Italie (entre fragilits politico-conomiques et populisme)11 novembre 2006. Vieillissement. A peine termin, mon papier dhier trouve un cho bien involontaire je pense grce un article de Richard Heuz. La population observe change, mais les distorsions demeurent. Commenons par le bilan de dpart LItalie compte actuellement prs de 59 millions de ressortissants. Et 44 retraits pour 100 actifs (contre 32 en Allemagne). [ En] 2050 un Italien sur trois aura plus de 65 ans, contre un sur cinq aujourd'hui. cette date, le pays ne comptera d'ailleurs plus que 52 millions d'Italiens... Le premier contresens apparat tout de suite aprs, qui lie le faible indice conjoncturel de fcondit (1,3 enfant par Italienne) leffondrement du nombre de mariages. Les dmographes observent que les populations occidentales dgageant un indice conjoncturel au-dessus ou proche du seuil de renouvellement des gnrations (2,1 enfants par femme) connaissent un fort taux de concubinage : aux Etats-Unis (taux proche de 3 enfants par femme), en Europe du Nord (en particulier en Islande) ou encore en France ; 45 % des enfants naissent hors mariage.Je laisse de ct pour des raisons dj exposes la question du financement des retraites laquelle Richard Heuz consacre le reste de son article. Non sans remarquer que Romano Prodi renonce pour lheure repousser lge officiel du dpart la retraite : apparemment, Silvio Berlusconi ne dtient pas lexclusivit de la dmagogique. Sur le clich s'il fait bon vivre en Italie, les femmes y consomment pourtant de plus en plus de mdicaments un mot suffira : lusage croissant des mdicaments tmoigne du dsquilibre grandissant des classes dges en Italie (au dtriment des jeunes) ; plus on vieillit, plus on consomme de mdicaments. La fminisation de la socit italienne provient du fait que les hommes meurent en moyenne plus tt que les femmes.Concernant les 303.000 naturalisations dtrangers, Richard Heuz semble stonner du peu dimpact sur la natalit. Il note qu Turin et Milan, un enfant sur quatre est fils ou fille de mre trangre . Peut-tre faudrait-il prendre en compte les spcificits de lItalie, longtemps terre dmigration, avant dassocier limmigration au seul mouvement des Nord Africains vers la pninsule. Ainsi, des anciens migrs italiens ou leurs descendants (comme dans le cas de lArgentine au dbut des annes 2000, lors de la crise conomique) tents par une fin de vie ou une nouvelle vie en Italie Mais sans enfants. Dans quelles proportions ?Une fois encore, je voudrais surtout revenir sur les consquences gographiques du vieillissement italien. Nassocions pas la pninsule italienne une sorte de petite France (301.000 contre 550 000 km) bien agrable sous le soleil de Mditerrane. Elle prsente plusieurs contraintes physiques : un tirement sur 1.200 kilomtres (N-NO/S-SE), des les priphriques (Sardaigne et Sicile), et des rgions montagneuses plus ou moins proches (Alpes, Apennins). Plus les Italiens vieillissent, plus ces zones difficiles daccs perdront de leurs habitants, pour aboutir une concentration de population par tches. Plus inquitant, lItalie tant une construction gopolitique rcente (dernier tiers du dix-neuvime sicle), lunit de la pninsule rgresse la faveur de ces multiples concentrations retour sur soi : pas uniquement dans les faits, mais aussi dans les esprits. A terme, lcart entre les Italiens du Nord (Toscans, Milanais, ou Vnitiens) et ceux du Mezzogiorno (Sud) risquent ainsi de saccentuer.*12 novembre 2006. Mafia. Que nattendais-je pas un peu Mon dernier paragraphe (hier) trouve un prolongement naturel avec larticle de Jean-Jacques Bozonnet : ici. Nous y voil, lartillerie de campagne sapprte pilonner : attention la mafia, la pieuvre est de retour (mais tait-elle partie ? Mystre). Naples et le Mezzogiorno sont la honte de lItalie (du Nord). Les journalistes trangers font leur miel de ce genre de manchettes et sinspirent de leurs confrres italiens : narration des descentes de police en Italie, pas en France, pensez-vous , et historique des familles dans lequel transparaissent surtout les ficelles du cinma hollywoodien.J.J. Bozonnet ne dit rien en revanche de lhistoire de Naples, entre la Renaissance et la fin du dix-huitime sicle, linstallation des Bourbons et le dynamisme extraordinaire (conomique et artistique) du royaume des Deux-Siciles. Naples ne compte pas de rivale en Europe : son dveloppement na dquivalent ni Londres, ni Paris, et ce pendant plusieurs dcennies ; premire ville dEurope compter plus dun million dhabitants dix sept sicles aprs la Rome antique Seulement voil, pour camper le dcor du crime organis, il faut du crasseux, du sanglant ; la violence et le stupre.Revenons au nombre de morts de l'article sur la mafia ; le journaliste jongle avec les donnes, les dizaines et les centaines. Mais Paris - entre deux et deux millions et demi d'habitants contre un million Naples -, la prfecture de Police nvoque-t-elle pas un chiffre de 225 homicides (et tentatives) en 2005, le double de lanne prcdente ? Cela ne prouve pas pour autant quun parisien prend un risque inconsidr circuler dans la capitale : loi des petits nombres oblige. Faute de prendre en compte celle-ci, on risque de confondre un fumeur qui passe dune deux cigarettes avec un autre qui lui, passe dun paquet deux : les courbes de progression squivalent pourtant !Pour en revenir lItalie, un Napolitain a plus de risques de mourir au cours dun accident de voiture qu loccasion dun assassinat [117 tus sur la route par million dhabitants en Italie chiffres OCDE / 2003] : 708 morts de 1989 1991, plus de 500 Naples mme [] Fin 2004 et dbut 2005, une tentative de scession l'intrieur du clan de Paolo Di Lauro a dclench, dans les quartiers Scampia et Secondigliano, une escalade meurtrire (134 morts) Vous minimisez la corruption endmique, va-t-on mexpliquer Dieu me prserve de trouver quelque mrite telle ou telle organisation criminelle. Je souhaite simplement garder la tte froide. Pourquoi J.J. Bozonnet retranscrit-il complaisamment les gmissements dun personnel politique italien pris en flagrant dlit d'incapacit ? Lemprise de la mafia ne tmoigne t-elle pas surtout du fait qu' Rome, les responsables successifs ont failli ? Le directeur du Corriere del Mezzogiorno, se lamente, nous dit le journaliste du Monde : En cinq ans, la rgion a reu 7,7 milliards d'euros de fonds europens. Or le chmage n'a pas diminu, l'indice de pauvret a augment, le revenu par habitant est le plus bas des pays europens bnficiant de ces fonds. Mais combien dautres rgions europennes ont rcolt des subsides sans effet direct ? Quen a-t-on conclu ?La mafia donne un nouvel exemple de l'inutilit de l'aide au dveloppement. Mme la plus louable la redistribution conomique entre le Nord et le Sud de la botte italienne, et celle pilote par Bruxelles que l'on vient d'voquer ne semble avoir amen quun renforcement des rseaux criminels. Les clans sont prsents dans les offres publiques de chantiers, les adjudications et mille activits lies la dpense publique. Le chef de la protection civile, envoy pour rsoudre la question des tonnes d'ordures qui polluent la rgion depuis des annes, a reconnu qu'en matire de gestion des dchets, la seule ralit gagnante est celle de la Camorra . Mais en matire de dtournement de fonds publics na-t-on rien observ de comparable en Ile de France par exemple ? La situation dcrite par J.J. Bozonnet dmontre finalement lchec de lEtat italien ; peut-tre mme le caractre artificiel de cette construction politique.Je rappellerais enfin les trafics dont la mafia tire manifestement le plus de recettes : la drogue consomme par des milliers dEuropens dans des pays majoritairement prohibitionnistes et les clandestins qui payent trs cher leur rentre en Europe entre autres voies par le sud de lItalie pour ne pas tomber dans les filets de la police. 