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Feuilles de signatures sur l’initiative pour des multinationales responsables Organe d’échanges et de débats du Groupe pour une Suisse sans Armée changements d’adresse: GSsA, CP 151, 1211 Genève 8 [email protected] JAB case postale 1211 Genève 8 GSsA Journal N o 104 Août 2015 AVEC UN CAHIER SPÉCIAL SUR LA CAMPAGNE ACTUELLE CESSEZ LE FEU!

JAB case postale 1211 Genève 8 - Gssa Suisse Sans Armée · Vous y retrouverez également des rapports des nombreuses activités auxquelles des membres de la GSsA ont participé,

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Feuilles de signatures sur l’initiative

pour des multinationales responsables

Organe d’échanges et de débats du Groupe pour une Suisse sans Armée

changements d’adresse:GSsA, CP 151, 1211 Genève 8

[email protected]

JABcase postale

1211 Genève 8

GSsA Journal No 104 Août 2015

AVEC UN CAHIER SPÉCIAL

SUR LA CAMPAGNE ACTUELLE

CESSEZ LE FEU!

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GSsA Journal No 104 Août 2015 22 GSSACTIF

Editorial Chères lectrices, chers lecteurs,

L’axe central de cette édition a pour titre «Cessez le feu !» - la nouvelle campagne de la

GSsA, que nous souhaiterions vous présenter dans un cahier spécial aux pages 5 à 8.

Le titre seul véhicule l’essentiel de notre revendication : mettre fin aux tirs. Nous voulons

que la Suisse cesse de soutenir les conflits internationaux. Notre campagne s’articule

autour de quatre axes : nous souhaitons tout d’abord attirer l’attention sur le financement

de grandes entreprises d’armement par les banques suisses, le soutien à la recherche

militaire dans les instituts de formation en Suisse, les exportations quotidiennes de maté -

’riel de guerre ainsi que le lobbying mené au Parlement pour de plus grandes dépenses

militaires au profit de l’industrie de l’armement.

Vous y retrouverez également des rapports des nombreuses activités auxquelles des

membres de la GSsA ont participé, comme l’action contre l’achat des nouveaux drones

Hermes 900 (p.2), la récolte de signatures couronnée de succès pour le référendum

contre une nouvelle caserne à Genève (p.9), ou, au niveau européen, la participation à

la rencontre ENAAT (p.2).

A la liste des thèmes abordés s’ajoute la question de «l’interventionnisme humanitaire»

(p.10) ou la militarisation de la politique d’asile suisse (p.9) et européenne (p.11). L’ave-

nir de l’armée suisse (p.3) et de l’armement sera également abordé: achat de matériel

de guerre inutile dans les programmes d’armement à venir (p.4) ou encore la tentative

de se procurer de nouveaux avions-cargo (p.3).

Pour finir, un appel : participe, toi aussi, à notre campagne «Cessez le feu» : comman-

de du matériel de campagne et distribue-le autour de toi, soutiens-nous en partageant

avec nous des idées d’actions ou en en organisant une toi-même. Deviens part d’une

campagne qui essaie de retirer aux guerres leurs fondements matériels !

Pour l’équipe de rédaction: Adi Feller

Alors que les membres des deux CPS arri-vèrent au matin du 26 mai pour se rendre à la«pré sen tation du matériel du programmed’armement numéro 15», ils furent reçus parun comité d’accueil inhabituel : l’entrée étaitjonchée de cadavres ensanglantés. Les activis-tes s’étaient enchaînés à un drone et, à l’aide depancartes, ont appelé les membres du Parle-ment à refuser l’achat controversé des droneset à ne pas soutenir des crimes de guerre. De nombreuses sources indiquent que le dro-ne militaire Hermes 900 a été impliquédans des crimes de guerre par le passé. Selon

Blocus anti-dronePROGRAMME D’ARMEMENT

Le 26 mai, l’entrée principale de la placed’armes de Thoune fut bloquée par desactivistes, empêchant ainsi les membresde la commission de la politique de sécuri-té (CPS) des deux conseils d’y pénétrer.L’action avait pour but de protester contrel’achat planifié de six drones militaires avecsystème d’armement à l’entreprise israéli-enne Elbit Systems. Par Jannik Böhm

Un cesser-le-feu pour l’industrie de l’armement! FITAMIN 2015

Une fusion couronnée de succèsGSSA AU NIVEAU NATIONAL

(tl) Après une coopération toujours plus intensive ces dernières années entre le GSoAsection Suisse et le GSsA Genève, il fut logiquement décidé à l’unanimité par les deuxorganisations de fusionner. Le contrat de fusion a été signé par deux représentants desbureaux des deux associations, ce qui permet aujourd’hui d’étendre la coopération auxquestions organisationnelles et administratives. Par exemple, les adresses des sectionssont maintenant administrées à un niveau central, la comptabilité est devenue unique, etle journal est produit et édité dans les deux langues. De ce rapprochement naissent denouvelles synergies, qui nous permettent de nous engager plus efficacement encore pourune Suisse et un monde plus pacifiste. Un vrai renouvellement pour le GSoA/GSsA, quilui permet de s’engager d’une seule voix dans toute la Suisse pour la cause pacifiste etantimilitariste.

l’organisa tion de défense des droits des en-fants Children Defense International (CDI),164 enfants ont succombé des suites de l’of-fensive militaire israélienne «Protective Edge»contre Gaza l’été passé. CDI et de nombreusesorganisations de défense des droits humainsreprochent aux forces armées israéliennesd’avoir violé le droit international humanitai-re en commettant des attaques documentées àcontre des civils. Le gouvernement israélienpourrait facilement contrer ces accusations enfournissant les enregistrements vidéos des cesdrones – ce qu’il refuse catégoriquement. La Suisse planifie ainsi une coopération mili-taro-industrielle avec un état qui est fortementsoupçonné d’avoir commis des crimes de guer-re par le biais d’un système d’armement quidoit, aujourd’hui, être amélioré par la fine fleurde la technologie Suisse. Ce qui ne permetévidem ment pas d’exclure que ces drones neseront pas à nouveau utilisés à l’avenir dans dessituations en violation avec le droit humanitai-re international. Bien que le Conseil National ait avalisé l’achat,il doit encore passer aux Etats avant de pouvoirfinalement être signé. Nous n’abandonnonspas et allons essayer d’empêcher la conclusionde ce contrat.

En guise d’ouverture de la rencontre de troisjours, une discussion publique autour de laquestion «Arming for Peace?» a eu lieu, occa-sion de disséquer la situation mondiale de l’ar-mement en chiffres ainsi que l’argumentationfallacieuse de l’industrie militaire et des étatsqui soutiennent activement le commerce dematériel de guerre. La discussion fut animée,grâce à des intervenants et un public particu-lièrement critiques et informés.

La vente d’armes dans les zones de guerreDans le cadre des discussions internes, la si-tuation des conflits dans le Caucase, ainsi quele traffic d’armes et la course à l’armementdans la région, fut présentée par l’expert et dé-fenseur des droits de l’homme Artur Sakunts.Un objecteur de conscience de Corée du Sudétait également présent et a fait un rapport sur

Le combat européen contre le matériel de guerreENAAT

Chaque année se tient une rencontre entreles membres du Réseau européen contre lecommerce des armes, qui a pour butd’échanger au sujet des recherches et acti-vités de chacun. La rencontre a eu lieu cetteannée à Brno, en République Tchèque. Com - me à son habitude, le GSsA était de la partie.Par Nora Komposch

les mouvements locaux, et en particulier lesprotestations contre les fréquents salons devente d’armes. Parmi les thèmes principauxabordés, la vente d’armes dans la région duMoyen-Orient a occupé de nombreuses dis-cussions, en particulier les importations massi-ves par des états comme l’Arabie Saoudite oules Emirats Arabes Unis, qui redistribuent lesarmes achetées à des groupements islamistestel que Daech ou les utilisent eux-mêmes pours’engager dans des conflits, au Yemen parexemple. En conclusion du week end, les rapports na-tionaux démontrèrent la multiplicité et la di-versité des activités des groupes antimilitaristesen Europe.

Il a fait une chaleur caniculaire ce week end là.Mais l’intéressant programme et la proximitéde la rivière nous ont permi de survivre à lafournaise. Un peu reculé, le camp des scoutsoffrait un cadre idéal pour pouvoir faire abou-tir tous les aspects de notre campagne «Cessezle feu!». Le samedi, des ateliers autour desthématiques de l’exportation de matériel deguerre, de la clause civile et du lobby de l’ar-

Rapport du week-end du 4 et 5 juillet qui a eu lieu au camp de scouts deNeuenegg, où nous avons profité du Fitamin pour fig noler les derniers détails de notre campagne. Par Lewin Lempert

mement – rythmées par des pause-baignadesdans la rivière adjacente – ont constitué lajournée. Les corps et esprits fatigués furentsoutenus par une cuisine toujours prête à rem-plir les ventres. Le soir, c’est autour de grilla-des et de bières que les participant-e-s ontpu se préparer pour le lendemain – journéeréservée à la planification du lancement de lacampagne au premier août. Au petit matin,après une nuit passée à la belle étoile pourcertain-e-s, les conditions étaient optimales.Grâce au foisonnement d’idées, de critiques etde suggestions, il nous a été possible de nouspréparer pour les mois à venir et nous sommesaujourd’hui disposés à mettre fin au commer-ce de la guerre avec élan !

Action de blocade devant l’entrée de la place d’armes de Thoune.

Le ENAAT de cette année, une réussite avant tout grâce à l’engagement de ses participants.

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GSsA Journal No 104 Août 2015 3 SUISSE

Le DEVA aurait pu être une véritable occasi-on de réformer l’armée de façon sensée. Audébut, l’initiative du DDPS était prometteuse.Le rapport de politique de sécurité de 2012 ainformé le Conseil fédéral des besoins urgentsde réforme de l’armée. Au centre, un besoinurgent de «changer d’accent», étant donné quela défense contre un ennemi extérieur n’estplus considérée comme une menace. Selon leConseil fédéral, en 2012, la «compétence pourla défense contre une attaque militaire»devrait se réduire à un «système quantitatifréduit au minimum». Une diminution du nom-bre de militaires restant exclue pour des rai-sons démographiques.A la suite de ce premier rapport, la nécessitéd’agir a été thématisée dans un autre rapport

Une réforme interminable, dénuée de sens et de conceptDÉVELOPPEMENT DE L’ARMÉE

Après le refus surprise du Conseil nationaldu dernier chapitre de la réforme de l’ar-mée lors de la session d’été, Ueli Maurer se retrouve confronté à un fiasco total. Unrésultat peu étonnant étant donné que laréforme proposée ne contenait ni analysede risque adéquate, ni concept de sécuritécensé. L’armée semble ne pas être capablede se dépêtrer de la crise profonde dans laquelle elle végète durablement. Par Thomas Leibundgut

publié la même année. Celui-ci confirmait quela structure de l’armée se révélait «surdimension -née et condamnée à la sous-dotation comptetenu du faible potentiel de recrutement» etque le défi majeur futur posé à l’armée seraitprobablement un soutien subsidiaire des au-torités civiles de «nature purement civile» nenécessitant «pas l’intervention de troupes ar-mées». Les scénarios de menace restent vagueset irréalistes, à l’exception des catastrophesnaturelles. En conséquence, il est prévu de ré-duire le contingent de l’armée à seulement20’000 hommes environ pour la préservationdes capacités de défense de l’armée (total :80’000), avec un budget de 4,4 milliards defrancs par an. Aujourd’hui, le nombre d’hom-mes se chiffre à 220’000 pour 4,4 milliards defrancs environ.

