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Le journal de la philanthropie Donner de soi-même pour faire avancer le monde? Le mardi 30 septembre 2008 La démarche philanthropique n’appartient plus aux seuls nantis. De plus en plus de personnes et d’entreprises souhaitent contribuer à une société meilleure en transformant des rêves engagés en projets de société réussis. Vous allez débuter cette Journée en tentant de répondre à la question «Quel est le rôle de la philanthropie dans notre société?» Quelle est, selon vous, la fonction de la philanthropie aujourd’hui? Quelle image en avez- vous personnellement? Quelle défi- nition lui donnez-vous? La philanthropie part d’une volonté d’améliorer la société. C’est une action réfléchie et appropriée qui vise à mettre en route et à réussir un projet sociétal. La philanthropie est aussi très diversifiée et elle offre une image bien plus large que celle que la plupart des gens ont à l’esprit. Les philanthropes ont la liberté de choisir pourquoi et comment ils sou- haitent s’engager et pouvoir évaluer l’impact de leur geste. Ils veulent mettre à disposition des moyens, bien sûr, mais aussi, souvent, du temps et de l’exper- tise; ils font appel à leurs réseaux et à d’autres acteurs impliqués pour aboutir ainsi à des solutions qui servent l’intérêt général de manière durable. La Fondation Roi Baudouin a organisé cette «Journée de la Philanthropie» pour illustrer à quel point la philanthropie peut faire la différence dans des domaines et des secteurs très divers de la société. Avez-vous rencontré la philanthropie et/ou des philanthropes dans votre fonction à la tête d’ONUSIDA? Il y a certainement une place pour les philanthropes dans l’action des Nations Unies, par exemple à travers la colla- boration avec les différentes agences de l’ONU, et pas seulement en matière de lutte contre le sida. Des formules adap- tées existent et de nouvelles formes de collaboration doivent être explorées: des partenariats, du financement direct... Tant au long de ma carrière scientifique qu’au cours de mon mandat à la tête d’ONUSIDA, j’ai rencontré de nom- breux philanthropes qui étaient prêts à s’engager. Est-il exact que l’image de la phi- lanthropie est aujourd’hui dominée par celle de grandes figures, surtout américaines? En d’autres termes, ressentez-vous un effet Bill Gates ou Warren Buffet? Et, selon vous, serait-ce plutôt positif ou négatif? Sans aucun doute, la philanthropie est aujourd’hui – comme elle l’a été dans le passé, en fait – sous l’influence de grandes figures, mais l’effet Bill Gates est manifeste. Son engagement a engendré une plus grande attention des médias et le concept de philanthropie est, sans conteste, de plus en plus utilisé et de mieux en mieux compris dans le langage de tous les jours. La philanthropie est à nouveaux sous les feux de la rampe. D’ailleurs, d’autres ont suivi l’exemple de Bill Gates. Le cas Bill Gates ne doit cependant pas faire croire qu’il faut disposer de moyens impressionnants pour devenir un philanthrope efficace. Il s’agit d’un des messages centraux de cette Journée de la Philanthropie: des moyens limités peuvent produire des impacts impor- tants. Sans devoir nourrir de complexes vis-à-vis des superstars. D’innombra- bles inconnus sont parvenus à transfor- mer leurs rêves en des projets sociétaux réussis. Un philanthrope potentiel vit en chacun de nous. Que signifie la philanthropie pour la Belgique, aujourd’hui et dans l’avenir? Que faut-il pour soutenir les acteurs belges? La philanthropie est présente en Bel- gique et elle s’y trouve en pleine crois- sance. De plus en plus de citoyens et d’entreprises s’engagent. La société belge commence à reconnaî- tre le rôle et l’impact de la philanthro- pie. Le processus est encore en cours mais nous sommes sur la bonne voie. Dans ce sens, une Journée de la Phi- lanthropie comme celle-ci revêt une importance capitale, notamment grâce à l’attention médiatique qu’elle crée. Des mesures légales et fiscales attracti- ves constituent également un stimulant important pour une philanthropie ef- ficace. Il faut donc continuer à encou- rager la prise de mesures qui facilitent l’engagement philanthropique, tant des citoyens que des entreprises. Les uns et les autres ont un rôle à jouer aux côtés des pouvoirs publics. Il est enfin très positif de pouvoir constater que de plus en plus d’in- termédiaires, dans différents secteurs professionnels, s’impliquent pour ren- dre l’engagement philanthropique plus facile et plus efficace: des notaires, des banquiers privés, des avocats… Quel rôle voyez-vous pour la Fonda- tion Roi Baudouin? Un rôle très concret: depuis de nom- breuses années déjà, la Fondation pro- cure conseil et soutien aux personnes et aux entreprises qui ont un projet philanthropique. Elle s’est bâti une expérience qu’elle partage volontiers. Son Centre de Phi- lanthropie restera un acteur important pour contribuer à l’essor d’une phi- lanthropie efficace et fiable, en Belgi- que comme en Europe. Un engagement qui crée la différence n affirmant que «la philanthropie, ça mar- che!», le Centre de Phi- lanthropie de la Fonda- tion Roi Baudouin veut non seulement illustrer le bien-fondé et le succès des actions exemplaires enta- mées par ou à l’initiative de personnes, de groupes, de familles ou d’entreprises mais également rappeler combien la gratification d’une action ne se réper- cute jamais à sens unique entre dona- teurs et bénéficiaires. Nous voulons, de plus, montrer qu’il existe de plus aujourd’hui une conscien- ce grandissante de la plus-value que représente la philanthropie auprès des acteurs politiques, économiques et des citoyens. L’appui à des réalisations hu- manitaires, à des acteurs culturels et sociaux, à la promotion de l’éducation et du développement, fait partie intégrante des atouts de notre société. Aujourd’hui, grâce à une information globale plus accessible, décuplée de possibilités de partir dans tous les coins du monde, chacun peut, dans sa dimension même la plus modeste et au gré de ses choix, contribuer à l’amélioration du sort de ses semblables, promouvoir une expression culturelle ou sportive, développer l’éducation et la santé, apporter du bonheur peut-être. La force de la philanthropie réside bien là: dans la volonté et le choix de soutenir des causes et des projets qui nous sem- blent en accord avec nos valeurs, nos en- vies d’un mieux-être de la société. Et c’est d’abord cette «amitié pour l’humain» qui crée la dynamique indispensable pour construire une société à laquelle nous aspirons tous, plus harmonieuse, soucieuse des talents et des droits, plus heureuse. Ce journal se veut complémentaire à la Journée de la Philanthropie pour illustrer l’impact et la diversité de la philanthro- pie. Chacun y trouvera des informations, des inspirations, et des idées supplé- mentaires à celles qui seront proposées ce 30 septembre. Les histoires reprises parmi beaucoup d’autres montreront ici aussi que chacun a ses raisons de donner et de s’enga- ger et que dans ce même élan, il y a toujours le désir de changer un petit peu le monde. Merci à tous pour votre présence et pour votre intérêt pour la philanthropie. E illustration: Pierre Dala Palma Peter Piot Le Dr Peter Piot préside le conseil d’administration de la Fondation Roi Baudouin. Depuis 1995, ce scientifique à la carrière impressionnante est le directeur exécutif d’ONUSIDA, l’agence des Nations Unies pour la lutte contre le sida. Son intervention ouvrira cette première « Journée de la Philanthropie ».

Journal de la Philanthropie

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A l'occasion de la Journée de la Philanthropie, le mardi 30 sptembre 2006, organisée par la Fondation roi Baudoin

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Page 1: Journal de la Philanthropie

Le journal de la philanthropie

Donner de soi-même pour faire avancer le monde?

Le mardi 30 septembre 2008

La démarche philanthropique n’appartient plus aux seuls nantis. De plus en plus de personnes et d’entreprises souhaitent contribuer à une société meilleure en transformant des rêves engagés en projets de société réussis.

Vous allez débuter cette Journée en tentant de répondre à la question «Quel est le rôle de la philanthropie dans notre société?» Quelle est, selon vous, la fonction de la philanthropie aujourd’hui? Quelle image en avez-vous personnellement? Quelle défi-nition lui donnez-vous?

La philanthropie part d’une volonté d’améliorer la société. C’est une action réfléchie et appropriée qui vise à mettre en route et à réussir un projet sociétal. La philanthropie est aussi très diversifiée et elle offre une image bien plus large que celle que la plupart des gens ont à l’esprit. Les philanthropes ont la liberté de choisir pourquoi et comment ils sou-haitent s’engager et pouvoir évaluer l’impact de leur geste. Ils veulent mettre à disposition des moyens, bien sûr, mais aussi, souvent, du temps et de l’exper-tise; ils font appel à leurs réseaux et à d’autres acteurs impliqués pour aboutir ainsi à des solutions qui servent l’intérêt général de manière durable.

La Fondation Roi Baudouin a organisé cette «Journée de la Philanthropie» pour illustrer à quel point la philanthropie peut faire la différence dans des domaines et des secteurs très divers de la société. Avez-vous rencontré la philanthropie et/ou des philanthropes dans votre fonction à la tête d’ONUSIDA?

Il y a certainement une place pour les philanthropes dans l’action des Nations Unies, par exemple à travers la colla-boration avec les différentes agences de l’ONU, et pas seulement en matière de lutte contre le sida. Des formules adap-tées existent et de nouvelles formes de collaboration doivent être explorées: des partenariats, du financement direct...

Tant au long de ma carrière scientifique qu’au cours de mon mandat à la tête d’ONUSIDA, j’ai rencontré de nom-breux philanthropes qui étaient prêts à s’engager.

Est-il exact que l’image de la phi-lanthropie est aujourd’hui dominée par celle de grandes figures, surtout américaines? En d’autres termes, ressentez-vous un effet Bill Gates ou Warren Buffet? Et, selon vous, serait-ce plutôt positif ou négatif?

Sans aucun doute, la philanthropie est aujourd’hui – comme elle l’a été dans le passé, en fait – sous l’influence de grandes figures, mais l’effet Bill Gates est manifeste. Son engagement a engendré une plus grande attention des médias et le concept de philanthropie est, sans conteste, de plus en plus utilisé et de mieux en mieux compris dans le langage de tous les jours. La philanthropie est à nouveaux sous les feux de la rampe. D’ailleurs, d’autres ont suivi l’exemple de Bill Gates.

Le cas Bill Gates ne doit cependant pas faire croire qu’il faut disposer de moyens impressionnants pour devenir un philanthrope efficace. Il s’agit d’un des messages centraux de cette Journée de la Philanthropie: des moyens limités peuvent produire des impacts impor-tants. Sans devoir nourrir de complexes vis-à-vis des superstars. D’innombra-bles inconnus sont parvenus à transfor-

mer leurs rêves en des projets sociétaux réussis. Un philanthrope potentiel vit en chacun de nous.

