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Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Introduction 1
INTRODUCTION
Des scientifiques estiment que nous vivons actuellement la sixième crise biologique. Cette
crise est singulière par son unique origine, l’activité humaine. Ce contexte et son ampleur
planétaire ont favorisé l’institutionnalisation par la communauté internationale, relayée par la suite
au niveau national, du concept de développement durable. Le Rapport BRUNDTLAND1 définit le
développement durable comme «un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs». Les ressources de
l’environnement doivent pouvoir se renouveler tout en assurant aux générations futures de répondre
aux besoins qu’ils développeront.
La prise en compte du développement durable par les collectivités dans leur document
d’urbanisme est soumise à un contexte réglementaire. Les fondements des articles L.110-1 du code
de l’environnement, L110, L.121-1 et L.300-2 du code de l’urbanisme2 doivent concourir à mettre
en œuvre les principes du développement durable dans la planification urbaine. L’Approche
Environnementale de l’Urbanisme (AEU), outil d’accompagnement et de sensibilisation, intervient
à chaque étape de l’étude pour finaliser un projet d’aménagement durable du territoire. L’AEU est
un programme financé par l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME),
il aide les collectivités à poursuivre une réflexion intégrant l’environnement, remettant ainsi en
question les aménagements qui auraient pu être planifiés et mis en œuvre jusqu’à présent. L’AEU
constitue donc une mesure pour orienter les collectivités vers une démarche de développement
durable. Elle propose aux acteurs de se saisir de l’approche en proposant plusieurs thèmes de
réflexions, énergie climat ; déplacements ; déchets ; eau ; sol et sites pollués, bruit, biodiversité et
paysage.
Cette démarche développement durable, impliquant simultanément plusieurs disciplines, se
veut globale et transversale. Pouvons-nous dès lors poser l’hypothèse qu’à travers cet outil, le
paysage puisse constituer la trame directrice d’une politique de développement durable de long
terme? Effectivement, le paysage « (…) est une composante de l’environnement au même titre que
l’eau, l’air, et la diversité biologique (…) » et « (…) la mise en place de politiques paysagères doit
aboutir aux objectifs du développement durable (…)3 ». La planification urbaine, et sa finalité de
fonder des projets de territoire durable, représente un moyen privilégié d’élaboration des
politiques publiques paysagères « cadre de vie » (en opposition aux politiques paysagères
« patrimoniales » traitées au niveau national) garantissant les orientations prescrites par la
convention européenne du paysage. La prise en compte du paysage dans les projets de territoire doit
donc favoriser la mise en œuvre de la démarche développement durable.
Le concept de développement durable évoque principalement le maintien d’un environnement
capable de répondre aux besoins des générations futures. La notion d’environnement et la notion de
paysage semblent parfois difficiles à différencier, nous pouvons définir l’environnement4 comme
l’« ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles
(sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l’homme) se développent ».
La définition de la notion de paysage sera empruntée à celle née du consensus scientifique établi au
cours de la convention européenne du paysage en 2000 : « Paysage » désigne une partie de
territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs
naturels et / ou humains et de leurs interrelations». Le concept de paysage se distingue de celui
d’environnement par sa dimension duale, matérialité/immatérialité. Les multiples représentations
que les acteurs en ont tendraient d’ailleurs à qualifier différemment sa valeur.
1 Rapport publié en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement.
2 D’après DANCETTE Bernard, « Le pilotage d’un PLU par les petites collectivités : cadrage général sur la prise en
compte du développement durable dans le contexte réglementaire », Les entretiens techniques et écologiques du parc
naturel régional Loire Anjou Touraine, 13 novembre 2008, DDE d’Indre et Loire, PNR Loire Anjou Touraine. 3
Paysage et développement durable : les enjeux de la convention européenne du paysage, Editions du Conseil de
l’Europe, 2006, p 15. 4 Cf. Dictionnaire « Le petit Robert ».
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Introduction 2
Quelle peut donc être la trame directrice d’une politique de développement durable de long
terme ? L’approche paysagère peut-elle servir de support à une démarche de développement durable
ambitieuse ? Les perceptions que nous avons du paysage influencent-elles les initiatives en faveur
du développement durable ?
Le Bureau d’Etudes VU D’ICI, (entreprise de statut social SARL) domicilié depuis 1997 dans
la Technopole angevine aide les organismes privés et publics à élaborer leurs projets de territoire ou
d'aménagement par l'étude, la conception et le suivi en maîtrise d’œuvre en matière d’urbanisme et
de paysage. Cette agence se compose d’une équipe pluridisciplinaire qui intègre deux ingénieurs
paysagistes, une urbaniste, un ingénieur agronome, trois assistants infographiques (designer
environnemental, concepteur paysagiste, designer d’espace) et une assistante de direction.
Mon rôle durant ce stage a été d’assister l’urbaniste de l’agence dans l’ensemble des
dossiers dont elle était en charge. J’ai pu participer au montage de dossiers portant sur des
modifications de Plan d’Occupation des Sols (POS), sur des études foncières préalables à la
création d’une ZAC (Zone d’Aménagement concertée), sur des études préalables aux permis de
lotir, de réaliser des supports cartographiques sous logiciel Illustrator, de contribuer aux premières
étapes de la mise en place des PLU des communes de Vallet et de Saint Laurent sur Sèvre. J’ai
donc concouru à la rédaction de notice (permis de lotir, permis d’aménager), de rapports de
présentation (PLU), de supports de présentation projetés lors des réunions, mais il m’a, en
particulier, permis de collaborer à la réflexion globale des études en cours et de me rapprocher de
professionnels préoccupés par les questions liées au paysage et au développement durable.
Dans ce mémoire je présenterai le travail effectué sur deux dossiers, ceux concernant les
PLU des communes de Vallet, en Loire Atlantique, et de Saint Laurent sur Sèvre, en Vendée. Le
suivi de la démarche d’élaboration de la première phase des PLU comporte l’analyse sur le terrain
des paysages de ces deux communes, la participation à la mise en place des réunions de Comité de
Pilotage PLU jusqu’aux premières réflexions sur les dispositions du Projet d’Aménagement et de
Développement Durable (PADD). Ce choix a été guidé par l’intégration de la démarche AEU au
PLU de la commune de Saint Laurent sur Sèvre. Il me semblait intéressant dans le contexte sociétal
actuel d’étudier cet outil dévolue à la promotion du développement durable et de plus en plus
utilisé par les collectivités dans le cadre de la planification urbaine. La mise en perspective avec le
PLU de Vallet relève du fait que cette dernière n’a pas souhaité s’engager dans une démarche AEU,
tout en associant différentes mesures pour s’assurer d’un développement durable. Nous pouvons
alors analyser les diverses modalités des collectivités pour intégrer le développement durable dans
leur développement urbain, notamment à travers l’outil paysage. Je m’appuierai également sur des
sources documentaires variées allant de textes législatifs à des travaux de recherche sans oublier les
nombreux sites institutionnels. L’analyse du rôle du paysage dans les pratiques de développement
durable se fondera enfin sur une série d’entretiens passés auprès de professionnels associés aux
projets de territoire de collectivités et d’élus locaux. L’enquête a été parfois difficile à mettre en
œuvre, se déroulant au cours de la période estivale pendant laquelle les interlocuteurs des
collectivités et organismes sont difficilement disponibles. De plus la durée du stage ne permet de
suivre que le début de l’élaboration du PLU qui dure deux ans. Pour cette raison les conclusions de
ce travail demeureront des perspectives sur la question posée, d’autant plus qu’une partie des
documents disponibles ne pouvait être diffusée compte tenu de leurs caractères provisoires dans
l’élaboration des PLU (les réflexions concernant la réalisation du PADD notamment).
J’ai voulu présenter à travers ce mémoire les possibilités pour le concept de paysage de
servir de trame directrice à la mise en place de politiques d’urbanisme soucieuses de développement
durable. Pour cela, nous verrons les raisons relatives à la mise en œuvre du concept de
développement durable et plus précisément les préoccupations résultant d’un urbanisme
préjudiciable à l’environnement et les moyens mis en œuvre pour contrer cet état de fait. Nous
étudierons ensuite l’application concrète du développement durable dans la planification urbaine en
y analysant la place du paysage. Une dernière partie plus réflexive nous permettra de rendre compte
des liens qu’entretiennent le paysage et le développement durable dans les projets d’urbanisme
locaux.
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Partie 1 – Chapitre 1 3
PARTIE 1 L’APPROCHE ENVIRONNEMENTALE DE L’URBANISME :
OUTIL D’INTEGRATION D’UNE DEMARCHE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES DOCUMENTS D’URBANISME.
Introduction
A partir des années soixante, des préoccupations sont apparues sur les activités humaines en raison de leurs impacts sur l’environnement. Les débats scientifiques et politiques ont forgé des concepts et des réglementations permettant de développer des démarches orientées vers le développement durable. Les questions urbaines ne font pas exception, elles se retrouvent au cœur des problématiques du développement durable et font l’objet de nombreuses réglementations. Au fur et à mesure, l’arsenal d’outils permettant de tendre vers un urbanisme durable s’est enrichi, notamment à travers l’Approche Environnementale de l’Urbanisme.
CHAPITRE 1 - LE CONTEXTE, LES ENJEUX : POURQUOI PROMOUVOIR UN URBANISME DURABLE ?
L’ambition d’un urbanisme durable se conçoit comme le prolongement concret au niveau
local du concept de développement durable, né des inquiétudes face aux dégradations de
l’environnement causée par l’activité humaine.
a. Constat - bilan.
Les êtres vivants transforment le milieu dans lequel ils vivent, l’être humain peut-être plus
que tous les autres. Dès son apparition sur la planète et du fait de son intelligence, il a constamment
cherché à améliorer son existence. Les premiers changements qu’il a pu induire sur son milieu date
de la domestication du feu, une des premières preuves de l’humanité (400000 ans). Cette faculté lui
a permis de sélectionner certaines espèces au détriment de certaines autres. L’apparition de
l’agriculture va expliquer l’augmentation de la courbe de la population mondiale. Elle impliquera
sur le plan social, le passage d’un mode de vie très mobile à un mode de vie sédentaire qui
permettra l’accumulation de biens, le stockage de nourriture, le commerce et l’apparition des
premières villes (10000 ans).
Mais il faut attendre la révolution industrielle pour noter les incidences les plus notables de
l’homme sur la nature. Si jusqu’au 18ème
siècle, la vie quotidienne se reproduit sensiblement à
l’identique de génération en génération, à partir du 19éme
siècle, chaque génération peut constater de
son vivant, l’amélioration de son niveau de vie. La progression des effectifs de l’humanité devient
exponentielle et l’activité est basée sur l’utilisation d’énergies fossiles non renouvelables. En
seulement 150 ans, leur utilisation à grande échelle est à l’origine du « Progrès », auquel l’homme
doit beaucoup, mais également source d’impacts environnementaux inquiétants. Les perspectives
calculées par les experts démographes des Nations Unies s’élèvent en moyenne à 9,3 milliards
d’êtres humains d’ici 2050. L’augmentation de la population mondiale et la volonté individuelle
d’améliorer son niveau de développement provoqueront des besoins croissants et une forte pression
sur les ressources.
Dans un premier temps les interrogations scientifiques portent sur les volumes de ressources
disponibles et les capacités de l’espèce humaine à exister sans celles-ci. Il est possible de faire un
rapide bilan des impacts de l’activité humaine sur l’environnement :
L’eau.
La gestion de l’eau douce, élément vital, est de fait, l’une des préoccupations sociétales les
plus anciennes. Elle a engendré des modifications, des aménagements des systèmes aquatiques et
bouleversée l’hydrologie mondiale : irrigation, endiguement et canalisation des cours d’eau,
aménagements hydrauliques (barrages), assèchements des zones humides, puisage des nappes
phréatiques, etc.
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Partie 1 – Chapitre 1 4
Les réserves en eaux exploitables non seulement s’épuisent mais se dégradent. Des linéaires
de rivières disparaissent chaque année par l’assèchement que leurs font subir des prélèvements trop
importants et leurs qualités diminuent en raison des pollutions organiques et chimiques. Ces
pollutions sont produites par les intrants agricoles et par les déchets organiques de l’homme, rejetés
encore de façon inconsidérée dans les cours d’eau servant ainsi de collecteurs évacuateurs.
Si le nombre d’individus a été multiplié par quatre au cours du siècle dernier, la
consommation d’eau, l’a été par neuf. Aujourd’hui, 33500 à 47000 km3 d’eau douce seraient
renouvelables chaque année, 1/3 serait potentiellement utilisable par l’homme5.
Tableau n°1 - Utilisation par l’homme des ressources en eau.
Volume Proportion
Ressources en eau utilisées par l’homme 3600 km3 / an 100 %
Ressources en eaux utilisées par l’homme pour
l’agriculture 2480 km
3 / an 69 %
Ressource en eau utilisées par l’homme pour
l’industrie 750 km
3 / an 21 %
Ressource en eau utilisées par l’homme pour les
besoins domestiques 330 km
3 / an 10 %
Sophie DE GRAEVE d’après C. LEVEQUE, Y. SCIAMA, « Développement durable, nouveau bilan », Dunod, 2008.
L’occupation des sols.
Entre 40 et 50 % des terres mondiales sont transformées et/ou dégradées par l’homme. Ces
transformations sont la cause principale de l’érosion de la biodiversité et contribuent à modifier le
climat à l’échelle locale ou régionale. En France, le territoire urbain occupe environ 4 millions
d’hectares, soit 8 % du territoire. Cette artificialisation du territoire croît rapidement, depuis 1992,
330 km² surfacique en moyenne sont utilisés pour l’habitat individuel qui consomme des terres
agricoles et des espaces dits « naturels ». La transformation de l’usage des terres s’exprime donc à
travers l’urbanisation, mais elle peut également prendre d’autres formes. Ainsi, en lien avec le
développement de l’activité humaine, on note l’expansion des processus de déforestation et de
désertification.
Le climat.
Deux problèmes majeurs liés à la pollution atmosphérique sont apparus au cours des dernières
décennies : l’accroissement de l’effet de serre6 et ses conséquences climatiques, et, l’affaiblissement
de la couche d’ozone stratosphérique.
Le consensus actuel dans la communauté scientifique atteste du changement climatique. La
planète s’est réchauffée de 0,7°C au cours du siècle dernier, et les modélisations réalisées par le
Groupement Intergouvernemental d’Etude du Climat (GIEC) annoncent pour le siècle à venir une
hausse de 1,1 à 6,4°C de la température moyenne de la planète. Cette fourchette large tient aux
différents scénarii paramétrés concernant les évolutions de la croissance mondiale. La terre se
réchauffe, ces changements climatiques s’opèrent selon deux facteurs, le premier répondrait de
fluctuations naturelles et le second aux Gaz à Effet de Serre (GES) dans l’atmosphère. Ces GES
sont présents naturellement dans la nature, en leur absence la terre serait plus froide d’une trentaine
de degrés. Ces gaz sont la vapeur d’eau, le CO², le méthane, des composés sulfurés et des composés
azotés. Le problème provient de l’effet de serre dit « additionnel », c’est-à-dire, de l’augmentation
des concentrations de ces GES dans l’atmosphère liée aux activités humaines. Des composés
chimiques créés par l’homme contribuent alors largement (15% du CO²) à cet effet de serre, dont
les halocarbures7. La production de ces gaz, dotés d’une impressionnante longévité, continue de
croître.
5 Cité dans « Développement durable, nouveau bilan », Christian LEVEQUE, Yves. SCIAMA, Dunod, 2008, p.17.
6 Effet de serre : processus naturel de réchauffement de l'atmosphère et accentué par l’activité humaine.
7 Les hydrocarbures halogénés, ou halocarbures, sont des composés organiques dont les molécules contiennent au moins
un atome d'halogène.
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Partie 1 – Chapitre 1 5
Que doit-on craindre d’un réchauffement climatique ?
- Une intensification et une multiplication des phénomènes extrêmes (tempêtes, canicules,
sécheresses, cyclones…),
- Des continents qui se réchaufferont plus rapidement que les océans,
- Les régions polaires qui se réchaufferont plus rapidement que les régions équatoriales,
- La modification du cycle de l’eau : les régions arides verront la pluie se raréfier et
inversement les régions au bilan hydrique excédentaire verront leur volume en eau
augmenter,
- Une augmentation du niveau de la mer.
Chacun de ses facteurs entrainera, de façon systémique, différents impacts sur la
biodiversité, sur la qualité et la quantité d’eau disponible, sur la cartographie des épidémies, etc.
Selon le GIEC, ce processus serait déjà en marche.
b. De la notion d’écodéveloppement à celle du développement durable.
Nos modes de vie et la croissance forte que nous connaissons depuis le milieu du XXème
siècle
ont donc de nombreux impacts négatifs : l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables
(énergies fossiles) ou renouvelables (ressources halieutiques), la destruction et la fragmentation des
écosystèmes, la diminution de la biodiversité, le réchauffement climatique, les pollutions
émergentes, les catastrophes industrielles, etc. Nous craignons pour le futur que la raréfaction des
ressources en eau ou la sous production de denrées alimentaires n’engendrent des conflits. Ces
phénomènes interpellent l’opinion publique et les associations comme WWF ou Greenpeace, etc.
Le questionnement sur la remise en cause de notre modèle de développement est aujourd’hui très
présent comme le montre la médiatisation de personnalités portant ce thème.
i. Une prise de conscience qui se confirme dans les années 1970.
Cette prise de conscience n’est pas récente, elle remonte au tournant des années 70. Une
première étape réside dans le rapport MEADOWS sur les limites de la croissance paru en 1972 et
commandité par le Club de Rome8. Selon ce rapport, seul un équilibre avec le maintien d’un niveau
constant de population et de capital permettrait d’éviter « la catastrophe qui guette l’humanité ».
Connu sous le nom de « croissance zéro », ce rapport fut qualifié de malthusien, car il lie la
croissance de la population à la croissance des richesses, et fut jugé irrecevable par les politiques,
les scientifiques et les médias.
La première conférence internationale sur l’environnement humain eut lieu peu de temps
après la publication du rapport MEADOWS, à Stockholm, en 1972. Elle définit l’idée
d’écodéveloppement, questionne les liens entre écologie et économie, affirmant la nécessité de
remettre en cause les modes de développement du Nord et du Sud, générateurs de pauvreté et de
dégradations environnementales. Qualifiée rétrospectivement de Sommet de la Terre, elle pose
comme principe des rencontres tous les dix ans entre les pays sur les questions de l’environnement
et permet la naissance du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Si cette
conférence n’est, dans un premier temps, pas un succès, elle montre que désormais l’environnement
est un patrimoine mondial à protéger et que les solutions doivent être réfléchies dans une dimension
globale.
En effet, et plus encore au cours de la décennie 80, la prise de conscience de l’existence de
pollutions transfrontalières et de phénomènes aux conséquences planétaires (effet de serre,
déforestation, désertification, etc.) met en perspective la globalisation des questions
environnementales et la justification d’une solidarité planétaire en matière d’environnement.
Une étape plus fondamentale correspond au rapport BRUNDTLAND intitulé « Notre avenir à
tous », publié en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Le
rapport consacre le terme de «sustainable development» successivement traduit en français par
«développement soutenable», puis «développement durable» : «Un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »
8 Club de Rome : Groupe informel de chercheurs, d’experts, et de hauts fonctionnaires de différents pays.
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Partie 1 – Chapitre 1 6
Un tournant décisif sera constitué par la conférence de Rio de Janeiro, conférence des Nations
Unies sur l’environnement et le développement (aussi appelé Sommet de la Terre), en 1992
réunissant 182 Etats (Nord et Sud) pour débattre de l’avenir de la planète. La question devient
réellement internationale. La définition du rapport BRUNDTLAND, axée essentiellement sur la
préservation de l’environnement et la consommation prudente des ressources naturelles non
renouvelables, verra sa définition se doter des trois piliers, « le progrès économique, la justice
sociale, la préservation de l’environnement ». Désormais, nos sociétés doivent permettre le
développement économique et social, en privilégiant les plus défavorisés, mais sans obérer les
capacités des générations futures, grâce à la préservation des ressources naturelles.
Ce sommet instaura une nouvelle dynamique pour de multiples raisons :
- La notion de développement durable jusqu’à présent vague sera approfondie par la rédaction
des 27 principes de RIO.
- Des nouveaux types d’accords multilatéraux sur l’environnement lui sont dus.
- Il instaure le programme « Agenda 21 », catalogue de 2500 actions à mettre en œuvre au
niveau international. (Recommandations qui ont donné naissance à des initiatives locales
efficaces car suivies de résultats concrets.)
Le concept de développement durable s’est aujourd’hui largement diffusé, il a pénétré le
discours politique et le vocabulaire du marketing. Il s’est plus ou moins imposé aux acteurs
politiques et économiques dans les pays industrialisés mais aussi aux individus. Il n’est pas
uniquement réservé aux pays du Nord, les pays émergents n’y sont pas indifférents et dans le
monde, le développement durable fait l’objet de programmes et de stratégies.
ii. Le concept du développement durable.
Ce concept est censé guider les conduites individuelles et les stratégies collectives, il s’agit
d’une mise en perspective éthique des problèmes à résoudre auxquels nous pouvons être confrontés.
S’inscrire dans une logique de développement durable implique une façon particulière de poser les
problèmes : le concept porte une représentation du monde liant indissolublement la satisfaction des
besoins économiques et sociaux à la protection de l’environnement. Le développement durable
correspond à un projet de société qui tend à rechercher les solutions qui assureront l’utilisation des
ressources naturelles au meilleur coût en tenant compte à la fois de l’environnement et de la justice
sociale .Il permet ainsi de tracer une ligne de conduite à la question fondamentale : dans quel monde
voulons-nous vivre ?
Un scénario pour le millénaire à été élaboré par les instances de l’ONU, afin de subvenir aux
besoins actuels sans pour autant se reposer sur l’utilisation non-durable de ressources non-
renouvelables, trois points clés ont été proposés :
- Efficacité (technologies performantes).
- Sobriété (technologies utilisées avec parcimonie).
- Utilisation de ressources renouvelables.
L’UNESCO, recommande également dans un contexte de développement durable une préservation
du patrimoine culturel à transmettre de génération en génération. Ceci constitue alors un
« quatrième pilier » du développement durable.
iii. Une notion pourtant contestée.
Bien qu’elle soit reconnue institutionnellement et internationalement, la notion de
développement durable compte de nombreux détracteurs. On peut les ranger en deux grandes
catégories. Pour les premiers, cette notion n’est qu’un « avatar » du développement9, ou encore un
« trompe l’œil idéologique en forme d’instrument de gestion globale dépourvu de toute aspiration
réaliste »10
. Le développement durable est alors perçu comme un pléonasme. En effet, les
9 Gilbert RIST, cité dans Le développement durable, les termes du débat, sous la direction de Marie Claude SMOUTS,
Armand Colin, 2004, p. 6. 10
Bernard HOURS, cité dans Le développement durable, les termes du débat, sous la direction de Marie Claude
SMOUTS, Armand Colin, 2004, p. 6.
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Partie 1 – Chapitre 1 7
économistes distinguent la croissance, phénomène de court terme du développement, phénomène de
long terme. Le développement ne peut donc qu’être durable. Il n’est possible qu’avec l’aide de la
croissance, ce qui signifie pour les détracteurs une augmentation de la production et de la
consommation conduisant au pillage des ressources de la planète et à l’accroissement des inégalités.
Le développement durable n’est au mieux qu’une construction du langage. Ils préconisent le
passage à la décroissance, au moins dans les pays riches, car la course à l’accumulation entraîne
plus de coûts que d’avantages.
Pour les autres, le développement durable rime avec conservationisme. Au nom de la défense
de l’environnement serait mis en avant un principe de précaution néfaste à long terme au
développement économique et social. Ils avancent l’idée de « subsidiarité », c'est-à-dire,
compenser par des investissements et par l’innovation les dégradations de l’environnement créées
par l’homme. Cette idée conduit à poser la question de la relation de l’homme au vivant.
Il ne s’agit pas ici de défendre aveuglément le concept de développement durable, il contient
des limites, notamment à travers sa vulgarisation qui fait que ce terme est parfois galvaudé par le
discours publicitaire. Mais sa reconnaissance institutionnelle et internationale, permettant de guider
les choix des acteurs fait qu’il présente un rapport avantages/inconvénients plus intéressant que les
projets défendus par ses détracteurs. Aussi comparer le développement durable à « un catalogue de
bons sentiments, un rappel d’évidences sans portée pratique relève de la simplicité » car, comme
l’affirme Jacques Theys11
, le développement durable s’il n’est pas un guide de solution, reste un
instrument de médiation permettant de lier ensemble des enjeux (la gestion des risques, les
préoccupations pour l’environnement) et des principes et critères de choix (principe de précaution,
responsabilités éthiques, etc.). Le développement durable n’est pas la solution mais il est l’enjeu.
Ce concept a cependant connu des difficultés à émerger au sein des élites françaises autrement
que de façon purement discursive. Pourtant, cette notion est porteuse d’innovations politiques et a
permis de renouveler les choix d’actions publiques et le rapport gouvernants/gouvernés12
car cette
référence au développement durable modifie les conditions de la définition du bien commun. Les
modalités d’exercice de la démocratie représentative se sont mises en place et enrichies au titre du
développement durable. En effet, l’ambition du développement durable est de rechercher le meilleur
équilibre entre les trois pôles, économique, social et environnemental. Ces trois piliers sont à
prendre en compte par les collectivités, les entreprises et les individus et un enjeu transversal s’y
greffe, la gouvernance. Cet enjeu est indispensable à la définition et à la mise en œuvre de
politiques et d’actions relatives à ce développement durable. Elle consiste en la participation de tous
les acteurs au processus de décision, elle est une forme de démocratie participative. On peut ici
parler d’un principe de transparence. Elle met également en avant un principe de précaution, qui
vise à prévenir les problèmes plutôt qu’à les traiter, et un principe de solidarité entre les différentes
populations.
