4
Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble N’ 118 Vendredi 6 juillet 2012 Sur l’écran noir de mes nuits blanches, moi je me fais du cinéma sans pognon et sans caméra, Bardot peut partir en vacances : ma vedette, c’est toujours Toi. C. Nougaro EDITO On pourrait vous parler (encore) de la pluie, mais elle a déjà suffisamment joué les troubles-fêtes hier, on ne va pas en plus lui donner de la place dans notre édito ! Par contre, on veut bien parler de courts-métrages. Après tout, on est tous là pour eux, non ? Les cinéastes en herbes qui, pour leur premier jour de vacances, vont s’atteler à finir leur premier court qu’ils vous présenteront demain après-midi avec fierté... Les courageux qui, à la manière d’un Occupy St André, n’accepteront d’être délogés de leur séance en plein air que si l’Isère menace de déborder... Les insomniaques qui se délecteront de la séance de cinéma la plus hors-norme de l’année (et oui, quatre heures de courts-métrages en plein milieu de la nuit, on a fait plus conventionnel)... Les jurés en devenir, qui aiguiseront leur sens critique en votant une fois de plus pour leur film préféré du jour... Et puis les bénévoles qui, rassurez-vous, ont eu droit à deux exemplaires du fameux t-shirt rouge... Ca en fait du beau monde réunit pour l’amour du court. Tant mieux, même si comme dit le proverbe ‘‘plus on est de fous, moins il y a de riz’’. Sur cette belle parole, on vous laisse profiter de ce nouveau numéro de Court Toujours et vous préparez pour la dernière ligne droite. Bonne soirée, & vive le cinéma ! 09h - 12h / 14h - 17h30 : atelier pour les enfants, animé par Paul Petit 14h30 : «Regards» (films hors-compétition) 16h30 : Le monde selon... Serge Avédikian 18h30 : Débat avec les réalisateurs Programme 3 et «Regards» 20h30 : Films en compétition (programme 4) salle Juliet Berto 22h00 : Films en compétition (programme 4) place St André Minuit - 4h : Nuit Blanche ! salle Juliet Berto Court toujours ! © Raymond Cauchetier - Paris AUJOURD’HUI

Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

Citation preview

Page 1: Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble

N’ 118

Vendredi 6 juillet 2012

Sur l’écran noir de mes nuits blanches,moi je me fais du cinéma

sans pognon et sans caméra,Bardot peut partir en vacances :ma vedette, c’est toujours Toi.

C. Nougaro

EDITO

On pourrait vous parler (encore) de la pluie, mais elle a déjà suffisamment joué les troubles-fêtes hier, on ne va pas en plus lui donner de la place dans notre édito !

Par contre, on veut bien parler de courts-métrages. Après tout, on est tous là pour eux, non ?

Les cinéastes en herbes qui, pour leur premier jour de vacances, vont s’atteler à finir leur premier court qu’ils vous présenteront demain après-midi avec fierté...Les courageux qui, à la manière d’un Occupy St André, n’accepteront d’être délogés de leur séance en plein air que si l’Isère menace de déborder...Les insomniaques qui se délecteront de la séance de cinéma la plus hors-norme de l’année (et oui, quatre heures de courts-métrages en plein milieu de la nuit, on a fait plus conventionnel)...Les jurés en devenir, qui aiguiseront leur sens critique en votant une fois de plus pour leur film préféré du jour...Et puis les bénévoles qui, rassurez-vous, ont eu droit à deux exemplaires du fameux t-shirt rouge...

Ca en fait du beau monde réunit pour l’amour du court. Tant mieux, même si comme dit le proverbe ‘‘plus on est de fous, moins il y a de riz’’. Sur cette belle parole, on vous laisse profiter de ce nouveau numéro de Court Toujourset vous préparez pour la dernière ligne droite.

Bonne soirée, & vive le cinéma !

09h - 12h / 14h - 17h30 : atelier pour les enfants,animé par Paul Petit

14h30 : «Regards» (films hors-compétition)

16h30 : Le monde selon... Serge Avédikian

18h30 : Débat avec les réalisateurs Programme 3 et «Regards»

20h30 : Films en compétition (programme 4)salle Juliet Berto

22h00 : Films en compétition (programme 4)place St André

Minuit - 4h : Nuit Blanche !salle Juliet Berto

Court toujours !© R

aym

ond

Cau

chet

ier -

Par

is

AUJOURD’HUI

Page 2: Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

Chaque année, le festival permet à trois auteurs prometteurs l’occasion de retravailler leurs

scénarios avec des professionnels.

