Upload
others
View
5
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
INVENTER, DEVELOPPER ET
DIFFUSER : LES
PROBLEMATIQUES DE
L’INVENTEUR ISOLE Mr Zongo et la Pompe à Pédale Vélo L’innovation provient parfois d’inventeurs isolés.
Nous allons voir à travers le cas de la Pompe à
Pédale Vélo (PPV) comment un inventeur isolé
interagit avec différentes parties prenantes dans le
processus d’innovation et nous pourrons discuter
des défis auxquels sont confrontés les inventeurs
isolés pour la production et la commercialisation de
leur innovation.
Ce cas sert de matériel pédagogique aux discussions en classes plutôt que d'illustration de pratiques managériales effectives ou ineffectives. Ce cas a été réalisé à partir d'entretiens avec l'inventeur Mr Zongo et de sources secondaires. Il a été préparé par Dr Ignace Medah (CNRST/ IRSAT, Burkina Faso) et Dr Valérie Sabatier (Grenoble Ecole de Management, France).
30/11/2014
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Informations sur le pays 2
INVENTER, DEVELOPPER ET DIFFUSER : LES PROBLEMATIQUES DE L’INVENTEUR ISOLE
Mr Zongo et la Pompe à Pédale Vélo
Résumé : L’innovation provient parfois d’inventeurs isolés. Nous allons voir à travers le cas de la Pompe à Pédale Vélo (PPV) comment un inventeur isolé interagit avec différentes parties prenantes dans le processus d’innovation et nous pourrons discuter des défis auxquels sont confrontés les inventeurs isolés pour la production et la commercialisation de leur innovation.
TABLE DES MATIERES
Informations sur le pays ............................................................................................................ 3
HiStoire de la pompe à pédale Vélo (PPV) et de son inventeur ................................................. 5
Éléments de contexte ........................................................................................................... 5
L’inventeur de la PPV ........................................................................................................... 6
Chronologie du projet ........................................................................................................... 7
Marchés et clients ................................................................................................................... 11
Competiteurs ......................................................................................................................... 11
Les problématiques actuelles de la PPV .................................................................................. 12
Visibilité de l’innovation, droits de PI et engagement de l’inventeur ................................... 12
La version solaire de la PPV ................................................................................................ 12
Conclusions ............................................................................................................................ 12
Annexes.................................................................................................................................. 13
Annexe 1 ............................................................................................................................. 13
Annexe 2 : Informations sur le Burkina Faso ....................................................................... 13
Annexe 3: Forum national « nos chercheurs trouvent » ....................................................... 14
Annexe 4 : La propriété intellectuelle au Burkina Faso ........................................................ 15
Annexe 5: L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle ........................................ 16
Annexe 6 : Protection de la propriété industrielle: Des acteurs s’approprient les mécanismes
........................................................................................................................................... 18
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Informations sur le pays 3
INFORMATIONS SUR LE PAYS
Le Burkina Faso est un pays enclavé mais
pays central dans les routes
commerciales qui traversent l’Afrique de
l’Ouest (figure 11). Le Burkina Faso est
frontalier avec le Mali au nord et à
l’ouest ; le Niger au nord-est ; le Bénin au
sud-est ; et avec le Togo, le Ghana et la
Côte d’Ivoire au Sud.
D’après la banque mondiale, « Le Burkina
Faso est un pays sub-saharien enclavé, à
faible revenu (670 dollars par habitant en
2013) et aux ressources naturelles
limitées. La population, qui croît au
rythme annuel moyen de 3%, est estimée
à près de 17 millions en 2013 et se
caractérise par sa jeunesse (plus de 60%
de moins de 20 ans). L’économie est
fortement dominée par l’agriculture qui
occupe près de 80% de la population
active. Le coton est la culture de rente la
plus importante pour le pays2. Toutefois,
suite à la découverte de vastes gisements
miniers, les exportations aurifères ont
pris de l’importance dans l’activité
économique du pays. Le Burkina Faso
reste vulnérable aux chocs exogènes tels
que les variations pluviométriques, les
crises financières et pétrolières internationales et l’instabilité régionale due aux crises
politiques. »3
Concernant le développement économique du pays, le Burkina a eu un taux de croissance
économique de 5,8% en moyenne sur les quinze dernières années (données banque
mondiale) : c’est un des pays qui figure en tête des pays de l’Union Economique et Monétaire
1 Carte issue de http://www.statistiques-mondiales.com/burkina_faso.htm
2 Photo http://geopolis.francetvinfo.fr/en-pleine-tourmente-le-burkina-faso-est-lun-des-pays-les-plus-pauvres-du-monde-45463
3 Données consultés le 15/11/2014 sur la fiche descriptive du pays selon la banque mondiale
http://www.banquemondiale.org/fr/country/burkinafaso/overview
Figure 1: carte du Burkina Faso
Figure 2: Producteurs de coton lors d'un défilé célébrant les 50 ans de l'indépendance du Burkina Faso en 2010. Le coton est l'une des premières richesses du pays.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Informations sur le pays 4
Ouest Africaine. En 2013, le faible cours de l’or sur le marché international a pénalisé la
croissance économique qui a été en baisse par rapport à 2012 mais est tout de même resté
fort :6,9%. L’agriculture et les mines restent les principaux secteurs moteurs de la croissance
économique actuellement4.
Les flux d’investissements directs étrangers entrants sont tirés par le secteur minier (or, zinc
et manganèse). Les flux d’’IDE entrants ont atteint 40,09 millions USD en 2012,
essentiellement sous l’impulsion du développement minier. Les principaux pays d’origine de
ces investissements sont le Canada et la Russie5.
