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Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté Synthèse des Rencontres citoyennes du 11 décembre 2013 Sous le haut patronage de Vincent Peillon, Ministre de l’Éducation nationale, avec la participation de George Pau-Langevin, Ministre déléguée en charge de la Réussite éducative

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Jeunes, réseaux sociaux

et citoyennetéSynthèse des Rencontres citoyennes

du 11 décembre 2013

Sous le haut patronage de Vincent Peillon, Ministre de l’Éducation nationale,

avec la participation de George Pau-Langevin, Ministre déléguée en charge de la Réussite éducative

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

Les Rencontres citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

Le numérique a envahi notre société et a profondément modifié notre façon de vivre et d‘échanger. Omni-présents dans la vie des jeunes, les réseaux sociaux modifient les comportements, les rapports, et boulever-sent les codes traditionnels de la citoyenneté.

Également plongés au cœur de cette problématique, enseignants, experts et jeunes délégués lycéens ap-portent leur éclairage lors de tables tondes et partagent sur la meilleure façon d’utiliser ces technologies.

Mot d’accueilFrançois Weil, Recteur de l’académie, chancelier des universités de Paris

IntroductionAndrée Sfeir, Déléguée générale de l’association ÉVEIL

Première table rondeLes réseaux sociaux, moyens de communication et d’accès à l’informationMarie Derain, Défenseure des EnfantsLaurence Bee, Journaliste, auteur et créatrice des sites Parents 3.0 et Ados 3.0Carole Gay, Responsable affaires juridiques et réglementaires à l’AFA, Association des Fournisseurs d’Accès et de Services InternetNadine Ingabire, Naomi Nzimbi Panda, Maidy Blis, Lycéennes membres des Conseils de Vie Lycéenne des lycées Langevin-Wallon de Champigny-sur-Marne et Alfred Costes de Bobigny

Deuxième table rondeL’impact des réseaux sociaux dans la construction de son identité et de son rapport à l’autre, vers une citoyenneté numériqueDivina Frau-Meigs, Sociologue des médias, professeur à la Sorbonne, experte auprès de l’UNESCO, de la Commission européen-ne, du Conseil de l’EuropeSerge Tisseron, Psychiatre et psychanalystePhilippe Tournier, Secrétaire Général du SNPDEN, Syndicat National des Personnels de Direction de l’Education NationaleFanny Ayello Campos, Kalilou Sylla, lycéens membres des Conseils de Vie Lycéenne deslycées Langevin-Wallon de Champigny-sur-Marne et Blaise Cendrars de Sevran et du Conseil Académique de Vie Lycéenne de l’académie de Créteil

ConclusionHenriette Zoughebi, vice-Présidente du Conseil régional Ile-de-France en charge des lycées

ClôtureGeorge Pau-Langevin, Ministre déléguée à la réussite éducative

Mot de remerciementAnne-Marie Burelle, Présidente de l’association ÉVEIL

Louise Tourret

Journaliste, productrice de «Rue des écoles» à France Culture

Modération des débats

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«Qu’est-ce donc que dormir ? C’est une manière de penser ; dormir, c’est penser peu, c’est penser le moins possible. […] Se réveiller, c’est se refuser à croire sans comprendre; c’est examiner, c’est cher-cher autre chose que ce qui se montre ; c’est comparer et n’accepter que des images qui se tiennent».Ces réflexions sont celles de l’un des plus grands professeurs qu’ait compté

l’académie de Paris, le philosophe Alain. Il s’adressait alors à de jeunes bacheliers dans un discours resté célèbre sur Les Marchands de Sommeil. Alain y encou-rageait ses élèves à poursuivre leur éveil intellectuel et citoyen pour éviter de tomber un jour dans les écueils du som-meil de la pensée.Cet éveil intellectuel et citoyen auquel faisait référence Alain est plus que jamais d’actualité plus d’un siècle après son dis-cours.

A l’heure où le numérique multiplie les accès à la connaissance et les sources d’éveil, il est aussi une porte pour les marchands de sommeil et bien d’autres dérives plus dangereuses encore.L’école a donc un rôle fondamental à jouer dans cet éveil des élèves au numé-rique. Elle doit leur permettre de déve-lopper l’esprit critique, seul garant d’un usage raisonné de ces nouveaux territoi-res de la connaissance et de l’échange. C’est l’un des grands enjeux de la priorité au numérique qui est au cœur de la re-fondation actuelle de l’école.

Je suis donc très heureux de vous ac-cueillir aujourd’hui dans ce Grand Salon de la Sorbonne pour ces rencontres ci-toyennes «Jeunes, réseaux sociaux et ci-toyenneté». Ces rencontres des délégués des conseils de la vie lycéenne d’Ile-de-France sont une première étape vers l’élaboration d’une «Charte pour une uti-lisation citoyenne des réseaux sociaux».Elles sont le fruit d’un partenariat entre l’Éducation nationale et l’association ÉVEIL qui accompagne depuis 20 ans les jeunes sur le chemin de la citoyenneté et de la responsabilité grâce à des program-mes d’information pratiques et concrets.

Je veux remercier l’ensemble des interve-nants qui ont accepté d’animer les deux tables rondes de cet après-midi.Je suis certain que cette très belle initia-tive stimulera dans les lycées franciliens la réflexion nécessaire autour de cette question. Et je vous souhaite donc à tou-tes et à tous d’excellents travaux sous le signe de l’éveil.

rançois Weil

Recteur de l’académie, chancelier des universités de Paris

Mot d’accueil

Nous sommes heureux de fêter les 20 ans de l’association ÉVEIL à La Sorbonne.En 1993, nous étions une poignée autour d’Anne-Marie Burelle et moi, à croire en ce projet, créer une association pour

éveiller les jeunes à leur rôle de citoyens, pour les accompagner sur le chemin de l’autonomie et de la citoyenneté. Notre ambition, leur apporter, à côté du cours du professeur, une information transver-sale et concrète, qui éveille leur curiosité, les aide à réfléchir et à prendre leurs res-ponsabilités. Quelle aventure !