75 kilomtres sparent les Pouilles des ctes albanaises, 125 kilomtres la Sicile du Cap Bon et 175 kilomtres la Sardaigne du Cap Blanc [voir carte]; la distance la plus courte entre la Corse et sa mtropole. Dans le cas de la drogue comme pour l'immigration, la fermet oratoire des responsables politiques en qute de suffrages conduit essentiellement gonfler les tarifs des mafieux, avec une efficacit problmatique sur le terrain. Au dpart des Balkans ou de la Tunisie, les embarcations les plus rapides peuvent rallier l'Italie en une poigne d'heures - deux pour le plus court trajet - : l'histoire nous enseigne qu'aucun blocus n'est impermable.Je laisse aux rieurs la responsabilit de leurs moqueries, car peu auraient sans doute agi en consquence. Mais les hommes politiques italiens hier inoprants, qui aujourdhui crient au loup, feraient mieux de sen tenir un profil bas compte tenu du pass. Les journalistes, leurs relais dans lopinion italienne, gagneraient cesser damplifier la lgende noire du Mezzogiorno. De celle-ci vont se complaire les dmagogues et les racistes de la Ligue du Nord.Pendant ce temps, la proportion dItaliens gs (ou trs gs), les vides de peuplement et la concentration par tches urbaines saccentuent. Et une partie de la jeunesse napolitaine, calabraise ou sicilienne - pourquoi ? - prfre la lumire du travail lgal l'ombre du crime : dcidment, crire sur la mafia est plus excitant que sur la snescence. J'y succombe moi-mme...*30 avril 2007. Climatologie mditerranenne (et lobbying). Richard Heuz nous fait part en fin de semaine dernire de linquitude qui rgne en Italie. Les pluies sy font dsirer ds le milieu du printemps. Plutt que de sapitoyer trop tt, je suggre une brve rvision du climat mditerranen, et plus particulirement italien. Commenons par les statistiques mensuelles de Rome, avec en italique les moyennes de tempratures, en degrs Celsius, et en gras, les moyennes de prcipitions en millimtres : 8 79 / 9 73 / 11 77 / 14 47 / 17 34 / 22 20 / 24 7 / 24 35 / 21 76 / 17 83 / 13 127 / 9 109. Si lon trace les deux courbes du diagramme ombrothermique, on observe une cloche (C) et une cuvette (mm) : les tempratures moyennes augmentent fortement ds la fin dun hiver recherch pour sa douceur, puis retombent en pente douce lautomne ; a contrario, les prcipitations diminuent nettement en t, provoquant une mini saison sche. Car labsence de pluies se combine avec une forte vaporation.Un bref aperu des donnes climatologiques de la station de Venise simpose toutefois, pour incorporer tout de suite lide de lhtrognit du climat mditerranen (apparaissent en surlign les donnes gales ou proches de celles releves Rome) : 2 60 / 4 58 / 8 55 / 12 72 / 17 73 / 21 70 / 23 62 / 23 87 / 19 59 / 13 72 / 8 100 / 4 49. Les deux villes se diffrencient nettement, ne partageant que les chaleurs estivales, la comparaison sarrtant aux prcipitations : rares Rome, abondantes dans la cit des Doges. Les villes franaises connaissant le mme mois de janvier se situent beaucoup plus au nord : Cambrai (2,5 47,5), Besanon (1,6 91) ou encore Macon (2,1 66). Pour revenir aux carts entre les deux villes italiennes, la courbe pluviomtrique de Venise ne dessine pas de cuvette comme celle de Rome ; peine observe-t-on un affaissement entre novembre et dcembre, le mois vnitien le moins arros. Les gographes parlent de continentalit pour qualifier la rduction des influences ocaniques qui se renforce en pntrant lintrieur de lEurope ; phnomne dont tmoigne Venise, avec ses hivers rigoureux, ses automnes pluvieux austro-hongrois et ses mois daot orageux.Plus globalement, que signifient ces moyennes, pour un climat (mditerranen) qui ne se rduit aucune dentre elles ? En simplifiant lexcs, lanticyclone dit des Aores qui est tout aussi bien celui du Sahara bloque en t les masses nuageuses atlantiques lextrieur de la Mditerrane : mais quil se positionne plus au sud, ou quil perde en puissance, et les perturbations atteignent lItalie; do une irrgularit imprvisible. Au risque dassommer mon lecteur, je le confronte une dernire fois lincertitude des statistiques mtorologiques, en reportant ici les tempratures mensuelles minimales et maximales enregistres cette fois Naples: 4 12 /5 13 / 6 15 /9 18 / 12 22 /16 26 / 18 29 /18 29 / 17 26 /12 22 / 9 17 /6 16 [statistiques Quid]. En prenant un mois minimal au hasard, Naples a ainsi connu un mois de janvier digne de Deauville (4 C) et le mme mois daot qu Metz (18C). A linverse, lors de mois exceptionnellement chauds, Naples a bnfici dun mois de janvier aussi agrable quau Caire (12C) et subi une canicule aotienne quivalente (30C). Je compare ici, il est vrai, une moyenne exceptionnelle une moyenne moyenne !Dans mes trois exemples, on laura not, les trois villes qui reprsentent la botte italienne bordent la Mditerrane, mais aucune ne figure llvation des prcipitations et la diminution des tempratures propres aux altitudes des Apennins (Gran Sasso de Italia 2.912 mtres) [carte] et surtout des Alpes. Cette dernire chane de montagne constitue au nord de lItalie un impluvium naturel, dont le P sert de fleuve collecteur, qui vacue vers lAdriatique les eaux de pluies, et les eaux de fonte. Larticle de Richard Heuz commence par ce constat quen ce mois davril 2007, le niveau de P se situe nettement en dessous de la normale saisonnire. Il ne prcise pas quau printemps, le grand fleuve italien gonfle traditionnellement cause de la neige tombe pendant lhiver dans les Alpes. Compte tenu du mdiocre enneigement des stations alpines franaises, tout laisse supposer que lhiver dernier a t sec. Moins de neige, donne moins deau de fonte, et un tiage prcoce pour le P : le normal dans lexceptionnel. Le dbit du grand fleuve a fondu 379 mtres cubes par seconde contre une moyenne annuelle de 953 m3/s durant les quatre-vingts dernires annes. Mais au lieu daccuser les cieux inclments, les Italiens interrogs par notre journaliste semportent contre lEtat accus de tergiverser devant une grave crise hydrique, dores et dj dcrite comme terrible. "Juin s'annonce torride. Selon le comit de surveillance du P, l'eau potable pourrait manquer dans certaines communes riveraines. L'Institut de recherche applique sur l'tat de la mer (Icram) s'attend au retour massif des algues qui asphyxient la vgtation marine en Adriatique." Or si le niveau du P diminue, la salinit de lAdriatique septentrionale augmente : il y a un hic, car la biodiversit rgresse gnralement avec llvation de la salinit marine, algues comprises. Si elles prolifrent, cest donc sous laction dautres mcanismes : probablement grce des lments nutritifs en augmentation (?) dverss dans la mer : en Bretagne, les scientifiques relient le dveloppement des algues avec les nitrates rejets par les exploitations agricoles dans les nappes phratiques puis dans les fleuves ctiers bretons. Ici, jinclinerais plutt pour une cause touristique : combien de communes italiennes du littoral de lAdriatique retraitent-elles leurs eaux uses avant leur coulement en mer ? Les volumes rejets nont-ils pas grossi en consquence de lessor touristique, avec les dgts que lon sait ? Ironie dune activit victime delle-mme.La rflexion prend mme tous son sens si lon largit la question de leau lhydrolectricit. LItalie a produit moiti moins dlectricit que la France : 293 milliards de kWh (2003) dont plus de la moiti (54 %, et non 18 % comme il est dit dans larticle) provenait de centrales hydro-lectriques ; Richard Heuz fait une confusion avec llectricit achete au franais EdF, pour 20 milliards de kWh en moyenne chaque anne. A Rome, les derniers gouvernements ont toutefois dcid que le pays allait sortir du nuclaire. Lhydrolectricit profite peut-tre de son image dnergie propre, les turbines cessent cependant de tourner si les barrages ne retiennent pas assez deau. Elle suffirait aux besoins dans une pninsule vivant au ralenti en t ; comme dans limmdiat aprs-guerre, avec un secteur primaire employant la majorit des actifs. Mais le secteur tertiaire occupe bien au contraire la premire place, et lItalie a reu 37 