Mais il est encore difficile de traduire les innovations intellectuelles du développement
durable en innovations politiques fortes, du fait de l’absence d’un milieu porteur. Si la
communication des ministères de l’écologie ou du développement durable successifs est devenue de
plus en plus importante, leurs administrations demeurent peu influentes, dotées de faibles budgets,
elles sont largement dominées par les politiques sectorielles. La société civile est également peu
informée et peu préparée aux exigences du développement durable, la mise en place de mécanisme
de consultation publique et leur fonctionnement adéquat est alors plus que nécessaire car sans la
participation active des populations, il ne saurait y avoir de développement durable. Les questions
environnementales sont encore trop souvent présentées comme une préoccupation post-matérialiste
des habitants des pays riches, bien que les habitants des pays du Sud paient le tribu le plus cher au
dérèglement climatique. Là encore, l’articulation du global au local dans chaque partie du monde se
révèle un challenge qui nécessite une vaste concertation basée sur le principe de transparence.
11
Jacques THEYS, cité dans Le développement durable, les termes du débat, sous la direction de Marie Claude
SMOUTS, Armand Colin, 2004, p. 11. 12
Pierre LASCOUMES, cité dans Le développement durable, les termes du débat, sous la direction de Marie Claude
SMOUTS, Armand Colin, 2004, p. 12.
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Partie 1 – Chapitre 1 8
Pour conclure sur cette notion nous pouvons citer les cinq finalités du développement durable
mises en avant dans les traités internationaux :
- La lutte contre le changement climatique et protection de l’atmosphère ;
- La préservation de la biodiversité, protection des milieux et des ressources ;
- La cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations ;
- L’épanouissement de tous les êtres humains ;
- La dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation
responsables.
c. L’étalement urbain et ses impacts environnementaux et paysagers : Vers un urbanisme durable.
La notion de développement durable, en tant que guide pour les actions à mener, repose sur
le principe désormais connu du « Penser global, Agir local ». Ainsi, tous les secteurs, à quelque
niveau que ce soit, doivent être amenés à envisager des mesures de développement durable. Nous
nous intéresserons plus particulièrement à ces interventions dans le domaine de l’urbanisme. Le
problème posé est celui de l’impact sur l’environnement et les paysages de l’étalement urbain.
i. Etalement urbain : constat.
Les surfaces dites artificialisées, (habitat, espaces verts associés, infrastructures de transport
et espaces dédiés au stationnement, équipements sportifs et socioculturels, activités économiques,
etc.), n’ont cessé de progresser. En 1993, elles couvraient 7% des 55 millions d’hectares de la
France métropolitaine, et en 2003, ce chiffre représentait 8,1% de l’espace soit 4,5 millions
d’hectares au total. Pendant que les surfaces agricoles diminuaient de 60000 hectares par an, les
surfaces artificialisées augmentaient annuellement d’autant, dont 35000 pour répondre aux besoins
en matière d’habitat.
Les raisons de ce développement urbain diffus ont été identifiées. La croissance
démographique, la croissance économique, les évolutions dans la structure familiale dont le
desserrement des ménages (diminution de la taille des ménages), l’évolution des standards de
conforts qui ont entraîné un renforcement de la demande en espace, sont en majeure partie
responsables de ces modes d’habiter dont l’emprise au sol s’accroît.
Ces processus s’accélèrent à partir des années 1970 et peuvent se schématiser comme il
suit :
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 1 9
Figure n°1 : Schéma du mécanisme spatial des villes amorcé dans les années 1970. Source : Sophie DE GRAEVE, d’après l’article « Morphologie urbaine et développement durable : transformations urbaines et régulation de l’étalement », Béatrice BOCHET, in « Enjeux du développement urbain durable », 2005.
Nora SEMMOUD13
définit l’habitat individuel comme « la quintessence résidentielle et
l’aboutissement de leurs (les individus) stratégies d’ascension et de distinction sociale ». Depuis une
quarantaine d’années, le choix résidentiel des individus s’est porté sur le périurbain. Les
représentations sociales des aires résidentielles périurbaines associent la demande sociale du
paysage qui s’incarne dans un désir de « nature champêtre » aux valeurs de distinction sociale
dévolues à l’habitat pavillonnaire. Le discours et les actions des acteurs privés et publics ont
encouragé ce phénomène. Les acteurs publics ont longtemps vanté les mérites d’un habitat
économiquement abordable et attractif (espace) pour les couches moyennes de la société répondant
ainsi aux problématiques de dépeuplement de leurs territoires. Les acteurs privés (constructeurs,
aménageurs…) ont simplement répondu sans efforts en investissement « Recherche et
Développement » à une demande constante, le pavillon. Donc, le désir des individus est confronté à
des normes techniques ou de rentabilité qui leurs sont étrangères. Ils ont alors la capacité à dépasser
cet obstacle, ils s’approprient leur environnement et finalement on retrouve les mêmes schémas à la
campagne qu’à la ville avec la difficulté supplémentaire de devoir choisir entre ouverture sur la
nature et protection de son intimité. La conséquence se traduit par une homogénéisation des formes
qui entraîne une banalisation croissante des paysages, ce qui pose des problèmes de repérage et
d’identité.
13
Nora SEMMOUD, « L’habiter périurbain : choix ou modèle dominant ? », Revue de géographie alpine, Année
2003, v.91, n° 4, P. 55-64.
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Partie 1 – Chapitre 1 10
Les pouvoirs publics, commencent à percevoir les effets négatifs de l’étalement urbain, cette
tendance se retrouve dans les nouveaux documents de planification urbaine qui remettent en cause
les précédents pour privilégier une démarche d’urbanisme durable.
ii. Les impacts environnementaux et paysagers de l’étalement urbain.
La conquête de nouveaux espaces à urbaniser se réalise le plus souvent au détriment des
espaces ruraux. De nombreux fronts d’urbanisation s’ouvrent au niveau des couronnes urbaines les
plus périphériques où la dissémination par mitage (ou de manière linéaire) de maisons individuelles,
imprègne fortement le paysage. Si la forme urbaine influe sur le cadre de vie des habitants, le bilan
environnemental subit, quant à lui, des impacts indéniables.
L’expansion urbaine s’avère d’une rapidité et d’une intensification importante depuis ces
vingt dernières années. Cet étalement urbain accompagne la mise en place de nouveaux paysages,
caractérisés par la domination du modèle pavillonnaire. Une nouvelle gamme architecturale et
végétale, une voirie le plus souvent dispendieuse, de nouveaux équipements, ont vu le jour. Le
phénomène de banalisation des paysages se traduit par la répétition monotone d’un nombre restreint
de motifs : lotissements pavillonnaires, petits collectifs, zones commerciales et leurs immenses
zones de stationnement, entrées de ville embarrassées de publicités, de giratoires, une chaussée
calibrée de nature routière le plus souvent. L’impact de cette morphologie est d’autant plus fort que
ces processus se reproduisent généralement d’une commune à l’autre et quelle que soit leur taille ou
leur localisation géographique. La multiplication des réseaux routiers de communication
accompagnant l’accroissement des zones dévolues aux fonctions résidentielles, commerciales,
artisanales et industrielles encourage la fragmentation des continuités paysagères et l’érosion de la
biodiversité.
La périurbanisation décuple les besoins en déplacement pendulaire. L’ADEME14
note que le
secteur des transports est fortement responsable de l’accroissement de la consommation d’énergie
en France, ainsi que des émissions de polluants et de gaz à effet de serre (ce qui renvoie au
problème global). La part du secteur est en 2006 de plus de 26% et l’on observe un quasi
doublement de sa consommation depuis 1973. C’est le transport routier qui domine de manière
écrasante le bilan énergétique. Il représente 80% de la consommation d’énergies, tous modes de
transport confondus. Cette hausse des consommations de carburant s’explique entre autres facteurs,
par la croissance continue des trafics de voyageurs. L’augmentation de la mobilité urbaine et
périurbaine, due à l’extension des villes, expliquent en partie l’accroissement de ce trafic.
Aujourd’hui, les voitures particulières assurent par exemple 83% des kilomètres effectués par les
personnes. Deux options sont envisageables pour tendre vers une diminution des émissions des Gaz
à effet de Serre, transporter moins en réduisant les volumes de trafic, transporter mieux en
favorisant un report des trafics routiers vers les modes moins consommateurs et moins polluants
(transports collectifs).
Ce modèle de développement urbain consomme le foncier jusqu’alors agricole. Dans son
livre blanc15
, la FNSAFER incrimine l’urbanisation dispendieuse qui consomme la terre agricole.
L’organisme a pu observer, entre les années 1988 et 2000, une diminution de l’ordre de 720000
hectares de la surface agricole utile (SAU), soit 60000 hectares annuels, un peu plus de la moitié
de ces hectares seront consacrés à l’habitat individuel. Les analyses de la FNSAFER interrogent les
apports de l’urbanisation en milieu rural. L’étalement urbain est en passe de remettre en cause la
fonction de l’agriculteur dans la préservation des paysages des campagnes, la gestion des terres et
la pérennité d’une profession.
La consommation énergétique par habitant augmente lorsque la densité de l’espace urbanisé
décroit, l’urbanisme contribue aux émissions des gaz à effet de serre, et sa forme lâche d’autant
plus. La forme individuelle de l’habitat génère une augmentation des besoins en combustible pour
le chauffage qui s’avère nettement supérieure, de même l’artificialisation du sol entraîne une
réduction de leur capacité de stockage en carbone.
14
www.ademe.fr 15
FNSAFER, La fin des paysages ? Livre blanc pour une gestion ménagère de nos espaces ruraux, Octobre 2004.
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Partie 1 – Chapitre 1 11
De la même manière, elle provoque, une accélération de la circulation des eaux, entrainant
souvent des inondations par ruissellement urbain. Nous assistons également à un accroissement des
risques de nature multiple (incendies, inondations, affaissements de terrain, etc.).
L’étalement urbain se révèle alors être la forme la plus coûteuse de développement
résidentiel en termes de coûts pour la collectivité, de coûts environnementaux, de consommation de
ressources naturelles et de nombreux types de coûts individuels. Cet accroissement des coûts
supporté par la collectivité pour la construction, l’exploitation et l’entretien des réseaux techniques
et des équipements collectifs sera-t-il supportable sur le long terme (évolution structurelle de la
population, crise énergétique), une fuite vers les plus grandes agglomérations, lieu de l’emploi, est-
elle envisageable ?
Les risques sont également de nature sociale puisqu’avec le phénomène de l’étalement
urbain et la « spécialisation des espaces », les processus de « déconnexions spatiales » produisent
un effritement de la cohésion et de la mixité sociale.
Béatrice BOCHET introduit la notion de « cercle vicieux » de l’étalement urbain. Une
boucle de rétroaction dont la mobilité est un des facteurs primordiaux pour comprendre les
dynamiques des territoires urbains. Figure n°2 : Le cercle vicieux de l’étalement urbain.
Sources : Sophie DE GRAEVE, d’après l’article « Morphologie urbaine et développement durable : transformations urbaines et régulation de l’étalement », Béatrice BOCHET, in « Enjeux du développement urbain durable », 2005.
Le phénomène trop consommateur d’énergie et de foncier doit être rétrocédé au profit d’un
modèle plus durable. Quelles alternatives les collectivités peuvent-elles mettre en place afin de
palier aux impacts induits par un urbanisme trop lâche ? Quels sont les outils dont-elles disposent
pour reconquérir leurs paysages et protéger l’environnement ?
iii. Vers un urbanisme durable :
La notion de ville durable émerge dans les années 1990, des conférences des « villes
durables européennes» vont entériner ce concept : la Conférence et la Charte d’Aalborg en Mai
1994, la Conférence et le plan d’action de Lisbonne en Octobre 1996, la Conférence et l’Appel de
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Partie 1 – Chapitre 1 12
Hanovre en 2000. Un des objectifs majeurs de ces travaux est la mise en application par les villes de
l’Agenda 21 local institué au sommet de la Terre de Rio de Janeiro.
Cyria EMELIANOFF, géographe spécialiste de la question, donne une définition16
de la ville
durable en trois temps :
- La ville durable «(…) est une ville capable de se maintenir dans le temps, de garder une
identité, un sens collectif, un dynamisme à long terme. » La ville, pour se projeter dans
l’avenir doit prendre conscience de son passé et de ses spécificités. L’adjectif accolé
« durable » renvoie aux capacités de la ville à se redéfinir et à se reconstruire sur elle-
même.
- « La ville durable doit pouvoir offrir une qualité de vie en tous lieux et des différentiels
moins forts entre les cadres de vie. Cette exigence appelle une mixité sociale et
fonctionnelle, ou, à défaut, des stratégies pour favoriser l’expression de nouvelles
proximités : commerces et services de proximité, nature et loisirs de proximité,
démocraties de proximité, proximités aussi entre les différentes cultures de la ville, entre
les groupes sociaux, entres les générations. » Une ville durable qui s’appuie sur cette
notion de proximité pour diminuer le problème des coûts engendrés par la mobilité « en
partie contrainte », « coûts énergétiques (…) géopolitiques (…) climatiques (…) de santé
publique (…) économiques (…) sociaux (…) ». La solution pour pallier à l’augmentation
des coûts induits par l’étalement urbain se dessine alors dans la mise en place du concept
de ville durable « qui devient une ville de relative compacité ».
- Enfin, une ville durable est « une ville qui se réapproprie un projet politique et collectif,
renvoyant à grands traits au programme défini par l’Agenda pour le XXIème
siècle
(Agenda 21) adopté de la conférence de Rio », c'est-à-dire une collectivité, qui à son
échelle locale, recherche « un développement équitable sur le plan écologique et social, vis
à vis de (son) territoire et de l’ensemble de la planète ».
La ville durable constitue un projet à l’échelle locale où peuvent être initié des démarches de
développement durable ayant des répercussions au niveau global. Elle est un projet collectif autour
duquel les acteurs concernés se réunissent afin de s’interroger sur les problématiques liées au
développement de l’urbanisme.
Le développement urbain durable peut se décliner en objectifs concrets17
:
- Réduction de la consommation d’espace par une densification et une rationalisation de
l’espace ;
- Limitation des déplacements inutiles d’hommes et de marchandises ;
- Maîtrise de la consommation énergétique et des pollutions ;
- Amélioration de la qualité urbaine.
Une ville plus durable est une ville plus dense, plus compacte, moins dépendante de la
voiture, plus économe en énergie. L’étalement urbain devient effectivement une des préoccupations
politiques majeures de l’aménagement territorial. Les collectivités quelque soit leur échelle sont
confrontées à cette problématique et la plupart sont en passe aujourd’hui de comprendre
l’importance des impacts induits, qu’ils soient locaux ou globaux, par un développement urbain en
inadéquation avec les objectifs environnementaux de l’ensemble de la communauté internationale.
La volonté d’intégrer les principes de développement durable dans les projets d’urbanisme
répond à des volontés individuelles et/ou collectives. On est alors dans le cadre de normes sociales,
relativement implicites, pouvant évoluer dans le temps. Dans nos sociétés modernes, les normes
sociales sont encadrées par des normes juridiques afin de les orienter dans un sens jugé souhaitable.
Il convient donc de s’intéresser à ces normes juridiques qui fixent un cadre explicite aux projets de
développement durable.
16
Définition parue en 2002, dans le rapport « Ville et Développement Durable : Des expériences à échanger » du site
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/agenda21/intro/emelia.htm, Ministère de l’écologie et du développement durable. 17
D’après A. DA CUNHA, « Développement durable, transformations urbaines et projet : Enjeux et défis », p.9-10.
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Partie 1 – Chapitre 2 13
CHAPITRE 2 - UNE REGLEMENTATION POUR CONFIRMER L’AMBITION UNIVERSELLE DU DEVELOPPEMENT DURABLE : DES OUTILS REGLEMENTAIRES EN VOIE D’AFFIRMATION.
Nous organiserons notre étude selon la hiérarchie des normes définies par Hans Kelsen18
,
des normes internationales assez généralistes vers les normes locales plus précises.
a. Inquiétude de la communauté internationale face aux problématiques environnementales.
La question de l’environnement occupe les préoccupations politiques depuis plus d’une
trentaine d’années. L’apparition du terme de « mondialisation » dans les années 1990, (phénomène
en réalité ancien remontant pour certains aux temps des explorateurs, de la colonisation européenne,
et incontestable à la suite des progrès techniques des XIXème
et XXème
siècles), a permis de mettre
en exergue la dimension planétaire des rapports liants société, économie et environnement. La
mondialisation se définit19
par l’ « ensemble des forces qui s’exercent à l’échelle de la planète et qui
ont pour conséquence d’uniformiser les sociétés, leurs modes de vie et leurs cultures. La
mondialisation est un processus complexe qui touche non seulement la production et les échanges
de biens et de services, mais également les processus de décisions dans tous les domaines,
notamment dans ceux de l’environnement et du développement ». C’est dans ce contexte que la
communauté internationale s’est attachée à organiser le dialogue et la concertation afin de mettre
en place des conventions et des accords internationaux. Elle a pris en considération les
problématiques environnementales modernes du fait de la dimension transfrontalière des pollutions
et du réchauffement climatique et actuellement près d’un millier d’instruments juridiques (traités
bilatéraux, multilatéraux, ou déclarations volontaires) sur l’environnement existent.
Nous citerons ici une liste non exhaustive des principales conventions internationales
relatives aux problématiques de l’environnement.
Les sommets de la Terre.
Des rencontres décennales entres dirigeants mondiaux, les sommets de la Terre, conférences
des Nations Unies, permettent à la communauté internationale de redéfinir les moyens d’encourager
le développement durable au niveau mondial. Ces sommets ont une grande portée symbolique
puisqu’ils représentent la voie vers une culture mondiale du respect de l’environnement :
- Le Sommet de Stockholm (1972, Suède), place pour la première fois les questions
écologiques au rang de préoccupations internationales.
- Le Sommet de Nairobi (1982, Kenya) reste un échec.
- Le Sommet de Rio de Janeiro (1992, Brésil), resté célèbre pour avoir vulgarisé la
définition du Développement Durable du rapport Brundtland.
- Le Sommet de Johannesburg (2002, Afrique du Sud), Sommet Mondial pour le
Développement Durable (SMDD), ce sommet a eu pour objectif de remotiver les Etats à
réitérer leur engagement politique en faveur du développement durable.
(En 1992, ces sommets ont donné naissance, entre autre, au Protocole de Kyoto, une
convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.)
Les conventions européennes.
Nous nous appuierons sur les conventions phares témoignant de la progression de la
réflexion des politiques européennes en matière de développement durable.
En premier lieu, nous ne pouvons faire l’impasse sur la convention européenne du paysage,
adoptée le 20 octobre 2000 à Florence. Cette convention est la première spécifiquement et
18
Hans Kelsen (1881-1973) est à l'origine de la théorie dite de la pyramide des normes. Cette théorie vise à donner une
base objective et laïque à l'ordonnancement des différentes sources du droit, assurant ainsi une explication rationnelle
au principe de hiérarchie des normes. Le principe fondamental de cette théorie s'appuie sur l'idée de conformité. Ainsi,
la norme inférieure valide ne peut être contraire à la norme qui lui est immédiatement supérieure. Si tel est le cas, un
contentieux pourra aboutir à l' « annulation » ou la « correction » de la norme inférieure contraire invalide. 19
Cité dans « Développement durable, nouveau bilan », Christian LEVEQUE, Yves. SCIAMA, Dunod, 2008, p.199.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 2 14
exclusivement consacrée à la protection, à la gestion, et à l'aménagement de tous les paysages
européens ainsi qu’à l’organisation d’une coopération européenne dans ce domaine et à une
coordination des actions entre les différents niveaux de pouvoir (Europe, État, Régions,
Départements, intercommunalités et communes). La Convention est entrée en vigueur en France le
1er
juillet 2006.
Le 1er décembre 1999, la Commission économique pour l'Europe des Nations Unies (CEE-
NU) a obtenu de 26 pays européens, dont la France, qu'ils s'engagent à respecter, dans le cadre du
protocole de Göteborg, des plafonds d'émissions afin de réduire les impacts de la pollution
atmosphérique sur la santé et l'environnement.
Il n’existe en revanche pas de texte traitant spécifiquement du développement durable. Mais
le texte (non encore ratifié par tous les pays membres) de la constitution européenne propose que
« l'Union œuvre pour le développement durable de l'Europe » (alinéa 3 de l'article I-3). Le traité
constitutionnel européen semble donc placer le développement durable au centre de ses
préoccupations et en faire un des piliers des transformations de la société européenne.
b. les politiques du paysage et de l’environnement en France.
La politique s’est intéressée dès le début du XXème
siècle au paysage, un paysage alors
purement esthétique et élitiste, puis les préoccupations environnementales croissantes et les lois qui
leurs succèdent ont intégré le paysage à cet environnement comme le sont l’eau, l’air, la faune, la
flore et les sols. Le paysage, à travers de ces textes législatifs, devient une valeur collective,
attachée à un territoire et au cadre de vie qui en résulte. Nous listerons les textes nous paraissant les
plus structurants puis nous synthétiserons les engagements du Grenelle tenant compte de la
planification urbaine.
Tableau n°2 - Le cadre législatif tenant compte de l’environnement et du paysage pour un aménagement durable.
Date / Titre Objet
10/07/1976
Loi sur la protection de la
nature.
Les documents d’urbanisme doivent respecter les préoccupations
environnementales. « La protection des espaces naturels et des paysages, la
préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres
biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources
naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent sont »
déclarés « d’intérêt général ».Ainsi, tous les travaux ou projets
d’aménagement sont désormais soumis à des études d’impacts qui
comprennent au minimum une analyse de l’état initial du site et de son
environnement et l’étude des modifications que le projet y engendrerait
ainsi que les mesures pour les supprimer, les réduire et les compenser si
possible.
31/12/1976
Loi portant réforme de
l’urbanisme
On recherche un meilleur équilibre entre urbanisation et protection de
l’environnement.
03/01/1977
Lois sur l’architecture
« le respect des paysages naturels et urbains ainsi que celui du patrimoine
sont d’intérêts publics».
1986
Lois Littoral et Montagne
Le document d’urbanisme est le support local du principe de
développement et protection.
08/01/1993
Loi sur la protection et la mise
en valeur des paysages
Intègre l’idée de Paysage comme un élément essentiel des politiques
d’environnement et d’urbanisme: modification de l’enquête d’utilité
publique pour favoriser le débat, modification du permis de construire qui
intègre la question de l’intégration visuelle du bâtiment (volet paysager de
permis de construire), amélioration des dispositifs de protection
(Conservatoire du littoral, Parcs Naturels Régionaux…). (L123-1-7 du CU,
dans la réglementation du PLU « …identifier et localiser des secteurs à
protéger, à mettre en valeur ou à requalifier… »)
02/02/1995Loi Barnier Renforcement de la protection de l’environnement.
25/06/1999
LOADDT, Loi Voynet.
Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du
Territoire. Intègre les notions de développement durable et de participation
citoyenne et institue les Schémas Régionaux d’Aménagement et de
Développement du Territoire.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 2 15
Date / Titre Objet
13/12/2000
Loi Solidarité et
Renouvellement Urbain
(SRU)
Introduit la notion de développement durable à prendre en compte dans les
plans locaux d’urbanisme (PLU) qui remplacent les plan d’occupation des
sols (POS). Ils présentent à travers le projet d’aménagement et de
développement durable (PADD) le projet urbain de la commune en matière
d’aménagement, de traitement de l’espace public, de paysage et
d’environnement. Ils doivent être compatibles avec les autres documents
d’urbanisme (les Scot) et les autres documents de renouvellement urbain et
de gestion de développement20
. Elle réforme la fiscalité de l’urbanisme
pour favoriser une utilisation plus rationnelle des espaces et décourager
l’urbanisme périphérique diffus.
Equilibre entre aménagement et protection, préservation des sites et
paysages (nouvel article L 121-1 du Code de l’Urbanisme).
27/06/2001
Directive n° 2001/du 2/CE
Les principaux plans et programmes susceptibles d’avoir des incidences sur
l’environnement seront soumis à une nouvelle procédure d’évaluation
environnementale.
Loi (modifiée) n°2002-276 du
27 février 2002
L. 110-1 du code de
l'environnement
«Les espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages (…) font
partie du patrimoine commun de la nation. Leur protection, leur mise en
valeur, leur restauration, leur remise en état et leur gestion sont d'intérêt
général et concourent à l'objectif de développement durable qui vise à
satisfaire les besoins de développement et la santé des générations
présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre
aux leurs »
02/07/2003
Loi Urbanisme et Habitat
Outils pour protéger le cadre de vie, protéger les éléments du paysage
(commune rurale), restauration du bâti (commune rurale)
Ratification de la convention
européenne du paysage, le 1er
mars 2004, entrée en vigueur
en France le 1er juillet 2006 et
publiée au Journal officiel par
décret du 20 décembre 2006.
Adoptée à Florence (Italie) en 2000, elle pose un cadre juridique pour
renforcer la place du paysage dans les politiques environnementales.
LOI (modifiée) n°2009-967
du 3 août 2009
L.110 du Code de
l’Urbanisme.
« Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. Chaque
collectivité publique en est le gestionnaire et le garant dans le cadre de ses
compétences. Afin d'aménager le cadre de vie, d'assurer sans discrimination
aux populations résidentes et futures des conditions d'habitat, d'emploi, de
services et de transports répondant à la diversité de ses besoins et de ses
ressources, de gérer le sol de façon économe, de réduire les émissions de
gaz à effet de serre, de réduire les consommations d'énergie, d'économiser
les ressources fossiles d'assurer la protection des milieux naturels et des
paysages, la préservation de la biodiversité notamment par la
conservation, la restauration et la création de continuités écologiques, ainsi
que la sécurité et la salubrité publiques et de promouvoir l'équilibre entre
les populations résidant dans les zones urbaines et rurales et de rationaliser
la demande de déplacements, les collectivités publiques harmonisent, dans
le respect réciproque de leur autonomie, leurs prévisions et leurs décisions
d'utilisation de l'espace. Leur action en matière d'urbanisme contribue à la
lutte contre le changement climatique et à l'adaptation à ce changement. »
Sources : Sophie DE GRAEVE, d’après Nathalie BLANC, Sandrine GLATRON, « Du paysage urbain dans les politiques nationales d’urbanisme et d’environnement, 2005 ; www.legifrance.gouv.fr.
Les politiques françaises du paysage devraient pouvoir prendre un nouvel élan grâce aux
engagements pris par le gouvernement français au cours des Grenelle de l’environnement. Le
Grenelle II, « boîte à outils » de la loi Grenelle I de l’environnement adopté le 23 juillet 2009,
propose la mise en œuvre des 268 engagements dont l’une des finalités est d’atteindre le « facteur
4 », engagement pris en 2003 devant la communauté internationale par le Chef de l’Etat et le
20
Cf. partie 2, Chapitre 1.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 2 16
Premier Ministre. Il s’agit de diviser par 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre du niveau
de 1990 d’ici 2050.
L’impact du Grenelle pour la planification urbaine concerne quelques uns de ces
engagements21
. Trois de ces 268 engagements concernent l’urbanisme et se répercutent sur la
planification :
- le n°48 - Reconquête des centres villes en déclin ;
- le n° 49 - Les éco-quartiers ;
- le n° 50 - Cadre législatif pour donner aux collectivités des outils adaptés. Les articles
L.110 et L121.1 et L.122.1 (concernant les SCOT) seront modifiés. La nouvelle rédaction
du Code de l’Urbanisme doit réorienter les PLU en faveur de l’intercommunalité et du
renforcement des possibilités en cas d’élaboration de plan intercommunal. Les
orientations d’aménagement et de programmation deviennent obligatoires et prescriptives.
Des possibilités réglementaires sont envisagées telles que la possibilité d’imposer une
densité minimale de construction pour les secteurs proches des transports en commun et le
respect de critères de performances énergétiques et environnementales renforcé.
Dans le cadre de la préservation et de la gestion de la biodiversité et des milieux naturels, trois
engagements peuvent être mentionnés :
- le n° 72 - Assigner aux PLU des objectifs de lutte contre la régression des surfaces
agricoles et naturelles ;
- le n° 73 - Inscription dans les PLU de la trame verte, complétée par une trame bleue ;
- le n° 76 - Restaurer la nature en ville (au titre de ses fonctions anti-ruissellement,
énergétique, sanitaire,…psychologique).
Enfin s’agissant de la préservation de la santé et de l’environnement, tout en stimulant
l’économie, deux points ont été retenus :
- le n° 153 - Révision de l’inventaire des points noirs de bruit pour fin 2007 et résorption
en 5 à 7 ans des plus dangereux pour la santé ;
- le n° 158 – Mise en place d’observatoire du bruit dans les grandes agglomérations.
Le Conseil National du Paysage22
a été consulté23
par la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie,
Chantal JOUANO, sur la prise en compte des enjeux du paysage dans la loi portant engagement
national sur l’environnement. Selon la Secrétaire d’Etat, « (…) le paysage est en filigrane de la
quasi-totalité de la loi portant engagement national pour l’environnement. Bâtiments et urbanisme,
énergies, biodiversité, gouvernance (…) », ces thématiques « (…) ont des liens étroits avec la
qualité du cadre de vie dont le paysage est partout un élément important ». Le constat a été fait que
le paysage avait été un grand oublié de ce Grenelle. Trois ateliers ont alors été ouverts par le conseil
pour réparer cet oubli et inscrire le paysage dans le projet de loi. Le premier sur la publicité et les
entrées de ville, le deuxième sur les paysages et l’énergie et le dernier sur la biodiversité et les
paysages. Les contributions et réflexions produites par ces ateliers doivent permettre d’enrichir le
texte de loi Grenelle II portant sur ces enjeux.
c. Mise en place des outils et résultats.
En lui-même le droit portant sur le paysage représente l’outil qui devrait permettre
théoriquement l’instauration de politiques du paysage. Les difficultés rencontrées pour impulser des
initiatives sont plurielles et des moyens de mise en œuvre viennent alors en aide aux collectivités
sensibilisées aux problématiques d’ordre environnemental. Nous citerons une liste d’outil, non
exhaustive, ayant pour objet le développement durable et/ou le paysage. (Nous ne décrierons pas
21
BUTEL Jacques, Support de présentation, « Le grenelle de l’environnement et les documents d’urbanisme : apports
des nouveaux outils du Grenelle et autres évolutions juridiques dans la mise en œuvre du développement durable »,
DREAL des Pays de la Loire, Colloque Ademe, 30 juin 2009. 22
Placé sous la responsabilité de Jean-Louis BORLOO, ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du
Développement durable et de la Mer, le Conseil national du paysage, organisme consultatif, est chargé d’accompagner
de son expertise la définition, la mise en œuvre et l’évaluation de la politique des paysages ainsi que de la Convention
européenne du paysage en France. 23
Communiqué de presse du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer en date du
22.07.09, http://www.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=5437.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 2 17
dans ce paragraphe l’outil AEU définit par l’ADEME, celui-ci faisant l’objet du prochain
chapitre.)
L’Agenda 21 local, déclinaison de l’Agenda 21, issu de la Conférence de Rio, est une
démarche destinée aux collectivités territoriales et leurs populations, afin qu’elles fixent un cadre de
travail pour mettre en œuvre les concepts du développement durable. Fondée à partir d’une volonté
politique, son élaboration nécessite une concertation entre l’ensemble des acteurs locaux.
Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) s’impliquent depuis plusieurs années dans la gestion
de l’urbanisme, la fédération des parcs anime un réseau paysage où la thématique de l’urbanisation
est devenue prépondérante. La charte du PNR doit, par ailleurs, être compatible avec le PLU d’une
commune adhérente au parc24
. Le PNR Loire-Anjou-Touraine, tient actuellement une réflexion sur
l’élaboration d’outils visant à l’intégration du développement durable dans les PLU. Selon
l’organisme25
, l’Approche Environnementale de l’Urbanisme doit permettre d’ « endiguer la
périurbanisation de l’axe Loire entre Tours et Angers » et concourir à un urbanisme durable. Le
PNR, souhaite par ses actions de formations sensibiliser au développement durable les élus (des
actions sont également menées en direction de la population et des scolaires), et intervenir ainsi en
amont dans les projets d’urbanisme pour lutter contre l’étalement urbain et la banalisation des
paysages. Le PNR a pu identifier les freins aux initiatives de développement durable :
- Un manque de connaissance du concept de développement durable par les élus ;
- Une difficulté à se projeter dans le long terme ;
- Des élus sous la contrainte des habitants ;
- La pression et l’injustice foncière ;
- La multiplication des acteurs et des normes.
Le PNR propose de répondre aux manques repérés et conseille, par la suite, des outils
adaptés aux collectivités désormais averties en matière de développement durable. Dans le cadre
des actions du PNR, il est incontestable que le paysage est un élément porteur de développement
durable.
Les Atlas, Charte, Plan et Contrat de paysage.
Les Atlas de paysages sont des documents de connaissance partagée qui permettent de
traduire sur le territoire le terme de paysage défini par la Convention européenne du paysage : ils
sont nécessaires à la définition des politiques du paysage. Elaborés, sous la conduite de comités de
pilotage composés des autorités publiques, des organismes professionnels et des ONG concernés,
par une équipe pluridisciplinaire, ce document recompose les informations sur les formes du
territoire, les perceptions et représentations sociales et sur l’ensemble des dynamiques qui s’y
observent pour constituer un « état des lieux » des paysages. Pour tenir compte des évolutions
permanentes des paysages, les Atlas sont actualisés régulièrement, tous les 10 ans.
La charte de paysage désigne le document officiel qui témoigne de l’engagement des
signataires à respecter les termes d’un texte programme, il s’agit d’une démarche volontaire qui
privilégie l’engagement contractuel des partenaires.
Le plan paysage, au-delà et en amont des outils de planification, promus depuis 1993,
permet de forger un « référentiel paysager commun » pour les politiques publiques à l’échelle
intercommunale. Ils correspondent désormais aux objectifs de qualité paysagère de la Convention
européenne du paysage et constitue un document d’orientation et d’action en faveur de la
protection, la gestion et l’aménagement des paysages.
Le contrat de paysage concerne, selon la circulaire du 21 mars 1995 du Ministère de
l’Environnement, des engagements entre l’Etat, les collectivités et les partenaires signataires pour
mettre en œuvre des programmes d’actions et d’opérations, à court et moyen terme en faveur du
paysage s’inscrivant dans des orientations spécifiques validées au préalable (exemple : contrat de
rivière).
24
La loi « paysage »(1993) institue l’obligation de compatibilité entre les documents d’urbanisme et les chartes de
PNR, la loi du 14 avril 2006, donne aux PNR la possibilité d’intervenir dans l’élaboration des Scot. 25
PNR Loire Anjou Touraine, Support de présentation, « Approche Environnementale de l’Urbanisme en Pays de la
Loire, pour concilier urbanisme et environnement », Colloque du 30 juin 2009.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 3 18
Au niveau local, une profusion d’initiatives est mise en œuvre pour faire avancer le
développement durable et la qualité paysagère, mais, malgré ces soutiens, il demeure difficile pour
les petites collectivités d’intégrer l’ensemble des obligations réglementaires et de les mettre en
œuvre dans un contexte qui appelle toujours à plus de vigilance. L’ADEME a alors souhaité mettre
à leur disposition un outil supplémentaire, l’AEU, permettant de prendre connaissance de
l’ensemble des exigences environnementales que réclame leur territoire et de donner sens et
contenu, en termes de qualité environnementale, de développement durable à la loi SRU.
CHAPITRE 3 - L’AMBITION DE L’APPROCHE ENVIRONNEMENTALE DE L’URBANISME. Le guide publié par l’ADEME
26, et le Colloque du 30 juin 2009 « Approche Environnementale de
l’Urbanisme en Pays de la Loire, pour concilier urbanisme et environnement », seront supports de
ce paragraphe.
a. L’esprit et les objectifs de la démarche AEU : pour adapter l’urbanisme à son environnement.
Expérimenté dans les années 1990 dans les régions Nord Pas De Calais, Rhône Alpes et
Bretagne, le dispositif est intégré officiellement dans les missions de l’ADEME par décision du
Conseil d’Administration fin 2001, après l’entrée en vigueur de la loi SRU. Cette démarche est
actuellement appréciée des collectivités et forte de son succès, une centaine de démarches AEU sont
chaque année mises en place en France. C’est en 2003 que fut initiée pour la première fois la
démarche AEU en Pays de la Loire. De 2003 à 2005, la démarche se focalisera d’abord sur
l’urbanisme opérationnel, puis à partir de 2006, l’ADEME élargira son champ d’action à la
planification urbaine.
L’évolution du droit relatif aux préoccupations posées par le développement durable a
contribué à un foisonnement réglementaire dans lequel les acteurs territoriaux doivent inscrire la
mise en œuvre de leurs politiques urbaines et leurs projets d’aménagements. Le cadre de référence
réglementaire place aujourd’hui le développement durable au cœur des projets de territoire. Le
développement urbain promu par la démarche devra s’avérer « durable » et satisfaire à terme la
définition de la « ville durable ».
La démarche soumet les défis suivants aux collectivités :
- Maîtriser le développement périurbain et le développement de l’étalement urbain.
- Etudier les possibilités de reconstruire la ville sur la ville.
- Réfléchir sur les manières de prendre en compte les enjeux environnementaux.
- Mettre en cohérence les politiques de l’habitat, du transport et des activités économiques
dans une perspective de développement durable.
L’objectif majeur de l’AEU est d’aider les collectivités à élaborer des réponses aux enjeux
environnementaux. L’engagement d’une collectivité dans une démarche AEU doit permettre de
contribuer au respect des engagements nationaux et internationaux et lui faciliter l’application de la
réglementation dans les projets environnementaux. Les collectivités gérant des compétences en
matière de développement local et de politique sectorielle (aménagement, habitat, déplacement)
peuvent alors concourir au développement durable en lui donnant une dimension opérationnelle.
b. Profil de la démarche AEU : une démarche souple et transversale.
L’AEU est un outil méthodologique au service du développement durable, elle permet de
faciliter et de favoriser la prise en compte des facteurs environnementaux, facteurs décisifs, de
nature à orienter l’économie générale du projet urbain.
26
« AEU, réussir un projet d’urbanisme durable, méthode en 100 fiches, pour une Approche Environnementale de
l’Urbanisme », Edition Le Moniteur, ADEME, 2006, 350 p.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 3 19
Elle est aussi un outil de médiation et de sensibilisation aux préoccupations
environnementales. Cette médiation se traduit par des temps pédagogiques forts auprès de
l’ensemble des acteurs concernés. La mise en débat (réunion, ateliers thématiques, expositions,
documents de communication) suscite une compréhension commune des constats
environnementaux effectués et incite les acteurs territoriaux à remettre en cause leurs pratiques.
L’économie générale du projet s’adapte alors vers des objectifs de qualités environnementales.
L’ADEME, a développé l’AEU, pour favoriser la recherche d’une véritable plus-value
environnementale et énergétique dans les pratiques urbanistiques.
Elle constitue également un instrument d’aide à la décision politique du fait de sa dimension
pédagogique, elle doit sensibiliser les acteurs politiques aux préoccupations d’ordre
environnemental et orienter leurs choix en ce sens, puisque, in fine, les décisions seront arrêtées par
le Conseil Municipal27
.
c. Méthodologie générale de sa mise en œuvre.
L’AEU est alors présentée comme une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage, elle permet de
construire des volontés politiques et techniques qui visent à faire évoluer le processus de prise de
décision. L’ADEME résume en quelques points essentiels les caractéristiques de cette assistance :
- « Eclairer la décision politique sur les choix urbains ayant une implication sur
l’environnement.
- Interroger constamment le projet à l’aune de son impact sur l’environnement.
- Permettre l’acquisition de connaissances partagées par les acteurs sur les problèmes et les
enjeux environnementaux liés au projet urbain.
- Permettre de « confronter les points de vue » des différents acteurs associés à la démarche,
de mieux tirer bénéfice de la diversité des cultures professionnelles.
- Favoriser l’émergence d’orientations et d’objectifs partagés par les politiques, les
techniques et les acteurs concernés. »
L’outil s’applique aux différentes procédures mises en place dans le cadre de l’aménagement
du territoire. Il s’applique à l’urbanisme de planification, le SCOT, le PLU, la carte communale, aux
opérations d’aménagements opérationnels, ZAC, lotissement, zone d’activité, aux opérations de
rénovation urbaine. Il s’adapte aux différentes échelles de projet (agglomération, commune
périurbaine, commune rurale) et à l’état d’avancement du projet (sa pertinence demeure maximale
lorsqu’il intervient en amont de la planification et /ou de la conception), et à l’organisation du
système d’acteurs en place ou à mettre en place.
La mise en place d’une AEU se décline en quatre étapes principales :
1- Le diagnostic et l’évaluation croisée (identification des principaux enjeux environnementaux).
2- La conduite de projet : définir puis préciser des axes d’intervention, des orientations et des
mesures en s’appuyant si nécessaire sur des expertises complémentaires.
3- La mise en application : la traduction des orientations et les résultats de l’AEU dans les
différents documents d’urbanisme.
4- Le suivi et l’animation : « Quels accompagnements veut-on se donner ? »
La démarche relève plus d’une prestation d’animation que d’une prestation d’expertise, les
usagers du territoire doivent s’approprier les résultats de la démarche (pédagogie active) pour
ensuite pouvoir, de manière autonome, garantir la mise en place du projet de territoire.
d. Etats des lieux et perspectives : limites de la démarche.
L’AEU est une démarche dite « transversale », elle analyse les interactions entre
aménagement de l’espace urbain / problématiques environnementales. Cette méthodologie se traduit
par la déclinaison en thématiques environnementales, ces thèmes doivent être traités, puis croisés,
pour aboutir à un ensemble de solutions possibles appelés bénéfices directs, portant sur la qualité
environnementale. Une sélection de thèmes à étudier prioritairement pourra être réalisée en fonction
27
Cf. Partie 2, chapitre 1.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 1 – Chapitre 3 20
du site et du projet étudié (Energie et climat ; Déplacements ; Déchets ; Eau ; Biodiversité et
paysage ; Sols et sites pollués ; Bruit).
L’intelligence globale du projet doit apporter également des bénéfices indirects. La mise en
débat des enjeux environnementaux locaux et globaux par les acteurs du territoire (élus, personnes
publiques associées, société civile) est souvent à l’origine d’une véritable prise de conscience de la
transversalité des problématiques environnementales. Cette sensibilisation permet une implication
croissante des acteurs qui amorce des projets plus créatifs et plus innovants. Des projets porteurs
d’économie et d’une qualité du cadre de vie et donc du paysage deviennent émergents.
Lors du Colloque intitulé « AEU en Pays de la Loire - Pour concilier urbanisme et
environnement - Partage d’expériences autour des PLU. », organisé le 30 juin 2009 à Nantes,
l’ADEME a réaffirmé son ambition du développement durable au travers de cet outil qui aide les
collectivités à progresser dans ce sens. L’agence souhaite soutenir l’intégration d’une démarche
développement durable aux documents de planification urbaine des collectivités qui souhaite tenir
une telle réflexion et ambitionne d’accompagner cette généralisation. Cependant, la nécessité de
faire évoluer cette outil lui semble indispensable et une AEU dite de « deuxième génération est
actuellement à l’étude ». Particulièrement, en regard au « Facteur 4 - 2050 », l’ADEME estime qu’il
est désormais inéluctable de travailler en amont des projets de territoire, c'est-à-dire au niveau des
SCOT et des PLU, du fait de la nature prospective de ces documents et des enjeux qu’ils supportent.
L’ADEME a fait mention du problème majeur que constitue la difficulté à quantifier les effets de
l’AEU. Effectivement, s’ils sont évaluables sur des opérations d’urbanisme, les résultats des
orientations prescrites dans le cadre d’un PLU-AEU ne pourront être identifiables qu’à moyen
terme. Une réflexion sur l’évolution de l’AEU est en cours, et l’ADEME souhaite étendre cette
deuxième génération dans laquelle, entre autre, la création de « relais sur le terrain » pourrait rendre
plus pertinente la démarche.
Il est également notable de préciser que l’outil demeure une démarche financée à 50%28
dans
le cadre d’une planification urbaine (30%29
dans le cadre d’une opération d’urbanisme), aide à
laquelle peut s’ajouter une aide supplémentaire de 30% lorsque la collectivité territoriale s’associe
avec un organisme ayant signé un accord cadre avec l’ADEME. Cet outil associé au document
d’urbanisme, peut alors, au final, être financé à hauteur de 80%. La question de sa popularité auprès
des acteurs territoriaux est-elle relative à son financement ? La volonté de la part des élus d’initier
une véritable vocation de développement durable dans leur projet de territoire est-elle seulement
conditionnée par l’aide à laquelle elle peut prétendre ? L’avenir de l’AEU serait, selon l’ADEME,
de disparaître. La viabilité du développement est un facteur légiféré, à intégrer dans tous les
processus d’évolution de la société. Pour cela, mais également pour les valeurs qu’une collectivité
désire véhiculer, l’intégration à tout projet territorial d’une conduite en adéquation avec celle du
développement durable devrait pouvoir se réaliser de manière autonome et spontanée.
Conclusion
Les problématiques environnementales et leurs impacts multiples résultants de l’activité humaine s’avèrent en constante aggravation. La naissance du concept de développement durable, à l’origine de nombreux textes réglementaires et d’outils de mise en œuvre de la démarche, se font d’autant plus échos dans le discours politique actuel. Le principe du « Penser global, Agir local » incite les communes à envisager des mesures de développement durable, les raisons et les répercussions de l’étalement urbain étant à l’origine d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre et de la dégradation des paysages du quotidien. L’AEU doit ainsi permettre aux collectivités qui la choisissent dans le cadre de leur planification urbaine de prendre connaissance des problématiques s’exerçant sur leur territoire et de se doter d’une méthodologie favorisant la réflexion, la concertation et la sensibilisation au développement durable en s’appuyant sur différents thèmes dont celui de la biodiversité et du paysage. .
28
50% du plafond autorisé par l’ADEME qui s’élève actuellement à 50000 euros. 29
30% du plafond autorisé par l’ADEME qui s’élève actuellement à 20000 euros.
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Partie 2 – Chapitre 1 21
PARTIE 2 LA PLANIFICATION LOCALE DE L’URBANISME :
COMMENT INTEGRER UNE DEMARCHE DE DEVELOPPEMENT DURABLE ?
Introduction
Les outils de planification urbaine, et dans notre cas, le PLU, peuvent initier des volontés en matière de politique publique paysagère dont l’un des buts est de préserver la diversité des paysages. Les finalités de la Convention européenne du paysage, qui sont de promouvoir le bien être des populations et le développement durable via la préservation, la gestion et l’aménagement des paysages, affirme l’importance du paysage « cadre de vie ». L’échelle de la commune, voire de l’intercommunalité, paraît alors pertinente pour concrétiser des projets territoriaux « durables ». L’analyse paysagère s’inscrit dans l’étude PLU, en début de la réflexion, elle doit faire ressortir les enjeux essentiels du territoire et dégager les éléments vecteurs d’impacts pour construire des hypothèses de développement. La notion de paysage et la mise en place de démarche développement durable se croisent alors du fait de leur nature globale et transversale.
CHAPITRE 1 - LE PLU ET LE PLU AEU.
Depuis la loi SRU du 13 décembre 2000, le PLU remplace le POS. Le POS né en 1967,
malgré le mérite de son existence, s’est avéré être uniquement un instrument de réglementation de
l’occupation du sol, un instrument de zonage dédié à un urbanisme en plein développement. Le
PLU se doit d’être un outil d’aide au projet global d’urbanisme et d’aménagement, le territoire dans
sa totalité devient l’objet d’un projet. Il dote les communes d’un outil d’aménagement cohérent,
moins réglementaire et plus opérationnel que le POS. D’une planification POS dite « Zoning », le
PLU doit dorénavant permettre la mise en œuvre d’un véritable projet de territoire ayant comme
vecteur le développement durable et les principes qui lui sont associés.
L’élaboration d’un PLU permet de prendre connaissance des données essentielles d’un
territoire communal, analyses économiques, sociodémographiques, culturelles, environnementales,
patrimoniales et paysagères, afin de pouvoir gérer la totalité du territoire de façon cohérente et
transversale. La mise en place de ce document doit permettre de faire face à l’ensemble des
pressions qu’un territoire peut subir.
a. Procédure d’élaboration d’un PLU.
Le graphique n° 3 permet de traduire, sur une période d’environ deux ans, le rôle de chaque
échelon : le Maire, le Conseil Municipal, les Personnes Publiques Associées, l’Etat et la population.
La procédure d’élaboration ou de révision du PLU est conduite par le Maire ou le président
de l’Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI), dans le cas d’un PLU
intercommunal. Son périmètre doit couvrir l’ensemble du territoire d’une ou de plusieurs
communes. Selon la hiérarchie des normes et afin d’assurer la cohérence des politiques sectorielles,
le PLU se doit d’être « compatible », c'est-à-dire respecter les principes fondamentaux du document
hiérarchiquement supérieur comme par exemple ceux des documents intercommunaux supérieurs
de type SCOT. Il doit se conformer au PLH (Programme Local de l’Habitat), au PDU (Plan de
déplacements Urbains), au SDEC (schéma de développement commercial), au Schéma Directeur
d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), au Schéma d'Aménagement et de Gestion des
Eaux (SAGE), à la charte du PNR, aux servitudes d’utilité publique, aux projets d’intérêts généraux
(PIG), aux opérations d’intérêt général (OIG) définies par l’Etat.
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Partie 2 – Chapitre 1 22
Figure n°3 : Schéma de la procédure d’élaboration du PLU.
Sources : Sophie DE GRAEVE, d’après « Le Plan Local d’Urbanisme » IAURIF janvier 2002, « Schéma de la procédure d’élaboration », site Internet DDE de la Manche, http://www.manche.equipement.gouv.fr/urbanisme/#PLU.
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Partie 2 – Chapitre 1 23
b. L’obligation de concertation.
L’organe délibérant, le conseil municipal ou l’EPCI (compétent dans le cas d’un PLU
intercommunal), définit les modalités de concertation lors de la délibération qui prescrit le PLU. Les
choix de concertation doivent être notifiés à l’Etat et aux personnes publiques associées (PPA) par
« publicité ».
La loi SRU, article 300-2 du Code de l’Urbanisme, introduit de nouvelles exigences afin de
renforcer le débat démocratique. La concertation doit associer « pendant toute la durée de
l’élaboration du projet, les habitants, les associations locales et les autres personnes concernées dont
les représentants de la profession agricole. » Liberté est laissée aux communes pour définir les
modalités de cette concertation, qui peut ainsi prendre la forme de réunions publiques, d’exposition
en mairie, de la tenue d’un registre à disposition du public, de création de commission extra-
municipale, (informations diffusées dans les journaux locaux ou dans le bulletin municipal).