Le processus actuel de développementde l’armée (DEVA) comme réforme moderne ?Quelques années plus tard, lors de la présen-tation du projet du DEVA, le Conseil fédéralet le Parlement ont complètement retournéleur veste. Soudain, on chiffrait à 140’000 lenombre d’hommes nécessaire à l’armée, pourun budget de 5 milliards. Et tous ces gens sedevraient d’être déployés avec un équipement

à la pointe de la technologie, surtout à l’inté-rieur. Ainsi, le DEVA ouvre la voie audéploie ment de l’armée pour des questionsde politique intérieure, et ce aussi bien pourdes «activités d’intérêt public» que des«manifes tation d’importance nationale». Cet-te formulation vague servirait de base légale àun déploiement de l’armée partout et à chaquefois que cela chante les cantons et le DDPS.De plus, la loi prévoit explicitement que cessoldats peuvent être armés. Si l’on se base sur le rapport de politique de sé-curité et le rapport de l’armée publiés en 2012,les conséquences à en tirer seraient de massi-vement réduire la taille de l’armée en raisonde la menace extérieure quasi non-existante etainsi de dégager des ressources supplémen-taires pour les défis civils de la Suisse, que cesoit la protection contre les catastrophes, lasécurisation des assurances sociales ou laquestion du changement climatique. Or leDEVA, lui, prévoit une armée haute techno-logie qui trouve son sens et son but dans ledéploiement contre sa propre population.

Le DEVA est rejeté au Parlement Si Ueli Maurer, dans le cas d’autres affaires depolitique de sécurité, pouvait compter surl’obéissance absolue de sa fraction et des au-

tres militaristes du Parlement, cette fois-ci il aéchoué. Sa tentative de rallier les membres duPS pro-OTAN par la promesse de déploie-ments à l’étranger tout en garantissant la tran-quillité des bourgeois par un contingent de140’000 hommes et un budget de 5 milliards n’apas fonctionné. Au lieu du compromis visé, ila réussi à se mettre toutes les fractions à dos,de la gauche à la droite, menant le Conseil na-tional à rejeter le concept en entier après sixheures d’âpres débats.Bien que ce soit la question de ce que devraitcoûter l’armée qui ait principalement mené aurejet du DEVA, le résultat démontre bien lacrise profonde et continue dans laquelle setrouve actuellement l’armée suisse. Celle-cine pourra pas être surmontée par des pas mi-neurs comme ceux que propose le DEVA,mais nécessite une réforme profonde. Malgréson rejet en première session, il n’est pas excluque le DEVA soit toutefois accepté par le Par-lement au second tour, une possibilité qui fe-rait de cette farce une tragédie.

Les conditions ont au moins le mérite d’êtreclaires : si la Suisse achète de nouveaux avionsde transport militaires, ils seront utilisés avanttout par les autorités pour des expulsions demigrant-e-s. Les partisans des nouveaux avi-ons pour l’armée suisse ont toutefois essayéd’argumenter, lors du débat au Conseil natio-nal, qu’il n’était légalement pas possible d’uti-liser des avions de transport militaires pourdes vols d’expulsion. Selon eux, aucun paysne délivre d’autorisation d’atterrir à de telstransports. Dans les faits, et comme rapporté par le journal«Wochenzeitung», l’aviation militaire suisse adéjà utilisé des avions de l’armée de taille ré-duite pour des expulsions de force ces derniè-res années. Même Ueli Maurer, chef du DDPS,a dû se justifier devant le Parlement : «Nous som-mes en contact avec le Département de justiceet police (DFJP) afin de tester d’éventuels volsd’expulsion. [...] Je ne vois pas pourquoi nousne pourrions pas aussi les [avions de transport]

Une alliance impie de la raison AVIONS DE TRANSPORT MILITAIRES

Une coalition inhabituelle, formée desVerts, de l’UDC, du PBD ainsi que de cer-taines ailes du PS et du PDC, a bloqué provisoirement l’achat de nouveaux avionsde transport militaires. Le GSsA lui aussia aidé à empêcher à la fois une débâcle

financière et une facilitation des vols d’ex-pulsion pour un temps. Par Andreas Weibel

utiliser pour des déportations.» Les avions detransport militaires étaient prévus pour desexpulsions de niveau 4, au cours desquellesles personnes devant être renvoyées sont me-nottées, attachées et sous surveillance de lapolice. Des méthodes qui ont déjà provoquéde nombreux décès.

Coût estimé : deux à trois milliards Les aspects financiers de l’affaire sont aussimatière à polémique. L’alliance contre le Gri-pen – constituée du GSsA, du PS et des Verts– a toujours insisté sur le fait que le DDPSdevait rendre public le coût total – incluant lesprévisions de coûts liés à l’entretien futur dumatériel – lors de chaque achat de matériel mi-litaire. Et cela est également valable pour lesavions de transport militaires. Lors du débatparlementaire, Ueli Maurer a dû confesserque cet achat constituait en fait un «investis-sement d’une valeur de 200 à 500 millions defrancs et des coûts annuels d’une bonne dizai-ne de millions de francs.». Rapporté sur la du-rée de vie des avions, les sommes atteignentdeux à trois milliards de francs.

Alors que les programmes d’austérité se fonttoujours plus drastiques, de telles dépensesparaissent difficile à justifier. Et ceci particu-lièrement alors qu’il existe des solutions bienmeilleur marché que d’acheter ses propres avi-ons. Dans une réponse à une interpellation

l’été dernier, le Conseil fédéral a déjà confir-mé que pour les transports «vers le contingentsuisse (au Kosovo) les offres commercialessont bien plus avantageuses que la possessionet l’entretien d’avions propres.» Le parlementva se concerter cet automne lors de prochainesmotions parlementaires à propos de l’achatd’avions de transport militaires. Une partie dela fraction du PS est pour l’achat, dans lequelelle voit une victoire symbolique pour plus demissions à l’étranger. Le GSsA va lancer dèscet automne une campagne d’information afinde faire réaliser à ce grand groupe de la gauchele prix financier et humain de ce symbole.

Une variante armée d’un avion de transport C-130 Hercules.

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4 GSsA Journal No 104 Août 2015 SUISSE

Austérité et programme d’armement – ou l’art de combiner l’incompatible. Bien que les dépenses pour la défense nationale de la Suisse augmentent constam-ment depuis 2006, les militaristes et leConseiller fédéral Ueli Maurer se plaignentconstamment de manques au niveau del’équipement de l’armée et de moyens troplimités. Un état des lieux.Par Stefan Dietiker

PROGRAMME D’ARMEMENT

En 2006, les dépenses pour la défense nationa-le s’élevaient à 4,2 milliards de francs – pour2018, elles sont budgétées à 5,1 milliards. Bienque le Conseiller fédéral UDC Ueli Maurer aitlaissé entendre, lors de la session d’été, que lebudget de l’armée n’atteindrait pas les cinqmilliards prévus en raison des mesures d’éco-nomies de la Confédération, il planifie tout demême un programme d’armement supplémen-taire de 1,1 milliards de francs. Il ne sembleapparement pas vraiment être question demesures d’économies à l’armée.

Le coûteux assainissement des DurosAu sein du programme d’armement supplé-mentaire pour 2015, ce sont les véhicules tout-terrain Duro achetés en 1993 qui se taillent lapart du lion avec 500 millions prévus pour le« maintien de leur valeur ». Et ceci, bien queplusieurs millions de francs aient déjà été in-vestis par le biais des programmes d’armement2013, 2014 et 2015 dans un parc automobilesurdimensionné – qui devra être réduit lors dela prochaine réforme de l’armée. L’assainisse-ment prévu des 1900 véhicules Duro pèse par-ticulièrement lourd dans la facture : le prix des

véhicules par pièce se montait en 1993 à166’000 francs, inflation prise en compte. Au-jourd’hui, l’armée compte investir 263’158 parpièce dans la réhabilitation des véhicules – unemaintenance au coût presque deux fois plusélevé que le prix d’origine.

Des crédits surévaluésDepuis qu’Ueli Maurer est Conseiller fédéral,il a déjà imposé des programmes d’armementd’un montant de 3,6 milliards de francs au Par-lement. Et ce, bien que l’armée ne soit pas enmesure d’acheter du matériel de guerre pourles montants promis et dans le temps impartipar le Parlement et le Conseil fédéral. Les 1,5

milliard de francs de crédit non utilisés à dis-position de l’armée depuis 2003 en témoignent.De son coté, l’Office fédéral armasuisse, qui estseul responsable pour l’approvisionnement enmatériel de l’armée, essaie aujourd’hui desous-traiter des projets d’achats futurs à des en-treprises privées afin d’accélérer le processusd’acquisition de matériel militaire.