millions de touristes en 2004, qui prfrent l't aux autres saisons. Or le tourisme est une activit gourmande en lectricit Une fois encore les contradictions apparaissent, et les premiers se plaindre usent avec aplomb de mauvaise foi. Le patron des patrons dnonce l'incurie de l'tat : Les dpenses publiques ont atteint un record de 50,5% du PIB, mais seulement 4% sont destins des investissements. Il parle d'une incapacit pathologique des gouvernements investir de manire structurelle dans les rseaux hydriques, la diffrence de la France ou l'Allemagne . Certes, lobscurantisme rgne encore, et le gouvernement Prodi menace de contraindre les communes conomiser leau en dcrtant ltat de crise. En attendant, les Italiens paient cher leurs voisins franais et suisse les milliards de kWh manquants ; ils rcusent en mme temps les implications de lconomie touristique, cest--dire des besoins en eau et en lectricit en haute saison, en t. Si la tension sur loffre dclenchait une flambe des prix, la demande se tasserait naturellement Entranant laugmentation du tarifs pratiqus par les aroports, les compagnies de transports, les htels, les restaurants ou encore les muses : mesure efficace, mais dclaration de guerre au secteur touristique !Je reviens pour terminer aux actifs du secteur primaire dj largement subventionns, ils se montrent la hauteur de cette vision trs contemporaine de lEtat : exigeant moins dimpts et de taxes, mais plus daides publiques ! Cueillir des subventions fonctionne plus srement que dorganiser des danses de la pluie. Personne navancera je le crains largument de lirrgularit des pluies inhrente au climat mditerranen, seule fin de relativiser les plaintes des agriculteurs lapproche de la saison sche. Anomalies normales en Italie.*29 novembre 2007. Mafia (suite) Les mafieux siciliens quittent l'Amrique. Bye bye NewYork, avertit Marie-Claude Decamps dans Le Monde. Entendons-nous bien sur l'origine gographique des candidats au retour. Leurs ascendants traversent nagure l'Atlantique, en qute d'une vie meilleure qu'en Sicile. Naples s'est clipse. Elle a dclin en mme temps que le commerce s'effondrait en Mditerrane et que la Rpublique franaise exportait sa rvolution. Les armes napoloniennes prcdant de trois quarts de sicle les volontaires garibaldiens ont boulevers le destin du sud de l'Italie. Le bout de la botte depuis des dcennies au centre du monde, se mtamorphose alors en une excroissance inutile. A la fin du XIXme sicle, l'Italie unifie ne fait plus le bonheur de ses enfants, de ceux du Sud. A Rome, l'Etat nouveau cre une administration, envoie son arme en Afrique et difie mme une machine crire ; elle multiplie les taxes et impts. Les produits imports des grandes nations industrielles dsorganisent l'conomie traditionnelle. Pauvret grandissante et forte fcondit incitent Calabrais, Napolitains et bien sr Siciliens s'en aller. Ils se dcident ds les annes 1870, puis en plus grand nombre partir de 1890 : jusqu' 30.000 Italiens par an traversent l'Atlantique avant la Premire guerre mondiale. [source]. La dictature mussolinienne tente en vain d'interrompre cette migration : 700.000 Italiens supplmentaires s'chappent du pays [source]. Un certain nombre de ces immigrs chappent la misre en basculant dans le crime, tout en maintenant durablement un lien avec l'Europe. Dans les annes 1970 1980, Marie-Claude Decamps rappelle que le trafic d'hrone de la 'pizza connection', 4 tonnes de blanche envoyes par an de Sicile, couvrait plus du tiers des besoins du march amricain. Mme des mnagres de Torretta y ont particip. Elles s'envolaient pour New York, leurs sous-vtements rembourrs de drogue, parfumes outrance pour dtourner les chiens des brigades anti-stupfiants. Les descendants de ces mafieux d'hier ou d'avant-hier prennent aujourd'hui le chemin inverse.Des Amricains dont les noms trahissent leur origine (pn)insulaire traversent l'Atlantique. Parlent-ils pour autant l'italien ? C'est douteux. Ils ne reviennent pas dans un pays un jour abandonn. Ils s'y installent. Ils quittent New York alors que personne ne les chassent, quoi qu'en pensent les ralisateurs des Soprano. A moins que la police new-yorkaise agisse efficacement, dans l'ombre, sans en avertir une presse qui omettrait de les en fliciter. En ralit, Big Apple n'offre sans doute plus les mmes opportunits, parce que le jeu et la drogue payent moins, parce que les prostitues attirent moins de clients ? Ou bien, autre possibilit, ces Italo amricains s'exilent en Sicile pour y faire fortune, raliser des gains aussi illgaux que fructueux. Marie-Claude Decamps succombe cependant une tentation trs cinmatographique pour expliquer cette tonnante migration. Les images et la musique des films de Coppola exhalent de ses lignes.Les criminels renonceraient dfinitivement aux Etats-Unis, selon la journaliste du Monde parce qu'ils assouviraient une soif de vengeance. Pour une pression sur la gachette, ils changeraient de pays... Les raisons de s'entretuer ne manquent certes pas depuis les assassinats du printemps 1981 (Bontate et Gambino) qui ont inaugur deux annes sanglantes et leur cortge de victimes, un millier de morts, la suite desquels Toto Riina s'est impos comme le chef mafieux le plus puissant. Des familles ont littralement disparu, dont certains membres obtiennent le droit de partir aux Etats-Unis pour sauver leur peau. Dj, le 31 dcembre 2004, l'arrive Palerme de Rosario Inzerillo, frre de Totuccio, le parrain assassin, avait mis la ville en moi. Puis, de petits voyages fugaces en sjours discrets, d'autres sont rentrs. Franco, le neveu, puis Giovanni, l'autre fils de Totuccio, et d'autres encore. Et avec eux ont ressurgi les anciens allis disparus, les Spatola, du quartier de l'Uditore, les Di Maggio, Torretta. Ensuite, s'est rendu Palerme et Torretta ce Frank Cali, 'homme d'honneur' de New York qui a tout l'air d'un charg d'affaires des familles amricaines. De cet article du Monde, il ressort qu'anciens et nouveaux se concurrencent et n'hsitent pas au besoin s'liminer. Peu importe le nom de l'quipe gagnante, ou celui des hommes politiques pervertis. Les vingt dernires annes tmoignent d'un regain de vitalit des organisations mafieuses au sud de l'Italie, et c'est bien l'information la plus essentielle. Marie-Claude Decamps justifie ce succs inattendu par l'inventivit des parrains (Riina, puis Provenzano). Elle lie le blanchiment de l'argent sale leur dsir d'honorabilit, selon une interprtation tant de fois reprise par les scnaristes. [Provenzano] avait compris que pour faire 'i bisinessi', les affaires, la Mafia devait oprer une 'plonge abyssale' dans le silence et la discrtion. Plus d'attentats ni d'attaques frontales contre l'Etat, comme l'avait fait son prdcesseur, Toto Riina. J'incline pour une autre interprtation, car ce n'est pas le vinaigre qui attire les mouches. En sifflant la fin d'un interlude de deux sicles, quelques dcennies d'hibernation conomique, la mafia apporte la preuve d'un retour en grce du Mezzogiorno. Le dollar drape mois aprs mois, rendant la zone euro d'autant plus attractive que l'abaissement des frontires permet de jouer sur la TVA d'un pays l'autre [source]. Les littoraux mditerranens se couvrent de villas qui ont enclench une hausse des prix de l'immobilier elle aussi propre sduire le milieu mafieux [voir ici et l].Il ne faut pas carter les modes de financement nouveaux : trafic d'ordures mnagres, de contrefaons, de cigarettes, de drogues ou de clandestins [voir dveloppement rcent de la Stidda partir d'Agrigente et du sud de la Sicile]. La mafia capte l'argent public destin au dveloppement industriel, l'agriculture traditionnelle (soutien l'levage de montagne), et vole les chefs d'entreprises : Cosa Nostra tire aujourd'hui l'essentiel de ses revenus de l'extorsion (80 % des entrepreneurs palermitains sont racketts), de l'usure et du contrle des appels d'offres publics. [source]. Alors, la vengeance, mobile unique d'un retour des new-yorkais en Sicile ? !