3
EHESS Jeûnes et festins sacrés. Les femmes et la nourriture dans la spiritualité médiévale by Caroline Bynum Review by: Jacques Maître Archives de sciences sociales des religions, 40e Année, No. 90 (Apr. - Jun., 1995), pp. 77-78 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116330 . Accessed: 10/06/2014 14:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.156 on Tue, 10 Jun 2014 14:19:39 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Jeûnes et festins sacrés. Les femmes et la nourriture dans la spiritualité médiévaleby Caroline Bynum

Embed Size (px)

Citation preview

EHESS

Jeûnes et festins sacrés. Les femmes et la nourriture dans la spiritualité médiévale byCaroline BynumReview by: Jacques MaîtreArchives de sciences sociales des religions, 40e Année, No. 90 (Apr. - Jun., 1995), pp. 77-78Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116330 .

Accessed: 10/06/2014 14:19

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences socialesdes religions.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.78.109.156 on Tue, 10 Jun 2014 14:19:39 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

BULLETIN DES OUVRAGES

diff6rentes contributions : les nouveaux mou- vements religieux (E. Pace, L. Berzano, L. To- masi); les formes r6gionales de la religiosit6 li6es a l'identit6 locale (R. Cipriani, V. Orlan- do, M. Pacucci, G. Capraro, P. Giuriati); la nouvelle position du cosmos religieux au sein de la soci6t6 contemporaine et des problbmes qui la traversent (G. Guizzardi, S. Burgalassi, F. Garelli, S. Martelli, A. Nesti, G. Morra, P. Donati, F. Cappello).

Le livre donne une id6e assez pr6cise des diff6rences non n6gligeables qui traversent la sociologie des religions en Italie. Deux axes apparaissent en toute evidence : d'une part l'at- tention aux nouvelles frontibres du croire reli- gieux, et aux diff6rents champs de la vie sociale (tel celui de la bio-6thique) qui entrent de plus en plus en conflit avec ce croire mime; dans une toute autre direction les 6tudes por- tant sur les nouvelles formes et visibilit6s de l'appartenance eccl6siale A l'int6rieur du catho- licisme. Le dilemme peut se r6sumer t la nd- cessit6 de choisir entre des persistances sans cesse renouveldes et une re-localisation du croire impliquant une red6finition mime de 1' objet.

Dans ces textes c'est bien le problame de la diversit6 des sociologies des religions ita- liennes qui est pos6. Lorsque S. Burgalassi, qui ne fait pas dans la nuance, 6crit que << chaque sociologue donne la sensation de repartir de z6- ro en ignorant les r6sultats des enquites pr6- c6dentes >> (p. 327), il soulbve quelque chose de plus qu'un simple reproche m6thodologique. En effet, si d'une part il est tout a fait 6vident que le ph6nomine religieux, de m~me que tout autre ph6nomine social, ne cesse pas de se re- d6finir une fois situ6 dans une modernit6 qui fait du changement sa caract6ristique princi- pale, I'affirmation de Burgalassi est r6v61latrice d'un enjeu plus profond.

N6e dans l'Italie des anndes cinquante, la so- ciologie des religions a recueilli les esp6rances d'une institution visant A r6soudre les tensions g6n6r6es par le changement social en cours, rendant presque imm6diatement impossible un d6bat scientifique s6par6 des impdratifs norma- tifs qui secouaient le champ social.

C'est dans ce conflit que la sociologie des religions - comme la sociologie g6ndrale d'ail- leurs - a trouv6 les sp6cificit6s qui la caract6- risent et qui l'obligent constamment a choisir entre les diff6rents h6ritages. Si le fait de s'at- tacher aux nouveaux mouvements religieux plut6t qu'a l'6tude des nouvelles recomposi- tions au sein des pratiquants, peut r6v61ler plus qu'une simple diff6rence d'objet, il est tout a fait 6vident que la capacit6 de r6aliser un d6bat

et mime un ouvrage commun moins que de td- moigner d'un effort personnel, permet de pren- dre la mesure d'une discipline constamment oblig6e de maitriser un conflit qui ne cesse de la traverser.

