4
Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble N’ 119 Samedi 7 juillet 2012 Au cinéma, le mauvais temps est terriblement photogénique, parce qu’il est dangereux. C. Lelouch EDITO Les enfants ont fini leur atelier et rangé leurs crayons. La Table Ronde n’a presque plus de bière en réserve. Les chaises commencent à s’incruster dans les pavés de la place. Les jurys ont bientôt fini de délibérer. Les claviers de l’équipe du journal sont morts sous les coups. Ces cinq jours sous perfusion cinématographique touchent à leur fin et le final de ce soir promet d’être grandiose. Installez-vous confortablement, et savourez cette dernière nuit en notre compagnie. Une fois de plus, bénévoles, réalisateurs, spectateurs, permanents de la Cinémathèque, tout le monde s’est associé pour célébrer en grande pompe les noces de rubis de Grenoble et du Festival. Une jolie relation qui dure depuis 35 ans et qui n’est pas prête de s’arrêter, à en croire vos sourires ravis dans la pénombre des projections. Donc ne soyez pas trop triste ce soir quand l’écran sera dégonflé et remisé au placard, parce que l’an prochain, on prend les mêmes et on recommence ! Allez, bon débat, bonne projection, bon vote, bonne remise des prix et bonne dernière séance. Nous, on tire notre révérence avec émotion pour revenir encore plus fort l’été prochain. (Sortez vos agendas, ça commencera le 9 juillet !) Julie, Dimitri, Laure & Marion. 14h30 - 17h30 : Forum (Maison de l’International) Les compétences techniques en Rhône-Alpes 14h30 - 16h30 : Séance enfants, suivie d’un goûter au soin du Jardin du Thé 16h30 - 18h30 : Carte blanche au festival de Clermont 18h30 - 19h30 : Débat avec les réalisateurs 20h30 - 22h : Films en compétition / salle Juliet Berto 22h00 - 23h30 : Films en compétition / place St André 23h30 - 00h : Je vous prie de sortir / place St André (coupe Juliet Berto 2011) Minuit : Palmarès et clotûre / place St André 00h30 - 03h : Reprise de tous les films primés / salle Juliet Berto Court toujours ! © Raymond Cauchetier - Paris AUJOURD’HUI

Journal "Court Toujours" du samedi 7 juillet 2012

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Journal "Court Toujours" du samedi 7 juillet 2012

Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble

N’ 119

Samedi 7 juillet 2012

Au cinéma, le mauvais temps est terriblement photogénique, parce qu’il est dangereux. C. Lelouch

EDITO

Les enfants ont fini leur atelier et rangé leurs crayons. La Table Ronde n’a presque plus de bière en réserve. Les chaises commencent à s’incruster dans les pavés de la place. Les jurys ont bientôt fini de délibérer. Les claviers de l’équipe du journal sont morts sous les coups. Ces cinq jours sous perfusion cinématographique touchent à leur fin et le final de ce soir promet d’être grandiose. Installez-vous confortablement, et savourez cette dernière nuit en notre compagnie.

Une fois de plus, bénévoles, réalisateurs, spectateurs, permanents de la Cinémathèque, tout le monde s’est associé pour célébrer en grande pompe les noces de rubis de Grenoble et du Festival. Une jolie relation qui dure depuis 35 ans et qui n’est pas prête de s’arrêter, à en croire vos sourires ravis dans la pénombre des projections. Donc ne soyez pas trop triste ce soir quand l’écran sera dégonflé et remisé au placard, parce que l’an prochain, on prend les mêmes et on recommence !

Allez, bon débat, bonne projection, bon vote, bonne remise des prix et bonne dernière séance. Nous, on tire notre révérence avec émotion pour revenir encore plus fort l’été prochain. (Sortez vos agendas, ça commencera le 9 juillet !)

Julie, Dimitri, Laure & Marion.

14h30 - 17h30 : Forum (Maison de l’International)Les compétences techniques en Rhône-Alpes

14h30 - 16h30 : Séance enfants,suivie d’un goûter au soin du Jardin du Thé

16h30 - 18h30 : Carte blanche au festival de Clermont

18h30 - 19h30 : Débat avec les réalisateurs

20h30 - 22h : Films en compétition / salle Juliet Berto

22h00 - 23h30 : Films en compétition / place St André

23h30 - 00h : Je vous prie de sortir / place St André(coupe Juliet Berto 2011)