*9 avril 2009. Sisme. Les Apennins centrales viennent de trembler. Les Italiens pleurent des dizaines de morts, et les mdias couvrent la catastrophe. En France, ds le lendemain du sinistre, la nature ayant repris ses droits (), nos journaux traitent distraitement de lvnement. Une ville moyenne - LAquila - moiti rase, et la rgion des Abruzzes durement touche ? Tout cela se passe de lautre ct des Alpes. Je rends grce La Croix de se distinguer de ses concurrents. Evidemment, lhebdomadaire catholique a lavantage, par rapport ses confrres, de maintenir lanne une quipe Rome, distante d peine cent-cinquante kilomtres. Isabelle de Gaulmyn et Anne Le Nir ne communiquent toutefois pas linformation gologique primordiale, la faible profondeur du foyer interne, autrement appel hypocentre. LInstitut de Gophysique du Globe de Paris le situe moins de dix kilomtres de la surface. Cette faible paisseur gologique a donn un matelas particulirement mince pour attnuer la puissance des ondes sismiques ; do lampleur des dgts.Les deux journalistes remarquent que les btiments modernes nont pas mieux rsist aux tremblements de la terre, mme si le centre historique semble particulirement endommag. Elles voquent les enfants ensevelis sous les dcombres, parce que cela soulve lmotion, sans doute. Cela tant, une part plus notable des personnes dcdes devaient appartenir au troisime ge, comme le sous-entend lallusion des villages reculs : ici comme ailleurs, la montagne mditerranenne naccueille la morte saison que des vieux. Et dans un rayon de 30 km, au moins dix hameaux ont t rass, dont celui dOnna, qui compte 50 morts pour 400 habitants. Lundi, les ruines semblaient avoir t provoques par des bombardements. [1] Le 9 avril, le communiqu officiel voque 260 morts, parmi lesquels seize enfants, cest--dire 6 % du totalOn ne nous pargne rien de lhrosme des secouristes, habitants des lieux ou trangers la rgion dpchs sur place. Isabelle de Gaulmyn et Anne Le Nir constatent que la population sinistre sest dans un premier temps dbrouille avec les moyens du bord. Elles ne relatent pas la discrtion de larme, notant seulement que les Italiens nattendent rien de lEtat. Mais les btiments publics modernes nont mme pas t construits aux normes parasismiques : comment avoir confiance dans ces conditions!? Silvio Berlusconi na pu ainsi donner sa confrence de presse dans la prfecture Je passe les clichs sur les rugbymen dblayant mains nues les gravats, et la population " habitue aux travaux durs, soude par un exemplaire sens de la chrtient et de la famille. Ds 3 h 35 mn, on a vu des hommes aux cheveux gris accompagns de leurs fils, petits-fils ou neveux qui se sont mis gratter inlassablement dans les dcombres, avec pour seuls outils, leurs mains, leurs muscles et leur volont farouche de trouver des survivants." En Italie, les vieux donnent peut-tre lexemple. Mais ils sont surtout plus nombreux quailleurs. Facilement anticlricaux lorsque le temps est au beau fixe, les Italiens se souviennent en ralit de lEglise, celle du bon secours en temps opportun.En rsum, tout porte les Franais se sentir proches de leurs voisins. Rien ny fait cependant : lItalie semble mme assez lointaine. Le 9 avril, Anne Le Nir enfonce le clou : Dans les Abruzzes, les normes antisismiques sont peu appliques, explique telle. Plusieurs lois et dcrets rcents fixent en effet des normes prcises aux entreprises du btiment, depuis 1997 (aprs le sisme en Ombrie) et 2002 (aprs celui dans le Molise). Ainsi, en Italie, les textes existent mais restent lettre morte : au contraire de la France, bien sr (). Le directeur de lInstitut national de Gophysique et de Vulcanologie en rajoute dans la flagellation. Il voit dans la catastrophe de LAquila un nouvel indice de lobscurantisme anti-scientifique de ses concitoyens, et de la dfaillance de lEtat, inapte faire appliquer les normes officielles. Mais sa thse saffaiblit au regard de limportance du patrimoine historique et de la mdiocre rsistance des btiments modernes : "Le cas de lhpital San Salvatore de LAquila qui, aprs stre partiellement effondr, a d tre vacu, reflte lincurie des constructeurs et des organismes de contrle. Inaugur en 1999, il a t construit sans prendre en compte tous les risques sismiques et construit avec du ciment de mauvaise qualit et des poutrelles mtalliques inadaptes."Lan pass, jexposai dans Salade nioise sauce citron les risques sismiques dans les Alpes Maritimes, et ny reviendrai donc pas. Allons donc plus au nord, dans le cur de la chane montagneuse, sur les bords du lac Lman Au cours dune insomnie rcente, je rflchis un risque naturel dans les Alpes la fois crdible et totalement nglig. Une brve recherche ma permis de prciser ma pseudo - dcouverte ! Giuseppe Melillo dans le magazine de luniversit de Lausanne Allez-savoir n33 (octobre 2005) retrace un pisode historiquement assez ancien puisquil remonte lan 563 aprs Jsus-Christ. Cette anne-l, un tsunami ravagea les bords du lac Lman, avec au dpart un lment dclencheur difficile identifier, mais probablement dorigine tectonique [voir image prcdente]. Grgoire de Tours et Marius dAvenches, vque de Lausanne recensrent le sinistre. "Selon les rares sources disponibles, un pan du mont Tauredunum, probablement lactuel Grammont, dans le Chablais valaisan, seffondre simultanment sur un castrum et dans le lac Lman. Lboulement obstrue les eaux du Rhne la hauteur de Saint-Maurice. Limmense masse deau retenue est libre quelques mois plus tard par la rupture du barrage qui provoque un raz-de-mare dvastateur." La masse deau mise en mouvement comme dans une baignoire dborda soudainement, ravageant une bonne partie de la ville de Genve, commencer par le pont.Encore aujourdhui, on peut observer sur les cartes satellites des villages reconstruits plus en hauteur : Bret ou Saint-Saphorin, au-dessus de Glrolles (aujourdhui domaine viticole). Les scientifiques interrogs sur les risques actuels sont vasifs. "Actuellement, nous navons pas constat dinstabilit au bord du Lman, explique Michel Jaboyedoff [professeur lInstitut de gomatique et danalyse du risque de lUNIL], mais potentiellement, il est possible quil y ait un jour un boulement." Dans une zone vaste comme un ocan, les facteurs sont multiples. Les ruptions violentes et les sismes sous-marins peuvent intervenir dans des milliers de lieux diffrents, ce qui rend impossible toute prvision de tsunami.Mais dans un cas comme le lac Lman dune superficie de 580 km, et avec des profondeurs maximales de trois cents mtres, la marge dincertitude se rduit considrablement. Personne ne sait quand, mais tout le monde devrait rpondre la question o ? Que lon assiste un glissement de terrain quivalent celui de 563 - larrire-pays de Montreux fournit plusieurs sommets dominant le lac - ou que le soubassement rocheux du lac tremble, le Rhne est le seul cours deau missaire. Une onde de quelques centimtres deau douce ne dans la partie orientale du Lman se transformerait en grosse vague dans la valle du Rhne Les Genevois dj voqus [Largent na pas dordures et Genevois pas de solutions miracles] en subiraient les premiers les consquences.En Suisse, le sujet attire quelque intrt, mais en France, rien. La frontire nous protge, par principe, faut-il le rpter au reste du monde. Et puis, ce sont les Italiens qui ne respectent rien, dans un pays modle danarchie et dimprvoyance ! Parmi les villes immdiatement en contrebas du lac Lman, jaurais bien envie de citer Bellegarde sur Valserine et ses 11.000 habitants, pour partie installs dans le lit mineur du fleuve. Mais pourquoi faudrait-il sinquiter, tant donn que la Fiche dInformation sur les Risques Majeurs mise par le Conseil Gnral de lAin ne signale mme pas la possibilit dun dbordement du Rhne ? Cinq barrages rgulent lanne le fleuve lamont de Lyon (Gnissiat, Chautagne, Belley, Brgnier-Cordon et Sault-Brnaz). Ils contiendraient par consquent la brusque monte des eaux venue du Leman, grce leurs paisseurs de bton. En France, on est les meilleurs, cest bien connu.Quelquun souhaiterait la description dun ventuel sinistre ? Je ne my engagerai pas, peu enclin aux rcits de catastrophes, sans doute gn aussi par la prsence de proches dans la capitale des Gaules [voir aussi Cage dore et Tte dOr]. Je ne trouverais aucun plaisir leur faire subitement peur De toutes faons, Emmanuel Carrre raconte mieux que personne les ravages dun tsunami au Sri Lanka. Certaines catastrophes prennent corps en silence. Lcrivain y parvient fort justement dans Dautres vies que la mienne.