En 2012, les flux de capitaux sortants du Burkina Faso ont été très faibles, comptabilisés par la
CNUCED à 0,5 M USD.
Superficies total : 274.200 kilomètres carrés terre : 273.800 kilomètres carrés l’eau : 400 kilomètres carrés
Climat tropical ; hivers chauds et secs ; étés chauds et humides Altitudes le plus bas point : Fleuve Mouhoun (Volta noire) 200 m le point culminant :Tena
Kourou 749 m (près de la frontière du mali) Ressources naturelles manganèse, pierre à chaux, marbre ; traces d’or, antimoine, cuivre, nickel,
bauxite, fil, phosphates, zinc, argent Environnement – questions actuelles
sécheresses récentes et désertification affectant sévèrement des activités agricoles, la distribution de population, et l’économie ; surpâturage ; dégradation de sol ; déboisement
Environnement – accords internationaux
Adhère aux traités sur: Biodiversité, Changement de Climat, Désertification, Espèces Mises en danger, Pertes Dangereuses, Protection de Couche d’Ozone, Marécages signé, mais non ratifié : Droit de la mer
Le Burkina Faso est actuellement en phase de transition importante d’un point de vue
politique (voir en annexe 2 les dates clefs du XXème siècle). En effet, le pays connaissait une
situation politique stable depuis l'arrivée au pouvoir, lors d'un coup d'Etat, de Blaise Campaoré
en 1987.
4 Source : Perspectives Economiques en Afrique, consultable http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/pays/afrique-de-louest/burkina-faso/
5 Source http://www.tresor.economie.gouv.fr
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| 5
HISTOIRE DE LA POMPE A PEDALE VELO (PPV) ET DE SON INVENTEUR
Éléments de contexte Au Burkina Faso, l’agriculture et l’élevage sont les principales sources de croissance de
l’économie nationale et contribuent pour près de 31% à la formation du PIB et pour 60% aux
exportations ; et le secteur agricole emploie 92% de la population active (FAO Enquête
AQUASTAT, 2005 ; Dialla, 2003). La plupart des activités agricoles sont organisées et mises en
oeuvre par les exploitations familiales qui constituent la forme de production la plus
importante au sein de l’économie familiale en milieu rural.
Pour minimiser les contraintes climatiques et leurs effets parfois dévastateurs, l’Etat
burkinabé développe depuis les années 1960 une politique de maitrise de l’eau à des fins
d’irrigation. Concrètement, la politique de développement de l’irrigation est présentée pour la
première fois en 1976 lors du séminaire national sur la politique de l’eau. Néanmoins les
objectifs que celui-ci assignait à l’hydraulique agricole demeurent encore valables aujourd’hui
; ils visaient à contribuer à la sécurité alimentaire, à améliorer le revenu et les conditions de vie
des populations rurales, à améliorer la balance commerciale, à protéger et à restaurer
l’environnement, et enfin à limiter la migration vers les régions côtières. L’hydraulique
agricole est ainsi perçue comme une stratégie essentielle de la politique agricole pour le
développement de cultures de contre-saison, pour stimuler la production et la productivité
agricole.
La pompe à pédale vélo a été conçue dans le cadre du programme de la petite irrigation
villageoise projet lancé officiellement le 12 novembre 2002 et coordonné par le Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques. La conception de la pompe à
pédale vélo entre dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la pauvreté à travers le
développement des cultures de contre-saison et de fait rencontre l’assentiment des autorités
œuvrant dans le domaine, notamment du Ministère de l’agriculture, de l’hydraulique et des
ressources halieutiques ; l’adhésion massive des paysans à la politique de la petite irrigation
villageoise constitue par ailleurs un atout important pour le concepteur qui y voit un marché
d’avenir puisque l’équipement peut être utilisé individuellement à l’échelle de parcelles ; enfin,
la PPV elle-même est une technologie assez simple dans sa conception et dans son usage,
facilement diffusable a priori.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| HiStoire de la pompe à pédale Vélo (PPV) et de son inventeur 6
L’inventeur de la PPV
Le concepteur de la PPV est un artisan qui se
présente lui-même comme un passionné des
inventions technologiques. Autodidacte en
conception mécanique (car il n’a jamais suivi de
cours de mécanique), et n’ayant de surcroît aucun
lien de parenté avec un lignage forgeron (il est natif
et résident du quartier Hamdallaye de la ville de
Ouagadougou), il est cependant l’auteur de
plusieurs innovations dont les plus significatives
sont une serrure électrique, le réchaud Dar-ma et
une pompe à pédales vélo. L’idée de concevoir des
artefacts techniques lui est venu suite à une
conférence qu’il a suivie dans son école quand il
était en classe de 3ième de l’enseignement
secondaire général (collège), il avait alors 19 ans. La
conférence était donnée par le Docteur Denis Bétéo Nébié de l’Institut des Peuples Noirs (IPN)
et portait sur les inventions faites par les Noirs à travers le monde. Le conférencier avait fait
comprendre aux jeunes élèves que les Noirs aussi avaient cette capacité comme les Blancs de
faire des inventions et que par conséquent être inventeur n’est pas réservé qu’aux seuls Blancs
; et ceci en réaction à un complexe d'infériorité très ancré culturellement et encore très
présent aujourd'hui6.