Avec 50000 interventions en classe, pour plus d’un million d’élèves et leurs pro-fesseurs, sur des sujets comme la santé, l’environnement, l’orientation, l’Europe, l’égalité et la lutte contre les discrimina-tions, les réseaux sociaux ou le vivre en-semble, que nous abordons cette année en périscolaire, nous sommes fiers de nos réalisations.Nous avions défini en 1993, les adoles-cents comme public prioritaire, ils le de-meurent, mais nous agissons aujourd’hui de la grande section de Maternelle à la

formation d’enseignants. Les méthodes d’ÉVEIL ont évolué, les temps privilégiés avec les jeunes et les enseignants res-tent l’écoute et la concertation. La par-ticipation des jeunes prend des formes diverses : débats argumentés en classe, enquêtes menées par les jeunes eux-mê-mes, productions, de cartes postales, re-portages, exposés-débats dans le cadre de forums jeunes.

Nous sommes engagés auprès d’orga-nismes fédérateurs pour défendre les causes que nous portons au sein de l’association, je pense particulièrement, au développement durable, avec le Co-mité 21, ou aux droits de l’enfant, avec le COFRADE, qui veille en France à l’appli-cation de la CIDE.Chaque année, l’association ÉVEIL orga-nise des Rencontres pour partager ses expériences sur la construction de la ci-

Andrée Sfeir

Déléguée générale de l’association ÉVEIL, Présidente du COFRADE

Introduction

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

toyenneté. Aujourd’hui, une nouvelle di-mension de la citoyenneté se joue sur les réseaux sociaux, d’où l’organisation de ces Rencontres «Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté», placées sous le haut pa-tronage du Ministre de l’Education natio-nale, Vincent Peillon, que madame Geor-ge Pau-Langevin, Ministre Déléguée à la Réussite Educative, vient clôturer.

Le numérique a envahi notre société, modifié notre façon de vivre et d‘échan-ger. Les réseaux sociaux font partie de la vie des jeunes. Ils influent sur les com-

portements, les rapports et bouleversent les codes traditionnels de la citoyenneté. Les parents s’inquiètent, les chefs d’éta-blissement dénoncent leur influence néfaste sur la vie scolaire. Et les jeunes, les principaux intéressés, victimes, béné-ficiaires, qu’en pensent-ils ? Notre propos n’est pas de traiter ici des mutations de la jeunesse mais de poser les problèmes ensemble, adultes et jeu-nes. Les réseaux sociaux nous obligent à travailler en confiance avec les jeunes, c’est une chance à saisir, pour voir com-ment chacun à sa place, peut participer,

dans un climat de bienveillance, à la ré-flexion et à l’émergence de propositions. La participation à la vie de la société, est un droit reconnu aux jeunes depuis la ratification par la France de la CIDE en 1990, il nous appartient de le pratiquer.

Janucz Korcjak peut inspirer nos travaux : «comme une vague nouvelle une jeune génération est entrain de monter ils arri-vent avec leurs défauts et leurs qualités, donnons leur les conditions pour qu’ils puissent devenir meilleurs.»

La notion de réseau est ancienne et l’his-toire de ses usages extrêmement instruc-tive. Elle n’a été reprise que récemment dans le champ social. En informatique il s’agit d’un regroupe-ment d’ordinateurs et de terminaux re-liés entre eux dans le but d’échanger des informations numériques. En 1999 on comptabilisait 70 000 millions d’ordina-teurs connectés à internet. Aujourd’hui

on recense 2,4 milliards d’utilisateurs d’internet dans le monde. En France une étude a récemment dé-montré que 80 % des français sont ins-crits à un réseau social.

Les réseaux sociaux sont de formidables outils de communication et d’autopro-motion tant du point de vue personnel que professionnel. L’utilisateur n’est ce-pendant pas toujours conscient des ris-ques divers qu’il prend en dévoilant des données sur sa vie privée, ses habitudes de vie, ses loisirs, voire ses opinions poli-tiques ou religieuses…

Dès l’apparition des écrans, les pouvoirs publics et la société civile ont veillé à orga-niser la protection des enfants. Plusieurs de leur droits sont en effet concernés : droit d’être protégé contre les violences (pornographie, pédophilie, harcèlement, exposition à des images violentes), droit à la protection de la vie privée, droit à l’égalité de traitement (garçons/filles, origine ethnique, handicap), droit de ne pas être exploité, droit de s’exprimer, de faire entendre son point de vue, droit

d’exercer sa citoyenneté, droit de s’infor-mer, droit à l’éducation, aux loisirs, aux activités culturelles, droit à la liberté de pensée.

C’est ce qui nous a amené, en 2012, pour le rapport consacré aux droits de l’enfant que le Défenseur des droits doit remet-tre chaque année le 20 novembre au Pré-sident de la République, à évoquer les rapports des enfants aux écrans, en l’in-titulant «Enfants et écrans : grandir dans le monde numérique», et à formuler dix propositions. Le rapport dresse un état des lieux des travaux, des systèmes de régulation et de protection et en mesure l’efficacité. Il pointe l’apport bénéfique de ces nouvelles technologies mais éga-lement les dangers auxquels les mineurs sont exposés.