[1] "Cest le pire sisme de ces dix dernires annes, a dclar sur un ton dramatique le chef de la protection civile, Guido Bertolaso, en arrivant lundi matin LAquila, la ville la plus proche de lpicentre du tremblement de terre. Cette cit mdivale de 70 000 mes est le chef-lieu de la rgion des Abruzzes. Elle est connue pour son ple universitaire dexcellence (27 000 tudiants inscrits pour lanne 2008-2009), son laboratoire de recherche en physique des particules, son safran qui se vend prix dor, ses carottes, son vin, le Montepulciano dAbruzzo, et sa cathdrale, hlas trs endommage. La ville et toute la rgion tait lundi en tat de choc. Par dizaines de milliers, des maisons, des difices privs, publics ou religieux, des appartements, sont tombs en ruine en quelques minutes, recouvrant des dizaines de corps dont ceux denfants de 2, 3 ou 4 ans. Dans laprs-midi, dj, se prparaient les petits cercueils en bois peints en blanc. Mme lhpital civil de LAquila, pourtant de construction rcente, sest pratiquement effondr. Il a fallu transfrer les patients dans une glise qui a galement fait office de service des urgences pour soigner les blesss les plus lgers. Les plus graves ont t transports dans dautres villes, notamment Rome la capitale, distante de 110 km, dont les habitants avaient fortement ressenti les secousses. LAquila, le centre historique a t le plus fortement frapp. Et dans un rayon de 30 km, au moins dix hameaux ont t rass, dont celui dOnna, qui compte 50 morts pour 400 habitants. Lundi, les ruines semblaient avoir t provoques par des bombardements. Au fil des heures, plus de 7 000 hommes ont t mobiliss par les autorits, entre ceux de la protection civile des units cynophiles de la police, les pompiers et les militaires venus de toutes les rgions de la pninsule. Les premiers secours ont t dispenss par la population des Abruzzes. Une population aux racines rurales, habitue aux travaux durs, soude par un exemplaire sens de la chrtient et de la famille. Ds 3 h 35 mn, on a vu des hommes aux cheveux gris accompagns de leurs fils, petits-fils ou neveux qui se sont mis gratter inlassablement dans les dcombres, avec pour seuls outils, leurs mains, leurs muscles et leur volont farouche de trouver des survivants. Lquipe de rugby de LAquila est parvenue in extremis sauver quatre femmes ges. Sur les places, des mres de famille au regard rempli de larmes, vtues dun pyjama ou dune chemise de nuit, taient masses, senlaant tour tour pour sencourager mutuellement ne pas perdre lesprance et ddramatiser leur nouvelle situation de sans abri. Plus de 50 000 personnes vont devoir tre momentanment reloges dans des htels, des glises, des salles de sport ou sous des tentes. En Italie, o lon est habitu ne pas compter sur ltat, les associations, notamment catholiques, constituent encore un rseau trs dense de solidarit, qui sest mis en ordre de marche trs vite, de manire spectaculaire. [] Dans cette rgion de montagne rude et souvent reste lcart du progrs, terre dmigration o la foi est cheville au corps, Pques, comme lcrivait ds lundi dans une dition spciale lhebdomadaire diocsain, ne sera pas une Pques particulirement joyeuse pour beaucoup, mme si ni la souffrance, ni la mort ne peuvent enlever la foi et lesprance en Dieu qui a prononc les paroles ultimes du Salut et de la Vie " / La douleur et la solidarit se mlent LAquila / La Croix / Isabelle de Gaulmyn et Anne Le Nir.*25 novembre 2009. L'Italie travers les programmes d'histoire et gographie de l'enseignement secondaire franais : enjeux sous-jacents... A trois reprises, Geographedumonde s'est interrog sur la place de l'universit, ses difficults et les rformes qui l'attendent. En octobre 2007, le gouvernement proposait de faciliter le financement de la recherche par des entreprises prives : En fvrier 2009, les diteurs et les universitaires s'associaient pour crier au loup. Dans le domaine des sciences humaines, les uns et les autres voquaient une possible disparition des revues srieuses dans leur version imprime. Dbut octobre, une campagne de presse lance par le Monde s'intressait au sort des personnels enseignants sans statuts l'universit. Ces soutiers bien diplms mais mal pays, victimes du systme ? En cette fin novembre, le ministre de l'Education annonce la suppression de l'histoire - gographie en terminale scientifique, ou plus exactement de sa transformation en matire optionnelle. Au fond, l'histoire et la gographie ne servent rien. Non seulement ce titre s'impose mais un sondage rapide de quelques manuels scolaires anciens appuie cette suggestion.Le plus ancien est la Gographie historique de P.Foncin - Inspecteur Gnral de l'Enseignement Secondaire - dit par Armand Colin en 1888. Le digne fonctionnaire prtend ds la page de garde prsenter le monde depuis la haute antiquit jusqu' la Troisime rpublique, couronnement majeur de l'histoire humaine. Je n'ironiserai pas sur les trois premiers quarts de l'ouvrage. Faute d'accs aux sources contemporaines, l'auteur vasouille dans les marcages pteux de l'ignorance et de la prsomption. Parmi les dernires leons consacres l'Europe au XIXme sicle, plusieurs mriteraient un dveloppement. Tout commence avec l'Empire franais stabilisateur du continent, malgr les pays coaliss contre la France. L'Allemagne se rorganise, et de nouveaux Etats naissent. En 1815, rien ne va plus. "Les souverains qui avaient combattu Napolon au nom de l'indpendance des peuples ne songrent plus qu' leurs intrts personnels ds qu'ils furent victorieux ; ils s'efforcrent de revenir l'ancien ordre de choses et de restaurer la monarchie absolue. [en gras dans le texte]." La leon trente-neuvime - L'Italie de 1815 1870 - commence par le rappel de l'effondrement du royaume fond par Napolon. Cet homme de guerre porte la responsabilit d'avoir enlev un pape et supprim une rpublique vnitienne millnaire. En 1815, cependant, "Partout furent abolies les institutions introduites par les Franais ; partout rgna de nouveau le privilge, l'ingalit devant la loi, le gouvernement de la cour. Le roi de Sardaigne songea mme dtruire la route de la Corniche (de Nice Gnes) comme tant l'uvre des Franais. " L'obscurantisme conduit au sacrilge. Par la suite, les patriotes se rebellent contre les ingrences trangres. Il s'agit bien entendu des Autrichiens, avant-garde du pril germanique : quel Italien craindrait les armes franaises ? Dans le royaume de Sardaigne, des hommes rsolus travaillent l'unification de la pninsule. Leurs forces seules s'avrent insuffisantes. Heureusement, 'La France vint leur secours'. Du sang vers au cours de la campagne sanglante du mois de juin 1859, l'Inspecteur Gnral tait l'essentiel. Pour le lycen de l'poque, deux minuscules plans - batailles de Magenta (3) et de Solfrino (24) dcrivent juste l'emplacement des armes ennemies. La leon s'achve sur la constitution du royaume d'Italie, ses agrandissements rcents et possibles. Monsieur Foncin ne souffle mot sur la campagne d'Italie, point d'orgue d'une action diplomatique et militaire catastrophique, car elle a dfinitivement rompu les liens unissant la France l'Autriche, quelques annes avant le dsastre de 1870.Le deuxime manuel rentre dans la catgorie des prpa-bacs avant la lettre : 'La gographie au baccalaurat' (Bordas / 4me dition). Pierre Serryn, professeur agrg