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Les risques et aléas liés au climat sont nombreux, et même si la science du changement climatique est encore incertaine, le réchauffement indiscutable de la planète contribue à accroître certains d'entre eux. C'est une évidence pour la hausse du niveau des mers, de l'ordre de +15 cm au XX e siècle (fig. 1 ), concomitante au recul depuis un siècle de presque tous les glaciers de montagne. Ces puissants "coups de semonce" à l'échelle globale et séculaire nous avertissent que la machine climatique de la planète est déstabilisée, ce qui laisse penser que les phénomènes climatiques extrêmes risquent d'être amplifiés dans le futur, avec leur lot de perturbations atmosphériques et océaniques violentes et destructrices. Le réchauffement global, de l'ordre de +0,6°C au XX e siècle, est en train de changer nombre de phénomènes dans l'atmosphère et l'océan, mais de tous ces changements, le plus immédiat et universel, c'est bien la hausse du niveau des mers. Le taux de la hausse actuelle, de l'ordre de 3 mm/an depuis vingt ans, est dû pour un tiers à l'expansion thermique de l'océan et pour deux tiers à la fonte des glaces continentales, notamment la fonte des glaciers de montagne et celle plus récente des glaciers côtiers du Groenland et de l’Antarctique. Cette hausse est imperceptible et paraît inoffensive, sauf pour celui qui constate le recul de la côte près de sa maison. La gravité de la question n'est cependant pas sous-estimée par le "Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat" (le "GIEC", ou IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change, créé en 1988). Le GIEC a publié quatre rapports (1992, 1995, 2001 et 2007) dans lesquels figurent les évaluations sur la hausse, certaine (et non probable), du niveau des mers au XXI e siècle, hausse liée à l'augmentation de la température moyenne globale. Le premier rapport, basé sur six scénarios de croissance, allant de la limitation stricte des émissions des gaz à effet de serre à l'absence de tout contrôle ("business as usual"), estimait que la hausse des températures en 2100 par rapport à 1990 serait comprise entre +1,5°C et +3,1°C. Ces prévisions ont été réactualisées en septembre 2013 avec le cinquième rapport d'évaluation (IPCC, Fifth Assessment Report Climate Change 2013). La hausse de la température globale à la fin du XXI e siècle excèdera probablement +1,5°C, et pourrait excéder +4,0°C selon certains scénarios, mais avec de grandes fourchettes d'incertitude (de +1,4°C à +4,8°C), et un échauffement certainement plus élevé sur les continents que sur les océans. De plus, cette augmentation de température ne sera pas uniforme, comme le montre le modèle "Arpège" de météo-France, qui révèle une hausse supérieure à +10°C au nord de 60°N, et de seulement +1° à +3°C au sud de 60°S (scénario B2 du GIEC). Cette dissymétrie est due essentiellement aux différences d'albédo (pouvoir réfléchissant) entre l'Arctique et l'Antarctique. La hausse du niveau de la mer au XXI e siècle, certitudes et aléas Jean-Marc VERSTRAETE, Docteur en océanographie physique de l'université Paris VI, MNHN, département Milieux et Peuplements Aquatiques (MPA) sommaire 21 Jean-Marc VERSTRAETE, La hausse du niveau de la mer au XXI e siècle, certitudes et aléas 27 Assemblée générale ordinaire du 5 avril 2014 29 Echos 33 Nous avons lu 36 Robert Barbault nous a quittés Programme des conférences et manifestations de la rentrée 2014 Les Amis du Muséum National d’Histoire Naturelle 258 Publication trimestrielle JUIN 2014

Jean-Marc VERSTRAETE, sommaire Les risques et aléas liés au … · 2017-01-17 · Du fait de la surcharge de glace, le socle rocheux sur lequel repose l'inlandsis peut se trouver

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Les risques et aléas liés au climat sont nombreux, et même si la science du

changement climatique est encore incertaine, le réchauffement indiscutable

de la planète contribue à accroître certains d'entre eux. C'est une évidence

pour la hausse du niveau des mers, de l'ordre de +15 cm au XXe siècle

(fig. 1), concomitante au recul depuis un siècle de presque tous les

glaciers de montagne. Ces puissants "coups de semonce" à l'échelle

globale et séculaire nous avertissent que la machine climatique de la

planète est déstabilisée, ce qui laisse penser que les phénomènes

climatiques extrêmes risquent d'être amplifiés dans le futur, avec leur lot

de perturbations atmosphériques et océaniques violentes et

destructrices.

Le réchauffement global, de l'ordre de +0,6°C au XXe siècle, est en train de changer nombre de

phénomènes dans l'atmosphère et l'océan, mais de tous ces changements, le plus immédiat et

universel, c'est bien la hausse du niveau des mers. Le taux de la hausse actuelle, de l'ordre de

3 mm/an depuis vingt ans, est dû pour un tiers à l'expansion thermique de l'océan et pour deux

tiers à la fonte des glaces continentales, notamment la fonte des glaciers de montagne et celle plus

récente des glaciers côtiers du Groenland et de l’Antarctique. Cette hausse est imperceptible et

paraît inoffensive, sauf pour celui qui constate le recul de la côte près de sa maison. La gravité de

la question n'est cependant pas sous-estimée par le "Groupe d'experts intergouvernemental sur

l'évolution du climat" (le "GIEC", ou IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change, créé en

1988). Le GIEC a publié quatre rapports (1992, 1995, 2001 et 2007) dans lesquels figurent les

évaluations sur la hausse, certaine (et non probable), du niveau des mers au XXIe siècle, hausse

liée à l'augmentation de la température moyenne globale. Le premier rapport, basé sur six

scénarios de croissance, allant de la limitation stricte des émissions des gaz à effet de serre à

l'absence de tout contrôle ("business as usual"), estimait que la hausse des températures en

2100 par rapport à 1990 serait comprise entre +1,5°C et +3,1°C. Ces prévisions ont été

réactualisées en septembre 2013 avec le cinquième rapport d'évaluation (IPCC, Fifth

Assessment Report Climate Change 2013). La hausse de la température globale à la fin du

XXIe siècle excèdera probablement +1,5°C, et pourrait excéder +4,0°C selon certains

scénarios, mais avec de grandes fourchettes d'incertitude (de +1,4°C à +4,8°C), et un

échauffement certainement plus élevé sur les continents que sur les océans. De plus, cette

augmentation de température ne sera pas uniforme, comme le montre le modèle "Arpège"

de météo-France, qui révèle une hausse supérieure à +10°C au nord de 60°N, et de

seulement +1° à +3°C au sud de 60°S (scénario B2 du GIEC). Cette dissymétrie est due

essentiellement aux différences d'albédo (pouvoir réfléchissant) entre l'Arctique et

l'Antarctique.

La hausse du niveau de la mer

au XXIe siècle, certitudes et aléas

Jean-Marc VERSTRAETE, Docteur en océanographie physique

de l'université Paris VI, MNHN, département Milieux

et Peuplements Aquatiques (MPA)

sommaire21 Jean-Marc VERSTRAETE,

La hausse du niveau de la mer au XXIe siècle,certitudes et aléas

27 Assemblée générale ordinaire du 5 avril 2014

29 Echos

33 Nous avons lu

36 Robert Barbault nous a quittésProgramme des conférences etmanifestations de la rentrée 2014

Les Amis

du Muséum National

d’Histoire Naturelle

N°258Publication trimestrielle

JUIN 2014

museum 258 16/06/14 23:03 Page 21

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L'inlandsis antarctique et l'océan circumpolaireLes océans polaires sont en effet particulièrement sensibles auréchauffement global, comme l'atteste d'une part le recul accéléréde la banquise arctique ces trente dernières années, et d'autrepart le changement des caractéristiques de l'Eau Antarctique deFond (EAAF), formée près de la côte antarctique, qui tapisse plusde la moitié des fonds océaniques. Cette eau, la plus dense del'océan mondial, est maintenant plus chaude (+0,05°C) et moinssalée (– 0,01) qu'elle ne l'était il y a dix ans. Ces changementssont très significatifs, étant donné l'exactitude des mesures,précises à ± 0,003°C et ± 0,005 pour la température et la salinité,respectivement. La baisse de salinité de l'EAAF formée dans lessecteurs indien et pacifique de l'océan Antarctique a surpris par sarapidité et doit probablement être attribuée à une fontesignificative des glaciers antarctiques. Les eaux abyssales à l'est duplateau de Kerguelen vers 55°S-60°S présentent des variationsanalogues.

Il y a donc lieu d'examiner soigneusement les changements devolume de toutes les glaces continentales stockées, aussi biendans les glaciers de montagne que dans les inlandsis duGroenland et de l'Antarctique. Si l'on est certain que les premierssont partout en recul depuis un siècle, on ignore si les inlandsissont à l'équilibre ou non. Pour fixer les ordres de grandeur, levolume de glace de 171 000 glaciers de montagne répertoriés surle globe est équivalent à une hausse de 0,43 m du niveau de lamer (JGR, 2012). La fonte des inlandsis du Groenland et del'Antarctique entraînerait une hausse de l'ordre de 64 m (+7 m et+57 m, respectivement).

De 1996 à 2006, la diminution du volume de glace au Groenlanda triplé, passant de 96 km3 à 290 km3 par an (Science, 2006).Sur la même période, on observe également une accélération dela fonte de l'inlandsis antarctique, où les pertes de la masse deglace ont presque doublé en dix ans, ce qui équivaut à unaccroissement du taux de hausse du niveau de la mer de0,3 mm/an à 0,5 mm/an (Nature, 2008). Une autre étude baséesur les données des satellites GRACE (Gravity Recovery andClimate Experiment) estime que la perte de masse dans lapéninsule ouest antarctique, de janvier 2003 à septembre 2006,était de l'ordre de 127 km3 ± 21 km3 par an, équivalent à0,36 mm/an en hausse de niveau mer (Science, 2008).

Les prévisions du GIEC de 2007 (hausse comprise entre 18 et58 cm en 2100), basées sur l'expansion thermique de l'océan etl'apport des glaciers de montagne, ne donnaient aucuneinformation chiffrée sur la hausse qui se produirait dansl'hypothèse d'une fonte partielle significative des inlandsispolaires. En fait, le comité scientifique, faute d'un modèle adéquatde leur évolution, décida de ne donner aucun chiffre sur lesconséquences d'une fonte partielle des glaces d'inlandsis. Selon lerapport d'évaluation du GIEC de septembre 2013, la hausseglobale du niveau de la mer au XXIe siècle serait probablementcomprise entre 26 et 82 cm, “en supposant bien entendu quel'inlandsis antarctique posé sur le fond de la mer ne s'effondrepas, ce qui entraînerait une hausse substantielle au dessus decette fourchette”. Des efforts considérables d'observations,conjuguant des moyens spatiaux et océanographiques, devraientpermettre de surmonter vers 2020 la grave incertitude concernantl'état des inlandsis groenlandais et antarctiques.

Les campagnes et travaux du Muséum national d’histoirenaturelleLe Muséum participe activement à cette entreprise depuis 1991par des campagnes océanographiques en Antarctique dans lesecteur des îles Kerguelen, dans l'océan Indien sud, tout enanalysant les données issues des altimètres spatiaux (Geosat,Topex-Poséïdon, Jason-1, Jason-2) (Park et Gambéroni, JGR,1995 ; Verstraete et Park, JGR, 1995). En outre, depuis 2004, leMuséum participe aux campagnes d'acquisition de donnéesocéanographiques dans des régions très difficiles d'accès grâce àdes plongeurs-océanographes "auxilliaires bénévoles", éléphantsde mer équipés de sonde ultra miniaturisées (J.-B. Charrassin et al.,2008 ; F. Roquet et al., 2009). L'évaluation du comportement desglaces sur les fronts des glaciers émissaires, au contact direct del'océan, nécessite des observations de température et de salinité,non seulement en eau libre, mais aussi autour et en dessous desimmenses banquises permanentes, comme celles de Ronne-Fichner, Ross, ou Amery (70°E, 70°S), régions inaccessibles pourles navires océanographiques, particulièrement en hiver (fig. 2).

Du fait de la surcharge de glace, le socle rocheux sur lequel reposel'inlandsis peut se trouver en dessous du niveau de la mer, commec'est le cas en Antarctique de l'ouest. Par ailleurs, le plateaucontinental autour du continent antarctique est bien plus profond,en moyenne 400 m, que la moyenne mondiale (130 m). Lesprocessus d'écoulement des glaciers émissaires de l'inlandsis,encore très mal connus, dépendent notamment des conditions dela glace au contact du socle rocheux, là où pourrait se produire unglissement. En Antarctique ouest, une grande partie des plate-formes de glace repose sur le fond de la mer, parfois jusqu'à 450 mde profondeur. Ces plates-formes sont donc soumises nonseulement aux variations de température de l'air et de la mer, maisaussi à celles du niveau marin, ce qui rend les parties immergéesplus vulnérables et plus instables que les parties émergées. En

22 N° 258 / JUIN 2014

1905 1925 1945 1965 1985 2005

200

100

0

–100

–200

—— Honolulu ......Balboa (240 months smoothing)

sea

leve

l dev

iatio

n (m

m)

Un siècle d'observations du niveau de la mer à Balboa (9°N,79°W ; juillet 1907-août 2002, 1 142 mois d'observations) etHonolulu, Oahu (21°N, 158°W ; janvier 1905-septembre 2002,1 173 mois d'observations). Les moyennes mensuelles sontfiltrées par moyenne mobile sur 240 mois.Pendant le XXe siècle, le taux de hausse du niveau de la mer àl'échelle séculaire a été de 1,31 mm/an à Balboa, et de1,42 mm/an à Honolulu. Ces taux sont représentatifs pour lePacifique et du même ordre de grandeur que dans l'Atlantique.