Que signifie la philanthropie pour la Belgique, aujourd’hui et dans l’avenir? Que faut-il pour soutenir les acteurs belges? La philanthropie est présente en Bel-gique et elle s’y trouve en pleine crois-sance. De plus en plus de citoyens et d’entreprises s’engagent. La société belge commence à reconnaî-tre le rôle et l’impact de la philanthro-pie. Le processus est encore en cours mais nous sommes sur la bonne voie. Dans ce sens, une Journée de la Phi-lanthropie comme celle-ci revêt une importance capitale, notamment grâce à l’attention médiatique qu’elle crée. Des mesures légales et fiscales attracti-ves constituent également un stimulant important pour une philanthropie ef-ficace. Il faut donc continuer à encou-rager la prise de mesures qui facilitent l’engagement philanthropique, tant des citoyens que des entreprises. Les uns et les autres ont un rôle à jouer aux côtés des pouvoirs publics.Il est enfin très positif de pouvoir

constater que de plus en plus d’in-termédiaires, dans différents secteurs professionnels, s’impliquent pour ren-dre l’engagement philanthropique plus facile et plus efficace: des notaires, des banquiers privés, des avocats…

Quel rôle voyez-vous pour la Fonda-tion Roi Baudouin?

Un rôle très concret: depuis de nom-breuses années déjà, la Fondation pro-cure conseil et soutien aux personnes et aux entreprises qui ont un projet philanthropique. Elle s’est bâti une expérience qu’elle partage volontiers. Son Centre de Phi-lanthropie restera un acteur important pour contribuer à l’essor d’une phi-lanthropie efficace et fiable, en Belgi-que comme en Europe.

Un engagement qui crée la différence

n affirmant que «la philanthropie, ça mar-che!», le Centre de Phi-lanthropie de la Fonda-tion Roi Baudouin veut

non seulement illustrer le bien-fondé et le succès des actions exemplaires enta-mées par ou à l’initiative de personnes, de groupes, de familles ou d’entreprises mais également rappeler combien la gratification d’une action ne se réper-cute jamais à sens unique entre dona-teurs et bénéficiaires.

Nous voulons, de plus, montrer qu’il existe de plus aujourd’hui une conscien-ce grandissante de la plus-value que représente la philanthropie auprès des acteurs politiques, économiques et des citoyens. L’appui à des réalisations hu-manitaires, à des acteurs culturels et sociaux, à la promotion de l’éducation et du développement, fait partie intégrante des atouts de notre société.

Aujourd’hui, grâce à une information globale plus accessible, décuplée de possibilités de partir dans tous les coins

du monde, chacun peut, dans sa dimension même la plus modeste et au gré de ses choix, contribuer à l’amélioration du sort de ses semblables, promouvoir une expression culturelle ou sportive, développer l’éducation et la santé, apporter du bonheur peut-être.

La force de la philanthropie réside bien là: dans la volonté et le choix de soutenir des causes et des projets qui nous sem-blent en accord avec nos valeurs, nos en-

vies d’un mieux-être de la société. Et c’est

d’abord cette «amitié pour l’humain» qui crée la dynamique

indispensable pour construire une société à laquelle nous aspirons tous, plus harmonieuse, soucieuse des talents et des droits, plus heureuse.

Ce journal se veut complémentaire à la Journée de la Philanthropie pour illustrer l’impact et la diversité de la philanthro-pie. Chacun y trouvera des informations, des inspirations, et des idées supplé-

mentaires à celles qui seront proposées ce 30 septembre.

Les histoires reprises parmi beaucoup d’autres montreront ici aussi que chacun a ses raisons de donner et de s’enga-ger et que dans ce même élan, il y a toujours le désir de changer un petit peu le monde.

Merci à tous pour votre présence et pour votre intérêt pour la philanthropie.

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Le Dr Peter Piot préside le conseil d’administration de la Fondation Roi Baudouin. Depuis 1995, ce scientifique à la carrière impressionnante est le directeur exécutif d’ONUSIDA, l’agence des Nations Unies pour la lutte contre le sida. Son intervention ouvrira cette première « Journée de la Philanthropie ».

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Aujourd’hui, on ne donne plus comme hier. Chacun a ses raisons de donner mais tous espèrent aider à trouver des solutions durables aux problèmes de la société. La philanthropie ne se limite plus au don financier et se définit mieux comme étant une mobilisation de ressources privées (argent, temps, expertise) au service d’une cause désintéressée. Définir la durée de son engagement, écouter le terrain pour bien compren-

dre les principaux enjeux et les possi-bilités d’action, déterminer des objec-tifs concrets, collaborer avec d’autres acteurs, maîtriser les aspects légaux et fiscaux, apprendre des réussites et erreurs pour évaluer l’impact de son engagement constituent autant de facteurs de succès qui permettent au philanthrope de structurer l’action qui lui tient à cœur et de tester la cohérence de ses choix.

Ces questions sont donc essentielles dans la réussite du voyage du philanthrope. Celui-ci peut y répondre seul ou se faire aider. Notaires, banquiers privés, conseillers patrimoniaux, avocats et conseillers en philanthropie peuvent l’accompagner tout au long de ce parcours.

Le rôle du notaire

Dans la démarche philanthropique, les notaires peuvent jouer un rôle primordial et leurs conseils orientent souvent les donateurs qui envisagent une action de leur vivant ou après leur décès. Aussi pour la création de fondations, « Le re-cours à un notaire est obligatoire », indi-que Pierre Nicaise, président honoraire de la Fédération royale du notariat belge (FRNB). Son rôle : élaborer les statuts avec le fondateur « pour assurer la pé-rennité de la fondation ». « Le législateur a privilégié la souplesse et renvoie pour beaucoup aux statuts », précise Pierre

Nicaise. Le notaire accompagne dès lors la réflexion du fondateur en le poussant à se poser les questions principales : quel va être le but de ma fondation? Comment celle-ci va-t-elle fonctionner? « Notre mission consiste à aider les personnes intéressées par une démar-che philanthropique à concrétiser leurs projets dans une structure adéquate », insiste le président de la FRNB. Ainsi, certains fondateurs peuvent trouver un intérêt à procéder à la nomination du conseil d’administration par cooptation, en fonction de l’objet de la fondation.« Nous pouvons également aiguiller les fondateurs en leur présentant la possi-bilité de créer leur structure au sein d’un Fonds nominatif, notamment au sein de la Fondation Roi Baudouin », illustre encore Pierre Nicaise.

Les banquiers privés et gestionnaires de patrimoine ont également un rôle important pour aider le philanthrope.

S’appuyant sur leur savoir-faire d’ana-lyse et de gestion des objectifs et sur l’intime connaissance des attentes de leurs clients, ils les assistent de plus en plus souvent aussi pour rendre leur générosité plus stratégique.

Les conseillers en philanthropie ont, quant à eux, développé une série de compétences spécifiques pour accom-pagner les donateurs tout au long de leur démarche : il s’agit de garantir un impact maximal à leur don, en les aidant à trouver la meilleure manière d’agir sur la problématique qui leur tient à cœur.

La philanthropie est une mosaïque de pratiques. Et le premier effort d’un inter-médiaire est de s’adapter à une extraor-dinaire diversité de situations de famille et de fortune, ainsi qu’à une immense variété de projets et d’attentes. Après, il s’agira pour lui de tirer de chaque cas un impact maximal.

Mieux qu’une aventure : un voyage

Le voyage du philanthrope : où et comment les conseillers peuvent-ils servir de guide?

Au départ, une seule envie : donner, pour changer un peu le monde … en mieux. Un rêve qui doit se préparer pour atteindre tous ses objectifs. Il faut choisir, planifier, gérer, évaluer, et bien s’informer.

Clarifier Cerner les souhaits du philanthropeL’inviter à réfléchir à une série d’élé-ments qui lui permettront de mieux cibler la cause qu’il souhaite aider et la manière de le faire.

Quelles sont les raisons qui le mo-tivent? Quelles sont les problèmes/injustices qui lui tiennent à cœur? Quels sont les publics qu’il veut aider? Dans quelle région du monde? De quelle manière veut-il stimuler le changement? Dans quelle mesure souhaite-t-il être impliqué, financière-ment, mais aussi au niveau du temps à consacrer?

Analyser les enjeux et identifier les acteurs de terrainElaborer rapidement des analyses détaillées des problèmes de société, quels qu’ils soient, ainsi que des pis-tes à suivre pour s’attaquer à ces problèmes. Pour chaque association concernée, évaluer la capacité, le potentiel, le besoin de financement supplémentaire ainsi que les risques encourus.

Choisir l’approche à suivreAider les philanthropes à définir pré-cisément l’approche qu’ils souhaitent suivre. Pour ce faire, préciser avec eux comment ils souhaitent «faire la différence».

PlanifierRechercher la meilleure optionEn fonction des capacités financières du philanthrope, de sa situation pa-trimoniale et d’une série d’autres pa-ramètres, évaluer la faisabilité d’une série d’options et proposer la formule la plus efficace et la plus avantageuse: soutien à une organisation, création d’une fondation d’utilité publique, d’un fonds qui pourra être géré par le Centre de Philanthropie de la Fon-dation Roi Baudouin,…

Définir la structure (légale)Si le philanthrope décide de constituer une fondation d’utilité publique ou une fondation privée, une série de formalités devront être effectuées. Les conseillers en philanthropie peuvent assister les banquiers et leurs clients dans les différentes étapes de cette constitution.

Les philanthropes peuvent choisir d’autres options pour lesquelles les conseillers doivent egalement pouvoir l’assister.

OrganiserMettre sur pied les instances décisionnelles et le managementAider le philanthrope à composer un conseil d’administration, à éventuel-lement trouver une équipe et définir les profils nécessaires.

Assurer certains aspects de l’organi-sation et de la gestion : organisation des réunions du conseil d’adminis-tration (invitation, mise à disposition de salle, p.v.,…), appui dans l’élabo-ration des informations à commu-niquer au conseil d’administration, vérification de la bonne gouvernance financière,…

Développer les lignes stratégiquesQu’il s’agisse du démarrage des ac-tivités, de moments cruciaux néces-sitant des décisions et orientations stratégiques ou du souci d’effectuer, sur une base régulière, une revue des objectifs stratégiques, les conseillers en philanthropie peuvent offrir un accompagnement dans la définition/révision des mission, vision et valeurs de la fondation, dans l’analyse straté-gique de sa situation (SWOT) et dans l’élaboration de lignes directrices.

Gestion financière

(Re)voir la gouvernance financière (organes responsables des politiques d’investissement et de l’approbation des comptes), la stratégie d’investis-sements et aider dans l’élaboration, la présentation et la révision des budgets.

GérerGestion de projets

Qu’il s’agisse de la remise d’un prix, de l’octroi de bourses à des projets, d’appuis stratégiques à des organisa-tions, en Belgique ou à l’étranger, les conseillers en philanthropie peuvent assurer tout ou partie de la gestion de projets : campagne de lancement, mise sur pied de jurys indépendants, procédure de sélection, rédaction des contrats, suivi des conventions et obtention de feed-back concernant les projets.

Gestion budgétaire

Aider les philanthropes qui le souhai-tent à élaborer les budgets annuels (coûts administratifs, redistribution, fundraising,…) à superviser l’informa-tion transmise aux instances décision-nelles et à présenter l’ensemble des informations financières intéressant le monde extérieur.

EvaluerEvaluation de projets et évaluation d’impactProposer l’évaluation de projets, d’as-sociations, l’évaluation de l’impact de programmes, …

Evaluation de la gestion financièreEvaluer les stratégies et la gestion financière, en fonction des options prises par les philanthropes (notam-ment l’investissement socialement responsable).

Le Centre de Philanthropie de la Fondation Roi Baudouin accompagne les philanthropes à chaque

étape de leur voyage.

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En Europe, on peut considérer Laurent de Medicis, dit « Le Magnifique » (dans le sens de généreux, prodigue), et authen-tique businessman de la Renais-sance, comme un exemple de phi-lanthrope en tant que mécène des plus grands artistes de son époque, Boticelli, Leonard de Vinci ou Michel-Ange.

Un siècle plus tard, la figure de St Vincent de Paul, aumônier des galériens, reste étroitement liée à son lobbying auprès de nobles da-mes françaises, bailleuses de fonds pour alléger la misère que combat

le saint homme et pour créer des hospices et orphelinats.

Cependant, jusqu’à l’avènement de la philosophie des Lumières au 18ème siècle, on parlera peu de philanthropie en tant que telle. L’élan généreux est principale-ment porté par une inspiration plus religieuse que sociale, celle du « bienfaisant » obéissant aux règles de charité chrétienne. Cette vision sera concurrencée à l’aube de la Révolution française, puis de l’Indépendance américaine, par une vision plus libérale de l’homme de bien, soucieux de par-

tager sa réussite économique par un legs, un don à une mission de développement artistique, sociale ou éducative.

Ce qui se transforme à cette épo-que est donc la motivation du phi-lanthrope, qui vise par son geste de donation, sur ses propres avoirs et via sa réussite sociale, à péren-niser son nom et à acquérir, après des richesses matérielles, une cer-taine reconnaissance et un mérite « humaniste ». Il veut également créer une émulation autour de lui pour étendre la portée de son propre geste dans la durée. Selon Antoine Vaccaro, Président du Centre d’Etudes et Recherches sur la Philanthropie (CERPHI – France), à partir du Siècle des Lumières et du développement des idéaux de liberté, intervient le basculement d’un pouvoir légi-timé par le divin, vers un pouvoir porté par la puissance financière, économique ou politique. « Le philanthrope agit avec ses moyens en se dépossédant, en abandon-nant tout ou partie de sa richesse, en échange de l’acquisition d’un pouvoir symbolique qui peut se traduire par de la reconnaissance

sociale, voire par de la simple sa-tisfaction morale. »

Cette influence, qui est surtout l’apanage de la bourgeoisie mon-tante, va croître en Europe mais surtout aux Etats-Unis avec le déploiement industriel et sera supportée par nombre de créa-teurs et auteurs qui se chargent comme Hugo, Dickens, Multatuli, Zola ou même Ernest Claes, de conscientiser et sensibiliser une nouvelle classe dominante aux problématiques de l’époque.

Cette vision de l’homme fonciè-rement bon mais en besoin, aidé par l’homme généreux à se sous-traire aux acharnements du sort, et cette conscience d’un « devoir moral » autant qu’une recherche de reconnaissance va perdurer jusqu’aux années 70. Elle s’épanouira dans le caritatif à partir du 18ème siècle, par la création d’orphelinats, d’hospi-ces, ou encore de centres d’édu-cation, mais aussi par l’aide à la diffusion des idées et le soutien à la culture, pour atteindre son apogée sous l’impulsion de grands magnats industriels américains

comme Rockefeller, Ford ou Car-negie. La structure actuelle des universités nord-américaines mais aussi des espaces de culture est d’ailleurs exemplaire à cet égard de l’action voulue par ces chefs d’entreprises.

Néanmoins, les années 70, et la remise en question des modèles économiques autant que la mobi-lité croissante des classes moyen-nes va amener deux changements majeurs aux côtés des « donateurs et fondateurs » : d’une part, l’avè-nement et la popularisation de l’action humanitaire, d’autre part la structuration des donations en fonction des cadres législatifs ju-ridiques et fiscaux des différents états.

Aujourd’hui, la philanthropie s’est démocratisée et repose également sur une mobilisation plus collective, une implication active autant qu’un objectif équitable dans la démarche de don. Elle est plus structurée et utilise également davantage les moyens médiatiques et marketing pour se faire (re)connaître et attirer de nouveaux acteurs en faveur de ses buts.

Tous philanthropes depuis l’aube des temps ?L’homme a-t-il connu un élan généreux envers ses semblables depuis ses origines, et fort d’un pouvoir spirituel ou social, a-t-il créé les conditions d’un soutien à un projet formel d’amélioration des existences, des pensées, des expressions autour de lui ?

On ne trouve nulle part trace des mécènes éven-tuels qui encouragèrent les artistes des cavernes de la préhistoire. Mais des grands autocrates de l’antiquité aux fiefs ou monastères du Moyen-Age, le développement social et économique a fait ap-paraître des personnalités soucieuses de financer l’aide aux plus démunis dans un esprit d’aumône, la construction de cathédrales, ou encore de « pro-téger » des artistes.

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Eric Todts, le responsable de la com-munication d’Oxfam-Solidarité: «Il n’y a ni statistique ni personne qui centralise les données. De plus, le champ de la philanthropie est à défi-nir : faut-il considérer chaque collecte au niveau local comme faisant partie de ces chiffres ?

La situation n’est guère plus claire à propos des associations reconnues. Les chiffres disponibles concernent l’agrément fiscal mais, là encore, le flou persiste. On dénombre davan-tage d’exonérations délivrées que de déclarations et il conviendrait de faire la distinction entre les dons et l’apport philanthropique ou de mécénat.»

Pour autant Eric Todts estime raison-nablement la générosité en dons de la

population à 500 millions d’euros par an et le montant des legs et des dons à 150 millions d’euros. Il se base sur des chiffres du Ministère des Finances, des Régions et sur les chiffres des membres de l’AERF (l’Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds). Mais il précise qu’il ne s’agit là que d’une extrapolation.

Se faire une idée précise des chif-fres est quasi impossible. Calculer l’engagement philanthropique doit tenir compte de plusieurs sources. Tout d’abord, il y a les montants des attestions fiscales qui couvrent d’une part les institutions désignées dans la loi et d’autre part les institutions agréées (une liste complète datant du 12 juin 2008 est disponible sur le site du Service Public Fédéral Finances).

Les chiffres disponibles publiquement remontent à 1999 ! Le montant des libéralités pour lequel des attestations ont été délivrées cette année-là s’est élevé à 120.197.343,42 euros. Pour l’année 2000, d’après le budget des voies et moyens pour l’année 2003, la déduction des libéralités effectuées en 2000 a couté 43,96 millions d’euros aux pouvoirs publics.

Viennent ensuite les donations et legs pour lesquels il faut se renseigner auprès des Régions. La campagne tarif zéro (http://www.tarifzero.be) cite des recettes en 2005 pour les Régions sur les donations et successions pour des institutions œuvrant pour l’inté-rêt général de l’ordre de 15 millions d’euros. Ce qui, vu les taux des droits de succession et de donation, tend à

confirmer le montant cité plus haut.

Mais il y a surtout tous les autres dons, les autres engagements. Le philanthrope qui agit discrètement en soutenant ou en collaborant avec des associations à l’étranger, les dons auprès des institutions qui ne peuvent pas délivrer d’attestations fiscales, tous les engagements et gestes généreux qui ne peuvent pas bénéficier de la déductibilité fiscale (dîners, spectacles, vernissages, dons en nature) et toutes les autres activités destinées à récolter dons et engagements (foires, tournois, ventes). S’y ajoutent toutes les entre-prises qui optent pour un sponsoring plutôt que pour un don.

Dernier point, les dons, donations et legs peuvent fortement évoluer d’une

année à l’autre. Certaines associations qui reçoivent un don, une donation ou un legs important présenteront un bi-lan fort différent par rapport à l’année précédente. Au niveau plus global, une catastrophe humanitaire ou une année boursière délicate influenceront significativement les résultats. C’est donc sur le moyen terme qu’il faut comparer les chiffres.

A l’occasion de cette Journée de la Philanthropie, il est donc impossible de présenter des chiffres concrets. Il faut dès lors évaluer l’importance d’obtenir une information plus struc-turée. Si la réponse est positive, il faudra fixer une méthode cohérente pour suivre les évolutions de l’enga-gement philanthropique des Belges sur une base plus objective.

Philanthropie : la grande inconnue des chiffresPlusieurs indices démontrent l’intérêt croissant des Belges pour la philanthropie. L’engagement, le don, les (doubles) legs, la création d’asbl et de fondations sont autant d’indicateurs en hausse. Néanmoins il est impossible d’obtenir des chiffres concrets sur l’engagement global des Belges et ce pour diverses raisons. Ceci ne permet pas de cerner suffisamment le poids de la philanthropie dans l’activité économique globale.

Au nom du prestige national

Il existe des données très précises concernant les fondations régies par la loi du 2 mai 2002. Tout d’abord, les fondations définies et reconnues comme d’utilité publique. En 2007, on en dénombrait 362 dans le pays, tou-chant aux domaines de l’éducation, de la culture, du social ou du scientifique, dont 73% fonctionnant sur leurs fonds propres. La grande majorité d’entre elles ont été créées par des personnes privées. Elles représentent un vecteur d’emploi (environ 5.000 personnes sont actives dans ces fondations), et couvrent en termes d’actifs, un mon-tant de plus d’un milliard d’euros et

quelque 560 millions en termes de revenus (chiffres de 2005) qui servent exclusivement l’intérêt général.

Outre les fondations d’utilité publique, il existe aussi des fondations privées, destinées, d’après et depuis la loi de 2002, à pouvoir gérer un patrimoine de façon désintéressée. Mi-2007, un peu moins de 300 fondations privées étaient recensées. Chiffre largement dépassé depuis. Le changement de loi a visiblement impulsé leur création. C’est à Bruxelles que la majorité d’en-tre elles (47%, Flandre 40%, Wallonie 13%) ont leur siège officiel. On peut

estimer qu’environ un cinquième d’en-tre elles sont au service d’un objectif désintéressé qui va au-delà d’un ca-ractère purement privé.

Au-delà des fondations, la Belgique connaît environs 90.000 associations actives sous la forme juridique d’asbl, d’aisbl ou d’ong. Parmi elles, 17.000 entités emploient du personnel sala-rié et contribuent au PIB à concur-rence de 5%, ce qui représente une valeur ajoutée de près de 22 milliards d’euros. A 70% actives dans le social et les soins de santé, les associations représentent donc un acteur influent

en termes d’emplois (près d’un salarié belge sur dix).

Certains philanthropes ou entrepri-ses optent non pas pour la création d’une entité propre mais créent un Fonds au sein de la Fondation Roi Baudouin. Il s’agit aujourd’hui de

quelque 200 Fonds créés à l’initiative de philanthropes particuliers, ainsi qu’une quinzaine de fonds d’entre-prises créés depuis 1993 et de deux fonds de développement local : le Streekfonds West-Vlaanderen créé en 2000 et le Streekfonds Een Hart voor Limburg initié en 2004.

Fondations, associations et FondsLe dynamisme des fondations et des associations ainsi que leur nombre croissant représentent un indicateur sérieux du développement philanthropique en Belgique.

L’histoire de la Loterie Nationale commence en 1934, et déjà par une connotation philanthropique. Certes, l’objectif premier était de combler, par la vente de billets de loterie, le défi-cit budgétaire du Congo belge mais, dans le même temps, pour chaque billet vendu, un franc était versé aux organisations sociales et philanthropi-ques belges. Aussi, quand la seconde guerre mondiale a éclaté, c’est tout naturellement que la Loterie coloniale a été suspendue au profit de la Loterie du Secours d’hiver, dans le but de sou-tenir les victimes de guerre.

Après la guerre, la Loterie coloniale a repris ses activités et a enregistré des bénéfices croissants dont une partie de plus en plus importante s‘est vue affec-tée aux oeuvres de charité belges.

A l’indépendance du Congo, en 1960, la Loterie coloniale est devenue la Loterie africaine puis, en 1962, la Loterie Nationale telle que nous la

connaissons aujourd’hui. Ses bénéfi-ces, principalement utilisés pour l’aide humanitaire dans les années soixante, commencent à servir également à des oeuvres d’utilité publique.

La création du Lotto, en 1978, pro-vient d’ailleurs du souhait d’apporter de l’aide aux victimes des inondations à Ruisbroek.

Aujourd’hui, une grande partie des bénéfices de la Loter ie Nat io-nale – 225.300.000 euros en 2007– est

attribuée sous forme de subsides à de nombreuses associations, ce qui lui confère le titre de «premier mécène de Belgique». Les subsides, dont la Lo-terie Nationale garde à l’esprit qu’ils proviennent des joueurs, doivent leur revenir. La Loterie Nationale soutient donc diverses initiatives dans les do-maines sociaux, culturels, scientifi-ques et sportifs, avec une préférence pour les projets valorisant le prestige national.

225.300.000 eurosen 2007

Page 5: Journal de la Philanthropie

Le mécénat existe depuis l’Antiquité. A l’origine du mot : Mécène, cet homme politique romain qui, du temps d’Augus-te, avait consacré sa fortune et son influence à la promotion des arts et des lettres. Les temps ont bien changé et les activités philanthropiques se sont élargies à d’autres domaines de l’acti-vité humaine. Plus besoin de s’appeler Medicis dans la Florence de la Renaissance italienne ou plus récemment Bill Gates ou War-ren Buffet pour effectuer des dons et legs. D’autant plus que ces derniers bénéficient en Belgique d’un régime de déduction et d’exonération d’impôts. Le but de cette fiscalité avantageuse ? Encourager la générosité de tous les citoyens et des entreprises en faveur des associations et des institutions qui poursuivent un objectif considéré comme d’utilité publique par nos gou-vernants.

Très bien mais, concrètement, quels sont les traitements fiscaux réservés aux donateurs en Belgique ? En ce qui concerne les dons tout d’abord, le mon-tant minimum à donner pour bénéficier de la déductibilité est de 30 euros par an. Attention toutefois: les dons sont pla-fonnés ! En effet, le montant maximum déductible ne peut excéder ni 10% de l’ensemble des revenus nets du dona-teur, ni 331.200 euros (pour l’exercice 2008). Pour les sociétés, le montant maximum déductible ne peut excéder ni 5% du total des revenus imposables ni 500.000 euros.

Le résultat final de telles déductions est proportionnel aux revenus du donateur.

Par exemple, pour un don de 30 euros, si votre revenu net imposable annuel est de plus de 32.270 euros, vous « ré-cupérerez » du fisc la moitié du montant donné, soit 15 euros. Si vos revenus annuels sont compris entre 17.610 et 32.270 euros, votre bonne action ne vous coûtera en réalité que 16,50 euros au lieu de 30, etc.

La déductibilité fiscale des dons n’est possible que s’ils sont octroyés à une institution agréée ou reprise dans la loi, susceptible de vous délivrer une attes-tation fiscale. Si ce n’est pas le cas, les dons sont bien entendu possibles mais le fisc n’en tiendra pas compte dans le calcul de vos impôts. Enfin, sachez que les libéralités en nature ne sont pas déductibles, à l’exception des oeuvres d’art offertes aux musées de l’Etat ou à certains pouvoirs publics qui les affec-tent à leurs propres musées.

Pas que le donAu-delà des dons, existent également d’autres possibilités de contribuer aux efforts des fondations ou des ASBL : la donation et le legs. Ces opérations patrimoniales ont des implications en matière de droits de succession qu’il convient de connaître.

La donation permet de se défaire de son patrimoine avant son décès au bénéfice d’une personne physique ou d’une per-sonne morale. En cas de donation de biens mobiliers, un don « manuel » est possible (sans passer devant le notaire et donc sans payer de droits de donation)

mais, pour des biens immobiliers, un acte notarié est obligatoire. Toutefois, en cas de donation de biens mobiliers, passer devant le notaire apporte plus de sécurité. En cas de don manuel (non notarié donc), si le donateur décède moins de trois ans après l’opération, les droits de succession devront être payés par les bénéficiaires... Au contraire, les donations notariées ne peuvent plus faire l’objet d’une telle imposition (elles ont déjà fait l’objet de droits de donation) et permettent en outre au donateur d’assortir l’acte de certaines conditions (voir www.notaire.be ou www.fisconet.fgov.be pour plus d’informations sur le calcul de ces droits qui sont réduits pour des asbl et fondations).

Au lieu d’effectuer une cession de pa-trimoine de leur vivant, les donateurs peuvent préférer le faire après leur décès, autrement dit, par testament. Les droits de succession doivent être payés par le bénéficiaire en fonction de la région où la personne décédée avait son domicile fiscal (voir les sites Web mentionnés ci-dessus). Asbl et fondations bénéficient ici aussi de droit de successions avantageux.

Le legs… en duo ou double legsPetite astuce fiscale pour la bonne cause : pensez au double legs! Cette technique est utilisée lorsque le dona-teur n’a pas de descendants directs et que, de ce fait, la succession échoit à des parents éloignés. Dans ce cas, les

droits de succession sont généralement plus élevés (jusqu’à 65 et 80%). Un dou-ble legs permet dès lors de léguer une somme à une association ou fondation en stipulant que celle-ci devra verser un montant net à une personne bien déterminée. Les droits de succession que cette personne devra en tant que légataire seront à charge de l’organisa-tion en question. Résultat : vous faites preuve d’altruisme et, en même temps, le légataire bénéficie d’une somme plus importante que s’il avait hérité direc-tement.

Et en Europe ? Demandez à l’homme de la rue ce qu’il pense du système fiscal en Belgique, il vous répondra très certainement que l’on y paie trop d’impôt par rapport à nos voisins… Mais qu’en est-il en ma-tière de déductions fiscales des dons aux associations et fondations ? La Belgique est-elle un paradis altruiste ou un enfer philanthropique ? Un rapide tour d’Europe par quelques exemples marquants. Commençons par les deux cancres de la classe : la Slovaquie et la Suède. Là-bas, c’est très simple, il n’existe aucun régime de déduction fiscale ou de crédit d’impôt pour les dons aux institutions philanthropiques… Tant de la part de personnes physiques que de personnes morales. Dur, dur… La Finlande, Malte et la Lituanie ne figurent pas non plus parmi les meilleurs élèves : pour les per-sonnes physiques, les incitants prévus en matière de dons sont inexistants. Toutefois, ces pays ont tout de même

prévu un régime (pas très large…) de déduction fiscale pour les dons des entreprises.

En comparaison, Chypre fait figure de champion toute catégorie. En effet, qu’il s’agisse de dons de particuliers ou d’entreprises, leur déduction fiscale est totale et sans plafond ! En résumé, vous donnez 100.000 euros, vous déduisez 100.000 euros de vos revenus nets imposables. Facile, non ? L’Irlande est dans le haut du classement également : en gros, pour les personnes physiques et morales, les déductions sont possibles à 100% pour peu que le don s’élève à 250 euros minimum.

Même principe en Grèce pour les per-sonnes physiques : déductibilité à 100% du montant donné en cash. Les dons en nature ne sont donc pas concernés sauf s’il s’agit de matériel médical of-fert à un hôpital. Petit bémol tout de même : la déductibilité est plafonnée à 10% des revenus du donateur dans le domaine de la culture. Par contre, en ce qui concerne les dons de la part des entreprises (cash uniquement), les avan-tages accordés par le fisc sont limités à 10% de leur base imposable, quel que soit le domaine.

Vous le constatez, le traitement des dons dans les différents pays européens est très diversifié….

Le tableau ci-dessous présente une comparaison du régime belge de déductibilité des dons par rapport à nos voisins.

Je donne, donc je déduis…

Belgique France Allemagne Hollande Luxembourg

Particuliers : déduction entre 25 et

50% du don selon les revenus

Particuliers : crédit d’impôt de

66% du don (75% dans certains

cas).

Particuliers : déduction du

revenu imposable.

Particuliers : déduction du

montant du don moins 1%

du revenu imposable

Particuliers : déduction du

revenu imposable.

Entreprises : déduction du résultat

imposable

Entreprises : Crédit d’impôt de

60% du don.

Entreprises : déduction du

résultat imposable.

Entreprises : déduction du

résultat imposable.

Entreprises : déduction du

résultat imposable.

Particuliers : 60 euros ou

1% du revenu imposable

Entreprises : 227 euros

Particuliers : 10% du revenu avec un

plafond de 331.200 euros (en 2008).