d'Histoire et de Gographie, enseigne en 1950 au lyce Claude Debussy. Le livre de poche est entirement consacr la France et son empire colonial. Il faut parcourir des dizaines de pages fastidieuses sur la gographie physique et l'organisation rgionale de la France pour arriver ensuite la gographie humaine et conomique. Sur l'lectricit, on apprend que l'quipement de la France, 'quoique important, ne satisfait pas une demande qui est de plus en plus considrable (usages domestiques, multiples emplois industriels, chemins de fer qui ont plus de 3.500 km. lectrifis. ' La mtallurgie franaise fait la fiert de l'industrie, tandis que deux leons distinctes dcrivent l'essor du textile dans l'hexagone et la vitalit des voies d'eau. Avant celles traitant de l'Union franaise, Pierre Serryn dcrit en quelques pages la population franaise. Il dcrit une natalit en baisse rapide - chiffres de 1938 l'appui - tout en admettant une reprise depuis 1945. Il y a beaucoup d'trangers en France, commente ensuite le professeur, en prcisant leur origine europenne (Italiens, Polonais, Espagnols et Belges). Au demeurant, "Le nombre des trangers a srieusement diminu passant 1.700.000 durant la guerre. Mais le manque de main d'oeuvre dans certaines industries, les mines notamment, pousse une politique systmatique d'immigration qui ne prsente aucun danger, car les trangers, en France, sont vite assimils. "Le troisime ouvrage a pour titre 'Les grandes puissances du monde', avec trois co-auteurs, trois agrgs de l'Universit professeurs Paris aux lyces Louis-le-Grand (Roger Fischer) et Henri-IV (Ren Oudin et Paul Raison). L'diteur est Armand Colin. En 1964, les classes terminales prparent une nouvelle preuve de gographie, tourne vers le monde, avec une place de choix rserve l'tude des Etats-Unis et de l'URSS. Par charit, j'viterai de reprendre les glorieuses ralisations du socialisme, les premiers signes de la maturit ou encore le deuxime souffle trouv par l'Union Sovitique aprs vingt-cinq ans d'histoire. Sur ce dernier point, les auteurs se montrent optimistes. La priorit au niveau de vie aprs l'industrialisation outrance est envisageable. 'Devenue grande puissance industrielle, l'URSS peut envisager, dans un avenir moins lointain, le passage du 'socialisme' au 'communisme' (abondance gnrale) et, ds maintenant, commence profiter de son effort prcdent : la dure de la journe de travail, par exemple, diminue rgulirement.'A l'intrieur du cours sur la Communaut Economique Europenne, l'Italie retient encore une fois mon attention. Le chapitre commence ainsi. 'Le temps n'est plus o les prtentions du rgime mussolinien l'hritage de la grandeur romaine prtaient sourire. Depuis une quinzaine d'annes, en effet, un effort soutenu a port l'Italie au rang de vritable grande puissance, la septime ou la huitime.' Dans une premire partie, les auteurs tudient les conditions physiques trop souvent dfavorables. Pour tayer cette affirmation, les auteurs dcrivent une pninsule trop montagneuse, avec une plaine du P sous influence climatique continentale. Dans une deuxime partie - Le poids de l'homme - le lycen apprend que le pass pse lourd, que le Mezzogiorno tire vers le bas l'Italie (poids mort), et que le chmage ne se rsorbe pas. Aprs un survol du potentiel agricole - Dieu merci, il y a possibilit d'intensifier les cultures dans la plaine du P - les auteurs se focalisent sur les atouts industriels italiens (chimie, mcanique, etc.) et concluent d'une phrase sur le tourisme. D'ailleurs, "Rome - 2.300.000 habitants - n'est que pour partie touristique. Elle est fort peu pourtant ville industrielle (les industries - cinmatographiques et pharmaceutiques - n'emploient que 6 % de sa population active), et encore moins une ville d'affaires, laissant ce rle Milan. Sans doute est-elle capitale la fois de l'Italie et du catholicisme, et les plerins s'y confondent avec les touristes, mais cette activit politique et religieuse n'explique pas sa forte population. Rome est en effet surtout un 'cas', une ville rsidentielle et calme, gonfle par une classe moyenne nombreuse, c'est ce calme qui fournit Rome son charme un peu mystrieux."Ces trois manuels ici brocards donnent l'impression plusieurs reprises d'avoir t labors par les scnaristes d'OSS 117. On y trouve des prjugs et des approximations. Le baratin spcieux y rgne trop souvent en matre. Peut-tre pourra t-on affirmer un jour que la vanit franaise, loin d'tre seulement une tradition ancestrale trouve aussi sa source dans les manuels rdigs pour le secondaire. Le lyrisme gaulliste ne se rsume t-il pas une version littraire d'un nationalisme enseign jusqu'au baccalaurat ? Si l'on s'en tient ces exemples, l'histoire et la gographie ne servent qu' obscurcir les esprits et non apporter les lumires de la connaissance. En outre, les programmes s'largissent, les ambitions augmentent et les dfauts restent au rendez-vous. En ralit, les auteurs par leurs qualits respectives appartenaient au milieu intellectuel et universitaire de leur temps. Ils refltent des idaux, plus quelques illusions perdues depuis. Dissquer leurs accommodements avec la vrit amuse un moment. Au-del, le redresseur de torts risque de perdre de vue que le contexte a compltement chang. Dans le domaine des sciences humaines, la recherche a boulevers les disciplines prcdemment voques. Aucun universitaire ne se lancerait aujourd'hui dans une monographie sur l'Italie. En histoire, cent volumes n'puiseraient pas le sujet, de la haute antiquit Berlusconi, en passant par Mussolini. Gographiquement, on trouvera des chercheurs sur les glaciers transalpins, la tectonique des plaques (), l'tude de la crise du Messinien (ici dans l'Ardche), la culture du peuplier dans la plaine du P, le quartier de l'EUR (Exposition Universelle de Rome) ou encore sur l'conomie souterraine dans le Mezzogiorno. A ce titre, un chapitre consacr l'Italie, au sein d'un cours gnral sur l'Union Europenne, gnera un professeur de lyce. Il se contentera d'une poigne de paragraphes dans un manuel, ventuellement complts par la fiche Wikipedia. Ainsi, les chercheurs cherchent, et les enseignants ne savent plus quoi enseigner.Deux voies se prsentent. En suivant la premire, il est encore temps (possible ?) de tenter un raccordement entre deux mondes qui s'loignent l'un de l'autre, l'enseignement secondaire et la recherche. Cette situation dpasse mon sens le cas des sciences humaines. Mais si l'on se dclare en faveur de cette voie, il ne faut pas s'illusionner. Une trs large majorit de lycens ne peuvent suivre des enseignements lis des travaux universitaires. Cela signifie une remise en cause du lyce pour tous. L'autre voie est dmocratique, en lien avec ce que souhaite le corps lectoral. A ce titre, le cours d'histoire et gographie doit dlivrer des connaissances prcises, d'un ct des dates-repres, de l'autre des fiches-pays. Et puis si l'identit nationale devient un thme la mode, le cours d'histg s'inflchira dans le sens voulu. Dans une vision purement utilitaire du lyce - bote outils, l'histoire et la gographie ne servent rien.Car l'Italie, rien n'est plus facile de la connatre sur un moteur de recherche bien connu. Aprs Wikipedia dont je ne souhaite pas ici faire le procs, l'internaute - consommateur peut tout comprendre de l'Italie. C'est un beau pays, o il fait chaud et bon vivre : la dolce vita. On y mange des pizzas. Les hommes en cravates draguent, les non rass volent. Tout le monde circule en vespa, de prfrence en tlphonant. Il y a de beaux monuments, des vieux tout casss et sans tot, des glises noirtres pleines de tableaux sur des sujets inintressants, des muses pleins de vieilles pierres. Sur un autre site, le curieux dcouvre la liste des personnes importantes : Vivaldi, Botticeli, Vinci, Verdi, Puccini, Fellini et Pirelli (rayez l'intrus). Les rdacteurs de voyage-sac-au-dos-&-pensions-trois-toiles, quant eux, n'instruisent pas. Ils potisent. Le centre de l'Italie bourdonne de l'effervescence de ses hauts lieux culturels. En Ombrie, la lumire est douce. Dans le Pimont, les chteaux sont haut perchs. Naples est la perle de l'Orient. Je coupe [1]. Mais vraiment, l'histoire et la gographie ne servent rien...