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Le petit violon Jean-Claude Grumberg Alexandre Haslé Cie Les lendemains de la veille / Cie Les Têtes d’Atmosphère

Jean-Claude Grumberg Alexandre Hasléleslendemains.free.fr/fichiers/violon-dossier.pdf · En 1999, un ami londonien, Nicolas Kent, directeur du Tricycle Theater m’a passé commande

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Le petit violon Jean-Claude Grumberg Alexandre Haslé

Cie Les lendemains de la veille / Cie Les Têtes d’Atmosphère

La Compagnie Les Têtes d’Atmosphère et

La Compagnie Les Lendemains de la Veille…

s’associent pour créer

Le petit violon de

Jean-Claude Grumberg

Un spectacle tout public à partir de huit ans.

Création en janvier 2013

En 1999, un ami londonien, Nicolas Kent, directeur du Tricycle Theater m’a passé commande d’une pièce pour enfants. Je n’avais jamais pensé à en écrire une, et pour tout dire je m’en sentais incapable. N’ayant pas osé lui dire non, je finis par écrire Le petit violon et l’expédiais à Londres, persuadé qu’il me reviendrait par retour de courrier. Il n’en fut rien, la pièce fut traduite et jouée au Tricycle Theater

Le jour de la première, à midi, la salle était pleine d’enfants de toutes les couleurs, et le plateau également. Des enfants sourds, aveugles, ou paralysés, étaient présents et partageaient la joie et l’émerveillement, l’émotion et les rires. Ce fut une découverte pour moi.

Depuis j’ai commis bien d’autres pièces dites « pour la jeunesse ». Je les ai écrites dans la joie et la liberté, avec en prime l’impression d’être utile.

Le désir de faire partager cette joie et cette liberté, je l’ai retrouvé chez Alexandre Haslé. J’aime que son projet soit pour tout public. Les adultes ne sont-ils pas d’anciens enfants ? Et je suis honoré de partager le talent et les créatures merveilleuses d’Alexandre avec Daniel Keene.

Le petit violon s’est glissé au fil des ans dans bien des classes élémentaires, tandis que son tuteur légal, Nicolas Kent, quittait le Tricycle Theater après qu’on l’ait amputé d’un quart de sa subvention.

Jean-Claude Grumberg

Avril 2012

Il y a une dizaine d’années, je créais avec Ilka Schönbein Le Roi Grenouille, un spectacle destiné au jeune public et dont j’avais écrit le texte. Nous l’avons joué beaucoup et si ce fut notre première rencontre avec les enfants ce fut aussi une de nos plus belles rencontres avec le public, un public spontané drôle et exigeant. Plus tard, je me suis dirigé avec ma Cie Les lendemains de la veille vers des pièces destinées aux adultes. Dix ans de tournées en France et à l’étranger avec La pluie et Le souffle de K. de Daniel Keene puis avec Amour monstres, co-écrit avec Mathieu Lagarrigue, m’ont apporté beaucoup de joies mais aussi le sentiment curieux de ne prêcher que des convaincus.

Parallèlement, je travaillais pour d’autres metteurs en scène : Philippe Adrien, Edward Bond et aussi Adel Hakim pour qui je créais les masques et les marionnettes de Iq & Ox, et à qui je dois d’avoir rencontré l’auteur de la pièce, Jean-Claude Grumberg.

A de rares exceptions près, Jean-Claude Grumberg n’écrit plus que pour les enfants : un public curieux, naïf, malin et à qui nous devons, nous adultes, quelques explications.

Mon fils, qui aura bientôt huit ans, grandissait, et après lui avoir raconté des histoires de sorcières (méchantes parce que malheureuses) et de chevaliers (courageux mais étourdis) je lui lisais maintenant -entre autre choses- des pièces de théâtre : Iq & Ox, Le petit chaperon Uf et… Le petit violon ! Devant son enthousiasme, le marionnettiste qui sommeillait en moi a vu d’un autre œil Sarah, la petite violoniste sourde et muette, monsieur Univers son « propriétaire », le plus grand géant du monde, Léo le camelot et tous les autres personnages de cette pièce émouvante et drôle. Une roulotte, un cirque, un camelot, une petite fille que l’on maltraite mais qui finira par s’épanouir, des solitudes qui se croisent… Tout était réuni pour que je retrouve l’envie de raconter avec mes masques et mes marionnettes cette drôle d' histoire.

