ISRAELGros plan sur la mode et le design

Editorial

Une ambassadrice israélienne du design,des créateurs de mode qui doivent sanscesse se réinventer et un concepteur deproduits qui transpose sa vision artistiquedans le domaine des transports urbains –cette brochure est dédiée aux multiples fa-cettes du design israélien.

Israël est un pays connu et admiré dans lemonde entier pour son savoir-faire dans lesecteur de la haute technologie. En revan-che, il n’est pas vraiment considéré commeétant à la pointe en matière de design, àtort comme le prouvent à la fois les projetset les personnalités que nous allons vousprésenter dans cette brochure qui vousmontrera l’approche israélienne dans lessecteurs de la décoration intérieure, de laconception des produits, de la mode et desaccessoires. Dans ces différentes discipli-nes, Israël n’a rien à envier à la concur-

rence internationale. Vous découvrirez éga-lement une spécialiste du design qui, à tra-vers ses visites guidées dans Tel-Aviv,présente le pays sous un aspect résolu-ment nouveau et verrez que le caractèretrès affirmé d’Israël en tant que «pays desstart-ups» se marie harmonieusementavec les idées des jeunes concepteurs.

Enfin, vous découvrirez cinq concepteursisraéliens travaillant dans différents do-maines et dont l’oeuvre contribue large-ment à faire d’Israël également le pays dudesign.

Davantage de design israél ien pour tous

Voici ses trois mots fétiches: innovation, histoires, créativité. Galit Reismann est en quel-que sorte une ambassadrice du design. Pendant ses visites guidées dans le sud de Tel-Aviv, elle montre aux touristes et aux locaux non seulement des magasins et des articlesdans les domaines de la mode, du textile ou des bijoux, mais elle tient avant tout à ra-conter des histoires, comme celle de la créatrice qui a quitté son kibboutz pour la villeou inversement celle du concepteur qui a quitté la ville pour le kibboutz. Elle parle descréateurs israéliens qui ont parfois du mal à s’imposer au «pays des start-ups» et qui,précisément à cause de cela, réalisent des pièces magnifiques. Elle est intarissable surleur détermination, leur liberté de penser et leur indépendance.

Avec ses visites guidées, elle veut instaurerun dialogue entre les créateurs et les visi-teurs et montrer à ces derniers la beautéd’Israël à travers le prisme de la vraie vie.Les circuits dans les boutiques et les ate-liers sont réservés à l’avance par des tou-ristes du monde entier. Ses clients, qui ontentre 17 et 77 ans, travaillent générale-ment dans le domaine de la création, maispas exclusivement. Ils ont cependant tousun point en commun: à la fin des visites organisées par Galit Reismann, ils deviennent des ambassadeurs du designisraélien, et c’est dans cette adhésionqu’elle voit sa plus grande réussite et puisesa plus grande fierté.

TLVstyle Boutique Tourenhttp://www.tlvstyle.com

Galit Reismann (photo: Anat Kedem-Reismann)

Décoration intérieure: l’hôtel «Beresheet»

Il est de fait qu’aucun argent au monde ne peut acheter le plus beau joyau de l’hôtel «Be-resheet», à savoir le cratère de Ramon qui s’étend devant l’hôtel tel un splendide paysagelunaire. Et pour peu qu’un troupeau de bouquetins avec les mères et les petits trottinedevant les chambres on a l’impression d’être transporté dans un royaume enchanté. Iln’est donc pas étonnant que pour son design cet hôtel de grand luxe ait misé sur ce ma-gnifique panorama. Des immenses fenêtres à la décoration intérieure minimaliste dontles chaudes couleurs terre se marient parfaitement avec celles du Néguev, la conceptionde l’hôtel a été planifiée avec un soin extrême pendant plusieurs années – la chaîne «Is-

rotel» a dû attendre douze ans le permisde construire – afin qu’il s’intègre par-faitement à cet environnement excepti-onnel.

Il allait de soi que les architectes d’inté-rieur d‘«ARA Design» utilisent presqueexclusivement des matériaux de la ré-gion, comme les sculptures abstraitesen bois du lobby et du restaurant ainsique les céramiques. Les tapisseriesmurales des chambres ont été réaliséespar les nomades du désert. Parallèle-ment aux oeuvres d’artistes israéliens,par exemple Goel Drory et Israel Rabi-

novitz, l’aménagement intérieur a privilégié les symboles juifs, comme l’étoile de David.Le nom de l’hôtel (le mot hébreu «Bereshit»signifie au commencement) reflète égalementcette volonté, car «Bereshit» est la premièresection hebdomadaire du cycle annuel delecture de la Torah. Et le matin, en regardantde la fenêtre de sa chambre le soleil se leversur le cratère de Ramon, on a vraiment l’im-pression d’être au commencement d’une aven-ture grandiose.