[1] Le centre de lItalie bourdonne de leffervescence de ses hauts lieux culturels, de Florence Assise et de Sienne Prouse. Mais sillonner la Toscane et lOmbrie, cest aussi goter la douceur de la lumire et des paysages, loin des sentiers battus. Au nord de lItalie, le Pimont, ancienne rgion industrielle, met en valeur ses villages et chteaux haut perchs sur les collines. La Ligurie est jalonne de villages en balcons sur la mer, doliveraies et de jardins en terrasses. Et ne manquons pas de voir Venise avant de mourir. Au sud de lItalie, Les Pouilles, rgion florissante, offrent le charme du monde rural, faonn par les tonalits de blanc des pierres et les champs d'oliviers. Naples, porte de lOrient, vous ouvre les portes des paysages apuliens et de Calabre, o vous goterez aux plaisirs balnaires au pied dun crin de montagnes qui semblent plonger leurs racines dans les flots meraude. L'intrieur est d'une beaut sauvage, adoucie par des lacs et forts. Aux confins mridionaux de lItalie, vous irez jusqu chatouiller la Sicile. [Source]*19 mars 2010. Dmagogues au pouvoir. Afin de mnager le suspens, je vais taire dans un premier temps le lieu de cette enqute de Philippe Ridet. Le journaliste du s'est rendu quelque part en Europe, dans un pays voisin de la France, l'approche d'lections locales. Un quadragnaire la tte d'une jeune formation politique bouscule les vieux partis traditionnels. Son ge tranche autant que son discours. Mme s'il occupe le poste de ministre de l'Agriculture, il passe pour se situer en marge du systme. En fin stratge, il dirige une coalition htroclite runie autour de son seul nom. Grce sa souplesse et son habilet, il attire les indcis et les dus d'un jeu politique habituel dcrit comme rptitif et ennuyeux. Les instituts de sondage le placent en tte des suffrages, sans attendre les rsultats du second tour, avec dix points d'avance sur son adversaire. A. joue cependant les modestes en maniant la mtaphore sportive."'Je suis dans la position d'une quipe de football qui gagne par 5-0. Mon problme c'est de ne pas faire de faute', explique le ministre dans la voiture qui le conduit ce jour-l de C., sa ville natale de la province de T., o il doit participer un dbat. Puis il pique un somme. La campagne ? [Il] n'y consacre au maximum que deux jours par semaine et jamais le dimanche : 'La famille, c'est sacr', dit-il. Et ses chevaux, dont il prend soin. A quoi bon les meetings et les mains serres." Tout le monde connat son parti, bas sur la dfense des particularismes rgionaux. Quels thmes de campagne sont-ils les plus populaires ? L'argent public gaspill, la mondialisation, la Commission europenne procdurire.A. porte un costume bien taill. Mais il sait prendre les accents du terroir pour louer les paysages magnifiques de sa province natale. Grce ses fonctions ministrielles, il a oeuvr pour sa rgion, poussant en particulier la dlimitation d'appellations contrles pour les vins et les produits locaux. C'est au nom de cette mme authenticit qu'il dfend sa langue rgionale. A. rappelle que celle-ci perd peu peu de son influence, citant au passage Claude Hadge : Une langue qui meurt, c'est un monde qui disparat. Discret sur son soutien la politique gouvernementale en faveur du nuclaire, il milite pour empcher l'installation d'une centrale dans la rgion.Les slogans font mouche. Le parti a pris la mesure d'une dsaffection vis--vis des grandes idologies. Le monde effraie, paraissant instable et cahotique. L'Etat central se dlite et ne peut empcher la monte en puissance de provinces autonomes. Le vote se territorialise, et se porte sur les listes les plus habiles communiquer sur la dfense des intrts locaux. A. affirme vouloir combattre l'inertie de gestionnaires ternes et myopes. Nous sommes prts devenir le laboratoire de l'autonomie. Nous pouvons grer de nouvelles comptences comme l'ducation, l'eau, l'nergie. Le prsum vainqueur dnonce l'Etat centralisateur qui peroit des impts crasants, mais se montre dangereusement absent au jour de la redistribution. A. se dfend d'tre hostile la modernit, ou mme protectionniste. Il ne souhaite pas entraver les entreprises locales exportatrices. Mais ses yeux, Un produit sans histoire ne se vend pas. Il faut tre 'glocal' : global et local. A. mne la liste de la Ligue du Nord. Pass au filtre, l'homme politique parat en mesure de s'implanter dans n'importe quel pays europen. On passe facilement de l'assentiment au malaise, ou inversement. Mais rien dans le portrait expurg ne permet de situer sur l'chiquier le personnage. Il parat homme de son temps, attentif aux nouvelles attentes de ses lecteurs. Ceux-ci expriment du dsarroi, de la peur parfois, et ressentent le besoin d'un repli identitaire. A. n'y voit pas un symptme, mais la clef de son succs. Dans cette partie septentrionale de l'Italie, le discours sur l'immigration envahissante a pignon sur rue. Pour avoir rappel le droit des immigrs, le cardinal de Milan a ainsi t trait d'imam par la Ligue. Philippe Ridet a cependant choisi de biaiser le point de vue de ses lecteurs en rangeant ce parti italien dans la case extrme-droite. Le populisme et la xnophobie caractrisent videmment la Ligue. J'ai essay de montrer qu'elle les englobe dans un paquet consommable. Il y a bien sr quelque chose de savoureux entendre un Vnitien dfendre l'authenticit de sa rgion en convoquant une poque rvolue... La Rpublique vnitienne profitant de l'lan des Croisades et de l'affaiblissement de l'empire Byzantin, a en effet cr le premier empire colonial de l'histoire europenne. Elle a tir sa puissance conomique de la vitalit du commerce mditerranen, des changes entre les mondes musulman et chrtien. La protection de l'identit culturelle et religieuse de la rgion du P (Padanie) n'a pas arrt les Vnitiens [] ! Autrichiens et Franais ont plus rcemment prcipit le dclin de la Rpublique. Ceux-ci n'arrivaient pas par l'Adriatique...Que l'on franchisse les Alpes, et les mmes mots reviennent cependant. L'homme fort du Languedoc manie lui aussi les rfrences historiques, au point de demander en 2004 que sa rgion prenne le nom de Septimanie. Lui aussi se moque de la capitale, dfend benotement sa province, rigole sur les trangers. George Frche ne tourne pas sa langue sept fois dans sa bouche. Il se veut proche de ses administrs. L'ancien maire de Montpellier entretient les meilleures relations avec le patron du club de football professionnel de la ville."Nicollin-Frche, cest une vieille amiti. Pas si vidente la base : le prsident du club de foot est un patron (la socit Nicollin, ramassage et retraitement des dchets mnagers et industriels). Il est de droite, tendance gaulliste et a vot Sarkozy. Frche est un universitaire de gauche (ex-mao, puis SFIO, puis PS). En 1978, Nicollin, qui a fond la Paillade-Montpellier en 74, veut faire passer son club au professionnalisme. Il veut aussi lancer son centre de formation, qui sera jusqu aujourdhui lun des meilleurs de France. Loulou raconte : 'On a lanc la formation ds quon a t pros, en 1978. Frche a t lu en 77. Cest le seul qui nous a donn les sous, dailleurs Ds le dpart, de suite. Le gars, six mois quil tait maire, on est alls le trouver Bingo ! Le maire davant ? B Invivable ! Un bon maire, Delmas. Mais pour lui y avait que les vieilles pierres, lOpra, et mes couilles en stock Le sport, non. Il a t battu un peu cause de a. Frche, sa grosse force, cest a : tas tous les sports Montpellier, et tout le monde veut aller dans son sens. Et cest bien'. Lami Georges aidera donc son pote Louis faire de Montpellier un club de llite. [...] Une amiti de 30 ans qui ne se dmentira jamais. La preuve ? Le soutien de Loulou George sur la 'tronche pas catholique de