Mais pour participer à ce concours de scénarios, les candidats doivent être nés ou résider en Isère, ou bien s’engager à tourner leur film en Isère !

14h30 - 17h30 : Forum = les compétences techniques en Rhô-ne-Alpes14h30 - 16h30 : Séance enfants, suivie d’un goûter16h30 - 18h30 : Carte blanche au festival de Clermont-Ferrand18h30 - 19h30 : Débat avec les réalisateurs (prg 4 & 5)20h30 - 22h : Films en compétition (prg 5) / salle Juliet Berto22h00 - 23h30 : Films en compétition (prg 5) / place St André23h30 - Minuit : Nocturne, Je vous prie de sortir / place St AndréMinuit : Palmarès & clotûre / place St André00h30 - 03h : reprise de tous les films primés / salle Juliet Berto

Et demain ?

La Vague suit son courtFeuilleton 4/5

Nous sommes au début des années 1950. Eric Rohmer et Jacques Rivette signent leurs premiers courts-métrages ; un mouvement émerge. En 1953, la création du Groupe des Trente, organisation de défense du court-métrage, accentue le dynamisme et l’intérêt général de ce secteur, en se battant pour l’obligation de passage au cinéma d’un court-métrage avant tout long métrage et pour la rémunération automatique au prorata des recettes.1956 est le coup d’envoi de la Nouvelle Vague, avec la réalisation du Coup du Berger par Jacques Rivette et Claude Chabrol. Suivront

les films courts de tous ceux qui seront par la suite intégrés au mouvement et en deviendront les icônes. Truffaut a débuté sa carrière avec trois « courts » avant de se lancer dans le long métrage, Godard avec cinq ; Rivette en a réalisé sept, Rohmer une quinzaine au total de 1950 à 2008 ; Resnais s’est même lancé dans le cinéma à l’âge de quatorze ans par le court-métrage ; sans oublier Jacques Demy et ses quatre films courts de la fin de la décennie. Agnès Varda, quant à elle, se penchera sur la technique une première fois en 1957, puis s’y attellera près de dix fois jusqu’en 2004.

L’eûsses-tu cru ?

Pour vous, la Nouvelle vague, c’est…des longs métrages et les éternels jeunes visages de Belmondo, de BB ou d’Anna Karina ? Vous serez alors surpris d’apprendre que ce mouvement, dont les Français cinéphiles sont parfois si fiers, a débuté grâce au court-métrage !

Intrigué-e-s ? Dans ce cas, je vous invite à visionner Charlotte et son Jules de Godard, Véronique et son cancre de Rohmer, Le Coup du Berger de Rivette, et bien d’autres courts métrages de cette époque, qui vous plongeront dans l’univers de la Nouvelle Vague.

Une courte bibliographie pour vous resituer... Né en 1955 en Arménie soviétique, il émigre en France à l’adolescence. Elève duConservatoire d’Art dramatique de Meudon, il joue dans de nombreuses pièces classiques et modernes. En 1976, il fonde sa compagnie théâtrale, témoignant de son goût de l’indépendance. Il se tourne ensuite vers le cinéma dès 1978 en jouant dans deux films, Nous étions un seul homme et Le Pull-over rouge. En 1982, il se lance dans la réalisation de documentaires, en parallèle de sa carrière de comédien. En 1988, il fonde sa société de production, «Boomerang». Les quatre films courts sélectionnés pour «Le monde selon...Serge Avédikian» en sont le fruit.

Amateurs de rêve et d’absurdité, cette projection est votre évènement ! Bonjour Monsieur (1990) met en scène quatre hommes, une table et du café... L’histoire d’une machine à coudre tant attendue à la gare par Kyléchian, ne parlant pas un mot de français. Au revoir madame (1996) raconte l’histoire d’une Arménienne qui cherche à aller rendre visite à la famille Kadiguian, dont elle ne se rappelle plus l’adresse. Dévoué, Hagop la prend dans sa camionnette. La rencontre difficile entre une femme qui perd la mémoire et un homme peu patient. M’sieurs dames (1997) est l’histoire d’Albert K., alias Kyléchian, qui ne supporte pas son nom et décide d’aller consulter une «patronymiste». Ces trois films forment la trilogie touchante et amusante des Kyléchian. Et enfin, Mission accomplie (1992)... Trois hommes. La statue d’un chef d’une petite bourgade. Une mission: la livrer au village. Un chien sur la route, et tout se corse.

Sur fond de musique arménienne et de percussions répétitives, ces quatre films vous entraînent dans un univers quelque peu irréel,où l’incompréhension guette le spectateur. Serge Avédikian surprend en créant des atmosphères pesantes et puissantes.