Notre concepteur de la PPV décide alors de quitter les bancs de l’école pour s’adonner à sa
passion : les inventions et innovations techniques. Ainsi depuis 1989 il voue sa vie aux
innovations technologiques. En 1989 il invente la serrure électrique, en 1997 le réchaud à
pétrole DAR-MA (en collaboration avec le CEAS puis la SRC) pour lequel il obtint au premier
SAIIT la médaille d’or de l’OMPI pour la meilleure invention de la catégorie "Jeune inventeur".
C’est en 2004 qu’il commence à travailler sur la PPV et en 2009 il crée le foyer à huile jatropha
pour lequel à nouveau il obtint en novembre 2010 et toujours au SAIIT, le prix du meilleur
inventeur dans le domaine de l’énergie. Remarquons au passage que sa reconnaissance
institutionnelle, soutenue par une ONG locale, est très forte.
Il ne dispose pas d’atelier à proprement parler ; en effet, il travaille dans la cour familiale où il a
entreposé quelques outils. L’essentiel de ses fabrications se fait en coopération et sous forme
6 A ce propos lire le discours du Président Abdoulaye Wade du Sénégal lors de l'ouverture de la conférence internationale de l'OAPI à Dakar le 3 Novembre
2008 pour qui « la notoriété et la richesse exponentielle des industriels qui innovent, outre atlantique surtout, sont souvent, moins la signification d’un
talent extraordinaire que le fruit d’une bonne promotion et d’une parfaite protection de leurs droits de propriété intellectuelle » (p.6).
Mr Zongo, inventeur de la PPV
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| HiStoire de la pompe à pédale Vélo (PPV) et de son inventeur 7
de sous-traitance à contrat oral, avec des ateliers de soudure de son quartier; mais
l’assemblage final des pièces est sous sa responsabilité et se fait dans sa cour.
Sa démarche de conception est la suivante : quand il a une idée, il fait une esquisse, va ensuite
échanger avec les ingénieurs et techniciens de l’ONG CEAS qui l’aident à étudier la faisabilité
technique et financière de son idée ; si l’étude est satisfaisante, l’ONG l’intègre dans son
atelier pour qu’il puisse réaliser le premier prototype. Il bénéficie en outre du réseau de l’ONG
pour effectuer ses différents tests du prototype. Mais l’ONG n’intervenant pas dans la
fabrication en série, il sous-traite ensuite avec les ateliers de soudure. Pour la mise au point du
réchaud à pétrole Dar-ma par exemple, il a collaboré avec le CEAS durant 4 ans. Il a créé en
2000 sa propre entreprise de conception dénommée « Atelier de Recherche et de REalisation
Technologique (ARRET) ». Il en est le directeur.
Chronologie du projet
Le projet de conception de la PPV est né un jour qu’il suivait un documentaire à la télévision
nationale : il aperçoit le Président du Burkina Faso en train de faire une démonstration de la
pompe Nafa auprès des paysans de la vallée du Sourou, dans le cadre du lancement du
Programme de la Petite Irrigation Villageoise en 2002. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la
nouvelle politique de développement de l’hydraulique agricole pour promouvoir les cultures
de contre-saison. Il fut séduit par la démonstration. En effet, le Président lui-même pédalait
pour actionner la pompe et l’eau jaillissait.
Il décide alors lui aussi d’inventer un équipement qui aiderait à la promotion de l’agriculture de
contre-saison. L’idée de mettre au point un sarcleur à pédales qui soit en même temps un
arracheur d’herbe lui vint à l’esprit. L’équipement serait à motricité humaine : deux personnes
l’actionneraient ensemble et un système permettrait d’arracher les mauvaises herbes avant
les semis. Il fit un dessin de son équipement qu’il alla présenter à un ingénieur de l’ONG CEAS-
BF avec qui il entretient de bons rapports de collaboration notamment depuis la mise au point
du réchaud à pétrole Dar-ma ; cet ingénieur lui conseille alors, au regard des échecs de
brevetage et de développement de ses inventions antérieures, de rechercher d’abord un
partenaire qui serait prêt à utiliser ou à faire la promotion de son innovation. Il se tourne alors
vers le Ministère de l’agriculture où il convainc le petit frère du Ministre de tutelle7 qui lui fait
rencontrer son grand frère. Il présente son idée : « je veux mettre au point un tracteur
arracheur d’herbes à motricité humaine » ; le Ministre ne fut pas convaincu : « toi, faire un
7 En effet, le petit frère du Ministre travaille au Ministère de l’Agriculture, vit dans le même quartier et prie
dans la même moquée que le promoteur de la PPV. C’est d’ailleurs au moment du carême musulman de
2003 au sortir d’une prière à la mosquée que ce dernier lui fit sa requête. L’intervention d’un réseau de
proximité pour booster des affaires personnelles est une pratique très courante en Afrique noire et
particulièrement au Burkina Faso. Les relations d’affaire, de parenté, de voisinage, d’origine géographique
s’entremêlent et doivent être analysées comme un tout inextricable.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| HiStoire de la pompe à pédale Vélo (PPV) et de son inventeur 8
tracteur ? » « oui ! je le peux » lui répondit-il. Le Ministre l’envoya rencontrer le service de la
mécanisation agricole. Là, il explique son idée au directeur de la mécanisation ; ce dernier
l’envoie à son tour dans l’atelier de génie mécanique pour rencontrer les mécaniciens. Il leur
expose à nouveau son projet avec cette fois, plus de détails ; mais les mécaniciens lui font
comprendre qu’il ne s’agit pas d’un tracteur mais d’un sarcleur et lui expliquent la différence
entre un tracteur et un sarcleur. Puis, ils le convainquent à leur tour que s’agissant des
tracteurs et des sarcleurs le Ministère en dispose déjà suffisamment mais qu’ils seraient très
intéressés s’il fabriquait plutôt une pompe à pédale car le Ministère a besoin d’équipement
d’exhaure de l’eau pour la petite irrigation.