FIGURE 1

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la carène de cette glace flottante baigne dans l'Eau ProfondeCircumpolaire (EPCP), dont les températures sont positives, alorsque les eaux de la couche de surface, au sud de 60°S, sont endessous de 0°C. L'EPCP, dont les températures sont comprises entre+0,5°C et +2,7°C, remonte jusqu'à 150 m de profondeur dans lazone de divergence antarctique, située vers 65°S. En mer deWeddell, entre 0° et 60°W, les températures de l'EPCP sont positivesentre +0,5°C et +1,5°C, entre 200 et 500 m de profondeur.

L'upwelling et la divergenceantarctique entre 60°S et 65°SCe gigantesque upwelling (remontée d'eau profonde, fig. 3) estdû au rotationnel positif des vents, entre 65°S et le talusantarctique, région soumise aux puissants vents catabatiquessoufflant d'est en ouest tout autour du continent antarctique. Eneffet, hiver comme été, celui-ci est le siège de hautes pressions,ceinturées par la zone de basses pressions circumpolaires à 65°S.

En mars 2007, un groupe d'experts en glace polaire s'est interrogésur la cause de la fonte très rapide des glaces de l'Antarctiqueouest, posées sur le fond ou flottantes (atelier WALSE, WestAntarctic Links to Sea Level Estimation). Par suite du réchauffementglobal, le champ de vent a changé dans l'hémisphère Sud : legradient thermique entre les centres d'actions anticycloniques(Sainte Hélène, Mascareignes, Ile de Pâques) et les centresdépressionnaires tout autour du continent a augmenté, ce qui aamplifié les gradients de pression nord-sud et entrainé unemigration vers le pôle Sud des vents d'ouest et du front subtropical(situé normalement vers 40°S). La puissance accrue des tempêteset coups de vent sur l'océan Austral renforce l'upwelling et ladivergence antarctique, ce qui amène près de la surface davantaged'EPCP. Cet afflux d'eaux relativement chaudes, en contact avec lesglaciers émissaires échoués sur le fond, accroît la fonte de glace surleur front terminal et surtout en sape la base sur la ligne detalonnage, à des profondeurs allant de 150 à 500 m.

De plus, on ignore tout de l'effet de l'alternance des marées devives-eaux (VE) et mortes-eaux. A chaque marée de VE, lapoussée vers le haut exercée sur la masse de glace immergée enréduit le frottement sur le fond et en facilite le glissement pendantquelques heures, avec le vélage d'icebergs éventuellement. Del'eau interstitielle s'infiltre par des fissures le long de la ligne detalonnement, jouant le rôle de lubrifiant. Enfin, de puissantes

marées internes créent des mouvements verticaux importantsbrassant les masses d'eau superficielles froides avec les eaux pluschaudes d'eau profonde (EPCP). Vu le réchauffement global, cesmécanismes se conjuguent pour accélérer l'écoulement desglaciers émissaires vers l'océan, avec la possibilité d'unemballement du glissement des plates-formes échouées sur leplateau continental, selon un processus non linéaire imprévisibleet irréversible. Il n'existe pas, à l'heure actuelle, de modèlesnumériques capables d'intégrer ces processus physiques dansleur grille spatio-temporelle pour prédire la vitesse d'écoulementvers l'océan des glaciers d'inlandsis.

Transferts de chaleur par le CourantCircumpolaire Antarctique (CCA)Ces trente dernières années, il était admis que le transport dechaleur vers le pôle Sud à travers le CCA était négligeable, ce quiisolait pratiquement le continent antarctique du réchauffementclimatique. Cependant, de 1955 à 1995 la température de l'océana globalement augmenté d'environ 0,1°C dans les 1 000 msuperficiels, y compris dans l'hémisphère Sud. De 1950 à 2000,entre 35°S et 65°S, la température du CCA dans la couche 700-1 100 m a cru de + 0,17°C ± 0,06°C, soit près de deux foisplus que la moyenne mondiale (S. Gille, 2002). Le tauxd'augmentation de la température de l'atmosphère au sud de 60°Sétant comparable à celui du CCA, il y a donc nécessairement untransfert de chaleur vers le pôle par le CCA, étant donné l'absencede toute source de chaleur sur le continent antarctique(température moyenne annuelle de -50°C).

Deux concepts s'affrontent sur le mode de fonctionnement de cetransfert de chaleur : soit par des tourbillons à méso-échelles (de 20à 100 km de diamètre) éjectés vers le Sud par le CCA, soit par leflux moyen du CCA lui-même. Seules des mesures du courantabsolu sur le front sud du CCA peuvent trancher ce débat. Toutesles mesures absolues faites jusqu'en 2008 l'étaient sur le flanc norddu CCA, et non sur son flanc sud situé vers 55°S dans les secteursatlantique et indien. Or, ce qui importe pour équilibrer les pertes dechaleur de l'océan vers l'atmosphère au sud de 60°S, c'est le flux dechaleur quittant le flanc sud du CCA pour aller vers le pôle Sud. Pourprogresser sur cette question, trois mouillages équipés decourantomètres mesurèrent les courants absolus de février 2009 àjanvier 2010 dans la faille de Fawn, qui entaille le plateau continentalde Kerguelen par un seuil à 2 700 m centré à 56°S, 77°E.

N° 258 / JUIN 2014 23

F. Roquet et al. : Journal of Marine Systems 78 (2009) 377-39345 °C

50 °C

55 °C

60 °C

65 °C

70 °C

48 °E 60 °E 72 °E 64 °E

EnderbyBasin

AustralianAntarctic

Basin

Antarctica

Kerguelen Is.

Heard Is.

DCR CP

NKP

SKP

FTEB

CR

PET

Trajectoires de huit éléphants de mer deKerguelen à la banquise antarctique en mars

2004. Les contours des isobathes à 1, 2, 3 et 4 kmsont indiqués.

Accidents topographiques majeurs :DCR : Del Cano Rise ; CP : Crozet Plateau

CR : Conrad Rise ; EB : Elan BankNKP : Northern Kerguelen PlateauSKP : Southern Kerguelen Plateau

FT : Fawn Trough ; PET : Princess Elizabeth Trough

s'éloignant de la côte vers le large, elles se séparentdu socle rocheux sous-marin et forment la banquise,qui flotte sur la mer, dont les deux plus importantescouvrent au total 1,6 million de km2 sur les mers deRoss et de Weddell. La limite entre la plate-forme deglace posée sur le fond et la banquise flottantes'appelle la ligne de talonnement, le lieu où la glacecommence à flotter. C'est là que la fonte est facilitée,car la glace est alors en contact avec l'eau de mernon seulement sur le front du glacier émissaire et desa plate-forme, mais encore par en dessous, doncsur une surface bien plus importante. A ce moment,

FIGURE 2

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L'analyse de ces mesures absolues (Park Y-H. et al., Directobservations of the ACC transport across the Kerguelen Plateau,Geophys. Res. Letters, 2009) démontre que le courant moyen duCCA est très largement responsable du transfert de chaleur vers lepôle, alors que le rôle des tourbillons éjectés vers le Sud par le CCAn'est que marginal. Ce résultat surprenant s'explique par lescontraintes topographiques qui obligent le CCA à effectuer unerotation et un upwelling pour franchir le seuil de la faille de Fawn.Or, dans sa progression autour du globe, le CCA rencontre, outre lafaille de Fawn à 77°E, cinq autres obstacles topographiques : lesdorsales africaine-antarctique et sud-ouest indienne (à 10°E et30°E), deux zones de fracture, Udintsev à 200°E et Shackelton enamont du passage de Drake à 280°E, et enfin la mer du Scotia(320°E).

Sur la base de modèles numériques intégrant les accidents de latopographie sous-marine dans une grille serrée, tels que FRAM(Fine Resolution Antarctic Model) ou OCCAM (Ocean Circulationand Climate Advanced Modelling), il est possible d'étudier chaquefranchissement par le CCA des six obstacles cités ci-dessus. On peutainsi calculer le flux de chaleur vers le pôle dû à chacune de cescontraintes topographiques, selon le mécanisme observé dans lafaille de Fawn. Le flux de chaleur cumulé, issu du flanc sud du CCAmoyen, est estimé compris entre 0,47 et 0,69 x 1015 Watt (0,47 et0,69 PetaWatt, PW). Ce flux est très supérieur aux pertes de chaleurde l'océan vers l'atmosphère. Bien que mal connues au sud de60°S, elles sont néanmoins estimées entre 0,20 et 0,35 PW. Il y adonc au sein de l'océan un flux net de chaleur depuis 60°S vers lepôle, généré par le CCA sur son flanc sud (et non par l'éjection detourbillons), compris entre 0,27 et 0,34 PW (Sekma, Park et Vivier,Journal of Physical Oceanography, 2013).

Un flux moyen de 0,30 PW peut faire fondre 28 x 1012 tonnes deglace par an, soit 31 460 km3 (masse volumique de la glace égaleà 900 kg/m3). Ces chiffres, certes théoriques, peuvent nous faireréfléchir. En effet, les glaciers terminaux et la banquise vers 65°Ssont en contact entre 150 et 500 m de profondeur avec l’EauProfonde Circumpolaire, dont la température est toujours positive,comprise entre +0,5°C et +2,7°C, et a augmenté de 1950 à 2000.Par exemple, l'un des plus grands glaciers du monde, le glacierLambert qui se déverse dans la baie Amery (70°S, 70°E), a plus de

800 m d'épaisseur. Or, les températures mesurées à 500 m,jusqu'au contact et sous la banquise entre 55°S et 65°S, grâce à deséléphants de mer équipés de sonde, sont comprises entre +0,82°Cet +1,28°C (Charrassin et al., 2008, PNAS). Dans la divergenceantarctique, située vers 65°S, la veine d'Eau Profonde CircumpolaireSupérieure a des températures comprises entre +1,8°C et +2,0°C.Cette eau relativement chaude remonte jusqu'à 150-200 m(Roquet et al., 2009) et est en contact direct avec la base de labanquise.

Certitudes et aléasOn pourrait penser que ces considérations ne sont que vainesspéculations, étant donné que les températures moyennesannuelles sur l'inlandsis antarctique sont comprises entre -12°C à lacôte et -51°C au pôle Sud, donc bien au-dessous de la températurede fusion de la glace. Toutefois, des travaux récents révèlentl'instabilité potentielle des calottes glaciaires actuelles, nonseulement celle du Groenland, mais aussi celle de l'Antarctique quiétait jusqu'ici considérée comme préservée du changementclimatique en cours. En effet, l'injection dans l'océan de l'eau defonte des couvertures de glace continentales peut se produirebrutalement, par à-coups, comme celui qui eut lieu il y a 14 650 anset fit monter le niveau global des mers de 14 m en moins de350 ans, soit une hausse de 4 m par siècle. Cette hausse apparaîten différents sites autour du monde : à la Barbade (Caraïbes), dansla péninsule de Huon en Nouvelle-Guinée, à Mayotte (Comores) etdans les dépôts du plateau continental de Sunda (Asie du Sud-Est).Cette montée très rapide du niveau des mers a pu être datéetrès précisément grâce aux carottes coralliennes extraites à Tahiti età la Barbade. Des échantillons vieux de 15 000 ans sont datés avecune précision de ± 30 ans, en observant la désintégrationradioactive de l'uranium présent dans leur squelette. Cette datationtrès précise, combinée à des modèles géophysiques, a permis dedémontrer que cette hausse brutale résulte d'une débâcle glaciairemassive et concomitante des deux calottes polaires, Laurentide etAntarctique, à parts égales (Nature, 2012).

Il est certain que les prévisions du GIEC faites en 2007 sur la haussedu niveau de la mer seront dépassées (de +18 à +58 cm à la findu XXIe siècle). En effet, ces prévisions excluaient le facteur le plus

24 N° 258 / JUIN 2014

Schéma de la circulationméridienne de l'océanAustral. Le CourantCircumpolaire Antarctique(CCA) s'écoule de l'Ouestvers l'Est entre 40°S et 65°S(flèche jaune sortant de lafeuille).La divergence antarctiquese situe vers 65°S. C'est unezone d'upwelling du fait durotationnel positif desvents. L'upwelling entraînela montée vers la surfaceet près du continentantarctique de l'EauProfonde Circumpolaire(EPCP), dont lestempératures sont toujourspositives.

FIGURE 3

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important dans la hausse future : la fonte des glaces d'inlandsis duGroenland et de l'Antarctique. Adoptons ici le scénario "B2" duGIEC, avec une élévation de la température globale de +2,5°C(entre 1,4°C et 3,8°C).

1) Les observations de température des eaux profondes de l'océanau large des Bermudes depuis 1920 révèlent que l'échauffementobservé dans l'atmosphère s'est transmis vers les couchesprofondes de l'océan, où le taux d'accroissement de la températureentre 1 500 et 2 500 m de profondeur a été de 0,5°C par siècle,pour une augmentation de 0,6°C dans l'atmosphère. Uneaugmentation quatre fois supérieure dans l'atmosphère entraîneraune hausse du taux de réchauffement de l'océan de +0,5°C à +1°C.On peut considérer en effet que toute la masse d'eau océanique sesera échauffée de +0,5°C à +1°C en un siècle. Les calculs tiennentcompte des différents coefficients de dilatation thermique, croissantde 1 à 4 pour des températures de 2°C à 28°C. Ces estimationsglobales sont la moyenne des expansions thermiques calculéesdans les régions polaires, tempérées et tropicales, et en séparant lescouches 0-1 000 m et 1 000-5 000 m. La dilatation thermique desmasses d'eau océanique, qui était d'environ +15 cm au XXe siècle,se traduira par une hausse de +23 cm à +46 cm au XXIe siècle.