Quatre films absurdes, drôles et émouvants.

Novembre 2006 : la Cinémathèque de Grenoble accueillait l’acteur et réalisateur d’origine arménienne Serge Avédikian pour la projection de deux de ses courts métrages. Jeudi 5 juillet 2012 : elle réitère. Un deuxième plongeon dans ses origines...

Serge Avédikian en courts

Marion

Marion

Page 3: Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

Compétition en cour(t)s

La Derniere caravane - Foued Mansour -Lucien, Abdé et Arnaud sont ouvriers sur un chantier. Ils reçoivent ce matin la visite inattendue d’un représentant des ressource humaines. L’occasion de prouver qu’ils ne sont pas que collègues de travail.

Junior - Julia Ducournau -Junior, alias Justine, est une fille de 13 ans en proie à la puberté. Un garçon manqué. Une fille bizarre. Bagues, boutons, et grosses lunettes…elle traverse l’âge ingrat, qu’elle exploite par provocation. Quand la jeune fille tombe malade, son médecin diagnostique une gastroentérite. S’ensuit alors une transformation bien étrange de son corps.

The Devil - Jean-Gabriel Périot -“You don’t know what we are. You think you know what we are. You don’t know what we are [...] If you look open my face, you are watching now the devil. [...] We know what he’s like, we know what he’s capable of...I’m sick of these damn’ pigs walking in our streets ”.C’est un combat du passé, un combat du présent, un combat pour être accepté…

Le monde a l’envers - Sylvain Desclous -Mado enchaîne les CDD comme caissière dans un supermarché. Une escapade chez son fils adoré la confronte à sa vie passée, oscillant entre nostalgie et résignation.

Tram - Michaela Pavlatova -Comme tous les jours, la conductrice du tram enfile son bleu de travail et monte dans son tram gris, qui se remplit bientôt d’hommes d’affaires encore plus gris. Mais ce jour là, des hallucinations très roses font leur apparition...

Mon Troquet - Louis Delvas -Un trentenaire cherche à se faire sa place dans un café rempli d’habitués. Cette comédie n’est pas sans rappeler la série Bref, et certains d’entre vous s’y reconnaîtront peut-être.

On demandera aux étoiles de ne pas briller trop fort dans le ciel, pour que celles d’entre elles qui s’animeront sur l’écran puissent nous éblouir à la juste mesure de leur talent. A la pause café-croissant, apportés par des bénévoles courageux, tout le monde chuchotera sans s’en rendre compte : c’est le contexte qui veut ça. Calés dans nos sièges, enveloppés dans la nuit noire et entourés du silence propre à ces heures si matinales, on se laissera bercer par la lune et on ne parlera pas trop fort pour ne pas réveiller l’aube. On s’prendra pour des bandits, à grappiller des bouts de sommeil, à faire comme si on pouvait arrêter le temps, à 24h01. Ce sera notre pouvoir nocturne, celui d’une bande de cinéphiles somnambules qui s’octroient une parenthèse dans un quotidien bien trop diurne. Puis on rentrera chez nous, au petit matin, à la fois grisés et effrayés comme des ados, craignant la gueule de bois et de pellicule du lendemain, mais sans aucun regret pour la boulimie cinématographique nocturne.

Nougaro, on l’aime bien. Même s’il venait de la ville rose, il n’avait pas son pareil pour parler d’écran noir & de nuit blanche. Ce soir, assurément, on pensera à lui quand la séance démarrera à minuit, et que chacun se préparera pour la meilleure insomnie de l’année.

Nuit Blanche

Vais-je te prendre par les hanches, comme sur l’écran de mes nuits blanches ?Non : je te dis « comment ça va » & je t’emmène au cinéma...

Julie

Julie

Page 4: Journal "Court Toujours" du vendredi 6 juillet 2012

EQUIPE DU JOURNAL

Directeur de publication : Guillaume Poulet

Rédaction : Julie Jarrand, Marion Lauras, Dimitri Laronde, Laure Massol

Responsable web : Dimitri Laronde

Conception graphique : Julie Jarrand

festivalcourtmetrage.wordpress.com PARTENARIATS

Le Mix // 4 place des GordesLe Dix Vins // 2 avenue Felix Viallet

La Table Ronde // 1 Rue d’AgierLa Côtelette // 5 rue RenauldonL’autre Table // 7 Place St André

Flam’s // 14 Rue ChenoiseLe BBQ // 4 Place de Gordes

Le Bacetto // 1 place Saint André

Entretien avec... Gilles Colpart

Si vous ne deviez retenir qu’un nom sur le monde du court-métrage, ce serait le sien. Spécialiste de ce format, il est, avec Michel Warren, le père du festival Entretien avec un homme dévoué au Septième Art...