La concertation a lieu pendant la totalité de la durée de l’élaboration ou de la révision du PLU
et est obligatoire sous peine d’annulation ou de déclaration d’illégalité du PLU. Si cette
concertation est obligatoire, le conseil municipal ou l’EPCI ne sont pas liées aux résultats obtenus
lors de ces débats. L’intérêt collectif et général sera toujours favorisé à l’intérêt individuel.
Concernant l’ « élaboration associée », les PPA, sont représentées par toutes les personnes
visées à l’article L 121- 4 du Code de l’Urbanisme : l’Etat (à la demande du Maire ou du Préfet), la
Région, le Département, les autorités compétentes en matière d’organisation des transports urbains,
les Chambres Consulaires, l’organisme de gestion du Parc Naturel Régional, les sections régionales
de la conchyliculture (dans les communes littorales au sens de la loi du 3/1/86). Il appartient
désormais au Maire ou au président de l’EPCI d’organiser l’ « élaboration associée » au fur et à
mesure de l’état d’avancement du PLU. La circulaire du 18 janvier 2001 indique que les
dispositions de la loi SRU visent à améliorer l’intervention des PPA, lesquelles ne seront plus
contraintes de faire savoir dans les deux mois si elles souhaitent être associées et pourront prendre
l’initiative d’une réunion avec la commune ou l’EPCI à n’importe quel stade d’avancement de la
procédure. La circulaire du 6 septembre 2001 insiste sur le fait que le déroulement de l’élaboration
associée « ne sera plus formalisée par un arrêté de mise en œuvre, ce qui doit permettre, outre la
suppression de contentieux, de mettre l’accent sur des questions de fond et l’organisation d’un
véritable dialogue ».
Une délibération doit ensuite tirer le bilan de la concertation. Il peut s’agir de la délibération
qui arrête le projet PLU.
Un autre moment de la démocratie participative, qui intervient en fin de procédure, réside
dans l’enquête publique. Le projet du PLU est soumis par le Maire ou le président de l’EPCI à
enquête publique, d’une durée d’un mois minimum, elle a pour objet d’informer le public et de
recueillir ses appréciations, suggestions et contre-propositions afin de permettre à l’autorité
compétente de disposer de tous les éléments nécessaires à son information.
Notons que si l’article L 123-6 du Code de l’Urbanisme (CU) dispose que les modalités de
concertation doivent être précisées lors de la délibération prescrivant l’élaboration ou la révision du
PLU, dans la pratique, ces modalités de concertation ne sont souvent définies qu’après réflexion
entre les élus et le bureau d’études choisi pour la maîtrise d’œuvre de la procédure. Ce dernier est
le plus souvent appelé après la délibération de prescription. Il est alors proposé aux communes de
prendre une délibération complémentaire à celle de prescription visant à fixer les modalités de
concertation dès les premiers contacts entre élus et bureaux d’études.
c. Contenu du dossier PLU
Selon l’article R. 123-1 du CU, « le PLU, après un rapport de présentation, comprend le
PADD de la commune et le règlement, ainsi que leurs documents graphiques. Il est accompagné
d’annexes. »
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Partie 2 – Chapitre 1 24
Le rapport de présentation : il fait état d’un diagnostic de la situation communale, il précise
« les besoins répertoriés en matière de développement économique, d’aménagement de l’espace,
d’environnement, d’équilibre social de l’habitat, de transports, d’équipements et de services. » Il
recense les besoins présents et futurs de la commune, analyse les enjeux et conséquences prévisibles
de l’application du plan sur le territoire et motive ensuite les choix d’aménagement retenus pour
établir le PADD. L’exposé du diagnostic devient la motivation des choix opérés pour le zonage et
les servitudes d’urbanisme.
Le projet d’aménagement et de développement durable : L’article L.123-1 du CU
mentionne l’objet du PADD « qui peut caractériser les îlots, quartiers ou secteurs à restructurer ou à
réhabiliter, identifier les espaces ayant une fonction de centralité à créer ou à développer, prévoir les
actions ou opérations d’aménagement à mettre en œuvre, notamment en ce qui concerne le
traitement des espaces et des voies publiques, les entrées de villes, les paysages, l’environnement, la
lutte contre l’insalubrité, la sauvegarde de la diversité commerciale des quartiers et, le cas échéant,
le renouvellement urbain ». Le PADD sert de fil conducteur au PLU, il définit les orientations
d’urbanisme et d’aménagement définies à partir des enjeux mis en perspective lors du diagnostic.
Le règlement et les documents graphiques : Le PLU, selon l’article L. 123-1 du CU « fixent
les règles générales et les servitudes d’utilisation des sols», il précise ainsi les différentes règles
d’utilisation du sol affectées à chaque zone. Quatre catégories de zone figurent au règlement, la
zone urbaine dite « U », la zone à urbaniser dite « AU », la zone agricole dite « A » et la zone
naturelle dite « N ». Les documents graphiques du PLU font nécessairement apparaître le
découpage du territoire en zones.
d. Application de la démarche AEU dans le PLU.
La figure n° 4 permet d’illustrer l’articulation entre la démarche AEU et l’élaboration du
PLU. Bien souvent l’équipe chargée de l’étude PLU et celle chargée de l’étude AEU ne sont qu’une
seule et même équipe. Un travail en parallèle de l’étude PLU traditionnelle est réalisé et mis en
perspective lors des débats, le mandataire choisi pour l’animation de la démarche AEU organise
dans les formes la présentation de ces analyses portant sur les thématiques AEU qui viennent
enrichir les diagnostics.
Les orientations découlant du diagnostic territorial et influencées par la démarche AEU
devront s’exprimer au niveau du PADD, sous forme de mesures ou d’actions concrètes. Elles se
déclinent ensuite dans le règlement, dès lors qu’elles impliquent des dispositions particulières.
Figure n° 4 : Articulation entre la démarche AEU et l’étude du Plan Local d’Urbanisme. Sources : Sophie DE GRAEVE, VU D’ICI.
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Partie 2 – Chapitre 2 25
L’AEU doit finalement se retrouver dans chacun des documents du PLU. La réalisation
d’une AEU intégrée au PLU est moins perceptible que sur la mise en place d’un projet opérationnel.
En effet les apports de la démarche sont transcrits par la rédaction dans les documents et non par
des actions immédiates, les réflexions rédigées ne seront visibles qu’à plus long terme. Divers
documents peuvent être réalisés, du document de communication qui traduit les stratégies politiques
de la commune, au document pouvant être ajouté en annexes des documents d’urbanisme, ces
annexes non opposables, seront utiles aux objectifs que le projet aura fixé (fiches conseils, cahiers
de prescriptions thématiques, etc.).
L’élaboration de l’étude PLU intègre la démarche AEU en fonction d’une articulation
rigoureuse entre, la réflexion prospective propre au projet de territoire qui devra être retranscrite
dans le PLU et, la mise en perspective par l’animation de l’équipe AEU (en collaboration avec
l’ensemble des acteurs du territoire) des enjeux du développement durable. Différents thèmes
faisant donc l’objet d’un travail plus approfondi que dans une étude dite « normale » se traduiront
en orientations dans le PADD.
L’étude du cas pratique de la commune de Saint Laurent sur Sèvre nous indique les raisons
pour lesquelles une collectivité se dote d’un tel outil ; l’organisation de la démarche (dans une
première phase de la mise en place du PLU) et les thèmes privilégiés choisis.
CHAPITRE 2 - LA COMMUNE DE SAINT LAURENT SUR SEVRE : UNE PLANIFICATION URBAINE «DURABLE» ENCADREE PAR L’AEU.
a. Présentation de la commune.
Située à l’extrême Nord Est du département de la Vendée, la commune s’étend sur 1579
hectares, elle comptabilise en 2007 une population de 3411 personnes, soit une densité de 216
habitants au km². Ce territoire communal est délimité en partie Nord et Est par la Sèvre Nantaise
dont la vallée constitue la limite entre les départements de la Vendée et du Maine et Loire.
Éloignée du chef-lieu de département (50 km de La Roche-sur-Yon), elle se tourne surtout vers la
ville de Cholet. La commune s’inscrit dans un maillage urbain dense à l’intérieur d’un rayon de 18
km, quatre communes (Cholet dans le Maine et Loire, Mortagne sur Sèvre, Mauléon et Les
Herbiers) sont de taille plus importante, la commune a donc accès au réseau routier qui connecte
l’ensemble de ces villes. Figure n° 5 : Localisation de la commune de Saint Laurent sur Sèvre
dans le département de Vendée.
Source : Sophie DE GRAEVE.
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Partie 2 – Chapitre 2 26
Figure n°6 : Evolution de la population de la commune de Saint Laurent sur Sèvre de 1962 à 2007. Sources : Sophie DE GRAEVE, http://www.statistiques-locales.insee.fr/esl/accueil.asp
La commune de Saint Laurent sur
Sèvre connaît une croissance
démographique régulière. Cette
augmentation a donné des signes de
ralentissement à partir des années
1980. Nous pouvons ajouter que
son profil est particulier, en effet,
un nombre important de personnes
religieuses (congrégations)
augmente nettement la moyenne
d’âge. Aussi sa population totale
intègre également près d’un millier
de personnes supplémentaires
(4331 personnes avec double
compte), les internes des
établissements scolaires
catholiques présents sur le territoire
tout au long de l’année scolaire.
Une description succincte du paysage hors agglomération ainsi que quelques éléments
caractéristiques du paysage urbain de la commune de Saint Laurent sur Sèvre ont été intégrés en
annexes de ce mémoire, le diagnostic paysager et les enjeux qu’ils soulèvent, intégrés au rapport de
présentation du PLU, n’étant pas finalisé et représentant un document trop long pour être retranscrit
dans sa totalité, une description permet un premier regard sur les éléments du paysage de la
commune30
.
b. Contexte de la mise en place du PLU-AEU.
Aux délibérations du Conseil Municipal du 4 décembre 2007, la commune de Saint Laurent
sur Sèvre lance la mise à l’étude d’un PLU en remplacement du POS existant (lancement qu’elle
doit réaliser avant l’année 2010). Il est précisé lors du conseil municipal du 16 juin 2008 qu’une
AEU à l’étude normale du PLU sera programmée. Malgré le surcoût entrainé par cette étude qui est
de l’ordre de 20 000 à 25000 euros, le conseil municipal approuvera la démarche. Une subvention à
hauteur de 50% de l’ADEME et de 30% du Syndicat Départemental d’Energie et d’Equipement de
la Vendée (SYDEV) lui sera accordée. Dans le cadre du développement durable, la démarche AEU
est donc intégrée au cahier des charges de l’étude du PLU.
Depuis 2001, la collectivité a mûri une réflexion sur les évolutions possibles de son
territoire. De nouveaux besoins se sont avérés difficiles à mettre en place dans la configuration du
POS antérieur. Une modification du zonage doublée d’une réelle prise en compte de l’ensemble des
paramètres en jeu sur le territoire ont encouragé la décision de réaliser une étude plus approfondie
via le PLU-AEU. Les raisons qui poussent Saint Laurent sur Sèvre à s’investir dans un projet de
planification urbaine fortement orienté vers des objectifs de développement durable sont multiples,
et il a été mentionné lors du Conseil Municipal du 4 décembre 2007 :
« Les grands objectifs à prendre en compte dans le futur P.L.U. découlent de l’évolution des choses
et du développement sensible de la commune depuis cette dernière décennie notamment en matière:
- Sociale (jeunesse – animation et coordination au plan communal et cantonal – communication
avec les habitants).
- Habitat (nouveaux lotissements).
- Espaces Agricoles (préservation à l’égard de la poussée de l’urbanisation de certaines zones
en périphérie de l’agglomération).
30
Cf. Annexe n° 1.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 27
- Environnement (préservation des espaces verts naturels sensibles communaux et
départementaux et de la Vallée de la Sèvre (11 km sur le territoire communal), eau potable.
- Développement durable (prise en compte des nouvelles énergies renouvelables, des matériaux
de construction des maisons d’habitation…)
- Economie : zonage pour équipements commerciaux.
- Circulation (études prévoyant de nouveaux flux circulatoires découlant de la réalisation
d’équipements publics ou privés (…). »
Les raisons qui ont motivé la municipalité à investir (20% de l’étude AEU demeure à sa charge)
dans la réalisation d’une AEU relève de la forte sensibilité que la collectivité développe à l’égard du
développement durable.
- Elle a dans cet esprit mis en place : le poste d’Adjoint Municipal délégué au développement
durable ; la commission « lotissement, agriculture, environnement » pour tenir une réflexion
globale sur les interrelations qu’entretiennent ces thèmes ; une gestion différenciée des
espaces verts ; une communication régulière à destination des habitants concernant les
thèmes du développement durable.
- La commune souhaite réaliser un véritable travail de fond concernant la question de l’énergie
et dans une approche réellement transversale. Le PLU AEU doit lui permettre de prendre les
bonnes décisions pour pallier aux dépenses d’énergie inutiles et répondre ainsi aux
injonctions de la réglementation et aux respects des normes à venir qu’elle devra appliquer à
ces bâtiments publics, notamment les RT 2005 et RT 201031, (réglementation thermique ayant
pour objet l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments).
- La commune exprime également son souhait d’exemplarité vis-à-vis de la population pour
créer ainsi des engouements locaux « Notre responsabilité sera par contre de permettre à tous
d’accéder aux informations et de montrer le bon exemple »32
.
- La démarche AEU permet la mise en place d’une concertation et contribue ainsi à renforcer
la démocratie participative réglementée dans le droit français et encouragée par la commune.
Par ailleurs, lors de la délibération du conseil municipal du 4 décembre 2007 a été précisé
qu’ « une concertation préalable interviendra au cours de l’élaboration du projet avec les
habitants, associations locales et autres personnes concernées selon des modalités qui
pourraient être les suivantes : exposition en mairie de documents graphiques; dépôt en mairie
d’un cahier destiné à recevoir les observations du public ; organisation d’une réunion publique
préalable avec l’urbaniste chargé de l’étude »33
.
- La commune consciente des atouts liés à son paysage et de la nécessité de fortifier un réseau
de trames vertes et bleues étaye une réflexion sur des limites potentielles à son urbanisation
tout en conservant la possibilité de se développer.
- La collectivité s’interroge fortement sur la question des déplacements (trafic routier,
cheminement doux).
L’étude PLU-AEU est menée par une équipe pluridisciplinaire spécialisée sur les
thématiques identifiées comme prioritaire par la commune. L’agence Vu d’Ici a été choisie en tant
que mandataire et pilote du projet PLU, les volets Cadre de vie, Développement urbain et
Déplacement de la démarche AEU lui ont été confiés. Le bureau d’études Impact et Environnement
(Technopole Beaucouzé, Maine et Loire), responsable de l’animation de la démarche AEU, a en
charge les éléments relatifs à la biodiversité et l’eau. Enfin, le bureau d’études AXENERGIE
(Cugand, Vendée) est mandaté pour réaliser le diagnostic énergie de Saint Laurent sur Sèvre.
c. Méthodologie de la mise en œuvre du PLU AEU de Saint Laurent sur Sèvre.
i. Les acteurs.
31
Bulletin Municipal 3Saint Laurent sur Sèvre, Juin 2008. Réglementation thermique ayant pour objet l’amélioration de
la performance énergétique des bâtiments 32
Idem 33
Compte rendu du Conseil Municipal de Saint Laurent sur Sèvre du 4 décembre 2007.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 28
Le PLU s’élabore à différents niveaux de réflexion, chacun des niveaux a la capacité
d’influencer les autres. Si le Conseil Municipal, maitre d’ouvrage de l’étude, demeure avec le
Maire, le dernier échelon décideur dans cette hiérarchie, ses prescriptions tiennent compte de la
réflexion commune et de l’intérêt collectif.
Le conseil Municipal constitue l’assemblée délibérante élue de la commune, il est chargé de gérer
les affaires la concernant. Dans l’étude PLU-AEU, le conseil municipal, représentant l’ensemble
des citoyens de la commune, prend la décision finale sur l’adoption ou non des choix réalisés lors
de ce travail.
Le comité de pilotage PLU-AEU constitue un groupe de réflexion, un organe de travail et de
validation de l’étude, sa composition est décidée et validée lors d’une réunion du conseil municipal.
La commune de Saint Laurent sur Sèvre dans le cadre du PLU-AEU à fait le choix de composer ce
groupe :
- d’élus de la commune,
- de représentants de la société civile (trois agriculteurs participent au Comité de pilotage),
- d’organismes associés et consultés :
o la DDEA subdivision des Herbiers, très impliquée dans la planification urbaine
vendéenne se positionne en observateur de la démarche AEU sur leur territoire
d’exercice ;
o le SYDEV, syndicat mixte fermé relevant de la fonction publique territoriale, propriétaire
des réseaux vendéens de distribution électrique basse et moyenne tension et de gaz assure
l’exécution du service public de distribution de l’électricité et du gaz, il a de multiples
missions au titre des énergies faisant de lui un partenaire du développement durable. Un
accord cadre a été signé entre la délégation régionale de l’ADEME et le SYDEV qui
précise des actions concrètes à mettre en œuvre à l’échelon local pour promouvoir une
meilleur rationalisation de l’énergie, cet accord lui permet entre autre, de subventionner
la démarche AEU à hauteur de 30%, sa présence au comité de pilotage PLU-AEU se
justifie par les attentes qu’il en escompte.
o Le CAUE 85, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement, association loi
1901, créé pour promouvoir la qualité de l’architecture, de l’urbanisme et de
l’environnement, assure des missions de conseil. C’est dans ce cadre et pour partager ses
compétences professionnelles et ses connaissances du territoire que le CAUE intervient
au sein du Comité de pilotage PLU-AEU.
ii. Les modalités de la concertation publique
Les modalités de la concertation publique, définies lors de la délibération du conseil
municipal de la prescription du PLU citée précédemment34
laissent envisager diverses possibilités.
La collectivité a souhaité intégrer comme il se doit réglementairement la population à la
réflexion et faire participer des représentants ciblés de la population à l’étude, cependant à ce
niveau d’avancée dans la réflexion (6 mois), nous ne pourrons apporter des conclusions relatives
aux observations réalisées, les réunions et les bilans n’ayant pas encore été effectués par la Mairie.
La démocratie participative peut également s’organiser de manière parallèle puisque au mois
de Mars, le Conseil Municipal a initié trois rencontres avec les habitants de différents quartiers,
« des réunions de secteurs », plus de 200 personnes y ont participé et échangé sur trois thèmes
choisis par le conseil : l’environnement, l’enfance et la jeunesse, et le quotidien. A ce jour, ces
réunions de quartiers ont été tenues et les comptes-rendus sont en cours de réalisation par la Mairie.
La mise en place des ateliers thématiques n’est pas obligatoire dans la procédure PLU mais
encouragée dans la démarche AEU. Ces ateliers relèvent de la démocratie participative et
constituent un temps pédagogique fort dans le déroulement de l’étude. Nous décrirons plus en
détail dans un prochain paragraphe la méthodologie de mise en œuvre de ces réunions-débats.
34
Cf. Partie II, Chap. 1, § a.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 29
iii. Les réunions « Comité de pilotage ».
Sur la période concernant le stage, cinq réunions ont été organisées entre les bureaux
d’études et le comité de pilotage PLU AEU. Ces réunions (en dehors des ateliers thématiques), se
présente comme des réunions de diffusion de l’information. Les thèmes, le plan, le déroulement (un
temps pour l’exposé et un temps pour la discussion) et les objectifs sont précisés en début de
séance. Un tour de table en fin de réunion peut être proposé pour prendre en compte les
observations et interrogations de chacun des participants.
Réunion dite « séminaire ».
Cette première réunion relève d’un échange entre les bureaux d’études engagés dans la
démarche et le comité de pilotage chargé de l’élaboration du PLU AEU. Le bureau d’études
mandaté, l’Agence VU d’ICI, communique sur les étapes de la mise en place du PLU et présente
le concept et le fonctionnement de l’AEU en lien avec le PLU. Le Comité de Pilotage va, quant à
lui, s’exprimer sur ses attentes d’une planification urbaine durable sur son territoire et livrer les
premiers éléments indispensables à l’avancement du projet. C’est également à ce niveau que les
modalités de la concertation sont arrêtées afin de pouvoir la mettre en place en parallèle de l’étude.
Les points forts, les points faibles, les contraintes territoriales sont dès lors évoquées. A ce
niveau il semble que la commune de Saint Laurent sur Sèvre accompagnée de ses partenaires
institutionnels possède une certaine maîtrise des problématiques qui s’exercent sur son espace. Il a
été mentionné différents thèmes et celui de la politique du logement et de la diversité sociale paraît
prioritaire, cependant différents thèmes ont été abordés. Nous les avons synthétiquement regroupés
dans un tableau. Ces éléments (non exhaustifs), s’ils permettent, dans un premier temps, de
constater l’avancement de la réflexion du Comité de Pilotage, nous donnent également à voir
l’importance de la notion de paysage qui apparaît sous forme de points forts ou de points faibles.
Points forts Points faibles
Un paysage attractif :
- Environnement
- Les sentiers de randonnées
- la Sèvre Nantaise
- Les bois et les Coteaux
- Sa richesse patrimoniale et architecturale
Sa situation :
- Proximité de l’Océan
- Proximité de centre urbain de taille plus
important
- Proximité de l’axe autoroutier A87
Son bassin d’emplois important.
Ses équipements et services :
- de nombreuses associations
- un pôle enseignement relativement
développé (enseignement catholique)
- des infrastructures publiques de bonne
qualité
Les contraintes du paysage :
- la topographie du site (les coteaux)
- la Sèvre Nantaise limite les possibilités
de communication (défauts d’axe pour
la traverser)
- les risques d’inondations (le PPRI est
joint au PAC)
- Un patrimoine industriel (moulins, usine
de blanchiment) en devenir.
Un renoncement progressif par les
communautés religieuses de leurs bâtiments
situés sur la commune.
Une densité urbaine à réduire.
Gérer l’étalement urbain qu’il soit de nature
résidentielle ou économique
Tableau n° 3 : Points forts et points faibles (non exhaustifs) du paysage de Saint Laurent sur Sèvre. Sources : VU D’ICI, Sophie DE GRAEVE.
La réunion « Diagnostic et enjeux »
o Le diagnostic territorial : l’armature de la planification.
La réunion concernant la présentation du diagnostic territorial se déroule à la suite de cette
première réunion d’échange. Cette séance est primordiale car c’est à partir des premiers éléments du
diagnostic territorial examinés et présentés au comité de pilotage que les enjeux territoriaux seront
soulevés. Ce diagnostic sera complété par le travail en interne des bureaux d’études mais aussi en
fonction des apports qui pourront être apportés par l’ensemble des acteurs territoriaux. Le
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 30
diagnostic territorial est la base de l’étude PLU-AEU qui durera deux ans et qui aura la tâche de
planifier l’aménagement du territoire sur une période de 10 à 15 ans.
La réalisation du diagnostic territorial de la commune de Saint Laurent sur Sèvre à été
réalisé par l’ensemble des trois bureaux d’études, l’Agence VU d’ICI, chargée de l’intégralité de
l’étude PLU réalise le diagnostic paysager (paysage « naturel », paysage urbain et l’analyse socio-
économique du territoire), le bureau d’études Impact et Environnement, chargé de l’animation AEU
réalise le diagnostic environnemental et le bureau d’études AXENERGIE, est chargé de réaliser le
diagnostic énergétique de la commune.
o Le diagnostic Paysager35
: ses finalités.
La démarche paysagère se traduit par la capacité à faire ressortir les enjeux essentiels du
territoire et à dégager les éléments de maîtrise des impacts en fonction des hypothèses de
développement et /ou d’aménagements retenues, en cela elle est donc une démarche développement
durable.
Le paysage vécu au quotidien est par habitude comme « ignoré » par ces usagers, le
diagnostic paysager doit alors permettre aux acteurs territoriaux de prendre connaissance de la
véritable valeur de leurs paysages, qu’elle soit positive ou négative. Ces paysages oubliés dans leur
pratique quotidienne ne sont alors plus perçus comme des vecteurs possibles du développement. Le
diagnostic paysager va contribuer à révéler aux acteurs territoriaux leur paysage pour qu’il puisse
apparaître comme un outil indispensable de l’aménagement local. Le paysage, du fait des
représentations qu’il véhicule, est créateur de consensus et aborder les problématiques territoriales
en partant du paysage déclenche généralement l’adhésion autour des questions posées.
Cette démarche consiste en deux étapes. La première consiste en une analyse de la situation
paysagère aboutissant à la production d’un état des lieux, la seconde réside en l’étude prospective
qui devra poser les projections possibles en fonction de différents scénarii proposés.
Elaborer et présenter un diagnostic pourra permettre de conseiller les décideurs, de réguler
les modes d’utilisation du sol, de saisir les évolutions en cours, de comprendre les formes
paysagères, de créer des débats locaux afin de faire naître des projets, de mettre en évidence les
points noirs et d’identifier les problèmes relatifs aux principales défaillances et aux éléments
impactant du paysage.
o Méthodologie de la mise en œuvre du diagnostic paysager. (Cette méthodologie compile les
phases suivies lors du stage dans le cadre des sorties sur zones d’études et des prescriptions
proposées dans l’ouvrage « Clés pour le paysage »36
.)
Une phase préparatoire : différents supports sont utiles à consulter afin de préparer la sortie de
terrain :
- une carte au 1 / 5000e permet d’appréhender les différents lieux et sert d’appui à l’approche
globale des problématiques.
- La lecture de différentes cartes thématiques : carte géologique ; carte pédologique ; carte de la
végétation ; carte topographique. Ces supports permettent de comprendre les diverses
relations qu’entretiennent ces différentes composantes du paysage.
- La comparaison diachronique d’ortho photographie aérienne, de plans cadastraux permet
d’illustrer les évolutions enregistrées sur le territoire.
- La lecture du POS renseigne sur les volontés politiques concernant la destination des espaces.