2) Depuis les années 1970, la plupart des glaciers de montagneétudiés dans le monde sont en recul très rapide et leur épaisseur seréduit presque partout. Une réduction quasi certaine, évaluée entre1/3 et 2/3 de la masse des 171 000 glaciers de montagnerépertoriés en 2012, entraînera une hausse comprise entre +14 et+29 cm du niveau des mers.

Le cumul des deux facteurs examinés ci-dessus amène à prévoirune hausse globale du niveau de la mer (NM) comprise entre 37et 75 cm en 2100, avec une quasi-certitude.

Reste à examiner le comportement des glaciers d'inlandsis polaires.

3) Sur la base de la perte moyenne de masse de glace observée de2003 à 2009 au Groenland, soit environ 1 000 x 109 tonnes en sixans (1 000 giga tonnes, Gt), la fonte partielle au Groenland serait del'ordre de 17 000 Gt au XXIe siècle, soit une hausse séculaire de 50mm, sachant qu'une fonte annuelle de 360 Gt se traduit par unehausse de 1 mm du niveau de la mer. Or, l'augmentation detempérature sera beaucoup plus élevée sur les hautes latitudes del'hémisphère Nord (de l'ordre de +8° à +10°C) en raison de lachute d'albédo de l'océan Arctique. Ces derniers trente ans, laréduction de la surface de la banquise arctique et de sa couverturede neige fraîche a diminué son albédo de 85% à 60%. La prise encompte de ces facteurs conduit à estimer que la contribution de lacalotte groenlandaise serait de l'ordre de 0,6 à 1,0 mm/an, soit unehausse séculaire du NM de 6 à 10 cm. En incluant ce facteur auxdeux précédents, la hausse probable du NM sera comprise entre 43et 85 cm.

4) Reste à évaluer le risque d'une fonte significative des deuxinlandsis antarctiques. En dix ans les fontes de glace antarctique ontinjecté une masse d'eau équivalente à une hausse du NM global de0,3 à 0,5 mm/an, soit 3 à 5 cm par siècle. Ceci paraît assezinoffensif, mais rien ne prouve que les taux avancés en 2006 soientvalables pour les quatre-vingt-quatorze années suivantes.

Au total, la somme des contributions étudiées dans les paragraphesci-dessus permet de fournir une estimation de la hausse du niveaude la mer à la fin du XXIe siècle, qui serait comprise entre 46 et 90cm, l'hypothèse haute étant la plus probable. Ceci suppose que lesinlandsis antarctiques Est et Ouest restent proches d'un étatd'équilibre stable, et que l'inlandsis groenlandais ne s'effondre pasbrutalement. A ce sujet, les bilans de masse récents ne sont pasrassurants, car ils mettent en évidence une accélération de la pertede masse annuelle dans les deux calottes polaires. Cetteaccélération s'explique d'abord par le réchauffement des massesd'eaux océaniques et les interactions perpétuelles des vents,

courants, marées, marées internes avec le front terminal des glaciersémissaires échoués, à la jonction de leur plate-forme flottante, sur laligne de talonnage. Ces processus sont aggravés au Groenland oùla fonte estivale creuse de profondes crevasses par lesquelles l'eaupénètre par des "moulins" jusqu'au socle rocheux, facilitant ainsi leglissement des glaciers vers la mer. Tous ces mécanismes inter-agissants sont loin d'être maîtrisés dans les modèles numériquesactuels. D'abord, la physique de l'écoulement de la glace au contactdu socle rocheux est mal connue. Ensuite, même dans une grille au1/12e de degré (9 x 9 km) les phénomènes complexes deglissement des glaciers vers la mer ne sont pas résolus. Lesdifférents couplages océan-cryosphère-atmosphère ne sont pas aupoint et il reste beaucoup de travail de fond avant d'envisager dessystèmes couplés performants capables de fournir des prévisionsaux échelles longues (décennales et au-delà). Il est impossible deprévoir aujourd'hui quelle sera l'évolution des grands glacierscontinentaux arctiques et antarctiques pendant le XXIe siècle,évolution qui dépend en grande partie des échanges de chaleuravec l'océan. Pour quantifier les flux de chaleur vers l'Antarctique, leMuséum et l'université Paris VI proposent des mesures absolues dutransfert de chaleur vers le pôle par le Courant CircumpolaireAntarctique de 2013 à 2017 dans la zone de fracture Udintsev en2015-2016, puis, en amont du passage de Drake, dans la zone defracture Shackleton, en 2016-2017. Ce projet se construit encollaboration avec la Corée du Sud, qui mettra en œuvre pour lescampagnes à la mer le brise-glace coréen Aaraon (Y.-H. Park, projetde mesures de transport de chaleur vers le pôle, com. pers., 2013).

ConclusionDepuis le début de l'ère industrielle vers 1820, un nouveau facteurintervient dans la machine climatique. Les activités humainesinjectent dans l'atmosphère des quantités colossales de dioxyde decarbone (CO2) et de méthane (CH4), ce qui modifie le bilan radiatifnaturel de la Terre. Par exemple, la teneur en gaz carbonique estrestée comprise entre 180 et 300 ppmv (partie par million envolume) pendant les derniers 800 000 ans, d'après les analysesdes carottes de glace du Dôme C dans l'Antarctique. Cetteconcentration est restée stable depuis la fin de la dernière grandeglaciation, il y a 10 000 ans. Depuis 1958, des mesurespermanentes de la concentration de CO2 dans l'atmosphère sonteffectuées à l'observatoire de Mona Loa sur l'île d'Hawaii.

Depuis ces premières mesures, la courbe de la concentration deCO2 dans l'air croît sans discontinuer : elle est passée de 316 cm3

par m3 (ppmv) en 1958 à plus de 400 ppmv le 10 mai 2013. Letaux d'augmentation reste toujours positif et stable en moyenne surles trente dernières années, autour de 1,5 ppmv/an, soit unehausse probable de 150 ppmv au XXIe siècle. Sur la trajectoireactuelle, la concentration de CO2 à la fin du XXIe siècle atteindradonc 550 ppmv. Si l'on brûlait tout le pétrole, sans épuiser lecharbon, on atteindrait 1 000 ppmv à la fin du siècle. Depuis 1880la température a augmenté d'environ 1°C, et il est démontré quecette augmentation est bien due à l'effet de serre additionnel dû auxactivités humaines. La fonte des glaciers de montagne et la haussedu niveau de la mer au XXe siècle en sont les conséquencesdirectes. Pour le XXIe siècle, si la hausse de la température globalene dépasse pas +2,5°C, le niveau de la mer montera d'environ 1 m,ce qui est déjà considérable. Notons ici qu'une hausse de niveau de1,50 m entraînerait l'inondation de 90% de la Nouvelle-Orléans, etque la zone portuaire de New York serait totalement sous l'eau.Rappelons que deux tiers du Bangladesh est à moins de 5 m au-dessus du niveau de la mer, que un quart de la Hollande se trouveen dessous du niveau de la mer et que la moitié du pays estinondable.

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Au rythme actuel, la population mondiale passera de 6,8 milliardsen 2007 à 9,2 milliards vers 2040. En raison de cette pressiondémographique, il est difficile d'imaginer qu'il soit possible dediminuer significativement la consommation des énergies fossiles(pétrole et charbon) pendant ce siècle. Au vu des résultats dessommets sur l'environnement des vingt dernières années (Rio,1992 et 2012 ; Kyoto, 1997 ; Copenhague, 2009 ; Doha, 2012,Varsovie, 2013), les nations n'en prennent pas le chemin. Al'exception de la protection de la couche d'ozone, décidée etappliquée suivant le protocole de Montréal en 1987, aucuneréglementation contraignante réelle n'a été prise lors de cessommets. Les pays en développement rapide, comme les paysdéveloppés d'échelle continentale ne veulent pas la moindrecontrainte à ce sujet. Suivant le scénario "B2" du GIEC (2007), lapopulation mondiale pourrait plus que doubler entre 2007 et 2100,passant de 6,8 à 15,1 milliards en 2100. En définitive, le plusprobable semble bien être "Business as usual", car seule lacroissance économique, donc de la consommation d'énergie, peutfournir travail et bien-être à des populations, dont le taux decroissance est aussi rapide.

En 2001, la communauté scientifique estimait que l'inlandsisantarctique, dans son ensemble, était stable "tel un géantassoupi". Le récent colloque GRACE (Gravity Recovery andClimate Experiment Science meeting) qui s'est tenu à Postdam les17-19 septembre 2012 a présenté un bilan de l'évolution descouvertures de glace continentales. De 2002 à 2008, le bilan dela masse totale de glace en Antarctique est dominé par la pertede masse de l'Antarctique Ouest, tandis que la masse del'Antarctique Est présente un bilan nul. Le Groenland semble plusmal en point, avec une perte de masse nettement accélérée,allant jusqu'à cinq fois celle qu'elle était en 1995. Après leGroenland, le géant austral s'est donc réveillé et commence àbouger en Antarctique Ouest. Il est temps de regarder la réalité enface : les glaciers du Groenland et de l'Antarctique Ouestprésentent tous les signes de modifications majeures dans leursvitesses d'écoulement, qui conduiront fatalement à uneaccélération du taux de la hausse du niveau de la mer au XXIe

siècle. Les populations vivant dans les mégapoles portuaires oules grands deltas doivent s'attendre à une hausse du niveau de lamer à un rythme bien plus rapide que celui du XXe siècle, avec lerisque supplémentaire probable d'une accélération imprévisibleau cours du XXIe siècle.

C'est d'ailleurs ce qui s'est passé il y a 14 650 ans, avec unehausse de quatre mètres par siècle pendant 350 ans. Ce scénariopourrait bien advenir à nouveau, à savoir une débâcle glaciairemassive des deux calottes polaires, ce qui serait à coup sûr uncataclysme planétaire. Il est malheureusement impossible, enl'état actuel de nos connaissances, d'exclure catégoriquement cerisque. Les six scénarios proposés par le GIEC en 2007 restentpurement spéculatifs et ne peuvent lever les lourdes incertitudespesant sur l'évolution future du climat, l'augmentation detempérature dans l'atmosphère et dans l'océan et la hausseinéluctable du niveau de la mer pendant le XXIe siècle.L'inondation des grands deltas (Missippi, Nil, Gange,...) et degrandes villes portuaires entraînerait l'exode d'immensespopulations.

L'objectif de réduire globalement la consommation d'énergiefossile, alors que la population mondiale croîtra au rythmed'environ 70 millions par an pendant les vingt prochaines années,n'est pas réaliste. Au lieu d'entretenir à grands frais l'inutile

caravane climatique, perdue dans les sables d'une chimère horsd'atteinte, les Etats seraient bien avisés d'investir massivementdans la recherche et le développement, tout en augmentant laprime de leur police d'assurance, couvrant notamment les aléasde la hausse inévitable du niveau des mers au XXIe siècle. A cesujet, une adaptation en bon ordre, donc moins douloureuse,passe par une évaluation aussi précise que possible de l'aléamajeur, à savoir la perte de masse des deux calottes polaires. Ilfaut donc impérativement réduire l'incertitude qui pèse sur lavitesse d'écoulement vers l'océan des glaces polaires d'inlandsiset, pour cela : 1/ évaluer plus précisément les flux de chaleur del'océan vers les fronts terminaux des glaciers d'inlandsis, enparticulier, par des mesures absolues du transfert de chaleur versle pôle Sud depuis le flanc sud du Courant CircumpolaireAntarctique, 2/ mettre au point des modèles couplés océan-atmosphère-cryosphère, dont les grilles soient suffisammentserrées pour décrire l'écoulement vers l'océan des glaciersd'inlandsis polaires et en déceler toute accélération.

Ces efforts concertés d'observation et de modélisation devraientpermettre de réduire significativement les incertitudes actuellessur le taux de la hausse du niveau des mers, à l'horizon 2017-2020.

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Résumé actualisé de la conférence présentée le 1er juin 2013 à la Société des Amis du Muséum national d’histoire naturelle et du Jardin des Plantes

BIBLIOGRAPHIEBARD E. et al.- L'océan, le climat et nous. Ed. Le Pommier, 2011.

CHURCH J. et al. - Sea Level Rise and Variability. Wiley-Blackwell, 2010.

CHARRASSIN J.-B. et al. - Proceedings of the National Academy of Sciences of theUSA, 2008.

DELMAS R., CHAUZY S., VERSTRAETE J.-M., FERRE H.- Atmosphère, océan etclimat. Ed. Belin, 2012.

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IPCC, Fourth Assessment Report : Cambridge University Press, 2007.

IPCC, Fifth Assessment Report Climate Change, Sept. 2013.

JOUSSAUME S.- Climat d'hier à demain. CNRS Editions, 1999.

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Deux éléphants de mer avec les manchots

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- Rapport moral du Président

- Rapport d’activité du Secrétaire général

- Rapport financier du Trésorier et budgetprévisionnel

- Rapport du commissaire aux comptes

- Tarif des cotisations 2015

- Vote des résolutions

- Vote du budget 2014

- Appel à candidatures

- Élection des candidats au conseil d’administration

- Questions diverses

- Clôture de l’assemblée générale

Christine Sobesky rappelle auxsociétaires que si les moins-values d’unmontant de 65 925 € sont importantescette année, elles proviennent d’unemutation du portefeuille d’actions. Eneffet, le conseil d’administration aconfié à l’un de ses membres, PaulVarotsis, la responsabilité duportefeuille qui s’élevait à 944 462 €

au 1er janvier 2013, mais était obéré parune provision sur titres de 299 220 €.

