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COMPTE-RENDU du 61ème CONGRES de l'ABF du 11-13 juin 2015 au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg « Inventer pour surmonter: bibliothèques en tension » par Rosemonde Gayout et Valérie Desmaison du groupe ABF Limousin Tout d'abord, nous tenons à remercier chaleureusement Viviane Olivier, Sylvie Brachet, Marie-Christine Plaignaud et les membres du CA de l'ABF Limousin pour avoir retenu notre candidature. Merci à l'ABF d'avoir prévu ce dispositif de bourses qui permet à chaque groupe régional de choisir deux de ses membres pour participer au congrès annuel. Ce précieux temps de réflexion, de rencontres et d'échanges se passait cette année dans la ville européenne de Strasbourg. La thématique retenue était brûlante d'actualité puisque dans un contexte de restrictions budgétaires des collectivités locales, elle portait sur les tensions en bibliothèques et les pistes pour les surmonter. La réflexion sur cette problématique s'est articulée autour de trois axes: les tensions dans la relation à l'usager; les tensions internes au métier et les tensions dans la relation à l'environnement. Précisons que nous avons dû faire un choix cornélien car les conférences, ateliers, rencontres, visites professionnelles se déroulaient souvent en même temps... Parfois nous avons assisté à des conférences communes et parfois non. Nous vous livrons ici un résumé de l'ensemble des rencontres auxquelles nous avons participé. Pour connaître la teneur de l'ensemble des conférences, vous pouvez consulter les captations vidéo: http://www.abf.asso.fr/2/143/514/ABF/61e-congres-de-labf-a-strasbourg-du-11-au-13- juin-2015 Notez que le dernier numéro de la revue « Bibliothèques » est consacré à l'Alsace. Mercredi 10 Juin A notre descente du train, nous décidons d'aller visiter le musée Tomi Ungerer car il n'y avait plus de places pour le découvrir dans le cadre des visites professionnelles. Un régal pour les admirateurs de l'auteur des 3 brigands, d' Otto, de Flix ou encore du Nuage bleu. Le Centre national de l'illustration a été créé en 1975 suite à un don du dessinateur. Il comprend huit mille dessins originaux et estampes de l'artiste. Nous avons eu la chance de découvrir une exposition thématique inédite sur la cathédrale de Strasbourg dont la ville célèbre le millénaire. En revanche, la collection de dessins de grenouilles nous a laissé quelque peu... perplexes. http://www.musees-strasbourg.org/collection/tu. Direction ensuite l'auberge de jeunesse à 4 kms, côté français du Rhin.

Inventer pour surmonter: bibliothèques en tension Congrès... · Cette dernière a mis en exergue le fait que le livre était ... Voir aussi le texte de Michel Serres: « petite

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COMPTE-RENDU du 61ème CONGRES de l'ABF du 11-13 juin 2015

au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg

« Inventer pour surmonter: bibliothèques en tension » par Rosemonde Gayout et Valérie Desmaison du groupe ABF Limousin

Tout d'abord, nous tenons à remercier chaleureusement Viviane Olivier, Sylvie Brachet,

Marie-Christine Plaignaud et les membres du CA de l'ABF Limousin pour avoir retenu notre

candidature. Merci à l'ABF d'avoir prévu ce dispositif de bourses qui permet à chaque groupe régional

de choisir deux de ses membres pour participer au congrès annuel.

Ce précieux temps de réflexion, de rencontres et d'échanges se passait cette année dans la ville

européenne de Strasbourg.

La thématique retenue était brûlante d'actualité puisque dans un contexte de restrictions budgétaires

des collectivités locales, elle portait sur les tensions en bibliothèques et les pistes pour les surmonter.

La réflexion sur cette problématique s'est articulée autour de trois axes: les tensions dans la relation

à l'usager; les tensions internes au métier et les tensions dans la relation à l'environnement.

Précisons que nous avons dû faire un choix cornélien car les conférences, ateliers, rencontres, visites

professionnelles se déroulaient souvent en même temps... Parfois nous avons assisté à des conférences

communes et parfois non. Nous vous livrons ici un résumé de l'ensemble des rencontres auxquelles

nous avons participé.

Pour connaître la teneur de l'ensemble des conférences, vous pouvez consulter les captations

vidéo: http://www.abf.asso.fr/2/143/514/ABF/61e-congres-de-labf-a-strasbourg-du-11-au-13-

juin-2015 Notez que le dernier numéro de la revue « Bibliothèques » est consacré à l'Alsace.

Mercredi 10 Juin

A notre descente du train, nous décidons d'aller visiter le musée Tomi Ungerer car il n'y avait

plus de places pour le découvrir dans le cadre des visites professionnelles. Un régal pour les

admirateurs de l'auteur des 3 brigands, d' Otto, de Flix ou encore du Nuage bleu. Le Centre national

de l'illustration a été créé en 1975 suite à un don du dessinateur. Il comprend huit mille dessins

originaux et estampes de l'artiste. Nous avons eu la chance de découvrir une exposition thématique

inédite sur la cathédrale de Strasbourg dont la ville célèbre le millénaire. En revanche, la collection

de dessins de grenouilles nous a laissé quelque peu... perplexes.

http://www.musees-strasbourg.org/collection/tu.

Direction ensuite l'auberge de jeunesse à 4 kms, côté français du Rhin.

Jeudi 11 Juin

9h: Récupération des badges

9h30: Ouverture du colloque

Discours de bienvenue par Souad El Maysour, adjointe au maire de Strasbourg Ville et

Eurométropole, élue en charge de la lecture publique puis allocution par Anne Mistler, directrice

régionale des affaires culturelles d'Alsace. Cette dernière a mis en exergue le fait que le livre était

un moyen de lutter contre l'obscurantisme. Elle a souligné également le rôle social des bibliothèques

(lieu du vivre ensemble; moyen de rompre des solitudes dans notre monde moderne...). Enfin elle a

rappelé la participation de l'Alsace cet été à l'opération de promotion de la lecture publique à

destination des jeunes publics: « Lire en short ».

Anne Verneuil, présidente de l'ABF a commencé par saluer le cyclo-biblio 2015 Bâle-

Strasbourg. Il s'agit de l'édition française du projet international « Cycling for libraries », une

opération qui a pour but de rappeler le rôle incontournable des bibliothèques dans la société

d'aujourd'hui. Du 6 au 10 juin 2015, les cyclistes bibliothécaires ont relié Bâle à Strasbourg (200

kms) en s'arrêtant dans les médiathèques, en rencontrant des élus... Le thème de cette année était

« bibliothèques et lien social », une manière de rappeler que les bibliothèques sont un réel « vecteur

de mixité sociale, d'échange et de dialogue entre les communautés ».

Voir: www.cyclingforlibraries.org

Le hasard a fait que les biblio-cyclistes étaient assis juste derrière nous (facilement identifiables avec

leurs gilets fluo). Cela nous a permis de retrouver Manu du pôle littérature de la Médiathèque André

Malraux de Béziers. Première belle surprise de ce colloque!

La présidente nous a annoncé ensuite que la thématique du congrès avait été très porteuse puisque

nous étions 720 participants.

Le contexte national et international n'est guère favorable pour les médiathèques. Des bibliothèques

ont fermé leurs portes en Grande-Bretagne, en Grèce, en Espagne... Les budgets baissent; des postes

ne sont pas renouvelés; le contexte juridique devient plus complexe... Parallèlement, les tutelles

parlent davantage du coût des bibliothèques que de leur utilité... A effectif réduit, elles demandent

d'augmenter l'amplitude horaire d'ouverture. Comment faire plus avec moins? C'est le moment de

rebondir, de définir des priorités. Selon son expression, il faut se rendre « désirables »! Elle espère

que nous allons trouver des pistes, des avancées, découvrir des exemples concrets lors de ce colloque.

Extrait de son discours de bienvenue dans la brochure de présentation du colloque:

« Les contrariétés, écueils et autres bousculades dans notre quotidien de bibliothécaires se sont

certainement diversifiés dans un contexte économique, juridique, administratif et technique plus

prégnant, plus exigeant, plus dévorant même. Mais nous avons souhaité les aborder de manière

constructive: comment retourner le problème sous tous ses aspects pour le traiter d'une façon qui en

viendra peut-être à bout, mais qui surtout nous amènera à nous questionner, à nous repenser et à

évoluer? Tout comme cette grenouille entreprenante, il va nous falloir apprendre à rebondir. »

«On échange, on partage, on invente, on surmonte... et voilà toute l'utilité d'une association

professionnelle! »

Elle a salué par ailleurs la présence d'une bibliothécaire espagnole, la présidente de l'IFLA; de deux

bibliothécaires américains; de bibliothécaires du Luxembourg, de Belgique et d'Allemagne.

La dernière intervention revient à Xavier Galaud, président du groupe Alsace et

organisateur du congrès. Il rappelle que le dernier congrès de l'ABF en Alsace a eu lieu en 1980 et

que sa thématique était: « Edition d'aujourd'hui, édition de demain ». Le colloque devrait se dérouler

sous les meilleurs hospices avec la mise en place d'un biblio-divan animé par des bibliothérapeutes

alsaciens ou encore avec la possibilité de déguster la meilleure bière de France!!

10h30: Conférence inaugurale par Hervé Sérieyx, vice-président de France Bénévolat, président

d'honneur de l'Union des groupements d'employeurs de France

Cette conférence s'intitulait : « Inventer pour surmonter : conduire le changement

dans un monde complexe ».

Il s'agit ici d'examiner comment espérer « conduire et non pas subir le changement dans le monde qui

est le nôtre aujourd'hui ».

Une conférence essentiellement basée sur les travaux d'Edgard Morin et sa notion de « regard

complexe ».

Pour mieux saisir le sens de l'intervention du conférencier, il peut être utile de se référer à ses

ouvrages :

*Confiance, mode d'emploi / Hervé Sérieyx - Editions Maxima-Mesnil 2009

*La confiance en pratique : des outils pour agir / H. Sérieyx et Jean-Luc Fallou - Maxima 2011

*Aux actes, citoyens – de l'indignation à l'action / H . Sérieyx et André-Yves Portnoff – Maxima

2011

Monsieur Sérieyx propose de présenter son exposé en 2 parties:

– les mutations

– les suggestions

I) Les mutations

1) La mondialisation

Le volume du marché a été multiplié par trois ces dernières années.. Nous assistons à une

marchandisation du monde. La culture n'y échappe pas. La culture a tendance à se standardiser (cf.

« accords transatlantiques »). L'exception culturelle française risque de passer à la trappe.

Les pays à modèle social riche se trouvent confrontés à des pays à modèle social faible.

La baisse des dotations aux collectivités entraîne une baisse de subventions aux institutions

culturelles.

2) La révolution numérique

Les « gafa nomics » (google, facebook...) imposent de nouvelles règles.

Le rapport de l'UNESCO sur les sociétés du savoir qui date de 2005 et remis à jour en 2010, souligne

bien que toutes les professions sont impactées.

Voir aussi le texte de Michel Serres: « petite poucette » (dextérité du pouce)

3) Emiettement de la société française

Fracture spatiale (cf « France des périphéries »); fracture numérique; fracture de la famille; fracture

inter-générationnelle (à 55 ans, en France, on est vieux); fracture éducative; fracture professionnelle;

fracture communautaire (cf Michel Trébala)

Ce qui caractérise la France, c'est la démocratie et les « Lumières » du XVIIIème.

La bibliothèque est au cœur de ce qui doit nous redonner confiance.

Moins on lit, moins on a de mots et moins on a de mots, moins on pense.

On assiste donc à un bouleversement sociétal et une mutation territoriale.

II) Préconisations

- Adopter le regard complexe

- Miser sur la confiance entre les acteurs

- Accepter de se remettre en cause

1) Adopter le regard complexe

Ne pas confondre complexe et compliqué.

Se référer à l'ouvrage d'Edgard Morin: La pensée complexe

Le compliqué fait référence à l'analyse (mécanisme analysable) alors que le complexe fait appel au

vivant (part de prévisible) et aux stratégies.