Salvatore Abbruzzese.

90.9 BYNUM (Caroline). Jefines et festins sacrts. Les femmes et la nourriture dans la spiritualitC mididvale. Paris, id. du Cerf, 1994, 449 p. (Traduit de l'anglais (amdricain) par Claire Forestier Per- gnier et Eliane Utudjian Saint-Andr6. Collec- tion Histoire).

Ce livre est la traduction frangaise de Hooly Feast and Holy Fast: The Religious Signifi- cance of Food to Medieval Women (Berkeley, University of California Press, 1987). Il s'at- tache essentiellement aux femmes canonis6es ayant v6cu durant les XIIIe et XIVe sidcles.

L'auteur met vigoureusement en relief la culture f6minine dans le contexte du catholi- cisme mddi6val. C.B. rattache syst6matique- ment au statut social des femmes une orientation vers la nourriture : <<pour ardente que soit leur ferveur eucharistique, nombre d'auteurs tras sensibles, Ruysbroeck, Rolle et Suso entre autres, pr6frrent aux images de nourriture les images empruntdes a la mer ou a la musique. Les grandes mystiques des XIIIe- XVe sibcles, elles, aiment tout particulibre- ment les images de mets qu'elles gofitent ou qu'elles d6vorent, et davantage encore les lon- gues mdtaphores alambiqudes, 6voquant la faim et le pain, le sang et la nourriture. Si les manuels et les 6tudes sur l'histoire de la dd- votion associent frdquemment spiritualit6 fdmi- nine et images nuptiales ou drotiques, c'est parce que la sensibilit6 moderne est a l'afffit d'images de ce genre, et non parce qu'elles se- raient les reprdsentations habituelles de femmes ddsireuses d'exprimer l'union avec le divin, ou l'expression d'un style particulibre- ment f6minin. Chez les mystiques, les femmes toutefois se distinguent essentiellement par leur faim de Dieu>> (p. 215). On voit a quel point cette interprdtation s'dcarte de celle qui pr6vaut dans le livre de Rudolf M. Bell, L'A- norexie sainte, analys6 dans ce mime Bulletin Bibliographique.

Pour C. B., ebien que certaines longues pd- riodes caractdrisdes par l'incapacit6 a manger correspondent plut6t a des cas de d6pression nerveuse ou d'hyst6rie, on pourrait peut-8tre appliquer une ddfinition psychologique ou psy- chodynamique au comportement de certaines

77

This content downloaded from 195.78.109.156 on Tue, 10 Jun 2014 14:19:39 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

femmes du Moyen Age [...]. Ces femmes, sou- vent dbs l'adolescence, connurent des p6riodes ohi toute alimentation leur 6tait impossible [...]. Par la suite, certaines d'entre elles [...] se < re- mirent>> plus ou moins de leur jefine; d'au- tres [...] en moururent. Comme les anorexiques de notre 6poque, bon nombre de ces saintes perdaient la sensation ou la perception normale de leur corps. [...] La plupart de ces femmes passaient par des phases d'euphorie, d'insom- nies, de suractivite et de ratiocination, tout comme les anorexiques d'aujourd'hui. [...] Ce n'est pas un << symptime que de voir dans la maladie et le jefine des moyens de substituer sa propre souffrance aux p6ch6s et i la misbre des autres, c'est un comportement religieux. [...] Pour saisir la port6e des m6taphores et des symboles g travers lesquels se manifestent les sentiments de culpabilit6, de responsabilit6, de joie et de douleur, il est n6cessaire de recourir i des explications sociologiques et culturelles. Or les d6finitions psychodynamiques contem- poraines isolent le comportement des femmes du Moyen Age de son contexte plus vaste et plus riche>> (pp. 283-286).

Cet ouvrage trbs important illustre bien la f6condit6 d'une d6marche ohi la rigueur m6tho- dologique de l'histoire s'allie chez une cher- cheuse i la prise en consid6ration du statut social des femmes et i l'analyse de la culture qui leur est propre.