Hôtel Beresheetwww.isrotelexclusivecollection.com/beresheet/

Vue de l'hôtel (photo: Assaf Pinchuk)

Concepteurs israéliens de produits: des multitalents avec une véritable vision

Dès qu’on parle de conception de produits en Israël, on pense à Ron Arad. Cet architecteet concepteur de génie qui vit à Londres a non seulement réalisé le célèbre musée dudesign à ’Holon et le musée du Bauhaus à Tel-Aviv mais, en tant que concepteur de produits, il créé aussi des flacons de parfum et des lustres de toute beauté. D’une certainemanière, la diversité de son oeuvre est représentative de la conception de produits israélienne, étant précisé toutefois que cette diversité s’exprime plus spécifiquement entermes de compétences. En effet, comme on fabrique nettement moins de produits enIsraël qu’aux Etats-Unis ou en Europe, après leurs études les concepteurs de produitsindustriels se tournent souvent vers d’autres secteurs ou deviennent, par la force deschoses, des multitalents qui ne s’occupent pas seulement de la partie créative mais ausside la partie technique normalement réservée aux ingénieurs. En dépit de leurs remar-quables aptitudes, de nombreux concepteurs ont du mal à se faire une place dans desfirmes qui veulent avant tout produire vite et à bas coût. Ceci est significatif de la cultured’entreprise israélienne qui privilégie les circuits courts et les résultats immédiats.

Il est toutefois une chose que l’on trouve à profusion en Israël: des idées visionnaires. Ilse peut que le pays doive encore progresser côté exigences de qualité, mais il est certainque ce n’est pas un hasard si des produits aussi connus que le pionnier des épilateursélectriques, l’«Epilady» ou le système de gazéification de l’eau du robinet «Soda Stream»ont été développés par des concepteurs israéliens.

Epilady SodaStream

Créations de mode avec effet de surprise

La «Fashion Week», organisée pour la première foisen 2011 à titre expérimental, est devenue l’événe-ment mode de l’année. Elle continue certes à être inaugurée par des marques internationales (2011:Roberto Cavalli, 2012: Moschino, 2014: Missoni) maisles designers israéliens ne le cèdent en rien auxgrands noms de la mode. Le couturier Alber Elbazqui travaille pour Lanvin à Paris ainsi que les mar-ques «Ronen Chen», «Sasson Kedem» et «DorinFrankfurt» sont internationalement connus. Lesbloggeurs mode du monde entier se précipitent à Tel-Aviv et des magazines comme «Vogue» et «Elle»commencent à s’intéresser à la mode israélienne.

Le travail des couturiers israéliens n’est pas toujoursfacile: ils n’ont pas forcément les tissus souhaités,les infrastructures font défaut et la clientèle renâcleparfois à expérimenter. Peut-être sont-ce précisé-ment ces difficultés qui rendent les couturiers israé-liens aussi créatifs. Il leur faut tout inventer, ils nepeuvent s’appuyer sur des structures existantes. Il enrésulte une pléthore de boutiques de mode qui pro-posent des articles généralement faits main dontl’originalité ne laisse de surprendre.

Modèle de Dorin Frankfurt(photo: Presse Gindi Fashion Week)

Design: des lunettes aux chapeaux en passant par les sacs

En Israël le soleil brille presque toute l’année, si bien qu’il est surprenant qu’il ait falluattendre aussi longtemps pour trouver des lunettes de soleil de fabrication israélienne.La marque «Carolina Lemke – Berlin» se vend entretemps dans tous les centres com-merciaux du pays, de Tel-Aviv à Beer-Sheva. Bar Rafaeli, le célèbre mannequin israélien,est devenue actionnaire de l’entreprise qui, outre des lunettes de soleil, propose égale-ment des lunettes de vue. Mais ce n’est pas le seul secteur en pleine mutation: on trouvemaintenant de plus en plus de sacs, de bijoux, de chaussures et même de chapeaux fa-briqués en Israël.