Le repérage des effets de la consom-mation précoce et parfois intense des écrans par les enfants, l’information et la sensibilisation relatives aux enjeux de la protection de la vie privée des jeunes enfants et des adolescents sont un com-plément indispensable au dispositif de

Marie Derain

Défenseure des Enfants

Pour un internet plus sûr pour les enfants

Première table ronde

Les réseaux sociaux, moyens de communication et d’accès à l’information1

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Aujourd’hui, pour une majorité d’enfants et d’adolescents, la connexion est natu-relle, aussi naturelle que pour nous, adul-

tes, l’est l’électricité. La connexion est omniprésente, et fait partie intégrante du quotidien des familles. Il n’y aura pas de retour en arrière. Problème pour les parents : accompa-gner cette mutation, et aider les enfants et les adolescents à grandir en ligne, sans avoir forcément la pratique, la culture, ni le recul nécessaires, le phénomène étant relativement récent. Les parents d’aujourd’hui peuvent ra-rement se servir de leur passé d’adoles-cents blogueur ou d’Instagramer roi des selfies… Comment, donc, quand on est parent aujourd’hui, trouver sa place dans les univers numériques ? Une piste à explorer est peut-être de changer notre regard sur les écrans en général. Lorsqu’ils apparaissent dans les familles, pourtant souvent à l’initiative des parents, les écrans sont synonymes de crispation, voire de conflits.

Il ne s’agit pas de nier les dangers ou de considérer le Web social comme le pays des Bisounours, mais de porter un re-gard bienveillant sur les pratiques en li-gne des jeunes. Accepter l’idée que les adolescents n’ont pas, par exemple, forcément le même rapport à l’image ou à la vie privée que nous. Accepter aussi l’idée que les comporte-ments en ligne ne naissent pas ex nihilo mais découlent du réel. Bien comprendre que le numérique est une émanation du réel.

Les réseaux sociaux sont vivants, ils sont la traduction, derrière les écrans, de pratiques éminemment humaines, au premier rang desquelles on trouve la conversation, premier degré de la com-munication.

Laurence Bee

Journaliste, auteur, créatrice des sites Parents 3.0 et Ados 3.0

La connexion est naturelle

Qu’est-ce qu’un réseau social ? C’est avant tout un site Internet permettant de relier des personnes en fonction d’activités ou d’intérêts communs, et qui permet une interaction entre ses utilisateurs. Le réseau social est une composante du web 2.0, dont la caractéristique est de faire de l’internaute un créateur et un diffuseur de contenu.La mise à disposition d’un réseau social crée donc, à l’égard du réseau lui-même comme de ses utilisateurs, des responsa-bilités.Comme tout service de communica-tion au public en ligne, le réseau social est régi par la loi pour la confiance dans l’économie numérique du 21 juin 2004 (LCEN), et est généralement considéré comme un hébergeur de contenus, se

contentant de mettre à disposition des utilisateurs un espace de stockage de leurs informations.

En cela, l’hébergeur bénéficie d’une res-ponsabilité limitée, qui n’est engagée que s’il a eu effectivement connaissance du caractère manifestement illicite d’un contenu et, qu’à partir de cette connais-sance, il n’a pas agi promptement pour le retirer ou en rendre l’accès impossible.

L’utilisateur a ainsi à sa disposition un espace de liberté, mais est pleinement responsable des contenus qu’il crée et publie sur sa page ou son profil, et peut avoir à répondre de certains abus (diffa-mation, injure, haine raciale, contenus choquants, violence, contrefaçon, publi-

Carole Gay

Responsable Affaires juridiques et ré-glementaires à l’AFA

Cadre légal et bonnes pratiques

protection juridique existant. Les efforts de protection demeurent à encourager fortement. Tous les acteurs, pouvoirs publics, secteur privé, enfants, parents et tous ceux qui sont amenés à jouer un

rôle auprès des enfants, doivent prendre leur part de responsabilité afin d’installer «un internet plus sûr pour les enfants».

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

cation de photos ou de données person-nelles sans autorisation…). Les mineurs peuvent eux aussi voir leur responsabilité pénale engagée dès 13 ans, même s’ils bénéficient de l’excuse de minorité, qui diminue par deux les peines maximales encourues.

La publication de commentaires ou de photos relatifs à des enseignants peu-vent également donner lieu à des sanc-tions disciplinaires pour violation du règlement intérieur de l’établissement scolaire.Afin que ces abus cessent, l’utilisateur victime des réseaux sociaux doit avoir

les moyens d’agir contre ces comporte-ments. Des outils qui permettent le signalement et le retrait des contenus illicites sont mis à disposition des internautes tant par les réseaux sociaux eux-mêmes, que par l’Association des Fournisseurs d’Accès (AFA) via le service de signalement en ligne anonyme et gratuit www.pointde-contact.net, soutenu par la Commission européenne et les acteurs de l’internet depuis 15 ans. Des initiatives sont également en cours au niveau européen afin de simplifier le processus de signalement, et le rendre encore plus efficace (publication des

«Safer Social Networking Principles for the EU» en 2009 et mise en place de la «CEO coalition» fin 2011, tous deux avec le soutien de la Commission européen-ne).

Enfin, pour que les jeunes prennent conscience des bons comportements à adopter sur Internet, l’AFA a mis en place un quizz de sensibilisation à destination des 7-15 ans, accompagnés s’ils le sou-haitent de leurs parents, accessible sur www.passe-ton-permis-web.com.

Les réseaux sociaux, c’est bien car on communique beaucoup avec, beaucoup plus qu’en face à face. Mais il ne faut pas en abuser car ça peut porter préjudice (au sommeil par exemple).

Notre Conseil de Vie Lycéenne (CVL) les utilise, c’est une nouvelle manière de communiquer et de relancer la démo-cratie.

Naomi Nzimbi Panda et Maidy Blis,

Membres du Conseil de Vie Lycéenne, lycée Alfred Costes, Bobigny

Utilisation des réseaux sociaux

Un Conseil de Vie Lycéenne, CVL, est composé de 10 lycéens et 10 adultes. Notre CVL existe depuis 2 ans.D’après notre enquête, le réseau le plus utilisé est facebook, principalement par les jeunes. Facebook est un réseau qui leur correspond car il permet de met-tre beaucoup de sanctions notamment pour les parents qui ne peuvent pas sur-veiller.