J'allais, en m'adressant aux enfants, tenter de parler aux adultes. Le petit violon allait devenir mon petit violon !

Merci à Evelyne Loew dont l’enthousiasme et l’indéfectible amitié allait permettre à ce projet de voir le jour.

Alexandre Haslé Mars 2012

Le petit violon (Extrait) LE GEANT Là, tu as le cœur gros ?

LEO

Oui et non. Je m'ennuie.

LE GEANT Pourquoi ?

LEO

Parce que moi aussi je suis seul au monde.

LE GEANT Tu n'as pas d'amis ?

LEO

Je change de ville tous les jours.

LE GEANT Moi aussi. Je suis géant dans un cirque, le cirque Univers.

LEO

Je le connais, je le vois souvent sur les foires.

LE GEANT Et qu'est-ce qu'il faudrait pour que tu ne sois plus seul ?

LEO

Un enfant.

LE GEANT Un enfant ? Pourquoi ne pas en acheter un ?

LEO

Les enfants ne s'achètent pas, il faut les faire.

LE GEANT Pourquoi ne pas en faire un ?

LEO

Mon brave géant, apprends que pour faire un enfant il faut être deux.

LE GEANT Deux ? On est deux.

LEO

Non, non, non, il faut un homme et une femme, un monsieur, une dame, une maman, un papa.

LE GEANT Pourquoi ?

LEO

C'est comme ça. Silence

LE GEANT

Écoute, comme tu m'as donné le secret du bonheur, moi aussi je veux t'aider. Viens ce soir au cirque Univers, il y a là-bas une petite fille bien malheureuse qui doit jouer sur un petit violon comme le tien, mais elle n'y arrive pas et monsieur Univers la bat à tour de bras, il ne lui donne rien à manger parce qu'elle ne lui rapporte aucun argent. Demande-lui qu'il te la donne contre une soupière et des cuillères, comme ça tu ne seras plus seul, tu auras un enfant, et comme tu as l'air bon la petite fille ne sera plus malheureuse et moi non plus. Rien que de la voir si triste, je pleure. Il repleure.

LEO

Ne pleure plus, je serai ce soir au cirque Univers.

Lors de la création du petit violon, il y a quelques années, une spectatrice, très émue, est venue dire à Jean-Claude Grumberg qu'il avait écrit là son plus beau texte. Elle n'y avait pas vu une pièce « pour enfants ». C'est l'un des plus beaux compliments que l'on puisse faire à propos du petit violon. C'est aussi la manière la plus pertinente de définir le théâtre pour enfants de Jean-Claude Grumberg : en écrivant pour eux, il leur raconte des histoires de grandes personnes. Ainsi, au travers des thèmes qu'il aborde et grâce à l'apparente simplicité de son écriture, ses pièces s'adressent à tous.

Lorsque j'ai lu Le petit violon j'y ai trouvé tous les ingrédients d'un conte de fée moderne : une petite orpheline sourde et muette maltraitée par son infâme propriétaire, le directeur du cirque Univers, un camelot en mal d'enfant qui l'échangera contre des bretelles, un géant de foire qui pleure tout le temps et d'autres personnages encore, tous aussi étranges, drôles et inquiétants les uns que les autres. Comme dans les contes de fée, la petite Sarah devra affronter beaucoup de dangers (chez Grumberg : la solitude, la cupidité, la police, la loi...) et se dépasser elle-même afin de devenir une jeune femme puis une mère épanouie. Elle sera aidée en cela par Léo le camelot, qui lui apprendra le langage des signes, les vibrations d'un violon, la beauté du monde et qui résumera à sa manière la morale de leur histoire : « Il ne faut pas rester seul ! » Il y a dans Le petit violon, comme dans les contes de fées, une réponse à nos peurs enfantines. C'est ce qui m'a séduit et c'est, je crois, ce qui touche les enfants.