Particuliers : 20% du revenu

(peut être étalé sur 5 exercices).

Particuliers : 20% du revenu

imposable et 1 million d’euros

maximum en 10 ans (peut

être étalé sur 10 exercices).

Particuliers : 10% du

revenu.

Particuliers : 500.000 euros ou

10% du revenu.

Entreprises : 5% du résultat avec un

plafond de 500.000 euros.

Entreprises : 0,5% du chiffre

d'affaires

Entreprises : 20% du résultat

(ou 0,4% de la somme entre

le chiffre d’affaires et des

salaires).

Entreprises : 10% du

résultat.Entreprises : idem.

120 euros (tous dons

additionnés)

Avantage fiscal

Don Minimum 30 euros (à une même institution) Non Non

Taux réduits allant de 4,8% à

7,2% selon le bénéficiaire (en

révision).

Exemption

Plafond

Droits de donation

et/ou de succession

Taux réduits de 6.6% à 25% selon le

type de don, la région et le

bénéficiaire.

Exemption Exemption

Le don à des associations, ONG et fondations complète idéa-lement une action politique aux marges budgétaires parfois étroites. Pour inciter à la générosité, un régime de déduction fiscale des dons existe. Les donations et les legs peuvent également se révéler judicieux fiscalement.

Page 6: Journal de la Philanthropie

Cercles professionnels et Clubs ont décidé de ne pas oublier les autres. Au travers d’actions ponctuelles ou récurrentes, ils collectent, soutien-nent, aident et redistribuent….

Le Rotary, le Lions ou encore la Table Ronde, rassemblent les profes-sionnels, hommes et femmes, actifs dans une région. Chaque membre, à travers son métier, amène quelque chose de positif au groupe. Mais au-delà de l’aspect mondain de ce genre de clubs, on ignore bien souvent leur vocation philanthropique, et pourtant c’est une de leurs raisons d’être!

Le Rotary, par exemple, consacre 30 à 40 % de son temps à des œuvres. Au niveau international, ce réseau mène plusieurs actions pour répon-dre aux problèmes globaux qui sé-vissent dans le monde: la pauvreté, la santé, la faim, l’illettrisme, le manque d’eau et la polio. Mais c’est lorsqu’on se penche sur l’aspect local des ac-tivités du Rotary que la notion de solidarité prend tout son sens. Cha-

que Rotary organise de nombreuses activités afin de remplir les caisses destinées à des associations. Tous bénévoles, les «Rotariens» consa-crent un temps très important à ces activités. Foires, tournois, ventes, matchs… permettent de récolter des montants souvent fort impor-tants. Ces sommes sont ajoutées à une partie des cotisations des mem-bres qui permettent de soutenir bon nombre de causes d’intérêt général, tant au niveau local qu’à un niveau plus global.

Autre exemple mais même philo-sophie: le Lions. «Nos 237 clubs et nos 7.350 membres en Belgique mènent de multiples actions socia-les, comme une banque alimentaire avec Delhaize par exemple» explique Christian Leclef, secrétaire général des Lions belges. «Notre objectif, c’est d’être présents là où il y a une carence de l’Etat. Nous avons ré-colté 5 milliards de francs belges depuis que le Lions a été créé en Belgique. Nous travaillons à trois niveaux. Au niveau mondial tout

d’abord, nous avons des chiffres à atteindre: par exemple, dans la campagne internationale pour la lutte contre la cécité, nous devions récolter un montant correspondant à un certain pourcentage du PIB belge. Viennent ensuite les actions nationales: chaque club décide s’il y participe au non. Enfin, les actions menées au niveau local constituent le troisième niveau de notre action. Elles sont déterminées par les clubs de manière autonome».

Cocorico: la Belgique est un bon élève au sein de la toile interna-tionale du Lions! «Nous avons par exemple récolté 1.346.000 euros cette année pour l’action de lutte contre la cécité. La Belgique se classe à la vingtième place pour cette action au niveau mondial en valeur absolue!» complète Christian Leclef.

Ces clubs permettent d’élargir le cercle des relations, mais aussi et surtout de créer des réseaux mis à contribution pour aider les plus faibles.

Clubs et Cercles professionnels, un autre acteur de la philanthropie

Colophon

Le Journal de la PhilanthropieLa Philanthropie: ça marche. Informations et témoignages en complément à la Journée de la Philanthropie.

Deze publicatie bestaat ook in het Nederlands onder de titel :De Filantropiekrant -Filantorpie werkt! Complementaire informatie en getuigenissen bij de Dag van de Filantropie. Une édition de la Fondation Roi Baudouin, 21, Rue Brederode à B-1000 Bruxelles.

Coordination pour la Fondation Roi Baudouin : Dominique Allard, Vera Billen, Edith Carbonez, Brigitte Duvieusart, Ludwig Forrest, Frieda Lampaert, Sarah Reyn, Anne Van Meerbeeck

Coordination éditoriale et réalisation : Blue Tattoo Communication. T. 02/503 52 77

Rédaction finale et secrétariat de rédaction : Christophe Sokal et Valérie Bailly

Collaborateurs rédactionnels et recherches : Junior Akotshi, Paule Alen, Marcel Bulkaert, Frédéric Chardon, Vincent Delannoy, Sylvie Fagnart, Juliette Hariga, Saâd Kettani, Hendrik Mertens, Carline Taymans, Charles van Dievort, Diane Warland

Graphisme, lay-out : François Grimonprez

Illustrations : Pierre dalla Palma

Impression : Dossche

Cette publication peut être téléchargée ou commandée gratuite-ment sur notre site : www.kbs-frb.be

Dépôt Légal : D/2848/2008/18 ISBN : 978-2-87212-563-0EAN : 9782872125630

Septembre 2008

It is more blessedto give

than to receive.Acts 20:35

Life begets life.Energy becomes energy.

It is by spendingoneself that

one becomes rich.Sarah Bernhardt

To give away moneyis an easy matter

and in any man's power. But to decide to whom to give it

and how large and when,and for what purpose and how,

is neither in every man powernor an easy matter.

Aristote

The desire for power in excess caused angels to fall;

the desire for knowledgein excess caused man to fall;

but in charity is no excess,neither can man or angels

come into danger by it.Sir Francis Bacon

Every dollar makes a difference.And that's true whether

it's Warren Buffett's remarkable$31 billion pledge

to the Gates Foundation,or my late father's

$25 check to the NAACP.Michael Bloomberg

I have found that amongits other benefits,giving liberatesthe soul of the giver.Maya Angelou

When wealth is centralized, the people are dispersed. When wealth is distributed, the people are brought together. Confucius

The value of a man resides in what he gives and not in what he is capable of receiving.Albert Einstein

No one is useless in this world who lightens the burdens of another.Charles Dickens

Ridiculous yachts and privateplanes and big limousineswon’t make people enjoy life more,and it sends out terrible messagesto the people who work for them.It would be so much betterif that money was spent in Africa – and it’s about getting a balance.Richard Branson

We make a livingby what we get, we make a life by what we give.Winston Churchill

La vraie générosité envers l'avenirconsiste à tout donner au présent.Albert Camus

Les amis de l’HommeDéfinir le mot «philanthrope»? Sollicitons les encyclopé-dies et les dictionnaires. Des plus classiques, dans de gros volumes, jusqu’aux plus virtuels, comme Wikipe-dia. Pour lire, à peu près partout, que le philanthrope est l’ami de l’Homme - étymologie grecque oblige. Et pour lire aussi, dans de nombreuses sources, que le philanthrope «s’oppose au misanthrope».

Nombre d’auteurs précisent que «le philanthrope cher-che à améliorer le sort de ses semblables par des dons.» Attention ! En laissant entendre que le philanthrope est «davantage» que généreux ou charitable. Car le protestantisme et les Lumières sont passés par là. Ils ont marqué de leurs empreintes une bataille séman-tique éminemment philosophique : leurs conceptions de l’action philanthropique opposent à la charité chré-tienne une responsabilité sociale. Que le libéralisme à l’américaine pousse jusqu’à définir comme une «relève de la société civile». Sous-entendu : en réponse à l’in-capacité de l’Etat…

Bref, quiconque fait un don pour les victimes d’un tsu-nami ne serait pas philanthrope. Mais, déjà, un ami de l’Homme. Ce qui n’est pas si mal.

Page 7: Journal de la Philanthropie

Femmes et philanthropie en Belgique et en EuropeFemmes et philanthropie… leur destinée paraît liée depuis la nuit des temps. L’Histoire en témoigne, les femmes ont joué un rôle important à toutes époques et ont contribué à faire évoluer la Philanthropie.Et leur influence ne se limite pas à celle de la dame patronnesse! Aujourd’hui, la philanthropie connaît un développe-ment significatif partout dans le monde et sa légitimité comme son efficacité sont reconnues par nombre de citoyens. Elle est même considérée comme es-sentielle pour faire face aux enjeux du monde actuel. Plusieurs enquêtes relèvent également que ce sont surtout les femmes qui sont sensibilisées à la philanthropie et sont convaincues de l’utilité des dons.

Un moyen d’émancipation?

La philanthropie au féminin a de tout temps trouvé une forme de réalisation par l’action de religieuses. Avec des grandes figures féminines comme par exemple, Madeleine-Sophie Barat. Née en France à l’époque de la révolution française, elle fut très marquée par les injustices liées à la violence et la guerre. En 1800, elle prononce ses vœux et crée la congrégation du Sacré-Cœur qui se consacre à l’éducation des jeu-nes filles. La première école du Sacré-Cœur est fondée à Amiens. Par la suite, Sœur Madeleine-Sophie Barat voyage à travers la France, puis l’Europe et fonde de nouvelles communautés, des pensionnats et des écoles gratuites. La congrégation a désormais une dimen-sion internationale Elle s’étend sur tous les continents, dans une quarantaine de pays et rassemble plusieurs milliers de religieuses. Chez nous, à Bruxelles, le Sacré-Cœur de Linthout, par exemple, est une des réalisations de la congréga-tion de Madeleine-Sophie Barat.

Dans la société civile également, les femmes se sont très tôt impliquées dans les œuvres d’assistance philanthropi-que. Tout au long du 19ème siècle, les femmes sont extrêmement nombreuses à consacrer leurs propres revenus pour fonder des œuvres qu’elles dirigent, elles sont encore plus nombreuses à travailler bénévolement pour faire vivre ces œuvres. Hedwige Peemans-Poullet, historienne à l’Université des Femmes et spécia-liste de la question, insiste sur le fait que ce sont presque exclusivement des femmes qui s’occupent des œuvres concernant les femmes et les enfants.Les «bourgeoises philanthropes» et les «dames patronnesses» ne se contentent pas de donner. Elles sont sur le terrain: elles connaissent les difficultés des fa-milles, elles étudient des solutions et les mettent en œuvre. Au point qu’elles gèrent toute une partie de la «société civile». D’aucuns n’hésiteront pas à dire d’ailleurs que les femmes sont en quelque sorte à l’origine de la protec-tion sociale.