Twitter permet de raconter sa vie en direct.

Snap Tchat nous sert pour envoyer des photos et des vidéos. On peut limiter le

temps de présence de la photo et on est prévenu si la personne l’enregistre.

Linkelin, est plus utilisé par les étudiants pour communiquer avec les entreprises.D’après notre enquête, les lycéens utili-sent 2h30 par jour les réseaux sociaux. Les jeunes parlent de leur vie, échangent des photos mais aussi des informations scolaires.

Nadine Ingabire

Membre du Conseil de Vie Lycéenne, lycée Langevin-Wallon, Champigny-sur-Marne

Enquête au lycée réalisée par le CVL

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Paricipants à la première table ronde

Facebook relève du droit californien, d’où l’âge d’inscription de 13 ans.

Marie Derain

Les parents doivent accompagner en posant des questions et en s’intéressant à l’enfant.

Laurence Bee

Créer un droit à l’oubli c’est-à-dire un déréférencement.

Marie Derain

L’école est particulièrement empotée par tout ce numérique néanmoins certains professeurs font des pages fa-cebook de leurs cours, de leur classe.

Philippe Tournier

Avec les réseaux sociaux on mène une seconde vie qu’on croit sans risque. Chacun est le centre du monde, le centre de la toile.

Philippe Tournier

Les jeunes ne retiennent qu’une cho-se, c’est que tout s’efface.

Philippe Tournier

L’identité vous l’avez réduite à la réputation moi je préfère parler de présence. Pour moi, il n’y a pas de partage, il y a une obligation de partage.

Divina Frau-Meigs

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page en cours de création

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

Deuxième table ronde

L’impact des réseaux sociaux dans la construction de son identité et de son rapport à l’autre, vers une citoyenneté numérique

L’apprentissage citoyen repose à la fois sur le respect de la différence et sur le goût du débat. Hélas ces deux qualités sont partout battues en brèche, notam-ment par l’environnement audiovisuel, en particulier celui de la téléréalité et de nombreux jeux vidéo. Il en résulte un danger pour l’apprentissage citoyen, et donc pour la démocratie. Mais comme face à tout danger, il est essentiel d’identifier des facteurs de protection. L’école et le réseau associatif peuvent y prendre un rôle majeur. Cela peut se faire de deux manières complé-mentaires : par une éducation aux carac-téristiques d’Internet et en développant le goût du débat et de la controverse.

Apprendre Internet dès 6 ans :Il est important d’éduquer dès cet âge l’enfant au droit à l’image et à l’intimité, puis, dès l’entrée au collège au fait qu’In-ternet obéit aux lois communes (notam-ment en termes de punitions des insul-

tes et du harcèlement) et que le plagiat y est facile… mais constitue une atteinte aux droits d’auteur. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi sensi-biliser les enfants à la façon dont le cer-veau fonctionne avec et sans écran*, et sur le fait qu’Internet suscite inévitable-ment chez ceux qui l’utilisent certaine formes d’inquiétude :

- Angoisse de ne pas pouvoir se faire entendre, de ne pas pouvoir se faire comprendre, que personne ne s’inté-resse à ce que l’on dit.- Angoisse d’envahissement, une quantité considérable d’informations nous arrivent du bout du monde à tout instant et nous surprennent dans des moments d’intimité.- Angoisse de morcellement lié aux contenus parfois contradictoires de toutes les informations qui nous arri-vent, qui nous donnent l’impression d’être en petits morceaux. - Et enfin, angoisse de persécution due notamment à l’absence de face-à-face qui supprime le recours aux mimiques comme facteur de régula-tion des échanges. Il en résulte que beaucoup de débats sur Internet se transforment en joutes verbales en-flammées et peu respectueuses.

Comment réduire ces dangers ? En pré-parant très tôt les enfants à penser le dé-bat autrement.

Organiser des débats et des controver-ses dès l’école primaire : Le débat et la controverse supposent de maîtriser les articulations logiques du discours. Or beaucoup d’enfants sont in-troduits très tôt à une culture des écrans dans laquelle, justement, les articula-tions logiques sont pratiquement inexis-

tantes. Les écrans imposent un présent perma-nent, sans articulation temporelle d’un passé, d’un présent et d’un avenir.

L’utilisation correcte des conjonctions «mais», «où», «et», «donc», «or», «ni», «car» nécessite d’avoir intégré au préa-lable la succession d’un avant, d’un pendant et d’un après. C’est seulement ensuite qu’on peut décider si l’avant, le pendant et l’après s’articulent avec un «mais», un «car», ou un «en effet». En revanche, quand on a baigné dans une culture des écrans où règne un pré-sent éternel, il est très difficile de conce-voir ces articulations logiques. La prati-que du débat et de la controverse peut y contribuer, d’abord en mettant l’accent sur le fait de traiter les arguments com-me des objets théoriques, et ensuite en privilégiant les enchaînements logiques sur la validité des preuves, qui sont tou-jours relatives.

Après l’adolescence, il peut être inté-ressant aussi d’introduire ce qu’Aristote appelait les dissoi logoi, où chacun s’en-traîne à défendre alternativement deux points de vue contradictoires.

*C’est le projet qu’a développé l’Académie des scien-ces avec le livret pédagogique Les écrans, le cer-veau… et l’enfant - Editions Le Pommier, 2013

**On les appelle des flame wars, du verbe anglais to flame (injurier, insulter)

Serge Tisseron

Psychiatre et psychanalyste

Pour que le goût du débat ne se dissolve pas dans Internet

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S’il y a construction d’une identité, c’est que les adolescents ne naissent pas tout formés faute de quoi ni parents, ni école ne seraient nécessaires. L’adolescence est un âge de la vie do-miné par le goût de la transgression, de la provocation et d’une certaine violence dont l’intégration a été un enjeu pour toutes les sociétés, de tout temps et en tout lieu.