Voici 2 éléments de la pensée complexe. La méthode repose sur 2 principes: le principe dialogique et

le principe de récursion.

a) Le principe dialogique

Quand on est dans le vivant, il faut accepter du complémentaire et de l'antagonique (de l'ordre et du

désordre). Besoin d'ordre mais aussi des innovateurs qui désorganisent.

La tentation de l'alignement est mortifère. Il ne faut donc pas uniquement des gestionnaires dans une

équipe. L'innovation, c'est une désobéissance qui réussit.

b) Le principe de la récursion

Il s'agit du retour de l'effet sur la cause et de la cause sur l'effet.

Une organisation modifie les gens qui sont à l'intérieur. Lorsque les gens sortent d'une entreprise, ils

sont changés.

2) Miser sur la confiance entre les acteurs

La clé d'une bonne organisation, c'est de savoir se faire confiance.

Voir Québec: « Les 10 clés de la confiance »:

– Cap: donner un cap (partager quelque chose) et le rappeler régulièrement

– Cohérence: doit affirmer des valeurs (celles de la fonction publique). Cela entraîne le respect

des collaborateurs

– Capacité de coopérer: connaître les autres professions

– Compétences: se donner des défis pour continuer à avancer sinon désintérêt

– Communication mais la vraie. L'information n'est pas la connaissance mais la rencontre.

– Créativité: besoin des idées de tous. Les personnes peuvent donner d'autres choses d'elles-

mêmes

– Convivialité

– Contrat social

– Changement (le changement est la règle, la stabilité, l'exception)

– Courage (quand on fait confiance, on peut être trahi mais on se relève

3) Accepter de se remettre en cause

5 efforts à faire sur nous-mêmes:

– enthousiasme

– écouter

– endurance (L'échec est le brouillon de la réussite)

– éthique

– exemplarité

Citation de Camus: « Il y a deux types d'efficacité: l'efficacité du typhon et l'efficacité de la sève »

L'efficacité du typhon, c'est le taylorisme; l'efficacité de la sève, c'est faire pousser avec intelligence.

Le manager doit importer de l'angoisse et exporter de l'enthousiasme .

11h15 : Présentation de la charte ABF de l'accès à l'information des citoyens

par Lionel Dujol, secrétaire général adjoint au Bureau national chargé du numérique

Force est de constater que les droits culturels des citoyens reculent. Nombre de services sont

payants. Les bibliothécaires apparaissent parfois comme des verrouilleurs d'accès (ex. : accès à

internet parfois plus facile au Mac Do qu'à la bibliothèque..).

Ce constat a amené une équipe de 14 personnes au sein de l'ABF a rédigé une « charte du droit

fondamental des citoyens à accéder à l'information et aux savoirs par les bibliothèques » pour

réaffirmer ces droits. Ce travail a nécessité 2 années.

Voir le site : bib'lib (Bibliothèque pour l'accès Libre à l'information et aux savoirs)

Chaque bibliothèque peut demander à adhérer à cette charte et candidater au label.

Pour obtenir ce label, il faut s'inscrire sur le site de l'ABF (label Bib'lib).

Le label comporte 3 niveaux :

1) Accès ouvert au savoir (internet vraiment ouvert)

2) Partage libre du savoir (numérisation et diffusion libre)

3) Accès et partage au sein des bibliothèques (coproduction des savoirs-faire)

A chaque niveau du label correspond un certain nombre de critères.

Pour connaître la procédure, vous pouvez consulter le site ABF : www.abf.asso.fr

Chaque participant a reçu un exemplaire de la charte.

Cette charte comprend 8 articles principaux :

– Le droit d'accéder librement et sans discrimination à toutes les cultures et à une

information plurielle

– Le droit à un accompagnement attentif et compétent, respectueux des attentes des citoyens

– Le droit des personnes handicapées à l'égalité d'accès aux savoirs et à l'information

– Le droit d'expérimenter et de se former tout au long de la vie

– Le droit d'être en capacité de participer à l'innovation sociale et aux débats citoyens

– Le droit d'accéder à un internet public ouvert et fiable

– Le droit d'accéder, de réutiliser, de créer et de diffuser des communs du savoir

– Le droit d'accéder à des ressources, y compris numériques, respectant la diversité des

usages et favorisant l'appropriation de l'information et du savoir

Un travail remarquable et nécessaire pour actualiser le manifeste de l'Unesco en intégrant le

numérique.

12h : Découverte du salon professionnel

Présence de différentes catégories d'exposants :agence d'abonnement ; fournisseurs de cartes de

lecteur et codes à barres ; conseils – prestations ; édition – librairie ; fournisseurs de ressources

numériques et multimédia ; fournitures et équipements matériels ; gestion des accès – antivols -

automates de prêt/retour ; logiciels de gestion et solutions pour portail de bibliothèque; mobilier-

rayonnages ; organismes professionnels ; outils bibliographiques ; produits pour la réparation, la

reliure et la conservation ; reprographie – numérisation.

Liste des exposants : Numérique premium (bouquet de guides numériques en droit pratique pour les

usagers des bibliothèques publiques) ; Progilone ; PMB ; Vodeclic ; Arte France (médiathèque

numérique) ; Décalog ; la Sofia ; France solutions pour les bibliothèques ; ABF ; Accessibib ; Afi –

Biblire ; Archimed ; Asler diffusion (mobilier) ; BC intérieur ; Bibliomondo ; Bibliotheca ; Borgeaud

bibliothèques France ; BPI ; BRM – design ; C3RB ; Cantook station ; Crescendo systèmes ;

cyberlibris ; Décalog ; Decitre librairie ; Demco (mobilier) ; Dilicom ; DPC Créateur de mobilier ;

Dubrich mobilier ; Ebsco ; EKZ France ; Electre ; Enssib ; Eurefilm ; Europresse.com ; Existenz ;

Feedbooks ; Filmolux ; Furet du Nord ; IDM (mobilier) ; Infor France ; Izneo ; Lekiosque.fr ; librairie

Mollat ; Nedap France ; Numérique Premium ; Progilone ; Rénov'livres ; Savoir sphère ;

Schlappmöbel France ; toutapprendre.com ; USM France;Viasit Bürositzmöbel GMBH ; Ville et

Eurométropole de Strasbourg ; Zeugmo (fournisseur de ressources numériques et multimédia).

Découverte du logiciel de gestion de plannings de Credo planning.

La médiathèque d'Isle ayant un projet de réaménagement mobilier et de mise en place d'un petit

service numérique, cette prise de contacts avec les fournisseurs fut bien utile.

14h30 : Construire un projet de service partagé [Tensions internes au métier]

Modérateur : Mehdi Mokrane, directeur de Savoie Biblio

Intervenants : Guillaume Blasquez, Cabinet Dialexis ; Laurence Gaidan, médiathèque de Noisy-

le-Grand ; Albert Poirot, administrateur de la BNUS

Introduction par Monsieur Mehdi Mokrane :

Le projet de service doit clarifier les missions, fixer les objectifs.

C'est un outil de motivation et de conduite d'équipe ainsi qu'un moyen de communiquer avec les élus.

Cet outil de pilotage implique de disposer de certains indicateurs pour évaluer.

Il doit être participatif.

Savoie Biblio dispose d'un plan de développement de la lecture publique:2015-2020 (à 5 ans).

Le projet de service doit être préparé en amont en créant des groupes thématiques incluant toutes les

catégories (A, B, C) ainsi que les tutelles et les usagers.

Fatalement il y a des tensions dans les équipes entre catégories, avec les tutelles, avec les usagers et

des tensions budgétaires. Il est donc important de consulter l'ensemble des acteurs.

La parole est donnée à M. Blasquez, consultant et formateur en management, communication

et gestion de conflits chez Dialexis. Il nous présente la méthodologie pour construire un projet réussi.

Pour concevoir un projet, il faut d'une part, une mission, un objectif (avec qui on va travailler et dans

quel sens) et d'autre part, une organisation (celle-ci doit être connue de tous).

I- Les 5 dimensions du projet

1) La dimension personnelle

Il s'agit d'une véritable démarche d'apprentissage, de remise en question.

2) La dimension sociale

On n'est pas tout seul à décider dans son coin ! Le projet doit être participatif.

3) La dimension technique

Il faut travailler avec les bons outils.

4) La dimension économique

Sans budget, pas de projet.

5) La dimension temporelle

Il faut du temps, ne pas agir dans l'urgence.

Il est nécessaire de mettre l'accent sur tel ou tel projet et pour ce, il faut se mettre d'accord en amont.

Le projet s'insère dans un triangle : délais ; coûts ; qualité.

II- 3 étapes indispensables

1) Observer

Etablir un pré-diagnostic en soulignant les forces et les faiblesses du service.

2) Analyser

3) Agir

III- Les risques de dérives

1) Le théoricien

Le côté positif : est très crédible au début ; s'appuie sur des éléments concrets.

Le côté négatif : stérile dans l'action

2) L'impulsif

Crédible au début car énergique mais n'analyse pas suffisamment

3) Le fataliste

4) Le philosophe

5) L'activiste

Oublie de communiquer ; suractif.

IV- La prise en compte du changement

Le changement désigne le passage d'un état à l'autre.

Le contexte, l'environnement, les hommes et le temps sont des facteurs à prendre en considération.

Il existe une courbe dans l'adaptation au changement : stupeur ; résistance ; chaos ; innovation ;

adaptation.

V- Etablir un état des lieux pour éviter les écueils

– adopter une démarche de diagnostic

– prévenir les intéressés (cf. parfois traumatisme antérieur)

– prendre en compte l'historique

– travailler sur les fiches de postes

– bâtir un plan d'action (Le plan d'action comporte une définition des objectifs, un rappel du

plan et des actions à mener ainsi que des moyens à mettre en œuvre).

VI- Le rôle du chef de projet

– garantir l'atteinte des résultats

– prévenir les dérives

– gérer les actions correspondantes

– informer sur l'état d'avancement (communiquer régulièrement et efficacement)

VII- Les indicateurs

Les indicateurs de mesure des objectifs doivent être bien choisis. Nous veillerons à ce qu'ils soient

simples, opérationnels et représentatifs.

Ils doivent être fiables, permettre d'aider à la décision, faciles à construire et être rafraîchis

régulièrement.

VIII- Savoir identifier l'attitude de chacun et s'appuyer sur des relais

Dans un projet, certains adoptent une attitude relais tandis que d'autres freinent.

Les « avocats » vont défendre le projet. Ils ont un niveau d'implication élevé.

Il peut y avoir les « déchirés » qui sont ambigus dans leur comportement. Ils occupent parfois un rôle

important dans la hiérarchie mais défendent pas à fond le projet.

Enfin, il y a les « non concernés ». Il est inutile de mobiliser trop d'énergie avec eux.

IX- Manière de gérer le projet

Accepter la décision et les causes individuelles, structurelles, collectives, à la non adhésion au projet.

La parole revient ensuite à Laurence Gaidan, directrice de la médiathèque de Noisy-le-

Grand.

Cette dernière nous présente 2 exemples concrets de participation collective d'une équipe à la

rédaction du projet de service (BDP du Gard et BM de Noisy-le-Grand) qui ont permis de réduire de

manière efficace les tensions, l'exemple de Noisy-le-Grand étant plus développé.

Un projet de service partagé permet de régler les tensions. Il permet de retrouver un objectif collectif

et de la cohésion dans une équipe. La condition, c'est qu'une démarche participative soit adoptée :

tout le monde doit participer.

Les lieux sont souvent chargés de tensions. Il est donc important que ce temps d'échanges se déroule

dans un autre endroit que la bibliothèque.

Le coordinateur du projet doit organiser des temps d'échanges, poser un cadre et surtout accompagner

les acteurs.

Les moments de convivialité comme par exemple un repas en commun tous les trimestres sont très

importants. Il est ainsi possible d'apprendre à mieux se connaître et créer des liens de confiance.