Vous venez au Festival du film court de Grenoble depuis maintenant 35 ans. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur la naissance de cet évènement ?

Je me rappelle d’un article publié dans un journal au milieu des années 1970, intitulé « le court-métrage est mort, vive le court-métrage ! ». A l’époque, il y avait une sorte de convergence contre le court-métrage, que nous ne comprenions pas. Mais les spectateurs avaient pris l’habitude du court-métrage. Ils voulaient en voir. Il y a eu une prise en compte progressive, par le biais de manifestations culturelles, de la nécessité de fédérer les professionnels du film court, pour le sauver. C’est un ensemble d’évènements le mettant à l’honneur, qui a permis cette prise en compte. Le Festival en plein air de Grenoble entre dans cette mouvance. Ces manifestations ont également permis de fonder l’Agence du court-métrage, dont le berceau physique est l’ensemble des réalisateurs de films, courts et longs, et qui ont la certitude d’avoir un public de court-métrage comptabilisable. Ainsi, l’existence d’un certain nombre de festivals a fait prendre conscience de l’existence d’un public pour les courts-métrages. Il a fallu répondre à ce public, en inventant des formules de diffusion. Le court-métrage a aujourd’hui la diffusion qu’on lui souhaitait, autant en termes d’accès, qu’en termes financiers. La nouvelle génération sait qu’elle peut aller plus loin, parce qu’elle connaît l’existence de ce public. Tout est maintenant acquis et il faut conserver cela dans les nouvelles générations. Il ne faut pas simplement se reposer dessus.

Quelles évolutions voyez-vous entre le premier festival en 1978 et le festival de cette année ?

Les films ont forcément évolués, parce qu’on ne filme pas en 2012 à 20 ans comme en 78 au même âge : l’époque n’est pas la même. En 1978, on est un peu plus légers, en 2012, un peu plus inquiets. Il y a des fluctuations qui sont, non pas arbitraires, mais liées à une époque précise. Il y a eu les années sida : un bon tiers des courts-métrages étaient sur cette problématique : le sida vécu, le sida inquiétant, des métaphores…Et puis il y a eu une année où on ne voyait que des

téléphones : si les gens se téléphonent dans les films, c’est qu’ils se téléphonent beaucoup dans la vie.Cette année, c’est une année sexe. On peut se demander pourquoi tout à coup il y a cette problématique, dans la comédie comme dans le drame, dans le mélange des deux. Le film pose des interrogations, pour avoir une chance de trouver une réponse. Et puis il y a eu une évolution structurelle. Je me rappelle des premières années, le projecteur était hissé sur un échafaudage à peine équilibré, le palmarès était fait à la lampe de poche par Michel Warren. La deuxième année, on a instauré une scène sous l’écran, c’était un peu mieux. Dans vingt ans, soit le Festival de Grenoblen’existera plus, soit on fera le palmarès à la Bastille avec des lumières partout, des haut-parleurs… Pourquoi pas ? Ce serait grandiose, et mérité. Vous êtes passionné par le court-métrage. Etes-vous déjà passé à la réalisation ?

Oui, un peu, mais de manière très marginale, et sans aucune ambition d’être dans le circuit. Je n’ai jamais senti le besoin urgent de faire un film comme c’est le cas d’autres personnes. Ce qui fait que je regrette de ne pas avoir fait ce que j’aurais voulu faire quand j’avais 15 ans – mais quand on a 15 ans on se voit président de la République et coureur cycliste en même temps. Mais c’est parce qu’il faut vouloir des choses à 15 ans pour en réussir une première à 20 et la moitié d’une à 30 ! Le tout est d’arriver à un moment où, en faisant le bilan, il ne faut pas avoir de frustration. Lelouch a toujours dit qu’il sur-tournait des films, quitte à faire des mauvais films, il le dit avec le recul, mais il ne le regrette pas. Cela se justifie par sa volonté de ne pas être frustré, aigri, un jour. Quand on le voit aujourd’hui, il a une juvénilité folle.Moi, je n’ai pas d’aigreur, c’est le principal. Chacun son destin.

Un petit mot sur le Festival de cette année ?

35. Pour sa 35e édition, le Festival de Cannes avait fait un prix du 35e anniversaire. Alors que le prix du 35e anniversaire du Festival de Grenoble soit sa réussite, et sa pérennité pour les années suivantes.

Le film préféré du public hier soir : Sudd de Erik Rosenlund.