La mutation du portefeuille s’est faitepar des ventes de titres pour une valeurde 284 971 €, ce qui a permis deprendre des parts dans un fondsindiciaire pour 220 000 €.

Par ailleurs, les plus-values boursièresnon comptabilisées s’élèvent à64 335 €. Le plan comptable interditen France d’enregistrer les plus-valueslatentes, alors qu’il nous est demandéde provisionner les pertes latentes. Au31 décembre 2013, la provision surtitres s’élevait à 168 902 €.

Actuellement, les titres génèrent desrevenus financiers (dividendesd’actions et d’obligations) pour unmontant brut de 21 000 € et unmontant net, après déduction des droitsde garde et des impôts, de l’ordre de15 000 €.

Après des échanges animés, BernardFrançois propose aux sociétaires devoter, à main levée, les différentesmotions ; à bulletin secret, l’électiondes administrateurs.

• Première motion : adoption durapport moral L’assemblée approuve le rapport moralà l’unanimité et donne quitus auPrésident Jean-Pierre Gasc.

• Deuxième motion : adoption durapport d’activité L’assemblée approuve le rapportd’activité à l’unanimité et donne quitusau Secrétaire général Bernard François.

• Troisième motion : adoption durapport financierL’assemblée approuve le rapportfinancier à l’unanimité et donne quitusà la Trésorière Christine Sobesky.

• Quatrième motion : adoption dubudget prévisionnel 2014L’assemblée approuve le budgetprévisionnel à l’unanimité.

Assemblée générale de la Société des Amisdu Muséum et du Jardin des PlantesSamedi 5 avril 2014, amphithéâtre d’Entomologie

Le Président Jean-Pierre Gasc ouvre à 14h30 la séance de l’assembléegénérale des Amis du Muséum national d’histoire naturelle et duJardin des plantes, composée de quatre-vingt-six membres présents etde quatre-vingt-deux membres représentés.

Dans le numéro 257 du bulletin de la Société (mars 2014) ont étépubliés les rapports concernant cette assemblée, conformément auxdispositions prises par le conseil d’administration.

Il insiste sur l’importance de ce rendez-vous annuel et rappelle l’ordredu jour sur lequel les membres présents pourront délibérerconformément aux statuts.

La parole est donnée au Secrétaire géné-ral, Bernard François, qui commente lesprincipaux événements de l’année écou-lée et fait part du renouvellement dumandat de trois administrateurs : Marie-Hélène Barzic, Michelle Lenoir et Jean-Claude Juppy ainsi que de la candida-ture de Mme Anne-Marie Félix-Cattezqui s’est présentée.

Ensuite Christine Sobesky, Trésorière,apporte ses commentaires sur laprésentation des comptes.

Un sociétaire intervient vivement pourobtenir des explications sur les moins-values sur cession de titres présentéesdans le compte de résultat.

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• Cinquième motion : proposition derévision des tarifs en 2015 Individuel : 42 €Couple : 70 €Enfants : 20 € inchangéJunior/étudiant : 25 € inchangé

L’assemblée approuve le principe decette révision à l’unanimité moins uneabstention.

Élection au conseil d’administration 168 votants, 6 votes blancs, 162 votesexprimés dont 82 par procuration.

Est élue : Anne-Marie Félix-Cattez(157 voix).

Sont réélus : Marie-Hélène Barzic(155 voix), Michelle Lenoir(155 voix), Jean-Claude Juppy (155).

Le Bassin de l’esplanade Milne EdwardsYves Cauzinille commente un diapo-rama évoquant d’abord l’historique dubassin “retrouvé” à son emplacementd’origine au-dessus de la chambre defontainerie du XVIIe siècle. Le diapo-rama rappelle brièvement les princi-pales étapes de l’aventure et le rôle dela Société : appel à souscription auprèsdes adhérents, participation au finance-ment d’un sondage et des étudespréalables.

Il esquisse ensuite le développement duprojet sur la base de l’Etude dediagnostic établie par l’Architecte enchef des Monuments historiques enjanvier 2014.

La Société participera à la recherchedes financements de l’opération etaccompagnera sa mise en œuvre auxcôtés du Muséum, avec le soutienmoral d’un comité qui compteplusieurs personnalités illustres.

La Société remercie chaleureusementBernard Dupin, adhérent-architecte,qui a conduit la patiente « enquête » surle bassin « disparu » depuis 1980 et luidonne la parole.

Bernard Dupin exprime sa satisfactionet son espoir de voir prochainementaboutir le projet de restitution dubassin.

Questions diverses :1/ Peut-on espérer avoir un avantagetarifaire sur les entrées au Parc zoologiquede Paris ?Réponse du Président : les adhérents dela Société des Amis du Muséum nebénéficieront d’aucun avantage pourvisiter le Parc zoologique de Paris(PZP), ancien Zoo de Vincennes, bienqu’il demeure sous la responsabilité duMuséum. Cette situation résulte duchoix qui a été fait dans le mode definancement de la rénovation du parcqui est fondé sur un partenariat publicprivé (PPP). Il s’agit d’une formule decontrat administratif entre desentreprises privées et le pouvoir public(ordonnance du 17 juin 2004) visant àéviter l’endettement immédiat de l’état.Ce sont en effet les entreprisescontractantes qui font l’investissementet se font rembourser par un “loyer”qui s’échelonne, dans le cas du parc,

sur vingt-cinq ans. Le Muséum estdonc contraint de “rentabiliser” le pluspossible le nouveau parc afin deremplir les obligations du contrat.Nous pourrons cependant bénéficierdes tarifs de groupes.

2/ Cotisations : pourquoi n'y a-t-il pas detarif famille ?Réponse du Secrétaire général : ceci n'ajamais été mis en place au sein de laSociété des Amis et n’a pas été évoquéen conseil d'administration cesdernières années. Ce point fera l'objetd'une inscription à l'ordre du jour d'unprochain conseil d’administration,mais les statuts ne le mentionnent pas.

Aucune autre question n'étant posée etl'ordre du jour étant épuisé, lePrésident clôt l'assemblée générale etinvite les membres présents àconverser autour du verre de l'amitié.

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Liste des membres du conseil d’administration de la société en date du 12 juin 2014

Jean-Pierre GASC Président Félix DEPLEDT Vice-président Raymond PUJOL Vice-président Bernard FRANÇOIS Secrétaire général Christine SOBESKY Trésorier Paul VAROTSIS Trésorier adjoint Yves LAISSUS Président d’honneur Jean-Claude MONNET Membre d’honneur

Membres : Aïcha BADOU Denis GROENÉMarie-Hélène BARZIC (réélue) Jacques HUIGNARDYves CAUZINILLE Pascale JOANNOTJacqueline COLLOT Jean-Claude JUPPY (réélu)Laurent DECUYPERE Françoise KIOU-JOUFFROYGérard FAURE Jean-Patrick LEDUCAnne-Marie FELIX-CATTEZ (élue) Michelle LENOIR (réélue)Bernard L. GATINOT Sophie-Eve VALENTIN-JOLY

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21h : projections etconférences à l’au-d i t o r i u m d e l aGrande galerie del’évolution. « Unev i e d e G r a n dRhinolophe » film,réalisé par TanguyStoecklé - GroupeC h i r o p t è r e s d e

Provence, a pour objectif de nous immergerdans la vie des grands rhinolophes et, dansune moindre mesure, dans celle des murins àoreilles échancrées. A partir de 21h : visitedans le jardin à la recherche de ces animauxnocturnes (40 mn par petits groupes).Gratuit, inscription obligatoire au 01 40 79 56 01 à partir du 26 août. RDV devant la Grande galerie de l’évolution.www.nuitdelachauvesouris.com

• Stage de dessin scientifique et natura-liste à Concarneau, du 7 au 11 juillet 2014Inscriptions : Igor Frenel au 01 40 79 48 85, [email protected]

• Le zoo du XXIe siècle a ouvert ses portes,le 12 avril 2014Le Parc zoologique de Paris propose aux visi-teurs de découvrir 180 espèces réparties dans

des biozones évoquant leur environnementnaturel. www.parczoologiquedeparis.fr51, av. de Saint-Maurice, 75012 Paris.

• Les rendez-vous du Muséum

Animations- Eveil et art au jardin, du 7 au 31 juillet et du 4

au 29 août 2014 à 14h, sauf sam., dim. etfériésTrois thèmes sont abordés : un atelier quiassocie découverte botanique et créativité ;le Land Art avec une création éphémère etune activité de fabrication avec peinturesvégétales.Gratuit, 2h, réservation obligatoire au 01 40 79 57 81, [email protected]

- Les mercredis des curieux, en juillet à 14h30Visitons leJardin alpin,23 juillet -Plantes utilesdes serres*, 9et 30 juillet -Les arbustesde nosrégions, 2 juillet -

Le Jardin écologique, 16 juillet.Gratuit (40 mn), *entrée payante auxGrandes serres.Réservation obligatoire : 01 40 79 56 01/54 79 ou [email protected]

- Rencontre avec les soigneurs, tlj du 5 juillet au31 août 2014Gratuit (15/20 mn), entrée payante à laMénagerie. RDV devant l’enclos des animaux.

Visites- Propos de jardiniers, le jeudi à 14h

3 juillet : Outillage et techniques de jardinage17 juillet : Biodiversité desmares et zones humides7 août : Collectes des graineset leur semis (inscription obli-gatoire au 01 40 79 56 01)21 août : Arbres d’AsieGratuit. RDV à la table dedémonstration de l’Ecole deBotanique.

- Visite guidée de la Ménagerie,les mercredis, samedis, diman-ches et jours fériés du 5 juilletau 31 août à 15hGratuit (1h), entrée payante àla Ménagerie. RDV devant lesstatues des hippopotames. Dès 5 ans. Inscription : 01 40 79 56 [email protected]

- Point parole à la Ménagerie, les mercredis dejuillet sauf les 23 et 30 juillet à 15h30

« Biodiversité urbaine » : relation entre lesplantes et les animaux.Gratuit (45 mn), entrée payante à laMénagerie. RDV devant l’hôtel à insectes. Dès5 ans.

- Point parole aux Grandes serres, les 10, 17,24, 25, 28, 31 juillet à 14h« A nous les tropiques » : un médiateurrépond aux questions.Gratuit (1h30), entrée payante aux Grandesserres. RDV devant la caisse. Dès 5 ans.

- Visite guidée des serres, les 7, 11, 18 et21 juillet à 14hVisite en compagnie d’un botaniste.Gratuit (1h30), entrée payante aux Grandesserres. RDV devant la caisse. Inscription obligatoire au 01 40 79 56 01, [email protected]

LA REDACTION VOUSPROPOSE EGALEMENT

Expositions• Tatoueurs, Tatoués, jusqu’au 18 octobre2015Mezzanine OuestUne approche inédite d’une pratique ancestra-le, le tatouage : présentation de 300 œuvreshistoriques et contemporaines provenant dumonde entier. Mise en perspective de la dimen-sion artistique du tatouage, de son histoire autravers de toutes les cultures.Cette exposition se fait l’écho de l’intérêt portéau tatouage dans la société contemporaine.• TIKI POP. L’Amérique rêve son paradis poly-nésien, jusqu’au 28 septembre 2014Mezzanine EstLe style Tiki, imagerie fantaisiste des mers dusud, est typique de la culture populaire améri-caine des années 1950/1960. Il a pour origine

échosVous pouvez retrouver le dernier program-me du Jardin des plantes aux différentsaccueils du Jardin, sur le site internet :www.mnhn.fr ou demander à le recevoir parcourrier en écrivant à : Accueil des publicsMNHN 57, rue Cuvier 75005 Paris, ou parmél [email protected] en précisant « envoipar mél du programme »

LE MUSEUM NATIONALD’HISTOIRE NATURELLE

VOUS PROPOSE

Expositions• Les aventuriers du Muséum : expéditioncœlacanthe, jusqu’au 8 septembre 2014Trente photos excep-tionnelles priseslors d’uneexpédition enAfrique du Sudpar Laurant Ballesta et exposées au 1er étage dela Grande galerie de l’évolution.• Nuit, jusqu’au 3 novembre 2014L’exposition explore le monde de la nuit et enrestitue l’ambiance. www.nuit.mnhn.frGrande galerie de l’évolution, 36, rue GeoffroySt-Hilaire, 75005 Paris. Tél. : 01 40 79 56 01 / 54 79. Dès 5 ans. Tlj saufmardi de 10h à 18h. 9/7 € : visite de la galerie+ exposition temporaire ; 7/5 € : expositionpermanente.

• Les métiers des parcs zoologiques, jusqu’au 28 septembre 2014Le Muséum entre dans le champ de la bandedessinée grâce à la dessinatrice MarionMontaigne.Grilles de l’Ecole de botanique, allée centrale duJardin des Plantes. Gratuit.

• Paris, berceau de la cristallographie, jusqu’au 18 août 2014Présentation des modèles en terre et en boisayant appartenu aux fondateurs de la cristallo-graphie, Romé de l’Isle et René Juste Haüy, ainsique des instruments de mesure, des cristaux desynthèse et des spécimens exceptionnels.Cabinet d’Histoire du Jardin des Plantes, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Tlj sauf mardi de10h à 17h, 18h sam., dim. et fériés. 3/1 €.