- Des documents anciens peuvent également contribuer à renseigner cette première phase
préparatoire : cartes postales anciennes, cadastre napoléonien, carte Cassini).
Un travail de terrain : La réalisation du diagnostic paysager qu’il s’agisse du paysage hors
agglomération ou du paysage urbain se fonde sur le travail de terrain. Le territoire communal est
parcouru dans sa totalité afin de relever les signes observables. A partir de points hauts (ligne de
crête, sommet d’une colline, derniers étages de bâtiments, etc.), des lignes de force, des points
35
D’après Pierre DONADIEU et Michel PERIGORD, « Clés pour le paysage », chapitre 5 p.101 – p.125, OPHRYS,
2005. 36
Idem.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 31
remarquables, des couleurs, certaines sensibilités peuvent être constatées. Les données recueillies et
conservées sur photographies géo localisées, les notes enregistrées sur cartographies IGN feront
l’objet d’un travail d’analyse complété par un travail de recherche.
Un travail de recherche permettant de compléter les analyses de terrains peut être nécessaire,
ce travail pourra être complété par des données issues du PAC, par des données issues des
collectivités impliquées sur le territoire (Mairie, Communauté de Communes, Pays) et recherchés
via différents organismes (INSEE, Chambres Consulaires, DDEA, ouvrages référents), etc.
Un travail d’évaluation et de création d’outils illustrés, (cartographies, croquis). Après
avoir traduit, de la situation paysagère, un état des lieux faisant émerger, des différentes
problématiques posées, les enjeux, une carte de synthèse du paysage est élaborée. Des croquis
pourront également être réalisés (des coupes démontrant les particularités du paysage, des dessins
reconstituant un patrimoine oublié …).Ce travail servira de base à la production d’études
prospectives qui présenteront en fonction de différents scénarii les horizons futurs du territoire
communal.
Figure n° 7 : Carte de synthèse d’analyse paysagère de la commune de Saint Laurent sur Sèvre.
Source : VU D’ICI.
La phase préparatoire à cette réunion (concernant les éléments
du diagnostic paysager et urbain et des éléments de l’analyse socio-
économique) a donc nécessité un travail de fond. Cette production
s’est élaborée à partir des analyses de terrains, des analyses de
données dont les sources sont diverses, et des réflexions engagées lors
de la réunion séminaire. Cette séance initie le commencement du
projet territorial car la formulation des «enjeux» par les bureaux
d’études, suivie de la description de scénarii évoquant différentes
perspectives, permettent au Comité de Pilotage de prendre conscience
de ce que la commune a à gagner ou à perdre suivant les politiques
qu’elle exercera sur son espace.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 32
o Aux éléments du diagnostic territorial ont été associé des productions relatives aux prescriptions
de l’AEU.
Une première sensibilisation sous forme de diapositives vidéo projetées a ainsi pu être engagée
sur différents thèmes, quelques exemples concernant les déplacements, de l’étalement urbain et de
la densité urbaine peuvent être proposés.
Saint Laurent/PLU /Diagnostic
V U D ’ I C I
76
RD 111 – 704 Véhicules le
23/04/2008
RD 149 – La Trique 9751 véhicules jour
(MJA/2008)
RD 752 – 9383
véhicules –
localisation du
comptage ?
(le 15/06/2005)
Trafic routier des axes principaux de la commune
Comptages
DATE Trafic % PL
RD 752 10/06/2005 9383 4%
RD 111 08/04/2008 704 5%
RD 149 MJA 2008 9751
Source : ign / Conseil Général de Vendée
Source : Conseil Général de Vendée
A compléter en fonction
des comptages routiers
en cours
Figure n° 8 : Trafic routier des axes principaux de la commune de Saint Laurent sur Sèvre Sources : VU D’ICI, Sophie DE GRAEVE, d’après les données du Conseil Général de Vendée.
Saint Laurent/PLU /Diagnostic
V U D ’ I C I
1
Déplacements et étalement urbain
Des distances entre zones
d’habitation et secteurs de
commerces et secteurs
d’équipements pouvant s’étendrent
jusqu’à 2 km
Un positionnement des
équipements publics et de la
surface commerciale au centre
mais un étalement urbain et une
extension des constructions hors
agglomération
Conséquences : les distances
s’allongent pour les déplacements
quotidiens jusqu’à 2km, et plus .
Légende :
Voies principales
Surface commerciale
Commerces de proximité
Pôle équipements publics
Occupations résidentielles
Contrainte du coteau
1,5 km
1,5 km
2 km
2 km
0,7 km
0.8 km
Figure n°9 : Déplacements et étalement urbain sur la commune de Saint Laurent sur Sèvre Sources : VU D’ICI, Sophie DE GRAEVE.
Des illustrations sur une base cartographique IGN de l’agglomération démontrent non
seulement l’importance du trafic routier au sein même de la commune mais également le lien étroit
entre l’augmentation des besoins en mobilité quotidienne et l’excentration des lieux de résidence.
Pour illustrer la problématique de l’étalement urbain une typologie urbaine succincte et
caractéristique de la commune de Saint Laurent sur Sèvre a été réalisée37
. Quatre échantillons
extraits du plan cadastral, sélectionnés en fonction de leurs disparités et représentant chacun un
hectare de terrain ont servit de base au décompte approximatif des densités urbaines. A chaque
échantillon a donc été donc attribué une année de construction, une densité et des caractéristiques
urbaines. Cette série de diapositives avait pour objet de mettre en relief les différentes densités
urbaines rencontrées dans l’agglomération tout en mesurant les rapports existant entre époque de
développement urbain et densité urbaine. Leurs explications concernant les caractéristiques des
37
Cf. Annexes n°2.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 33
différentes trames urbaines relatives à chacune des typologies choisies donne à voir la banalisation
du paysage urbain engendré par le modèle pavillonnaire. Cette présentation sensibilise au fait que
malgré le caractère rural de la commune celle-ci n’échappe pas au phénomène dit de l’étalement
urbain38
et de banalisation des paysages.
o Des limites rencontrées lors de cette séance peuvent être commentées.
Une première contrainte apparaît au niveau de l’analyse socio-économique. Des lacunes
statistiques ont fait l’objet de remarques de la part de l’assemblée. Ces carences sont consécutives
au non renouvellement des données INSEE depuis le recensement général de la population de 1999,
ces données n’ont été renouvelées que partiellement en 2006 et ne permettent pas de construire un
profil statistique communale complet. L’analyse des statistiques agricoles, malgré l’étude de
différents travaux transmis par la Mairie de Saint Laurent sur Sèvre s’avère également courte du
fait de l’ancienneté du Recensement Agricole Communal AGRESTE qui ne sera réactualisé que
courant de l’année 2010.
L’exposé du diagnostic paysager nécessiterait selon l’avis des professionnels du bureau
d’études un déplacement d’une partie du Comité de Pilotage sur le terrain. Si cette présentation aura
permis aux acteurs du terrain de prendre conscience de leurs paysages et des enjeux qui leurs sont
associés, un exposé in visu serait d’autant plus intéressant pour faire émerger les sensibilités
paysagères, recueillir les représentations de chacun et démontrer sur place la complexité du
«système paysage».
Réunion « Retour sur les enjeux ».
Lors de cette réunion, il est apparu l’importance du travail intermédiaire du Comité de
Pilotage PLU-AEU. Trois semaines leurs ont permis de prendre connaissance du diagnostic
territorial effectué et compte tenu des paramètres affichés, poser les bases du projet en fonction des
enjeux soulevés. Le bureau d’études lors de cette séance a pu, en outre, prendre connaissance des
réflexions des acteurs territoriaux et les intégrer à ses travaux de préparation aux réunions ateliers
thématiques AEU.
Un temps de cette réunion a donc été consacré à la méthodologie et la mise en place de ces
ateliers. Effectivement, ces débats constituent le temps fort de la démarche AEU et leur bon
déroulement avalise le succès de la méthode. Dans cette perspective des synthèses, reprenant les
thèmes des ateliers, les sous-thèmes associés, les supports à utiliser et les problématiques
incontournables à évoquer en fonction du projet communal, ont été transmises.
Réunion « Ateliers AEU »
o Mise en place des Ateliers thématiques jusqu’aux choix envisagés pour le document PADD.
Lors de la réunion, les choix envisagés pour l’organisation des ateliers ont été discutés en
Comité de Pilotage. En fonction des enjeux définis comme prioritaires, les bureaux d’études ont
exprimé la nécessité de mettre en place trois ateliers thématiques dans lesquels chacune des clés
déterminées par l’AEU pourrait se dégager. L’ensemble de l’assemblée s’est rassemblée à ces
propositions. Les thématiques des ateliers ont été définies comme il suit :
- Atelier Déplacement et Cadre de Vie (animation Agence Vu d’Ici)
- Atelier Eau et Biodiversité (animation Impact Environnement)
- Atelier Energie et Urbanisme (animation AXENERGIE)
La méthodologie de mise en place des ateliers thématiques exige de fixer la composition des
groupes, cette phase est indispensable à la réussite de la tenue qualitative des débats. Dans le cadre
de la commune de Saint Laurent sur Sèvre il a été décidé que chaque groupe serait composé de trois
représentants des institutions de l’Etat, de trois élus de la commune de Saint Laurent sur Sèvre et de
six représentants de la société civile (associations, personnes ressources locales…). Les groupes
38
Cf. Partie I, chapitre 1.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 34
ainsi constitué devaient être de 12 personnes. Le Comité de pilotage, en groupe de travail
intermédiaire, a par conséquent conçu une liste de personnes hétérogènes pouvant soulever des
interrogations et enrichir les réflexions (au total, 37 personnes ont participé aux réunions).
Les ateliers AEU se déroulent sur trois heures et se divisent en trois parties, une première au
cours de laquelle une synthèse est exposée, un débat d’idées est ensuite engagé, enfin une demi
heure est consacrée avec l’ensemble des participants de chacun des ateliers à une restitution
synthétique des solutions potentielles aux problématiques territoriales actuelles misent en exergue
lors des débats.
Nous expliquerons ici le déroulement de l’atelier « Déplacement et cadre de vie », atelier
auquel j’ai pu participer en tant que stagiaire.
Le travail intermédiaire, support de l’animation de l’atelier Déplacement et Cadre de vie, à
consisté en la réalisation d’une « carte Heuristique ». La conduite d’animation de la réunion recourt
à l’utilisation de certains outils et ce support également appelé carte mentale se présente sous la
forme d’un diagramme qui illustre :
- les connexions sémantiques entre différentes idées,
- les liens hiérarchiques entre différents concepts intellectuels.
A la base d’une représentation principalement arborescente des données, une carte mentale,
met en œuvre différentes composantes améliorant son exploitation comme l’utilisation de formes,
de couleurs et de graphisme qui permettent théoriquement une compréhension aisée par un
fonctionnement optimal et conjoint des hémisphères cérébraux.
L’objectif de cet outil a été dans cette configuration de réunion d’apporter des éléments pour
alimenter les débats. Il est plus intéressant de partir des représentations des participants pour
prendre connaissance d’informations nouvelles et mieux comprendre les différentes territorialités
qui s’opèrent sur la commune. Ainsi, si le support a été exploité dans sa première partie et s’il a pu
de cette manière susciter la discussion, la totalité de la présentation n’a pas été utilisé et les
personnes ont pu ainsi exprimer leurs propres interrogations, visions et valeurs. Effectivement le
risque dans l’utilisation de supports est d’influencer les opinions et les idées et donc d’orienter les
débats.
Atelier AEU Déplacement et Cadre de Vie –Révision du P.L.U de Saint Laurent sur Sèvre
V U D ’ I C I
2
DEPLACEMENT
&
CADRE DE VIE
ETALEMENT URBAIN ET
CONSOMMATION
D’ESPACE
LES ELEMENTS
IDENTITAIRES
ESPACES PUBLICS ET
TRAME VERTE
ATTRACTIVITE DE LA
COMMUNE
LE RESEAU DE
COMMUNICATION
VERS UNE
BANALISATION
DES FORMES
URBAINES / LES
FORMES
PAVILLONNAIRES
GRANDS THEMES DE L’ATELIER
Figure n° 10 : Présentation du thème « Déplacement et cadre de vie » de l’Atelier AEU, Sources : VU D’ICI, Sophie DE GRAEVE.
Cette image représente la première carte mentale projetée lors de la séance. Son rôle est de
brièvement rappeler aux participants le thème principal de l’atelier, notamment « Déplacement et
cadre de vie », les sous thèmes associés qui devront être abordés et les liens qui les unissent.
Chaque sous thème a été complété par des supports reprenant des éléments du territoire pouvant
renseigner une problématique particulière sous jacente aux préoccupations de la démarche AEU.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 2 35
En fin de séance, une carte synthétisant l’ensemble des questionnements, aurait pu être
présentée mais, les débats enthousiastes, s’étant rapidement orientés vers certains sujets (Etalement
urbain, consommation de terre agricole et déplacement), l’ensemble des thématiques n’a pu être
abordé. Le parti a donc été pris de faire réaliser une synthèse par les participants des points qu’ils
ont défendus et de leur faire exposer en assemblée plénière. L’ensemble des problématiques pourra
être abordés au fil des deux prochaines sessions d’ateliers thématiques AEU prévus à partir de
septembre 2009.
o Limites de la démarche.
La contrainte du temps est perceptible, cependant cette limite est révélatrice de la réussite de
la séance, effectivement, le sentiment de manque de temps est proportionnel à l’intérêt porté par les
participants au débat.
Nous pouvons également noter la limite un peu floue entre animation et expertise, le rôle du
bureau d’études est d’animer l’atelier AEU pourtant des interrogations suscitées par les participants
poussent les professionnels à partager leur expertise. Leur compétence réside alors dans leur
capacité à ne pas influer sur les discussions pour pouvoir recueillir l’ensemble des réflexions tout en
portant à la connaissance des personnes les informations nécessaires au dialogue.
Concernant la notion de paysage, si le thème lui est consacré, il est rapidement occulté par
des leitmotivs qui impact le cadre de vie. Donc le paysage n’est pas cité en tant que tel malgré sa
présence dans chacun des points soulevés. Serge KOVAL39
dit de l’idée du paysage et de l’usage
habituel du terme « (…) l’histoire des villes et de l’architecture montre à quel point le paysage, sous
d’autres appellations ou sans qu’il en soit fait mention est présent dans la construction du rapport
entre ville et territoire ». Le terme paysage est peu employé pourtant lors de la planification de
nombreux enjeux et problématiques se relèvent concerner l’organisation du paysage, il constitue
une globalité indistincte que l’on oubli parfois au profit des aménités qu’il procure.
Réunion « Retour Atelier »
En fonction des points de vue pris en considération collectivement lors des débats, des
premiers éléments du PADD ont pu être mis en avant. Ces éléments n’ayant pas à ce jour été arrêté
définitivement nous ne pourrons les exprimer. Les travaux des bureaux d’études ont consisté à
exposer les avancées du projet sous forme de tableaux : constats établis lors des ateliers / liens avec
la démarches AEU / traductions possibles de ces orientations dans le PADD.
Pour soutenir les orientations AEU potentielles, des diapositives de sensibilisation sont
venues structurer l’exposé. La projection du développement démographique, le nombre de
construction nécessaire à pourvoir en fonction de leur taux d’occupation, même si ces chiffres ne
demeurent que des hypothèses, permettent d’établir des documents visuels impactant les
représentations des acteurs territoriaux.
Le modèle pavillonnaire et les schémas qu’il véhicule (réussite sociale, espace) sont ancrés
solidement dans la culture française. En sortir demande de la part des décideurs non seulement de
faire évoluer les valeurs propres à cette culture, mais aussi d’abandonner une certaine sécurité
politique. Effectivement les usagers de la ville rurale accepteront-ils les nouveaux modèles urbains
proposés et ne fuiront-ils pas vers d’autres collectivités moins regardantes à l’égard d’un urbanisme
plus durable ? Puisque la question se pose alors en termes d’attractivité, une réflexion sur le
paysage urbain (diversité des formes urbaines) et sur la sociologie des populations accueillies est
indispensable. Des diapositives ont donc été réalisées pour argumenter en faveur d’un urbanisme en
adéquation avec les intentions du développement durable:
- Projections démographiques possibles et nombre de logements nécessaires / populations40
.
- Diversité de l’habitat, nombre de logements et emprise au sol41
.
- Densité urbaine et emprise au sol42
.
39
« Le Projet urbain », sous la direction d’Alain HAYOT et André SAUVAGE, Editions de la Villette, Article :
Paysage et projet urbain, Serge KOVAL, p. 250. 40
Cf. annexe n°3. 41
Idem. 42
Cf. annexe n°4.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 3 36
L’utilisation de l’outil AEU dans les projets d’urbanisme se révèle bénéfique pour initier et intégrer
une démarche vers le développement durable, notamment grâce à la place accordée au débat,
élément essentiel de la démocratie participative. La notion de paysage joue un rôle important, car
elle se retrouve souvent au cœur des problématiques. Elle a une triple vocation : faire émerger les
représentations des acteurs sur leur commune ; être vecteur du développement territorial ; permettre
le consensus.
CHAPITRE 3 - VALLET, UNE DEMARCHE AXEE SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE, AFFRANCHIE DE L’OUTIL AEU.
Dans le cadre de ce mémoire, nous n’indiquerons que les éléments de la démarche
susceptibles de diverger de ceux de la commune de Saint Laurent sur Sèvre décrits plus précisément
précédemment. Il convient d’élaborer une comparaison succincte des deux méthodologies mises en
place pour traduire les flexibilités de l’ensemble des acteurs et donner à voir la pluralité des
contextes dans lesquels évolue la planification urbaine.
a. Présentation de la commune
Vallet, chef-lieu de canton, se situe au sud - est du département de la Loire- Atlantique, en
limite départementale du Maine et Loire.
Figure n° 11 : Localisation de la commune de Vallet (Loire Atlantique).
www.wikipedia.org
Son territoire est traversé par la RN 249, facilitant de ce fait les déplacements en direction des
villes de Nantes et de Cholet. La commune se positionne ainsi à moins de 30 minutes de trois villes
de taille plus importante, Nantes, Cholet et Ancenis. Chef lieu de canton, son altitude atteint 55
mètres, sa superficie s’étend sur 5895 hectares pour une population dont l’effectif a presque doublé
en 40 ans, atteignant en 2006, 7906 habitants.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 3 37
Figure n°12 : Evolution de la population de la commune de Vallet de 1962 à 2007. Sources : Sophie DE GRAEVE, http://www.statistiques-locales.insee.fr/esl/accueil.asp.
Ce profil démographique s’explique par
l’insertion progressive de la commune
dans l’aire urbaine Nantaise, qui profite,
depuis les années1960, et ceci, de façon
accélérée, depuis le milieu des années
1975, d’une évasion des urbains vers la
périphérie. Le développement d’un
bassin d’emplois porteur sur la commune
s’est s’affirmé au fil du temps en
profitant du vecteur économique
constitué par la RN249.
Le territoire de la commune de Vallet traversé par les cours d’eau de la Logne et de la
Sanguèze, affluents de la Sèvre se divise en trois unités paysagères dont la présence de vignes dans
chacune lui confère sa particularité.
Au Nord, l’alternance de boisements
et de vignes donne un aspect fermé au
paysage.
Photo n°1 : Boisement, Nord Ouest de l’agglomération. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Vallet.)
La frange Est est soumise à la
topographie dessinée par le cours
d’eau de La Logne et des
vallonnements plus marqués
permettent l’accès à des perspectives
depuis les points hauts en direction
notamment des pentes urbanisées du
bourg.
Photo n°2 : Vallée de la Logne, Est de l’agglomération. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Vallet.)
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 3 38
A l’Ouest, un grand paysage ouvert,
le plateau viticole, génère de
lointaines perspectives en direction du
coteau de la Sèvre, une sensibilité du
paysage résulte donc de ces co-
visibilités.
Photo n°3 : Vigne, Nord-est de l’agglomération. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Vallet).
La population se diffuse largement sur le territoire, 66 écarts, (hameaux, villages et habitations
isolées) sont recensés, ils traduisent une ancienne organisation viticole de l’habitat Valletais où les
sièges d’exploitation se définissaient au plus près des vignes. La tendance jusqu'à présent à été
d’étendre ces hameaux et villages par une diffusion de l’habitat pavillonnaire.
b. Contexte de la mise en œuvre de l’étude PLU.
Le 14 Avril 2008, le Conseil Municipal de la commune de Vallet prescrit l’élaboration du
PLU. La nouvelle municipalité élue à Vallet lors des élections de 2006, explique alors sa volonté
politique de gérer, de maîtriser au mieux et dans l’intérêt collectif des Valletais, l’urbanisation du
territoire. Selon cette même municipalité, le passage de la commune de bourg rural à celui de ville
rurale nécessite la révision de la planification et la mise en suspend des « 500 » constructions
préconisées jusqu'à présent, en effet « des projets démesurés sont à reconsidérer pour être adaptés à
l’échelle et aux besoins réels de la commune 43
». Si la commune de Vallet n’a pas souhaité
s’engager dans une démarche AEU, elle a opéré le choix d’associer à son étude PLU différentes
mesures destinées à l’orienter vers une approche durable de son territoire.
La présence à proximité de la métropole nantaise, métropole d’envergure et moteur du
développement du grand ouest induit des conséquences sur l’organisation du territoire
(sociologique, économique, culturelle, politique). Cette influence évoluera de manière croissante,
contraignant ainsi les territoires périphériques à intégrer à leurs logiques rurales des problématiques
périurbaines. Vallet n’échappe pas à ces processus et témoigne de la volonté d’intégrer au plus vite
les orientations prescrites au sein des documents hiérarchiquement supérieurs au PLU en cours.
Ceci n’explique pas sont renoncement à l’aide qu’aurait pu lui apporter l’ADEME dans le cadre de
l’outil AEU. Nous pouvons simplement faire l’hypothèse que cette « jeune » municipalité aurait
voulu se détacher un temps de l’expertise des institutionnels dans son comité de pilotage PLU, pour
privilégier d’abord le travail d’un projet de territoire devant répondre prioritairement aux attentes
de la population, et, remettant à plus tard les conseils et injonctions réglementaires étatiques qu’elle
ne manquera pas de solliciter en temps voulu.
Effectivement la commune de Vallet est soumise à quelques contraintes qui sollicitent des élus,
à l’égard de l’ensemble des acteurs territoriaux, une certaine diplomatie.
Nous pouvons citer la problématique du tracé de la liaison Clisson Maine et Loire dont les
tracés provisoires se positionnent à proximité de l’agglomération Valletaise. Le 17 juin
2009 le Conseil Général de Loire Atlantique a présenté les fuseaux potentiels44
et leur
comparaison sur la base de critères multiples. Le public concerné par le projet a été invité à
participer à la concertation au cours de l’été 2009 et le Conseil Général ne prendra sa
décision définitive qu’au cours du mois d’octobre de la même année. Ce paramètre, la
43
Cf. Bulletin Municipal de Vallet de Juin 2008. 44
Communication du site internet du Conseil Général de Loire Atlantique, www.cg44.fr.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 3 39
connaissance du positionnement du tracé de cette voie, est indispensable à maîtriser dans
l’avancée du projet de territoire de la commune.
Les périmètres AOC définis au mois de mai 2009 par l’INAO et toujours en cours d’étude,
encerclent l’agglomération de Vallet limitant ses possibilités d’extension. Cette situation
« contraignante » d’enclave au cœur des terroirs AOC Sèvre Muscadet lui permet ainsi de
bénéficier d’un paysage de vigne sauvegardé par cette labellisation (protection relative
puisque certaines de ces zones ont subi des arrachages de vigne).
Un inventaire des zones humides et un inventaire des haies bocagères demandé par les deux
SAGE en exercice sur le territoire, un inventaire du Patrimoine bâti réalisé par le CAUE 44
et un diagnostic agricole réalisé par le bureau d’études CAP44 (Gueméné Penfao, Loire
Atlantique) viendront également enrichir la réflexion de l’étude PLU par la préconisation
d’enjeux supplémentaires à prendre en compte.
La nouvelle municipalité consciente des diverses problématiques territoriales et de la
conjoncture socio-économico-environnementale a souhaité privilégier la parole de ces habitants
tout en menant une réflexion fortement axée sur la viabilité du développement.
c. Mise en place d’une démarche développement durable autonome.
La commune a alors fait le choix de positionner les attentes des habitants au centre du projet
et de miser prioritairement sur une vaste concertation de la population dont les modalités ont été les
suivantes :
Une enquête sociologique dont les résultats ont été rendus publics lors de la seconde
réunion publique du 9 mars 2009, a été entreprise sur la commune de Vallet par le Cabinet
EMANENCE45
. Ce procédé employé par la collectivité est relativement peu usité. Sa mise
en place, selon des règles établies par des professionnels, permet de recenser les avis d’un
panel représentatif des acteurs quotidiens du territoire sur des interrogations concernant
l’ensemble des problématiques territoriales.
Vallet a organisé, en lien avec le bureau d’études VU D’ICI, deux réunions publiques, dès
le premier semestre de l’étude PLU. La première, le 4 novembre 2008, a eu pour objet de
présenter la procédure de déroulement du PLU, l’équipe pluridisciplinaire participant à son
élaboration et la méthodologie employée à sa réalisation (les ateliers thématiques, l’enquête
sociologique). La seconde, le 9 mars 2009, a consisté à rendre public les résultats de
l’enquête sociologique, le diagnostic et les enjeux territoriaux. 90 personnes ont participé à
cette réunion et ont eu la possibilité de débattre avec les bureaux d’études et les autres
acteurs présents, (dont les élus), des questions qu’ils souhaitaient.
La mise en place de trois commissions annoncées au Bulletin Municipal de Juin 2008 et
portant, la première, sur les déplacements, la seconde, sur l’activité économique (dans sa
dimension avec l’intercommunalité), et la dernière, composée d’un conseil des sages,
invitait chacun des habitants à prendre part à l’une d’entre elles.
A l’instar de la commune de Saint Laurent sur Sèvre, mais en dehors de la démarche AEU
de l’ADEME, des ateliers thématiques ont également été organisés.
Depuis la loi SRU, les mesures destinées à concourir à un développement plus durable doivent
s’inscrire dans le PADD de la collectivité. Le PADD du Pays du Vignoble Nantais oriente de fait
celui de la commune de Vallet inscrite en son sein. Le SCOT du pays du Vignoble nantais, Scot-
AEU, approuvé par le syndicat du Pays du Vignoble nantais, le 11 février 2008, est un document
d’urbanisme qui poursuit un objectif de développement durable. Il définit de grandes orientations
pour aménager l’espace à long terme. Ce document vise à assurer un développement cohérent du
territoire sous tous ses aspects : urbanisme, habitat, emploi, déplacements, environnement, paysage,
mais aussi commerces, loisirs, tourisme, activités industrielles et artisanales, etc. C’est un outil de
45
EMANENCE est un cabinet de formation, conseil, études et recherches en ressources humaines, domicilié à Angers.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 2 – Chapitre 3 40
planification au service de plusieurs communautés de communes, et donc de plusieurs communes.
Les PLU doivent lui être compatibles. Le travail a consisté, dans ce contexte, à élaborer des
documents de synthèse des orientations PADD et des prescriptions du Document d’Orientation
Général (DOG) du Scot du Pays du Vignoble Nantais permettant ainsi d’en simplifier la prise de
connaissance par le comité de pilotage.
En conséquence, pour s’assurer d’une réflexion en accord avec la règle, la collectivité a fait
appel à des bureaux d’études choisis pour travailler sur des problématiques pouvant contraindre la
viabilité de l’évolution communale. L’intervention du Cabinet EMANENCE a permis la prise en
compte des attentes des habitants, en cela, ce travail participe du « Principe de participation » et du
pilier social du concept de développement durable. Aussi le bureau d’études METAVISION
spécialisé dans les problématiques de déplacement et de circulation a été sélectionné pour tenir une
réflexion sur le trafic dense du centre-bourg, les liaisons villages-centre et les cheminements doux.
L’implication de plusieurs bureaux d’études dont les spécialités sont différentes a alors permis
d’obtenir une vision plus globale des éléments du territoire et de percevoir les liens qui unissent
chacune des problématiques.
L’analyse paysagère de Vallet a été présentée au cours de la réunion Diagnostic Enjeux par
l’agence VU D’ICI et en partie au cours de la seconde réunion publique. L’observation du paysage,
sur des modalités similaires à celles décrites précédemment a permis, dans un premier temps la mise
en relief des enjeux46
paysagers suivants :
- Des entrées urbaines à recomposer (au Nord et au Sud) ;
- Réaffirmer le caractère urbain du boulevard principal ;
- Intégrer la sensibilité des lignes de crêtes marquantes ;
- Préserver la silhouette du bourg ;
- Améliorer la silhouette du paysage urbain ;
- Améliorer la lisibilité du centre ;
- Préserver la distinction des unités paysagères ;
- Préserver et améliorer le patrimoine arboré (réseau bocager, bois, parcs, arbres isolés) ;
- Valoriser l’identité viticole en limitant notamment la banalisation des hameaux ;
- Recomposition d’interfaces ville /campagne à certains endroits ;
- Des limites territoriales qui contraignent le développement urbain (Route Nationale, Vallée
de la Logne, la Zone d’Activité des Dorices au Nord de l’agglomération, des parcelles
viticoles classées AOC).
Cette liste élaborée à partir de l’analyse paysagère, en début d’étude, nous indique les
hypothèses liminaires à mettre en avant. L’analyse paysagère hors agglomération et urbaine
souligne alors des dysfonctionnements territoriaux prépondérants. Le paysage constitue donc dans
un premier temps une trame transversale à l’aménagement du territoire, lui révélant ses
problématiques sous jacentes.
Quatre ateliers thématiques ont été animé par les bureaux d’études, leurs sujets respectifs
ont rejoint les préoccupations mises en exergue par l’ADEME : atelier « Déplacement voirie »,
atelier « Développement urbain », atelier « Paysage et cadre de vie », atelier « Economie gestion ».
Les modalités de mise en place de ces séances sont approximativement identiques à celles réalisées
sur la commune de Saint Laurent sur Sèvre. La présentation de supports sensibilisant aux nécessités
de rationnaliser le développement, en prenant exemple des spécificités locales, permet d’impacter
les représentations de chacun. Lors de la réunion du Comité de pilotage qui a suivi ces ateliers, la
nécessité de convier les institutionnels aux ateliers suivant a été abordée. La commune, après avoir
tenu une réflexion en lien avec l’ensemble des élus et des habitants, après avoir pris connaissance
des contraintes qui s’exerçaient sur l’ensemble de son territoire, peut désormais présenter son projet
et le retravailler en lien avec les institutionnels. (Rappelons que les PPA ont la possibilité
d’intervenir sur demande dans l’élaboration de l’étude PLU)47
46
Synthèse des premiers enjeux établis par l’agence VU D’ICI, pour la commune de Vallet lors de la réunion
Diagnostic Enjeux. 47
Cf. Partie 2, Chapitre 1.
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Partie 2 – Chapitre 3 41
Conclusion
Vallet et Saint Laurent sur Sèvre sont deux communes aux profils très différents, la première accuse une démographie deux fois supérieure à la seconde et se situe en zone périurbaine de l’agglomération de Nantes, elle se voit ainsi devoir gérer des problématiques différentes de la commune de Saint Laurent sur Sèvre dont la vocation à demeurer rurale s’est affirmée tout au long des réunions, consciente des services qu’une telle situation peut lui octroyer. Ces deux collectivités intègrent pourtant chacune une démarche ayant pour objectifs de favoriser le développement durable, Saint Laurent sur Sèvre soutenue financièrement par l’ADEME et le SYDEV via l’outil AEU, Vallet de manière autonome, déléguant aux Bureaux d’études (en y associant le comité de pilotage et la population) la mise en perspective des objectifs de développement durable pour son territoire. Chaque territoire construit donc sa stratégie particulière, nous pouvons tout de même constater dans ces cas pratiques que le paysage est utilisé comme un outil capable de matérialiser dans un premier temps les enjeux en tension sur ces communes.
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Partie 3 – Chapitre 1 42
PARTIE 3 L’INTERACTION PAYSAGE ET DEVELOPPEMENT DURABLE
DANS LES PROJETS DE TERRITOIRE.
Introduction
L’étude comparée des PLU des communes de Saint Laurent sur Sèvre et de Vallet montre combien le paysage apparaît comme un support possible des politiques d’urbanisme orientées vers le développement durable. Sa nature transversale lui permet de rejoindre toutes les problématiques du développement durable et de permettre la médiation pour atteindre un consensus. L’enquête menée auprès d’élus et de professionnels permet de rendre compte des interactions entre paysage et développement durable et d’analyser sa place réelle dans les projets d’urbanisme.
CHAPITRE 1 - LE PAYSAGE, LIEU DE CONVERGENCE DES PROBLEMATIQUES DE DEVELOPPEMENT DURABLE ?
a. Le paysage, une notion floue qui suscite des définitions multiples.
Le sens du mot paysage et ses valeurs ont une signification très différente selon l’acteur qui
le pratique. Des trois types de regard48
, le regard formé (appréhension esthétique du paysage), le
regard informé (regard expert), le regard initié (regard familier sur les lieux) découlent trois types
de lecture : la lecture esthétique pour le premier, la lecture scientifique pour le second et enfin la
lecture affective pour le dernier. Ces lectures différentes construisent divers modèles qui
enrichissent le concept. Chaque individu construit ainsi son avis sur le paysage, l’homme est
capable d’exprimer la notion de paysage en fonction d’une trame culturelle qui lui est propre.
Cette difficulté du concept paysage à ne pas être considérée par le grand public comme une
discipline scientifique à part entière, ou considérée par les disciplines comme une de leur
composante, lui confère la propriété de constituer un média autour duquel s’inscrivent les
desideratas de tout un chacun. Ceci peut alors se traduire en avantage au niveau de la concertation
et de la démocratie participative, les individus semblent ainsi motivés par les problématiques
d’ordre paysagères, elles permettent alors le débat d’opinions d’où peut naître un consensus de
territoire. Mais cette appréhension du terme renvoie49
à des conceptions trop subjectives, voire
abstraites du paysage, et des malentendus peuvent être constatés, « certains ont une approche
réductrice ou sectorielle du paysage, l’assimilant exclusivement tantôt à la trame végétale, tantôt, à
l’architecture ou encore à l’état écologique d’un milieu / la protection et la valorisation du paysage
souffrent dans leur pratique qui accompagne sa définition et donc sa perception »50
. La
compréhension du mot « paysage » varie en fonction des acteurs et des définitions qu’ils en
conçoivent, ces avis variés sur la question détériorent la notion la reléguant à une abstraction
coupée de la réalité, « le paysage est une notion abstraite pour le grand public. Certaine personnes
préfèrent les compétences plus pragmatiques, concrètes et utiles dans la vie de tous les jours (…) Il
semble que la plus grande difficulté est que la notion de paysage n’est pas une notion concrète pour
un certain nombre d’élus et de personnes en général (…) Il y a un côté théorique de ce thème, voire
élitiste, véhiculé par le milieu des architectes paysagistes. »51
. Effectivement, la complexité du
concept paysage réside, notamment, dans cette dualité qui le compose « matérialité (les éléments
concrets du paysage) /immatérialité (représentation du paysage construite par un observateur,
induite, tout d’abord, par la perception que ses sens en font, et ensuite, influencée de ses
références socioculturelles accumulées au cours de sa vie).
48
LARERE et AL (1997) cité dans « Le paysage, enjeu et instrument de l’aménagement du territoire », article de C.
DUBOIS, BASE, 2009(13)2. 49
Documents de travail, Mairie Conseil Caisse des Dépôts, « Regard croisés sur le paysage, Etats généraux du
Paysage », 8 février 2007, p. 27. 50
Citation de territoire interrogé dans « Documents de travail, Mairie Conseil Caisse des Dépôts, Regard croisés sur le
paysage, Etats généraux du Paysage», 8 février 2007, p. 27. 51
Idem.
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Partie 3 – Chapitre 1 43
Aussi, l’amalgame paysage/environnement est fréquent et entraîne des confusions dans les
discours, il est important de différencier ces notions. Le dictionnaire Le Petit Robert définit
l’environnement dont il est question comme l’« ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en
particulier l’homme) se développent ». Ce terme d’origine écologique renvoie uniquement à la
matérialité du territoire. La notion de paysage peu s’avérer être associé exclusivement au « milieu »
observable qui nous entoure, sa dimension sensible est alors dans ce cas occultée. Or, c’est cette
dimension subjective qui la différencie de l’environnement. Même si des relations existent entre les
deux notions, l’environnement et le paysage ne recouvrent pas les mêmes champs de signification
ou d’action. La notion de paysage est transversale et il faut s’appuyer sur les interactions qu’elle
permet avec la notion d’environnement pour comprendre leurs mutations.
Les mésententes relatives au sujet de la nature du paysage pourraient résulter de la
définition encore insuffisamment assimilée par le grand public et développée au cours de la
Convention Européenne de Florence sur le paysage, en 2000 faisant l’objet d’un référentiel
commun: « "Paysage" désigne une partie du territoire telle que perçue par les populations dont le
caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains, et de leurs interrelations ». Ce
document est aujourd’hui le cadre des politiques du paysage, ces prescriptions déterminent des
finalités qui doivent contribuer au bien être des populations et au développement durable car la
nature transversale du paysage permet d’élaborer une réflexion globale. La question du paysage, le
bien être des populations et la mise en œuvre du développement durable sont ainsi associés dans
cette convention.
b. La nature transversale du paysage : des composantes à mettre en perspective avec celles du développement durable.
La convention Européenne du paysage permet à l’analyse de ses finalités de comprendre les
liens qui soudent la notion du paysage à celle du développement durable. La convention « (…) a
pour objet de promouvoir la protection, la gestion et l’aménagement des paysages européens, et
d’organiser la coopération européenne dans ce domaine. Elle représente le premier traité
international exclusivement consacré à l’ensemble des dimensions du paysage naturel, rural, urbain
et périurbain. Elle concerne donc aussi bien les paysages pouvant être considérés comme
remarquables que les paysages du quotidien et les paysages dégradés. La convention représente une
importante contribution à la mise en œuvre des objectifs de l’Europe, qui sont de promouvoir la
démocratie, les droits de l’homme, la prééminence du droit ainsi que de rechercher des solutions
communes aux grands problèmes de société de l’Europe. En prenant en compte les valeurs
paysagères, naturelles et culturelles du paysage, le Conseil de l’Europe cherche à préserver la
qualité de vie et le bien être des européens dans une perspective de développement durable. »52
Le paysage, par sa fonction sociale, économique, culturelle, et écologique contribue au
développement durable car il répond à des besoins sociaux et culturels, et participe à des fonctions
écologiques et économiques. « En s’occupant du paysage, non seulement on satisfait le besoin de
bien-être des populations mais on contribue aussi tout à la fois à la sauvegarde de l’environnement
et à l’activité économique. Les quatre composantes du développement durable sont ainsi présentes :
amélioration sociale, écologique, économique et culturelle. Le rapport explicatif de la Convention
de Florence sur le Paysage le souligne à maintes reprises : (…) cet épanouissement (personnel,
social et culturel) est à la base du développement durable du territoire concerné, car la qualité du
paysage constitue un élément essentiel pour la réussite des initiatives économiques et sociales de
caractère privé et public »53
.
52
Préface « Paysage et développement durable : les enjeux de la Convention européenne du Paysage », Editions du
Conseil de l’Europe, juillet 2006, M. DEJEANT-PONS, E. BUERGI, p. 3. 53
« Paysage et développement durable : les enjeux de la Convention européenne du Paysage », Editions du Conseil de
l’Europe, juillet 2006, p 17.
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Partie 3 – Chapitre 1 44
c. Le paysage : enjeu de la planification urbaine.
Le paysage en tant que « l’interface visuelle entre le territoire et les hommes, permettant aux
seconds d’appréhender le premier dans sa globalité de ses composantes et à travers divers types de
regards (d’ordre scientifique, artistique ou affectif), le paysage constitue un concept en phase avec
la démarche pluridisciplinaire et concertée de l’aménagement du territoire »54
. C’est à l’échelle de
la collectivité territoriale que des initiatives en matière de politique publique paysagère « cadre de
vie » peuvent se développer, principalement à partir des outils de planification urbaine.
La détérioration des paysages, (bouleversement de l’après seconde guerre mondiale), qu’il
s’agisse des paysages instaurés au titre de patrimoine de la nation par la loi de 1930 (loi de
protection des sites naturels) ou des paysages du quotidien, ces modifications perturbatrices ont
engendrées une prise de conscience citoyenne sur l’existence et la valeur des paysages. La
planification urbaine, par ses finalités, représente un partenaire de la prise en compte du paysage
dans l’aménagement du territoire. Le paysage dans sa dimension visible reflète les mutations d’un
territoire et peut, en partie, dans sa dimension invisible, les expliquer. Ainsi, la planification
urbaine, outil fondateur d’un projet de territoire durable, peut utiliser le paysage en tant que
révélateur d’enjeux socio-économiques, culturels, environnementaux et en tant qu’élément
produisant des débats, être vecteur de démocratie participative.
En se sens, l’élaboration de la réflexion sur le paysage réalisée au cours du premier semestre
d’étude du PLU et présentée aux communes de Saint Laurent sur Sèvre et de Vallet révèle des
enjeux incarnant les axes d’une planification urbaine respectueuse des équilibres de son territoire.
Tableau n° 4 : Exemples d’enjeux paysagers soulevés à propos des communes de Vallet et de Saint Laurent sur Sèvre (liste non exhaustive)
Exemples d’enjeux paysagers soulevés à propos du territoire de Vallet.
Quelle qualité de cadre de vie pour demain? Les enjeux pour le territoire (Atelier Paysage et Cadre de
vie) Relation de la commune à la ruralité (Comment devenir une petite ville ?).
La relation au milieu naturel : difficulté de passer du bourg à une petite ville entourée de vignes et d’espaces
naturels.
Comment préserver la qualité de la ruralité dans le mode de vie urbain :
Le centre bourg n’est plus adapté à la dimension de la ville ?
Quelles ambitions pour influencer les évolutions et sortir du modèle pavillonnaire unique aujourd’hui ?
Organiser la cohabitation: habiter toutes les zones, quelles règles du jeu pour le modèle de l’habitat
compatible avec l’économie agricole (et de ses nuisances éventuelles) ?
Problématique de la lisibilité des activités (notamment agricoles) pour mieux comprendre et accepter les
« nuisances ».
Le développement urbain :
Une implantation dispersée de l’activité humaine (66 écarts).
Un éclatement spatial de l’habitat entraîne la multiplication des déplacements.
Une cohabitation anarchique entre fonction résidentielle et fonction économique qui contraint la lisibilité des
ambiances urbaines.
Requalifier des lieux stratégiques et notamment les entrées d’agglomération.
Un bourg à recentrer via sa capacité de restructuration existante.
Des extensions urbaines envisageables en connexion de l’existant pour construire des logiques urbaines.
54
Le paysage, enjeu et instrument de l’aménagement du territoire, article de C. DUBOIS, BASE, 2009(13)2, p.314.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 3 – Chapitre 2 45
Exemples d’enjeux paysagers soulevés à propos du territoire de Saint Laurent sur Sèvre
Le paysage hors agglomération :
Intégrer la sensibilité de la topographie dans la composition du projet de territoire.
Valoriser les identités paysagères spécifiques.
Recomposer les espaces publics et les principaux axes routiers en sortant de la clé de lecture routière.
Gérer les coupures d’urbanisation.
Envisager la préservation des paysages remarquables.
Assurer une cohérence entre le hameau traditionnel et ses extensions.
Valoriser une continuité dans le fond de vallée.
Etalement urbain et consommation foncière :
Étalement résidentiel, économique, des équipements publics et des infrastructures à maîtriser.
Des déplacements intra agglomération toujours plus longs.
Des réseaux publics à étendre (coûts supplémentaires).
Une consommation de terres agricoles à contrôler.
Des limites à contenir? Limites urbaines ? Limites paysagères (les lignes de crêtes) ? Limites
environnementales (les corridors écologiques) ?
Une banalisation des formes urbaines via le modèle pavillonnaire :
Quelle localisation des extensions urbaines?
Quelles relations avec la ou les centralités?
Y a-t-il moyen de retravailler sur le tissu urbain existant, construire la ville sur la ville?
Sources : VU D’ICI, Sophie DE GRAEVE.
Le paysage se révèle un formidable vecteur de la démocratie participative, car sa
préservation fait consensus auprès de la population. La médiation sur ce thème permet de faire
émerger les évolutions d’un territoire et ses dysfonctionnements, en maintenant accessibles les
débats à toutes les franges de la population. Il permet d’orienter les problématiques autour des trois
piliers (économie ; environnement ; social et culturel) qui fondent les pratiques de développement
durable.
CHAPITRE 2 - L’INTERACTION DEVELOPPEMENT DURABLE / PAYSAGE DANS L’APPROCHE PAYSAGERE ABORDEE DANS LE CADRE DE LA PLANIFICATION URBAINE.
a. Méthodologie de l’entretien.
Pour étayer la réflexion sur l’utilité de la prise en compte du paysage comme outil révélateur
des enjeux territoriaux globaux à mettre en perspective dans le cadre d’un projet de territoire
durable, un questionnaire a été proposé à neuf personnes, des élus et des professionnels agissant en
partenariat avec les collectivités territoriales. Les entretiens ont été menés entre le 24 août et le 1er
septembre 2009, à la mairie de Saint Laurent sur Sèvre, à la mairie de Vallet et dans les locaux des
professionnels. Le choix d’un questionnaire ouvert répond à une logique précise. Des questions
fermées permettent de traiter aisément les réponses d’un grand nombre d’enquêtés, mais se limitent
à un caractère quantitatif. L’objectif de l’enquête est plus qualitatif : mieux connaître les
représentations des acteurs sur le lien paysage / développement durable. Un questionnaire composé
uniquement de questions ouvertes permet à l’ensemble de ces personnes, sans pour autant être
toujours experte en la matière, de s’exprimer sur le sujet et ainsi de partager leurs réflexions sur la
notion de paysage, dont la nature permet à chacun de construire une analyse.
Les questions ont été les suivantes55
:
- Comment définiriez-vous la notion de « Paysage »?
- Comment une gestion des paysages dans les projets de territoire peut-elle contribuer à
favoriser la biodiversité ?
55
Cf. annexe n° 5.
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Partie 3 – Chapitre 2 46
- La protection des paysages et le développement économique sont-ils compatibles ? Comment
peut-on illustrer ce lien économie /paysage ? Globalement quelles peuvent être les retombées
économiques directes ou induites de la prise en compte du paysage dans les projets de
territoire ?
- La prise en compte du cadre de vie dans les projets de territoire peut-elle contribuer à un
renforcement des liens sociaux (familles, amis, quartiers, municipalité,…) ? Des exemples ?
- De quelle manière et à quelles occasions, le paysage peut-il se révéler un élément de
mobilisation collective ?
- La prise en compte du paysage dans les projets de territoire peut-elle participer au
développement de la culture (toutes formes confondues) ?
- Comment les transformations du paysage contribuent-elles à la perte des repères identitaires ?
Des exemples ?
- Quel rôle le paysage devrait-il prendre dans la mise en place d’une planification urbaine /
dans la mise en place d’opérations d’aménagements?
- Quelles sont les difficultés rencontrées par les différents acteurs pour intégrer la démarche
paysagère dans les projets de planification urbaine et/ou dans l’urbanisme opérationnel ?
- Quels sont les résultats attendus d’une démarche de développement durable sur le Paysage
- Comment vous représenteriez vous les futurs paysages du quotidien ? (Dans 20 ans) ?
L’analyse de ces entretiens, après évocation par chacune des personnes interrogées de sa
définition du paysage, s’est construite sur les trois composantes suivantes : la composante
environnementale, la composante économique, la composante sociale et culturelle, composantes
piliers du développement durable, pour situer la place du paysage dans chacune des problématiques
que posent ces différents thèmes abordés. Ces entretiens nous permettront de tenir une discussion
sur la place du paysage dans les projets de territoire et son lien avec le développement durable,
discussion menée à partir des réponses enregistrées. Les phrases entre guillemets expriment les
idées des individus et dans un souci de confidentialité, au vu du nombre restreint de participants,
nous ne mentionnerons dans l’analyse que les qualités « d’élu » ou de « professionnel ».
b. Paysage et composantes du développement durable au travers l’analyse des entretiens.
Les diverses définitions et évocations du paysage.
Les élus et professionnels interrogés s’accordent sur l’idée que la notion de paysage renvoie
dans un premier temps à sa matérialité visible. Il a été mentionné qu’« un paysage naturel ne peut
pas être laid par essence contrairement à un paysage qui mêle éléments naturels et anthropiques.
Les éléments anthropiques peuvent améliorer le paysage ou le détériorer. L’apport d’éléments
anthropique peut être de nature à embellir (ex : cathédrale) ou enlaidir un paysage (zone
industrielle, ZAC). » Le fait qu’il soit composé par des caractéristiques liées aux phénomènes
naturels et humains semble faire unanimité, cependant, le fait que ces éléments soient en
interrelations n’apparait pas immédiatement. Les professionnels intervenant dans les projets
territoriaux des collectivités ont une représentation du concept au plus proche de la branche
concernée, les différentes composantes du paysage sont utilisées comme outil d’explication au
service de leur discipline. Après analyse des questionnaires il apparaît que certains professionnels
mettront en avant la dimension esthétique du paysage, quand d’autres se préoccuperont davantage
des composantes écologiques et de la fonctionnalité du paysage dit « naturel » et non urbain. Des
explications très complètes sur la notion ont été construites lors des conversations et si, certaines
plus synthétiques du type « le paysage correspond à tout ce qui nous entoure » ont été exprimées,
nous avons pu constater qu’au cours de la plupart des entretiens une progression de la réflexion
révélait le paysage comme un élément fondamental du vécu des populations.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 3 – Chapitre 2 47
Gestion du paysage et biodiversité.
En introduction au thème nous pouvons évoquer un raisonnement mentionné lors des
entretiens. « L’intervention humaine entraîne des problématiques écologiques, sans cette
intervention un équilibre naturel s’impose, l’homme construit des aménagements dont les
modifications sur les paysages entraînent des conséquences sur la biodiversité, il doit donc palier
aux déséquilibres qu’il créé par des mesures compensatoires, la construction des passages à gibier
sur les autoroutes en est un exemple ». L’activité anthropique modifie le paysage, elle doit prendre
en compte les nuisances qu’elle impose, de ce fait, à la biodiversité. C’est en cela que le lien
paysage et environnement est compréhensible et que des « rééquilibrages» peuvent être
envisageables. Il s’agit alors de « conserver un paysage identitaire avec ses éléments favorables à la
biodiversité ».
Les notions de Trame Verte et de Trame Bleue sont citées par la plupart des participants,
elles se révèlent participer à la fois du paysage et de la biodiversité, si ces concepts sont encore peu
maîtrisés par tous, des interrogations sur l’idée qu’il convient de différencier dans leur apparente
« complexe » réalisation, « la volonté de mettre en place », qui découlerait de la sensibilisation et
de ce nouveau regard (né de l’assimilation par le grand public du concept de développement
durable), et, de « l’obligation de mettre en place», c'est-à-dire, de la règle, instituée légalement par
l’Etat qui s’imposera (loi Grenelle) désormais aux collectivités. L’application des obligations en la
matière semble difficile sans une sensibilisation importante menant à une prise de conscience
globale des enjeux liés au maintien de la biodiversité.