Les femmes ont-elles aussi par ce biais réussi quelque peu à s’émanciper? Dif-ficile à dire. L’association philanthro-pique était parfois le seul lieu où les femmes pouvaient s’exprimer et a pu ainsi être le creuset de l’innovation so-

ciale. Pour Hedwige Peemans-Poullet, il ne faut cependant pas aller aussi loin: ces œuvres féminines ne contestaient ni l’ordre social, ni l’ordre patriarcal. Elles ont permis aux femmes de compren-dre l’importance de l’associatif dans la défense des intérêts des femmes et ont mis le doigt sur un certain nombre de thèmes qui figureront dans toutes les luttes féministes ultérieures.

Aujourd’hui, les femmes occupent de plus en plus de postes à responsabili-tés dans la société et dans le domaine des affaires. Le rôle des femmes en philanthropie a évolué: elles ne se contentent plus de l’aide aux soldats, aux veuves et aux orphelins ou des collectes de fonds, elles désirent jouer un rôle beaucoup plus actif.

Une présence (trop?) discrète

Même si le monde de la philanthropie change pour les femmes, on peut se demander s’il change assez vite vu leur représentativité encore trop faible au niveau décisionnaire des organismes caritatifs, ce qui peut limiter leur marge de manœuvre. Malgré cela, rien qu’aux Etats-Unis, on évalue à 50 milliards de dollars la somme que les femmes permettraient de générer annuelle-ment au seul chapitre des dons aux fondations.

Dans une étude britannique réalisée par Suzan Mckenzie, la directrice de Philanthropy UK, les femmes phi-lanthropes sont clairement moins bien reconnues que leurs homologues mas-culins. Pour preuve: les statistiques du Sunday Times Giving Index qui donne le top 30 des philanthropes dont les dons sont calculés en fonction de leur fortune. Cet index est essentiellement masculin. Sur les 67 personnalités qui sont apparues dans cet index, ces qua-tre dernières années, seules 7, soit dix pour cent, étaient des femmes. Aucune donatrice féminine n’est apparue dans l’index de 2006. Cet index ne reflète toutefois pas l’influence des femmes dans les décisions de dons prises par un couple ou une famille. Comme le montre l’étude de Philanthropy UK, les femmes auraient d’ailleurs de plus en plus d’influence sur la question au sein de leur couple ou de leur famille. Un effet d’autant plus intéressant que les femmes se montrent généralement plus généreuses que les hommes dans leurs dons. On assiste d’ailleurs de plus en plus à une «philanthropie de couple». Parmi les exemples connus: Bill et Melinda Gates ou, plus glamour, Brad Pitt et Angelina Jolie.

Des différences marquées

Des différences entre les hommes et les femmes, l’étude de Suzan Mcken-zie en distingue d’autres particulière-ment pertinentes. La gent féminine est demandeuse d’un engagement plus concret envers les bénéficiaires de leurs dons. Les femmes ne se satisfont pas

de signer un chèque mais sont aussi prêtes, davantage que les hommes, à donner de leur temps, à s’impliquer émotionnellement. Une implication qui explique peut-être pourquoi les femmes dirigent généralement leurs dons vers des causes plus difficiles liées généralement aux exclus de la société. Ainsi dans le top 3 des causes choisies par les femmes, on retrouve l’aide aux réfugiés, la santé mentale et la violence conjugale. Côté hommes, on se dirige plutôt vers la lutte contre le cancer, l’absentéisme scolaire et l’exclusion, des aires d’action où les résultats sont plus facilement mesurables et quanti-fiables. Dans le même ordre d’idées, les hommes seraient plus désireux lors d’un don de laisser leur empreinte, comme par exemple leur nom sur un immeuble, ce qui semble intéresser nettement moins les femmes! On le voit, bien que plus discrètes, les fem-mes jouent de plus en plus à jeu égal avec les hommes sur le terrain de la philanthropie: un jeu complémentaire à l’image de ces couples généreux.

Les femmes ont peut-être également tout à gagner dans l’évolution de la philanthropie de plus en plus partici-pative, et notamment, la philanthro-pie à but lucratif qui maximise tant le rendement financier que le rendement social des dons, via des prêts à faible taux. Car de l’autre côté de la barrière, ce modèle philanthropique a égale-ment des retombées bénéfiques sur la situation économique des femmes dans le monde. Il semblerait en effet que c’est souvent aux femmes qu’un grand nombre de ces prêts à taux réduit sont accordés car ce sont elles, dit-on, qui réussissent dans les affaires! De la à dire que femme et philanthropie ne font qu’un…

Le Fonds Elisabeth et Amélie… une histoire de famille et surtout de Femmes!

Comme le dit Cécile Pirzio Biroli, issue d’une des familles historiques dans l’actionnariat d’Inbev, la naissance du Fonds Elisabeth et Amélie est une his-toire de famille, mais les femmes y sont pour beaucoup!

«Lors d’une assemblée familiale il y a 3 ou 4 ans, je me suis dit, en tant que femme, qu’il serait temps de distribuer un peu de notre surplus.», raconte-t-elle. «La situation de la famille était bonne tout comme la santé de la société. On s’est mis à réfléchir sur la possibilité de créer un outil philanthropique qui nous permettrait de partager notre richesse avec ceux qui en sont dépourvus. Se mettre ensemble pour faire un geste gratuit ne pouvait être qu’un facteur heureux de cohésion familiale et d’in-terpellation entre les générations. Cet élément est très important, c’est un message que nous voulons envoyer à nos enfants qui ont beaucoup de chance avec un futur garanti par leurs revenus. Il nous a semblé très important d’ajou-ter une dimension philanthropique à l’éducation des plus jeunes et de les impliquer concrètement dans un pro-jet». Les discussions ont été longues et ardues…et comme le note Cécile Pirzio Biroli, les femmes de la famille ont été directement partantes contrairement aux hommes.

«Les femmes sont plus sensibles à la solidarité et les hommes plus intéres-sés par le fait que pour être solidaire, il faut faire de l’argent! Il y aussi tout ce facteur de la jeunesse et de l’éducation dans une affaire familiale et je crois

que les femmes sont plus sensibles à cet argument. Il faut donner aux jeu-nes de la famille la possibilité d’être généreux!» L’idée a pris forme. «Nous nous sommes finalement mis d’accord sur la création d’un fonds abrité par la Fondation Roi Baudouin qui nous a beaucoup aidés». Le thème choisi pour cette fondation: l’eau. «Ce thème a ras-semblé tout la famille dans la mesure où c’est un problème dont nous sommes tous immensément conscients: l’affaire familiale consomme énormément d’eau, puisque nous sommes dans la distri-bution de boisson. On sait aussi que dans le monde, le problème de l’eau est aigu. On sait vivre sans pétrole mais pas sans eau!» Il restait aussi à trouver un nom pour cette fondation et ici encore, les femmes s’en sont mêlées: «Elisabeth et Amélie, ce sont deux sœurs qui ont chacune épousé deux cousins et qui ont amené avec elles les brasseries Artois». Quoi de plus approprié! Six mois après la consti-tution, six projets étaient déjà lancés. Des projets qui concernent l’irrigation, les puits ou encore l’épuration d’eau. Pour cette année onze projets ont été sélectionnés.

Et ici encore, la contribution féminine est très importante souligne Cécile Pirzio Biroli: «trois quart des projets que nous recevons sont des projets mis en route par des femmes et pour des femmes, des projets par exemple destinés à des centres de santé ou au travail dans les champs». Des femmes qui aident les femmes…la boucle est bouclée.

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Page 8: Journal de la Philanthropie

La Maison des Femmes d’Istalif: construire un avenir meilleurJennie Vanlerberghe ne supporte pas l’injustice. En 1992, quand cette journaliste et auteure a découvert l’atrocité des viols systématiques des femmes en Bosnie, elle a aussitôt fondé la branche belge de Mothers for Peace.

Depuis lors, «Mères pour la Paix» s’est donné pour vocation de venir en aide aux femmes opprimées. Il y a bientôt 10 ans que Jennie a débarqué par hasard en Afghanistan. Là aussi, elle s’est immédiatement mobilisée et, en collaboration avec l’antenne française de «Mères pour la Paix», elle a créé une «Maison des Femmes». Depuis lors, plus de 3.000 Afghans, femmes et hommes, se sont impliqués dans ce projet. Un projet qui rend espoir à de nombreuses femmes.

Mamans en action

Jennie est la maman dévouée de 2 enfants et de 4 petits-enfants. Par le biais de son organisation «Mères pour la Paix», basée à Ypres, elle est aussi la maman symbolique d’innombrables femmes et enfants dans le monde, vivant dans la détresse et la misère. Son organisation fait partie du réseau international de Mothers for Peace, une ONG apolitique qui lutte dans le monde entier contre la violence à l’encontre des femmes et des enfants. MFP a vu le jour au début de la guerre en ex-Yougoslavie. Le message des mamans qui protestaient contre les atrocités de la guerre était désarmant de simplicité: «Nous n’avons pas mis nos enfants au monde pour qu’ils soient abattus, ni pour qu’ils de-viennent des assassins.»

La branche belge de ce réseau a été constituée en 1992 par Jennie Vanlerberghe. Dès le début, elle a étroitement collaboré avec son alter ego français. Un des projets les plus importants à avoir vu le jour à son initiative est la Maison des Femmes, à Istalif, en Afghanistan. L’antenne belge est parvenue à mobiliser d’em-blée l’association Nederlandstalige Vrouwenraad, qui a elle-même incité tous ses membres à soutenir ce pro-jet. C’est ainsi qu’il a été possible, en 2002, de poser la première pierre de la Maison des Femmes d’Istalif.

Pourquoi une Maison des Femmes à Istalif?Istalif, un toponyme dérivé d’une ra-cine grecque signifiant ‘vignoble’, était jadis appelé ‘le verger de Kaboul’. Ce village s’étend à 48 km au nord de la capitale afghane. Avec ses arbres fruitiers, ses vignobles, ses champs de céréales et ses roseraies, il était l’écrin dans lequel était enchâssé le palais d’été du dernier roi d’Afghanistan, Zahir Shah. C’est aussi ici qu’Ahmad Shah Massoud a installé son quar-tier général lorsqu’il a commencé à combattre les talibans. Lorsque le Colonel Massoud et ses troupes ont été contraints de se retirer, les talibans ont rasé le village. Pas la moindre maison ni le moindre arbre n’ont été épargnés. Quant aux habitants, ils ont été soit massacrés, soit déportés.