Evénements• Enquête « Insectes et ciel étoilé », lancéeen mai 2014En couplant l’observation du ciel et des insec-tes, vous pouvez par Internet aider les cher-cheurs à mieux évaluer la pollution lumineuseet son impact sur la biodiversité.Cette enquête est portée par le Muséum, Noé Conservation et l’Association Françaised’Astronomie.Pour participer : www.vigienature.fr/insectes-et-ciel-etoile

• La nuit internationale de la chauve-souris, samedi 30 août 2014 à 19h30Au cours de cette soirée qui s’organise endeux temps les participants découvriront cesmystérieux mammifères volants. 19h30 à

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des représentations fantaisistes du Pacifiquetrouvées dans des récits d’explorateurs dès leXVIIIe siècle, puis dans des romans et des films.Disparu en 1980, le style Tiki, adaptation dumodèle polynésien, renaît actuellement auxEtats-Unis.Présentation de 450 œuvres, photos, films,documents, musiques. Sélection d’objets éton-nants, usuels, accessoires, éléments de décora-tion intérieure mis en parallèle avec des œuvresauthentiques (sculpture Tekoteko Maori, bolTonga…).• Les femmes dans la révolution-Vietnam1954-1980, jusqu’au 28 septembre 2014Atelier Martine AubletDans le cadre de l’année France-Vietnam, pré-sentation d’affiches vietnamiennes de propa-

gande mettant en exergue les multiples repré-sentations des femmes au Vietnam dans lesannées 1950-1980. Témoignages du rôleessentiel des femmes vietnamiennes dans lasociété, dans la seconde moitié du XXe siècle etd’une certaine esthétique des affiches (prove-nant du musée des femmes à Hanoï).

Musée du quai Branly, 37, quai Branly, 75007 Paris. Tél. : 01 56 61 70 00.Mar., merc., dim., de 11h à 19h ; jeud., vend.,sam. de 11h à 21h. www.quaibranly.fr

• Music 4 kids, du 1er juillet au 2 novembre2014Un ensemble de 27 éléments sonores permet àchacun de produire des sons et d’aborder lespremiers rudiments de la musique. Ces 27 élé-ments appartiennent à cinq familles : cordo-phones, aérophones, membranophones, idio-phones, électrophones.Dès l’entrée, sensibilisation à l’écoute des sons,puis essai des instruments (du lithophone à l’or-gue à pompe…). L’électronique n’est pasoubliée : possibilité de transformer sa voix, dejouer au DJ.• Séisme et volcans, vivre avec le risque,nouvelle exposition permanenteDans ce nouvel espace, il est possible d’appré-

hender par l’intermédiaire d’expériences et desimulations les événements telluriques et demieux comprendre leur origine, ceci pour mieuxévaluer les risques et pour s’en protéger. Quatregrandes parties : Ça bouge ! Surveiller pourmieux prévenir. L’origine profonde des phéno-mènes. Les recherches en faveur de la protec-tion.

Palais de la découverte, av. Franklin Roosevelt,75008 Paris. Tél. : 01 56 43 20 21.Tlj sauf lun. de 9h30 à 18h ; dim. et fériés de10h à 19h. 8 € ; TR, 6 €. www.palais-decouverte.fr

• Il était une fois l’Orient Express, jusqu’au31 août 2014Institut du Monde Arabe, 1, rue des Fossés-St-Bernard, 75005 Paris. Tél. : 01 40 51 38 14. Tlj sauf lun., de 9h30 à 19h, vend., jusqu’à21h30, week-end et fériés jusqu’à 20h.10,50 € ; TR, 8,50 €, grat –16 ans.

• Les « Héritières » de Marie Curie,jusqu’au 31 octobre 2014Portraits de femmes ayant travaillé sur le can-cer, de 1914 à nos jours.Musée Curie, rue Pierre et Marie Curie, 75005 Paris. Tél. : 01 56 24 55 83.Du merc. au sam. (sauf fériés et août) de 13h à17h. Entrée libre.

• Baccarat : les 250 ans, jusqu’au 24 janvier2015Galerie-Musée Baccarat, 11, place des Etats-Unis, 75016 Paris. Tél. : 01 40 22 11 00.Tlj sauf mar., dim., fériés. 7 € ; TR, 5 € ; grat.– 18 ans.

• Sous pression, le bois densifié, jusqu’au31 octobre 2014Le bois densifié : créations de cinq designers.Les arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. : 01 44 55 57 50.Tlj sauf lun, 15 août, de 11h à 18h, 21h le jeud.9,50 € ; TR, 8 € ; grat –26 ans.

• Banania, jusqu’au 31 janvier 2015De l’origine de la recette à nos jours.Musée du chocolat, choco-story, 28, bd Bonne-Nouvelle, 75010 Paris.Tlj de 10h à 18h. 9 € ; TR, 8 et 6 €.

• Femmes berbèresdu Maroc, jusqu’au20 juillet 2014Fondation PierreBergé-Yves St-Laurent,3, rue Léonce-Reynaud, 75016 Paris. Tél. : 01 44 31 64 31. Tlj sauf lun. et fériés,de 11h à 18h. 7 € ;TR, 5 €.

• Great Black Music, jusqu’au 24 août 2014Les musiques noires dans le monde.Musée de la Musique - Cité de la Musique, 221, av. Jean Jaurès, 75019 Paris. Tél. : 01 44 84 44 84.Tlj sauf lun., de 12h à 18h, dim. de 10h à 18h.Jusqu’à 22h, ven. et sam. 9 € ; TR, 7,20 €, 5 € –26 ans.

• L’Eau sur Mars, jusqu’au 31 décembre 2014Pavillon de l’Eau, 77, av. de Versailles, 75016 Paris. Tél. : 01 42 24 54 02.Tlj sauf dim. et fériés, de 10h à 19h. Entréelibre.

• Les Gobelins au siècle des lumières,jusqu’au 27 juillet 2014Manufacture des Gobelins-Galerie, 42, av. desGobelins, 75013 Paris. Tél. : 01 44 08 53 49.Tlj sauf lun., de 11h à 18h. 6 € ; TR, 4 €.

• Moi, Auguste, empereur de Rome,jusqu’au 13 juillet 2014Grand Palais, 3, av. du Gal Eisenhower, 75008 Paris. Tél. : 01 44 13 17 30.Tlj sauf mar., de 10h à 20h, merc., 22h. 13 € ;TR, 9 €.

• Les emballages qui changent nos vies,jusqu’au 10 décembre 2014L’évolution de l’emballage del’après deuxième guerre mon-diale à nos jours.Musée de la contrefaçon, 16 ruede la Faisanderie, 75016 Paris. Tél. : 01 56 26 14 00. Tlj sauf lun. et fériés de 14h à17h30. 6 € ; TR, 5 € ; grat.–12 ans.

• Le trésor de Naples,jusqu’au 20 juillet 2014Les joyaux de San Gennaro.Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. : 01 42 22 59 58.Tlj de 10h30 à 19h, 21h30 le vend. 13 € ; TR, 11 € ; grat. –11 ans.

• Bouger vert, jusqu’à 31 août 2014Exploradôme, 18, av. Henri Barbusse, Vitry-le-François. Tél. : 01 43 91 16 20. Mar., jeu., ven. :10h-12h, 13h30-17h ; merc., sam., dim. etfériés 10h-18h.

• De rouge et de noir, jusqu’au 15 janvier2015Les vases grecs de la collection de Luynes.Musée des Monnaies, Médailles et Antiques, 5, rue Vivienne, 75002 Paris. Tél. : 01 53 79 83 30.Tlj sauf fériés de 13h à 17h45 ; sam. 16h45 ;dim., 12h-18h. Entrée libre.

• Modernités plurielles : de 1905 à 1970,jusqu’au 31 décembre 2014Une histoire mondiale de l’art à travers plus demille œuvres.Centre Georges Pompidou, place G. Pompidou,75004 Paris. Tél. : 01 44 78 12 33. Tlj sauf mar., de 11h à 21h. 11 € et 13 € ; TR, 9 et 10 € ; grat. –18 ans.

• Le mythe de Cléopâtre, jusqu’au 7 septem-bre 2014La dernière reine d’Egypte.Pinacothèque de Paris, 28, place de laMadeleine, 75008 Paris. Tél. : 01 42 68 02 01.Tlj de 10h30 à 18h30 (14h-18h30 le 14 juillet) ;jusqu’à 21 h merc. et vend. 12,50 € ; TR, 10,50 €.

• Image’N Magie, jusqu’au 6 octobre 2014Les arts premiers dialo-guent avec la grotteornée du Pont-d’Arc,dite grotte ChauvetPont-d’Arc. Des œuvresinédites du Quai Branlyp a s s e n t l ’ é t é e nArdèche, au château-musée de Tournon-sur-Rhône.A p r è s C h a s s e sMagiques, présentéeau château de Vogué

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en 2013, le partenariat Quai Branly-Grandprojet la Caverne du Pont-d’Arc se poursuit.Quarante œuvres d’Afrique, d’Amérique etd’Asie, provenant des collections du musée,aux formes animales et humaines, images àdouble sens et messages sous-jacents.Château-Musée, 07300 Tournon-sur-Rhône.Visites guidées : réservation au 04 75 30 62 59.Tlj de 10h à 18h, du 01/07 au 31/08 ; de 14hà 18h du 01/09 au 6/10. 4 € ; TR, 2 € ; grat. –12 ans.

FILMS

A la Géode, depuis le 14 mai 2014South Pacific : 40 mn, novembre 2013, réal.Greg Mac Gillivray et Steve Judson, prod. :Shaun Mac Gillivray pour MFF, photographie :Brad Ohlund, photographie sous-marine :Howard Hall, Peter Kragh et Dj Roller,musique : Steve Wood.Un adolescent de 13 ans part à bord duKalabia bateau qui est une « école flottante ».Il réalise à quel point son avenir et l’avenir del’océan qui l’entoure sont liés. Parmi les nom-breux animaux qu’il rencontre lors de sesplongées, il y a la tortue luth, le requin balei-ne qui est le plus grand poisson du globe… Ildoit surmonter sa peur, mais prend aussi cons-

cience que c’est à lui et à d’autres comme luide relever les défis à venir comme la menacede la surpêche, la pollution, la montée desocéans…Ce film est un magnifique voyage en IMAX®dans les îles tropicales luxuriantes de laPapouasie occidentale, où la vie foisonne suret sous la mer.26, avenue Corentin Cariou, 75019 Paris.www.lageode.fr. Se renseigner sur les horai-res. A voir en famille, 12 €, TR, 9 €.

COURS DE DESSIN

A la Ménagerie du Jardin des plantes En septembre prochain, des cours dedessin seront proposés par le Muséumaux enfants de 11 à 15 ans, sur proposi-tion et avec le concours des Amis duMuséum, le samedi matin et le dimanchematin de 9h30 à 11h30 durant l’annéescolaire.Inscription obligatoire en août auMuséum par mél : [email protected] places étant limitées, elles serontattribuées par ordre d’arrivée.

AUTRES INFORMATIONS

• L’espace “Marittime-Mercantour”Six partenaires français et italiens ont décidé deprésenter une candidature commune pour unclassement au Patrimoine mondial del’Humanité de l’espace « Marittime-Mercantour », qui va du Parc national duMercantour à la Méditerranée, et dont la géo-logie engendre des paysages, une nature etune culture exceptionnels.Les six partenaires sont le Parc national duMercantour et, pour la partie italienne, le ParcoAlpi-Marittime, le Parco Alpi Liguri, le Parco duMarguareis, la Provincia imperia et l’aire proté-gée Jardin botanique Hanbury.Ce projet, qui fait partie des rares candidaturestransfrontalières, sera porté notamment par lastructure de gestion du Premier parc natureleuropéen, constitué par le Parc national duMercantour et le Parco naturale Alpi-Marittime.La candidature au Patrimoine mondial del’Humanité de l’UNESCO a dû être présentée le18 novembre 2013 à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes).(D’après Communiqué de presse, Parc national du Mercantour, 14 nov. 2013)

• Des caries chez les chasseurs-cueilleursOn considérait que l’apparition des carieschez l’homme était liée au développement del’agriculture et à une alimentation riche ensucre. Au Maroc, dans la grotte des Pigeons, àTaforalt, qui a été habitée à l’âge de pierre (il ya 15 000 ans), des dentures montrant desmarques d’attaques bactériennes ont été trou-vées. Près de 51% des dents des chasseurs-cueilleurs adultes étaient cariées (proportionanalogue à celle présentée par les populationsactuelles), alors que cette proportion est géné-ralement de 0%-14% chez les chasseurs-cueilleurs. Les chercheurs pensent que cetteforte proportion de caries est due à uneconsommation de glands et de pignons de pin.(D’après H. et al. PNAS, 7 janv. 2014, in Le Monde, 8 janv. 2014)

• Les phasmes pratiquaient déjà le mimé-tisme au crétacé inférieurUne équipe internationale et pluridisciplinairede chercheurs (dont O. Béthoux, MNHN/CNRS/UPMC) a déterminé que les phasmesavaient développé dès le crétacé inférieur l’ap-titude à imiter les plantes de leur environne-ment pour échapper à leurs prédateurs.Les insectes phasmes ont une capacité mimé-tique extraordinaire : morphologie et compor-tement leur permettent d’imiter branches,feuilles ou écorces, de plantes à fleurs essen-tiellement.Parmi les fossiles, les espèces attribuables augroupe des phasmes sont rares et datent d’avant la diversification des plantes à fleurset ne présentent pas d’adaptation mimétique.Dans le gisement de Jehal (Mongolie intérieure,Chine ; crétacé inférieur, 126 ± 4 millions d’an-

nées), l’équipe de chercheurs a trouvé trois spé-cimens appartenant à une nouvelle espèce fos-sile Cretophasmomima melanogramma. Elle apu déterminer avec certitude que cette espèceappartient au groupe des phasmes grâce aux« épaulettes » qui recouvrent la base des ailespostérieures au repos. En outre, les ailes de C.melanogramma portent d’étroites bandes lon-gitudinales sombres qui leur donnent une colo-ration particulière. Il est suggéré que les feuilles de Membranifoliaadmirabilis provenant du même gisement etprésentant des bandes sombres similairesdevaient servir de modèle à C. melanogrammapour se dissimuler.Cette découverte montre que les phasmes ontcommencé tôt à imiter des morceaux de plan-tes, avant la diversification des plantes à fleurs.La diversification d’oiseaux et de mammifèresarboricoles à cette période a pu être à l’originede l’acquisition de ce type de défense primaire.Cette découverte a fait l’objet d’une publica-tion dans PLoS ONE, 19 mars 2014.(D’après Communiqué de presse MNHN, 20 mars 2014)