Elle préconise la création de groupes de travail sur le projet de service. Cela permet de prendre

conscience qu'on ne peut pas travailler tous sur tout et que lorsqu'un groupe a travaillé sur une

question, on doit l'écouter et respecter les conclusions qui ont été avancées.

Au départ, il faut s'appuyer sur un texte existant pour bien s'approprier les missions du service (à la

BDP, étude approfondie du Schéma départemental de lecture publique et à la BM de Noisy-le-Grand,

les grandes lignes de la politique de la ville et les textes fondateurs de type Unesco).

A la BDP, 10 agents ont été en séminaire pendant 2 jours dans une bibliothèque du réseau dont une

matinée consacrée à la lecture su Schéma départemental pour voir ce qu'ils pouvaient en extraire.

A la BM, il s'agissait d'un projet sur 6 mois (de janvier à juin 2014). Il y avait des tensions entre les

sections (adulte, jeunesse et musique-ciné). Il s'agissait pour Mme Gaidan de revaloriser un service

auprès d'une collectivité, d'échanger dans l'équipe et de créer un esprit d'équipe. Des groupes inter-

grades et inter-sections ont été mis en place. Trois thématiques ont été choisies en accord avec la

Direction générale : l’amélioration de l'accueil et de l'image du service suite à un constat de

désaffection du public ; le numérique et comment travailler ensemble en interne.

Le processus a été le suivant :

1. Réunion de lancement

2. Etat des lieux

3 groupes ont été changés de travailler sur:

– l'actualité du métier

– la rédaction d'un questionnaire au public

– un audit interne

3. Réunions intermédiaires

4. Ecriture du projet (sur les 3 thématiques)

Résultats :

1. Le projet de service a été validé par la Direction générale et les élus.

2. Un nouvel organigramme a été créé

La répartition par section (adulte ; jeunesse) a été supprimée au profit d'un pôle « publics », un pôle

« numérique » et un pôle « politique documentaire et animations ».

3. La cohésion d'équipe a été renforcée

Intervention d'Albert Poirot, administrateur de la Bibliothèque Nationale Universitaire de

Strasbourg ( BNUS)

Il a conduit le projet de BNU nouvelle, gros chantier de restructuration de l'intérieur de la BNU.

La BNUS a été créée en 1871 par l'Empire allemand sur un modèle germanique. C'était d'ailleurs la

bibliothèque du Land. En 1914, c'était la 3ème bibliothèque d'Allemagne et en 1918, la 2ème de

France.

La loi Pécresse de 2007 qui implique un regroupement entre universités a généré des tensions dans le

monde universitaire.

La BU voulait garder son autonomie.

Elle a dû faire face à des tensions budgétaires, à un manque d'effectifs (travail le dimanche ; actions

culturelles...) et des tensions entre services (approches culturelles différentes).

Il a fallu aussi faire travailler la BU et les SCD (services communs de documentation).

M. Poirot a beaucoup travaillé avec les représentants du personnel.

Au moment de renouveler le projet de service, il a lui aussi fait le choix d'impliquer le personnel dans

sa rédaction et le cercle vertueux a fonctionné : le personnel a été valorisé car il avait son mot à dire

et il y a eu + 34% d'inscrits en un an.

Il est important de se former au travail participatif.

En conclusion, l'établissement d'un plan de développement de la lecture publique n'a de sens que s'il

est fait en concertation avec l'ensemble des équipes. Au-delà du projet de service, ce qui importe, c'est

d'adopter un mode de fonctionnement sur le long terme même si le participatif n'est pas toujours

possible.

Des exemples concrets qui montrent qu'en consultant l'ensemble du personnel pour établir le projet

de service, il est possible d'éviter bien des tensions.

16h30 : La cohabitation des usagers [tensions dans la relation à l'usager]

Modérateur : Christophe Evans, chargé d'études en sociologie au service études et recherche de la

BPI

Intervenantes : Mariangela Roseli, enseignant-chercheur, département de sociologie, université

Toulouse-Jean Jaurès et Bénédicte Frocaud, médiathèque de Calais

Introduction par Monsieur Christophe Evans :

Les bibliothèques étant des espaces de mixité sociale, sexuelle et générationnelle, les publics sont

donc très hétérogènes. Les bibliothèques remplissent une fonction de sociabilité et par là même, elles

rencontrent certaines limites, certains travers (ex. : l'accueil des lycéens qui viennent réviser).

Les agents sont les garants de l'institution et des publics donc il faut trouver des formes de

cohabitation. Nous nous situons bien ici dans le champ interculturel ce qui implique de se décentrer

pour comprendre. A ce titre, on pourra utilement lire les ouvrages d'Erving Goffman sur les rites

d'interaction (grammaire des rites d'interaction de face à face afin d'éviter que le tête à tête dérape).

Par exemple, il faut toujours veiller à ce que l'interlocuteur ne perde pas la face. C'est très ritualisé.

Parfois, malgré soi, on entre dans des situations difficiles.

Mme Frocaud, responsable de la médiathèque de Calais nous expose un cas concret avec

l'accueil des migrants à la médiathèque de Calais.

Calais se situe à 30 kms de la Grande-Bretagne, face à Douvres. C'est une ville en reconversion

économique (mono industrie de la dentelle) qui accueille beaucoup de migrants espérant passer en

Angleterre. Il y règne une grande pauvreté.

La bibliothèque est ouverte à tous ; il n'y a pas de vigiles.

En juillet 2014, des migrants sont venus en très grand nombre à la bibliothèque (pour utiliser les prises

électriques afin de recharger leurs téléphones portables, accéder à internet, se laver dans les toilettes

et remplir des bidons d'eau pour ramener dans leurs campements).

L'affluence maximale avait lieu les samedis et les mardis (cf. fermeture de la bibliothèque).

Certains faisaient 6 kms pour venir.

Les usagers habituels se plaignaient de ne pas pouvoir accéder aux ordinateurs, aux toilettes... L'image

renvoyée par les média n'a pas aidé à pacifier les choses.

La directrice a fait le choix de rappeler les règles d'utilisation de la bibliothèque aux migrants en

français et en anglais et en demandant à certains de traduire aux autres mais comme le turn-over était

très grand, tous les matins, il fallait expliquer à nouveau les règles avant l'ouverture des portes. Les

règles sont les mêmes pour tous. Pour les usagers qui se plaignaient des désagréments causés par les

migrants, elle répondait : « Est-ce qu'ils ont fait usage de la violence ? Non. Il y a-t-il eu agression ?

Non, donc ils ont aussi leur place ici. Si vous, vous allez à Bruxelles, vous aurez le droit de fréquenter

la bibliothèque donc eux aussi ».

Cela a permis de faire pression auprès du maire et du ministre pour créer un centre d'accueil. Il y avait

des besoins primaires auxquels il fallait répondre (prises ; accès à internet ; douches ; un repas par

jour).

Il y a eu aussi des bagarres entre migrants à l'entrée (Erythréens et Soudanais). Ils importaient leurs

conflits donc la bibliothèque a fermé pendant 5 jours (pression pour trouver une solution). Des cache-

prises ont été installés dans certains espaces et dans d'autres non puis le centre a ouvert.

Un public ne devrait pas en chasser un autre.

Ils ont acheté une ideas box avec tablettes. Il a été décidé qu'elle ne sera pas installée au camp mais à

l'extérieur pour recréer ce lien avec les habitants du territoire.

Le 29 septembre prochain, la BPI organise une formation à Calais par rapport aux publics migrants.

Mariangela Roseli, enseignant-chercheur, département de sociologie, université Toulouse-

Jean Jaurès

Cette chercheuse a conduit une étude sur les pauvres à la médiathèque Cabanis de Toulouse.

Certains se rendent très visibles en causant des troubles.

1ère catégorie mise à jour par l'étude : Les SDF qui n'ont pas de toit. Il y a beaucoup plus d'hommes

que de femmes. La plupart sont très jeunes (entre 13 et 25 ans) et il est possible de les aborder

facilement car ils ont besoin d'aide. Les chiens restent dehors. Ils sont souvent en couple. Il peut s'agir

aussi d'ouvriers, séparés, vivant dans leurs voitures. C'est très intergénérationnel. Ils viennent se

reposer en bibliothèque.

La composition ethnique de l'équipe de la bibliothèque a des conséquences sur les publics (cf. les

travaux d'Erving Goffman).

2ème catégorie : Celle des corps en souffrance. Il peut s'agir d'une souffrance psychologique,

mentale ; d'un handicap moteur, cognitif ou intellectuel (différentes formes de folie) ; de personnes

victimes de burn-out qui dérapent dans leurs relations sociales (ex : jettent leurs ordinateurs).

Goffman parle de « regard social »

La 3ème catégorie est celle des sans-papiers.

Ils cherchent à se maintenir dans une dignité sociale, culturelle ; ils souhaitent le renouvellement de

leurs cartes de séjour. Certains jeunes d'Europe de l'Est prenaient les enquêteurs, les étudiants en

sociologie, pour des policiers en civil et de ce fait étaient très méfiants.

Leur visibilité vient de leur manière d'exposer leurs corps. Ils donnent à voir un corps dissonant au

sens social du terme notamment dans leur regard. Ils cherchent chez les autres de la reconnaissance

et non de l'indifférence. Cela pose problème car ce n'est pas le cas d'où l'importance du regard de

bienvenue et de bienveillance de la part des bibliothécaires.

La question du corps est une question centrale. Les corps sont parfois très agités (cf. écrans ; presse..).

Cela peut être lié à des problèmes de toxicomanie. C'est cette dissonance qui nous gêne.

A partir de ces travaux, l'équipe de Cabanis a travaillé sur elle-même. Le personnel a changé sa

perception de la réalité ; a affiché un certain nombre de valeurs sociales, une éthique de travail.

Le fait que certains cadres se confrontent à certaines réalités (ex : découvrir la vie de ces jeunes avec

le restaurant social..) n'est pas neutre.

Ce qui est à la marge travaille le cœur de l'institution. Les bibliothécaires ont exporté la bibliothèque

dans des lieux à risques ; engagé la conversation ; dédramatisé les corps en souffrance. Ils se

positionnent différemment sur l'altérité.

Engager la conversation avec un autre qui ne nous ressemble pas est parfois difficile. Cette prise de

conscience peut demander un temps de formation : analyse des rapports de domination ; jugement

social ; distance par rapport à son vécu...

Il s'avère nécessaire d'interroger notre posture. A partir du vocabulaire qu'on emploie, on effectue une

catégorisation en fonction d'un modèle d'origine.

Le climat de bienveillance s'est installé à Cabanis (2010-2012).

Ne jamais oublier que nous sommes des professionnels de la relation sociale !

19h : Pot de bienvenue offert par la mairie de Strasbourg

20h : Visite de la ville

Vendredi 12 juin

9h : Le manque de temps : tensions et frustrations, quelles solutions ?

[tensions internes au métier]

Modératrice : Charlotte Hénard, vice-présidente du groupe ABF Midi-Pyrénées

Intervenantes : Isabelle Vazard, directrice de la médiathèque de Condé-sur-Noireau ; Mélanie

Villenet-Hamel, directrice de la Bibliothèque départementale de l'Hérault et Sylvie Deville, directrice

adjointe des bibliothèques de l'université de Lorraine

Introduction par Charlotte Hénard :

Le manque de temps est une préoccupation partagée par l'ensemble du personnel quelle que soit la

position occupée.

1) Si on est sur le mode projet

Comment gérer le temps lorsqu'on est sur une création ou un réaménagement de bibliothèque ?

Il faut rationaliser, repenser l'organisation et privilégier certaines tâches.

2) Lorsque l'établissement est ouvert

Nouveaux problèmes rencontrés et outils à mettre en place

mais nous n'avons pas de solution miracle face au manque de temps et aux frustrations qu'il engendre !

1ère intervention : Sylvie Deville de l'université de Lorraine

La fusion de 4 structures universitaires réparties sur l'ensemble du territoire lorrain (avec parfois 200

kms entre deux établissements) a engendré des tensions. Les 4 SCD ont été réunis pour donner la

Direction de la Documentation et de l'Edition. L'objectif de cette mutualisation était de se positionner

au niveau européen et de réaliser des économies d'échelle en termes de moyens (finances ;

personnel...).