Lorsque Jennie Vanlerberghe a ac-cepté l’invitation de Manila Khaled, une réfugiée afghane, qui lui proposait de visiter son village natal, elle a eu un coup au cœur en découvrant les conditions pitoyables dans lesquelles vivaient les femmes d’Istalif. Ou plutôt survivaient. Parmi les scènes les plus choquantes, le bébé d’une mendiante se faisant renverser par une voiture, sans que personne ne vienne en aide à la pauvre femme. Au contraire, la maman s’est excusée, avant de dispa-raître dans une ruelle en portant son enfant en sang. Pour Jennie, ce fut la goutte qui a fait débor-der le vase. En collaboration avec Mères pour la Paix, elle a lancé le projet de la Maison des Femmes d’Istalif. Sa vocation: dispenser une formation aux femmes du village et leur per-mettre d’accéder à un revenu de base, afin de leur garantir respect et autonomie. «La situation de la femme en Afghanistan est particulièrement pathétique», explique Jennie. «La femme afghane est probablement la plus humiliée et la plus exploitée au monde.» Cette situation dramatique s’explique bien sûr par l’impact des talibans, mais aussi par diverses tra-ditions culturelles.

En théorie, tous les Afghans ont les mêmes droits, qu’ils soient hommes ou femmes. Dans la pratique, rien n’est moins vrai. Les accords de Bonn (2001), qui définissent les principes fondamentaux du nouvel État afghan, après le départ des talibans, ne sont qu’un vœu pieux. «En Afghanistan, une femme est moins importante qu’un insecte!», s’insurge Jennie. Rien ne change depuis des années, malgré la constitution d’un ministère de la Femme, avec l’appui de la Commu-nauté internationale. «Ce ministère n’a pas de pouvoir et pas de moyens. Il est même en passe de disparaître, en raison de la talibanisation du Par-lement.»

C’est dans ce contexte dramatique qu’a été créée la Maison des Femmes d’Ista-lif. Depuis lors, six années ont passé et la Maison est aujourd’hui pleinement opérationnelle.

Améliorer le sort des femmes via les hommesLa tradition, la loi sur les familles et les talibans ont isolé et opprimé les femmes afghanes. Les femmes n’ont aucun pouvoir et ne jouissent d’aucu-ne considération. Autant dire que le lancement de la Maison des Femmes n’a pas été un jeu d’enfant. Jennie a

dû négocier, par l’entremise d’un re-présentant masculin, avec les hommes d’Istalif pour que la construction du bâtiment soit acceptée. Une fois la Maison construite, la partie n’a pas été gagnée pour autant, car les hommes du village voyaient d’un mauvais œil les services prodigués par la Maison des Femmes. «Neuf villageois sur dix sont analphabètes. Il n’a donc pas été simple de convaincre les hommes qu’il est essentiel d’apprendre à lire et à écrire», explique Jennie. Il fut encore plus difficile de contourner l’écueil de

la jalousie. Les hommes n’acceptaient pas que les femmes bénéficient de certains services et facilités. Le coup de génie a été de permettre aux maris d’accéder également à la Maison des Femmes, à la condition que leur mère, leur épouse et leurs filles puissent aussi y avoir accès.

Quatre axes

La Maison des Femmes s’efforce d’améliorer le bien-être des femmes via quatre axes différents. Primo, un service médical dispense des soins aux mamans et à leurs enfants. Aupara-vant, les femmes accouchaient chez elles, presque sans assistance. Le dis-pensaire de la Maison des Femmes leur fournit soins et médicaments, et leur apprend quelques règles sanitai-res de base.

Second axe, l’alphabétisation. La Maison enseigne à lire et à écrire, non seulement dans le centre en lui-même, mais aussi par le biais de clas-ses organisées dans les collines. Grâce à elle, plus de 300 femmes ont déjà appris à lire et à écrire. Des cours sont également proposés aux hommes et aux enfants. L’apprentissage de l’an-glais connaît un grand succès, surtout auprès des jeunes. Pour l’instant, 80 garçons et 50 filles suivent les cours d’anglais. Les garçons s’intéressent aussi beaucoup aux mathématiques. «C’est incroyable de voir à quel point ils veulent apprendre et progresser!», se réjouit Jennie.

La Maison des Femmes est aussi l’ins-tigatrice de plusieurs projets agricoles. Les femmes apprennent notamment à élever des poules. Ces poules pondent des œufs, qu’elles peuvent vendre à leur propre compte. Elles disposent ainsi d’un modeste revenu, mais qui est néanmoins très utile pour leur mé-nage et leurs enfants. Les deux autres classes d’agriculture sont davantage destinées aux hommes et portent sur

la production de miel et la fabrication de vêtements. Enfin, la Maison des Femmes a éga-lement mis en place un atelier de couture qui fonctionne de manière professionnelle. Les couturières qui y travaillent perçoivent un salaire men-suel, ainsi qu’un montant pour chaque article de qualité qu’elles ont confectionné. Les femmes que leur mari n’autorise pas à sortir de chez elles reçoivent la visite d’une professeure de couture, qui leur confie des travaux de broderie. Elles aussi sont décemment payées. Le fait que la femme puisse contribuer de la sorte aux revenus du ménage ren-force sa position et lui donne une arme pour s’insurger contre les coups et les humiliations. «Nous n’avons jamais eu l’intention de donner sans rien attendre en retour», explique Jennie. «Grâce à la Maison des Femmes, nous souhaitons que les habitants du village deviennent de plus en plus autonomes. Pour parodier un slogan bien connu, nous ne leur donnons pas du grain, mais nous leur apprenons à cultiver leur champ.»

Les produits finis fabriqués par la Mai-son des Femmes (produits agricoles, vêtements, broderies, céramique…) sont vendus au bazar local. Jennie espère que le cycle qui a été instauré de cette manière deviendra rentable à terme.

Sur la voie de l’autonomie

Aujourd’hui, la Maison des Femmes accueille environ 500 personnes par jour. Au total, ce sont pas moins de 3.000 hommes, femmes et enfants qui

sont impliqués dans ce projet. Outre les formations, les adultes peuvent obtenir des micro-crédits, pour lancer leur propre activité. C’est ainsi que la Maison espère mener les villageois vers l’autonomie. La gestion du cen-tre n’a pas été oubliée. Son gestion-naire afghan a bénéficié d’une bonne

formation et devrait être capable à terme d’assurer la pérennité de cette institution, même sans intervention extérieure. «Nous n’avons pas encore atteint le point de rentabilité, car nous sommes encore dépendants des dons et aides, mais nous sommes sur la bonne voie pour devenir autonomes à moyen terme», se réjouit Jennie. Ce moyen terme, Jennie le voit à un horizon de trois ans, ce qui serait un magnifique résultat. «Dès que nos amis afghans pourront assumer seuls cette gestion et cette autonomie, nous la leur offrirons avec plaisir. Nous n’avons jamais eu l’in-tention d’en conserver éternellement le contrôle.» Jennie se déclare aussi très satisfaite des résultats obtenus jusqu’à présent. «Je voulais changer le monde, mais j’ai été contrainte de revoir mes ambitions à la baisse. Cela ne signifie pas pour autant que je ne peux pas contribuer au changement. Je ne m’en priverai d’ailleurs pas.»

Pour le récit poignant de l’histoire d’Istalif et de la création de la Maison des Femmes, nous vous invitons à lire le livre de Jennie, «Lach niet, Khanoem» (Ne ris pas, Khanoum). Cet ouvrage est paru en 2007 chez Roularta Books et il est disponible en librairie ou auprès du Nederlandstalige Vrouwenraad, [email protected].

Les personnes qui souhaitent aider financièrement la Maison des Fem-mes peuvent effectuer un virement sur le compte 000-0000004-04 de la Fondation Roi Baudouin, en indiquant en communication «Projet L79899 – Maison des Femmes d’Istalif».

Les dons de 30 euros ou davantage sont fiscalement déductibles.

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«La femme afghane est probablement la plus humiliée et la plus exploitée au monde.»

«Nous n’avons pas encore atteint le point de rentabilité, car nous

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sur la bonne voie pour devenir autonomes à moyen terme»

Le coup de génie a été de permettre aux maris d’accéder

également à la Maison des Femmes

Page 9: Journal de la Philanthropie

Tout le monde n’a pas la chance de posséder son propre jardin. Les parcs et jardins publics permettent cependant à chacun de rester en contact avec la nature. Malheureusement, les moyens financiers font parfois défaut pour assu-rer le bon entretien de ces espaces ou pour leur rendre leur splendeur d’antan. Louise Vanden Bulcke, fille d’un jardinier de Ganshoren, a reçu l’amour de la na-ture en héritage paternel. Haute comme trois pommes, elle se passionnait déjà pour le jardin familial. Au crépuscule de sa vie, elle a pris les dispositions voulues auprès d’un notaire pour que, après sa mort, un fonds soit constitué pour l’aménagement et l’entretien de parcs et de jardins.

Ce fonds a été mis sur pied en 2002, en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin. Depuis lors, le Fonds Louise Vanden Bulcke consacre tous les ans une somme de 6.000 euros (et même 6.500 euros dès 2008) à cette noble cause.

Le prix annuel Hans Vredeman de VriesTous les ans, les particuliers et les associations peuvent introduire une demande de financement (partiel) de l’aménagement ou de l’entretien de leur parc ou jardin situé en Flandre. Le montant alloué doit être affecté à des

projets concrets, tels que la restauration d’éléments architectoniques, la protec-tion des plantations contre les conditions météorologiques, la mise à niveau des pièces d’eau, l’aménagement ou la res-tauration de l’enceinte, etc.Ce prix porte le nom de Hans Vredeman de Vries, l’auteur de l’ouvrage “Hortorum viridariorumque... formae” (1583), qui est considéré comme une pièce maî-tresse dans l’essor de l’architecture de jardin. Le livre est illustré d’esquisses réalisées de la main de l’auteur, qui re-présentent des parterres géométriques, haies taillées, arbres, massifs de fleurs, clôtures, portails, gloriettes, pavillons, bassins et fontaines.