Minuit : Palmarès et clotûre / place St André

00h30 - 03h : Reprise de tous les films primés / salle Juliet Berto

Court toujours !© R

aym

ond

Cau

chet

ier -

Par

is

AUJOURD’HUI

Page 2: Journal "Court Toujours" du samedi 7 juillet 2012

Anticonformisme & cinéma : des courts-métrages undergroundFeuilleton 5/5

Andy Warhol, on le connaît surtout, avouons-le, pour ses nombreux portraits sérigraphiés de Marilyn et Mao. Ce que l’on sait parfois moins, c’est qu’il se réclame du mouvement underground qui naît dans les années 1960 aux Etats-Unis. Remettons en contexte : alors que les Trente Glorieuses et leur croissance économique démesurée sont à leur apogée, et qu’Hollywood s’aligne sur la suprématie de la consommation et de l’abondance, se développe ce courant en marge de la recherche perpétuelle de confort et de profit. Parmi ces anticonformistes, Warhol, donc.

Le maître du Pop Art réalise, entre le début de l’année 1964 et le mois de novembre 1966, une série de plus de cinq cents courts-métrages intitulés Screen Tests. Conformément à ce genre cinématographique d’avant-garde, ces films courts explorent les limites du cinéma, notamment par l’utilisation d’un plan

unique, qui coupe court à la question du montage. Ces Screen Tests sont ainsi des portraits de personnes connues - tels Marcel Duchamp, Bob Dylan, ou Yoko Ono - ou inconnues, sur lesquels seules lumière et couleurs varient. Oubliée, la trilogie «Narration, Réalisme, Industrie» du cinéma traditionnel !Ces films underground incarnent le refus de répondre aux critères de trame narrative et de rentabilité économique.

Qu’a-t-on là, sinon un exemple parfait du court-métrage en tant qu’oeuvre d’art à part entière ? Il ne s’agit ni d’une nécessité due à des moyens techniques réduits, comme c’était le cas à l’époque des frères Lumière et des débuts du cinéma, ni d’une méthode d’apprentissage ou de perfectionnement pour des réalisateurs novices, mais bien d’un choix véritable d’utilisation d’un savoir-faire cinématographique au profit de la création esthétique.

Les jurés du Festival, ces visionnaires...

Je pourrais être votre grand-mère, J’aurais pu être une pute & L’Accordeur furent les grands favoris de l’an passé.A croire que Grenoble fut un bon samaritain, puisqu’ils ont tous les trois été selectionnés

pour le César du meilleur court. (L’Accordeur décrocha la précieuse statuette.)Les gagnants de la cuvée 2012 auront-ils le même parcours ? C’est tout le bien que nous leur souhaitons !

L’eûsses-tu cru ?

Les ptiots sont dans la place (St André)

C’est quoi d’ailleurs, ces rencontres ? C’est la cinquième édition d’un rendez-vous annuel d’éducation à l’image, organisée par la MJC Abbaye, le Centre Social Abbaye-Jouhaux, le pôle audiovisuel de l’école du Grand-Châtelet, le CODASE, du collège Vercors, le Centre audiovisuel de Grenoble, la bibliothèque Abbaye-les-Bains, le « Journal tout en Images » et le cinéma Le Méliès. Soutenue par la ville de Grenoble, la Rencontre aura lieu cette année le 2 octobre 2012, avec des ateliers image pour les scolaires en journée et une projection en plein air en soirée pour en mettre plein la vue à tout le monde.

Les activités culturelles du quartier Abbaye-Châtelet-Jouhaux sont en lien étroit avec l’audiovisuel : les stages de cinéma durant les vacances de printemps organisés par la MJC Abbaye, le magazine vidéo participatif des habitants qu’est le « Journal tout en Images », l’enseignement audiovisuel dispensé par le collège Vercors depuis 2010 en photographie, son et vidéo, et bien d’autres projets encore. Le dynamisme d’un quartier que la Cinémathèque de Grenoble mettait en avant cet après-midi en vous projetant ces trois films.

En ce jour de clôture du Festival, la salle Juliet Berto a accueilli la séance enfants autour de trois projections, pour les petits mais également les grands enfants. C’était…

…La diffusion du film réalisé par les participants à l’atelier pour enfant de mercredi et vendredi. Soutenus par Paul Petit, les jeunes ont eu l’occasion de réaliser un court métrage, dont, nous l’espérons, vous avez peut-être pu visionner le résultat cet après-midi.

…Une sélection de courts métrages pour enfants issus des collections de la Cinémathèque de Grenoble. Cinq films fantaisistes autour du voyage et tout plein de rencontres magiques.