Il s’en retourne chez lui ébranlé par l’idée des mécaniciens. Il réfléchit alors à comment
convertir son sarcleur à pédales en pompe à pédales pour l’irrigation.
Deux jours après cette rencontre, il va ensuite discuter de sa nouvelle idée avec l’ingénieur
mécanicien du CEAS. Ce dernier veut l’en dissuader car le système de pompage de l’eau
intégrant surtout le système de refoulement demande une certaine force et le mécanisme des
pédaliers de la bicyclette semble être dérisoire pour l’exhaure de l’eau. Ce serait à son avis
trop d’effort pour les pieds. Mais notre concepteur insiste avec une forte argumentation : « oui
mais grâce au jeu de pignons on réduit la vitesse pour augmenter la force ou bien on réduit la
force pour augmenter la vitesse ; donc au lieu de chercher la vitesse ici moi je cherche la force ».
L’ingénieur lui donne alors une vieille pompe à pédales béton d’origine suisse qui trainait dans
le coin pour qu’il se débrouille.
L’étape suivante est celle de la découverte et de l’apprentissage du mécanisme : Il démonte la
pompe pour en récupérer les deux cylindres et construit en une semaine par imitation sa
pompe ; il fixe une selle, un guidon, un boîtier, une chaîne… bref ! tous les composants de la
pompe sont ceux d’un vélo réel.
Pour le tester, il transporte son engin au bord d’un barrage. Au premier essai, l’eau jaillit de la
pompe par trombe. Satisfait de son innovation il s’empresse d’en informer les techniciens de
la mécanisation agricole, mais sans savoir encore comment la pompe pourra s’adapter pour
l’exhaure de l’eau dans les barrages et dans les puits.
La direction de la mécanisation agricole (DMA) le met en contact avec la direction du
développement de l’irrigation (DDI) principale demandeuse de ce type de technologie.
La DDI délègue deux agents pour vérifier l’efficacité de la PPV. On emmène le concepteur et
sa technologie au bord d’un barrage ; lors du test, le débit de la pompe est acceptable. On
l’emmène ensuite dans un quartier de la ville de Ouagadougou dénommé Dassasgho, pour
tester la pompe cette fois dans un puits d’une profondeur d’environ 5 mètres. Là, les résultats
sont catastrophiques : le pompage à pédale est très dur et l’eau sort à peine. Pour masquer la
médiocrité de ces résultats sur place, notre concepteur argumente : quelque chose s’est sans
doute cassé dans la pompe ; il faudrait qu’il répare. Il promet alors qu’il rappellera ces
personnes pour un nouveau test le lendemain après correction. Les techniciens font leur
rapport à leur directeur.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| HiStoire de la pompe à pédale Vélo (PPV) et de son inventeur 9
Il analyse finement son système de pompage et comprend que le pignon qu’il a utilisé est trop
gros ; ce qui explique la difficulté à manœuvrer. Il apporte les corrections nécessaires, appelle
à nouveau les techniciens, qui viennent accompagnés cette fois de leur directeur. Là, les
résultats sont plus probants mais restent encore en deçà des attentes en matière de débit
sortant. Il décide alors d’articuler sa pompe à une mobylette P50 (50 cm3) et obtient un bon
résultat : le débit fourni par la pompe est cette fois équivalent à celui d’une motopompe. Ses
visiteurs sont satisfaits et l’encouragent à poursuivre la réflexion notamment pour faire
disparaître les saccades de façon à ce que l’eau sorte régulièrement. Le directeur lui remet par
ailleurs une somme de plus de 200 000 francs CFA pour améliorer sa technologie.
Il réalise ainsi trois prototypes : le premier s’accouplant à une bicyclette ordinaire, le second à
une P50 et le troisième fonctionnant simplement (c'est-à-dire indépendamment de ces
engins, sur le principe de fonctionnement de la bicyclette). Il les présente enfin à l’édition du
FRSIT 2004.
La direction du développement de l’irrigation (DDI) (ex-direction de la Petite Irrigation
Villageoise (PPIV)) qui s’occupe de la promotion de l’irrigation au sein du Ministère de
l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) et par ailleurs
demandeuse de la PVV commanda alors dix prototypes pour les tester auprès des
groupements de maraîchers. Les paysans les utilisèrent deux mois durant. Du 27 au 30
septembre 2008 le promoteur fit une
sortie d’inspection sur le terrain ; les
agriculteurs relevèrent beaucoup de
défauts : 1) la chaîne s’enlevait trop
souvent ; 2) les palettes des pédales
cassaient sous l’effet du soleil ; 3) il y
avait un temps mort quand on pédalait
puisque la pompe avait deux cylindres ;
4) c’était un peu dur de pédaler ; 5) les
roulements se cassaient quand on
pédalait longtemps car ils ne
supportaient pas le poids dans la durée.
S’établissant Porte-parole des paysans,
la direction de l’irrigation demanda d’apporter des solutions aux problèmes rencontrés.