Le style des objets va de la symbolique traditionnelle (pour les bijoux principalementl’étoile de David et la main de Fatima) au design hypermoderne tel qu’on peut le trouverà New-York ou à Londres. L’essor foudroyant du milieu du design conduit un nombrecroissant d’étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts de Bezalel ainsi que du Collège d’ingé-nierie et de design de Shenkar à choisir le design d’accessoires. La particularité de leursoeuvres est que - du moins au début de leur carrière – elles sont fabriquées pour le seulmarché israélien, et donc en quantités limitées.

Sac «Rosewood Clutch» fait main de Tesler Mendelovitch

Lunettes de soleil Carolina Lemke – Berlin

Le design au pays des start-ups

Les start-ups font l’orgueil de toute la nation qui s’intitule elle-même «pays des start-ups» et accueille les visiteurs arrivant à l’aéroport de Ben Gourion avec des posters cé-lébrant cette activité. La rencontre entre cet esprit innovateur et le design israélien estpassionnante. «Israël est connu à juste titre comme étant le pays des start-ups, mais ilest regrettable que cela soit uniquement associé à la haute technologie car on retrouvela même énergie entrepreneuriale dans le milieu israélien du design» déclare Lee Ro-tenberg, une chef d’entreprise américaine. En collaboration avec la Suissesse AlexandraSchinasi, elle a créé en Israël la première start-up dédiée aux produits design. Son projet«ArtSetters» est une boutique en ligne permettant aux tendanceurs de trouver des objetsdesign en provenance de Tel-Aviv ainsi que d’autres villes branchées comme Berlin, New-York ou Hong Kong.

Curieusement, de nombreux Israéliens sont restés hermétiques aux achats en ligne desorte que la blogosphère a pris une très grande importance ces dernières années. Leportail Lifestyle «Telavivian» avec ses rubriques mode, design et architecture présentenotamment aux Israéliens les toutes dernières tendances, indépendamment du lieu derésidence des créatifs qui peuvent aussi bien habiter à Tel-Aviv qu’à Jérusalem ou dansun kibboutz, si bien que «Telavivian» est devenu une sorte de miroir de l’état d’esprit desIsraéliens.

ArtSetters http://artsetters.comTel Avivian http://telavivian.com

Capture d'écran du portail «ArtSetters»

Liat Topel, designer en bi jouterieUn jour son bracelet se cassa et ce fut lameilleure chose qui pouvait lui arriver carelle découvrit alors sa passion pour le de-sign en bijouterie. Issue d’une famille quitravaille avec succès depuis plusieurs générations dans le secteur textile, LiatTopel combine tout naturellement métauxprécieux et soie, cuir et plumes pour réali-ser des colliers, des bracelets et des bagues d’une grande originalité. Au début,elle travaillait chez elle, sur un coin de table. Après avoir obtenu son diplômed’orfèvre, elle en est à sa troisième collection pour la marque «Daj Darya».

Avec ses raci-nes à la fois eu-ropéennes etorientales, LiatTopel crée desarticles typi-quement israé-liens, à la foisopulents et dé-pouillés. Con-trairement à denombreux au-tres designersde la branche,elle a rapide-ment réussi à

construire sa réputation par sa signatureunique.

Daj Darya www.dajdarya.com

Dan Troim, architecte etdécorateur d‘ intérieur Dan Troim ne fait pas partie des gens qui se perdent en longues digressions pour parler de leur travail. Quand cet Israé-lien de 40 ans né à Ashdod explique sa conception du design, il s’exprime plus par bribes dephrases qu’ilne se perddans le dé-dale de théo-ries élabo-rées. En re-vanche, sesprojets par-lentclairement lelangage du de-sign.

Dan Troim, qui étdié à l’«Institute of Tech-nology» de New-York, conçoit des espacesd’un style unique, mélangeant les élé-ments industriels comme les murs debéton et l’art moderne, pour aboutir à uneoeuvre dépouillée d’une reposante simpli-cité qui montre un aspect fascinant du de-sign israélien actuel. Dans les cafés, lesbars et les restaurants conçus par DanTroim, on perçoit instantanément l’impor-tance qu’il accorde à la destination attri-buée aux objets. Il en va de même pour lesboutiques, appartements et meubles qu’ilréalise: le design ne doit pas écraser, êtreomniprésent, mais toujours privilégierl’utilisateur, le visiteur et le client.