Mme Deville propose un plan en 4 parties :

I- Le temps de l'institution

Dilatation et contraction du temps c'est-à-dire répondre très vite à des demandes puis attendre les

réponses très longtemps

II- Le temps des bibliothèques

Utilisation des outils numériques (mails ; wiki..) donc communication plus rapide.

SIGB communautaire

Service de réponses à distance : très rapide

Vu les distances, très peu de réunions (2 annuelles). La vidéoconférence pourrait être une piste.

Le gain administratif a été une harmonisation des pratiques.

Définition de nouvelles missions : priorité à la formation des usagers et réflexion sur une

externalisation de certaines fonctions : catalogage ; plastification...

III- Le temps des agents

Harmonisation du temps de travail.

Le temps de trajet entre les différents sites reste un problème.

Ce que la nouvelle organisation a gagné en temps est perdu en temps de trajet.

IV- Le temps des usagers

Logique de consommation des étudiants, enseignants, chercheurs. Demande de documents mais aussi

d'espace et de services. Le besoin d'espace est très prégnant.

Demande d'ouverture le samedi après-midi et en nocturne au moment des examens.

Le prêt entre services est prévu en 2015. Pour l'instant, ce n'était pas possible car il fallait un SIGB

commun.

L'instantanéité est une exigence très importante des enseignants-chercheurs.

En conclusion, il n'y a pas de modèle d'organisation standard. Tout dépend de la taille, du temps et de

l'espace lié.

2ème intervention : Mélanie Villenet-Hamel, directrice de la Médiathèque départementale

de l'Hérault

Le nouveau bâtiment de Pierresvives à Montpellier regroupe sur 1000 m² les Archives

départementales, la Direction des sports et la BDP de l'Hérault. C'est un bâtiment mutualisé.

Il y a eu une pression des élus pour que la médiathèque soit ouverte au public.

Il n'y a pas de prêts car il y a 2 bibliothèques à côté mais propose des services innovants (expérience

pour le réseau).

Ouverture du bâtiment du mardi au samedi de 10h à 19h et ouverture de la bibliothèque les mercredis

et samedis de 10h à 19h et de 13h à 19h les autres jours.

L'équipe bibliobus travaille un samedi sur 8 et l'équipe médiathèque 1 sur 4.

Septembre 2012, il y a eu une surfréquentation.

Ce qui a interpellé la directrice, c'est la réception d'un mail d'un agent (professionnel très mature) :

« Pas le temps ».

Organisation d'une réunion de crise, de réunions thématiques (ex. : sur le règlement), d'une réunion

générale (1h par semaine pour partager le projet) mais des réunions de service co-construites,

participatives et constructives (pas uniquement verticales).

Maintenant cette réunion participative a lieu une fois par mois avec un temps sur la vie du service et

un temps de construction en commun. Pas de réunion fleuve (de plus de 3 heures) !

Ce qui peut paraître du temps perdu est un gain de temps à la fin (à condition que les réunions soient

encadrées).

La clé, c'est aussi de prioriser, prioriser un projet sur l'autre.

Intervention d'Isabelle Vazard, directrice de la médiathèque « L'atelier » de Condé-sur-

Noireau :

Cette médiathèque est située dans le Calvados, dans une ville de 5 500 habitants. Ouvert en 1990, le

bâtiment abrite aussi un espace social et un espace muséal ce qui permet d'attirer un autre public. Elle

a été pensée avant tout comme un lieu de vie. Elle est ouverte 36 heures par semaine et il n'y a pas de

fermeture annuelle !

Cela n'a pas été sans générer des tensions car il y a un manque de personnel. Au départ, il y avait 4,5

équivalents temps plein et aujourd'hui, 8 personnes.

La contrepartie, c'est qu'il n'y a pas de service interne. Tout se fait face au public. Il n'y a aucune

cloison.

Pour ouvrir, il faut au minimum 3 personnes.

Le personnel est polyvalent sur les missions de base ce qui est important pour assurer les

remplacements pendant les congés. Le profil du personnel employé est très divers. Il y a un équilibre

entre hommes et femmes. Les jeunes eux embauchent plus tard et travaillent plus tard.

La directrice a mis en place une réunion hebdomadaire de 30 minutes pour organiser le travail de la

semaine.

La mission prioritaire, c'est l'accueil. Il faut accepter que les rayons soient mal rangés et que le travail

interne soit secondaire. Le budget d'acquisition est de 12 000 euros.

Le personnel a identifié les périodes de pointe et peut effectuer son travail interne aux périodes plus

creuses. Les horaires simples et lisibles sont alignés sur ceux des commerces.

Le personnel veille à ménager des petites attentions au public : phrase du jour ; lunettes... Il rend des

micro-services toute la journée (cv...).

La priorité a été accordée à l'accueil.

Valérie fait remarquer que cela est possible car le budget d'acquisition est restreint. Avec 12 000 euros,

il y a peu de commandes et peu d'équipements mais aussi peu de nouveautés...

11h : Les tensions avec les élus : chacun sa place ! [tensions dans la relation à

l'environnement]

Modérateur : Dominique Lahary, ancien vice-président de l'ABF, retraité

Intervenantes : Caroll Knoll, directrice générale adjointe en détachement à la Mutualité française,

auteur de Fonctionnaires, et alors ?, éd. Eyrolles ; Marie-Paule Leymann, vice-présidente de

territoire, Conseil départemental du Bas-Rhin ; Anne-Marie Bock, directrice de la Bibliothèque

départementale du Bas-Rhin

Voir Twitter : #abf2015

Introduction Dominique Lahary :

La revue Bibliothèque(s) de décembre 2013 était consacrée aux relations avec les élus. Une enquête

consacrée à cette thématique faisait apparaître que le ressenti négatif était majoritaire. Voir sur le

nouveau site de l'ABF dans l'onglet ressources la rubrique « Compléments à la revue Bibliothèques »,

l'article « Elus et milieu culturel » et l'enquête : « Des cadres dirigeants territoriaux vus par les

bibliothécaires ; Des élus vus par les bibliothécaires »

Dominique Lahary insiste sur le fait que chacun a sa place. L'élu a la légitimité pour décider

(représente la majorité des citoyens) et la bibliothécaire a la légitimité technique.

Il y a aussi des zones grises avec des élus très intrusifs et des élus assez laxistes.

Souvent, les élus ne connaissent pas les missions des bibliothécaires. Il faut accepter qu'il y ait une

phase d'apprentissage.

Rappel des fondamentaux pour un bibliothécaire : devoir d'obéissance sauf ordre illégal et de nature

à compromettre l'ordre public ; devoir d'apporter des outils d'aide à la décision aux élus (statistiques ;

tableaux de bord ; projets avec force de conviction personnelle) puis mettre en application et rendre

compte. Souvent le bibliothécaire a le savoir et le savoir-faire mais pas le faire savoir. Il est important

de bien communiquer.

Enfin il rappelle la maxime issue de l'analyse transactionnelle : « Ni paillasson, ni hérisson » et nous

enjoint à ne pas rester seuls en cas de problème, à faire appel aux pairs, au réseau.

1ère intervention : Anne-Marie Bock, directrice de la Bibliothèque départementale du Bas-

Rhin

La BDP entretient des relations avec les conseillers départementaux et les maires.

Les bibliothécaires nourrissent la réflexion des élus. Par exemple, Mme Bock travaille actuellement

à la construction de la bibliothèque de Haguenau et rencontre les élus régulièrement pour leur

demander d'arbitrer certains points.

Il faut se préoccuper des contextes.

Il ne faut pas hésiter à questionner les élus : quelles sont vos préoccupations actuelles, les grands

enjeux ?

Récemment, la réforme des rythmes scolaires et la réforme territoriale a été source de tensions.

Il y a une notion de conviction et un part d'intuition.

Il vaut mieux compiler des propositions plutôt qu'une liste d'attentes ; ne pas faire remonter que des

problèmes.

On ne pose pas les mêmes questions en début de mandat, qu'au milieu et à la fin.

Il est important de connaître le rythme de la collectivité, de choisir le bon moment pour la demande.

On constate souvent une méconnaissance des préoccupations des élus de la part des bibliothécaires.

2ème intervention : Marie-Paule Leymann, vice-présidente de territoire, Conseil

départemental du Bas-Rhin

Le maire est très sensible à ce que veut la population et souvent elle réclame une bibliothèque.

Il a besoin d'informations.

Elle est d'accord avec M. Lahary : chacun a sa place et il est important pour les bibliothécaires de

bien communiquer. La problématique actuelle est une problématique financière: baisse des dotations

ce qui impose des choix drastiques.

Les 3ème mi-temps des réunions font souvent avancer les choses.

L'élu pour elle est un « médecin généraliste »

Les communautés de communes ont des limites financières et intellectuelles... donc la démocratie

participative peut être intéressante même si parfois, il peut y avoir une sur-représentativité de certains

intérêts.

Il faut prouver qu'il s'agit d'une demande forte de la population.

En périodes de restrictions budgétaires, il est important de définir des priorités, des axes forts

notamment en termes de publics à desservir.

3ème intervention : Caroll Knoll, directrice générale adjointe en détachement à la Mutualité

française, auteur de Fonctionnaires, et alors ?, éd. Eyrolles

Il est important de fixer un cadre : qu'est-ce qu'on discute et à quel moment ?

C'est comme pour une conduite de projet, la finalité doit apparaître en premier, puis il faut établir un

calendrier, définir les étapes de validation (qui doit valider quoi et à quel moment) puis le plan de

communication (à qui on communique et comment ?). Enfin, il faut évaluer (prouver que la politique

décidée a bien été appliquée).

Mme Knoll rappelle la loi du 13 juillet 1983 sur les droits et devoirs des fonctionnaires et le devoir

de réserve du fonctionnaire. Cette loi va d'ailleurs être prochainement modifiée.

En cas de dérives graves des élus, il faut faire une note à son n+1 ou au DGS.

Elle nous cite ensuite un exemple : un élu demande de faire un courrier revenant sur la décision d'un

service (habilitation d'une gardienne). Mme Knoll dit qu'il faut faire 2 courriers : un favorable et un

défavorable et c'est l'élu qui décide quel courrier il veut signer.

Il faut rendre compréhensible de manière politique nos enjeux mais sans employer de jargon.

Compter les entrées est primordial. On n’a pas toujours le temps mais c'est cet indicateur que la

collectivité prend en compte. Il permet d'établir des comparaisons avec les autres structures.

Nous nous focalisons parfois sur un dossier alors que l'élu gère plusieurs dossiers en même temps.

Les élus ont la légitimité du suffrage universel.

12h30 : Arte France présente son service Médiathèque Numérique et ses 4 ressources :

VoD (Arte-UniversCiné), musique, ebooks (bnfcollection.com) et BD numérique (Professeur

Cyclope) 2008 : lancement d'Arte VoD, offre de vidéo à la demande (adhésion de 30 bibliothèques)

Mai 2011 : partenariat avec UniversCiné (documentaires et fiction indépendants)

Juin 2015 : Lancement du bouquet de ressources numériques (livres; BD numérique; musique ; Vod)

Vod : 3 000 références ; UniversCiné : 55%

Musique : albums numérisés (BNF)

ebooks : partenariat BNF (1000 ebooks)

Professeur Cyclope : revue BD numérique

Il s'agit d'un service clé en main avec un intermédiaire unique. Il y a une mutualisation administrative

et technique : un seul contrat et un seul bon de commande ; une seule console d'administration.

Les contenus peuvent apparaître dans les catalogues (connecteur de recherche fédérée).

La gestion des inscriptions est unifiée (authentification unique).

Le point essentiel est que l'offre est compatible avec tous les supports (ordinateur ; tablettes ; mobiles)

en téléchargement ou streaming et accessibles depuis la médiathèque ou le domicile.

Cela nécessite une seule inscription et un seul compte.