Le directeur de la DDI donna encore de l’argent pour faire un prototype amélioré. Notre
concepteur apporta les corrections suivantes : il mit un tendeur pour éviter que la chaîne ne
s’enlève ; il remplaça le boîtier de vélo par de vrais roulements plus solides, il remplaça en
outre les palettes des pédales qui étaient en matière plastique par des palettes en fer;
augmenta la hauteur des tiges des pistons qui passa de 50 cm à 1 m pour rendre plus léger le
pédalage. Pour augmenter le rendement et diminuer le coût de la pompe, il remplaça les
PPV testée sur le terrain
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| 10
tubes des cylindres qui étaient en fer par des tubes en PVC (le tube en métal coûte 65 000
FCFA la barre contre 12 000 FCFA la même barre en PVC). De plus, les tubes métalliques des
cylindres rouillent très facilement ce qui rend plus difficile le fonctionnement de la pompe.
Restait un problème majeur : éliminer le temps mort que l’on constate dans la révolution du
pignon lors du pompage. Il examine finement le mécanisme de pompage et constate que c’est
lorsque les pédales sont à la verticale qu’intervient le temps mort ; il assimile alors le
mouvement de rotation des pédales à celui d’une bielle de mobylette. Il observe le
mouvement de la bielle et comprend que l’on peut éliminer le vide, le temps mort constaté en
ajoutant au mécanisme un troisième cylindre. Il fabrique alors le troisième cylindre. Après
toutes ces interventions, il obtient un prototype amélioré nettement plus performant que le
précédent : le prototype précédent refoulait l’eau à 200 m à l’horizontal ; l’outil amélioré la
refoule à 564 m.
Après toutes ces corrections, les agents de la Petite Irrigation font le compte rendu à leur
directeur ; celui-ci commande une pompe pour ses frères au village ; il contacte le Projet
d’Intensification Agricole par la Maîtrise de l’Eau (PIAME) qui en acheta huit pour les paysans
travaillant sous son contrôle. Le promoteur alla les installer et forma les agriculteurs à leur
utilisation. Pour l’année 2008, le PIAME lui a ainsi commandé 100 PPV. Le promoteur est tout
heureux de ces commandes qui sans nul doute lui permettront de s’équiper davantage.
Schéma de la PPV (source l'inventeur)
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Marchés et clients 11
MARCHES ET CLIENTS
La commercialisation de la PPV se fait pour le moment sans aucune communication
commerciale. Les individuels et les associations qui apprennent l’existence de la PPV par
bouche-à-oreille viennent voir Mr Zongo directement pour lui commander une PPV. Ils paient
en avance pour que l’inventeur puisse acheter le matériel nécessaire à la production de la PPV
et celui-ci livre le produit fini quelques semaines après. En 2014 une association a acheté 10
pompes à Mr Zongo.
COMPETITEURS
Il existe aujourd’hui les pompes NAFA qui sont au prix de 70 000 CFA. L’Etat subventionne leur
achat et ces pompes sont vendues 10 000 à 15 000 CFA aux paysans. Mais ces pompes NAFA
ont des problématiques d’énergie et d’alimentation.
Il y a également les motopompes qui coûtent 50 000 à 60 000 CFA. Elles fonctionnent à
l’essence et sont très efficaces. Mais le problème c’est qu’elle ont très vite besoin de pièces de
rechange et tombent en panne.
Les pompes à motricité humaine se subdivisent en deux catégories : les pompes aspiro-
refoulantes qui exercent une pression au refoulement d’eau (comme c’est le cas de la PPV) et
les pompes aspirantes simples (la pompe à béton et la pompe nafa). Les pompes aspirantes s
sont moins performantes pour l’irrigation ; les pompes Nafa par exemple présentent les
lacunes suivantes : elles sont peu performantes avec un débit n’excédant pas 2 litres par
seconde ; elles sont difficiles à actionner et certaines d’entre elles nécessitent qu’on les pose
sur un puits ; la profondeur d’aspiration ne dépasse pas 7 mètres ; elles ne sont pas
refoulantes. Au regard de ces caractéristiques peu performantes, la DDI est à la recherche de
nouveaux équipements. De ce fait, si un individu ambitionne d’améliorer les caractéristiques
hydromécaniques tout en réduisant la pénibilité physique occasionnée par le pompage. La
PPV se base sur le même principe de fonctionnement qu’une motopompe à la seule différence
près qu’elle est à motricité humaine, ce qui la rend plus attrayante pour la DDI qui cherche en
effet à vulgariser des techniques de petite irrigation maîtrisables par une communauté
villageoise.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Les problématiques actuelles de la PPV 12
LES PROBLEMATIQUES ACTUELLES DE LA PPV
Visibilité de l’innovation, droits de PI et engagement de l’inventeur Mr Zongo est aller exposer la PPV au CIAO en 2010. Il a fait plusieurs salons où à chaque fois la
PPV a suscité l’admiration.
Pour Mr Zongo, le dépôt de brevets a été fait dans l’optique de rendre son innovation plus
visible, mais aussi de pouvoir transférer cette innovation à qui serait intéressé pour la produire
et la commercialiser. En tant qu’inventeur, il souligne « je préfère inventer, moi je ne sais pas
commercialiser, je ne connais pas le marketing. Je préfèrerais que quelqu’un d’autre le fasse et me
verse un pourcentage sur les ventes. C’est pour ça que j’ai des brevets sur la PPV ». Il a en effet
des brevets toujours actifs qui coûtent 75 000 Francs CFA par an pour le maintien du brevet. Le
brevet de la PPV a été déposé en 2005.
Aujourd’hui une PPV coûte 80 000 CFA à produire et Mr Zongo les vend à 125 000 CFA.