Jacques Maitre.

90.10 CASTIAU (Claude), 6d. Temps, histoire, espirance. De la vigilance chritienne en temps de crise. Bruxelles, Fa- cult6s Universitaires Saint-Louis, 1994, 95 p. (Publications des Facult6s Universitaires Saint- Louis, no 60).

La session thdologique organis6e, en 1993, par l'icole des sciences philosophiques et re- ligieuses des Facult6s universitaires Saint- Louis, de Bruxelles, s'6tait donn6e pour tache de <<penser l'esp6rance chr6tienne >>. En effet, on doit constater que de <<fin de l'utopie>> (Marcuse), en << fin de l'histoire >> (Fukuyama), de <<mort de Dieu>> en <<mort/fin de l'homme >>, I'univers social que nous connais- sons pourrait sembler entr6 dans une <<d61i- vrance de toute alt6rit6>> et menac6 d'obsolescence fatale. Dans cette mise en cause de tout <<renouvellement des choses >>, I'esp6rance chr6tienne se trouve atteinte tri~s sp6cialement.

Les auteurs de ce recueil, ohi sont rassem- bl6es les interventions pr6sent6es i la session

ci-dessus d6sign6e sont au nombre de quatre: un sociologue parisien (Jean-Louis Schlegel), un philosophe de Rome II (Ugo Perone), un historien de l'intertestament (Andr6 Paul, EHESS), un thdologien (Jean-Claude Eslin, du Centre S~vres, A Paris).

Tous ces chercheurs ont en commun de tenir un compte exact des difficultis de l'esp6rance aujourd'hui, en philosophie, en histoire, d'un point de vue sociologique; en m~me temps, ils se refusent g la d6sesp6rance. Ils plaident pour quelque chose comme une espdrance rationnel- lement rep6r6e et tenable, dans un d6passement - mais non pas dans un contournement - du moderne le plus actuel et de ses apories, d6- passement dans lequel la rupture caract6risti- que du moderne serait - g chaque occurrence - un point de d6part et non un enregistrement d'6chec.

L'apocalyptique se trouve ici souvent 6vo- qu6e, comme matrice de toute thdologie chrd- tienne: selon Kliseman certes, mais surtout comme re-cr6ation m6moriale et proleptique i la fois. On pense ici & Wolfhart Pannenberg et h sa r6flexion sur la << fonction prolepse >>; mais (sauf erreur) ce thdologien de l'histoire n'est nulle part nomm6 dans ce petit livre. Est-ce hasard ?

Deuxibme question : la page 2 de couverture regrette que le refus moderne (ou post-mo- derne) de tout messianisme et utopie s'6ta- blisse sur un oubli massif <<des repr6sentations propres aux parties du monde et aux groupes humains marginalis6s >>. Sans doute. Mais on notera que les sectes de terrain protestant et les Eglises messianiques, vecteurs efficaces s'il en fut de perspectives apocalyptiques et d'espdrance eschatologique ne retiennent pas l'attention des auteurs. Se trouve-t-on ici en- core devant quelque tiers (ou quart) exclu ? On avoue mal comprendre.

Que l'ouvrage pose problbme n'empache pas qu'il intdresse, et temoigne vaillamment pour cette recherche qui parcourt le monde thdolo- gique chr6tien aujourd'hui autour du thbme de l'esp6rance, et de l'apocalyptique comme ou- verture de l'histoire. Eventuellement, on sait que des sociologues se sont montr6s parfois sensibles i des interrogations voisines (voir Henri Desroche, Sociologie de l'espirance, Pa- ris, Calmann-L6vy, 1973).

Jean S6guy.

90.11 CHABROS (Krystyna). Beckoning Fortune. A study of the Mongol dalalga ritual. Wiesbaden, Otto Harrassowitz,

78

This content downloaded from 195.78.109.156 on Tue, 10 Jun 2014 14:19:39 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions