui a fait scandale à ses débuts, marque une rupture avec la peinture académique.
-La distance avec le réel et le figuratif s’opère un peu plus avec le cubisme qui se développe surtout de 1907 à 1914.
Les objets sont fragmentés, analysés, dessinés sous plusieurs angles de vue et rassemblés dans une forme abstraite au
lieu d’un objet représenté d’un seul point de vue.
Les Demoiselles d'Avignon est le dernier titre d'une peinture à l'huile sur toile, de très grand format (243,9 × 233,7 cm),
réalisée à Paris par Pablo Picasso en 1907. Le tableau est considéré comme le point de départ du cubisme et comme
l'un des tableaux les plus importants de l'histoire de la peinture en raison de la rupture stylistique et conceptuelle qu'il
propose.
Picasso, par le biais de ce mouvement, a été le premier à utiliser du texte dans ses œuvres et à avoir recours à des
techniques mixtes (comme le collage), utilisant plus d’un type de support dans la même pièce.
Pablo Picasso - Nature morte à la chaise cannée – 1912
L’autre peintre cubiste célèbre est Georges Braque.
Le viaduc à l'Estaque (1908)
Le cubisme ne concerne pas simplement la peinture, mais la sculpture aussi.
Henri Laurens, Tête de femme, 1920,
-Le troisième grand moment de l’art moderne (notamment en peinture) est l’abstraction.
Michel Seuphor donne la définition suivante de l'art abstrait : « J'appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun
rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste. »
Il est habituel de faire de Kandinsky (peintre russe) le fondateur de la peinture abstraite, avec son aquarelle dite
« abstraite » (1910) :
Dans les arts plastiques, l'art abstrait n’essaie pas de représenter les apparences visibles du monde extérieur ; Il peut se
passer de modèle et s'affranchit de la fidélité à la réalité visuelle et ainsi des créations plastiques qui miment la réalité. Il
ne représente pas des sujets ou des objets du monde naturel, réel ou imaginaire, mais seulement des formes et des
couleurs pour elles-mêmes. L’art devient dès lors « sensation » et non plus « figuration ».
A titre de comparaison, voici deux exemples d’aquarelles figuratives réalisées par des peintres non connus :
Chez Kandinsky, l’abstraction n’exclut pas les formes, mais ses tableaux entendent avant tout exprimer une intériorité
et parler à l’âme.
Mondrian (1872-1944) est l’autre grande figure de l’abstraction. L’évolution de ses tableaux de paysage marque à elle
seule l’évolution de la peinture occidentale et le basculement de la figuration vers une épuration radicale du tableau où
toute trace de référence au naturel visible est progressivement évacuée.
1908 :
1911 :
1913 :
1914 :
1917 :
Et à partir des années 1920 :
Cette série de tableaux célèbres inspirera Yves Saint Laurent :
D’une construction géométrique et épurée jusqu’au monochrome, il n’y a qu’un pas. Pas franchi par certains artistes :
Malevitch (1879-1935)
Yves Klein (1928-1962)
Lucio Fontana (1899-1968)
Pierre Soulage (1919- ?)
- Au terme de cette petite déambulation à travers l’art moderne, on trouve le Pop art, que certains spécialistes placent
déjà dans l’art contemporain.
Le pop art émerge au milieu des années 1950 en Grande-Bretagne et, en parallèle, vers la fin des années 1950 aux
États-Unis. Ce qui caractérise profondément ce mouvement est le rôle de la société de consommation. C'est le principe,
que les artistes américains vont mettre en évidence, de l'influence que peuvent avoir la publicité, les magazines, les
bandes dessinées et la télévision sur nos décisions de consommateurs. Par la suite, le mouvement va s'étendre et
toucher d'autres domaines tels que la mode, l'architecture, le dessin, etc.
Quelques exemples :
Andy Warhol
Roy Lichtenstein
Richard Hamilton
Duane Hanson
L’art contemporain, prend donc son envol avec le pop art, mais doit aussi beaucoup au ready made de Marcel
Duchamp. On peut définir les ready-mades comme des objets manufacturés, qu'un artiste s'approprie tels quels. En les
privant de leur fonction utilitaire, il en détourne le sens. Il leur ajoute un titre, une date, éventuellement une inscription
et opère sur eux une manipulation en général sommaire (retournement, suspension, fixation au sol ou au mur, etc.),
avant de les présenter dans un lieu culturel afin de leur conférer le statut d'œuvre d'art. Marcel Duchamp a donné au
moins une définition simple du ready-made : « Un ready-made est une œuvre sans artiste pour la réaliser. » André
Breton, artiste, écrivain et théoricien principal du surréalisme en donne une définition non moins intéressante : « Objet
usuel promu à la dignité d'objet d'art par le simple choix de l'artiste ».
Porte-bouteilles, Marcel Duchamp (1913)
Fontaine, Marcel Duchamp (1917)
Avec le pop art et le ready made, notamment, se développe finalement une idée qui se trouvera au centre de l’art
contemporain, à savoir la transgression des frontières de l’art telles que les perçoit le sens commun. Où s’arrête et où
commence l’art ? sommes-nous tentés de nous interroger à la vue de certaines œuvres.
L’autre transgression qui se trouve au cœur de l’art contemporain est celle des frontières entre les domaines artistiques
(dépassant la frontière de ce que le sens commun considère comme étant de l'art, c'est-à-dire les arts plastiques, en
expérimentant le théâtre, le cinéma, la vidéo, la performance, l’installation, la littérature…).
Claude Lévêque - Le grand sommeil, MAC/VAL, Vitry, 2006 (lumière, sculpture, musique…)
Installations I The Mending Project, Iron scissors, Fabric, thread, needle, mixed-media, dimensions variable
Photo
by
Christy
Cochran
Outre les deux transgressions précédemment citées, on note chez les artistes contemporains certaines tendances :
- le concept l’emporte sur l’objet même, l'idée (la démarche) prime sur la réalisation
- la logorrhée explicative qui entoure l’œuvre (par l’artiste et l’analyste) fait partie intégrante de l’œuvre elle-
même, négligeant parfois l’approche sensorielle et émotive.
- le flot d’interrogations (voire d’incompréhension) qu’il suscite chez le spectateur. Sans grille de lecture de
l’œuvre point de salut !
- la recherche du beau n’est plus centrale
- la mondialisation et la financiarisation du marché de l’art, ce dernier tendant à être une marchandise comme
une autre : l’art est une industrie, « a factory » comme l’a dit Warhol (lequel ne se concevez pas vraiment
comme artiste).
- choquer, être original sont devenus des dogmes de l’art contemporain. L’effet de surprise, d’interrogation, de
trouble perceptif sont recherchés lors de la conception de l’œuvre.
Selon Nathalie Heinich, dans Le Paradigme de l’art contemporain : l’art classique se devait d’être conforme aux canons
hérités de la tradition et avait pour but l’élévation spirituelle ; l’art moderne s’est défini comme l’expression de
l’intériorité de l’artiste (ce qui a parfois impliqué la transgression des canons classiques) et avait pour but l’émotion
esthétique ; l’art contemporain, enfin, consiste en un jeu avec les frontières de l’art et des arts.
Une autre façon très économe (mais finalement assez pertinente) de définir l’art contemporain consisterait à affirmer :
est art en général, et contemporain en particulier, ce qui est reconnu comme tel par des institutions (musées, galeries,
collectionneurs, l’Etat quand il subventionne un « artiste contemporain ».
Les détracteurs de « l’art content (comptant) pour rien » sont nombreux : pur « entertainment », vide esthétique,
élitisme ; art subventionné, art nombriliste, art pour collectionneurs, art-marchandise, etc.
L’un des artistes contemporains cristallisant le plus d’engouement comme le plus de critique et qui demeure l’artiste
contemporain le plus riche du monde est Jeff Koons.
Ses œuvres sont réalisées dans un atelier, situé à Chelsea, près de New York, avec plus de 100 assistants. Il ne réalise
aucune œuvre lui-même, mais impulse des idées qu'il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels.
L'art de Jeff Koons peut être considéré comme le point de rencontre entre plusieurs concepts, dont les ready-mades de
Marcel Duchamp et le pop art d'Andy Warhol. L'iconographie qu'il utilise est un catalogue de la culture populaire, non
seulement américaine, mais aussi mondiale. Il s'approprie des objets et essaie de comprendre « pourquoi et comment
des produits de consommation peuvent être glorifiés ». Tout au long de sa carrière, il a utilisé toutes sortes d'articles
populaires, des aspirateurs et des ustensiles électroménagers enfermés dans des caisses de plexiglas et éclairés de
néons d'abord, puis des ballons de basket en suspension dans des aquariums, puis des bibelots rococo, des souvenirs de
bazar (lapins gonflables, bergères ou petits cochons en sucre, Michael Jackson en porcelaine), enfin et surtout des
jouets et des objets intimement liés à l'enfance. Cultivant le kitsch, Koons utilise plusieurs techniques artistiques :
l'installation, la photographie, la peinture, la sculpture sur tous matériaux (bois, marbre, verre, inox) jusqu'à la création
assistée par ordinateur… Certains l’ont catalogué de « neo pop ».
Quelques œuvres, en vrac :