Mais il y aussi dans Le petit violon une place considérable laissée à l'imaginaire du metteur en scène et « fabricant d'images » que je suis. Entre les lignes, au détour d'une didascalie apparaissent d'autres personnages, des scènes muettes, des musiques, des sons, des ombres... Et mille et une manières de raconter l'histoire de la petite Sarah à l'aide de marionnettes, de masques et de divers stratagèmes secrets (!).

La pièce se prête merveilleusement à l'image. Elle les génère par son écriture cinématographique qui passe alternativement du présent au passé, et où le « quatrième mur » s'ouvre et se ferme au public. Ainsi, nous sommes par moments dans le registre du théâtre de rue, notamment lorsque nous pénétrons dans le cirque Univers. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à Thierry Delhomme de venir jouer cette histoire avec moi. Ancien membre et auteur de la Cie du Tapis Franc, fondateur avec Geneviève Delanné de la Cie Les Têtes d'atmosphère, directeur artistique pendant 6 ans du festival de théâtre de rue Les Affranchis, il est avant tout un excellent comédien qui maîtrise parfaitement le registre et les codes du théâtre de rue. Comme c'est aussi un bon copain et un grand enfant, il est le partenaire idéal pour interpréter avec moi Le petit violon !

Quelques mots de scénographie…

Une carriole brinquebalante, un vieux rideau rouge en guise de cirque, la scénographie sera très dépouillée afin de laisser vivre les masques, les marionnettes, l’imaginaire.

Tous les personnages de la pièce seront vus par Sarah, la petite fille sourde et muette. De sorte qu’ils seront démesurés, grotesques, un peu effrayants… A mi-chemin entre le rêve et le cauchemar.

Nous allons, avec Thierry Delhomme, interpréter à l’aide de masques les personnages de cette histoire, à l’exception de Sarah, qui sera elle, représentée sous différentes formes : plusieurs marionnettes, une enfant (filmée en super 8) et une jeune violoniste qui interviendra à la toute fin du spectacle. Ainsi, on verra la petite Sarah grandir et s’épanouir jusqu’à devenir une vraie jeune femme.

Les marionnettes que je fabrique ont taille humaine et se manipulent à vue. Le marionnettiste - qui reste fondamentalement acteur - n’est jamais derrière elle mais avec elle car elles sont avant tout des partenaires de jeu. Fabriquées à partir d’empreinte de visages, de terre glaise ou encore de papier mâché, habillées de vieux costumes, de guenilles, elles sont souvent réalistes mais peuvent être parfois grotesques. D’autres types de marionnettes seront utilisées, notamment lors de la parade du cirque Univers, afin de jouer avec les échelles.

Les sons aussi seront parfois déformés : un objet qui tombe sans faire de bruit, une bouche qui s’anime sans émettre de son, une musique qui devient inaudible…

Alors qu’aujourd’hui les arts s’entrecroisent, le théâtre s’empare de la marionnette et ma démarche consiste à lui donner un statut qu’elle n’a que rarement : celui de partenaire à part entière. Partenaire sublimée parce qu’onirique, elle exprime ce qu’un comédien ne peut pas jouer et ce que le texte ne peut pas dire. La marionnette n’est pas là pour remplacer un acteur mais elle est bien davantage qu’un « petit comédien de chiffon » : elle possède une dimension qui nous rappelle de manière poétique notre difficile relation avec la mort.

Alexandre Haslé Avril 2012 La pluie (photo Marinette Delanné)

Le petit violon

De Jean-Claude Grumberg

Mise en scène Alexandre Haslé Assisté de Geneviève Delanné

Avec Thierry Delhomme et Alexandre Haslé

Et la participation au violon de (distribution en cours)

Scénographie, masques et marionnettes : Alexandre Haslé Assisté de Manon Choserot-Ferrand

Régie générale : Nicolas Dalban- Moreynas

Lumières : Bruno Teutsch Costumes : Laetitia Raiteux

Film super 8 réalisé & monté par Nicolas Personne

Conception : Cie Les lendemains de la veille…

Cie Les têtes d’Atmosphère

Production :

