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générales REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 // 11 Ce ne sont plus seulement le diagnostic, le constat d’une pathologie. L’oncobio- logie doit progressivement révolutionner la façon dont on traite le cancer, un trai- tement que le Pr Favre estime encore « empirique », en quelque sorte : même traitement pour tous, mais « seule une proportion d’entre eux connaît un bénéfice clinique alors que les effets secondaires délétères, eux, sont généralisés ». Ce qui change, le programme scientifi- que des JIB 2009 le développera, c’est ce que vont progressivement apporter à la cancérologie « les développements de la biologie moléculaire, du diagnostic moléculaire, des thérapies ciblées ». Les traitements s’orientent, vers ce qu’on appelle « thérapeutiques personnalisées, qui sous-entend l’administration de la bonne molécule, à la bonne dose au bon patient ». Où en est-on ? Le point avec le Pr Favre. L’analyse moléculaire des tumeurs. Il est possible dans certains cas de pré- dire l’évolution d’un cancer ou la réponse à un traitement sur le simple constat du profil moléculaire de la tumeur, réalisé à un instant précis dans l’évolution de la maladie. L’analyse du tissu sanguin complé- mentaire de l’analyse moléculaire. C’est le vecteur essentiel de dissémina- tion (métastase). Ses échanges avec les autres tissus en font un autre vecteur de marqueurs (cellules cancéreuses circu- lantes), d’autant que « son accessibilité permet l’analyse séquentielle de paramè- tres biologiques qui reflètent la dynamique de la pathologie tumorale ». L’idée d’utiliser le sang comme site de substitution à la tumeur solide ramène aux hémopathies malignes, qui bénéfi- cient depuis des années de marqueurs cellulaires et moléculaires sanguins, qui ont largement fait progresser leur prise en charge. Pour les tumeurs solides, l’oncobiolo- gie s’est longtemps cantonnée aux mar- queurs tumoraux sériques, « domaine peu pertinent dans la prise en charge des patients ». Cependant biologistes et cliniciens ont défini le champ d’utilisation de ces marqueurs : certains sont devenus essentiels dans le choix de la thérapeuti- que ou le suivi de cancers traités. L’analyse du profil protéomique, la recherche d’anomalies génétiques des cellules tumorales circulantes, la carac- térisation de micro-ARN régulateurs de l’expression génique, l’analyse de muta- tions d’ADN circulants sont actuellement explorées, et seront évoquées dans le programme scientifique des JIB 2009. On observe « un foisonnement de nouveaux concepts technologiques : de la fluidique pour la séparation cellulaire aux nanotech- nologies pour l’analyse moléculaire ». Le succès de cette démarche vien- dra de l’interdisciplinarité entre biologis- tes cliniciens, biologistes moléculaires, oncologues, pharmacologues, ingénieurs, industriels du diagnostic et de la phar- macie. Les nouveaux marqueurs doivent être rapidement disponibles dans les Labm. « Ces laboratoires, dans lesquels se généralisent les techniques de biolo- gie moléculaire, prendront une part plus active encore dans la chaîne de soins en cancérologie, et devraient se positionner comme des acteurs de la prise en charge personnalisée ». Ce transfert du labora- toire de recherche au laboratoire de biolo- gie médicale dépend d’un paramètre : la rapidité de la recherche translationnelle, du chercheur au clinicien. J.-M. M. La recherche en cancérologie pro- gresse aujourd’hui rapidement, et pour une large part, c’est à la biologie qu’elle doit ses avancées scientifiques les plus significatives, appelées à renouveler le mode de prise en charge du patient, souligne le Pr Gilles Favre (Institut Claudius- Regaud et INSERM, Toulouse), coordinateur du programme scien- tifique des JIB 2009, programme qui met en exergue le rôle croissant de l’oncobiologie. JIB 2009 : de la cancérologie à l’oncobiologie GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA Réhydratation par la peau Le laboratoire Baxter a développé Hylenex ® , une hyaluronidase humaine recombinante, destinée à simplifier la réhydratation en mi- lieu pédiatrique chez les enfants de 2 mois jusqu’à 10 ans. L’originalité de cette enzyme est de permettre l’administration d’un fluide de réhydratation en injection sous-cutanée, ce qui simplifie considérablement la procé- dure de réhydratation, qui nécessite habi- tuellement la mise en place, parfois longue (20 à 40 minutes), d’un moyen invasif, une perfusion intraveineuse. La hyaluronidase accélère également cette procédure dans les cas d’urgence. Une étude présentée par le laboratoire et récemment publiée dans Pediatrics a confirmé l’efficacité, la facilité de mise en place et la bonne tolérance de cette nouvelle procédure. Baxter a développé ce produit acquis sous licence de la biotech Halozyme Therapeutics. Les vaccins grippaux A/H1N1 français Développés par le laboratoire Sanofi Pasteur, divisions Vaccins du groupe Sanofi-Aventis, les deux vaccins monovalents contre le vi- rus grippal A/H1N1 Panenza ® et Humenza ® induisent une forte réponse immunitaire après une seule dose, a précisé le laboratoire à la mi-octobre, annonçant à son tour ; après nombre d’autres laboratoires sur les rangs pour le vaccin, les résultats intermédiaires des études réalisées en Europe qui confir- ment une forte réponse anticorps séropro- tectrice chez les enfants à partir de 3 ans et les adultes de 18 à 59 ans. Panenza ® est dosé à 15 microgrammes, sans adjuvant et Humenza ® est dosé à 3,8 microgrammes, avec adjuvant. La réponse anticorps a été considérée comme protectrice chez au moins 94 % des enfants de 3 à 17 ans, 93 % des adultes de 18 à 59 ans et 83 % des adultes de 60 ans et plus. BRÈVES DR DR