A ce nécessaire conflit intégrateur, s’ajoute le goût du risque décuplé quand celui-ci est virtuel et que tout peut sem-bler pouvoir être effacé par un simple «replay».

A ces caractéristiques des âges de la vie s’ajoute celle de l’âge démocratique qui structure nos sociétés depuis la fin du XVIIIème siècle dominé par la figure du ci-toyen. Or il ne faut pas se dissimuler que les formes traditionnelles d’expression de la citoyenneté traversent une crise dont les nouvelles technologies de communi-cation ne sont pas responsables même si elles peuvent accélérer le processus. La « contre démocratie » ironique, polémique et ricanante a, en effet, trouvé là des sup-ports inespérés.

Puisque nous sommes dans les âges, parlons de celui de la technique. Une des caractéristiques les plus marquantes des réseaux sociaux est bien l’effacement de la séparation de la vie publique et de la vie privée. Or, cette séparation était un des fonde-ments de la définition du citoyen libre. A celle-ci s’en ajoutent au moins deux autres : le rythme accéléré, une nou-

veauté chassant la précédente toutes les dix minutes, et l’être connecté qui peut s’estimer au centre d’un monde.

Inutile de dire combien l’école est mal à l’aise dans cet univers auquel elle se rat-tache maladroitement. Ici, il y a six cents ans, même si les murs étaient différents, la Sorbonne condamnait l’imprimerie et elle avait parfaitement raison ! La vieille Sorbonne médiévale n’y a pas survécu avant de renaitre sous une autre forme. L’institution scolaire actuelle se sent menacée par ce nouvel univers et elle a raison de l’être : la chasse à Wikipédia ou la réduction des réseaux sociaux au har-cèlement témoignent d’une désorienta-tion existentielle. Le discours officiel sur le numérique, as-sez onirique et éludant trop facilement les tensions culturelles et sociales, cache mal une contradiction existentielle qu’il serait vain de se dissimuler si on souhai-te la surmonter : l’école, telle que nous la connaissons aujourd’hui en France, semble solidement incompatible avec ce nouvel univers !

Philippe Tournier

Secrétaire général du SNPDEN

L’école est-elle compatible avec l’univers numérique ?

Les élèves sont inscrits sur les réseaux so-ciaux dans le but de se faire connaitre ou sous l’influence de quelqu’un.

Impacts positifs : - Créer un lien entre élèves d’une même classe ou établissement avec une notion de partage,- Retrouver des personnes,- Affiner des liens entre élèves,- Usage professionnel.

Impacts négatifs :- Chronophages, ils nuisent au som-meil, au travail scolaire,- Isolement de certains élèves qui se créent des jeux et communiquent avec des amis virtuels,

- Peuvent générer de la violence, du cyberharcèlement : la parole libé-rée peut déraper. Les règlements de compte entre élèves sur les réseaux peuvent avoir des conséquences réel-les au lycée.

Impacts en trompe l’œil : - Le nombre d’amis sur les réseaux est un trompe l’œil,- Les réseaux peuvent à la fois rappro-cher et éloigner,- Les traces écrites sont importantes car sur un mouvement d’humeur on perd le droit à l’oubli alors que derriè-re l’écran on se sent intouchable.

En résumé, il y a beaucoup d’impacts

Fanny AYELLO CAMPOS

Membre du Conseil de Vie Lycéenne, lycée Langevin-Wallon, Champigny-sur-Marne

Les réseaux sociaux, quels impacts ?

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

J’ai effectué une recherche portant sur 30 pays européens. Cette recherche a été menée par le groupe ANR TRANSLIT et ses résultats sur les translittératies seront dévoilés vendredi 13 décembre 2013 lors du colloque sur les politiques publiques d’éducation aux médias et à l’informa-tion en Europe. En France il n’y a pas de politique publique dédiée au numérique ou très peu, ni de financement sauf pour le matériel mais pas pour la formation ni les ressources, ni d’évaluation.Par contre, il y a beaucoup de ressour-ces sur le terrain, partagées grâce au numérique et beaucoup de formations organisées par les associations. En fait, on constate un décrochage entre les dé-

cideurs et le terrain. Cela pose problème car le système français est un système de décision descendant des décideurs vers le terrain.La France est un malade bien portant, l’école en tant qu’institution ne bouge pas. Or ne pas s’ouvrir au numérique, c’est ouvrir la porte aux sociétés privées et laisser le numérique au marché. Pourtant, il y a un constat de décrochage des élèves et la formation numérique se passe en dehors de l’école. On voit arri-ver les grands opérateurs commerciaux qui proposent de l’enseignement massif en ligne et qui voient en l’école un mar-ché. Aussi, ne pas s’ouvrir au numérique, c’est ouvrir la porte aux services privés

Madame Divina Frau-Meigs

Sociologue des médias, professeur à l’université Sorbonne nouvelle

Faut-il laisser le nu-mérique au marché ?

négatifs des réseaux sociaux à cause des communications négatives sur facebook, une personne peut facilement s’isoler et s’enfermer dans un monde virtuel.

Je suis en terminale S et élu au CVL, conseil de la vie lycéenne, du lycée Blaise Cendrars de Sevran. Avec mon CVL, on a décidé de participer à l’élaboration de cette charte sur la nétiquette. Dans notre lycée nous sommes 850 élè-

ves, c’est un lycée moyen, du coup la communication passe plutôt bien entre les élèves et on utilise prioritairement les réseaux sociaux, surtout Facebook, voire que Facebook. Donc on a un groupe Fa-cebook au lycée où le CVL met toutes les informations. Toute la communication passe par là, les élèves passent aussi par le groupe Facebook pour contacter le CVL. On a aussi une page sur le site du lycée, plus institutionnelle.