Cependant, si le paysage sert de primo support à la mise en place de corridors écologiques,
(c’est d’abord par l’observation que les trames vont se dessiner), un travail d’approfondissement
devra être effectué pour déceler l’étendue et la spécificité de la biodiversité. En effet un « beau »
paysage ne révèle pas automatiquement une abondance écologique et inversement, un paysage
ingrat peut s’avérer intéressant du point de vue de sa biodiversité.
Pour commenter ce lien paysage et environnement il a également été cité l’exemple de
l’activité agricole et de ses mutations progressives ces « cinquante dernières années » qui ont
bouleversé le « système paysage ». Effectivement si nous schématisons à l’extrême ce processus
ainsi, mécanisation – motorisation - technologie de la chimie (intrants) - remembrement - exode
rural, cette économie de l’agriculture, pour des raisons d’indépendance alimentaire nationale, paraît,
en seulement quelque années avoir changé le profil des campagnes et endosse aussi sa part de
responsabilité dans l’altération de la biodiversité. La révolution agricole a modifié profondément les
paysages et aujourd’hui des initiatives s’imposent pour amorcer « un retour vers ce qui se faisait
avant ces dégradations », valorisation de la haie bocagère, une autre gestion de l’irrigation, exigence
du consommateur concernant les produits de l’agriculture. Selon l’enquêté, « le paysage n’a pas été,
dans ce cas, conçu dans la globalité de son système » et les conséquences sont aujourd’hui
multiples.
Les élus s’accordent sur le fait que la gestion des paysages en lien avec la préservation de la
biodiversité doit passer par un travail de sensibilisation important auprès de l’ensemble des acteurs
du territoire. Les services espaces verts notamment apparaissent comme des organes stratégiques
pour véhiculer des valeurs environnementales par la mise en relief de nouvelles pratiques favorables
à la biodiversité. Les pouvoirs publics peuvent dans cette optique se positionner à titre d’exemple et
faire des émules auprès des pratiques quotidiennes des habitants. Par l’exemplarité, les collectivités
peuvent susciter un « nouveau regard » porté sur les paysages du quotidien. Les exemples du
fauchage tardif, de la diminution de l’utilisation de pesticides, s’avèrent, du fait des changements
visibles qu’ils provoquent sur le cadre de vie, difficilement acceptables pour un pan de la société,
même si chacun des interrogés précise entrevoir une nette amélioration des mentalités à ce sujet.
La compatibilité paysage et activité économique, la valeur économique du paysage.
La majorité des personnes s’accordent à penser que la protection des paysages est
compatible, sous certaines conditions, au développement économique. La condition sine qua non
relèverait de la capacité à intégrer dans le paysage les zones d’activités économiques et leurs
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Partie 3 – Chapitre 2 48
bâtiments. Aujourd’hui la problématique recouperait plus précisément la rationalisation des zones
d’activité économique dont la taille, les équipements, la localisation ne sont parfois pas adaptés aux
besoins des collectivités et du territoire. La question s’avère cependant complexe, car les enjeux
économiques sont majeurs et déterminent, à court terme, le devenir d’une commune. L’association
paysage/économie est perçue par certains élus comme une combinaison contraignante dans laquelle
la volonté de préserver la qualité paysagère du lieu doit être négociée avec les acteurs de l’activité
économique pour concilier au mieux les intérêts de chacun.
Mais si la compatibilité paysage et développement économique renvoie à l’implantation
d’une zone d’activité et de son intégration dans son espace, le paysage et l’économie ne sont pas
seulement liés par un urbanisme d’activité mais dans une relation étroite que nous pourrions
comparer à une symbiose. L’exemple donné des marais salants de Bretagne illustre cette relation,
effectivement, dans ce cas l’activité économique a modelé un paysage tout en construisant une
identité propre à la région, ce paysage entretenu par le rôle de l’homme est aujourd’hui avant tout
une image marketing qui permet au tourisme de vendre une destination. Dans ce cas le lien
économie et protection des paysages est fort puisque l’un à besoin de l’autre pour subsister. Si cet
exemple demeure un lieu commun, il illustre l’idée que nombreuses sont les collectivités qui
recherchent aujourd’hui à valoriser les éléments identitaires de leur territoire (« la vigne AOC et son
patrimoine dans le cas de Vallet ») pour fonder une attractivité et développer ainsi une économie
touristique et résidentielle.
La mise en valeur des paysages génère des retombées économiques évidentes (la filière paysage,
le tourisme) mais des enquêtés précisent que le développement durable est porteur de nouveaux
marchés et l’apparition des stratégies vertes (énergies renouvelables, préservation de la ressources
en eau, nouveau mode de déplacement, etc.) ayant pour objet de réduire les pollutions s’inscrivent
non seulement dans une démarche de qualité paysagère mais induit également une ressource
économique.
Pour certains, la compatibilité économie/paysage n’est pas possible, « La protection des
paysages et le développement économique sont très rarement compatibles. Seules les zones
touristiques peuvent en bénéficier. Dans tous les autres cas, la protection du paysage, comme
l’ensemble des contraintes environnementales, est aujourd’hui un frein pour le développement
économique en France. ». Il semble aussi que « les zones d’activités artisanales, commerciales, soit
toutes formatées sur un même modèle, localisées en périphérie des villes (augmentation constante
des trajets), peu d’efforts concernant l’intégration de ces zones dans le paysage se remarque », alors
que le développement durable constitue souvent un outil marketing de promotion de ces mêmes
villes.
La valeur marchande du paysage soulève également le dilemme de la prise en compte de la
mixité sociale dans les communes, « un territoire trop attractif entraîne une pression foncière élevée,
seules certaines catégories sociales travaillant le plus souvent en dehors de la commune disposent
alors de moyens financiers suffisants pour s’y installer, une commune peut ainsi se muter en une
ville dortoir ». Le travail des politiques est alors d’élaborer un projet de territoire durable en
garantissant à la commune une mixité sociale lui permettant un développement global cohérent.
Le paysage « cadre de vie » et sa capacité à susciter le lien social.
La convention européenne du Paysage reconnaît56
« le paysage en tant que composante
essentielle du cadre de vie des populations, expression de la diversité de leur patrimoine commun
culturel et naturel, et fondement de leur identité ».
Il fait consensus que le maintien du lien social au sein d’une commune doit passer par un
cadre de vie facilitant la rencontre, l’échange, la convivialité. Des expériences attestent d’une nette
amélioration de la sociabilité des habitants dans les quartiers où ont été mis en place des espaces
publics pourvus de jeux, de barbecues, de salles de réunions. Des associations d’habitants se créent
au sein d’îlots résidentiels pérennisant ainsi des relations humaines de qualité. Cependant, pour
d’autres, le cadre de vie revêt un caractère plus global et se comprend au sens de la fonctionnalité
du territoire telle qu’elle minimise les risques de conflit d’usage, « c’est par l’aménagement du
56
Article 5 de la Convention européenne du paysage.
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Partie 3 – Chapitre 2 49
territoire que l’on peut atténuer les conflits et donc de créer du lien social ». Cependant certains
mettent en avant les « caractéristiques individuelles de nos modes de vie occidentaux défavorables à
la création du lien social », et supposent qu’une amélioration du cadre de vie, peut dans le meilleur
des cas, contribuer mais ne pas suffire au développement du lien social. Malgré les projets mis en
place, portant par exemple sur l’intergénérationnalité, un sentiment d’utopie s’est exprimé lors des
entretiens.
Le paysage apparaît comme un élément de mobilisation collective lorsque celui-ci est
menacé de dégradation. Or, quelles sont les intentions premières de l’expression du
mécontentement ? Il apparaît que la préservation de la qualité paysagère se révèle aujourd’hui
l’intérêt collectif motivant les protestations. L’idée du NIMBY57
tendrait à s’atténuer face aux
enjeux de la protection du paysage. Aussi il est à noter que la subjectivité du paysage traduit
différents comportements et des éléments perturbateurs pour les uns ne le seront pas pour les autres,
l’exemple est donné de l’ « agriculteur qui fier de la rentabilité de son outil de travail (fier de son
paysage) modifiera son parcellaire à contre courant des logiques paysagères proposées ».
La mobilisation n’a pas lieu uniquement dans le conflit, le cadre pédagogique constitue une
entrée à la sensibilisation paysagère, des opérations de replantations de haies organisées par les
écoles en lien avec le monde agricole ; la promotion d’une identité patrimoniale (des expositions de
photographies anciennes, des concours de photographies) ; des randonnées de groupe, permettent
également de rassembler autour du paysage.
Enfin les pratiques liées à la prise en compte du développement durable comme le « tri des
déchets » participant au final à la qualité paysagère via la qualité de l’environnement sont citées, il
semble alors que malgré la « contrainte, à l’origine, imposée aux populations », la mobilisation
collective pour l’environnement s’affirme dorénavant comme guide de l’action.
Le paysage et identité culturelle.
La culture et le paysage sont deux notions étroitement liées. Compris souvent dans sa
dimension patrimoniale, des professionnels et des élus, ont réellement approfondi ce thème en
indiquant que « le paysage s’interprétait par les traces résultant de l’activité humaine, ces traces lui
donnant tout son sens », « le paysage a à dire des gens et leur mode de vie s’y inscrit ». La culture
est à l’origine de la diversité des paysages, et, le paysage en fonction de ses particularités
(topographie, pédologie, géologie, etc.) oriente les « modes de faire » des populations qui le
pratique (les caractéristiques architecturales, le parcellaire agricole, les cultures, la trame urbaine,
etc.).
Une question a été soulevée concernant les risques d’une muséification généralisée du
patrimoine, il s’agit selon ce participant, de distinguer dans l’ensemble de ces éléments ce qui
mérite de faire l’objet d’une préservation, au risque sinon de figer le paysage. « Le patrimoine, objet
d’une mise en valeur, doit alors s’intégrer aux aménagements, il est important de conserver des
marqueurs de l’organisation d’une époque », la difficulté semble, dans ces conditions, de concilier
identité culturelle dépendante de son paysage et dynamisme des paysages. La sauvegarde d’une
identité culturelle s’appuie alors sur une certaine gestion du paysage indispensable à mettre en
place dans les projets de territoire. Il a d’ailleurs été mentionné que les Parc Naturel Régionaux
étaient d’excellents porte-parole en la matière.
Les transformations du paysage contribuent à la perte de repères identitaires des sociétés,
pour cela la Convention européenne du paysage déclare58
« (…) conscients que le paysage concourt
à l’élaboration des cultures locales et qu’il représente une composante fondamentale du patrimoine
culturel et naturel de l’Europe, contribuant à l’épanouissement des êtres humains et à la
consolidation de l’identité européenne ;(…) ». Cette problématique amène les élus et professionnels
à réfléchir sur la question du phénomène de la banalisation du paysage « les villages se
transforment en lotissement », le phénomène révélé du « gommage du patrimoine vernaculaire »
57
Not In My Back Yard, « pas dans mon arrière cour » désigne une position éthique et politique, qui veille à ne pas
tolérer de problèmes dans son environnement proche. Cette idée peut s'appliquer à une personne (quelqu'un qui a une
attitude NIMBY est un NIMBY) ou à une association de riverains créée pour défendre son environnement. 58
Préambule de la Convention européenne du Paysage.
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Partie 3 – Chapitre 2 50
paraît insidieux puisque l’habitat traditionnel se rénove parfois en adoptant des attributs du modèle
pavillonnaire (baie vitrée, huisseries PVC, etc.). La périurbanisation, facteur aggravant de la
banalisation du paysage, fait se « côtoyer des personnes de catégories socioculturelles et d’âges
différents dont les besoins et habitudes divergent », ne sollicitant pas les mêmes infrastructures, les
mêmes pratiques, des conflits d’usage peuvent alors entrainer une dégradation du sentiment
d’appartenance au territoire.
La relation paysage et bien être des populations s’organiserait en lien avec la dimension
culturelle d’un territoire, la perte de ce lien peut potentiellement entraîner chez l’habitué du
territoire des déséquilibres dans la perception de l’organisation du paysage et des bouleversements
peuvent alors « entrainer des angoisses ». Aussi, l’appréciation d’un paysage pourrait s’apparenter à
un sentiment de nostalgie, «La perte des repères identitaires concerne en priorité les revenants
après plusieurs années. Les autres s’habituent progressivement aux changements», dans ce cas il est
fait état de l’aptitude de l’être humain à s’adapter aux changements.
Développement durable et paysage.
Le lien développement durable et paysage dans les projets de territoire se traduit dans un
premier temps par des perspectives. Les réflexions à ce sujet portent plus sur des attentes que sur
des résultats constatés. Le paysage urbain, alors qu’il ne représente pas automatiquement
l’archétype du paysage, semble le plus focaliser les esprits quant aux apports d’une démarche de
développement durable sur le paysage. Il a donc été mentionné que la mise en place d’une
démarche développement durable doit permettre de résoudre les problématiques de mobilité, « les
évolutions des modes de déplacement vont fortement influencer le paysage ». Le mitage de l’espace
et l’étalement urbain vont diminuer au profit d’une densification urbaine plus importante, « les
formes urbaines vont changer, d’un habitat diffus à une compacité urbaine », la perception des
villes, et plus précisément leurs lisières vont fortement évoluer. Ces évolutions se mettent en place
progressivement et le Scot du Pays du Vignoble Nantais, prescrit par exemples des tailles de
parcelle n’excédant pas en moyenne les 500m², Vallet devra prendre en compte cette donnée parmi
d’autres.
Photo n°4 : Etalement urbain visible sur la commune de Saint Laurent sur Sèvre. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.)
Le développement durable est régulièrement associé aux énergies renouvelables et aux
techniques employées pour en produire. L’impact sur le paysage est relatif à la valeur que nous
allons accorder au rôle véhiculé par ces nouveaux éléments du paysage. Des éoliennes peuvent pour
certains « enlaidir » le paysage et pour d’autres créer une véritable attractivité du lieu, la
subjectivité du paysage renvoie alors à la trame culturelle, aux valeurs de l’individu qui observe
cette portion du territoire.
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Partie 3 – Chapitre 2 51
Photo n° 5 : Eoliennes perçues d’un point de vue de la commune de Saint Laurent sur Sèvre. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.)
Il a été question de l’identité d’une commune, celle-ci doit pouvoir être préservée et évoluer
en lien avec son histoire, le développement durable doit favoriser la prise en compte du patrimoine
culturel, il s’inscrit dans le paysage et contribue à véhiculer une image permettant de maintenir des
repères.
Les éléments visibles du paysage permettent lors d’une première lecture du paysage de
repérer les corridors écologiques potentiels (réseaux de haies bocagères, vallées, cours d’eau, zones
humides, etc.) et d’élaborer des stratégies de sauvegarde de la biodiversité (cartographie de Trame
Verte et de Trame Bleue), des paysages préservés et diversifiés sont les garants dans une première
approche de cette mise en place.
Une donnée essentielle ressort, la prise en compte des attentes des habitants vis-à-vis de
leur cadre de vie. Cependant la concertation, la démocratie participative malgré qu’elle soit
organisée au sein des collectivités doit semble-t-il encore progresser et se diffuser au plus grand
nombre. De la sensibilisation aux enjeux environnementaux, dans lesquelles s’inscrit le paysage,
résulte des effets indispensables à la mise en marche de projets territoriaux durables. Le principe de
concertation est intégré au principe de développement durable de la conférence de Rio59
, aux
articles de la Convention européenne du paysage, à la loi SRU.
Le lien paysage et développement durable « permet aux élus de se poser les bonnes
questions ». L’exemple des essences végétales qui aujourd’hui sont choisies en fonction de leurs
capacités d’adaptation aux substrats et aux climats, permettant d’économiser de l’eau et des produits
phytosanitaires, permet de ne pas dénaturer le paysage en favorisant des essences locales et de
participer au développement local par une gestion raisonnée de l’entretien de ces végétaux.
Enfin, il a été précisé que dans l’élaboration de la démarche durable, la gestion des paysages
doit s’opérer en lien avec l’intercommunalité, l’emboitement des échelles est une condition
indispensable à la réussite de la démarche.
Le paysage apparaît comme au cœur des problématiques du développement durable. Afin de faire
converger les réponses à ces enjeux vers une même dynamique, le paysage doit pouvoir servir de
trame directrice aux politiques d’urbanisme, être en quelque sorte un fil conducteur permettant de
trancher les débats afin de rendre cohérent tous les pans du projet d’urbanisme, dans le sens du
développement durable.
59
La convention d’Aarhus, adoptée en application de l’article 10 de la déclaration de Rio pour la région Europe de la
Commission économique des Nations Unies et ratifiée en 2002 par la France est intégrée au code de l’environnement,
elle porte sur l’accès à l’information, sur la participation du public au processus décisionnel et sur l’accès à la justice
en matière d’environnement.
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Partie 3 – Chapitre 3 52
CHAPITRE 3 – QUE RESTE-T-IL DU PAYSAGE DANS LES PROJETS D’URBANISME ?
La notion de paysage rencontre toutes les dimensions de la problématique du développement
durable. Il semble par conséquent tout indiqué que le paysage trouve une place centrale dans des
projets d’urbanisme dits modernes. Les rencontres avec les acteurs de terrain et l’analyse des projets
d’urbanisme constitueront les supports nous permettant de tenir une discussion sur la place réelle de
l’approche paysagère dans les politiques d’urbanisme et d’envisager des orientations pour les
projets futurs.
a. Le paysage a vocation à servir le projet de territoire.
Lorsque les populations évoquent le paysage, il est souvent relaté des exemples de mutations
paysagères dont les dégradations n’ont été perçues qu’un certain temps après les opérations
d’aménagements réalisées. La perception que nous avons des paysages peut se construire ainsi de
manière rétroactive, et, dans une vision nostalgique qui les idéalise. Les préoccupations concernant
le paysage ressurgissent alors, une fois que toutes les autres préoccupations ont été traitées. Mais ce
n’est pas parce qu’elles réapparaissent en fin de processus qu’elles sont moins importantes. La
donnée paysage, dans un premier temps considérée comme « mineure » et reléguée souvent au
profit de l’économie, se révèle ainsi par la suite vecteur d’enjeux prioritaires : dégradation de
l’environnement, perte d’identité, perte du lien social, banalisation paysagère.
L’importance de la prise en compte des évolutions du paysage dans les bouleversements
environnementaux mobilise actuellement l’opinion publique, effectivement, « l’intrusion de
l’environnement sur la scène sociale a modifié fortement les représentations du paysage60
» , les
populations considèrent de moins en moins le paysage dans sa seule dimension esthétique mais y
intègre la qualité de leur cadre de vie , et si la question de l’environnement demeure différente de
celle du paysage elles s’avèrent alors liées fortement l’une à l’autre. Il existe actuellement une réelle
demande de la part des habitants qui expriment de façon croissante l'aspiration à un environnement
préservé et à un cadre de vie de qualité. L’enquête sociologique61
réalisée sur la commune de Vallet
a démontré que ces attentes « valoriser les entrées de ville », « protéger les paysages », « créer des
chemins de randonnées le long de la vallée de la Logne »... apparaissaient nettement dans les
discours des personnes interrogées. L’aspiration au bien-être des populations et la prise de
conscience « écologiste », qui comprennent la dimension paysagère, font donc du paysage une porte
d’entrée vers les problématiques portées par les projets d’urbanisme.
Mais ce ne sont pas les seuls atouts de la notion de paysage. Traduction sensible de l’espace
géographique dans lequel évoluent les populations, il est le résultat d’une histoire commune,
façonnée par les expériences passées, que ce soit par les activités qui s’y sont développées ou par
les aménagements antérieurs. Le paysage a une connotation positive dans l’imaginaire collectif et
est un des éléments de la culture locale dans le sens où il influe sur le mode de penser et de
percevoir ce qui nous entoure. Cette identification qui fonde le sentiment d’appartenance à un
territoire incite les populations à s’emparer du débat relevant des enjeux que le paysage soulève, il
est donc une matrice fédératrice et médiatrice à tout projet de territoire du fait qu’il représente le
patrimoine commun d’une collectivité. De même que « les espaces, ressources et milieux naturels,
les sites et paysages (…) font partie du patrimoine commun de la nation (…)62
». Le paysage permet
donc d’inscrire le projet de territoire dans une dynamique longue, tenant compte des leçons du
passé, prenant en compte les perceptions des habitants qui l’habitent. Il permet de fonder un projet
de société à l’échelle locale, cohérent avec la culture des habitants et l’histoire du lieu.
Les approches paysagères mobilisent des savoirs issus de nombreuses disciplines
(agronomie, hydrologie, écologie du paysage, économie du paysage…). Or, les politiques publiques
sont, elles, sectorielles. Il existe des politiques urbaines, agricoles, environnementales… Les projets
60 LUGINBUHL Yves, Rapport pour le Conseil National du paysage, « La demande sociale du paysage », 2001, p.10.
61 Enquête sociologique PLU de Vallet, Cabinet Emanence, Sylvie ROUX, décembre 2008.
62 L. 110-1 du code de l'environnement.
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Partie 3 – Chapitre 3 53
d’urbanisme sont donc tiraillés entre des acteurs qui perçoivent une ou plusieurs dimensions de la
problématique globale, mais rarement la totalité. Le paysage, grâce à son approche transversale,
permet là encore la mise en place de projet d’urbanisme cohérent, notamment en croisant les
problématiques propres aux piliers du développement durable.
Selon les entretiens, le paysage représente une trame indispensable à considérer tout au long
des réflexions propres à la planification, « il représente une ligne directrice à laquelle on devrait se
référer pour trancher les débats », « le PLU doit prendre en compte le critère paysage comme
prioritaire ». Il est également perçu comme un outil « central » à mettre en avant dans la
construction de projet de territoire cohérent, « dans le cas précis d’une planification urbaine qui ne
nécessite pas d’étude d’impact systématique, la question du paysage devrait être effectivement
centrale (ex : quartiers résidentiels hideux autour des bourgs) ». D’autres ne se positionnent pas sur
l’intérêt ou non du rôle à tenir du paysage dans la planification urbaine mais le positionnent en tant
qu’outil au service de la réflexion, « l’analyse du paysage doit, par exemple, permettre une
meilleure optimisation de l’espace », c’est à partir de son observation et de sa compréhension que
nous pouvons organiser le territoire.
L’ approche paysagère est dynamique, elle permet de « réfléchir aux modes
d’aménagements et de développements adaptés à partir de l’observation de ses atouts, de ses
dysfonctionnements, de ses évolutions, de ses potentialités d’évolution et d’adaptation.(…) Le
paysage ne doit pas être traité comme un thème d’intervention parmi d’autres (ce qui le réduit
souvent à une énumération d’améliorations ponctuelles à engager), mais bien comme une approche
multidimensionnelle bien adaptée pour réfléchir à un projet d’évolution territorial souhaité et non
subi. 63
»
b. Les obstacles à une approche paysagère aboutie.
Les paysages soulèvent des enjeux environnementaux, sociaux culturels et économiques et
constituent une richesse patrimoniale majeure. S’ils sont à l’origine de l’identité et de l’attractivité
de nombreuses communes, nous ne pouvons ignorer que de nombreuses menaces pèsent sur lui64
:
« étalement urbain, consommation abusive de terre agricole et des ressources naturelles,
fragmentations des habitats écologiques, individualisation des comportements, ségrégation sociale,
manque de coordination des politiques et des acteurs, territoires en déprise,(… )» . Nous
présenterons ici les principaux obstacles à la réalisation d’une approche paysagère ambitieuse.
Pour certains enquêtés, le paysage n’est pas un élément fondamental mais demeure un
élément du projet, et « il ne doit pas être un facteur de blocage », d’autres problématiques
apparaissent comme prioritaires, « figer le paysage » ne permettrai pas de les solutionner.
La question du paysage reste effectivement enchevêtrée dans une multitude d’autres enjeux
au sein desquels les élus doivent effectuer un choix. La place des élus et de la décision politique
reste donc primordiale. Ceux-ci se retrouvent confrontés à plusieurs échelles de temps : « le temps
politique, le temps économique, le temps environnemental ». Les élus prennent leurs décisions au
cours d’un mandat limité dans le temps, et seront jugés sur les retombées concrètes des projets mis
en œuvre. Dans la perspective des débats politiques, nous pouvons comprendre que les projets les
plus productifs à court terme soient mis en œuvre. Aussi, les concrétisations réelles des projets
paysages peuvent ne porter bénéfices qu’à long terme. L’élu doit alors supporter le poids de la
dépense sans pour autant bénéficier des avantages liés à la concrétisation du projet, son mandat
pouvant avoir pris fin d’ici là. Il faut rajouter que les processus de décisions peuvent s’allonger
parfois sous le poids du « temps administratifs ».
Les collectivités locales sont également soumises à un ensemble de pressions économiques
et sociales. La population demande, au fur et à mesure du développement la mise en place de
nouveaux aménagements permettant d’améliorer les conditions de vie. Un certain nombre d’entre
eux sont liés aux thématiques de la mobilité. Aujourd’hui, la distance ne se mesure plus en
63
Dossier « Paysage et documents d’urbanisme : nouveaux enjeux – nouveaux outils – nouvelles responsabilités des
élus », Mairie-conseils, Caisse des dépôts, 2005, P.7. 64
FNSAFER, Etats généraux des paysages, ensemble, pour les paysages de demain, 8 février 2007.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Partie 3 – Chapitre 3 54
kilomètres mais en minutes, les citoyens appuient les décisions qui fluidifient les axes de
communication. Les élus sont également soumis à des pressions plus pragmatiques. Chaque projet
d’aménagement du territoire peut venir modifier la destination des sols. Certains cherchent à
modifier l’usage de leurs propriétés (de terre agricole à terre constructible), d’autres ont les
exigences inverses. Se lie ici des motivations psychologiques et économiques (Intérêt personnel et
intérêt collectif) auxquelles doit faire face la collectivité.