Cie Les Têtes d’Atmosphère ……

Alexandre Haslé

Après un détour par la musique, il se consacre au théâtre, à la marionnette, à la mise en scène et à la pédagogie. Il se forme au Théâtre-école du Passage avec Niels Arestrup puis avec le Théâtre d'Art de Moscou et participe au Théâtre International de Recherche dirigé par John Strasberg. En 1997 il rencontre la marionnettiste Ilka Schönbein. D'abord son partenaire dans Métamorphoses, il écrit et interprète avec elle Le Roi grenouille, deuxième spectacle du Theater Meschugge et, après trois années passées à ses côtés, il fonde en 2001 la cie Les lendemains de la veille...

Parallèlement, il travaille pour d'autres metteurs en scène (scénographie et/ou fabrication de masques et de marionnettes) : Philippe Adrien, Adel Hakim, Edward Bond, Renaud Cojo...

Il anime des stages et des ateliers de théâtre et de marionnettes à destination des professionnels, des enfants et des personnes en difficultés.

En 2010 il met en scène le spectacle du groupe Le maximum kouette : Le maxi monster music show dans lequel il joue, en invité, de la clarinette ou de la scie musicale (Théâtre de l’Européen, Café de la Danse...)

Créations de la Cie Les lendemains de la veille...

La pluie de Daniel Keene. Création des masques et des marionnettes, mise en scène, jeu. Créé au Théâtre de la Commune, CDN d'Aubervilliers en mai 2001 et à Avignon dans le cadre du festival IN. Huit ans de tournées en France et à l'étranger (Italie, Maroc, Suisse, Nouvelle Calédonie...)

Le souffle de K. de Daniel Keene. Création des masques et des marionnettes, mise en scène, jeu. Créé en décembre 2005 dans le cadre de Feux d’hiver au Channel, Scène Nationale de Calais Reprise au Théâtre de la Commune, CDN d' Aubervilliers en juin 2006. Tournée de 2005 à 2007.

Amour monstres – La véritable histoire de l’homme-éléphant. Texte de Mathieu Lagarrigue. Création des masques et des marionnettes, mise en scène jeu. Créé au Théâtre du fil de l’eau avec le soutien du Théâtre de la Marionnette à Paris en octobre 2007. Tournées en France et à l'étranger 2007-2010.

Thierry Delhomme

Il se forme à l’Atelier-Ecole Charles Dullin puis à l’ETES-Hélène Hilly. Il participe à différents stages : Théâtre de l’Epée de Bois, Footsbarn Theatre, ARRT Philippe Adrien. En 1992, il rencontre l’équipe de la Cie du Tapis Franc qui vient de s’implanter à La Flèche dans la Sarthe. Commence alors une aventure collective en rue et en salle pour défendre un théâtre populaire joué et chanté. Il se consacre au jeu, à la mise en scène, à l’écriture et à la pédagogie. En 2004, l’équipe artistique du Tapis Franc se sépare et il fonde, avec Geneviève Delanné, la Cie Les Têtes d’Atmosphère qui poursuit la collaboration avec la Ville de La Flèche, le Conseil Général de la Sarthe et la Région Pays de la Loire, en assurant notamment la programmation du festival de spectacles de rue : Les Affranchis jusqu’en 2008. Parallèlement il travaille pour d’autres compagnies comme comédien : Pendant que Marianne dort de Gilles Aufray, Théâtre de l’Ephémère - scène conventionnée pour les écritures théâtrales contemporaines, La Marche de Bernard-Marie Koltès, Théâtre en Actes, Amour Monstres - la véritable histoire de l’Homme Eléphant de Mathieu Lagarrigue, Cie Les Lendemains de la Veille… et comme metteur en scène : L’Expérience Hyde d’après Stevenson, Cie Pièces et Main d’Œuvre, 7 ½ - Fantaisie autour des musiques de Nino Rota, Cie Jo Bithume… Dans le cadre de la convention liant la compagnie à La Ville de La Flèche, il anime des ateliers de théâtre à destination d’enfants, de collégiens, de lycéens, d’adultes handicapés, d’amateurs… Il travaille actuellement comme comédien et codirecteur artistique sur le spectacle SirKuLé de la Compagnie Zutano Bazar réunissant trois danseurs français et africains, deux musiciens et un comédien autour de Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Accueilli en résidence par le Théâtre du Radeau – La Fonderie (Le Mans) et La Fabrique – Laboratoire(s) artistique(s) (Nantes). Créations de la Cie Les Têtes d’Atmosphère: Le Tapis Franc fait son cinéma. Montage de dialogues de films et mise en scène de Thierry Delhomme. (2001) Parlez-moi d’Amour. Montage et mise en scène de Thierry Delhomme. (2004) Jean-Pierre et Bertrand. De Thierry Delhomme, mise en scène de Geneviève Delanné. (2005) Le Roi de haut en bas. De Guy Foissy. Mise en scène, scénographie de Thierry Delhomme. (2007) Choc Frontal. Création collective adaptée et mise en scène par Thierry Delhomme. (2009) Un Courant d’Air entre les dents. Montage de textes de Bernard Dimey par Geneviève Delanné, mise en scène de Thierry Delhomme. (2010)