Comme on était déjà impliqués, on s’est dit qu’on devait s’engager dans ce projet, parce que justement il y a déjà eu des in-cidents sur la page. Quand on demande des avis, ça part en débat, et ensuite il y a des clashs et ce n’est pas bon du tout. Alors on a discuté là-dessus et quand on nous a proposé le projet de l’association ÉVEIL, on s’est dit pourquoi pas, ça cor-respond à ce qu’on veut. D’autant plus que l’administration essaie de mettre en place un intranet dans le lycée, mais ça ne marche pas, parce que les élèves sont

déjà très attachés aux réseaux sociaux. C’est pour ça qu’on a décidé de partici-per au projet.

Moi je pense que la solidarité c’est une valeur que l’on devrait retrouver dans l’école, que l’on retrouve d’ailleurs dans l’école. Le lycée est certes un lieu d’étude, mais il est aussi un lieu de vie et un lieu d’émancipation pour les lycéens. Par rap-port au manque de relais sur le numéri-que entre le chef d’établissement et les autres acteurs de l’établissement, je pen-se que le relais peut être fait à travers le CVL, justement. Ses membres sont élus, ils ont une légitimité, ils sont reconnus par les autres élèves, donc il y a un rap-port de confiance qui s’installe entre les élèves et le chef d’établissement. Le CVL, justement peut impulser ces dispositifs, comme la solidarité.

Kalilou Sylla

Membre du Conseil de Vie Lycéenne, lycée Blaise Cendars, Sevran

Une charte du bon comportement

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Participants à la deuxième table ronde

du marché et non pas au service public de l’école.

Quant à l’identité, elle a été réduite, dans les propos tenus ici, à l’ e-réputation, or, l’identité augmentée dans le numérique est quelque chose qui doit se former. Je préfère parler de présence, d’e-présence, c’est à dire, à la fois cognitive, sociale et accompagnée par un réseau. Internet étant le partage, par exemple avec Wikipédia, maintenant, avec Face-book, on ne peut pas faire autre chose que partager. Il s’agit donc d’une obliga-tion de partage, que je ne peux appeler autonomie ou liberté. L’éducation des jeunes est à faire pour facebook : les ac-teurs ne sont pas français, ils sont situés aux Etats Unis, avec des valeurs amé-ricaines, ce sont des opérateurs com-merciaux. Les données de la vie privée aux Etats-Unis sont des données com-merciales, ce n’est pas le cas chez nous.

La revente à des tiers anonymes de ces données sur la vie privée est légale aux États-Unis mais totalement illégale chez nous. Cela nous amène à laminer la vie privée et donc les avancées françaises que sont les droits de l’homme.Dans le domaine de la citoyenneté, c’était un gain démocratique pour les femmes, par exemple pour le vote, aller voter dans l’isoloir. Quand on appartient à une ethnie, on vote comme le veut le chef du clan, quand on appartient à un démos, on vote comme on le sent, pour soi, pour le projet que l’on veut pour sa société. Je suis pour l’éducation aux médias et aux droits de l’homme, c’est ce que je fais avec le Conseil de l’Europe. L’éducation aux médias doit être adossée aux droits de l’homme.

Positivons ! L’école fait déjà beaucoup. Les verrous à faire sauter sont l’inspec-tion et les programmes. L’école doit se

rendre compte que grâce au numérique, on apprend tout le temps. Dans certains pays on ne parle plus de classe. On parle de flow (flux), de MOOC, massive open online course (formation à distance pour tous en ligne). Les MOOC organisent des formations où peuvent s’inscrire des jeu-nes et des enseignants, avec des réseaux sociaux accompagnants. Les pairs se renforcent entre eux, les pairs n’ont pas forcément le même âge, ils ont les même affinités. L’école si elle s’approprie cette logique, va pouvoir se rénover et donner à l’enseignant la possibilité de travailler dans le grain, dans le suivi et l’accompa-gnement des étudiants.

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

Remerciements

La peur du ridicule m’empêche d’enton-ner devant vous «Joyeux anniversaire»… Mais sachez que le cœur y est et que je suis très heureuse d’être présente parmi vous pour célébrer, au travers de ces Rencontres citoyennes, les vingt années d’existence de l’association ÉVEIL.

Atteindre l’âge de vingt ans pour une association, ce n’est pas rien. C’est une longévité qui atteste que beaucoup de travail a été entrepris et accompli. Le travail que vous avez effectué depuis

1993, en allant à la rencontre des jeunes gens, en créant des espaces de réflexion et de discussion pour les responsabili-ser et leur donner envie de participer à la construction de la société est un tra-vail essentiel. 50 000 interventions ont été réalisées par l’association dans les établissements scolaires français. Voilà qui n’est certes qu’un chiffre, mais qui témoigne bien de l’engagement de tous ses membres et de l’importance de leur action. Que tous ceux qui ont participé à cet effort soient félicités et remerciés.George Pau-Langevin

Ministre déléguée à la Réussite éduca-tive

Clôture

Je suis là au nom de la région Ile-de-France, et de son Président, Jean-Paul Huchon pour vous dire tout l’intérêt que nous portons au travail que mène l’asso-ciation Eveil auprès des jeunes. En effet pour nous, l’éveil des jeunes à leur rôle de citoyens, c’est une question essentiel-le. D’ailleurs la Région accompagne l’as-sociation depuis plusieurs années main-tenant et j’espère que ce partenariat va se poursuivre et se renforcer. Depuis le début de la mandature, j’ai souhaité que la Région renforce son action pour l’exer-cice de la citoyenneté des lycéens et des lycéennes et je parle bien d’exercice de

la citoyenneté et non pas d’apprentis-sage. Depuis 2011, la Région organise régulièrement des consultations avec les lycéens. Ce dialogue nous a beau-coup appris et nombre de décisions en sont issues. Par exemple, nous avons mis en place un budget participatif dans 30 lycées pour la création de lieux de vie. Aujourd’hui, la parole est donnée à tous les lycéens d’Ile-de-France à travers un large questionnaire construit justement à partir du dialogue avec les élus des conseils de vie lycéenne. Ce sont ces élus des CVL qui diffusent ce questionnaire et l’administrent dans le but de nous permettre de mieux connaître et mieux prendre en compte le point de vue des jeunes, leurs attentes, leurs propositions. Par ailleurs, nous avons signé avec le ministère, avec les trois académies d’Ile-de-France, une convention dont l’un des axes est justement le développement de la démocratie lycéenne.

Le thème choisi pour ces Rencontres in-terpelle fortement les décideurs politi-ques. Ces technologies en effet peuvent nous donner un nouveau rapport au sa-voir et à la citoyenneté. Les notions de coopération et de partage sont intéres-santes pour sortir des hiérarchies. Notre pensée sur l’éducation doit être révolu-tionnée à partir des idées de coopéra-

tion.

Le numérique peut aussi nous aider dans notre rapport aux jeunes. Aujourd’hui les jeunes doivent prendre toute leur place dans la société, cela passe par cette confiance que nous devons leur faire. La Région a fait la proposition aux académies d’aller vers un lycée virtuel, plateforme collaborative ouverte aux enseignants d’une part, et sans contrôle, aux lycéens d’autre part. En effet je crois que si on veut vraiment qu’il y ait un la-boratoire de pensées sur ces questions du numérique, il faut qu’on le prenne comme un espace possible de construc-tion nouvelle de partage et de solidarité. Le numérique ouvre aussi un espace de communication planétaire. Et si on veut lutter contre une mondialisation qui réduit les possibles, je crois qu’il faut s’emparer de l’espace de communication planétaire pour en faire un espace de coopération, de partage et de solidarité.

Henriette Zoughebi

Vice-Présidente du conseil régional d’Île-de-France en charge des lycées

Conclusion

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Les jeunes : des citoyens en devenir

L’association ÉVEIL a depuis sa création eu le mérite, la vigilance et le souci de ne pas considérer la jeunesse comme une classe d’âge ou comme une catégorie de population parmi d’autres. ÉVEIL a, au contraire, bien compris que la jeunesse est ce moment de la vie où s’élabore l’avenir.

Concentrer nos regards sur la jeunesse, ce n’est rien moins que de contribuer à façonner la génération des bâtisseurs de demain.L’éducation est l’une des activités les plus nécessaires à une société. Les jeunes sont à la fois de nouveaux citoyens en même temps qu’ils sont entrain de de-venir des citoyens. Il est de la responsa-bilité de l’école de les amener à assumer la responsabilité qui sera la leur dans le monde de demain.

La jeune génération aura la tâche, après nous, de renouveler le monde commun.

C’est pour cette raison que l’éducation ne peut se résumer au seul fait d’appren-dre, mais qu’elle doit également, pour ne pas rester une lettre morte, transmettre à tous ses élèves les valeurs fondatrices de la citoyenneté républicaine et démocra-tique. L’enseignement doit prendre souf-fle dans une forme incarnée et vécue, qui se concrétise, chaque jour, au sein des établissements scolaires.

La Vie lycéenne : une cause morale

Dans cette perspective, la Vie lycéenne n’est pas un vain mot. Elle est, au contrai-re, un principe de l’éveil des citoyens éclairés que les élèves seront demain.Dans la Vie lycéenne, les valeurs mora-les ne sont pas de vains concepts. Elles guident et nourrissent la conduite des lycéens et donnent à leurs projets une réalité concrète. Les lycéens qui s’enga-gent à agir pour le bien commun de la collectivité font l’expérience de ce que les valeurs de dignité, de liberté, d’éga-lité, de solidarité, de laïcité et de justice

ne sont pas des principes abstraits ou des hochets risibles.Dans une période de crise de l’engage-ment politique qui affecte l’ensemble de notre société et les jeunes en particulier, cet apprentissage de la citoyenneté par-ticipative est un des meilleurs remèdes aux maux que nous connaissons.

Les impasses de la Vie lycéenne : nécessité d’un Acte II

Malheureusement, force m’a été de re-connaître, lors de ma prise de fonction, que la Vie lycéenne, qui a pourtant près d’un quart de siècle, n’a toujours pas at-teint l’âge de raison.

En 1989, une loi d’orientation créait pour la première fois un Conseil des délé-gués des élèves qui donnerait son avis et formulerait des propositions sur les questions relatives à la vie et au travail scolaires. Cette loi considérait déjà que pour devenir citoyens, les élèves devai-ent apprendre les principes de la vie dé-

La salle durant la première table ronde

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Synthèse des Rencontres Citoyennes « Jeunes, réseaux sociaux et citoyenneté »

mocratique et acquérir les compétences civiques grâce à leur participation aux instances représentatives des établisse-ments. Aujourd’hui plus encore qu’hier, nous considérons que le développement de la Vie lycéenne est non seulement un facteur de progrès social, mais qu’il est également un instrument indispensable pour que notre système d’éducation fa-vorise véritablement chez les élèves l’es-prit d’initiative, le goût de la liberté et le sens de la responsabilité.

Mais depuis plus de vingt ans, un écart important subsiste entre cette volonté politique et la réalité de terrain. Et de fait, la majeure partie des réformes entrepri-ses par les gouvernements précédents l’ont été dans des situations d’urgence, le plus souvent au gré des manifesta-tions lycéennes. Il s’agissait alors pour nos prédécesseurs de calmer l’ardeur de ces mouvements, de les faire rentrer dans le rang, plutôt que d’entendre vé-ritablement la teneur de leur revendica-tion, d’écouter avec attention et souci la parole des lycéens.

C’est pour remédier à cet état de fait et prendre la mesure de toute la com-plexité du problème qu’un rapport a été commandé à Madame la député du Nord, Anne-Lise Dufour-Tonini. Pour cerner avec netteté tous les enjeux de la question, et nous tenir au plus près des attentes des élèves et de leur parole, la commission en charge de ce rapport a eu des entretiens durant plusieurs mois avec des élèves, avec leurs représentants, leurs enseignants, avec des personnels de direction, des délégués académiques de la Vie lycéenne et des parents.