Pour la plupart des élus interrogés, l’aspect financier n’est pas avancé puisqu’une
gestion durable du territoire produit des réductions de dépenses à plus long terme. De plus le
caractère obligatoire du développement durable dans les projets de territoire impose aux
collectivités de le prendre en compte. Mais la contrainte financière est cependant relativement
souvent mentionnée par les professionnels. Au-delà de la question des coûts, on peut s’interroger
sur les contraintes posées par l’activité économique. Les projets respectueux de l’environnement et
des paysages sont rentables à long terme alors que l’activité économique détermine le devenir des
communes à court terme. Prenons l’exemple de la création ou de la préservation d’emplois associée
à l’implantation d’une Grande et Moyenne Surface commerciale (GMS), ce sujet suscite des débats
et de la concertation au sein d’une collectivité locale, et l’avis final se rallie généralement à l’intérêt
économique collectif moyennant quelques compensations environnementales. Nous pouvons
constater ce phénomène sur l’ensemble du territoire national, la banalisation des paysages par des
structures commerciales hautement consommatrice d’espace accaparent les entrées d’agglomération
pour bénéficier de l’ « effet vitrine » de la situation, c'est-à-dire, obtenir la capacité d’être vue de
loin, dans une zone de flux routiers importants sans pour autant déployer des efforts d’intégration de
leur bâtiment dans le paysage. Son intégration se fait souvent dans une zone d’extension urbaine à
proximité des voies de dessertes routières dans l’objectif d’élargir une zone de chalandise et non
dans une zone de restructuration urbaine, à proximité des résidents ce qui diminuerait les
déplacements et la consommation foncière. Le paramètre « économie » donc l’emporte
régulièrement sur le paramètre paysage contre des compensations environnementales et /ou
architecturales.
Un élu a par ailleurs mis en avant que le peu de considération au final pour le paysage
proviendrait d’un « problème culturel propre au territoire français ». Les difficultés relèveraient
également de la réticence aux changements, « la peur de créer un nouveau paysage, ou, la peur de
ne pouvoir améliorer l’existant » inciterait soit à « ne rien faire » soit à « réappliquer des modèles
jusque là considérés comme acceptables par beaucoup ».
L’apport de l’approche paysagère semble, selon l’enquête, limitée. Comme nous l’avons
précisé précédemment, le paysage serait victime d’un manque de considération en raison d’un
aspect de la culture française. Le diagnostic paysager porteur d’enjeux territoriaux est relativement
rapidement « oublié » et le paysage en tant que « fil conducteur à la démarche » s’efface au profit
des thématiques de l’urbanisme, de l’activité économique, des déplacements, de l’énergie, etc. Le
paysage, « système organisé », notion transversale, est encore souvent relégué à sa dimension
esthétique à préserver si possible au mieux. Une meilleure compréhension des objectifs du
diagnostic paysager et de la notion même de paysage permettrait une meilleure prise en compte des
enjeux territoriaux. La encore, même s’il a été fait état d’une nette évolution des mentalités
concernant les sujets propres au développement durable, la mise en place d’une sensibilisation
(destinée aux acteurs territoriaux) aux enjeux de leurs paysages est perçue comme un moyen
nécessaire.
Il est encore trop tôt pour juger de l’implication de l’outil paysage dans les orientations qui
seront prescrites en fin d’étude dans les PLU des communes de Vallet et de Saint Laurent sur Sèvre.
De nombreux enjeux liant paysage et développement durable ont été discutés, les citoyens, de plus
en plus sensibilisés au développement durable et concernés par leur cadre de vie, seront motivés,
semble-t-il, à examiner le paysage dans sa complexité.
c. Des pistes pour demain.
Mettre fin à l’étalement urbain pour favoriser le bien être et le lien social des habitants.
La ressource foncière, fondement du paysage, est menacée par cette artificialisation des
espaces agro-forestiers et naturels. Elle entraîne des dégradations environnementales (fragmentation
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Partie 3 – Chapitre 3 55
des espaces, déséquilibre des écosystèmes en place, appauvrissement de la biodiversité,…) mais
soustrait également à la planète la résorption de carbone que produisent ces espaces agro-forestiers
et naturels (photosynthèse). Dans le cadre d’un développement véritablement viable, l’humanité va
devoir65
« (…) doubler la production alimentaire (…), pour lutter contre le réchauffement
climatique, il faudra développer une agriculture moins consommatrice en intrants à base d’énergie
fossile et capter le carbone atmosphérique (augmentation de la matière organique des sols,
boisements), (…) produire des biocarburants, du bois énergie, et des chaînes carbonées pour des
matériaux et des biomolécules (…). ». Les modèles urbains d’après-guerre sont de toute évidence
fortement remis en question, après les grands ensembles répondant à un exode rural massif (années
soixante), le modèle pavillonnaire s’est affirmé comme étant le symbole d’une réussite sociale
aboutie. Aujourd’hui, ces zones pavillonnaires centrifuges, le mitage de l’espace, l’implantation
horizontale de grandes zones commerciales ou industrielles et artisanales, à l’entrée des villes et le
long des voies de dessertes consomment l’espace de manière irrationnelle, augmentent les
déplacements, et sont en partie responsable d’une désaffection pour le maintien des liens sociaux
que ce type d’aménagement impulse peu.
Figure n° 13 et 14 : Projet de l’Atoll, zone de 70 000 m², située en bordure de l'axe Beaucouzé-Montreuil-Juigné (RD106), entre le contournement nord de l'A11 et la RN 23. Sources : Angers Loire Métropole, Compagnie de Phalsbourg, 2007. « Conçu par la Compagnie de Phalsbourg, promoteur parisien spécialisé dans les commerces d'entrée d'agglomération, ce projet, baptisé Atoll, inclut toute une batterie de mesures destinées à limiter ses dépenses énergétiques.66»
Les projets de zones commerciales sont aujourd’hui souvent « valorisés » par des illustrations
séduisantes intégrant les symboles du développement durable (la couleur verte, l’arbre, le
bois, la transparence).
La garantie d’un développement dit durable exige alors une maîtrise et une modération de la
consommation de ces espaces, ceci pour réduire les dégradations des paysages et leurs
conséquences néfastes sur l’environnement, réduire les déplacements et impulser le lien social par
la création d’un cadre de vie respectant les dynamiques socioculturelles. Plusieurs directions
peuvent être suivies, toutes encadrées par la loi pour que les décisions soient soustraites aux
pressions locales, toujours fortes dans ce domaine67
:
- Développer la protection des paysages en allant au-delà des opérations de compensation.
Nous ne devons plus nous contenter de protéger les sites remarquables ou les sites naturels,
mais envisager la gestion des paysages comme un enjeu global.
- Recycler le foncier urbain en « construisant la ville sur la ville », en portant une attention
particulière aux entrées de ville et aux espaces publics.
- Améliorer les écosystèmes productifs en milieu rural pour les rendre apte à résister à
l’élévation du prix du foncier.
65
Rapport « Etats généraux du paysage. Ensemble, pour les paysages de demain », FNSAFER, 8 février 2007, p.35. 66
Commentaire « En 2012, un nouveau parc d'activités commerciales aux portes d'Angers Loire Métropole »,
http://www.angersloiremetropole.fr/projets_et_competences/domaines_dintervention/economie/developpement_econo
mique/atoll/index.html 67
Rapport « Etats généraux du paysage. Ensemble, pour les paysages de demain ». FNSAFER, 8 février 2007, p.36.
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Partie 3 – Chapitre 3 56
Une valorisation économique des paysages.
Le paysage « (…) constitue une ressource favorable à l’activité économique, dont une
protection, une gestion et un aménagement appropriés peuvent contribuer à la création
d’emplois68
». Il existe une filière paysage composée entre autres des agriculteurs, des architectes
paysagistes, des entreprises de jardinage… Valoriser l’image du paysage, c’est permettre le
développement économique de cette filière.
Mais le paysage peut également être évalué pour lui-même, monétairement. Le paysage est à
la fois un patrimoine économique et un bien économique. En tant que patrimoine, il est destiné à
être légué aux générations futures. En tant que bien, il a vocation à satisfaire des besoins immédiats.
Le paysage à donc, économiquement, à la fois une dimension collective et une dimension privée.
De ce fait, il est générateur d’externalités, il occasionne sur des tiers des gains ou des pertes
monétaires sans que ceux-ci n’aient à en payer le prix. Par exemple, le fait qu’un paysage soit
sacrifié au nom de la raison industrielle entraîne une perte de valeur pour les biens immobiliers
situés aux alentours. Inversement, la qualité du paysage stimule de nombreuses activités qui en
utilisent l’image pour vendre (Produits AOC, tourisme et loisirs, attractivité résidentielle et
industrielle). Le paysage peut donc être considéré comme un bien public.
Pour que les pouvoirs publics puissent faire un choix entre Gestion, Aménagement et
Protection, il faut procéder à la juste évaluation monétaire du paysage. Toute politique de protection
d’un paysage doit mettre en regard les gains associés à cette protection (attractivité résidentielle et
touristique) et les coûts (entretien, coût d’opportunité). De la même manière, il faut évaluer
monétairement toute dégradation du paysage, en termes de perte de valeur pour le patrimoine, pour
les générations futures, de mal-être mais aussi de restauration. Cette pratique permettrait de révéler
la véritable richesse que renferment les paysages, et dont on ne prend pas toujours la mesure.
Les risques à anticiper.
Pour la majorité des acteurs, on assistera dans le futur à une dichotomie ville /campagne, la
notion de « campagne parc » a d’ailleurs été évoquée lors de l’enquête. Les prescriptions actuelles
concernant la consommation de l’espace et la rationalisation des déplacements vont produire « des
franges urbaines sensibles » de nouveaux paysages urbains, appelés encore « espace de transition »
sur lesquels une réflexion s’impose. Nous nous acheminons vers « des pôles urbains, des zones
urbanisées plus nettes». Le retour à la ville n’est pas exclu du fait de la problématique de la
ressource pétrolière et de ces conséquences sur nos déplacements. La campagne connaîtra alors une
« désertification » ?
Une interrogation a été soulevée concernant la composante sociale du développement
durable. L’urbanisme d’ilots résidentiels participerait à l’accroissement des inégalités et ne
permettrait pas l’intégration de la pauvreté et de la mixité sociale dans leur conception. La crainte
est de constater dans le paysage une ségrégation sociale toujours plus importante, ce qui serait en
inadéquation avec les principes du développement durable. « Les pressions foncières vont peut-être
s’accroître du fait de l’attractivité de la commune, le développement urbain doit être accompagné de
manière raisonnée ».
Certains, enfin, regrettent les solutions apparaissant comme « formatées » proposées au
cours de l’élaboration de la planification urbaine. Les paysages promus aujourd’hui par les milieux
techniques et politiques ne seront-ils pas ceux de la banalisation paysagère de demain ?
Conclusion
L’ensemble des professionnels et des élus est conscient de l’importance d’étudier les projets de territoire de manière globale, c'est-à-dire, de créer des passerelles entre les disciplines pour prendre en compte la transversalité des problématiques communales. Le paysage va devoir s’affirmer comme une discipline à part entière car il constitue un des marqueurs révélateurs au long terme des valeurs qu’une société souhaite véhiculer, c’est pour cela qu’il est un élément privilégié de la démocratie locale. « Souhaitons-nous donc d’avoir la créativité et la volonté de faire du paysage un véritable outil de gouvernance citoyenne et de développement durable »69.
68
Préambule de la Convention européenne du paysage. 69
FORTIN M.J, « Le paysage, cadre d’interprétation pour une société réflexive », , in Paysage de la connaissance à
l’action, p 27.
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Conclusion 57
CONCLUSION
La vocation de l’AEU à s’intégrer aux démarches de planification, dans un objectif à plus
long terme, de maîtriser dès l’amont la mise en place d’un urbanisme à venir, permet d’œuvrer en
faveur d’un développement potentiellement plus viable. Si la politique de développement durable
du Grenelle intègre des problématiques telles que : logements et bâtiments ; biodiversité et milieu
naturel ; politiques de l’eau et de l’assainissement ; transports urbains ; urbanisme et
aménagement ; prévention et valorisation des déchets, rappelons l’intervention de la secrétaire
d’Etat à l’Ecologie qui précise l’absence du paysage, pourtant présent en filigrane de la quasi-
totalité des enjeux de la loi portant engagement national pour l’environnement. Il est donc
nécessaire de « (…) réparer cet oubli et inscrire le paysage dans le projet de loi (…) »70
. La loi SRU
affirme peu la notion de paysage, si les enjeux de qualité urbaine et de limitation de l'étalement
urbain sont au cœur de ces textes, l’approche paysagère qui doit être au cœur des pratiques de
planification et d'aménagement n’est pas précisée.
La lecture du paysage est pertinente pour prendre en compte l’ensemble des espaces du
quotidien (paysage urbain, agricole et rural), quelque soit leurs qualités. D’autant que les finalités
principales de la Convention Européenne du paysage, par l’élaboration de politiques du paysage,
visent à garantir à la fois le bien être de tous et le développement durable, les souhaits des individus
étant aujourd’hui de bénéficier d’une qualité de vie satisfaisante dans un environnement non
dégradé tout en profitant d’un certain développement économique. La mise en exergue de la trame
paysagère dans chacune des problématiques portant enjeux sur le développement durable constitue
alors l’assurance d’édifier des projets de territoire supportables. Le système paysage se traduit par
des enjeux identitaires, socioculturels, économiques, écologiques, et du fait de sa dimension
fédératrice, ces enjeux sont identifiables au sein d’une collectivité par le moyen de la concertation,
du débat. La mise en relief des évolutions et des pressions qui s’opèrent sur les paysages et leurs
conséquences, doivent faire naître des volontés favorables au développement durable. L’échelle du
paysage permet d’intéresser et de sensibiliser les populations à la réflexion et l’action territoriales, il
s’agit de l’entrée la plus accessible à la participation du public. Le paysage est donc une ressource
du quotidien, à protéger, gérer et à aménager, ces pratiques du paysage doivent favoriser l’activité
économique et contribuer à la création d’emplois. La prise en compte de la dimension paysage,
transversale aux thèmes de l’enjeu global qui est le développement durable doit alors faciliter sa
mise en œuvre. L’outil paysage apparaît donc comme un auxiliaire et un médiateur du territoire
durable.
Cependant, si les qualités du paysage sont examinées dans un premier temps lors de
l’élaboration du projet elles semblent dans un second temps sous-exploitées et délaissées aux
profits d’autres problématiques estimées prioritaires. Le paysage peut alors être perçu comme un
élément de blocage « élitiste », à préserver, voire, à figer, à muséifier, conception qui s’inscrit en
paradoxe des orientations des politiques du paysage. Effectivement, il doit pouvoir évoluer comme
il l’a toujours fait, mais nous sommes aujourd’hui dans un monde où la mondialisation impose des
échelles de temps difficilement maîtrisables pour les collectivités (crise économique, sociale,
environnementale, fulgurantes), qui doivent désormais gouverner en incluant ces nombreux et
nouveaux paramètres. Si les échelles de temps sont difficilement maîtrisables, l’échelle spatiale l’est
plus facilement. Les échelles de la planification urbaine vont semble-t-il être modifiées par la mise
en place des lois Grenelle de l’environnement. Les Scot renforceront leur nature prescriptive pour
coordonner des PLU intercommunaux, seul l’avenir pourra évaluer cette nouvelle méthodologie.
Mais il apparaît nécessaire avec l’outil paysage de travailler en dehors des limites communales, le
système paysage ne s’arrête pas aux limites administratives et peut s’avérer une ligne directrice
pertinente des PLU intercommunaux.
L’importance que l’on accorde à la mise en place d’une politique de qualité paysagère sur
un territoire varie en fonction des regards (initié, informé et formé), des lectures dont ils émanent
70
JOUANO Chantal, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Communiqué de presse du Ministère de l’Ecologie, de
l’Energie, du Développement Durable et de la Mer du 22.07.09.
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Conclusion 58
et des échelles territoriales sur lesquelles se portent ces regards, et le paysage, longtemps considéré
comme une notion subjective et prédisposée à la discussion, est aujourd'hui un véritable sujet. Il
existe également une demande sociale du paysage qui s’exprime à travers l'aspiration pour un
environnement préservé et un cadre de vie de qualité. L'urbanisation banalisante qui a marqué les
dernières décennies a nié le territoire dans sa dimension physique, sociale et culturelle. Un territoire
« brut » sur lequel ont été implanté des infrastructures. Une nouvelle approche transversale
s’impose. Une collectivité sensibilisée au concept de paysage se donne les moyens d’être plus
efficace dans à sa politique d'aménagement durable de l'espace.
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Bibliographie 59
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Glossaire des sigles 61
Glossaire des sigles ADEME : Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’Energie
AEU : Approche Environnementale de l’Urbanisme
AOC : Appellation d’Origine Contrôlée
CAUE : Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement
CEENU : Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies
CU : Code de l’Urbanisme
DDE : Direction Départementale de l’Equipement
DDEA : Direction Départementale de l’Equipement et de l’Agriculture
DIREN : Direction Régionale de l’Environnement
DOG : Document d’Orientation Générale
DREAL : Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement
EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale
FNSAFER : Fédération Nationale des Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat
GMS : Grande et Moyenne Surface
IAURIF : Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d'Ile de France
INAO : Institut national de l'origine et de la qualité
LOADDT : Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement Durable du Territoire
OIG : Opération d’Intérêt Général
ONU : Organisation des Nations Unies
PAC : Porté A Connaissance
PADD : Projet d’Aménagement et de Développement Durable
PDH : Plan Départemental de l’Habitat
PIG : Projet d’Intérêt Général
PLH : Plan Local de l’Habitat
PLU : Plan Local d’Urbanisme
PNR : Parc Naturel Régional
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
POS : Plan d’Occupation des Sols
PPA : Personne Publique Associée
PPRI : Plan de Prévention des Risques Inondation
SAGE : Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux
SAU : Surface Agricole Utile
SCOT : Schéma de Cohérence Territorial
SDAGE : Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux
SDEC : Schéma de Développement Commercial
SMDD : Sommet Mondial pour le Développement Durable
SRU : Solidarité Renouvellement Urbain
SYDEV : Syndicat Départemental d'Energie et d'Equipement de la Vendée
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Tables 62
Table des illustrations
Figure n° 1 : Schéma du mécanisme de l’éclatement spatial des villes amorcé dans les années
1970……………………………………………………………………………………………….. 9
Figure n° 2 : Le cercle vicieux de l’étalement urbain……………………………………………. 11
Figure n° 3 : Schéma de la procédure d’élaboration du PLU…………………………………… 22
Figure n° 4 : Articulation entre la démarche AEU et l’étude du Plan Local d’Urbanisme……… 24
Figure n° 5 : Localisation de la commune de Saint Laurent sur Sèvre dans le département de
Vendée……………………………………………………………………………………………. 25
Figure n° 6 : Evolution de la population de la commune de Saint Laurent sur Sèvre de 1962 à
2007……………………………………………………………………………………………….. 26
Figure n° 7 : Carte de synthèse d’analyse paysagère de la commune de Saint Laurent sur Sèvre.. 31
Figure n° 8 : Trafic routier des axes principaux de la commune de Saint Laurent sur Sèvre……. 32
Figure n° 9 : Déplacements et étalement urbain sur la commune de Saint Laurent sur Sèvre…... 32
Figure n° 10 : Présentation du thème « Déplacement et cadre de vie » de l’Atelier AEU……… 34
Figure n° 11 : Localisation de la commune de Vallet (Loire Atlantique………...………………. 36
Figure n° 12 : Evolution de la population de Vallet de 1962 à 2007………..…………………… 37
Figure n° 13 et n°14 : Projet de l’Atoll……………………………………………………... …... 55
Figure n° 15 : Typologies urbaine caractéristique de Saint Laurent sur Sèvre…………………... Annexe n°2
Figure n° 16: Trame pavillonnaire du lotissement nord de la commune………………………... Annexe n°2
Figure n° 17: Trame urbaine du lieu dit « BODET »……………………………………….…... Annexe n°2
Figure n° 18 : Bâti sur le coteau………………………………………………..………………… Annexe n°2
Figure n° 19 : Projection population, Densité urbaine et hectares consommés………………..… Annexe n°3
Figure n° 20 : Enveloppe foncière consommée en fonction de la densité opérée……………..… Annexe n°4
Table des tableaux
Tableau n°1 - Utilisation par l’homme des ressources en eau……………………………............. 4
Tableau n°2 - Le cadre législatif tenant compte de l’environnement et du paysage pour un
aménagement durable……………………………………………..……………………………… 14-15
Tableau n° 3 Points forts et points faibles (non exhaustifs) du paysage de Saint Laurent sur
Sèvre………………………………………………………………………………………………. 29
Tableau n° 4 : Exemples d’enjeux paysagers soulevés à propos des communes de Vallet et de
Saint Laurent sur Sèvre (liste non exhaustive)……………………………………………………
44-45
Tableau n° 5 : Quelle densité et quelles formes urbaines pour Saint Laurent sur Sèvre…………. Annexe n°3
Tableau n° 6 : Questionnaire……………………………………………………………………… Annexe n° 5
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Tables 63
Table des photographies
Photo n°1 : Boisement, Nord Ouest de l’agglomération…………..……………………………… 37
Photo n°2 : Vallée de la Logne, Est de l’agglomération…………..……………………………… 37
Photo n°3 : Vigne, Nord-est de l’agglomération……….………………………………………… 38
Photo n°4 : Etalement urbain visible sur la commune de Saint Laurent sur Sèvre………………. 50
Photo n° 5 : Eoliennes perçues d’un point de vue de la commune de Saint Laurent sur Sèvre ….. 51
Photo n° 6 : Moulin de l’Etourneau………………………………………………………………………... Annexe n° 1
Photo n° 7 : La Sèvre nantaise……………………………………………………………………………... Annexe n° 1 Photo n° 8 : Viaduc de Barbin……………………………………………………………………………... Annexe n° 1 Photo n° 9 : Parc de la Barbinière………………………………………………………………………….. Annexe n° 1 Photo n°10 : Zone humide (Ouest de la commune)……………………………………………………….. Annexe n° 1 Photo n° 11 : Val de la Piardière…………………………………………………………………………… Annexe n° 1 Photo n°12 : Vue de la crête (vers le Nord est)…………………………………………………………….. Annexe n° 1 Photo n°13 : Panorama de la RD 149 vers le bourg de Saint Laurent sur Sèvre………………………….. Annexe n° 1 Photo n° 14: Culture Sud Est de la commune……………………………………………………………… Annexe n° 1 Photo n°15 : Gorge du Plassard (Moulin du Plassard)…………………………………………………….. Annexe n° 1 Photos n° 16 et 17 : Urbanisme du centre bourg………………………………………………………….. Annexe n° 1 Photos n° 18 et 19 : Urbanisme des hameaux…………………………………………………………….. Annexe n° 1 Photos n° 20 et 21 : Bâtiments agricoles……………………………………………………………........... Annexe n° 1 Photos n°22 et 23 : Zones résidentielles pavillonnaires…………………………………………………… Annexe n° 1 Photos n° 24 et 25 : Patrimoine religieux………………………………………………………………….. Annexe n° 1 Photo n° 26: Activité artisanale et industrielle……………………………………………………………... Annexe n° 1 Photos n°27 et 28 : Patrimoine industriel………………………………………………………………… Annexe n° 1 Photo n° 29 et 30 : Bâtiments publics …………………………………………………………….
Annexe n° 1
Sophie DE GRAEVE BOULDAY - Master II Professionnel - DYNATERP - Paysages et Médiation – Année 2008/2009.
Annexes 64
Annexes n° 1
Description du paysage de Saint Laurent sur Sèvre.
Le paysage communal s’inscrit dans celui du Haut Bocage Vendéen avec la particularité d’être segmenté par
trois vallées influençant nettement ses caractéristiques. Si le paysage s’intègre dans une configuration
d’unité paysagère dépassant souvent le cadre des limites communales, on peut distinguer des limites
physiques et visuelles qui délimitent l’horizon du paysage de Saint Laurent sur Sèvre.
- La limite paysagère de la frange Nord est nette puisque constituée en partie par la vallée de la Sèvre
et du Parc de la Barbinière, elle fonde une part de l’identité de la commune.
Photo n° 6 : Moulin de l’Etourneau. Photo n° 7 : La Sèvre nantaise. (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.) (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.)
Photo n° 8 : Viaduc de Barbin. Photo n° 9 : Parc de la Barbinière (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.) (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.)
- L’Ouest du territoire s’organise en plateau ondulé semi-ouvert segmenté par le large val de la
Piardière. Dans le continuum paysagé de la face Est du territoire, la limite Nord – ouest s’articule
également selon ce plateau ondulé.
Photo n°10 : Zone humide (Ouest de la commune) Photo n° 11 : Val de la Piardière (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.) (Sophie DE GRAEVE, 2009, Saint Laurent sur Sèvre.)
- La limite Nord Est se caractérise au Nord par une ligne de crête marquante, offrant un panorama sur
l’ensemble du bourg de Saint Laurent sur Sèvre. La RD 149, positionnée en surplomb du bourg, constitue
une percée visuelle forte dans le paysage, si elle offre un panorama au véhicule l’empruntant, elle est
également susceptible d’être perceptible par un nombre important de vues, non seulement en contrebas
de cette ligne de crête, mais également, par de multiples points positionnés sur les vallons.