A propos des précédents spectacles de la compagnie Les lendemains de la veille…

Depuis La pluie, Alexandre Haslé a conquis le public avec un théâtre de masques et de marionnettes d'une profonde humanité. Ses spectacles se reconnaissent immédiatement à cette façon sensible d'approcher au plus près de la nature humaine au travers de personnages solitaires confrontés à la dureté du monde.

L’Express

Phénoménal homme-éléphant

Fascinant, poétique, drôle, tel est le spectacle programmé ce soir dans le cadre du festival de la marionnette à Paris. Avec Amour monstres, le comédien, clown, acrobate et marionnettiste Alexandre Haslé a choisi de raconter le phénoménal destin de Joseph Merrick exhibé à la fin du XIXe siècle dans les baraques foraines en raison de l'extrême difformité de son corps. Œuvre de la Cie Les lendemains de la veille... connue pour la pertinence de ses créations tout public, ce nouveau spectacle empruntant au registre du théâtre de foire porte haut le talent de la troupe.

Le Parisien

Hanna, la marionnette à taille humaine dont joue Alexandre Haslé, nous projette dans un autre temps, celui de l’horreur et de la douleur. Sous le regard terriblement émouvant de la vieille femme de chiffon, la paire de chaussures d’un enfant dont elle attend encore, dont elle attend toujours le retour. Ancien compagnon de la merveilleuse Ilka Schönbein, Alexandre Haslé fait œuvre de mémoire dans un dramatique dépouillement.

La vie ouvrière

Insolite, poétique… ce merveilleux moment de grâce restera dans notre mémoire. Alexandre Haslé apprivoise le temps, fait naître le silence, croise les mots et la musique à l’image des fils invisibles de ses marionnettes. (…) Un monde reconstitué par un marionnettiste de génie qui a su emporter dans son récit un public bouleversé par tant de poésie, de justesse de ton et de délicatesse dans le traitement d’un sujet où tout n’est finalement que suggéré.

Ouest France

Les spectateurs qui ont eu le privilège d’assister au spectacle intitulé La pluie, donné par Alexandre Haslé, ne sont pas sortis indemnes de ce voyage bouleversant dans la mémoire d’un passé terrible encore tout proche. Renouvelant entièrement le genre, l’artiste a réussi le prodige, avec ses marionnettes de papier mâché et de chiffons, de maintenir les spectateurs rivés à leur siège, retenant leur souffle devant un spectacle d’une rare beauté. Déployant des trésors d’imagination avec une rare maîtrise, Alexandre Haslé fait apparaître ses marionnettes d’une valise, d’un étui à violon ou tout simplement de derrière son dos, car, comme il l’explique : « Plutôt qu’un spectacle de marionnettes c’est un spectacle avec des marionnettes parce qu’en les manipulant je ne suis pas derrière elles, mais avec elles». Il a réussi à créer avec les personnages sortis de son imagination une atmosphère envoûtante et poétique d’une beauté à couper le souffle.