La Méthode pour y parvenir

L’Acte II de la Vie lycéenne sera l’Acte II des lycéens eux-mêmes. L’Acte II de la Vie lycéenne vise à renforcer chez les lycéens l’aptitude à construire et à soutenir la re-lation à l’autre, à former les élèves à la

prise d’initiatives et de responsabilité, à leur donner le goût de l’autonomie et à aiguiser leur sens de l’intérêt général.

Ces valeurs qui sont l’esprit de l’Acte II ne doivent pas être seulement la desti-nation à atteindre, mais également l’iti-néraire à suivre pour y parvenir. C’est la raison pour laquelle la méthode qui sera la nôtre pour parvenir à cet Acte II épou-sera la forme de son objectif final. Cette méthode est celle de la démocratie par-ticipative lycéenne. Cet Acte II inaugure une donne nouvelle pour la Vie lycéen-ne.

Les semaines de l’engagement ont eu lieu au mois d’octobre dernier, sur une longue période, pour que les élèves aient le temps d’y prendre part et de s’y investir pleinement. Ces semaines ont permis d’organiser des débats et des évènements dans les académies et les établissements, et de faire des person-nels éducatifs et des lycéens, les agents de cette réforme à venir.

Depuis la fin du mois de novembre et jusqu’à la fin du mois de janvier, une vaste consultation nationale est organi-sée, afin de recueillir les propositions des lycées et ainsi de proposer des pistes de développement de la Vie lycéenne. Du-rant cette période de huit semaines, les lycéens et les CVL sont invités à s’expri-mer sur quatre grandes questions qui sont au cœur de leurs préoccupations :

- Comment favoriser le bien-être au lycée ?- Comment faire vivre la démocratie lycéenne ?- Comment promouvoir l’engage-ment lycéen ?- Comment donner sens à la laïcité ?

A l’issue de cette grande concertation, la commission, après avoir travaillé de concert avec les représentants, nous re-mettra ses propositions à Vincent Peillon et moi-même, pour que nous puissions,

dès le début du mois de février donner naissance à l’Acte II de la Vie lycéenne.

Conclusion

Cet Acte II de la Vie Lycéenne, dans son exécution comme dans son processus, permettra aux jeunes hommes et aux jeunes femmes à l’aube de l’âge adulte de faire l’apprentissage progressif de la démocratie. La Vie lycéenne est une éta-pe importante pour former la jeunesse au plein exercice de la citoyenneté.

La citoyenneté est un droit, mais c’est éga-lement un don. Elle est un gain de liberté qui nous honore en même temps qu’une charge dont il nous incombe d’être à la hauteur. L’un des plus grands hommes que notre République ait connu, Victor Hugo, dont l’œuvre a contribué de ma-nière décisive à la construction de notre école et au rayonnement de nos idéaux, le savait et le formulait mieux que tout autre.

Dans Paris et Rome, il y a de cela près d’un siècle et demi, en 1876, il nous fai-sait don de cette réflexion que je vous livre pour qu’elle continue de retentir dans notre mémoire commune : «Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité». En naissant, nous entrons dans un mon-de qui était présent avant nous et qui est appelé à durer après nous. En sorte que, pour être ouvert à la responsabilité politique, il faut se tenir pour l’obligé du monde. La Vie lycéenne doit permettre aux adultes que nous sommes de trans-mettre le monde aux élèves, pour leur apprendre à l’aimer. Pour que demain ils aient envie d’en prendre la responsabili-té. Non pour qu’ils le conservent tel qu’ils l’ont reçu. Mais au contraire pour qu’ils l’augmentent et l’enrichissent.

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Je tiens tout spécialement à remer-cier Madame la ministre, qui nous a fait l’honneur de venir clore ces Rencontres. Je remercie tous les participants aux ta-bles rondes, ainsi que Louise Tourret qui a animé les débats et je remercie bien sûr les jeunes, ceux qui sont présents, ceux qui ont pris la parole après un long tra-vail de préparation. Pour eux, la journée d’aujourd’hui est un point de départ car avec le soutien du Conseil régional d’Ile-de-France, que je remercie, le projet va se poursuivre dans les établissements avec l’appui des pro-

viseurs et de leur équipe. Merci à tous, à tous ceux qui animent l’association, à laquelle je souhaite bien évidemment un bon anniversaire.

Et maintenant place aux musiciens du ly-cée Guillaume Apollinaire de Thiais, qui nous attendent.

Dernière information et non des moin-dres, n’hésitez pas à nous rejoindre sur la page Facebook d’ÉVEIL.

Madame Anne-Marie Burelle

Présidente de l’association ÉVEIL

Remerciements

3 titres : Vivaldi : Concerto pour 2 violons et violoncelle Cimarosa :Sinfonia Joseph Haydn : diver-timento pour vents

L’orchestre du lycée Guillaume Apolinaire de Thiais

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Association ÉVEILAssociation loi 1901, agréée par le Minis-tère de l’Education nationale

105 chemin de ronde 78290 CROISSY-SUR-SEINE

Tél : 01 30 53 43 24 - Fax : 01 34 80 60 77 @ : [email protected]

Suivez également l’actualité de l’association sur Facebook

www.eveil.asso.fr

L’association ÉVEIL, dont l’objet est l’éveil des jeunes à leur rôle de citoyens, fête ses 20 ans.A cette occasion, l’association a organisé ses rencontres citoyennes sur la thé-matique « Jeunes, Réseaux sociaux et Citoyenneté », mercredi 11 décembre, au Grand Salon de la Sorbonne, sous le haut patronage du Ministre de l’Édu-cation nationale, Vincent Peillon.

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