Futurs approvisionnementsLe journal «Blick» a publié à la mi-mai undocu ment original du DDPS montrant quel’armée prévoyait des programmes d’approvi-sionnement supplémentaires d’environ 5 mil -liards de francs de 2016 à 2020. Il est prévu

La dernière attaque militaire de la Suisse La dernière attaque militaire de la Suissea eu lieu il y a exactement 200 ans. Et cetévénement devrait être une source de réflexion au moins aussi importante queMarignan. Par Andreas Weibel

L’EXPÉDITION MILITAIRE EN FRANCHE-COMTÉ

L’interprétation faite par l’UDC de la bataillede Marignan en tant que moment fondateurde la neutralité Suisse est en contradictionavec la réalité historique, et donc un mythe.Cette interprétation va également fondamen-talement à l’encontre de la relation des «pèresspirituels» du parti bourgeois à la neutralité.Les conservateurs du 19ème et du début du20ème siècle avaient une vision bien plusétroite de la neutralité que celle des bourgeo-is d’aujourd’hui : pour eux, une attaque mili-taire restait une option viable si elle venait à seprésenter. Quelques exemples : durant la pre-mière guerre mondiale, il y a eu des tentationsparmi quelques gradés de l’armée de profiterde la faiblesse de l’Italie pour « récupérer » leVeltlin. Pendant l’affaire de Savoie de 1860, ce

n’est que grâce au bon sens de quelques par-lementaires alémaniques que la Suisse ne ten-ta pas d’annexer le Chablais pour le compte ducoté sud du lac Léman. Le premier général dela Suisse, Niklaus Franz Bachmann, se permitlui-aussi certaines libertés avec le concept. An-cien mercenaire dans les armées françaises etcritique conservateur de la Révolution fran-çaise, il fut nommé Haut Commandant destroupes suisses après le retour de NapoléonBonaparte en 1815, il y a de cela exactement200 ans. Avec une armée de 20’000 hommes, ilenvahit la Franche-Compté et prit Pontarlierainsi que deux fortifications françaises. Afinde donner le coup de grâce à cette soi-disantneutralité, il s’allia à l’armée autrichienne, quielle aussi avait déclaré la guerre à Napoléon.L’attaque contre la France tourna cependant àla débâcle : les soldats se mutinèrent car ils vou -laient rentrer faire la récolte de leurs champs,les officiers se disputèrent et la logistique s’ef-fondra. Depuis, aucune autre unité militairesuisse n’a jamais attaqué un pays voisin.

Il peut paraitre regrettable de voir à quel pointla représentation ahistorique des débuts de laneutralité Suisse après Marignan est répandue.Dans un même temps, l’impact de ce mythe in-venté à la fin du 19ème siècle a ses bons côtés: d’autres pays utilisent des guerres du MoyenÂge pour attiser le ressentiment contre leursennemis contemporains ou pour justifier lerétablissement d’un honneur violé ou la récu-pération de territoires perdus par la force.Nous, Suisses, sommes heureusement éparg-nés par de tels discours. Si le prix à payer pourl’absence d’un militarisme agressif est la priseen otage d’un mythe national – la neutralité –par les bourgeois-conservateurs, on peut bienleur laisser leurs contes de fées. Ceci ne doitcependant pas empêcher le souvenir des guer-res inutiles de la campagne de Franche-Comtéet de Marignan, dans lesquelles se sont jetéestêtes baissés les élites militaires suisses d’alors.

d’investir, par exemple, un milliard de francsdans la «communication mobile» ou encored’acheter des camions pour un montant de500’000 francs. Et tandis que le DDPS prévoitdes dépenses supplémentaires, le Conseil fé-déral va soumettre à consultation, après les vo-tations de novembre, un nouveau plan d’éco-nomies pour 2016. Et si cela ne suffisait pas en-core, d’après les prévisions, la Confédérationpourrait faire des déficits de 2017 à 2019. LaConfédération doit économiser – mais la ques-tion de savoir si l’armée y sera forcée reste en-core ouverte. Il semblerait que jusqu’à au-jourd’hui, le Parlement ait bien volontiersexaucé les souhaits de l’armée.

GLOSE

Prise de pouvoir

(af) Certains sondages font dresser lesoreilles : d’après la majorité des interrogéslors d’une étude menée par l’École poly-technique fédérale de Zurich, la sociétéprivée Securitas serait la première instan-ce responsable de la sécurité dans lepays. Grâce à une image favorable auclient, elle a délogé sans violence l’Arméesuisse de sa position et a ainsi de facto ré-cupéré le monopole étatique. Félicitations! Le Securitas peut être mobilisé dansn’importe quelle situation- et ce, sans for-mation préalable et à des prix défianttoute concurrence. Même les augmentations conséquentesdu budget de l’armée des dernières an-nées n’ont rien pu y changer. L’armée es-saie tout de même de contrer cette ten-dance en achetant une myriade de joujouxhaute-technologie, mascarade d’attracti-vité et de crédibilité. Sur la liste des cour-ses, on retrouve de nouveaux véhiculestout terrain Mercedes, qui, malgré leuréquipement rudimentaire, sont néanmoinsdeux fois plus chers que la version de luxeavec cuir et sièges chauffants. Viennentensuite les nouveaux drones sans pilote,qui doivent être accompagnés lors dechaque second vol, car s’ils volent seuls,ils représentent un danger pour l’aviationcivile. Enfin, l’armée s’est également do-tée de nouvelles armes pour ses simula-teurs de guerre, afin que les soldats nes’ennuient plus en cours de répétition. Etla cible de cette offensive de charme estla jeunesse. Ainsi, dans le canton du Va-lais, un commandant de l’armée a invitédes parents et leurs progénitures à venirobserver de près son arsenal. Toucher estautorisé et même encouragé. La taille desenfants semblait même inversementproportionnelle aux armes qui leur furentplacées entre les mains. La suite logiqueparait être des obusiers blindés pour lesbébés. Un cadeau de l’Etat aux parentspour chaque naissance, pour encouragerla production de futurs soldats. Et qui nesait qu’en faire, ou n’a pas de place dansle garage pour le moment, peut simple-ment exporter ledit char à l’étranger.

Non à l’augmentation des dépenses militaires !

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GSsA Journal No 104 Août 2015

Le commerce des armes, les investissements dans les entreprises d’arme ment,la recherche militaire dans les universités ainsi que les lobbys de l’armementdans la Berne fédérale sont les quatre piliers de l’industrie de l’armement enSuisse. Bien que les profits de la guerre et de la mort soient très élevés, cephéno mène est seulement perçu de façon marginale par la population. C’estcontre cela que nous voulons nous défendre ! Par Lewin Lempert

Les industries de l’armement subsistent grâce aux conflits mili-taires et à l’instabilité globale. Les entreprises suisses veulentelles aussi vendre leurs produits et obtenir leur part du gâteau.Ainsi, il est simple de percevoir l’intérêt qu’elles ont à la désta-bilisation mondiale, à l’insécurité globale et aux conflits armés :elles tirent leurs profits de la guerre. Pour les banques, les com-pagnies d’assurance et les caisses de pension helvétiques, lesentreprises d’armement représentent des investissements profi-tables. Plus les états s’arment, meilleur est le retour sur inves-tissement – les états ont donc un intérêt financier concret à lacourse aux armes et aux guerres. D’un coté, les entreprisesd’armement locales produisent pour le compte des armées dupays, de l’autre, elles doivent se profiler sur le marché mondialde l’armement en termes de profitabilité. Et pour cela, elles ontbesoin d’innovation et de recherche, ente autres en collaborati-on avec hautes écoles suisses. Un nombre important de person-nes font de la recherche sur contrat de l’industrie de l’armementet de l’armée dans les écoles polytechniques, les universités et lesHES suisses. Ainsi, le système académique est instrumentaliséafin de développer de nouvelles technologies militaires. Cetterelation entre entreprises privées et politique officielle est mas-sivement soutenue par le lobby de l’armement. Cela représenteen quelque sorte le pot-de-vin de l’industrie de l’armement auxparlementaires et bureaucrates, ce qui lui permet de s’assurerleur soutien au sein des institutions politiques fédérales. Ainsi,

inquiété par des profits en baisse, le groupe d’intérêts de l’ar-mement a réussi à assouplir la loi sur le matériel de guerre, per-mettant à nouveau de fournir légalement du matériel de guerreà des états violant gravement et systématiquement les droits del’homme. Le GSsA exige que la Suisse mette fin au commercede la guerre, interdise le commerce de l’armement et les inves-tissements dans les entreprises productrices d’armes et intro-duise une clause civile pour la recherche et l’enseignement dansles établissements de formation supérieure. Ainsi seulement, laSuisse pourra accomplir sérieusement son mandat constituti-onnel de respect des droits humains et de contribution à unecoexistence pacifique entre les peuples. Par le biais de la cam-pagne „Cessez le feu!“, nous voulons ouvrir un débat publicsur la question, afin de définir si nous voulons être une partiedu problème ou de la solution. En ce sens, nous avons établiquatre revendications : 1. Pour une interdiction de l’exportation de matériel

de guerre !

2. Pas d’argent suisse investi dans les conflits autour du monde !

3. Pour une recherche et un enseignement civils !

4. Pas de militaristes au Palais fédéral !

Avec ton aide, nous pourrons atteindre ces quatre objectifs, etainsi poser un cessez-le-feu à l’industrie de l’armement !

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CAHIER SPÉCIAL

Tu retrouveras du matériel

de campagne en dernière page

de ce journal !

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Les banques et les caisses de pension investissent dans l’industrie de l’armementFINANCEMENT

Les banques et les caisses de pensionsuisses investissent chaque année des cen -taines de millions dans les multinatio nalesde l’armement qui produisent égalementdes armes interdites par le droit internatio-nal telles que des armes nucléaires ou des armes à sous-munitions. Et ceci malgrél’interdiction de financement de ces armesdans le droit suisse. Par Meret Schneider.

La place financière suisse fait souvent l’objetd’âpres critiques dans les médias – entre au-tres : licenciements, mauvaises performances,bonus exorbitants pour les managers, directi-ves internes sexistes. Les pratiques d’investis-sement de ces même banques restent cepen-dant souvent épargnées par les dénonciationspubliques. Les instituts financiers investissentsuivant la logique du profit, avec « le retoursur investissement » pour devise. Certainesbanques ont un code d’éthique, selon lequel ilsexcluent certains placements. Par exemple,dans le rapport d’activité 2013 de la banquenationale suisse (BNS) figure que « la BNS adécidé en 2013 de ne pas investir dans des en-treprises qui produisent des armes interditespar le droit international ». Ce qui peut parai-

tre plutôt convaincant sur le papier reste enpratique sans effet. Durant la première moitiéde 2014, la BNS a augmenté ses investisse-ments auprès des fabricants d’armes améri-cains Honeywell International et LockheedMartin à hauteur de 66 et 45 millions de francs.Honeywell International produit environ 85pour-cent des composants non-nucléaires desarmes nucléaires étasuniennes. LockheedMartin est le plus gros producteur d’armes aumonde et chargé de la production et de l’en-tretien d’armes atomiques pour les USA et laGrande-Bretagne. La BNS n’est de loin pas seule à agir de la sor-te : Crédit Suisse, l’UBS, les banques cantona-les ainsi que d’autres banques moins connuesont investi depuis 2011 des sommes atteignantdes milliards dans des firmes qui produisentdes armes interdites par le droit international. En tête de liste, on retrouve l’UBS, qui a investià elle seule plus de trois milliards de dollarsnord-américains dans de telles entreprises, en-tre autres Lockheed Martin, Boeing, BAESystems et Raytheon, les quatre plus gros pro-ducteurs d’armes au monde. Mais l’UBS n’estpas seule à tirer profit d’affaires douteuses.Crédit Suisse par exemple, après avoir déclaré

en 2010 de ne plus faire d’affaires avec desentreprises fabriquant des mines anti-person-nelles ou des bombes à sous-munition, a in-vesti presque 1.5 milliard de dollars US dansdes entreprises productrices de bombes ato-miques et de bombes à sous-munitions. Petitpoint positif : la banque s’est retirée du capi-tal de l’entreprise Textron, l’un des principauxfabricants de bombes à sous-munitions. Au fi-nal, ce sont non moins de 5 milliards de dollarsqui ont été investis cette année par des ban-ques suisses dans des entreprises produisantdes bombes atomiques et des bombes à sous-munitions. Et ce, si l’on ne prend en compteque les banques susmentionnées et les entre-prises qui produisent des armes interdites parle droit international. Mais comment cela est-il possible, malgré l’interdiction ?