La version solaire de la PPV Un client a avancé de l’argent (300 000CFA) à Mr Zongo en 2010 pour que celui-ci invente une
version de la PPV qui fonctionnerai à l’énergie solaire. Mr Zongo a pu produire deux PPV
solaires. Il a dû pour cela demander à un garagiste de trouver un moteur alimenté par une
batterie solaire. Il a fait de nombreux essais, utilisant par exemple un ventilateur de voiture
mercedes, puis un moteur d’essuie-glaces entraîné par le panneau solaire. Il a également
cherché sur internet des petits moteurs comparables. Il a dû résoudre des problématiques
liées au bruit généré par le moteurs, ainsi que la taille de la plaque solaire pour que celle-ci soit
plus petite. Ses deux prototypes ont été livrés chez son client (pour un prix final de
650 000CFA) et sont en fonctionnement aujourd’hui.
CONCLUSIONS
La conception de la PPV met aux prises des acteurs hétérogènes entre lesquels la
collaboration est conditionnée non seulement par des intérêts convergents, permettant leur «
enrôlement », mais aussi par un minimum de confiance. Celle-ci se fonde à la fois sur le
développement de relations personnelles suivies entre individus (confiance interpersonnelle)
mais aussi à un niveau supérieur sur la confiance institutionnelle. Les deux types de confiance
ne sont pas antinomiques mais au contraire elles participent de différentes façons à
différentes phases d’évolution de la conception de la PVV et se renforcent. Ces formes de
confiance influent à leur tour sur les interactions dans la trajectoire de la technologie.
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 13
ANNEXES
Annexe 1
Entreprise ATELIER DE RECHERCHE ET DE RÉALISATION TECHNOLOGIQUE Sigle ARRET Adresse 01 BP 3306 OUAGADOUGOU 01 Ville OUAGADOUGOU Boite postale 01 BP 3306 Pays BURKINA FASO Tél +22670259827 / 50341889 Fax
Mail [email protected] Site Web
Nom Responsable MR ZONGO BOUBACAR Titre RESPONSABLE Langue d'affaire Français Année de création 2007
Annexe 2 : Informations sur le Burkina Faso
Données Banque Mondiale8 Population (2013) 16,93 millions PIB (2013) 11,58 $ milliards Croissance du PIB (2013) 6,5% Espérance de vie à la naissance (2012) 56 ans Inscriptions à l’école primaire (% brut ; en 2012) 85% Ratio de la population pauvre en fonction du seuil de pauvreté national (% de la population)
46,7% en 2009 51,1% en 2003
Dates clefs du XXème siècle9
1919: Naissance de la Haute Volta issue de la colonie du Haut-Sénégal-Niger. Nomination d’un
gouverneur, Edouard Hesling.
1932:Suppression du territoire de la Haute Volta
8 http://donnees.banquemondiale.org/pays/burkina-faso page consultée le 26/08/2014
9 Source http://fasotour.fr/xxeme-siecle/ page consultée le 29/11/2014
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 14
1947:Rétablissement de la Haute Volta dans ces limites initiales
1948-1959 Représentants élus dans diverses assemblées
1957: Autonomie et élection de Daniel Ouezzin Coulibaly au poste de Vice Président
1958: Création de la Communauté Franco-Africaine
1959: Adhésion au conseil de l’entente
5 août 1960: Maurice Yaméogo (remplaçant de Daniel Ouezzin Coulibaly décédé) proclame
l’indépendance de la République de Haute Volta.
Ière République:Régime parlementaire jusqu’au putsch de 1966.
1966-1969 Régime militaire du Lieutenant Colonel Sangoulé Lamizana.
Celui ci, devenu Général fait rédiger la constitution de la IIème république dont il se fait
aussitôt élire président!
1970-1974: IIème République Régime parlementaire
1974:Coup d’Etat, régime militaire jusqu’en 1978
1978-1980: IIIème République Réélection du Général Sangoulé Lamizana.
1980:Coup d’Etat Colonel Seye aux commandes.
1982-1983 Conseil du Salut du Peuple dirigé par Jean Baptiste Ouédraogo.
1983-1987 Conseil National de la Révolution, dirigé par Thomas Sankara.
1987: Chute du CNR et Front Populaire (Blaise Compaoré) jusqu’en 1991
1992: IVème République Régime parlementaire Président Blaise Compaoré
Annexe 3: Forum national « nos chercheurs trouvent »10
La pompe à pédale vélo 3 cylindres
Mise au point cette année, "la pompe à pédale vélo" est une nouvelle pompe aspiro-refoulant
à trois cylindres. Son inventeur est Boubacar ZONGO, niveau d’études 3e. Cette pompe d’une
hauteur de 12 m peut aspirer l’eau à plus de 7m de profondeur avec un débit de 6,2 m3/h. Sa
particularité réside dans sa configuration qui ressemble à un vélo de sport. Elle se pédale
comme si on faisait du vélo. Cet outil permet d’aspirer et de refouler l’eau avec moins d’effort
physique que ces pompes existant.
Le changement des pignons de la pédale lui permet de s’adapter aux puits et aux barrages et
de multiplier aussi le débit de l’eau. "La pompe à pédale vélo" est utilisée généralement pour
l’irrigation des champs, des jardins et dans les cultures de contre saison. Cette invention est en
expérimentation par le projet Petites irrigations villageoises (PPIV) dans les localités de
Solenzo, de Kaya, de Léo, de Pô et de Kamboisin. Les résultats sont semblent-ils concluants.