Ouest France

Dans l'intimité de la salle du Passager, Alexandre Haslé a amené un fragile vent d'onirisme avec sa dernière création Le souffle de K. Inspiré des rêves consignés dans le journal de Franz Kafka, ce voyage dans l'inconscient de l'écrivain retrace son dernier voyage vers le sanatorium de Kierling. Rehaussées d'artifices savamment dosés (épaisse brume, lampe torche...), des saynètes furtives à la saisissante beauté picturale s'enchaînent, émaillées de trouvailles comme ces baleines de parapluie d'où ruisselle une eau surgie de nulle part ... Surtout le talent de celui qui accompagna Ilka Schönbein éclate dans la finesse de ses marionnettes : jouant avec les échelles -faisant ici corps avec le comédien, plus loin guère plus grande qu'une main-, ce sont elles qui supplantent le talent des comédiens de leur grâce fragile.

Mouvement

Un voyage ultime et poétique. Deux soldats trépanés et claudicants et une jeune femme diaphane viennent chercher le public pour le conduire où a lieu le spectacle proprement dit. Ce spectacle c'est Le souffle de K. la création de la compagnie Les lendemains de la veille... Ces trois personnages qui viennent prendre le public par la main donnent d'emblée le ton : un savant équilibre entre le rêve et le cauchemar, la pesanteur et la légèreté. Le souffle de K. suggère, beaucoup plus qu'il ne raconte, le dernier voyage, celui vers la mort, de Franz Kafka. Présenté comme ça, évidemment cela peut sembler pesant. Mais c'est en prenant le parti de la légèreté qu'Alexandre Haslé, metteur en scène et comédien, parvient à tirer intelligemment son épingle du jeu. Ce théâtre à base de marionnettes, de masques et d'ombre recèle des images magnifiques.

La voix du Nord

Avec cette histoire de bêtes de foire qui n'a rien du fabuleux destin d'Amélie Poulain, la compagnie les Lendemains de la veille... signe un chef-d'œuvre poignant qui dénonce avec finesse l'abomination humaine. Le monstre n'est pas forcément celui que l'on pense. "Quadrijambiste", homme-éléphant, manchot contorsionniste, femme à deux têtes, aveugle joueur de scie musicale ou homme squelette version "calavera" de Posada, ces "phénomènes" de mousse, de plâtre et de papier ne sont jamais épargnés. Pour mettre en scène la vie de ces affreux exhibés de ville en ville pour leurs "curiosités anatomiques", Alexandre Haslé a alterné intelligemment les supports et les pratiques. Sur une bande son extrêmement bien construite, il passe du masque à la marionnette ou des tréteaux au théâtre d'ombre pour interpréter la kyrielle de personnages étalés sur l'estrade. Accompagnés sur scène par Mathieu Lagarrigue, montreur iconoclaste ou propriétaire graveleux qui harangue le public, ces personnages mis au ban de la société bouleversent, renversent, écœurent les spectateurs. Pris entre l'envie de ne plus se cacher et la honte d'être vus dans ce zoo de fortune, leur condition renvoie inexorablement à la nôtre. La mise en exergue de l'abomination particulière dont est victime Joseph Merrick rappelle que cet homme-éléphant n'en est pas moins un homme. Un travail remarquablement mis en mouvement et qui parvient à déstabiliser sans brusquer, à toucher sans faire mal pour parler de l'Homme au-delà de l'animal.

Evénement Du drôle, du fantastique, du douloureux. A l'occasion du Festival M.A.R.T.O., Alexandre Haslé présente Amour Monstres, la véritable histoire de l'homme éléphant. Son art de la marionnette puise aux sources de l'eurythmie, discipline proche de la danse et au-delà des masques c'est quand le corps s'expose sans fards, tout tordu, qu'il émeut le plus.

Télérama TT

La pluie, Le souffle de K. et Amour monstres. (Photos M. Delanné, D. Guyomard)

Contact : Thierry Delhomme Compagnie Les Têtes d'Atmosphère

2 rue du Champ Baudry 72200 La Flèche 02 43 45 70 30 / 06 89 30 61 27