Pour un contrôle efficaceBien que le financement de la production d’ar-mes interdites par le droit international soit in-terdit depuis février 2013, cela ne concerneque les investissements directs ou indirects –ceux pour lesquels il est possible de prouverque l’interdiction a été volontairement con-tournée. Cependant, les provisions courantes

du droit pénal ne s’appliquent pas : habituel-lement, un accusé est déclaré coupable s’il estprouvé qu’il a commis l’acte volontairementou en connaissance de cause des conséquences.Dans le cas de l’interdiction de financement,même si l’auteur de l’infraction l’a commise enconnaissance de cause, il n’y a pas de délit.Cela veut dire que dans la pratique, il est qua-siment impossible de prouver une violation dela loi – en particulier lorsqu’il s’agit d’investis-sements dans des fonds indiciels. En conséquence, le GSsA exige une inter-diction de financement effective. De plus, lesbanques doivent introduire des critères éthi-ques pour leurs affaires et les rendre publics.La nécessité de telles mesures se vérifie lors-qu’on observe les portefeuilles des banquessuisses scrutées, qui jouent des rôles décisifs entant qu’actionnaires auprès des plus gros pro-ducteurs d’armes du monde. Une autre politi-que est possible, comme le démontre l’attitu-de des banques scandinaves telle que la ASNBank, Folksam, Philips Pension Fund et biend’autres, qui ont simplement éliminé ces mul-tinationales de leurs portfolios d’investisse-ments. A quand une politique semblable dansles banques suisses ?

Pour une interdiction des exportations de matériel de guerre !EXPORTATIONS DE MATÉRIEL DE GUERRE

Les armes ne sont pas un bien comme lesautres. Elles sont produites afin de détruiredes vies humaines. Le plus possible. Et dela façon la plus efficace possible. La Suisse,supposément neutre, s’implique de plus enplus dans ce sale commerce. Par Nora Komposch

En 2014, la Suisse a exporté du matériel deguerre à plus de 79 pays, pour une valeur de1,5 milliard de francs, ce qui représente presquedeux fois le montant de l’année précédente.Les exportations ont presque atteint les ni-veaux record des années 2011 et 2012. Parmiles plus importants importateurs de matérielde guerre helvète, on retrouve : l’Allemagne,l’Indonésie, l’Italie, les USA, la Grande-Bre-tagne, la France, les Emirats Arabes Unis, leBahreïn et le Brésil. Le premier consommateurde « biens militaires spécifiques » est la régionactuellement la plus explosive du monde : leMoyen-Orient. En 2014, la Suisse a livré desbiens d’armement d’une valeur de presque undemi-milliard de francs dans les zones de con-flit de cette région. Pour la même catégorie debiens, on retrouve la Russie en tant que grosconsommateur d’armes suisses. En agissantainsi, la Suisse viole non seulement ses propresefforts pacifistes, mais également sa neutrali-té et sa tradition humanitaire.

Le profit plutôt que les vies humaines Que le matériel de guerre puisse être utilisé

des années après sa livraison s’illustre très bienà l’aide d’un événement récent : en mai 2015,une vidéo a fait son apparition sur le net,montrant des chars d’assaut Piranha thurgo-viens appartenant à l’armée saoudienne quise prépa raient à une invasion à la frontière duYémen. Les exportations d’armes quellesqu’elles soient sont toujours problématiques.La « guerre contre le terrorisme » en Iraq , enAfghanistan et en Syrie le démontre : les dé-mocraties occidentales n’hésitent pas à s’en-gager dans des guerres illégales du point devue du droit international ou à commettre desviolations des droits de l’homme. La Suissepropose à de nombreuses entreprises d’arme-ment un environnement sûr. Parmi de nom-breuses firmes de taille moyenne, quatre gros-ses entreprises jouent clairement le rôle deleader : la Mowag (qui appartient à GeneralDynamics European Land Systems), les usinesde Pilatus, Rheinmetall Air Defence etRUAG. Elles profitent toutes des guerres etdes régimes corrompus dans le monde entier.Par exemple, des chars d’assaut de la Mowagfurent utilisés en 2011 par le régime Saoudienpour réprimer les mouvements d’oppositionau Bahreïn, des avions Pilatus servirent à Sad-dam Hussein pour répandre des gaz toxiquessur les Kurdes au Nord de l’Iraq, des grenadesde RUAG tuent à tout va au quotidien dans laguerre civile syrienne et des canons de Rhein-metall sont déployés et prêts à tirer au Pakis-tan et en Iran.

Une absurde différenciation dans la lé-gislation L’assouplissement de la Loi sur le matériel deguerre en 2014 le démontre une fois de plus :les profits importent plus en Suisse que lesvies humaines. Ainsi, les exportations de ma-tériel de guerre vers des régimes qui violentgravement et systématiquement les droitshumains sont maintenant ouvertes et légales.Les exportations de matériel de guerre sontréglementées en Suisse par la Loi sur le maté-riel de guerre (LFMG) ainsi que la Loi sur lecontrôle des biens (LCB). En droit suisse, onentend par « matériel de guerre » les armes quisont spécifiquement conçues pour les opérati-ons armées et ne peuvent pas être utilisées àdes fins civiles. Parallèlement, la LCB réguleles exportations des « biens militaires spécifi-ques », par exemple les avions d’entrainementmilitaire de Pilatus. La Loi sur le contrôle desbiens se démarque en ceci de la LFMG dans le

sens où elle est bien moins restrictive que cet-te première et autorise en conséquence bienplus d’exportations. Cette différenciation estabsurde : aussi bien les chars d’assaut Piranhasde la Mowag (catégorie « matériel de guerre »)que les avions militaires Pilatus (« biens mili-taires spécifiques ») sont des biens d’armementqui servent au final à faire la guerre. Les vies humaines sont plus importantes queles profits de l’industrie de l’armement. C’estpourquoi le GSsA exige une interdiction del’exportation de matériel de guerre et de biensmilitaires spécifiques. Annuler l’assouplisse-ment de la LFMG ne serait qu’un premier pasdans la bonne direction. L’idéal à atteindre estune interdiction complète et totale de l’expor -tation de matériel de guerre quel qu’il soit.Ainsi, la Suisse pourrait donner un signal fortcontre les guerres et pour la paix dans lemonde, réhabiliter sa neutralité et gagner enprestance internationale.

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CAHIER SPÉCIAL

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GSsA Journal No 104 Août 2015 7

Pour une recherche et un enseignement libre ! CLAUSE CIVILE

Avant qu’une arme puisse jouer de la gâ-chette, elle doit d’abord être développée. Il arrive souvent que des hautes écoles soi-ent impliquées dans le développement denouvelles technologies d’armement. Uneclause civile pourrait changer les choses.Par Thomas Leibundgut

Les hautes écoles suisses sont elles aussi impli-quées dans des recherches dont le but est decréer des armes encore plus mortelles et dessystèmes de surveillance à efficacité renouve-lée. Il s’agit, d’une part, de projets publics dontle sujet de recherche est une problématiquemilitaire ou de projets directement mandatéset financés par l’armée ou l’industrie de l’ar-mement. Impliqués sont non seulement leschercheurs en sciences naturelles ou les ingé-nieurs, mais également ceux issus des sciencessociales.Ainsi, les conflits armés et les guerres créent unmarché mondial pour les biens militaires etd’armement. L’utilisation à des fins militairesde la science et du développement technologi-que est une dimension essentielle de la courseaux armes, qui est aujourd’hui plutôt concen-trée sur la domination technologique que sur levolume d’armes.

La situation en SuisseDiverses hautes écoles suisses sont impliquéesdans la recherche militaire et le développementd’armes. L’Ecole polytechnique de Zurich faitde la recherche financée par et pour le comp-

te de la US Air Force, afin de développer desjets de combat encore plus performants. L’uni-versité de Zurich a déjà mis au point un sys -tème de traitement des données financé parla NSA. La ZHAW (Zurich University of Ap-plied Science) fait des recherches mandatéespar armasuisse, l’Office fédéral de l’armement,dans le domaine des robots militaires. Les hau-tes écoles suisses sont ainsi directement impli-quées dans le monde de l’armement et la con-duite de la guerre. Les hautes écoles peuvent soit être au servicede la paix, soit être instrumentalisées à des finsde guerre et pour des militaristes. La questionqui se pose est la suivante : qu’attend une socié -té libérale (dans le sens politique) et pacifistede ses hautes écoles ? Devraient-elles faire dela recherche pour la paix et l’élaboration desolutions civiles dans tous les domaines ouparticiper à la course aux armes et au déve-loppement d’armes toujours plus mortelles ? Nous sommes persuadés que les hautes écoles,et la science en général, devraient être au ser-vice de la paix et être axées sur la recherche desolutions civiles et pacifistes aux problèmes dela société, et non sur le développement d’armestoujours plus mortelles et de systèmes de sur-veillance plus élaborés.