JIB 2009 : de la cancérologie à l’oncobiologie

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Page 1: JIB 2009 : de la cancérologie à l’oncobiologie

générales

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 // 11

Ce ne sont plus seulement le diagnostic, le constat d’une pathologie. L’oncobio-logie doit progressivement révolutionner la façon dont on traite le cancer, un trai-tement que le Pr Favre estime encore « empirique », en quelque sorte : même traitement pour tous, mais « seule une proportion d’entre eux connaît un bénéfice clinique alors que les effets secondaires délétères, eux, sont généralisés ».Ce qui change, le programme scientifi-que des JIB 2009 le développera, c’est ce que vont progressivement apporter à la cancérologie « les développements de la biologie moléculaire, du diagnostic moléculaire, des thérapies ciblées ». Les traitements s’orientent, vers ce qu’on appelle « thérapeutiques personnalisées, qui sous-entend l’administration de la bonne molécule, à la bonne dose au bon patient ». Où en est-on ? Le point avec le Pr Favre. L’analyse moléculaire des tumeurs.

Il est possible dans certains cas de pré-dire l’évolution d’un cancer ou la réponse à un traitement sur le simple constat du profil moléculaire de la tumeur, réalisé à un instant précis dans l’évolution de la maladie. L’analyse du tissu sanguin complé-

mentaire de l’analyse moléculaire. C’est le vecteur essentiel de dissémina-tion (métastase). Ses échanges avec les autres tissus en font un autre vecteur de marqueurs (cellules cancéreuses circu-lantes), d’autant que « son accessibilité

permet l’analyse séquentielle de paramè-tres biologiques qui reflètent la dynamique de la pathologie tumorale ». L’idée d’utiliser le sang comme site

de substitution à la tumeur solide ramène aux hémopathies malignes, qui bénéfi-cient depuis des années de marqueurs cellulaires et moléculaires sanguins, qui ont largement fait progresser leur prise en charge. Pour les tumeurs solides, l’oncobiolo-