• Les variations de couleur du frelonasiatique

Chez de nombreuses espèces animales, lacouleur joue un rôle important, notammentpour attirer un partenaire sexuel, se camou-fler, avertir un prédateur de sa toxicité. Chezles guêpes et les frelons, le message est :« attention je pique ». Cependant, la colora-tion d’une même espèce de frelon peut beau-coup varier suivant les régions, ce qui a été àl’origine d’erreurs d’identification et de confu-sions dans la taxonomie de l’espèce. C’est lecas pour Vespa velutina Lepeltier (1836), lefrelon à pattes noires arrivé en France il y a dixans. Dans son aire d’origine (du Pakistan auSulawesi en passant par la Chine) cetteespèce présente une douzaine de formes auxcouleurs différentes. Negrithorax est la pluscommune, surtout en Chine, et est celle quiest arrivée en France.Afin de préciser la taxonomie du genre et dechercher à comprendre les causes de cettediversité, un groupe de chercheurs (MNHN,IRD-CNRS, American Museum of naturalHistory, chercheurs népalais, chinois, indoné-siens) a entrepris une étude basée sur des mar-queurs génétiques et un codage des motifs decoloration. Ce groupe a établi que plusieurspopulations aux couleurs radicalement diffé-rentes étaient génétiquement apparentées,tandis que d’autres, aux couleurs voisines,étaient très différents génétiquement. Ont étéainsi prouvés la proximité génétique de popula-tions qui étaient considérées comme différen-tes et le fait que la coloration n’est pas à elle

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seule un caractère permettant de différencierles espèces de frelons. Chez ces derniers, laprincipale variation de couleur observée seraitdue à une accumulation de pigments noirs,dont l’intensité dépend d’une combinaison defacteurs, notamment ceux liés aux conditionsclimatiques. Cependant, aucune relation entrevariations de couleur et climat n’a été trouvéechez Vespa velutina. Il est donc suggéré que lesvariations observées sont dues à un phénomè-ne de mimétisme chez les hyménoptèrespiqueurs (guêpes, frelons, abeilles). Ce mimétis-me dit Mœllérien1 peut provoquer des varia-tions de couleur radicales d’une région à l’aut-re, en fonction des espèces dotées de colora-tion d’avertissement et des prédateurs pré-sents. Ce phénomène, bien documenté dansdivers groupes (papillons Heliconius notam-ment), a été très peu étudié chez les guêpes etles frelons, d’où la nécessité d’explorer les rela-tions entre coloration d’avertissement et mimé-tisme chez ces insectes. Cette étude a fait l’objet d’une publicationdans PLoS ONE.(D’après Communiqué de presse MNHN,16 avril 2014)

• Des paresseux marins à l’ère tertiaireThalassocnus, genre éteint, est un paresseuxconsidéré comme aquatique, très différent deses cousins actuels qui sont de petite taille etstrictement arboricoles.Les fossiles étudiés proviennent des gisementspéruviens de la Formation Pisco (à environ500 km au sud de Lima), riche en faune marinede la fin de l’ère tertiaire (entre 10 et 4 millionsd’années environ). Les conditions de fossilisa-tion avaient conduit les chercheurs à considérerThalassocnus comme aquatique : les os denombreux squelettes étaient encore articulés,ce qui prouvait qu’il n’y avait pas eu dislocationdes carcasses avant la fossilisation. Les carcassesn’auraient donc pas été transportées, ce quilaisse penser que les paresseux vivaient dans ledésert péruvien. Herbivores, ils ne pouvaient senourrir que des végétaux marins, seuls accessi-bles.Des spécialistes du Centre de recherche sur lapaléobiodiversité et les paléoenvironnements(CR2P – MNHN/CNRS/UPMC) ont récemmentanalysé la structure interne des os deThalassocnus par tomographie à rayons X,grâce à la plateforme AST-RX du Muséum. Les côtes et les os longs des membres se sontrévélés très denses, la cavité centrale étantréduite, parfois absente. Or, chez les animauxterrestres, les os comportent une partie externecompacte qui protège une large cavité centrale.Ce résultat prouve une adaptation au milieuaquatique peu profond, que l’on retrouve parexemple actuellement chez les siréniens(lamantins et dugongs) : les os denses de cesmammifères font qu’ils flottent moins et peu-vent brouter plus facilement les fonds marins.Cette découverte confirme les mœurs aqua-tiques de Thalassocnus, dont cinq espèces ontété retrouvées dans des couches sédimentairesdifférentes (de 8 à 4 millions d’années), ce quia permis de faire une estimation de la vitessed’acquisition de la densification des os, la com-

pacité augmentant des espèces anciennes auxplus récentes. Ceci en quelques millions d’an-nées chez Thalassocnus. Ces travaux sont publiés dans les Proceedingsof the Royal Society, B, du 12 mars 2014.(D’après Communiqué de presse MNHN/CNRS/UPMC, 12 mars 2014)

• La biodiversité : note d’écouteGilles Bœuf, président du Muséum nationald’histoire naturelle, a présenté dans une sériede huit conférences au Collège de France unexposé complet de ce qu’est la « biodiversité ».Maintenant que la diffusion des idées parInternet est beaucoup plus rapide et plus com-plète qu’elle ne l’était auparavant par lesmoyens traditionnels, vous informer par vidéosur un site Internet, comme celui du Collège deFrance, est aussi important que la consultationd’une publication. Ce terme de « biodiversité » est relativementnouveau, de même que celui de « développe-ment durable ». D’origine anglo-saxonne, cesdeux concepts étaient contenus jusqu’au coursdes années 1960-1970 dans celui de« Protection de la nature », lequel, il faut bienle reconnaître, avait pour le grand public, unpetit goût d’amateurisme et de loisirs et étaitmoins mobilisateur.A cette époque, qui vit la disparition desConservateurs des Eaux et Forêts et la créationde l’Office National des Forêts (ONF), établisse-ment national à caractère industriel et commer-cial, les choses sont devenues sérieuses, voiremême dramatiques.On se souvient en effet des disputes quant à laplantation et la gestion des plantations de rési-neux, quant à l’épandage des produits chi-miques en terrains agricoles et à la gestion deseaux. C’est à cette époque que fut créé leMinistère de l’Environnement, « Ministère del’impossible » selon le premier de ses responsa-bles, Robert Poujade.C’est maintenant l’urgence au XXIe siècledans ces domaines et c’est ce qui ressort decette série de huit conférences que l’on peutretrouver très facilement sur le site du Collègede France.A ces huit conférences, assistait un nombreuxpublic. Vous n’y étiez peut-être pas et, si vous y étiez,peut-être seriez-vous content de les réécouter ?Gilles Bœuf a rendu hommage à RobertBarbault, récemment décédé, dont une derniè-re prestation sur le sujet de la biodiversité, le 21mai 2013 au lycée Louis-le-Grand, avait étésignalée par la Société des Amis du Muséumnational d’histoire naturelle et du Jardin desPlantes.Dans cette série de huit conférences d’uneheure chacune, Gilles Bœuf examine en sémi-naire, avec le concours de quelques autresexperts, les évolutions récentes et les perspecti-ves souvent sombres des différents élémentsconstituant notre univers : l’eau, les océans etles zones terrestres, le ciel et l’atmosphère, lesactions humaines, etc.Ces conférences sont susceptibles de rafraîchirvos connaissances sur les milieux naturels et depréciser les risques et les évolutions suscitéespar l’activité humaine. Gilles Bœuf apporte par-fois des solutions aux risques encourus, maiscelles-ci sont souvent à long terme, voire à trèslong terme et elles suscitent de la part des

humains, soucieux de leur confort, des craintes,des questions et souvent des réticences. Il posetrès clairement la question de savoir dans quel-les mesures nos démocraties sont susceptiblesd’assumer dans le long terme la couverture deces risques. En effet, dans nos systèmes démocratiques,ceux qui exercent le pouvoir sont contraints depenser aux limites de celui-ci, aux élections ouaux réélections, dont les échéances n’excèdentpas quelques années. Gilles Bœuf, tout en s’af-firmant démocrate, n’apporte pas de réponse àcette question, qui semble cependant une desplus importantes, parmi celles exposées danscette série de conférences.

Denis Groené

• La grotte Chauvet et son classementpar l’UNESCOAprès dix mois d’expertise, ICOMOS, ONGœuvrant à la conser-vation des sites his-tor iques dans lemonde, a donnéun avis favorableau classement auPatrimoine mondialde l’UNESCO de laGrotte ornée du Pont-d’Arc, dite Chauvet.La décision finale doit être prise par leComité du patrimoine mondial au cours de la38ème session de l’UNESCO qui se tiendra du15 au 25 juin 2014 à Doha, au Qatar.(D’après Communiqué de presse UNESCO,5 mai 2014)

• Le parc naturel de la mer de corailFin avril 2014, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a fait part de la création du nouveauparc naturel de la mer de Corail, qui couvreenviron 1,3 million de km2. Les autorités loca-les, soutenues par l’agences des aires marinesprotégées, ont trois ans pour élaborer les règlesde protections de ce parc. Une protection totale de la moitié de la surface peut être envi-sagée, l’autre moitié étant laissée à des activitéstouristiques et à la pêche professionnelle.Les eaux de la Nouvelle-Calédonie abritentnotamment l’un des plus grands récifs cora-liens au monde dans le périmètre protégé, ontrouve également une fosse océanique, desmonts sous-marins, des écosystèmes situés àprès de 8 000 m de profondeur, ainsi que25 espèces de mammifères marins, quarante-huit de requins, dix-neuf d’oiseaux, cinq detortues.Avec la création du parc de Nouvelle-Calédonie, le réseau d’aire marine de la Francepasse de 4 à 16%, mais ne représente pasplus de 1% des aires protégées dans lemonde. (D’après M.C., Le Figaro, 7 mai 2014)

• Certains coraux résistent au réchauffement climatiqueDes chercheurs américains de l’université deStanford ont montré que l’espèce Acroporahyacinthus peut s’habituer assez rapidement àdes eaux plus chaudes que celles dans les-quelles elles vivent normalement.Ces chercheurs se sont rendus aux îles Samoa,où les eaux peu profondes de certains récifspeuvent atteindre 35°C, température élevée

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1 Le mimétisme est dit Mœllérien quand plusieurs espècestoxiques ou venimeuses non apparentées et vivant dans lamême région ont acquis au cours de l’évolution des couleursd’avertissement similaires.

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EMÉRIAU (J.). –Guide de la fauneet de la florebibliques. descléede brouwer (Paris),septembre 2013,324 p. 17 x 22,photos et cartes encouleur del’auteur, réf.,index, tableauxsynoptiques.26,90 €.

L’auteur, connaisseur des pays bibliques etplus particulièrement de la Terre Sainte, enprésente tout d’abord le climat et la géogra-phie.Frappé par la place qu’occupe la nature dansla Bible, allusions plus ou moins longues, plusou moins pertinentes, mais qui incitent àrespecter celle-ci, Jean Emériau fait un inven-taire de la faune et de la flore qui sont men-tionnées dans ce livre.En première partie de l’ouvrage soixante-dixanimaux et en deuxième partie soixante-dixplantes ou arbustes nommés dans la Biblesont recensés.Chaque notice descriptive, accompagnée leplus souvent d’une photo, est suivie du (oudes) texte de la Bible dans lequel l’animal, oula plante, est évoqué, ainsi que de citationsd’auteurs anciens, grecs ou latins (Pline l’an-cien, Aristote), d’auteurs du XVIIIe siècle(Buffon), d’auteurs contemporains (voyageursou érudits). Ceci donne une vision conver-gente ou divergente du même animal ou dela même plante.Les notices sont classées par ordre alphabé-tique, de l’abricotier à la vigne, de l’abeille auver. Une dizaine de substances minérales ounaturelles sont également recensées dans laBible et citées à la fin de l’ouvrage.Une étude un peu inattendue, systématique,intéressante, qui met bien l’accent sur lerespect et l’importance de la nature au tempsbiblique.

j. C.