La solution : une clause civile C’est pourquoi nous voulons introduire uneclause civile dans les hautes écoles suisses. Laclause civile signifie que les institutions de for-mation supérieure refusent toute participation

à une recherche ou à un enseignement qui sertdes buts militaires. La recherche militaire et lacoopération avec l’armée et l’industrie de l’ar-mement sont fondamentalement interdites. Plusieurs universités de l’espace germanopho-ne, entre autres la Technische Universität Ber-lin, ont déjà introduit une clause civile récem-ment ou lors des 15 dernières années. Cesexemples montrent qu’une clause civile peutêtre une réalité concrète et non un idéal à att-eindre dans le futur. Aujourd’hui, la part de la recherche militaireen Suisse est encore relativement faible. Ils’agit principalement de projets isolés et de fai-bles montants – un domaine de recherche dontla Suisse peut aisément se passer, sans perdred’importantes sources de financement ou un

nombre de projets élevés. Au contraire : unelibération des hautes écoles suisses de la re-cherche militaire permet de créer plus de po-tentiel pour des domaines de recherche civilsprometteurs. En addition à de telles clauses civiles, les hau-tes écoles doivent également rendre publictous leurs projets de recherche. La transpa-rence est une condition sine qua non pourpermettre un débat public démocratique et cri-tique sur la science. De par cette obligationchoisie par les hautes écoles de faire seulementde la recherche à des fins civiles et pacifistes etde refuser l’instrumentalisation de l’industriede l’armement et du militaire, la Suisse pourrafaire un réel pas en avant dans la constructiond’un monde plus pacifiste.

Pas de militaristes au Palais fédéral ! LOBBY DE L’ARMEMENT

Bien qu’omniprésent, le lobby de l’arme-ment est pratiquement invisible en Suisse.Il permet aux partisans du commerce de lamort d’atteindre des majorités au Parle-ment. Il influence les prises de décisionslorsqu’il s’agit de l’acquisition de nouveauxsystèmes d’armement. Et cela, grâce à des moyens financiers énormes. Par Lewin Lempert

La Suisse est le seul pays d’Europe centraledans lequel les partis, les politiciens et les co-mités référendaires ne connaissent pas l’obli-gation de rendre leur financement public. Enconséquence, l’identité de ceux qui financentles campagnes politiques reste complètementocculte. Et ce n’est pas uniquement lors de vo-tations ponctuelles que l’argent coule soudainà flot de sources douteuses : le lobby de l’ar-mement est présent au quotidien au Palais fé-déral et dans d’autres institutions. De nom-breux membres du Parlement sont en fait deshommes de main de l’industrie de l’armement.Des boîtes de relations publiques qui ont par-

fois droit d’entrée au Parlement, comme Far-ner PR par exemple, jouent le rôle d’intermé-diaire entre le Parlement et les entreprises in-dividuelles de l’armement. Les effets que cepuissant lobby peut avoir sur la politique sesont vus lors de l’assouplissement de la Loi surle matériel de guerre (LFMG) en 2014. La ma-jorité bourgeoise a soudainement décidé, en fa-veur de l’industrie de l’armement, d’autoriserà nouveau les exportations vers des pays quiviolent systématiquement et gravement lesdroits de l’homme. De nombreux parlementaires entretiennentd’étroites relations avec le lobby de l’arme-ment. Leo Müller, Conseiller national PDC, apar exemple procuré un droit d’entrée directau Parlement à Oscar Schwenk, PDG de Pi-latus. Pilatus produit majoritairement desavions militaires « d’entrainement » – qui peu-vent cependant également être armés et quiont déjà été utilisés à de nombreuses reprisescontre des populations civiles. L’emprise dulobby est également présente dans les médias :le chef de la rubrique nationale de la NZZ,

Rene Zeller, ainsi que le secrétaire général del’UDC sont d’anciens employés de Farner PR.Au sein de la Commission de la politique de sé-curité du Conseil national (CPS-N), 12 des 25parlementaires sont membres du « Cercle detravail sécurité et défense » (CSTD), organisa-tion contrôlée par Farner PR. Ainsi, 12 des 25membres de la CPS-N sont membres du lobbyde l’armement et constituent, à une voix près,la majorité absolue.

Opacité et népotisme Dans le domaine de la politique d’approvisi-onnement aussi, les conflits d’intérêts foison-nent. Un des exemples est l’achat planifié d’unnouveau système de défense aérienne au sol(défense air-sol – DSA). Au centre de l’action,Fabian Ochsner, membre de l’Etat-major d’en-gagement des Forces aériennes du DDPS etprésident central de l’AVIA, la Société desofficiers des forces aériennes, est égalementvice-directeur de Rheinmetall Air Defence,une entreprise spécialisée dans les systèmes dedéfense anti-aériens. Ochsner est responsable

de la gamme de produits et du marketing del’entreprise. En d’autre termes : Fabian Ochs-ner participe à la prise de décision du DDPSd’acheter ou non les produits de l’entreprisequi l’emploie. Il devrait aller de soi que les parlementairesdoivent rendre public les intérêts qu’ils re-présentent et à qui ils procurent une entrée auPalais fédéral. Il en va de même pour le fi-nancement de la politique en général. C’estpourquoi le GSsA exige :

1. Plus de transparence et la communicationde toutes fonctions et mandats lors de la re-mise d’une autorisation d’entrée au Palaisfédéral !

2. La divulgation de tout rattachement à desintérêts privés de la part des parlementai-res, ainsi que des associations dont ils sontmembres et leurs sources de financement !

3. Une totale transparence du financement dela politique !

Aujourd’hui encore, de nombreuses activitésdes lobbys de l’armement restent cachées etopaques. Pour vous, nous nous efforçons de lesrendre publiques !

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GSoA-Zitig August 2015 Nr. 1638

CAHIER SPÉCIAL

Dimanche soir 23 aoûtil fait nuit noire. Les conditions parfaites pour lestrafiquants aux mains tachées de sang et assoiffésde profit. Nous voulons montrer du doigt ceux quiprofitent de la guerre ! Zurich est le lieu idéal...

Vendredi 28 août les banques cantonales ont elles aussi des com-portements tendancieux. Les comptes semestrielsde la Banque Cantonale zurichoise sont le point dedépart idéal pour une action créative !

Mardi 8 septembrela Banque Nationale Suisse est embourbée dans lesmagouilles de l'industrie de l'armement. Ceci doitchanger !

Mardi 27 octobreles exportations d'armes seront toujours une épinedans le pied... Le matin, le Secrétariat d'Etat àl'Economie présente les dernières statistiques surles exportations. Et nous serons de la partie !

Lundi 16 novembre les seigneurs de la guerre adorent la Suisse. Ici,on peut cacher de l'argent afin de financer lesderniers achats d'armes à la maison. Pas avecnous !

Décembrela période de l'Avent est un tempspour l'activisme ! L'industrie de l'ar-mement ne dort jamais – nous nonplus, et sûrement pas à Noël.

Début du semestre en septem-brenous voulons réveiller les universités ! Clause civi-le à la place de la recherche militaire – pour une re-cherche et un enseignement libre.

Début octobreplus de militaristes au Parlement ! Nouspartons en croisade contre le lobby del'armement au Palais fédéral !

Première semaine de novembreles caisses de pension gèrent de l'argent qui nous appar-tient. Cependant, leurs agissements sont opaques et dictéspar la recherche du profit à tout prix – et il en va de mêmelorsqu'il s'agit d'investir dans l'industrie de l'armement.Pour nous cela signifie : il est temps d'agir !

Lundi 30 novembrepremière session pour le Parlement fraichement élu.Il n'est pas encore clair si les vieux militaristes se-ront remplacés par les jeunes pacifistes. Mais quece soit pour exulter ou huer, nous serons là !

Time to Act – Save the Date!(ll) Il n'y a qu'avec toi que nous pouvons mettre cette campagne en route ! Ce n'estqu'en unissant nos forces que nous pourrons faire vaciller l'industrie de l'armement! Inscris donc ces dates en gros dans ton agenda. Ou accroche les au-dessus de tonlit, à la porte des toilettes ou dans l'escalier. L'important, c'est que tu viennes ! Avecpour devise : Cessez le feu ! Aide-nous et engageons-nous pour une politique paci-fiste conséquente !

Tu trouveras des informations supplémentaires sur les ac-tions dans notre Agenda sous www.gsoa.ch/gsoa/agenda,par Email via notre Newsletter, sur notre page facebook etsur le site internet www.kriegsmaterial.ch.

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GSsA Journal No 104 Août 2015 9

GENÈVE

En 2012, Mme Isabelle Rochat, conseillèred’Etat anciennement en charge du dossier, sig-nait un protocole d’accords additionnels avecM. Ueli Maurer, afin de libérer de façon anti-

Le 3 juin dernier, 9000 signatures ont étédéposées en appui au référendum initié le 26 avril dernier par le GSsA. Ces 9000signatures, récoltées principalement par le GSsA et le mouvement solidaritéS, con-stituent un signal fort: le financement denouvelles places d’armes par le canton etles futurs locataires de la parcelle des Ver-nets ne va pas de soi. Les Genevoises etles Genevois trancheront la question de laconstruction d’une nouvelle caserne àMeyrin-Mategnin. Par Amanda Gavilanes

Caserne contre logements, un marché de dupescipée de la parcelle des Vernets. Ces accordsposent un certain nombre de problèmes aussibien sur le fond que sur la forme. En effet, laconstruction et la mise à disposition d’infra-structures militaires entièrement financées parle canton crée un précédent inacceptable dansles relations cantons-armée, dont les consé-quences dépasseraient les frontières genevoi-ses. A cela s’ajoute l’impact direct de cet ac-cord sur la réalisation de logements d’utilitépublique.Le Conseil d’Etat et la majorité du Grand con-seil genevois entendent donc offrir à l’arméeune nouvelle caserne et la transformation dedeux autres places d’armes en échange du dé-part de l’armée de la caserne des Vernets. Aufinal, avec la réalisation pour 21 millions de

francs d’une nouvelle caserne à Meyrin-Ma-tegnin et les deux projets de places d’armes àAire-la-Ville et Epeisses, le canton entend dé-bourser près de 75 millions de francs en faveurde l’armée. Ces projets sont profondément dis-proportionnés et injustes. Ces vingt dernièresannées, l’armée a réduit ses effectifs passant de600’000 à 120’000 soldats. De nombreuses pla-ces d’armes, notamment dans les villes, ont étéfermées sans aucune compensation. Pourquoidevrions-nous faire office d’exception? Genèvea besoin d’investir dans des projets utiles à lacollectivité. Ce qui n’est pas le cas ici. De plus,la réalisation de la nouvelle caserne de Meyrin-Mategnin se fera en grande partie au détri-ment des futurs locataires du site des Vernets.En effet, comme il est spécifié dans l’appel

d’offres du canton, les constructeurs des loge-ments prévus aux Vernets pourront fairepayer aux locataires les charges liées au dé-ménagement de l’armée moyennant un « dé-plafonnement des loyers maximums des lo-gements ». À la clé, les contribuables et leslocataires genevois vont passer à la caisse pourtrois nouvelles places d’armes et des logementstrop chers! Le GSsA se réjouit du dépôt des 9000 signa-tures qui montrent l’intérêt et l’inquiétude descitoyennes et des citoyens genevois concernantce projet de construction qui conduit à une mi-litarisation outrancière du canton. Les Gene-voises et les Genevois ont également exprimé,à travers leurs signatures, leur scepticisme fa-ce au mode de financement du projet et àl’impact que celui-ci aura sur la réalisation devrais logements d’utilité publique sur la par-celle des Vernets.