gie s’est longtemps cantonnée aux mar-queurs tumoraux sériques, « domaine peu pertinent dans la prise en charge des patients ». Cependant biologistes et cliniciens ont défini le champ d’utilisation de ces marqueurs : certains sont devenus essentiels dans le choix de la thérapeuti-que ou le suivi de cancers traités. L’analyse du profil protéomique, la

recherche d’anomalies génétiques des cellules tumorales circulantes, la carac-térisation de micro-ARN régulateurs de l’expression génique, l’analyse de muta-tions d’ADN circulants sont actuellement explorées, et seront évoquées dans le programme scientifique des JIB 2009. On observe « un foisonnement de nouveaux concepts technologiques : de la fluidique pour la séparation cellulaire aux nanotech-nologies pour l’analyse moléculaire ».Le succès de cette démarche vien-dra de l’interdisciplinarité entre biologis-tes cliniciens, biologistes moléculaires, oncologues, pharmacologues, ingénieurs, industriels du diagnostic et de la phar-macie.Les nouveaux marqueurs doivent être rapidement disponibles dans les Labm. « Ces laboratoires, dans lesquels se généralisent les techniques de biolo-gie moléculaire, prendront une part plus active encore dans la chaîne de soins en cancérologie, et devraient se positionner comme des acteurs de la prise en charge personnalisée ». Ce transfert du labora-toire de recherche au laboratoire de biolo-gie médicale dépend d’un paramètre : la rapidité de la recherche translationnelle, du chercheur au clinicien.

J.-M. M.

La recherche en cancérologie pro-

gresse aujourd’hui rapidement,

et pour une large part, c’est à la

biologie qu’elle doit ses avancées

scientifiques les plus significatives,

appelées à renouveler le mode de

prise en charge du patient, souligne

le Pr Gilles Favre (Institut Claudius-

Regaud et INSERM, Toulouse),

coordinateur du programme scien-

tifique des JIB 2009, programme

qui met en exergue le rôle croissant

de l’oncobiologie.

JIB 2009 : de la cancérologie à l’oncobiologie

GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA

Réhydratation par la peau

Le laboratoire Baxter a développé Hylenex®, une hyaluronidase humaine recombinante, destinée à simplifier la réhydratation en mi-lieu pédiatrique chez les enfants de 2 mois jusqu’à 10 ans. L’originalité de cette enzyme est de permettre l’administration d’un fluide de réhydratation en injection sous-cutanée, ce qui simplifie considérablement la procé-dure de réhydratation, qui nécessite habi-tuellement la mise en place, parfois longue (20 à 40 minutes), d’un moyen invasif, une perfusion intraveineuse. La hyaluronidase accélère également cette procédure dans les cas d’urgence. Une étude présentée par le laboratoire et récemment publiée dans Pediatrics a confirmé l’efficacité, la facilité de mise en place et la bonne tolérance de cette nouvelle procédure. Baxter a développé ce produit acquis sous licence de la biotech Halozyme Therapeutics.

Les vaccins grippaux A/H1N1

français

Développés par le laboratoire Sanofi Pasteur, divisions Vaccins du groupe Sanofi-Aventis, les deux vaccins monovalents contre le vi-rus grippal A/H1N1 Panenza® et Humenza® induisent une forte réponse immunitaire après une seule dose, a précisé le laboratoire à la mi-octobre, annonçant à son tour ; après nombre d’autres laboratoires sur les rangs pour le vaccin, les résultats intermédiaires des études réalisées en Europe qui confir-ment une forte réponse anticorps séropro-tectrice chez les enfants à partir de 3 ans et les adultes de 18 à 59 ans. Panenza® est dosé à 15 microgrammes, sans adjuvant et Humenza® est dosé à 3,8 microgrammes, avec adjuvant. La réponse anticorps a été considérée comme protectrice chez au moins 94 % des enfants de 3 à 17 ans, 93 % des adultes de 18 à 59 ans et 83 % des adultes de 60 ans et plus.

BRÈVES

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