BRUNEAU DE MIRÉ(Ph.), DELANGE (Y.),HOFER (A.). – Sagapedo. Terra seca(Montpellier),janvier 2014,120 p. 16 x 24,photos noir etblanc. 8 €.Philippe Bruneaude Miré recon-naît que d’avoir

donné pour titre à ce petit recueil de sou-venirs de naturalistes voyageurs, le nomd’une sauterelle parthénogénétique est unpeu étrange.

pour des coraux. Ils ont effectué destransplantations de coraux habitués à deseaux plus froides dans ces eaux chaudes etinversement. Ils ont constaté que les corauxdeviennent plus tolérants à la chaleur, et ce enun temps beaucoup plus court que celuiqu’aurait nécessité une évolution génétique.Plus souvent soumis à des changements detempérature, les coraux de surface sont moinsvulnérables que les coraux de profondeur. Leréchauffement climatique n’implique pas ladisparition des coraux, mais les récifs serontdifférents. Il faut préserver le plus grand nom-bre d’espèces possibles, ne connaissant pasleur capacité de résister au réchauffement. Il ya aussi d’autres dangers que le réchauffementclimatique et l’acidification de l’eau : sédi-mentation, surpêche, activités humaines, pol-lution. Malgré sa sanctuarisation, la grandebarrière en Australie a diminué de 15% en rai-son des activités humaines et risque d’être pla-cée sur la liste des sites du patrimoine mondialen péril.Les travaux de ces chercheurs ont été publiésdans la revue Science(D’après M.C., Le Figaro, 7 mai 2014)

• Un passereau chapardeur et ruséLe Drongo, passereau d’Afrique, imite les crisd’alarme d’autres espèces d’oiseaux pour lesfaire fuir et voler leur nourriture. Il sait aussimodifier ses cris pour ne pas être démasqué.Ce comportement a été observé pendant prèsde 850 heures par des chercheurs australiens,britanniques et sud-africains dans le désert duKalahari. Ils ont enregistré les fausses alarmeslancées par 64 Dicrurus adsimilis lors de 688tentatives de vols d’aliments.Ces oiseaux auraient passé un quart de leurtemps à suivre une autre espèce de passereau(Turdoides bicolor) ainsi que des suricates(petits carnivores), tous friands des mêmesinsectes, qui sont aussi la nourriture desDrongo. Ces derniers poussaient d’honnêtescris d’alarme, comme cela est fréquent dans lemonde animal, mais dans le cas du Drongo, ils’agit d’une ruse pour pouvoir s’emparer de lanourriture trouvée par les autres.Cet oiseau est capable d’imiter le cri d’alarmede sa victime, mais utilise un total de cin-quante et un cris différents, dont quarante-cinq imitant les cris d’alarme d’autres espèces.Il sait en outre moduler son cri quand il a subiun échec.Les larcins représentent 23 % de la nourrituredu Drongo, qui est pourtant un excellent chas-seur.Jérôme Fuchs, enseignant chercheur au dépar-tement systématique et évolution du Muséumnational d’histoire naturelle, fait remarquerque d’autres espèces, comme le goéland oucertains rapaces, volent la nourriture d’autresoiseaux, mais le plus souvent par la force. Parcontre, les geais et les corneilles mémorisentles caches faites par les mésanges, quand lanourriture se fait rare. D’autres espèces men-tent pour sauver leur vie ou attirer leur proie,mais le Drongo serait le seul à utiliser la rusepour éloigner ceux dont il veut subtiliser lanourriture.Les observations faites par les chercheurs dansle désert du Kalahari ont été publiées dans larevue américaine Science.(D’après S.R., Le Figaro, 3-4 mai 2014)

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nousavons lu

Saga pedo fait l’objet du début de la pre-mière de ses cinq nouvelles, dans laquelle ildécouvre, à dix ans, dans le midi, les lézards,les rainettes. Plus tard, en Basse-Normandie,à Falaise, ce sont les collemboles bossus, lestritons pêchés dans une mare… En toile defond, certains modes de vie, des habitudesprovinciales. En contre-point, des aventuresplus récentes et des découvertes en Algérie,pendant les années douloureuses, en petiteKabylie, dans le Djebel Babor.Yves Delange raconte dans « De minuit àl’aube dans les maisons de verre » une expé-dition nocturne dans les serres du Muséum,en compagnie du Dr Edward. La nuit rendcette visite magique, la serre des orchidéesest un enchantement ; finalement, commed e s v o l e u r s , d a n s l e p a v i l l o n d e sBroméliacées, les deux compères ouvrent lelocal dans lequel était confinée une ortie tro-picale australienne, dont les poils cassants eturticants peuvent, lorsqu’ils pénètrent dansla peau, provoquer de très fortes douleurs etmême entraîner la mort.Dans « Les petits trésors du Cénomanien »,Yves Delange retrace le cheminement d’unenfant obstiné qui, en pays de Caux, décou-vre son premier fossile dans la craie. Sesnombreuses recherches livresques, sur le ter-rain et le virage, au moment de poursuivreses études : il deviendra botaniste.Quant au troisième larron, Anton Hofer, sousle titre « Un voyage extraordinaire à ladécouverte de Turbinicarpus swobodae », ilnous entraîne dans une course effrénée auMexique pour retrouver le professeur AlfredLau, dans la Sierra de Áquila, à la recherchede cactus rares ou nouveaux. Une randon-née ponctuée de nombreuses collectes decac tu s v a r i é s e t d ’une pe t i t e p l an teinconnue, déjà trouvée deux ans plus tôt. Ils ’agissait de Turbinicarpus swobodae .Pourquoi ce cactus porte-t-il le nom deM. Swoboda… ?A découvrir.

j. C.

FULLER (E.). –Animaux disparus.Histoire et archivesphotographiques.delachaux et niestlé(Paris), février2014, 256 p.18,9 x 24,6,illustrations ennoir et blanc et encouleur, annexe,réf., index. 25 €.

Traduit de l’anglais par Anne Saint-Girons.Comme le laisse entendre le sous-titre, cetouvrage n’est pas une revue exhaustive desanimaux disparus, mais la présentation d’oi-seaux et de mammifères disparus, dont l’au-teur a retrouvé des photos, prises à la fin duXIXe et au XXe siècle. Ces photos, non retou-chées, qui ont souvent une histoire, sontreproduites dans l’ouvrage : généralement ennoir et blanc, de qualité souvent médiocre enraison du matériel photographique dont ondisposait à l’époque et des conditions diffici-les dans lesquelles elles ont été prises.

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Le flou de certaines images ajoute quelquechose au mystère de la disparition de cesanimaux.Pour certaines espèces ayant survécu jus-qu’au début du XXe siècle, il n’existe aucunephoto ; le Dodo n’a jamais été photographié.Pour chaque animal présenté dans l’ouvrage(vingt-huit en tout) Errol Fuller donne desprécisions sur les conditions de la découvertede ce lu i - c i , de sa d i spa r i t ion (quandconnues), rapporte des anecdotes, précisecomment la photo (ou les photos) a étéprise, retrouvée.Vous ferez a ins i connaissance avec laPerruche de paradis, la Ninox rieuse, le Pic àbec ivoire (objet de belles et amusantesphotos datant de 1938), le Thylacine (mysté-rieux animal dont le dernier (peut-être) mou-rut en 1936 au zoo de Hobart (quelquesThylacines isolés auraient pu survivre encorequelques années dans des régions reculéesde Tasmanie), le cerf de Schomburgk (donton ne connaît qu’une photo prise au zoo deBerlin en 1911, et qui vivait essentiellementen Thaïlande).Si vous avez pu vous sentir frustrés par lesphotos historiques mais médiocres, voustrouverez en annexe la reproduction debeaux tableaux représentant certains desanimaux étudiés dans cet ouvrage captivant.Errol Fuller, écrivain et artiste, est expert enhistoire des sciences naturelles et notam-ment l’auteur de l’ouvrage de référence« Extinct Bird ».

j. C.

Vacances avec ousans son animal.Petit futé (Paris), avril2014, 288 p. 12 x 20,photos, index. 13,95 €.Il s’agit d’un guide,non seulement pourceux qui préparentleurs vacances, maispour tous les pro-p r i é t a i r e s d ’ u nchien, d’un chat oud’un animal appar-

tenant à la catégorie des nouveaux animauxde compagnie.Tous les sujets concernant les animaux decompagnie sont passés en revue dans « Monanimal » : formalités, conseils de santé, asso-ciations…, avant d’aborder le côté tourisme.Dans « Vacances et voyages », vous trouve-rez des conseils pour le choix d’une destina-tion, les moyens de transport, la façon defaire garder son animal.Enfin, les « Bonnes adresses en France »,surtout utiles aux propriétaires de chiens,présentées par régions (classées par ordrealphabétique) : quelques hôtels acceptant leschiens, des clubs canins, des animaleries, deslieux de visite. Toutes les adresses sont trèscomplètes.Que lques « Bonnes ad re s se s dans l emonde » pour les téméraires qui voudraientemmener leur quadrupède en Belgique, enItalie, au Portugal, au Royaume-Uni, auxEtats-Unis, au Canada, au Maroc.Bonnes vacances, avec ou sans lui.

j. C.

LECLERC-CASSAN (M.),PINON (D.),WARMOES (I.). –Le Parczoologique deParis, desorigines à larénovation.Muséumnationald’histoire

naturelle, SOMOGY éditions d’Art (Paris),mars 2014. Préface de Thomas Grenon,Directeur général du Muséum nationald’histoire naturelle, 294 p. 24,5 x 28, sourceset bibliographie, index, créditsphotographiques, illustrations en couleur eten noir et blanc. 39 €.C’est l’histoire, toute l’histoire de l’aventurevécue au sein du Parc zoologique de Paris,dénommé zoo de Vincennes, que nousc o n t e n t M a r y v o n n e L e c l e r c - C a s s a n ,Dominique Pinon et Isabelle Warmoes.Le conseil municipal de Paris décide, le31 décembre 1931, de confier l’organisationdu Parc zoologique de Paris au Muséumnational d’histoire naturelle. Présenter lesanimaux en apparente liberté, tel est le cri-tère qui émerge depuis l’exposition colonialede cette même année. L’origine de la créa-tion du Parc zoologique de Paris trouve sasource auprès du Jardin des plantes, carassurer l’extension de la ménagerie duJardin, hors de Paris, s’avère une nécessité.En attendant la création du Parc zoologiquede Paris, le petit zoo aménagé dans le boisde Vincennes, lors de l’exposition colonialede 1931, est maintenu ouvert au-delà de lafermeture de l’exposition. Il est alors gérépar la Société des Amis du Muséum. Les ani-maux qui y séjournent (218 au 1er juin 1933)seront transférés au nouveau parc inauguréle 2 juin 1934.Depuis la naissance, en 1934, du parc zoolo-gique et au fil du temps, l’aménagement desespaces, l’acquisition des animaux sont scru-puleusement commentés par les auteurs dulivre qui ont puisé dans les archives et retrouvédes documents oubliés, dispersés, relégués,témoins de maints rebondissements et de pro-jets souvent restés dans les cartons.Les années 1980 sont décisives : préserva-tion de la faune sauvage, programme d’éle-vage des espèces menacées. L’activité desparcs zoologiques s’est profondément modi-fiée avec les événements historiques (décolo-nisation), avec l’évolution des mentalités, lamise en place de législations nationales etinternationales et les progrès de la médecinevétérinaire. Le Parc zoologique de Paris, laménagerie du Jardin des plantes, la réservede la Haute-Touche (Indre), dépendances duMuséum, sont très engagés dans les actionsde préservations des espèces. Les jardinszoologiques, par les connaissances acquisesauprès des animaux en captivité, peuventapporter une aide efficace lors de la mise enplace de réserves ou de renforcement despopulations d’animaux.Au Parc zoologique de Paris tout change,même si le « fameux grand rocher », œuvrede l’architecte Charles Letrosne, orne encorele parc et est le reflet de la conception zoolo-

gique européenne des années 1930. La col-lection d’animaux a fait place à l’expositionde l’animal dans son milieu. Deux conceptsse côtoient apparemment opposés : moinsd’intrusions dans un biotope reconstitué,mais accueil le plus large possible du public.« Le Parc zoologique de Paris, des origines àla rénovation » est un ouvrage étonnant, deréférence, remarquablement construit,offrant de nombreuses illustrations riches etinédites, en particulier celles issues d’archi-ves. Les récits amplement détaillés sont clai-rement exprimés de la genèse à la recons-truction.

j.-c. J.

DELAGE (A.). –Fleurs de Corse.Editions Glénat(Grenoble),collection lesMosaïques Nature,avril 2014, 128 p.12 x 15,photographies etdessins encouleur,calendrier derécolte, carnet de

terrain et d’observation, conseils, index,glossaire. 10,10 €.La Corse présente une flore particulièrementriche, variée et originale. Elle compte à lafois des espèces propres à la flore méditerra-néenne et d’autres aux affinités montagnar-des. Dans ce guide, quatre-vingts espècessont décrites en y précisant les confusionspossibles, leurs usages et aussi leurs vertusmédicinales.Une fiche technique mentionne le nom scien-tifique de la plante et ses caractéristiques sontbien détaillées (famille, période de floraison,hauteur, fréquence, statut…). Une photogra-phie des fleurs en gros plan et un dessin de laplante entière complètent l’identification.Facile à emporter, ce petit guide a été conçude manière à permettre au randonneur, quisillonne l’île de Beauté, de voir des espècescommunes et bien répandues, mais surtoutde lui faire découvrir des espèces plus rareset endémiques qui font la richesse de laCorse.

m.-h. B.

COUPLAN (F.) –Fleurs sauvagescomestibles. 40recettes originales.Editions Glénat(Grenoble),collection lesMosaïques Nature,avril 2014, 128 p.12 x 15, carnetde terrain etd’observation,tableau des fleurs

toxiques, conseils de récolte etcalendrier, photographies et dessins encouleur, glossaire. 10,10 €.Si vous souhaitez cueillir et cuisiner les fleurssauvages, ce petit guide deviendra vite lefidèle compagnon de vos promenades.Quarante végétaux y sont décrits, dont les

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structures florales, bourgeons floraux, fleursou inflorescences sont comestibles de diver-ses manières et chacun d’eux présente unintérêt gustatif indéniable. François Couplan, ethnobotaniste, spécialistedes fleurs sauvages, vous invite à des récol-tes inhabituelles, comme celles, entre autres,des sommités fleuries de la myrrhe odorante,avec lesquelles vous préparerez un flan léger,ou celles des fleurs de violettes odorantespour fabriquer un vin. Les fleurs décrites dans cet ouvrage ne sontpas toxiques et l’auteur lui-même présenteles recettes qu’il a concoctées.Reste à connaître et à reconnaître les fleurssauvages comestibles avec certitude. Pourcela, les découvrir sur le terrain et dans leurenvironnement naturel s’avère indispensableavec l’aide de spécialistes.

m.-h. B.