Vod : abonnement annuel et quota de visionnage (3 films par mois)

Musique, livres : abonnement annuel et accès illimité

Professeur Cyclope : 20 revues numériques et 3 revues inédites

Plus tard, sous-titrage et audiodescription.

Le partenariat avec la BNF est très récent (cf BNF collection : www.bnfcollection.com ).

Les livres peuvent être lus en streaming dans l'enceinte de la bibliothèque ou à distance et sur tous

supports.

Pour la musique, ils se basent sur le dépôt légal (49 : 1er disque microsillon ; 62 : fin de droits). A

terme, 45 000 albums de musique pourront être consultés.

Pour l'identification, soit on passe par le site de la bibliothèque, soit par le portail, BNF collection.

Il est possible de s'abonner à la newsletter et de créer sa propre playlist.

Cette rencontre était très intéressante pour connaître les évolutions d'Arte Vod depuis 2008 : nouveaux

services (ebooks ; musique ; BD) et nouvelles solutions techniques (authentification unique ;

compatibilité multisupports ; visibilité des ressources depuis le portail). Un séduisant bouquet de

ressources numériques !

14h30 : « Faire plus avec moins : les tensions liées au contexte

économique » [tensions liées au contexte économique »

Modérateur : Dominique Arot, doyen de l'Inspection générale des bibliothèques

Intervenants : Olivier Ploux, directeur du réseau des médiathèques du Beauvaisis ; Julien Barthe,

secrétaire général adjoint, université de Lorraine ; Glòria Pérez-Salmeròn, présidente de FESABID

M. Arot présente les intervenants en rappelant qu'un large panel de situations sera évoqué

puisque nous avons une personne du monde universitaire, un représentant des bibliothèques issues de

collectivités locales et la présidente de l'IFA. Il mentionne également en matière d'introduction que

les crédits d'acquisition des BU ont baissé de 27,5% en 5 ans et que l'ensemble des collectivités est

sommé de réduire ses dépenses. Le ton est donné... Comment faire plus avec moins ?

1ère intervention : Olivier Ploux, directeur du réseau des médiathèques du Beauvaisis

M. Ploux s'occupe d'un réseau de bibliothèques en Picardie dans l'Oise (Communauté

d'agglomération de Beauvais).

Il dit avoir été surnommé « l'homme qui fermait les bibliothèques » car il a fermé une annexe.

Le réseau est ancien : 1986. A l'époque, il comprenait une médiathèque principale et 3 annexes. En

2005, il y a eu un transfert de la compétence lecture à l'agglo. En 2013, la médiathèque du centre ville

a été réaménagée en 3ème lieu.

Quelques données chiffrées (2014) :

Budget de fonctionnement : 2 400 000 euros

53 agents (49 ETP)

Amplitude d'ouverture hebdomadaire : 34h

Budget d'acquisition : 250 000 euros

Superficie : 5 100m²

Une navette bi-hebdomadaire

En 2014, la gratuité a été instaurée et des postes informatiques installés.

A ce sujet, avant l'instauration de la gratuité, une baisse de la fréquentation avait été constatée et

depuis, on a relevé une hausse de 30%.

Entrées annuelles : 210 000

Inscrits : 14 000

Emprunteurs : 8 000

Prêts : 330 000

La collectivité a connu une amputation de sa dotation de 3 millions d'euros. Il a alors été demandé

d'intégrer une baisse de 10%, charges de personnel incluses (pas uniquement une baisse du budget

d'acquisition).

Et cela va se poursuivre : baisse de 8% pour 2016

Le budget des médiathèques étant de 2 400 000 euros, l'objectif pour 2015 était une baisse de

240 000 euros.

Les mesures suivantes ont donc été prises : diminution du budget d'acquisition de 18% ; baisse de

26% du budget de l'action culturelle ; certains contrats n'ont pas été reconduits ; fermeture du point

lecture de Saint-Just-des-Marais. Avant même l'arrivée du directeur actuel, un rapport disait que

l'existence de cette annexe ne se justifiait pas.

La fermeture de cette annexe très peu fréquentée a généré une économie substantielle sinon la

réduction sur les autres postes aurait été encore plus forte.

2ème intervention : Julien Barthe, secrétaire général adjoint, université de Lorraine

Le conservateur rappelle que l'Université de Lorraine est issue de la fusion de 4 universités.

Il y a eu l'annonce d'une baisse des budgets.

Le budget global est de : 540 millions d'euros

Le SCD c'est-à-dire la Direction de la Documentation comprend 190 agents. Le coût de

fonctionnement de ce service pèse assez lourd dans le budget global.

Les recettes proviennent des dotations et des frais d'inscription des étudiants.

Rappel : les universités sont des établissements publics comme les hôpitaux et les musées

(décentralisation fonctionnelle). La loi Pécresse de 2007 a conduit à ce que les universités récupèrent

les charges salariales du personnel ce qui représente 80% du budget des universités.

Par ailleurs, il y a un effet ciseaux : à effectif constant, la masse salariale augmente à cause de

l'ancienneté.

2 possibilités : soit il faut développer des recettes (ex. : développer la formation continue mais dans

un premier temps cela a un coût) soit baisser les dépenses.

Les BU sont aussi confrontées à la hausse du prix de la documentation électronique.

Comme les collectivités territoriales, l'université connaît donc des situations de tension budgétaire.

L'objectif est la baisse de la masse salariale. On assiste à une dualité entre le personnel administratif

et les enseignants-chercheurs. Les chercheurs souhaitent une réduction des charges administratives

plutôt que la fermeture de filières de formation.

3ème intervention : Glòria Pérez-Salmeròn, présidente de FESABID

Mme Pérez-Salmeròn, récemment élue présidente de l'IFLA, va nous parler de la situation des

bibliothèques espagnoles et des effets de la crise économique. Elle va dresser un constat avant de

nous parler d'une étude passionnante menée par FESABID, l'association des bibliothécaires

espagnols.

1) situation entre 2008 et 2012

Espagne : 47,1 millions d'habitants et environ 4 700 bibliothèques publiques (62,9% du total des

bibliothèques espagnoles) soit une bibliothèque pour 10 000 habitants.

Suite à la crise, on a assisté à une réduction de 35,9% du budget en moyenne. Les budgets

d'acquisition ont été amputés de 43,6% principalement pour l'audiovisuel, les ressources numériques

mais aussi des livres.

1er effet donc une réduction des collections publiques.

2ème effet, une réduction du personnel : en 2012, il y avait 594 emplois de moins qu'en

2010 soit une suppression de poste sur 5 ainsi qu'une diminution des salaires et des congés.

Chaque service de bibliothèque est passé en moyenne de 2,5 employés à 1,91.

3ème effet : stagnation des prêts en 2012

Obsolescence des collections ; arrêt de l'abonnement à certains périodiques ; accès à internet qui a

remplacé certains documents sonores.

4ème effet : par contre, il y a eu une augmentation constante de la demande de services

de bibliothèques. On a mesuré une croissance de 20,5% des visites avec des bibliothèques toujours

remplies. Les usagers ont presque doublé : passage de 8,2 à 15,2 millions !

2) Les bibliothèques : un coût ou un investissement ?

Les bibliothèques ont un coût mais c'est un investissement

FESABID, le Conseil des bibliothèques espagnoles et l'Université de Murcia ont cherché à défendre

la position des bibliothécaires espagnols en menant une étude sur l'utilité des bibliothèques en

Espagne.

Références : www.fesabid.org (article : « El valor econòmico y social de los servicios de informaciòn :

bibliotecas »)

Les bibliothèques sont le service public éducatif et culturel le plus apprécié. Elles sont perçues comme

des lieux accueillants et de rencontre. L'aide professionnelle fournie pour rechercher des informations

est très appréciée. Une grande partie des non-utilisateurs seraient prêts à les utiliser.

Une étude très intéressante pour prouver l'importance du rôle des bibliothèques (réflexion en termes

de valeur sociale et pas seulement en termes de coût) surtout en situation de crise. Derrière ces enjeux,

il s'agit bien d'un choix sociétal qui se dessine.

M. Arot reprend la parole en rappelant l'impact des restrictions budgétaires sur les

bibliothèques (plannings de service public à flux tendus ; fermeture estivale (une semaine par

roulement) ; abandon de « Lire à la plage » ; un personnel sous tension à la recherche quotidienne

d'économies) et demande aux intervenants quelles pourraient être les pistes d'évolution.

M. Ploux dit que la suppression de l'annexe a permis l'arrivée d'un agent supplémentaire à la

bibliothèque du centre ville. Dans les évolutions, il faut noter qu'un automate de prêt a pu être acquis,

que la Charte des collections a été votée en 2013 (fin de l'encyclopédisme des collections dans les

quartiers et choix d'une production contemporaine) et qu'un esprit réseau est désormais encore plus

recherché.

M. Barthe confirme que la contrainte peut être une opportunité.

Il rappelle qu'il existe 3 types de dépenses : la masse salariale, les dépenses de fonctionnement et les

dépenses d'investissement. Pour lui et rejoignant en ce sens Mme Pérez-Salmeròn, les bibliothèques

peuvent être considérées comme de l'investissement.

Dans le cas des universités, il faut soit augmenter les recettes, soit diminuer les dépenses. Agir sur les

droits d'inscription des étudiants est délicat. La solution peut venir de la mise en place de formations.

La politique documentaire privilégie le numérique au détriment du papier. Il faut donc prioriser les

acquisitions, remettre à la charge des laboratoires les ressources qui concernent des créneaux très

spécifiques et négocier au niveau national des tarifs particuliers pour le numérique.

Aujourd'hui, nous sommes dans une politique de centralisation dans le but de faire des économies

d'échelles.

Au niveau des ressources humaines, pour faire des économies, on joue sur les statuts et les filières.

Certains services sont externalisés (entretien ; copieur ; restauration...) et des partenariats public-privé

sont mis en place.

L'ABF, le Service Livre et lecture et la BPI, à l'image de ce qui s'est fait en Espagne, vont faire

une étude pour mesurer l'impact social et économique des bibliothèques en France. Cette étude

va être réalisée en partenariat avec la BDP du Val d'Oise. Un outil important pour défendre les

bibliothèques auprès des politiques. A suivre donc !

17h-20h : Assemblée générale de l'ABF

Une assemblée générale très agréable. Les membres du CA équipés de micro font leur apparition et

traversent la salle. Nous avons droit à une petite pièce de théâtre « C'était mieux avant ». Très drôle

et vraiment dans le contexte !! Notons aussi la présence de la clown, Mademoiselle Maria K (cf son

« biblio take care »).

Pour alléger le compte-rendu, nous vous proposons de consulter le site de l'ABF pour avoir le détail

du rapport d'activité et du rapport de gestion.

Notons néanmoins quelques informations :

1) concernant le rapport d'activité

La baisse du nombre d'adhérents a été enrayée mais on constate une baisse du nombre d'abonnés à la

revue Bibliothèque(s).

Le groupe Ile de France et Paris ont fusionné. Un questionnement : dans le contexte de refonte des

découpages territoriaux, doit-on effectuer des regroupements entre groupes régionaux ? Il semblerait

que non. Pour Paris par contre, ça paraissait logique.

Parution de la charte ABF de l'accès à l'information des citoyens (cf. supra).

Avec l'association « Lire, c'est vivre », formation ABF mise en place dans les prisons de Lorraine.

Le CA envisage aussi de mettre en place une formation ABF courte (30h au lieu de 230h) pour

répondre à la demande des personnes qui veulent découvrir le métier de bibliothécaire (coût 700

euros).

Nouveau site

Mise à jour du Mémento du bibliothécaire.

Parution de 2 nouveaux médiathèmes : Jeux vidéo en bibliothèques et Les bibliothèques, 3ème lieu

2) concernant le rapport financier

L'exercice est excédentaire avec un bénéfice de 14 570 euros. Il y a eu une augmentation des

adhésions collectives et une baisse des frais de déplacements.

Le rapport est approuvé par le commissaire aux comptes.