Dan Troim

www.dantroim.com

Portrait de designers israél iens

Bijou de Daj Darya (photo: Ayelet Rabinovitch)

Jajobar à Sarona, Tel-Aviv(photo: Boaz Lavi)

Shani Bar, créatrice dechaussuresQuand on entre dans l’un des trois maga-sins déjà ouverts en Israël par Shani Baron sent immédiatement que cette créatriceest une visionnaire. Ses modèles se veulentavant tout confortables mais ils n’en sont

pas moinsaussi élégantsque les escar-pins des an-nées 50. Leurscouleurs vives,leur finition etleurs formesinsolites reflè-tent bien lestyle de vieléger de la po-pulation. Et leplus formida-ble est que cesr a v i s s a n t e schaussures ne

viennent pas de Chine mais qu’elles sontfabriquées dans un petit atelier à Jaffa.Shani Bar, qui a étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Bezalel à Jérusalem, vérifie lafonctionnalité de chaque modèle ce qui ex-plique, entre autres, pourquoi les clientescomprennent d’emblée qu’il ne s’agit pasd’une production industrielle de masse. Etpourtant, la marque a déjà réussi sa con-quête des marchés: outre à Jérusalem,Tel-Aviv et Berlin, ses modèles sont vendusen Suisse (Bâle, Zurich, Genève, Lucerne)et on peut également les trouver dans lesgrandes métropoles, de Paris à Tokyo.

Shani Bar www.shanibar.com

Dov Rattan, concepteur produitsCes derniers temps Dov Rattan, qui estconnu depuis plus de 30 ans dans le mondeentier comme concepteur de produits et de-signer industriel et qui a longtemps travailléau sein de l’équipe de concepteurs de Sie-mens, se consacre prioritairement à desprojets concernant les transports publics israéliens. Ce secteur prend en effet une

importance croissante dans le pays. Qu’ils’agisse des bancs aux stations de tramwayà Jérusalem ou des distributeurs automati-ques de titres de transport des bus Metronitde Haïfa, Dov Rattan s’interrroge toujourssur la meilleure manière de concilier usagedurable des ressources et qualité de vie op-timale. C’est ainsi que pour les panneauxd’affichage il fait appel dans la mesure dupossible à la technologie solaire et adapteses projets aux spécificités israéliennes, parexemple aux températures élevées du pays.Par ailleurs, Dov Rattan, qui a lui-mêmegagné de nombreux prix du design en Alle-magne, fait partie du jury pour le prix du de-sign israélien et est maître de conférence auCollège Hadassa de Jérusalem.

Dov Rattan http://www.dovrattan.com

Modèle de la collection étéde Shani Bar (photo: Fabian Frost)

Projet de Dov Rattan d'une station d'arrêt de bus à Haïfa

Yossi Katzav, styl iste demode masculineDans la mode masculine israélienne, lesmatières fluides et agréables ainsi que lescoupes modernes ont largement fait défautpendant longtemps. Mais quand YossiKatzav a reçu en 2013 le prix israélien de «designer of the year», son nom et samarque «Sketch» sont devenus un conceptpour tous. Après avoir travaillé pour les Israéliens «Castro» et «Fox» ainsi que pour«DKNY» à New-York, Katzav décida en2009 de se mettre à son compte et de lan-cer sa propre marque «Sketch». Ses vête-ments s’adressent à l’homme moderne du21ème siècle. Ils se distinguent par leurcoupe classique impeccable et par la légè-reté des étoffes utilisées, par exemplecoton du Pérou, lin et cachemire. On com-prend donc aisément que ses modèles sé-duisent non seulement les Israéliens maiségalement les citadins du monde entier.Katzav puise son inspiration dans les oeuv-res d’artistes israéliens: sa dernière col-lection printemps/été s’est inspirée despeintures de Na’hum Gutman et ReuvenRubin qui montèrent à Jérusalem début du20ème siècle et façonnèrent le style «EretzIsrael».

Sketchhttp://www.ysketch.com

Modèle de la dernière collection Sketch (photo: Ron Kedmi)

Impressum:Editrice: Association Suisse-Israël

www.schweiz-israel.ch

Septembre 2014

Textes: Katharina HöftmannTraduction: Jeannette Milgram

L’édition de cette brochure a été rendue possible grâce à la Fondation Irène Bollag - Herzheimer 

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Copyright photo page couverture:Chapeaux Tami Bar Levi / photo Asaf Einy – Lobby Beresheet / photo Assaf Pinchuk