ALBOUY (V.),GARRIGUE (R.). -Faut pas poussermémé dans lesorties et autresexpressionsbotaniques.delachaux etniestlé (Paris),2013, 127 p.14,5 x 17,5,dessins deRoland Garrigue,index. 12,50 €

Cent expressions fameuses, aussi farfe-lues qu’évocatrices, dans lesquelles les plan-tes se retrouvent mêlées pour le plus grandbonheur du lecteur. Vincent Albouy, naturaliste de terrain, auteurde plusieurs ouvrages sur la nature, la bota-nique, le jardinage, décortique des expres-s ions un peu désuètes par fo i s , te l l e s« Attendre sous l’orme » ou, au contraireencore bien actuelles, comme « Lâche-moi lagrappe », « C’est un navet ». C’est bienl’occasion de retrouver ou de découvrir levocabulaire fleuri de la langue française etd’en apprendre un rayon sur les arbres, lesf leurs , les gra ines, les légumes d’unemanière originale, poétique et amusante.Roland Garrigue n’a sans doute pas « eu lemelon » en illustrant cet ouvrage, mais ils’est sûrement « fendu la poire ».Un livre à mettre entre les mains des petits etdes grands.

m.-h. B.

DUQUET (M.),DESBORDES (F.). –Identifier lesoiseaux par lacouleur. delachauxet niestlé (Paris), mai2014, 215 p. 15 x 21, ouvragesconseillés,illustrations encouleur. 19,95 €.Idée originale quecelle d’avoir établi,

à l’attention des débutants et des observa-teurs occasionnels, ce guide d’identification

des oiseaux basé sur leurs couleurs qui sonteffectivement les caractères les plus visibles.Chaque page du livre regroupe les oiseauxporteurs d’une même couleur. C’est une pre-mière détermination. Comme les oiseauxrassemblent dans leur plumage, le plus sou-vent, de multiples couleurs, un oiseau peutfigurer plusieurs fois dans l’ouvrage. Prenonsle cas du bouvreui l pivoine : page 32,Oiseaux avec du noir sur la tête, notre oiseauest présent, ainsi qu’à la page 54, Oiseauxavec le dessus gris uni ; à la page 84, il appa-raît avec les oiseaux présentant du rouge en-dessous du corps ; à la page 100, Petitsoiseaux très colorés il y figure encore ! Ainsi,le bouvreuil pivoine se trouve en quelquesorte cerné, d’où une meilleure identifica-tion. D’autant plus qu’en deuxième partie dulivre, une fiche technique établit la carte d’i-dentité de l’oiseau repéré. Quelques conseils d’observations sont prodi-gués en fin d’ouvrage. Deux pages sontconsacrées aux nuances des couleurs ; parexemple sont classées couleur rouge, lesnuances rose, orange, cramoisie, saumon,brique, rousse.Marc Duquet est expert des passereaux etdes rapaces de l’hémisphère Nord, FrançoisDesbordes est illustrateur professionnel.Le guide présenté échappe à la morosité d’unlivre compliqué, mais néanmoins conservetoute la rigueur souhaitée pour l’identificationdes oiseaux.

j.-c. J.

VOLF (E.). – Michel-Eugène Chevreul,1786-1889. Unsavant, doyen desétudiants de France.Des corps gras et dela chandelle à laperception descouleurs. Préface deJean-Marie Lehn,réflexions sur lachimie et l’art parHervé This.L’Harmattan (Paris),

août 2013, 324 p. 15,5 x 53,5, index, lestravaux de Chevreul, chronologie comparéede Chevreul, ouvrages de Chevreul, ouvragesgénéraux sur Chevreul. 34 €.Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) publiaen 85 ans plus de huit cents articles. Ilconnaîtra quatre royautés, deux empires, lesrévolutions de 1789, 1830, 1848 et troisrépubliques. Il revendiquait le titre de doyendes étudiants de France et se considérait ledernier des encyclopédistes. Il n’admettaitpas la théorie de l’évolution des espèces etne se laissait pas facilement contredire, fortdes vérités objectives qu’il démontrait.Dénonçant les pseudo-sciences, il considéraitl’alchimie, la radiesthésie, le spirit ismecomme des doctrines et non comme dessciences.En 1808, Chevreul s’installa au Muséumnational d’histoire naturelle où il devint l’undes pères de la chimie organique. En 1825, àl’issue de ses recherches, il déposa, en colla-boration avec Gay-Lussac, un brevet pour lafabrication des bougies stéariques (la stéa-

rine est obtenue par la saponisation desgraisses naturelles).Indépendamment de ses fonct ions auMuséum, Chevreul occupa de 1824 à 1883le poste de directeur de l’atelier des teinturesde la manufacture des Gobelins. Son étude,sur la perception des couleurs, lui permitd’observer que l’intensité et la nuance semodif ient, ce qu’ i l qual i f ia d’effet decontraste simultané des couleurs. Cette observation trouvera son applicationaux arts de la tapisserie, aux diverses sortesde peintures et d’impressions, à l’enluminureet même à l’horticulture. Elie Volf, docteur ès sciences et maître deconférence honoraire, en parfait historien dela vie et de l ’œuvre de Michel-EugèneChevreul, a mis dans son ouvrage, sérieuse-ment documenté, toute sa conviction, toutesses connaissances afin d’honorer et de sortirde l’ombre un savant par trop oublié.

j.-c. J.

LERAUT (P.). – Maisque fait donc cegendarme dans monjardin?100 clés pourcomprendre lespetites bêtes dujardin. Editions Quae(Versailles), février2014, 159 p.13,5 x 21,illustrations encouleur. 19 €.Que font toutes ces

petites bêtes qui courent, ram-pent, fouissent et volent dans nos jardins ?Sont-elles nuisibles ? Utiles ? D’où viennent-elles ? Que font-elles parmi nos légumes etnos fleurs ? Que doit-on faire : les protéger ?Les détruire ? Beaucoup de questions poséespar le jardinier, l’amoureux des fleurs, lepoète, le bobo, l’écolo, l’horticulteur qui, cha-cun, selon sa conception et ses aspirations, seretrouve parfois un peu perplexe devant lepetit peuple du jardin. Le présent ouvrage pro-pose en cent questions pertinentes d’apportercent réponses rigoureuses et souvent divertis-santes. Qu’il s’agisse du puceron, du tigre, dustaphylin, de la galéruque, des tachinaires, desrhinocéros, des guêpes, des orvets, du héris-son et des autres…, l’auteur propose au lec-teur d’apprendre à les connaître, notammenten combattant les préjugés dont ils pâtissentle plus souvent. Il explique également les lienset les interactions que ces petites bêtes peu-vent avoir entre elles, avec le sol et les cultu-res, mais aussi les raisons de leur présence ouau contraire de leur absence.Ce livre bien écrit, agréable, instructif et pas-sionnant de Patrice Léraut, assistant-ingé-nieur au laboratoire d’Entomologie duMuséum national d’histoire naturelle, est unlivre écrit pour vous, amateurs de jardin etde nature.

m.-h. B.

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Adhésion / renouvellement à la Société des Amis du Muséum M., Mme : ........................................................................................ Prénom : ..................................................

Date de naissance (12-25 ans seulement) : ............................ Type d’études (étudiants) : ..................................

Adresse : .................................................................................................Tél. : ..................................................

Courriel : .............................................................................................. Date : ..................................................

Cotisations* : Enfants, 4-12 ans, 20 € - Jeunes et étudiants, 12-25 ans, 25 € (sur justificatif pour les étudiants)Titulaires 42 € - Couples 70 € - Donateurs à partir de 80 €

Mode de paiement : Chèque postal CCP Paris 990-04 U.en espèces Chèque bancaire

* Tarifs applicables à partir de septembre 2014

Société des Amis du Muséum national d’histoire naturelle et du Jardin des plantes57 rue Cuvier,75231 Paris Cedex 05

Fondée en 1907, reconnue d’utilité publique en1926, la Société a pour but de donner sonappui moral et financier au Muséum, d’enrichirses collections et de favoriser les travauxscientifiques et l’enseignement qui s’yrattachent.

Président : Jean-Pierre GascSecrétaire général : Bernard FrançoisTrésoriers : Christine Sobesky et Paul VarotsisSecrétaire : Ghalia Nabi

Secrétariat ouvert de 14h à 17h30sauf dimanche, lundi et jours fériésTél. /fax : 01 43 31 77 42Courriel : [email protected] : www.mnhn.fr/amismuseum

Directeur de la publication : J. Collot

Rédaction : Marie-Hélène Barzic,Jacqueline Collot, Jean-Claude Juppy,Gérard Faure (Espace Jeunes)

Bulletin : abonnement annuel hors adhésion : 18 € - Numéro : 5 €

La société vous propose :– des conférences présentées par desspécialistes le samedi à 14h30,– la publication trimestrielle « Les Amis duMuséum National d’Histoire Naturelle » et sonsupplément “L’Espace Jeunes”,– la gratuité des entrées à la ménagerie, auxgaleries permanentes et aux expositionstemporaires du Muséum national d’histoirenaturelle (site du Jardin des Plantes),– un tarif réduit dans les autres dépendances duMuséum, à l’exception du Parc zoologique deParis.

En outre, les sociétaires bénéficient d’une remise de 5% à la librairie Bedi Thomas,28, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris -Tél. : 01 47 00 62 63.

Les Amis du Muséum bénéficient désormaisd’une remise de 35% sur les ouvrages éditéspar les « Publications scientifiques duMuséum ». Consultez la liste des ouvrages parussur le site internet du Muséum.Choisir « collection » et en haut à droite « titresparus ». http://www.mnhn.fr/pubsciTél. : 01 40 79 48 05.Les opinions émises dans cette publication n’engagent queleur auteur

ISSN 1161-9104

Programme des conférences et manifestations de la rentrée 2014Amphithéâtre d’Entomologie, 43/45, rue Buffon, 75005 Paris

OCTOBRE

Samedi 4, 14h30 : D’où viennent les parasites de l’Homme ? par Jean-Pierre GUYOT, docteurvétérinaire, docteur ès sciences, directeur CNRS, MNHN, département Origine, Structures etEvolution de la biodiversité, UMR 7205 du CNRS, Paris.

Samedi 11 : pas de conférence.

Samedi 18, 14h30 : Peut-on encore manger du poisson ?, par Aliette GEISTDOERFER,ethnologue spécialiste de la mer et des marins pêcheurs, MNHN.

Le legs à la Société des Amis du Muséum

Pour toute question ou information,vous pouvez contacter le Président,le Secrétaire général ou le Trésorier

Tél./Fax 01 43 71 77 42 Courriel : [email protected]

Robert Barbault nous a quittés le 12 décembre dernier. Au-delà de la perte d’unebibliothèque inestimable1, le Muséum et toute la communauté scientifique voient disparaitre unchercheur de haut niveau, mais surtout un homme qui savait faire partager son savoir et s’étaitengagé pour la conservation du patrimoine naturel de la planète.

Né en 1943, il rencontre ses maitres, les professeurs Lamotte et Bourrelière, qui l’envoient sur leterrain à la station d’écologie tropicale dans la savane de Lamto en Côte d’Ivoire. Il va travaillersur les réseaux trophiques et les stratégies biodémographiques des reptiles et des amphibiens,mais va aussi s’intéresser aux populations humaines et à leurs relations avec le milieu naturel.

Devenu un spécialiste reconnu de la modélisation des systèmes vivants, il occupe denombreuses fonctions au CNRS et à l’université Pierre et Marie Curie et joue des rôlesdéterminants dans l’élaboration des politiques de recherche dans le domaine de l’écologie. Ilest un des pionniers du développement de l’écologie de la conservation, dans les pas deThéodore Monod, de Roger Heim et de Jean Dorst.

Humaniste, curieux, actif, pédagogue, engagé, passionné, sachant passer du terrain àl’élaboration de théories et à leur utilisation concrète, il ne pouvait pas éviter le Muséum, dontil dirigera le département Ecologie et Gestion de la biodiversité pendant dix ans.

Il laisse une œuvre écrite importante, dont beaucoup de réflexions sur le comportement del’homme vis-à-vis de la biodiversité, y compris sur les aspects sociaux et économiques (avecson complice, Jacques Weber, décédé un mois plus tard), mais aussi de nombreuses vidéos etinterviews où il excelle à faire partager ses convictions.

Il fut un homme engagé, passant de son laboratoire aux salons des ministères, essayant, avecune énergie remarquable, de perfuser chez nos politiques l’urgence de l’action et s’adressantaux décideurs comme au grand public.

Il a présidé le Comité français du MAB (Man and Biosphère).

Le Muséum lui a offert, comme à beaucoup d’autres, un cadre idéal pour faire progresserl’image de la science au service de l’homme et de la planète.

Souhaitons que nombre de ses élèves aient à cœur de suivre sa voie et de poursuivre sonœuvre.

Jean-Patrick Le Duc,Directeur des relations européennes et internationales au MNHN

————1“Un homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle”, Léopold Sédar Senghor.

Voir l’hommage à Robert Barbault par Gilles Bœuf, Président du Muséum :http://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/actualites/hommage-robert-barbault

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