FRONTIÈRES

Lorsque l’on considère l’évolution de la poli-tique d’asile et de migration européenne, onperçoit une tendance à la diminution du niveaude démocratie. On remarque cela notammentà travers l’exemple de l’agence de protectiondes frontières européenne (Frontex), quiéchappe au contrôle du Parlement européen.

L’agence répond seulement à la CommissionEuropéenne et au Conseil de l’Europe, qui sontdes institutions interétatiques et dominées parles nations les plus puissantes de l’Union euro -péenne (UE) : l’Allemagne, la France et leRoyaume-Uni. En tant que membre de Fron-tex, la Suisse participe au processus de militari -sation du contrôle des frontières européennes,sans pour autant y avoir un droit de parole etde décision. Une illustration parfaite de cette« participation muette » peut s’observer à tra-vers les activités de la Suisse en tant que mem-bre d’Eurosur – organisation à laquelle laConfédération collabore de puis mars 2015. De part sa participation à Eurosur, la Suisse estintégrée dans le « European Border Surveil-lance System », un système de surveillance

En tant que membre de Schengen, la Suisseparticipe à Frontex. Cependant, la Suissen’est pas représentée à la CommissionEuro péenne ou au Conseil Européen, insti-tutions dont répond directement l’agencede protection des frontières ex térieures européennes. Quel rôle la Suisse joue-t-elleconcrètement dans cette constellation ?Par Meret Schneider

Frontex, L’Europe et la Suisse haute technologie qui scanne les 15’000 kilo-mètres constituant la frontière extérieure del’espace Schengen au moyen de satellites et dedrones. Eurosur est le système d’échange d’in-formations de Frontex, dont la mauvaise ré-putation ne fait qu’augmenter au rythme desviolations répétées des droits humains dont el-le se rend coupable. Mais apparemment, la finjustifie les moyens : le budget des opérationsmaritimes «Poséidon» et «Triton» vient d’êtretriplé (avril 2015), passant de trois à neuf mil-lions d’euros par mois. Et ceci bien que lesopérations maritimes fassent l’objet de sévèrescritiques en raison des accusations de violati-ons des droits de l’homme qui entachent cescampagnes en méditerranée. En parallèle, lenombre de jours de mission de soldats suissesauprès de Frontex ne cesse d’augmenter. Leprojet de développement de l’armée (DEVA)qui prévoit l’autorisation et l’augmentation du

déploiement de troupes à des fins civiles, revêtune signification bien différente lorsque l’onconsidère la militarisation de la politique d’asileet de migration : s’agira-t-il vraiment uniquementde déblayer les pistes de ski du Lauberhorn etde nettoyer les forets après des inondations ? Lechercheur spécialiste de la paix, Tobias Pflüger,décrit l’UE comme l’ « archétype de l’ap pli ca -tion militaire civile », en regard au nombrecroissant d’actions militaires combinant forcesciviles, policières et militaires. Une tendance quel’on observe également en Suisse. Le ConseilNational a, par exemple, autorisé en juin dernierl’achat de Drones Hermes-900 pour un mon-tant total de 250 millions de francs. D’aprèsarmasuisse, ceux-ci seront, d’après déployésen priorité « en soutien aux autorités civiles,par exemple la police ou les gardes-fron tières. ».L’Europe militarise les frontières, la Suissecofinance, co-militarise et se tait.

INITIATIVE MULTINATIONALES RESPONSABLES.

L’entreprise d’informatique Suisse Neosoft dé-veloppe des systèmes de surveillance hautetechnologie. En été 2014, la firme reçut la visi-te de dix membres de l’unité paramilitaire spé-ciale Rapid Action Battalion du Bangladesh.D’après des organisations de défenses de droitde l’homme telles qu’Amnesty Internationalet Human Rights Watch, la RAB est coupablede centaines d’assassinats et d’enlèvementsd’activistes de l’opposition au Bangladesh. Au centre des prérogatives de la RAB enSuisse : le système IMSI-CATCHER déve-loppé par Neosoft. Cette technologie permetd’espionner et d’identifier les téléphonesportables se trouvant dans un rayon de plu-sieurs centaines de mètres alentours – inutilede préciser qu’entre de mauvaises mains, cettetechnologie peut être utilisée à des fins de

répression. Il est plus que probable que ladélégation en visite à Zurich ait été forméeà l’utilisation et la maintenance du IMSI-CATCHER. Afin d’empêcher la répétition de cas similairesde violations de droits humains liés aux activitésde multinationales ayant leur siège en Suisse àl’avenir, une coalition de plus de 70 ONGs,d’oeuvres de bienfaisance, d’organisations dedéfense de l’environnement, de syndicats etd’organisations ecclésiales s’est formée pourlancer l’initiative pour des multinationales re-sponsables. La GSsA est aussi de la partie.Cette initiative exige des multinationales suis-ses que celles-ci respectent aussi les droits del’homme et les standards environnementauxdans leurs activités à l’extérieur de la Suisse.

Fonctionnement de l’initiativeLe principe sur lequel se fonde l’initiative estun devoir de diligence obligatoire pour toutesles entreprises ayant leur siège en Suisse. Encas d’acceptation de la votation par le peuple,les multinationales concernées auraient l’obli-gation de vérifier si elles sont impliquées dans

Les scandales révélant l’implication de multinationales suisses dans des cas deviolation des droits de l’homme et de destruction de l’environnement sont légion.Une initiative populaire vise à mettre fin à de telles pratiques. Par Seraina Patzen

Affaires internationales, responsabilité internationale des violations des droits de l’homme ou de de-struction de l’environnement ou si elles en sontelles-mêmes les instigatrices. En de telles cas,elles seraient tenues de prendre des mesuresafin d’y mettre fin et de rendre compte de ma-nière transparente des résultats de leur audit. En utilisant l’instrument du devoir de dili-gence, l’initiative met tout d’abord l’accent surla prévention. Afin d’inciter les multinationa-les à exécuter leur audit, l’initiative prévoit unmécanisme de responsabilité civile. Ainsi, lesentreprises qui ne mettent pas en oeuvre leurdevoir de diligence peuvent être tenues re-sponsables pour les violations des droits hu-mains et les crimes environnementaux commispar leur propre firme et leurs sociétés filles. Cela signifie qu’une entreprise ne doit passeule ment vérifier si les droits humains sont re-spectés à chaque échelon de l’échelle de pro-duction et de livraison d’un produit donné,mais aussi au niveau de sa commercialisation.Et cette dernière provision est de prime im-portance pour la GSsA : elle permettrait ainside forcer les entreprises de l’armement suissesde vérifier la comptabilité de leurs exportations

d’armes avec les droits humains. Grâce au de-voir de diligence, qui englobe les conséquencespour les droits humains dans leur intégralité, ilserait possible d’aller plus loin que les provisi-ons prévues par la loi actuellement en vigueursur l’exportation du matériel de guerre.

SCHWEIZ

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GSsA Journal No 104 Août 2015 10INTERNATIONAL

Bilan d’une catastrophe INTERVENTIONNISME MILITAIRE

L’interventionnisme militaire a rendu lemonde plus chaotique. Les conflits récentsen témoignent. Von Josef Lang

70 ans après la fin de la seconde guerre mon-diale et 25 ans après la fin de la Guerre Froide,le monde semble avoir à nouveau déraillé. EnEurope, la crise ukrainienne et l’expansion del’Etat Islamique donnent l’impression que lemonde a sombré dans un chaos généralisé.Ces deux explosions de violences ont cela encommun que l’interventionnisme militaire etles velléités d’expansionnisme de l’Occidentdes deux dernières décennies y jouent un rôledécisif. Débutons au Moyen-Orient. La terreur barba-re des extrémistes sunnites en Iraq, en Syrie etdans d’autres pays comme la Libye et la Tuni-sie est une conséquence directe de l’invasionbritannique et étasunienne de l’Iraq en 2003.La destitution des autorités sunnites, la margi-nalisation et la discrimination dont la minoritéfut l’objet après la chute de Saddam Husseinsont autant de facteurs qui expliquent la volon -té de vengeance de certains d’entre eux. Dansla rivalité Sunnite-Chiite pour le contrôle duMoyen-Orient, Daech ou l’Etat Islamique (EI)n’est qu’un pion parmi tant d’autres financépar les sunnites fondamentalistes saoudiens,premier partenaire des USA après Israël dansla région. L’EI est aussi ainsi soutenu indi-rectement par la Grande Bretagne, la France etles exportations d’armes en provenance de laSuisse.

Libye et SyrieL’ascension de Daech a aussi été favorisée parla militarisation et l’identification religieuse dela résistance contre la tyrannie du régime deBaschar-Al-Assad. Rappelons que si le gouver -nement Syrien tient encore envers et contre tout,c’est surtout grâce à la Russie et à la Chine,

dont les vetos empêchent la conclusion de ré-solutions au Conseil de Sécurité de l’ONUet/ou une éventuelle intervention militaire.Pourquoi ces deux pays agirent-ils ainsi en 2012après avoir toléré une situation semblable con-tre Kadhafi l’année précédente ? La réponsesemble se trouver dans l’interprétation de larésolution de la France, des USA et de laGrande-Bretagne, qui, tous trois membres del’OTAN, avaient utilisé la résolution sur laLibye – qui ne prévoyait rien de plus qu’unezone d’exclusion aérienne – pour justifier uneintervention militaire directe. Cette violationde la résolution de l’ONU dans laquelle la Rus-sie et la Chine portent indirectement une partde responsabilité en tant que membres du Con-seil de Sécurité les rendit méfiants envers leurspartenaires occidentaux. L’intervention de l’OTAN dans la guerre civilelibyenne eut une autre conséquence négative.Comme les Libyens n’eurent pas la possibilitéd’être les artisans de leur propre libération, ilsn’e purent créer les fondements permettant defonder une nation commune – rendant la pos-sibilité de vivre ensemble encore plus précairequ’elle ne l’était déjà. Emmanuel Kant, auteurde la « Paix perpétuelle » rejeta l’intervention-nisme militaire dans ses écrits car il le savait encontradiction avec les principes liés de libéra-tion collective et de maturité nationale. Les tentatives de médiation de l’ancien secré-taire général de l’ONU, Kofi Annan, échouè-rent aussi, et ce en raison de la mise à l’écart del’Iran par les USA – ce qui empêcha définitive -ment la Russie et la Chine, alliés de l’état Perse,de jouer un rôle constructif dans l’affaire. La seu-le force qui aurait été capable d’empêcher l’es-calade dans le conflit syrien avant l’apparitionde l’Etat islamique eut été l’ONU. Mais l’in-stitution ne voulait et ne pouvait agir qu’avecl’Iran – ce qui était exclu par les USA. C’est unevéritable tragédie pour tout le Moyen-Orient

de constater que le rapprochement entre lesUSA et l’Iran ne s’opère qu’aujourd’hui. Lors-qu’il s’agit de combattre Daech, d’après Ban-Ki-Moon, « les armes les plus efficaces contreles terroristes ne sont pas les bombes mais lessolutions politiques, telles que créer de l’emploiet des programmes sociaux. »