Par Drissa TRAORE et S. DAOUDA
10 Extraits de l’article de D. Traoré et S. Daouda ;
http://www.lefaso.net/spip.php?page=impression&id_article=17542 ; 26/11/2006
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 15
Annexe 4 : La propriété intellectuelle au Burkina Faso11
Protection des marques
L’Accord de Bangui est applicable depuis décembre 1981.
Aux termes de l’article 2 de cet Accord :
« Sont considérés comme marque de produits ou de services, tous signes utilisés pour
distinguer des produits ou services d’une entreprise quelconque, et notamment les noms
patronymiques, les dénominations particulières, la forme caractéristique du produit ou de son
conditionnement, les étiquettes, emblèmes, etc… »
L’article 4 du même Accord considère comme nulles et de nul effet les marques dépourvues
de caractère distinctif.
L’enregistrement d’une marque est nécessaire afin de conférer à son titulaire le droit exclusif
de l’utiliser ; ce droit est opposable à tous, sauf le cas prévu à l’article 20 alinéa 2 relatif aux
tiers, qui, de bonne foi, font usage de la marque.
Cette protection est valable pour une durée de dix ans renouvelable, sans limitation.
Les droits attachés à la marque sont transmissibles en totalité ou en partie.
La violation de la marque peut être sanctionnée par une action en contrefaçon, soit devant les
juridictions pénales, soit devant les juridictions civiles.
Protection des brevets
La protection des brevets est également régie par l’accord de Bangui du 2 mars 1977 et son
annexe 1.
Au sens de celle-ci :
« Peut faire l’objet d’un brevet d’invention ou d’un brevet conférant à son auteur sous des
conditions et pour un temps déterminé, le droit exclusif de l’exploiter, l’invention nouvelle
impliquant une activité inventive et susceptible d’application industrielle. »
Le demandeur d’un brevet d’invention doit déposer ou adresser sa requête au Directeur
Général de l’OAPI.
L’invention fait alors l’objet :
• d’un examen formel de son objet et de la conformité des revendications,
11 Source : http://www.droit-africain.com/burkina-faso-propriete-intellectuelle/
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 16
• d’un examen de fond visant à établir que cette invention ne fait pas double emploi
avec un brevet déjà délivré bénéficiant d’une protection antérieure; qu’elle est
nouvelle et résulte d’une activité inventive.
La délivrance des brevets a lieu sur décision du Directeur Général de l’OAPI et doit donner lieu
à un mémoire descriptif.
La délivrance du brevet génère en faveur de son bénéficiaire un droit exclusif d’exploitation
pour une durée de dix années civiles renouvelable par périodes de cinq ans.
Annexe 5: L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle12 Historique
Le 13 septembre 1962, est signé à Libreville au Gabon, entre douze (12) Chefs d'Etat et de
Gouvernement, l'Accord portant création de l'Office Africain et Malgache de la Propriété
Industrielle (OAMPI). Cet Accord est révisé à Bangui (République Centrafricaine), le 2 mars
1977, pour donner naissance à l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI).
Le 24 Février 1999, l'Accord de Bangui est à son tour révisé. Cette nouvelle révision vise à :
• rendre ses dispositions compatibles avec les exigences des traités internationaux en
matière de propriété intellectuelle auxquels les Etats membres sont parties,
notamment l'Accord sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent
au Commerce (Accord sur les ADPIC) de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC);
• simplifier les procédures de délivrance des titres;
• élargir les missions de I'OAPI qui, au-delà de ses missions traditionnelles, doit
promouvoir le développement des Etats membres au moyen notamment d'une
protection efficace de la propriété intellectuelle et des droits connexes et assurer la
formation en propriété intellectuelle;
• élargir la protection à des objets nouveaux (obtentions végétales, schémas de
configuration des circuits intégrés).
Le nouvel Accord est entré en vigueur Ie 28 février 2002. II renforce la créativité et la
protection des droits de propriété intellectuelle pour garantir les investissements, faciliter le
transfert de technologie et contribuer ainsi à la croissance économique des Etats membres.
Objectifs et missions
En matière de propriété industrielle, l’OAPI a pour mission, entre autres, de mettre en œuvre
et d’appliquer les procédures administratives communes découlant du régime uniforme de
12 Source http://www.oapi.int/index.php/fr/oapi/historique
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 17
protection de la propriété industrielle ainsi que des stipulations des conventions
internationales en ce domaine auxquelles les Etats membres ont adhéré et de rendre les
services en rapport avec la propriété industrielle.
En matière de propriété littéraire et artistique, l’Organisation est chargée d’assurer la
promotion de la protection, de susciter la création d’organismes d’auteurs nationaux, etc.
L’OAPI doit contribuer à atteindre les objectifs des politiques de développement industriel des
Etats membres, par la réalisation des objectifs spécifiques suivants :
• assurer la protection et la publication des titres de propriété industrielle ; • encourager la créativité et le transfert de technologies par l'utilisation des systèmes
de propriété industrielle; • rendre l'espace juridique attrayant à l'investissement privé par la création des
conditions favorables à l'application effective des principes de la propriété intellectuelle;
• mettre en œuvre des programmes efficaces de formation pour améliorer les capacités de l'OAPI à offrir des services de qualité;
• créer les conditions favorables à la valorisation des résultats de la recherche et à l'exploitation des innovations technologiques par les entreprises nationales.