3) concernant le rapport d'orientation

Avant même de transmettre le savoir, ce qui importe aujourd'hui pour les bibliothèques, c'est de

préserver le lien social.

Préparation d'un médiathème sur les bibliothèques en milieu pénitentiaire.

Projet également d'une boutique en ligne sur le site

Projet d'enquête comme en Espagne (cf. supra l'analyse de la valeur). D'abord dans l'Oise pour

parfaire la méthodologie et ensuite cela pourra être étendu à l'ensemble de la France.

Le CNL a réformé ses aides aux bibliothèques (possibilité d'avoir des aides pour des projets comme

le portage de livres à domicile).

Fin 2015, renouvellement des représentants (nouvelles élections).

Le prochain congrès ABF aura lieu à Clermont-Ferrand.

Samedi 13 juin

9h Le dialogue social [Tensions internes au métier]

Modérateur : Albert Poirot, directeur de la BNUS

Intervenants : Raymond Romano, secrétaire général du syndicat CGT cadres, ville de Marseille ;

Catherine Dumont, directrice générale des services, Université Paris VIII ; Dominique Mans,

directeur du réseau lecture de Clermont Communauté

M. Poirot présente les intervenants. Il rappelle que Paris VIII a la même tradition que

Vincennes : le débat d'idées fait partie de ses gênes !

Parfois, on assiste à un étiquetage des partenaires ce qui fait que le dialogue n'est pas constructif. Il

s'agit de schémas de pensée qui gênent l'efficacité du dialogue social.

Y a-t-il un dialogue social spécifique aux bibliothèques ?

1ère intervention : Dominique Mans, directeur du réseau lecture de Clermont Communauté

A animé des formations à l'ENSSIB sur cette thématique.

La compétence lecture publique est revenue à la communauté d'agglomération en 2005.

Il s'agit d'un des réseaux les plus intégrés en France (carte unique ; mise à niveau...) qui couvre 21

communes, comprend 16 bibliothèques et 2 services spécifiques. On dénombre 146 agents soit ¼ des

effectifs de l'agglomération. Il y a une sur-représentativité de la bibliothèque : sur 6 représentants

syndicaux, 3 sont bibliothécaires.

Début 2013, la question de l'harmonisation des conditions de travail et celle de l'élargissement des

horaires d'ouverture ont été posées.

Cela a entraîné une réflexion autour des métiers :

1) Mise en place d'un groupe de travail sur la base du volontariat (badgeuse ; planning de

travail...)

2) Mise en place de 2 séminaires : un sur le numérique et l'autre sur la bibliothèque comme lieu

de vie

En parallèle, tout un travail avec les cadres a été mené sur les horaires d'ouverture, l'objectif étant de

passer à 50% du temps disponible au public alors qu'il est de 28h-30h aujourd'hui.

Il y a eu une CTP (Commission Technique Paritaire) en 2014. Cette commission a validé le travail de

deux ans de réflexion : bibliothèque comme lieu de ressources, lieu de vie et lieu accessible mais le

5 mai, le Comité technique a refusé de voter ; le 22, rajout des horaires ; le 19 juin, nouveaux horaires

pour le 1er septembre d'où préavis de grève.

La commande publique est d'ouvrir le plus possible avec des horaires clairs et faciles à mémoriser, le

changement devant être réalisé à moyens constants. Il faut qu'il y ait une égalité d'accès au service

public dans toute l'agglomération. La bibliothèque doit être l'élément de vie le samedi après-midi.

Les bibliothèques doivent être ouvertes le samedi toute la journée et tous les jours jusqu'à 19h samedi

inclus. Par ailleurs, l'accueil des groupes se fera pendant les horaires d'ouverture.

La contrepartie, c'est que toutes les absences sont remplacées.

2ème intervention : Raymond Romano, secrétaire général du syndicat CGT cadres, ville de

Marseille

M. Romano commence par rappeler la manifestation de Guéret pour le service public qui se déroule

au moment de ce débat.

Le fonctionnaire est au service de l'intérêt général et responsable devant la nation ce qui fait qu'il

existe des règles spécifiques. C'est le statut de la fonction publique.

Qu'est-ce que le dialogue social ? Avec le personnel ou les syndicats ? Est-ce la même chose ?

Nous savons que le taux de syndicalisation est faible (5%). Jusqu'où va le rôle des syndicats ?

La mise en place du projet de service implique le personnel. Même si parfois il y a des pratiques

manipulatoires.

Le dialogue social n'est pas là pour éviter les conflits. Les conflits font partie des relations de travail.

Le dialogue social, c'est l'ensemble des relations entre les dirigeants et les syndicats.

Les agents sont porteurs d'un ensemble de valeurs, ont un savoir professionnel donc il est important

de les impliquer aussi. De même, il faudrait faire participer les usagers. C'est un gage de démocratie

et d'efficacité dans le projet.

Est-ce que le projet est co-partagé lorsqu'il y a consultation du personnel ? Etre consulté et participer,

ce n'est pas la même chose !

Les représentants des CT et CHSCT sont élus tous les 4 ans. On parle de cogestion même si ils ne

sont que consultés.

Le rapport de force au niveau collectif et au niveau d'un service n'est pas le même.

Parfois, il y a des syndicats très clientélistes.

Un mot sur la situation à Marseille : c'est la crise depuis 2 ans. Sur 320 postes, il en manque 50.

Certaines bibliothèques des quartiers Nord sont obligées de réduire leurs horaires d'ouverture

(diminution de 8h!). Les syndicats minoritaires reçoivent les ordres du jour au dernier moment alors

que les majoritaires les ont longtemps à l'avance...

Deux limites au dialogue social :

– l'évolution de gestion des collectivités

Demande de gestionnaires polyvalents là où le volet culturel n'est pas évident. On leur demande de

savoir se mouvoir dans un cadre budgétaire restreint.

La condition pour un dialogue social performant, c'est d'utiliser un vocabulaire commun

– l'évolution des missions de service public

Commande publique donc on passe son temps à monter des marchés publics ce qui entraîne un

délitement de la culture professionnelle

Les syndicats soulèvent des problèmes réels mais souvent ils ne sont pas pris en compte car ils sont

accusés de politisation...

3ème intervention : Catherine Dumont, directrice générale des services, Université Paris

VIII

Du point de vue de l'administration, le dialogue social est incompatible avec les principes de

hiérarchie de la fonction publique. Le droit syndical n'est apparu qu'en 1946. Respect des instances

et des délais mais ce n'est pas de la cogestion car uniquement avis consultatif.

Création nécessaire d'un espace collaboratif pour déposer les documents.

Quand les dossiers arrivent en instance, ils ont déjà été négociés avant...

Le dialogue social, c'est la recherche d'un consensus car les intérêts sont divergents.

Pour obtenir le consensus, il faut :

– informer, expliquer, donner le sens de notre action

– prendre en compte dans la mesure du possible les choses qui remontent

– préparer les projets avec les agents et les syndicats

– définir des objectifs pour que les choses soient claires

– informer même si échec car on réduit les traces après (rancœurs)

– les cadres intermédiaires doivent faire redescendre les infos

– Avoir la culture du métier (beaucoup d'étudiants dans le personnel, de statuts différents donc

difficile)

Le débat s'ouvre avec les questions du public : peut-on assurer la direction d'un équipement et avoir

un engagement syndical ? Difficile mais certains y arrivent.

En ce qui concerne la représentativité, il faut les agents et les syndicats.

La médiathèque de Dunkerque a instauré une heure d'information syndicale face à la méconnaissance

qu'avaient les agents de leur statut.

La transparence est nécessaire et souhaitable.

Une conférence vraiment intéressante avec des intervenants très pertinents et agréables.

10h30 Questions-réponses avec les ministères

Modératrice : Véronique Heurtematte, journaliste à Livres Hebdomadaire

Intervenants : Nicolas Georges, directeur du Service du livre et de la lecture, ministère de la Culture

et de la Communication ; Alain Abécassis, chef du service de la coordination des stratégies de

l'Enseignement supérieur et de la Recherche

1ère question : la réduction des budgets M. Georges considère que les réductions de budgets ne sont pas si drastiques que ça : le

budget de la BPI est maintenu avec même un projet de rénovation (rare de nos jours) et le maintien

de tous les emplois ; la BNF a encore de quoi vivre ; aide au numérique pour les autres bibliothèques...

En ce qui concerne l'aide aux collectivités territoriales, le diagnostic des finances locales n'est pas à

la hausse mais dans le rapport annuel, ce n'est pas si dramatique pour les bibliothèques (chiffres 2013).

En 2014, il y a eu un changement de politique. Les collectivités territoriales ont moins de moyens

donc les bibliothèques aussi. L'objectif est de réduire les dépenses de l'Etat et de toutes les collectivités

territoriales.

Par ailleurs, depuis 2008, il y a une baisse des investissements dans toutes les BDP, ce n'est pas

nouveau.

Les chiffres sont à la hausse : toutes les bibliothèques ouvrent avec moins d'effectifs que prévu.

Certes les budgets d'acquisition ne sont pas en baisse mais l'Etat est dans une démarche de

stabilisation et non de baisse des dépenses d'accompagnement du ministère de la Culture. Les crédits

déconcentrés dans les DRAC sont maintenus (10 millions d'euros pour les bibliothèques).

L'Etat met toujours à disposition gratuite de 54 collectivités des conservateurs d'Etat. Ici, il n'y a pas

de baisse d'effectifs.

Pour l'avenir, la situation n'est pas claire.

M. Abécassis rappelle qu'en 2010, le budget des BU était de 422,5 millions d'euros et qu'en

2015, il est de 443,9 millions d'euros. On ne peut donc pas parler d'un effondrement des crédits

budgétaires. 444 millions d'euros sur 12,750 milliards d'euros. Les postes qui augmentent, ce sont les

abonnements électroniques.

Mme Heurtematte réagit à ces deux interventions en rappelant les coupes sombres dans les

budgets des bibliothèques (réduction de 10%, 20%, 30%), les points lecture qui ferment... On ne peut

nier l'impact de ces mesures sur l'avenir des bibliothèques. Elle cite l'exemple de la bibliothèque de

Lyon où 3 élus doivent décider des investissements prioritaires.

2ème question : la réforme territoriale La modératrice rappelle que cette réforme (passage de 22 régions à 13) pose beaucoup de problèmes

et demande aux intervenants de préciser ce qui s'esquisse dans la répartition des compétences des

bibliothèques universitaires.

Les BU subissent un double mouvement tectonique avec la recomposition du paysage des universités

françaises.

La loi du 22 juillet 2013 crée des comités d'universités et d'établissements or le redécoupage régional

ne correspond pas au périmètre académique et à ce qui s'est déjà fait (ex : Bretagne Pays de la Loire

et Centre, regroupement alors que les 2 régions sont distinctes). La problématique des appels à projets

est aussi soulevée.

Elle demande aux représentants des ministères de se prononcer aussi sur l'impact de cette réforme sur

les bibliothèques territoriales.

1) Impact sur les BU

Les intervenants font valoir les éléments positifs de ces regroupements :

– Force des réseaux nationaux dans les domaines documentaires (politique de mise en réseau

national pour pouvoir peser dans certains domaines)

– l'orientation générale pour les SD, c'est de se rapprocher des services pédagogiques et de

recherche. La documentation numérique fait que la territorialisation se pose avec moins

d'acuité.

– Mise en place des UNT (Universités Numériques Thématiques) : coopération des

professionnels de la documentation inter-régionale

– Les Learning centers permettent de rapprocher les enseignants-chercheurs, les étudiants et les

documentalistes

Le ministère souhaite optimiser l'utilisation des équipements. Pour cela, il demande à ce que

l'amplitude d'ouverture soit plus forte. Il cite en exemple la BNU de Strasbourg car elle a fait un gros

travail dans ce domaine (ouverte jusqu'à 22h et le dimanche AM).

Une personne de la salle demande comment mieux coopérer entre BU et BM dans une logique de

mutualisation mais pas de réponse.