Le Kosovo et la Crimée Retour en Europe. Il y a de cela un an, l’ancienChancelier allemand, Gerhard Schröder, dé-fendait le comportement de Poutine quant àl’annexion de la Crimée en disant qu’il avaitlui-même violé le droit international en 1999 ens’engageant dans la guerre du Kosovo. Selonlui, la guerre du Kosovo était la porte ouverteà l’annexion de la Crimée. La participation dugouvernement vert-social-démocrate allemandà la guerre du Kosovo trouvait avant tout saraison d’être dans l’expression allemande. « LaSerbie doit mourir ». En 1991 déjà, la RFAavait reconnu la Croatie et la Slovénie sansconditions dès leur déclaration d’indépendan-ce de la Yougoslavie et ce bien que l’ONUavait prévenu que ceci pourrait mener « à unbain de sang en Bosnie-Herzégovine ». La plusgrande puissance de l’Europe, la RFA, ne secomporte pas plus respectueusement enversl’ONU que ses collègues étasuniens et britan-niques. A l’origine de la dérive : la fin de la guerrefroide et surtout la dissolution du pacte deVarsovie, qui précipitèrent l’OTAN dans unecrise existentielle. Dans un tel contexte, lapossibilité de justifier sa raison d’être en inter-venant contre Milosevic, sorte de « Diabolus exmachina », tombait à point nommé. Au débutde la guerre des Balkans, l’ONU et l’OSCEjouissaient encore d’une bonne réputationpour leur rôle dans la dissolution pacifique dubloc de l’est. Cela les rendaient encore plusdangereuses en tant que rivales de l’OTAN.Au final, au printemps 1999, la situation étaitla suivante : une guerre illégale du point de vuedu droit international au Kosovo, la transfor-

mation de l’OTAN en puissance d’attaquemondiale et la marginalisation de l’ONU.Robert Kagan, dans son livre culte néo-con-servateur « La puissance et la faiblesse » ar-gumente que « la viabilité à long terme del’alliance » était l’un des « buts principaux del’intervention américaine » au Kosovo, toutcomme « la préservation de l’alliance était unedes motivations premières de l’interventiondes USA dans la guerre de Bosnie ». La guer-re d’Iraq, elle aussi illégitime du point de vuedu droit international, n’est qu’une consé-quence de ce développement.

L’OTAN contre l’OSCE Au même moment, l’OTAN étendit son em-prise à l’Est, en acceptant les anciens membresdu pacte de Varsovie en tant que membre del’alliance militaire. Et ce bien que le chancelierallemand de l’époque, Helmut Kohl, ainsi queles ministres des affaires étrangères Genscheret Baker avaient promis à leur collègue russeGorbatchev de ne pas le faire. L’expansionnis-me de l’OTAN affaiblit la crédibilité de l’OS-CE et la présence de l’ONU en Europe avecpour conséquence un renouveau du nationa-lisme russe. La Suisse s’est engagée dans l’af-faire en violation de sa neutralité de part sonentrée au « NATO-Patnership for Peace » en1996. Grace au soutien du mouvement anti-guerre, particulièrement actif de 2002 à 2009,la gauche pacifiste parvint, par le biais d’unaccord arithmétique avec l’UDC à empêcherune participation de la Suisse à L’OTAN parl’intermédiaire de la Swisscoy. C’est donc enpartie grâce au GSsA qu’aucun soldat Suissen’a jamais du être envoyé en Afghanistan ouen Afrique. Mais comme le démontre le débat sur les avi-ons de transport , cette victoire pacifiste est ànouveau sur la sellette. Cela est d’autant plusinquiétant que le bilan de l’interventionnismemilitaire, en particulier en ce qui concerne la« guerre contre le terrorisme », est catastro-phique.

«Womens’ Power to stop war»FEMMES POUR LA PAIX

La Women’s Internationals League for Peaceand Freedom (WILPF) a fêté ses cent ansd’existence en organisant une conférencejubilé, qui s’est tenue du 27 au 29 avril 2015à la Haye. Par Agnes Hohl

La WILPF est la première organisation fémi-nine pacifiste de l’histoire. Elle a été fondée en1915, en pleine première guerre mondiale à laHaye, lors d’un sommet réunissant plus de1000 femmes originaires de douze nations dif-férentes rassemblées pour protester contre laguerre en cours à l’époque. A l’origine de l’initiative, on retrouve des fi-gures marquantes du mouvement pour le droitde vote des femmes, telles que Anita Aug-spurg ou Clara Ragaz. Dans l’entre-deux guer-res, la WILPF était l’organisation fémininephare dans le monde, avant de perdre de sonélan. Aujourd’hui, l’organisation compte plus

de trente sections réparties dans le monde en-tier. Au rang des nouveaux membres, oncompte la section ghanéenne, fondée l’an pas-sé, l’Espagne, qui rejoignit l’organisation il y ade cela quatre ans et la renaissance récente dela section israélienne. La section Suisse a elleaussi connu des hauts et des bas – la section

actuelle a été fondée pour la seconde fois en2004. A la conférence de cette année, en marge desfestivités, l’éducation politique est restée aucentre des activités. Après l’imposante céré-monie d’ouverture, chaque matin, des panelsau sujet de thèmes généraux tels que le capi-talisme, le militarisme ou le patriarcat avaitlieu. L’après-midi, des thèmes plus spécifiquestels que la xénophobie, « The face of war is

economy », le Moyen Orient ou le fondamen-talisme ont occupé les esprits. Lors d’une autre session, Susi Snyder, direct-rice de PAX Hollande et de l’alliance « Don’tbank on the bomb » a présenté cette campa-gne qui vise à renoncer à investir dans les en-treprises qui produisent des bombes interditespar le droit international. L’un de ses instru-ments principaux est un « Wall of Fame » et un« Wall of Shame » qui répertorie d’une part lesbanques ayant arrêté d’investir dans l’indus-trie de l’armement et d’autre part les mauvaisélèves, gros poissons du financement du ma-tériel de guerre. Jody Williams, elle aussi surscène, en a appelé à à fonder de nouvelles al-liances contre les drones. Enfin, dans une to-nalité semblable, Cynthia Enloe a appelé àconsidérer les possibilités de travail pour jeu-nes diplômés, qui sont pour la plupart respon-sable de l’attrait de ces secteurs pour certains. Dans son ensemble, la conférence offrit unéventail d’idées intéressantes et de campagnesinspirantes.

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INTERNATIONAL GSsA Journal No 104 Août 2015 11

Un ancien enfant soldat invité en SuisseRÉINTÉGRATION DES ENFANTS SOLDATS

D’après l’UNICEF, il y a environ 250’000 en-fants soldats dans le monde dont l’enfanceest précipitée dans le sillage de la guerre.Au nombre de facteurs qui les poussent àrejoindre des groupes armés ou des trou-pes gouvernementales, on retrouve le re-crutement de force, la pauvreté, le manquede perspective ou la pression sociale. Par Marco Baumgartner

Junior Nzita Nsuami, ancien enfant soldat ori-ginaire de la République Démocratique duCongo (RDC) et ambassadeur de bonne vo-lonté de l’ONU séjourna en Suisse entre marset juin 2015. Il fut recruté de force à douze anset passa les dix années suivantes sous contrô-le de l’armée, et fut non seulement victimemais aussi coupables d’actes d’une extrêmeviolence. Il fut démobilisé en 2006 via un pro-gramme de l’UNICEF et de l’agence gouver-nementale congolaise CONADUR (Commis-sion Nationale de la Démobilisation et Réin-sertion).

Junior Nsuami raconte dans son autobiogra-phie « Si ma vie d’enfant soldat pouvait êtreracontée » son histoire d’ancien enfant soldaten RDC d’une voix à la fois émouvante maisaussi réfléchie. Depuis 2006, Junior NzitaNsuami s’engage pour la démobilisation desenfants soldats dans le monde entier.

Le problème des traumatismes non travaillésBien que ces enfants aient vécus des événe-ments traumatisants au combat et dans leurenvironnement quotidien, la plupart des pro-grammes de démobilisation et de réinsertionn’incluent pas de cadre spécifique pour ré-pondre à la détresse psychologique créée parces traumatismes. Les enfants soldats démo-bilisés se retrouvent face à un énorme déficitlorsqu’il s’agit pour eux de réintégrer la vie ci-vile, dans laquelle ils doivent apprendre àcommuniquer autrement qu’avec des armes.Cette absence de travail sur les traumatismesempêche souvent une réintégration réussie.

Junior Nzita Nsuami le décrit lui-même : « Par -fois, je suis soudain frappé de maux de tête in-supportables, lorsque par exemple je vois quel-qu’un avec une arme et que je suis submergépar le souvenir des crimes que j’ai commis moi-même ». Il voit le travail sur les traumatismescomme une condition sine qua non pour la paixet la réconciliation.

En automne 2015, Junior Nzita Nsuami revien -dra en Suisse, avec sous le bras son autobio-graphie traduite en allemand. Il continuera sacampagne de sensibilisation principalementdans des écoles et des universités alémaniques,afin d’attirer l’attention sur la question des en-fants soldats, afin de démontrer la nécessité desoigner les traumatismes pour augmenter leschances d’une réintégration sociale réussie.