... La projection de trois films courts réalisés par les enfants du quartier de l’Abbaye dans le cadre des Rencontres Ciné Abbaye : le film d’animation en pâte à modeler Ça colle ! Pas cool !, réalisé par les enfants des MJC Abbaye et Mutualité, l’AUESC Bajatière, la Cordée et Jean-Christophe Houde de l’atelier TIPI ;Le Cirque des étoiles, fiction en papier découpé des enfants de CE1 de l’école du Grand-Châtelet à Grenoble, et la fiction en prise de vue réelle Le Jour de la clef, écrite et jouée par des élèves de 5e option Audiovisuel du collège Vercors de Grenoble.

Laure

Marion

Page 3: Journal "Court Toujours" du samedi 7 juillet 2012

Les Chiens verts - Mathis & Nicolas Difkiss-Quand la discussion entre patrons et syndicats ouvriers est inexistante, reste la solution d’un match de foot entre les deux parties pour régler la question épineuse de la délocalisation. C’est l’occasion pour les quinquagénaires qui risquent de partir travailler en Roumanie de ressortir leur maillot des «Chiens verts», et d’essayer tant bien que mal de retrouver leur ferveur footballistique.

Si tu veux revoir ta mère - Xavier Douin -«Petit Jésus, je ne comprends pas, je demande un vélo, pas un miracle. Alors si tu pouvais t’arranger pour que je l’ai demain, ça serait gentil, petit Jésus.» Le petit Jésus n’aurait pas dû décevoir le petit Antonio...

Sweet Mosquito - Audrey Najar & Frederic Perrot -Il y aurait donc bien une vie après la mort ! Et elle est loin d’être paisible... Entre la procédure de réincarnation et la prison provisoire, on se croirait presque... dans le monde vivant.

L’amour à contrechamp - Frederic Murarotto -La parfaite mise en abyme : le cinéma dans le cinéma, et même un encart de pseudo-publicité dans le cinéma. Du «je t’aime, moi non plus» pour Mélanie et Louis qui se détestent mais doivent être amoureux. Et en prime, un homme déguisé en banane. Rires assurés.

In loving memory - Jacky Golberd -Sur fond de vidéos de vacances, une jeune femme s’adresse à sa mère. Comment les médecins l’ont effacée de la mémoire de cette dernière ?On l’ignore. Mais l’incompréhension fascine.

Ludmila, danseuse contemporaine, évoque les souvenirs de sa grand-mère, au gré de ses pas de bourrée, de ses pliés, de ses arabesques. Sa passion, c’est son héritage, c’est sa vie.

Compétition en cour(t)s - mais là, c’est plus long que court -

D’un bord à l’autre - Rémi Mazet -Un groupe d’amis de longue date se retrouvent pour disperser les cendres d’un mari, d’un père, d’un ami, dans un endroit où passé et présent se regardent, s’entremêlent et se répondent. Comme si le temps ne fuyait pas, comme si hier et aujourd’hui ne faisaient qu’un.

La Danseuse - Michael Coja& Sviatlana Viarbitskaya -

Renée...- Jezabel Marques Nakache -

Il semblerait que nos grands-mères aient beaucoup de choses à nous apprendre sur l’art de la séduction !Quatre minutes suffisent à mettre de bonne humeur.

Laure

Non, ce n’est pas un droïde de Star Wars, contrairement aux apparences. Le 4K, petit frère du 2K, est une image formée de 4 096 pixels par ligne et de 2 160 pixels par colonne. Tout ça pour une résolution quatre fois supérieure à la résolution 2K utilisée pour la HD et le cinéma numérique. On a donc atteint la « ultra haute résolution » à Juliet Berto ! Pendant ces quatre jours, le réalisme et le détail des 26 films projetés ne vous ont-ils pas fascinés ? Oubliés, les pixels visibles à l’oeil nu. Oubliés, les contours mal défi-nis. Place à l’excellente réception des images par les spectateurs, même au premier rang. Un bonheur pour vos yeux qui perçoivent mieux les images. Mais encore plus que le confort de vos pupilles, le 4K permet la remasterisation et le stockage des anciens films.

A quand le 6K ?

Pathé Chavant, c’est dépassé ! La salle Juliet Berto, dans laquelle vous êtes venus si nombreux pendant cette semaine - trop nombreux même ! -, est la première salle de cinéma de Grenoble à être équipée d’un projecteur numé-rique 4K. Là, vous vous demandez quelle est cette chose au nom si peu at-tirant ? Vous n’êtes pas les seuls, on s’est posé la question également. Et, dans notre immense magnanimité, on vous fait partager nos découvertes !

Tout est une questionde pixels...

Marion & Laure

Page 4: Journal "Court Toujours" du samedi 7 juillet 2012

Mots deJurésCe soir, c’est le grand moment. La sentence, le verdict, l’annonce, le bout de la course, le résultat, la délivrance, le dénouement, l’épilogue... Bref, vous nous avez compris : ce soir, c’est la fin du Festival, et avec elle le tant attendu palmarès ! C’est pourquoi, pour la dernière page du dernier numéro de « Court Toujours ! » (snif snif), nous avons décidé de donner la parole aux grands manitous.