2) Impact de la création des grandes régions sur les bibliothèques territoriale

- Les BDP

La loi Matpam de 2014 crée les métropoles et met en place un mécanisme de redistribution de

compétences. Les collectivités peuvent demander à l'Etat à ce qu'il lui délègue une compétence. Avec

les métropoles et comme pour les intercommunalités, la carte de la lecture publique va être redéfinie.

La loi sur le découpage régional de 2015 fait que de 22 régions, nous allons passer à 13 mais les

régions ne géraient pas de bibliothèques.

Les départements continuent à exister donc les BDP aussi.

- Les DRAC

Quels seront nos interlocuteurs de demain ?

Les conseillers au livre et à la lecture continueront d'exister même s'il y aura certainement des

regroupements.

3ème question : attentats de janvier L'éveil à la citoyenneté existait avant les attentats.

Comment utiliser le réseau pour résorber un certain nombre de failles ?

Rappel des actions faites en matière d'Education artistique et culturelle – Réforme des rythmes

scolaires.

Crédits alloués à Jeunesse et Sports

4ème question : réforme du droit d'auteur Il s'agit bien d'un point de tension.

Julia Reda, eurodéputée allemande, représentante du Parti Pirate au Parlement européen, en charge

du rapport sur la mise en œuvre de la directive 2001/29/CE sur « l'harmonisation de certains aspects

du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information », propose des exceptions pour

la recherche et les livres numériques pour les bibliothèques.

L'Etat est plutôt pour le contractuel (décalage de forces).

L'ABF soutient les propositions de Julia Reda. Voir : www.juliareda.eu

Présente au congrès.

13h : Présentation du nouveau médiathèmes « bibliothèques troisième lieu » par les auteurs

14h30-16h : Pour une thermodynamique de la bibliothèque Comment être

créatif dans les services offerts grâce aux tensions avec les usagers [tensions dans la relation à

l'usager]

Modératrice : Hélène Brochard, bibliothèque municipale de Lille

Intervenants : Claude Poissenot, sociologue ; Philippe Charrier, directeur des médiathèques de

Strasbourg Ville et Eurométropole ; Laurence Jung, SCD de l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La

Défense

C'est un titre un peu farfelu. L'idée en revient à Philippe Charrier.

1ère intervention donc pour éclaircir ce concept Philippe Charrier

La thermodynamique, c'est la science de tous les phénomènes qui dépendent de la température, la

science de la chaleur et des machines thermiques, la science des grands systèmes en équilibre.

Il y a 2 principes :

– principe de conservation de l'énergie dans l'univers (on ne la crée pas)

– l'énergie d'un système isolé passe par une forme concentrée à des formes diffuses

(ex. : la porte d'un frigo ouvert ; le froid va dans la cuisine et le chaud dans le frigo ; devient tiède;

c'est l'entropie)

Le démon de Marxell peut rétablir l'ordre des molécules (c'est le bibliothécaire).

Si on réalise un apport d'énergie, on remet de l'organisation dans le système.

Est-ce la fatigue mais je crois que je n'ai pas tout saisi...

Il fait un rappel sur les bibliothèques de Strasbourg.

Les 24 et 25 août 1870, la ville est bombardée. Plus de 400 000 livres sont brûlés . Appel aux dons.

1882 : création d'une volk bibliothèque. C'est le 1er réseau français (une carte pour 2 établissements)

En 2014, il rappelle que 60 bibliothèques ont été incendiées en France dans les quartiers difficiles.

Pourquoi ? Il renvoie aux travaux de Bruno Merken. Les bibliothèques sont un objet d'appropriation

forte par les gens des quartiers mais représente aussi l'autorité, comme l'école. Le sentiment oscille

donc entre rejet et demande d'intégration. Les bibliothèques sont perçues comme des outils de

contrôle social au profit de groupes sociaux dominants et peuvent être perçues comme un élément

d'intrusion territoriale. Le rapport à l'écrit et à l'école est souvent au cœur de ces actes.

Les bibliothécaires peuvent-ils être comparés à des pompiers ?

Tensions entre lecteurs et bibliothécaires ou entre lecteurs.

Il est nécessaire d'entamer une réflexion sur l'image (image non consensuelle des bibliothèques, sur

leur rôle politique).

Les bibliothécaires sont des paratonnerres. On est dans un nœud de tensions sur le rapport au savoir,

à l'info...

En conclusion, les bibliothèques existeront-elles dans 30 ans ?

2ème intervention : Laurence Jung, SCD de l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Mme Jung commence par nous rappeler l'étude de l'ENSSIB sur les faibles lecteurs (« La parole aux

usagers ») et les forces qui s'exercent au sein de la bibliothèque (le public ; les règles ; le personnel...).

Les sources de tensions :

1) La bibliothèque comme système fermé

Plusieurs façons de travailler peuvent entrer en conflit :

– le « séjourneur » (vient avec ses documents et reste longtemps)

– ceux qui ont besoin d'intimité (ex : les enseignants-chercheurs qui ne veulent pas être avec

leurs étudiants)

– ceux qui travaillent en groupes

2) la question du silence

Le rôle du bibliothécaire, est-ce de régler les conflits (cf. analyse transactionnelle) et maintenir l'ordre

à tout prix ?

Mixité (température tiède en référence à la thermodynamique). S'autorégulent.

La solution peut passer par un zonage : zone de communication ; zone calme et zone de silence avec

des couleurs différenciées.

3) les pressions externes

- la tutelle

- la société de consommation (le modèle Amazon avec le livre qui arrive chez soi)

- la société internet (google)

- l'image stéréotypée de la bibliothèque comme temple du savoir

Il faut transformer les énergies destructives en forces motrices.

En conclusion, elle évoque le mouvement brownien (??) qui dit que la température d'un gaz est liée

à ses molécules. Une belle image !

3ème intervention : Claude Poissenot, sociologue

La bibliothèque est souvent chaude ou froide mais rarement tiède.

Ce qui fait avancer, c'est le chaud ou le froid.

Dans les tensions, il y a du positif.

3 façons pour le public de marquer son insatisfaction :

– l'apathie

– Il s'en va (25-30% des usagers ne renouvellent pas leur carte ; est-ce qu'ils sont insatisfaits ?

Pas forcément ; ce sont des décrocheurs d'où l'importance des lettres de relance et d'un

questionnaire sur le pourquoi de leur insatisfaction)

– Voix

Favoriser cette prise de parole. L'insatisfaction, c'est le décalage entre un idéal et la réalité.

Ceux qui prennent la parole, c'est ceux qui savent la prendre.

Il y a beaucoup de non-utilisateurs chez les moins diplômés ; ils ne prennent pas la parole.

Lorsqu'on organise des visites de la médiathèque ou qu'on accueille des stagiaires, il ne faut pas

oublier de demander s'il ne manque pas quelque chose. Penser aussi à créer une rubrique « Mon avis

sur la bibliothèque sur le site ». Tout doit être pris en compte sans se censurer. La tension créatrice

est là.

ex. : avant d'un commun accord entre élus et bibliothécaires, les bibliothèques n'étaient pas ouvertes

le dimanche. Cela, c'est de l'entropie...

Il est impératif de repérer les sources d'insatisfaction. Il ne faut pas que la bibliothèque soit trop tiède,

trop dans le consensus. Il faut croiser les points de vue avec d'autres et trouver des réponses pratiques.

Parfois, on range aussi les lecteurs en bibliothèque !! On leur attribue une place et il ne faut pas qu'ils

en changent.

Le point de vue des usagers n'est pas évident à mesurer. Parfois, ils ne savent pas l'exprimer.

Charly, c'est le prix de l'inculture.

Le modèle, c'est la république universaliste abstraite. Cela ne satisfait que les plus instruits.

Remarque du public : Il y a des lobbys informatique et numérique. Après, il n'y a plus d'argent pour

le culturel qui crée du lien social.

Le concept de thermodynamique appliqué aux bibliothèques est plus clair en fin de conférences !

16h [Actualité : les sujets qui fâchent]

La fonction publique, c'est terminé

Modérateur : Sébastien Lagarde, responsable de la commission Ressources humaines et formation

de l'ABF

Intervenants : Pierre-Marie Vidal, directeur de la rédaction d'Acteurs publics ; Lucas Léger, IREF,

institut de recherches économiques et sociales (en remplacement de M. Gérard Koening, génération

libre) ; Gérard Aschieri, professeur, membre du Conseil économique, social et environnemental

1ère intervention : Pierre-Marie Vidal, directeur de la rédaction d'Acteurs publics

Goethe disait : « Au commencement était l'action »

Nous nous disons désormais : « Au commencement était l'austérité ».

Nous devons participer à « l'effort national ».

Il faut réaliser 50 milliards d'euros d'économies.

La France respecte ses fonctionnaires. Le statut de 46 a très souvent été amendé. Les autres pays nous

l'envient.

La question, c'est quels types de services publics, on veut mettre en œuvre.

Le statut de la fonction publique le permet-il ?

Non, la fonction publique, ce n'est pas fini mais le mode de management est en cause.

Les Français font des efforts donc les fonctionnaires doivent en faire aussi.

Des efforts sont aussi à faire sur les modes d'organisation du travail et les horaires.

La fonction publique doit être plus souple, plus flexible. On doit faire des choix et renoncer à d'autres.

2ème intervention : Gérard Aschieri, professeur, membre du Conseil économique, social et

environnemental, auteur de l'ouvrage avec Anicet Leport : La fonction publique au XXème siècle

La fonction publique n'est pas une pièce de musée ! Elle bouge ; elle n'a cessé d'évoluer. Il y a eu plus

de 200 modifications législatives du statut.

L'adaptabilité est un des principes centraux de la fonction publique. Il est nécessaire d'évoluer, de

changer.

Il y a beaucoup de choses à changer notamment :

1) les qualifications et les formations.

Nous savons qu'il y a 72% d'une classe d'âge qui arrive au bac ; 49% suivent un enseignement

supérieur (LMD : Licence ; Master ; Doctorat).

Il n'y a pas de rapport avec les grades ce qui a des conséquences sur le travail dans la fonction

publique.

La place des docteurs n'est pas dans la fonction publique.

Il est nécessaire aussi de revoir le rôle de l'université dans la formation

2) le rapport à la hiérarchie

Ce principe est fondamental (cf. citation de Michel Debré : « Le fonctionnaire est un homme de

silence. Il sert, il travaille, il se tait »).

Question : faire du fonctionnaire un citoyen ?

Les fonctionnaires sont des professionnels et il faut les entendre en tant que tels. Ils doivent avoir des

choses à dire.

3) la place des usagers

Nous avons besoin d'une réflexion collective.

On a besoin de fonctionnaires qui prennent en charge l'intérêt général. La gestion de la fonction

publique est contredite par une logique essentiellement comptable.

Questionnement par rapport à l'avenir : comment prendre en compte le modèle d'intérêt général à

l'échelle mondiale ?

3ème intervention : Lucas Léger, IREF, institut de recherches économiques et sociales

(Travaux sur la réduction du poids de l'Etat et des prélèvements obligatoires)

Plus qu'une crise, c'est une mutation. Le numérique transforme notre modèle économique.

Quel doit être le rôle de l'Etat par rapport à ces mutations (ex. : Wikipédia = 0 valeur dans le PIB)

Il y a 3 objectifs contestables dans le statut :

– responsabilité et efficacité du fonctionnaire vis à vis de sa mission (vient de Maurice Thorez)

– dévouement (servir l'Etat) – ça, c'est De gaulle

– le rattrapage des salaires par rapport au privé, s'est effectué (moyenne)

Dans ce monde en changement, certains besoins ne sont pas satisfaits. L'usager n'est plus mis en

premier. Il y a une obligation de service public mais comme il y a des problèmes budgétaires, ce n'est

pas fait.

Le livre blanc de 2008 crée une fonction publique mais de métier (plus de mobilité ; rémunération de

la performance...).

Il est important de voir ce qui se fait ailleurs. Au Royaume Uni, par exemple, ils se servent du

numérique pour aider les usagers. C'est plus économique et plus efficace. Les agents sont formés dans

le domaine du numérique.