Autobiographie gratuite de Junior Nzita Nsuami enalle mand, français et anglais : www.theartscoalition.org

Atteindre la paix dans le monde grâce aux citoyens du monde ? CITOYENNETÉ

Depuis la fin de la seconde guerre mondia-le, les citoyen(ne)s du monde s’engagentpour un monde sans frontières. Leur credo :ceux et celles qui se définissent en tant quecitoyen(ne)s du monde ne déclenchent pasde guerres. Par Lena Gregoris

Le 22 Novembre 1948, un groupe de jeunesgens, dont l’acteur Garry Davis, interromptl’assemblée générale des Nations Unies à NewYork pour appeler à la création d’un gouver-nement mondial. Cette revendication se basaitsur l’idée que si les nations individuelles étai-ent membres d’une union de pays mondiale, el-les cesseraient de se faire la guerre. En gros, lemodèle Suisse appliqué au monde. Très vite, de

célèbres intellectuels (entre autres Albert Ein-stein) formèrent un comité de soutien à cetteidée pour la paix dans le monde et de nom-breuses organisations furent fondées dans lebut de répandre la citoyenneté mondiale et desupprimer les frontières. L’idée d’une citoyenneté mondiale n’est pasnouvelle. En 1795 déjà, Kant décrivait les con-ditions nécessaires pour atteindre la paix dansle monde dans son ouvrage « La Paix perpétu-elle ». D’après lui, l’idéal à atteindre serait decréer un « droit mondial » qui, entres autres, im -plique la suppression des frontières et garantià chacun(e) la protection par le droit mondial. Les Citoyens du monde suisses se réclamentaussi de Kant. Comme par exemple Claudius

Schiffer, un des membres les plus engagés de lasection suisse, qui a dédié sa vie à cette idée.L’association suisse des citoyens du monde n’amalheureusement pas survécu à sa mort l’anpassé et s’est dissoute. Pour les militants con-vaincu, il reste encore l’organisation « soeur »,des fédéralistes mondiaux, qui est active dansplus de 30 pays et poursuit des buts similairesà ceux des Citoyens du monde. Les fédéralis-tes mondiaux partent du principe que les pro-blèmes du monde doivent être résolus indé-pendamment des intérêts individuels des pays.L’idée d’une union mondiale des pays a au-jourd’hui évolué vers celle plus réaliste d’uneplateforme qui permettrait de discuter des pro-blèmes mondiaux ouvertement, avec en marge

de la question des conflits, des thèmes tels queles ressources, les flux monétaires mondiaux etles pandémies. Garry Davis n’avait probablement pas pres-senti l’apparition de ces thématiques liées ànotre monde globalisé lors de son engagementpour la paix mondiale en 1948. Il est mort en2013. Mais il serait sûrement heureux de savoirque son idée continue de vivre sous une formedifférente et que des organisations telles que leGSsA s’engagent pour la paix de façon créati-ve et concrète.

Liens: www.weltfoederalisten.ch www.welt-buerger.org www.weltdemokratie.de www.worldservice.org

La militarisation de la politique d’asile EUROPE

Cela fait des années que des exilés se noient dans la Méditerranée sur la routepour l’Europe. Mais depuis un an et demi,le nombre de décès a radicalement aug-menté. Les médias s’emparèrent du phéno-mène, créant l’espoir d’un changement de poli tique. En vain. Depuis, des milliersde migrant(e)s ont à nouveau perdu la vie.L’Europe, elle, regarde et discute. En cemoment, la militarisation de la politique demigration continue, pour le plus grand dé-savantage des exilé(e)s. Par Martin Parpan

La question que l’Europe devrait se poser fa-ce à la catastrophe permanente en Méditerra-née devrait être la suivante : «Que faire pourempêcher que des gens continuent de se noy-er devant les côtes de l’Europe?». La réponsesemble logique : dans la recherche de voies quipermettraient aux migrant(e)s de pénétrerl’Europe en toute sécurité. La logique de la

politique d’asile et de migration de l’Europe estmalheureusement complètement différente.L’Europe cherche à mettre sur pied des métho -des qui « protègent » plus efficacement lesfrontières contre les flots de migrant(e)s. Danscette perspective, ces gens qui fuient la guerre,la famine ou le manque de perspectives ne sontplus des victimes mais des criminels, qui cher-chent à s’octroyer quelque chose auquel ilsn’ont pas le droit. Nous, les bons. Eux, les mé-chants. Cette idéologie définit les fondementsde la politique de migration de la droite: ne pasaider, mais se défendre. Une base parfaite pourjustifier l’action militaire. Ainsi, il parait peuétonnant que les opérations « Triton » et « Po-seidon» menées par l’agence européenne deprotection des frontières FRONTEX dans laméditerranée n’aient pas pour but de sauvermais de repousser les migrant(e)s. Des bateauxde guerre et des hélicoptères patrouillent lelong des côtes européennes. FRONTEX coor-

donne les opérations avec pour but officield’empêcher les migrant(e)s de pénétrer enEurope. En parallèle, l’agence de protectiondes frontières extérieures de l’UE développedes technologies toujours plus performantespour le contrôle des frontières, en collaborati-on directe avec l’industrie de l’armement. Lapolitique de migration européenne est toutsimplement devenue une politique « de défen-se » militaire.

Bombarder les problèmesEn Suisse, c’est – sans surprise – l’UDC quiexploite au maximum le potentiel populiste dela relation entre « problèmes d’asile » et « ac-tions militaires ». En guise de solution miracle :attaquer les réseaux de trafic d’êtres humainset mettre les passeurs hors de nuire. Des scé-narios envisageant le bombardement des ba-teaux transportant des migrant(e)s devant lescotes de la Libye sont envisagés. Et si le traffic

d’êtres humains est naturellement un graveproblème, il n’est qu’une conséquence de lapolitique européenne de migration, qui ne lais-se aucune alternative aux migrant(e)s – mêmeet surtout à ceux qui ont droit à l’asile. De pen-ser qu’il est possible de se débarrasser du pro-blème en bombardant les bateaux des passeurssur territoire libyen est non seulement naïf,mais aussi illégal du point de vue du droit in-ternational. Et les gens en fuite trouveront tou-jours de nouvelles routes pour fuir l’horreur.Les bombes ne sauvent pas de vies. Tant que la droite réussira à présenter les re-quérant(e)s d’asile et les migrant(e)s commeune menace pour notre prospérité économi-que, la politique de migration restera une po-litique de défense militaire. Dans le sillage dela droite, c’est l’industrie de l’armement quien profite. La militarisation continue. Et lesvictimes restent les migrant(e)s, qui continue-ront avec certitude à se noyer misérablement àl’avenir.

Junior Nzita avec des en-fants à Kinshasa, RDC.

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Pour nous activistes du GSoA/GSsA, les prochains mois promettent d’être très intenses ! Nousavons déjà planifié beaucoup d’actions et de matériels de campagne et en avons encore bien plusen tête. En plus de créativité et d’énergie, notre campagne «Cessez le feu!» et notre référendumcontre la caserne de Meyrin (GE) auront besoin d’argent. Afin que nos efforts soient aussi fructu-eux que possibles, nous nous réjouissons de toute aide financière. A travers une petite ou unegrande donation via le bulletin de versement ci-joint, tu pourras nous permettre d’atteindre en-core plus de gens et tu contribueras directement aux succès du GSoA/GSsA. Par avance, merci !

GSoA-Zitig August 2015 Nr. 16312

Engage-toi dans ta région ! Les groupes régionaux sont la colonne vertébrale du GSsA. Ils participent activement aux pri-ses de décisions du GSsA Suisse et organisent indépendamment leurs propres actions et évé-nements. Participer à la réunion d’un groupe régional de ta région est un moyen très simple des’engager auprès du GSsA. Tu as envie de devenir actif ? Contacte-nous à l’une des adressesmentionnées ci-dessous. Nous nous réjouissons déjà de te rencontrer !

Appel à dons

Sois la bienvenue !(tl) Suite à la fusion entre le GSoA et le GSsA (voir page 2)et la coopération rapprochée déjà effective entre la Suissealémanique et la Romandie, nous avons décidé de ren-forcer le secrétariat de romand C’est avec grand plaisirque nous souhaitons la bienvenue à Melanie Glayre.Mélanie est étudiante en «Legal Studies» à Fribourg, et adéjà terminé avec succès des études en Français, Scien -ce des Religions et Histoire. Elle a un an et demi d’expé-rience de politique universitaire couronnée de nombreuxsuccès au niveau national, ce qui lui a permis de construire

un vaste réseau aussi bien au Parlement qu’à l’extérieur. Des contacts auxquels elle saurafaire appel lorsqu’il s’agira de renforcer la présence du GSsA en Romandie. Activiste in-fatigable et organisatrice hors-pair, elle pourra compter sur son élan et son enthousiasmepour réactiver des groupes régionaux, organiser des actions ou gagner de nouveaux mili -tant(e)s à notre cause. Nous nous réjouissons de la belle collaboration à venir!

Mélanie Glayre

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Abonnement : 20.– par an à verser au CCP 12-11508-2. Les membres du GSsA sont abonnés d’office. Articles etlettres : à adresser au secrétariat romand du GSsA, CP 151, 1211 Genève 8,fax: 022 320 69 48, E-mail: [email protected]

ISSN 1663-5701, Paraît au minimum 4 fois par an.Impression : ROPRESS, Zurich Cartoons : Oger Maquette : Regula Meili Tirage : 5’000 exemplaires

Courrier des lecteurs/lectrices sont bienvenus. Les éditeurs se réservent le droit d’écourter soumissions. Se ilvous plaît nous informer de changements d’adresse, incorrectes et / ou adresses en double. Le contenu de cejournal sont soumis à une licence Creative Commons. À des fins non-commerciales, ils peuvent être utiliséeslibrement à condition que la source soit mentionnée.

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T-Shirt «STOP nouveaux avions de combat» homme rouge sur noir S M L XL Fr. 28.-

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T-Shirt «Suisse sans armée», avec la colombe blanc rouge S M L

bleu M L XL Fr. 20.-

Drapeaux arc-en-ciel pace pau salam shalom / shalom Fr. 10.-/20.-

Autocollant «L’armée, ça tue, ça pollue... » Fr. 1.-

Briquet «L'armée ça tue, ça pollue, ça rend con!» noir blanc Fr. 3.-

Véritable couteau suisse «GSsA» Fr. 25.-

Couteau porte-clés «GSsA» Fr. 15.-

Badge «NON aux nouveaux avions» gratuit

Livre «Quand l’esprit de Genève s’embrase - au delà de la fusilade du 9 novembre 1932», Jean Batou (2012) Fr. 34.-

Livre «La non-militarisation et les pays sans armée: une réalité», C. Barbey (2001) Fr. 10.-

Livre «Aimez vos ennemis», traité de communication non-violente, Michel Monod (2006) Fr. 20.-

Livre «La Suise sans armes», Roman Brodmann (1975) Fr. 29.-

Bande Dessinée «Léon Coquillard: divisionnaire de l’après 26 novembre» de ZEP (1990) Fr. 12.-

Journal «Une Suisse sans armée» du n. 1 à 96. Numéro(s) ________________ Fr. 1.-

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Informationen und Anregungen der Gruppe für eine Schweiz ohne Armee GSoAGSoA-Zitig August 2015 Nr. 163

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