Specificités du système
Le système OAPI est tout à fait original dans sa conception. Il illustre la justesse et la
pertinence des choix stratégiques des chefs d'Etat signataires de l'Accord ayant consacré sa
naissance. Certaines de ces caractéristiques méritent d'être mentionnées :
1. l'OAPI, dont le siège est à Yaoundé (Cameroun), est l'Office de propriété industrielle commun à tous les Etats membres. A cet effet, sur l'espace de ses seize (16) Etats membres, il est mis en œuvre et appliqué une loi uniforme, l'Accord de Bangui et ses annexes;
2. l'Organisation centralise toutes les procédures de délivrance des titres de propriété industrielle tels que les brevets, les marques de produit ou de service, titres qui sont valables dans l'ensemble des pays membres;
3. tout dépôt effectué auprès de l'Administration de l'un des Etats membres ou de l'Organisation a valeur de dépôt national dans chaque Etat membre ;
4. il n'existe pas de coexistence de systèmes nationaux de protection avec le système régional ;
5. les sanctions des atteintes aux droits de propriété industrielle sont du ressort des juridictions de chaque Etat membre ;
6. les décisions judiciaires définitives, rendues sur la validité des titres dans l'un des Etats membres, font autorité dans tous les autres Etats, exceptées celles fondées sur l'ordre public et les bonnes mœurs.
Etats Membres
1 Benin 2 Burkina faso 3 Cameroun
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 18
4 Centrafrique 5 Comores 6 Congo 7 Côte d'Ivoire 8 Gabon 9 Guinée 10 Guinée Bissau 11 Guinée équatoriale 12 Mali 13 Mauritanie 14 Niger 15 Sénégal 16 Tchad
Annexe 6 : Protection de la propriété industrielle: Des acteurs s’approprient
les mécanismes
Article publié le 7 mai 201413
Le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation, en collaboration avec le ministère
de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, organise du 5 au 7 mai 2014 à Ouagadougou, un
atelier de formation des chercheurs, inventeurs et innovateurs sur le mécanisme de protection
des technologies, inventions et innovations par le système de la propriété industrielle.
Depuis 2009, le Burkina Faso a entamé un processus de valorisation de la recherche, de
l’invention et de l’innovation. Cette vision, qui place la recherche et l’innovation au cœur du
développement, a permis la valorisation des résultats de la recherche par des actes concrets
grâce à l’instauration des mécanismes opérationnels et institutionnels. C’est pourquoi, le
Ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MRSI), en collaboration avec le
Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA) tient, du 5 au 7 mai 2014, un
atelier de formation des chercheurs, inventeurs et innovateurs sur le mécanisme de protection
des technologies, inventions et innovations par le système de la propriété industrielle. Il vise à
impulser une véritable culture de la protection des technologies, des inventions et des
innovations au sein des centres et structures de recherche. Aussi, faut-il ajouter l’outillage de
l’ensemble des acteurs sur les mécanismes de protection et le réflexe de la protection de leurs
œuvres afin d’assurer que toute exploitation leur procure des retombées en reconnaissance de
leur invention. Selon le directeur général du Centre national de la propriété industrielle,
Moussa Traoré, face à la vive concurrence, il est plus que jamais nécessaire pour les Etats
d’assurer un meilleur développement technologique, une croissance économique et un bien-
être social des populations en accordant une place de choix au domaine de la recherche, mais
aussi, à la valorisation de la recherche mise au point localement.
13 http://news.aouaga.com/h/25826.html
[LA POMPE A PEDALE VELO] 2014
| Annexes 19
La maîtrise des mécanismes, un impératif pour le développement
M. Traoré a rappelé que le processus qui est profitable à tous, ne doit cependant pas occulter
la place prépondérante de la propriété industrielle car dit-il : « elle crée non seulement les
conditions d’épanouissement des talents créatifs locaux, mais également les conditions
d’instauration d’un climat d’affaires propice, attrayant au transfert technologique ». Il a
indiqué que cette rencontre, qui entre dans la dynamique de fédérer leur énergie pour
affronter les défis, va se poursuivre avec une série d’activités conjointes, tout au long de
l’année. Le Secrétaire général (SG) du ministère en charge de la recherche scientifique,
Maxime Compaoré, a relevé le rôle combien important que joue la propriété industrielle dans
l’ensemble du processus de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation. Pour
lui, cette rencontre revêt une importance capitale pour l’avenir des technologies, des
inventions et des innovations dans lesquelles le pays s’est engagé. Il a souligné que les
exposés qui vont être faits vont permettre aux différents acteurs d’avoir une mainmise et une
bonne maîtrise de la notion de propriété industrielle et les avantages qu’ils ont à tirer en
protégeant leurs œuvres. « Il va s’agir d’abord d’apporter des informations qui ne sont pas
toujours connues des acteurs. Nos exposés vont s’accentuer sur les informations afin de
donner à ses acteurs, les voies et moyens, les dispositions à suivre pour aboutir à la protection
des œuvres », a précisé M. Compaoré. Il a exhorté, de ce fait, les participants à faire preuve
d’une assiduité tout au long de l’atelier afin de s’approprier les mécanismes de protection sur
les technologies, les inventions et les innovations par le système de la propriété industrielle.
Selon les statistiques de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), entre
2007-2010, ce sont deux mille trois cent quatre vingt quatorze (2394) œuvres qui ont été
déposées pour les brevets, dont seulement environ 8% proviennent des seize (16) pays
membres de l’OAPI. Au Burkina Faso, seuls quelques innovateurs et inventeurs isolés
s’intéressent à la protection de leur innovation, a fait remarquer le SG.
Donald Wendpouiré NIKIEMA