Fabius' : 'Y a rien de mchant. Cest vrai quil a une tronche de con, ce Fabius. Pauvre France, dans ce pays on ne peut plus rien dire'." CQFD.Au-del du Rhne, le prsident de la rgion PACA ne manifeste pas de got pour le football. En revanche, il sait s'extasier devant les merveilles de la nature provenale. Celle-ci serait menace, mais Michelle Vauzelle n'voque pas l'urbanisation forcene de sa rgion. Il craint l'invasion touristique mais souhaite maintenir les emplois (source). Plus l'est, le maire de Nice et ministre de l'Industrie ne se distingue en rien des prcdents. Christian Estrosi transforme ses thmes de prdilection en sujets rcurrents pour la Web TV municipale. Le ministre parisien se fait chantre de l'identit nioise [ici ou l]. L'ancien sportif aime aussi le sport, et le fait savoir tout propos. L'un de ses arguments est que le sport favorise le patriotisme municipal (sic).Pour la seule anne 2009, le site de Nice-TV met en lien une vingtaine d'interventions du maire : le muse du sport, les victoires du sport, le handball, le cyclisme, vive le sport, le semi-marathon, le grand stade, l'athltisme universitaire, l'euro 2016, le rallye auto, le tour de france, la voile, et encore le vlo. Christian Estrosi inaugure des btiments, des stles, milite pour le vlo ou le tramway, place ds que possible des lieux communs au sujet du dveloppement durable. Sur l'immigration, il reste plus discret. Il intervient en revanche de nombreuses reprises sur les thmes de l'inscurit et des incivilits []. A Nice, le maire prore comme si le grand banditisme pouvait craindre le taser. Le ministre fait mine de n'appartenir aucun gouvernement. tre aux cts des vrais gens donne quelques prrogatives.En Catalogne, le prsident du club de football du FC Barcelone, Joan Laporta, exprime tout fort son soutien la cause autonomiste (source). Et l'on reprend ici ou l les arguments de l'oracle []. Qu'il soit Italien, Franais ou Espagnol, le glocaliste ancre son discours dans un territoire, pour dissimuler des ambitions nationales ou plus simplement pour se plier aux ides la mode : droite comme gauche, selon les besoins. Au fond, le dmago-rgionaliste doit savoir faire le grand cart. Je frmis l'ide qu'il finisse par s'imposer...*1er novembre 2011. Berlusconi. "Le temps est venu. Berlusconi le comprend" [] crit le PDG de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo dans une lettre communique aujourd'hui (31 octobre) au quotidien de gauche La Repubblica. J'ai extrait du texte les points qui me semblent les plus pertinents ; les italianisants me pardonneront la traduction (?). L'industriel juge la situation de son pays extrmement grave, cette Italie qui a pourtant travers tant de priodes difficiles."Les tensions internes ont atteint un tel niveau que des solutions partielles ne pourront suffire, en donnant l'impression que l'on sacrifie une moiti des citoyens au profit de l'autre moiti. Si l'on suit cette mthode, l'Italie risque d'exploser." Montezemolo poursuit en faisant cinq propositions. "Avant de demander des sacrifices aux Italiens, l'Etat et les institutions devront s'astreindre une cure d'amaigrissement. Il faudra diminuer le nombre de parlementaires, celui des provinces et autres entits administratives inutiles. [...]Nous ne pouvons pas demander plus de flexibilit sans rgler le problme de la prcarit et sans aborder la rforme des aides sociales. [...] Nous devons abolir les contrats dure dtermine en leur substituant des contrats uniques plus protecteurs [...] Nous devons revenir un systme qui rcompense le travail et la production et non plus la rente et le patrimoine. [...] Nous devons intervenir tout de suite sur le montant des retraites en supprimant la rpartition. [...] La liste des secteurs libraliser est trs longue."Le propos sduit au premier abord par sa modration, son souci de mnager le plus faible et de mettre contribution les plus aiss. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas sauver un pays la veille d'une explosion ('l'Italia rischierebbe di esplodere') selon les propres termes de l'auteur. Je ne lui ferai mme pas l'affront de remarquer une contradiction majeure. La capitalisation induite par la dernire proposition a conduit en Amrique du Nord - et dans certains pays europens - la constitution de fonds de pension qui ont puissamment contribu dmontiser le travail et particip la financiarisation des conomies occidentales. Mais qu'importe au fond. Le catalogue Montezemolo ne diffre pas de ce que l'on peut lire dans les journaux spcialiss.Je m'insurge en revanche contre la dmarche gnrale. Ainsi, personne ne doit s'excuser : ni le patronat, ni le chef du gouvernement. S'il y a une faute - assez vague au demeurant - elle incombe l'ensemble du monde politique ? Oublis les industriels employeurs d'immigrs non dclars, l'automobile soutenue par l'Etat, le BTP favoris par les commandes publiques - l'exemple du pont de Messine en passe d'tre nanmoins abandonn - l'audiovisuel, le sport-spectacle et les tlcommunications sous l'influence du prsident du Conseil. On ne peut ignorer l'chec en mme temps que la faillite morale (Roberto Degrassi) en se parant des vtements de la conciliation et de la bonhommie. Certes, Berlusconi ne doit pas seul assumer le bilan.Sans avoir la nationalit italienne, je rpercute quand mme l'appel la dmission lance par le patron de Ferrari, convaincu que l'heure de la France viendra bientt. Il ne s'agit plus de rendre un verdict. Tous les Italiens peuvent dj s'en rendre compte. Les taux d'intrts grimpent pour l'Etat au-del du supportable (source). Krugman dit Mamma mia. Mais en dmocratie, n'en dplaise Luca Cordero di Montezemolo, les sages et les experts ne supplent pas le peuple. Le peuple vote. Oubli, il se fait entendre. Certes, par le pass, les belles paroles ont sduit plus que les engagements visant poser les bases d'une solution aux problmes...Je m'en tiendrai pour finir aux retraites, directement lies au vieillissement. Les rformes successives ont retouch par portions le systme par rpartition. En ajoutant une dose de capitalisation, le financement des retraites italien s'est compliqu. Idal pour les bnficiaires prsents, le systme n'offre pas de garantie long terme. En 2005, on dnombre dj 11 millions de retraits en Italie. Les taux de cotisation retraite atteignent 33 % des salaires, contre 20 % en moyenne dans les autres pays de l'OCDE. Est-il envisageable de pousser plus haut cette contribution ? "[En Italie] le poids des retraites obligatoires est particulirement lev au sein des dpenses sociales (plus de 60% contre 46% dans lUE 15) comme par rapport au PIB (les pensions directes et indirectes ont reprsent 14% du PIB en 2006, contre 8% en moyenne dans lOCDE, et devraient atteindre, compte tenu du vieillissement de la population, un pic de 15,8% du PIB en 2040)" [Conseil d'Orientation des Retraites (2009)].La Ligue du Nord bloquerait aujourd'hui les rformes. C'est un peu vite esquiver le rle des syndicats (source). A la veille d'un sommet crucial Bruxelles au cours duquel Berlusconi devait annoncer des mesures visant lutter contre les dficits publics, Umberto Bossi aurait accept "une hausse de 65 67 ans de l'ge des "pensions de vieillesse", mais a rejet une refonte des "pensions d'anciennet" qui permettent actuellement de partir 60 ans avec 36 ans de cotisations et n'importe quel ge partir de 40 ans de cotisations". Les retraits l'anciennet vivent nombreux dans le nord industriel et votent pour la Ligue [source], souvent prompts fustiger les aides trop gnreusement distribues aux Italiens du Sud ['']Fin mars 1282, le temps est venu. Des milliers d'Angevins meurent Palerme et dans ses environs, massacrs par la population. Celle-ci refoule l'occupant et son oppression fiscale (source). Les Vpres siciliennes ont depuis inspir Verdi, le chantre de l'Unit italienne. Dans la pninsule les explosions de colre dfraient la chronique...Vpres italiennes ?