EQUIPE DU JOURNAL

Directeur de publication : Guillaume Poulet

Redaction : Julie Jarrand, Marion Lauras, Dimitri Laronde, Laure Massol

Responsable web : Dimitri Laronde

Conception graphique : Julie Jarrand

festivalcourtmetrage.wordpress.com PARTENARIATS

Le Mix // 4 place des GordesLe Dix Vins // 2 avenue Felix Viallet

La Table Ronde // 1 Rue d’AgierLa Côtelette // 5 rue RenauldonL’autre Table // 7 Place St André

Flam’s // 14 Rue ChenoiseLe BBQ // 4 Place de Gordes

Bacetto // 1 place Saint André

Aux yeux d’Antarès Bassis, être membre du Grand Jury c’est « quelque chose qui ne se refuse pas. En tant que cinéphile, j’apprécie de voir des films et d’essayer sereinement de les juger. La pression ? Elle vient du devoir d’être juste. C’est assez excitant ! »Quel regard pour lui en comparaison de l’année dernière où il était dans la compétition ?« Un réalisateur en compétition dans un festival apprécie de voir des films de collègues, d’observer la manière dont ils essaient de raconter des histoires et de mettre en scène. Bien sur, un réalisateur espère que son film va sortir du lot et être remarqué par un jury. Un membre du jury n’a pas cette pression de compétition ».

Ce qui a amené l’acteur Frédéric Gorny au Festival de Grenoble ?C’est facile : « J’ai déjà fait partie du jury il y a 16 ans, et j’en gardais un très bon souvenir ».

Quand on lui demande son impression immédiate du festival, il nous affirme : « La première soirée n’était que du numérique, la 2e n’était que du 35mm... Globalement, ce n’est pas pour rien que le 35mm commence à péricliter ».

Il ajoute qu’il est « toujours très admiratif de l’organisation, de la présence des bénévoles...J’aime beaucoup rencontrer tout ce monde. »

Ils sont jeunes. Ils aiment le cinéma et ont choisi d’en faire leur objet d’étude… Voilà ce que pense le Jury Jeune. Pour l’un d’entre eux, « on donne un regard plus neuf sur ce qui se fait au cinéma. Par rapport à des gens qui sont habitués à un cinéma d’une autre génération, on a notre génération à nous. En grandissant avec internet, on a un regard différent sur le cinéma, l’audiovisuel, ou tout ce qui est art en général ». Ils ont déjà forgé leur opinion sur la technique mise à l’honneur chaque année depuis 35 ans : pour l’un d’entre eux, « un court-métrage, c’est dire beaucoup en peu de temps, montrer une belle qualité d’image, une belle musique, un bon fil conducteur, faire passer des idées très rapidement ». Pour un autre, « c’est un genre à part entière, pas seulement un entraînement. Beaucoup passent par le court pour faire du long, mais il ne faut pas faire des généralités. Pour certains réalisateurs, il est plus épanouissant de faire du court, alors que d’autres vont avoir besoin de faire du long pour faire passer leur message ». Ce qu’ils attendaient du Festival ?« Beaucoup de choses ! Faire gagner un court-métrage qui nous tient à cœur, rencontrer des personnes, développer notre regard critique sur les films, approfondir notre culture cinématographique ».

Le coup de cœur, pour lui, n’est pas un critère de choix. Voici l’avis de Gilles Colpart, membre du Jury Presse : « Le prix de la presse ne doit pas être un prix bis : ce n’est pas un deuxième grand prix. Il ne s’agit pas de trouver le film que j’aime le mieux. Le prix de la presse correspond à des critères de découverte pour le public :c’est l’objectif de ce que doit être la critique, et que la critique perd de plus en plus. Elle doit être indépendante de tout a priori, de tout marchandage, de toute influence artistique, émotive. Le prix de la presse peut converger avec le grand prix, et c’est tant mieux, mais ce sont deux prix bien distincts ».

Le film préféré du public hier soir :La Dernière Caravane, de Foued Mansour

Le critère premier de sélection, pour Ber-nard Menez, membre du Grand Jury, « c’est d’être captivé par ce qu’on voit, grâce à un bon scénario, de bons interprètes, une recherche intéressante dans l’image, le son, le genre. C’est un critère rédhibitoire. »Les films en compétition «sont tous diffé-rents. Ils forment une grande mosaïque. C’est même parfois difficile de les comparer. Heu-reusement, on a plusieurs prix à distribuer !»