Nécessité d'évaluer les politiques et les acteurs.

La fonction publique doit faire des efforts en management comme le privé. Elle coûte trop chère.

Pour 1000 habitants en France, 90 personnes sont payées par l'impôt public en moyenne.

Débat

En réponse à M. Vidal qui disait qu'il n'y avait pas de différences de salaires entre le public et le privé

en citant un chiffre moyen, M. Aschieri rappelle que les moyennes ne sont pas toujours significatives.

C'est plus complexe que ça : il y a des différences entre les fonctions publiques.

Il rappelle aussi que le point d'indice est bloqué depuis 2010.

Une étude de l'Unesco a montré que la France arrive en 1er pour l'administration et le numérique. Le

numérique ne doit pas créer une fracture nouvelle.

L'open data (mise à disposition du public de l'ensemble des données publiques) est une bonne chose

car c'est un moyen d'évaluer l'action publique.

La fonction publique existe depuis 1946 (1834, pour la différence entre la fonction et le grade).

Ce qu'il est souhaitable de faire évoluer, c'est la mobilité car il y a toujours autant d'obstacles et la

validation des acquis de l'expérience qui n'existe pas dans la fonction publique territoriale.

Le nouveau management public n'est pas un bon management. On a prétendu évaluer l'efficacité par

certains indicateurs au détriment d'autres.

La question, c'est qu'il y a des besoins et de quelle façon, on y répond (ex. : la santé). M. Vidal et M.

Léger disent alors que de plus en plus de personnes refusent de cotiser à la sécurité sociale (cf. déficit)

pour se tourner vers le privé.

N'y tenant plus, c'est là que j’interviens. Comme Stéphane Hessel, je suis indignée par ces propos qui

plaident vraiment pour une approche ultra-libérale de la société. Je dis qu'au risque de paraître pas du

tout consensuelle, je suis en total désaccord avec les points de vue de Messieurs Vidal et Léger. Je

rappelle que la sécurité sociale a été créée au sortir de la Seconde Guerre Mondiale en même temps

que la retraite à une époque où la France était beaucoup plus pauvre qu'aujourd'hui et maintenant on

nous dit qu'il n'y a plus d'argent pour la financer ! Il s'agit avant tout d'un choix sociétal (cf.

manifestation sur les services publics de Guéret). Par ailleurs, si le statut de la fonction publique a été

mis en place en 1946, ce n'est pas innocent. Cela a été voulu par le CNR suite aux événements durant

la Seconde Guerre Mondiale. Il est important de le préserver pour éviter certaines dérives.

Je rappelle que je suis d'accord avec M. Aschieri : on ne peut pas raisonner sur des moyennes pour

dire que les salaires sont aussi élevés dans le public que dans le privé. Il y a beaucoup de précarité

dans le public avec des agents qui ont des contrats de moins de 15h !

Ils nous parlent de l'Europe mais pourquoi s'aligner sur les pays où les services publics sont les moins

développés. Ne peut-on pas au contraire envisager une harmonisation par le haut ?

M. Léger dit que la pression fiscale freinerait l'installation de certains ménages dans le pays. Certaines

études prouvent que c'est totalement faux car ce qui importe aux familles aujourd'hui, c'est d'avoir

une bonne école, un service de santé performant à proximité et une vie culturelle riche.

Pourquoi raisonner uniquement en termes de PIB (somme des valeurs ajoutées) ? Pourquoi ne pas

raisonner comme certains économistes le préconisent en termes de bonheur national brut ? Et nous,

dans le monde des bibliothèques, nous pouvons sacrément l'augmenter !!

C'était annoncé : c'était un sujet qui fâche...

18h30 : Visite dansée de la médiathèque André Malraux avec Cécile Daho

Cette médiathèque de 18 000 m² a été aménagée dans un ancien silo à grains situé au bout

d'une presqu'île de l'ancien port autonome de Strasbourg. Elle a ouvert ses portes en septembre 2008.

A l'entrée, deux grandes grues rappellent l'activité portuaire, une manière de conserver la mémoire

industrielle du site.

Elle est située près des archives départementales, de la Cité de la Musique et de la Danse, d'un cinéma,

du Vaisseau (centre d'initiation aux sciences) et du Shadok (lieu dédié à la création et aux cultures

numériques).

Il s'agit de la nouvelle tête de pont du réseau des médiathèques de l'Eurométropole de Strasbourg qui

compte 30 bibliothèques.

Elle est structurée en 8 départements thématiques. En relation avec l'identité de Strasbourg et de la

région, elle est spécialisée dans les littératures européennes, l'illustration et l'image (cf. Gustave Doré ;

Tomi Ungerer...) et le fonds patrimonial (cf. Gutenberg).

Sur le parvis, commence une ligne rouge qu'on retrouve à l'intérieur sur les sols, plafonds et

rayonnages. La danseuse s'inspire de cette symbolique. Les murs font apparaître le béton à l'état brut ;

les gaines de ventilations en métal sont apparentes... Le sol en résine imite parfois des flaques d'eau.

La façade gris métallisé rappelle le nom latin de Strasbourg : Argentoratum.

La signalétique a été confiée au Cabinet Ruedi Baur. La volonté affichée est de perdre le lecteur de

façon à inciter à l'errance pour provoquer des accidents de parcours... En d'autres termes, il souhaite

qu'il trouve autre chose que ce qu'il est venu chercher. Ceci dit, ce concept n'étant pas toujours perçu

à sa juste valeur par le public, des panneaux plus explicites ont aussi été installés...

On trouve tout d'abord un espace d'accueil et d'information puis une cafétéria, un point presse

et une salle d'exposition.

Il y a 5 étages: le Département Jeunesse ; la littérature et les langues ; les sciences humaines et le

fonds patrimonial ; les sciences et les loisirs et le Département Arts-BD-Illustration.

Le fonds patrimonial est particulièrement mis en valeur : sol doré, immense porte, grands murs

vitrés... ce qui dénote une certaine conception de la lecture de la part de l'architecte.

A noter aussi du fait de l'histoire de Strasbourg, la présence d'un fonds nazi dans le fonds patrimonial.

Nous avons découvert aussi des espaces plus spécifiques :

– « les stammtisch ». Ce mot alsacien désigne à l'origine les tables réservées aux corporations.

Dans la bibliothèque, il s'agit d'un espace géré en autonomie par les utilisateurs avec juste

des tables et des chaises.

– des sortes d'alcôves plus intimes aménagées sur les paliers, équipées de fauteuils et de tables

basses (entièrement vitrées avec vue sur les étages inférieurs).

Il y a 1 000 places assises et plus de 100 postes internet. La médiathèque offre de nombreux services

innovants dont L@ppli, un espace de médiation numérique, des jeux vidéo et des tablettes.

Les bolchairs sont très confortables.

Un escalier très impressionnant aussi..

La médiathèque a entièrement été pensée pour les personnes victimes de handicaps.

En ce qui concerne les collections, il y a 300 000 documents empruntables ; 300 000

documents patrimoniaux sur 10 kms linéaires de rayonnages et plus de 500 abonnements à la presse.

Les publics : en moyenne, 2500 entrées par jour ; 34 550 inscrits dont 33,25% de moins de 20

ans, 33,5% de 20 à 34 ans et 33,25% de 35 à 86 ans.

On dénombre près de 250 000 prêts annuels.

L'ensemble de ces données provient du livret édité par la médiathèque et qui nous a été remis en fin

de visite. Faute de date, je ne suis pas en mesure de préciser de quand date ces chiffres.

Dans les espaces de travail interne, les salles de réunion portent des noms de livres de

Malraux : « L'espoir » ; « La voie royale »... Le couloir de 100 mètres de long fait que le personnel

est appelé à parcourir de longues distances dans une journée...

Il y a 90 personnes équivalents temps plein et 40 annexes. Pour ouvrir la structure, il faut au minimum

24 salariés.

La médiathèque est ouverte 40h par semaine. Elle est fermée le dimanche. Ouverte jusqu'à 19h et une

fois à 20h le vendredi.

Un bien bel équipement avec une programmation culturelle très riche !

www.mediatheques-cus.fr (pour les photos et plus de détails sur le réseau)

Dimanche 14 Juin

9h30 : Visite de la Bibliothèque Nationale et Universitaire

Une visite passionnante en compagnie de M. Poirot, le directeur et une de ses assistantes!

Il s'agit de la seconde bibliothèque de France par le nombre de documents conservés (plus de

3 millions de volumes). C'est une bibliothèque spécialisée dans les disciplines liées aux sciences

humaines et sociales, au droit, aux arts et à la littérature française et étrangère.

Elle est aussi une bibliothèque de référence au niveau national et européen pour les langues et

civilisations germaniques ainsi que les sciences religieuses.

L'histoire du livre et l'histoire de l'Alsace sont bien représentées (impressionnante collection de

papyrus et dépôt légal imprimeur pour l'Alsace).

Elle se situe dans le quartier prussien de Strasbourg. Une des particularités de sa façade, c'est

que sont représentés tant des auteurs allemands comme Goethe que français comme Molière.

Petit historique : avant 1870, Strasbourg était déjà renommée pour sa bibliothèque du Séminaire

protestant et sa bibliothèque de la ville situées au Temple-Neuf. Ce bâtiment fut malheureusement

bombardé pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Tous les livres furent détruits. Un appel aux

dons fut lancé.

Le 29 novembre 1895, la bibliothèque intègre ce bâtiment de style néo-Renaissance situé sur

l'ancienne place impériale.

En 1918, la bibliothèque impériale revient à la France. En 1939, certaines collections sont mises à

l'abri dans la région de Clermont-Ferrand et en Dordogne.

On est ici au cœur d'une double culture.

Ses espaces intérieurs ont été entièrement rénovés tout en conservant la façade. Elle a rouvert

ses portes en 2014. Notons qu'elle est restée ouverte pendant toute la durée des travaux.

Elle dispose d'une salle d'exposition (500 m²), d'un auditorium pour les colloques (142 places), d'un

espace muséographique (reconstitution d'un petit salon de lecture et présentation de documents

d'archives), d'un espace patrimoine, de plusieurs salles de lecture (666 places), de 5 salles de travail

de groupes et d'un espace de vente des publications de la BNU (présentoirs sur l'actualité de l'édition

universitaire et sur l'actualité des expositions).

Une exposition sur Fénelon était en cours de montage.

Les expositions sont toujours doublées d'un colloque.

Il y a aussi des visites guidées pour des groupes extérieurs. Cela peut être gênant.

L'auditorium est parfois loué.

155 000 documents sont en libre accès dans les salles de lecture alors qu'avant il n'y avait pas

de libre accès. Des automates de prêts - retours ont été installés. Elle propose un accès à 50 000

périodiques papier et en ligne, à de nombreuses bases de données ainsi qu'à Numistral, sa bibliothèque

numérique et aux archives du web français.

D'un point de vue scénographique, on retrouve cette symbolique présente dans de nombreux

équipements culturels : une ascension vers la lumière, symbole de la connaissance. Il faut dire que

l'escalier très aérien se terminant par une magnifique coupole est très réussi et aide à bien s'orienter.

La lumière est omniprésente ce qui rend la circulation dans ce bâtiment très agréable.

Dans tout l'édifice, il y a un jeu de vision en surplomb.

Une des particularités de la BNU, ce sont ses horaires. Elle ouvre 7 jours sur 7 dont le

dimanche de 14h à 20h.

La surveillance est externalisée et beaucoup de contractuels sont employés.

L'amplitude d'ouverture hebdomadaire est de 80h.

www.bnu.fr (pour plus de détails et les photos)

En conclusion, participer à ce congrès permet d'échanger sur nos problématiques, de nous

ouvrir l'esprit, de ramener des idées dans nos structures, de créer des liens et de revenir

motivées malgré le manque de compréhension des élus sur l'utilité dans notre travail d'un tel

déplacement.

Un congrès très dense, riche en rencontres, échanges et très formateur !! Encore merci à l'ABF

de nous avoir permis de participer à ce temps fort de la profession !