Un beau palmarès

Le Prix Hans Vredeman de Vries a été attribué pour la première fois en 2003 à l’Annunciatenklooster de Furnes, qui a entrepris grâce à ces fonds la restau-ration d’un ornement majeur du jardin: une vasque datant de l’abbaye norber-tine qui se dressait à cet endroit jusqu’à 1785. Une première restauration de la vasque en elle-même avait été réalisée en 1996, mais le mécénat du Prix Hans Vredeman de Vries a permis de faire réaliser un pied spécialement adapté à cette vasque.Au cours des années suivantes, des travaux similaires ont été réalisés dans plusieurs provinces flamandes. Parmi

ces projets, citons la restauration en 2004 d’un arc de perspective dans le domaine Laarhof à Reet, ou encore en 2005 la remise dans son état originel du seul jardin moderniste subsistant de l’entre-deux-guerres, aménagé à Liedekerke par Jean Canneel – Claes. En 2006, ce fut la restauration d’une serre vieille de 150 ans dans le parc d’Hoegaarden, suivie en 2007 par la re-mise en état du théâtre de feuillages de Leeuwergem. Cette année, le Prix Hans Vredeman de Vries servira à financer la

restauration d’une grotte rustique et de la structure rocheuse adjacente d’un jardin de ville avec enceinte en Flandre occidentale.

Une procédure transparente

Le Fonds Vanden Bulcke choisit en toute autonomie les projets qu’il soutient. Un appel à projets est lancé tous les ans et les particuliers et associations intéressés peuvent introduire un dossier de candidature. La date limite de dépôt

de ces dossiers est fixée au 15 octobre. Les dossiers sont évalués par un jury d’experts, qui fait rapport au comité de direction du Fonds Louise Vanden Bulcke. La décision finale est commu-niquée au candidat en mars/avril. La remise du prix en elle-même a lieu au printemps de l’année suivante.

Isaan, une région du nord-est de la Thaïlande, est une des plus pauvres du pays. Elle compte 25 millions d’ha-bitants, qui vivent essentiellement de l’agriculture. Leur revenu moyen est inférieur de moitié à la moyenne natio-nale. De nombreux villageois émigrent donc vers les villes. Leurs enfants, qui ne disposent que d’un enseignement très élémentaire, n’y trouvent que des emplois peu rémunérés. Pour apporter une solution à cette situation, le projet Isaan de Deloitte s’emploie à améliorer la formation de ces jeunes villageois, et plus particulièrement à combler le fossé numérique. Mais d’où provient l’intérêt de Deloitte pour la Thaïlande? Et comment ce projet s’orchestre-t-il? Nous avons rencontré Rony Wuytjens, partner chez Deloitte et initiateur du projet.

Philanthropie individuelle et mécénat d’entreprise se rejoignent Deloitte propose des services d’audit, de conseil et de tax & accountancy aux entreprises et aux instances publiques. Ce groupe a intégré la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) dans sa stratégie d’entreprise, en concentrant son action sur les projets sociaux et de déve-loppement. Dans le cadre de ces projets, la priorité est accordée à la formation, à l’esprit d’entreprise et à l’innovation.

Deloitte, qui était déjà actif en Indonésie et au Maroc, a décidé en 2007 d’initier un projet en Thaïlande. «Sasikan, mon épouse, est originaire d’Isaan. C’est elle qui m’a donné l’idée d’aider cette région déshéritée», explique Rony Wuytjens.

Il a pris contact avec l’asbl Thaibel et avec Jocelyn Timmermans, le consul de Thaïlande en Belgique, afin d’examiner les aides envisageables. Rony Wuytjens s’est ensuite envolé pour la Thaïlande, afin d’y établir les contacts voulus avec les ONG actives dans ce pays. C’est là qu’il a rencontré Supachia Duttuyawat, le directeur de la Prasat Thanong School, une école qui accueille 550 enfants d’une douzaine de villages et leur dispense un enseignement jusqu’au niveau du secondaire inférieur.

«Les écoles de campagne sont moins bien équipées que celles des villes. La qualité de l’enseignement s’en ressent et la plupart d’entre elles ne forment que jusqu’au 9e degré, ce qui correspond à notre troisième secondaire», explique Rony Wuytjens. En collaboration avec Deloitte, il a décidé de lancer un pro-jet d’amélioration de l’enseignement à Isaan, en offrant aux écoles de cette région les moyens de rattraper le reste du pays. «Nous souhaitons contribuer concrètement à la dynamisation de l’économie locale et à la promotion de

l’esprit d’entreprise», souligne le partner de Deloitte.

Le cours d’informatique de Prasat ThanongLors de son passage à la Prasat Thanong School, Rony Wuytjens a constaté que seuls 6 ordinateurs sur 18 étaient en état de fonctionnement et qu’ils étaient par ailleurs tous dotés de systèmes d’exploi-tation différents. Pas de trace du moindre réseau, ni même d’une imprimante.

La première initiative de Deloitte, en collaboration avec l’organisation inter-nationale Close the Gap (qui récolte des ordinateurs dans les pays développés, les reconditionne et les offre à des collectivi-tés dans des pays en développement), a donc été d’équiper l’école de 24 ordina-teurs exploités sous le même système, connectés en réseau et reliés à une im-primante multifonction. Une connexion à Internet a même été établie via satellite. «Notre but est de combler le fossé numé-rique», martèle Rony Wuytjens. «Jadis, l’analphabétisme était le principal fléau mais, aujourd’hui, il est devenu essentiel de lutter contre ce qu’on pourrait appeler l’illettrisme informatique.

En ce 21e siècle, il est essentiel non seu-lement de maîtriser les logiciels les plus courants, mais aussi de savoir comment

consulter toutes les infos disponibles via Internet.» Des programmes d’e-apprentis-sage ont été installés sur les ordinateurs destinés à Isaan, ce qui permet aux élèves de la Prasat Thanong School d’apprendre et de progresser désormais à leur propre rythme. Grâce à cette initiative, il sera possible d’éviter à terme que les élèves arrêtent systématiquement leurs études après le 9e degré.

«En août 2007, j’ai accompagné un spécialiste informatique de Deloitte en Thaïlande afin d’installer les ordinateurs, de renforcer l’alimentation électrique et de former les professeurs. Depuis lors, les ordinateurs sont utilisés à longueur de journée», se réjouit Rony Wuytjens.

La salle polyvalente Deloitte

C’est en janvier 2008 qu’a été inaugurée la salle polyvalente de l’école, dont la construction a été financée à hauteur de 5 millions de bahts par Deloitte. Cette salle ne fait pas seulement office de réfectoire et de salle de sport, mais elle accueille aussi des activités sociales et culturelles, ainsi que des cours pour adultes. Un stage d’anglais y a récem-ment été suivi par 150 élèves. Dans l’apprentissage de l’anglais, l’accent est mis sur l’amélioration de la capacité de communication des élèves, qui est essentielle pour leur avenir.

L’objectif: pérenniser

Dans l’intervalle, Rony Wuytjens a consti-tué le Fonds Isaan, dont la finalité est de pérenniser surtout à titre privé les initiati-ves lancées en tant que partner chez De-loitte. En septembre, un second lot d’une soixantaine d’ordinateurs sera offert à la région d’Isaan et, après les indispensa-bles adaptations, ces PC seront installés dans deux autres écoles. Le Fonds octroie par ailleurs des bourses d’études à des élèves démunis, mais particulièrement brillants. Par le biais de ces bourses, d’un montant moyen de 250 euros par an et par enfant, le Fonds espère augmenter à terme le nombre d’élèves accédant à l’enseignement supérieur. Dernière initia-tive, des volontaires sont recrutés, notam-ment au sein de Deloitte, pour enseigner l’anglais aux jeunes Thaïlandais. Cette initiative est parfaitement structurée. «Un spécialiste de l’apprentissage des langues finalise actuellement un manuel truffé de conseils pour ces professeurs bénévoles. Le but est de dispenser aux élèves un enseignement de haute qua-lité. Voilà pourquoi nos démarches sont soigneusement coordonnées.»

Comme le souligne Rony Wuytjens, la voie est désormais tracée. D’autres projets pourront dorénavant voir le jour et offrir à toute la population d’Isaan de meilleures perspectives d’avenir!

L’espoir renaît pour les jardins (historiques)!

À Isaan (Thaïlande), le fossé numérique se comble

Le formulaire de candidature peut être téléchargé depuis le site de la Fondation Roi Baudouin (www.kbs-frb.be).

Page 10: Journal de la Philanthropie

Face a presque dix ans aujourd’hui, et à l’investissement personnel de Flavia et des bénévoles qui portent l’enthou-siasme du projet, sont venues s’ajouter des contributions, petites et grandes, de personnes, d’entreprises. «C’est formidable de voir l’élan que le projet a suscité. La récolte de fonds est un investissement très lourd en temps, et nous sommes toujours «coincés» entre la disponibilité à avoir sur place, et la nécessité de gérer les contacts ici, pour financer les projets.»

Mais Flavia se dit aussi fortement soutenue par la solidarité des parti-culiers et des entreprises qui l’aident aujourd’hui: «On sent que des personnes se pri-vent pour aider à améliorer la vie là-bas, et on reçoit des dons de tous les milieux sociaux. Les entreprises aussi se sentent fières d’apporter leur contribution. Il y a une conscience croissante en Belgique que l’on peut

aider très concrètement des projets qui assurent un développement ici et à l’étranger. Le Belge devient de plus en plus philanthrope.»

BMW, Panini, et bien d’autres, plus modestes, ont aidé à bâtir aujourd’hui un orphelinat pour les bébés et à fi-nancer la formation et le travail des puéricultrices. Il y a également un centre en finalisation pour accueillir les enfants des rues et les suivre sur le plan sanitaire et éducatif. Et enfin, un rêve qui prend forme, celui d’un centre dédié aux mères et aux enfants dans le plus grand bidon-ville du Caire, où seront construits et gérés un centre médical, une crèche, une école et un centre de formation sanitaire pour les mamans.

«Les dons vont directement à ces ob-jectifs, précise Flavia, et nos frais de fonctionnement et de déplacements restent payés par nos fonds personnels.

Mais je suis fière aujourd’hui de voir que l’amélioration de la vie de ces enfants est une réalité et qu’elle est soutenue par des instances locales comme le Centre National Egyptien pour l’Enfance.

Les conditions indispensables à la réussite d’un projet sont le soutien local, la compétence et la vision d’un changement positif à long terme».

La réussite, c’est aussi le résultat d’une devise qui chez Face est par-tagée et diffusée par toute l’équipe et qui tient en trois mots: Amour, Compassion, Justice!

Face soulève des montagnes de dons de soi!C’est l’histoire d’une confrontation entre une jeune mère de famille et la misère d’une ville, et d’une indignation de trop devant le malheur de l’enfance. C’est comme ça que Flavia Shaw-Jackson a créé Face, pour l’enfance abandonnée du Caire.

Le mécénat est un des seuls actes libres de l’entreprise!S’il importe ne pas confondre mécénat et philanthropie, Amélie d’Oultremont, General Manager de Fortis Foundation Belgium avoue que la frontière est parfois floue, entre l’élan personnel qui conduit à s’impliquer dans une action sociétale ou culturelle, et le choix réfléchi d’une entreprise.

Certes, l’action de l’entreprise peut aus-si être composée de nombreux élans personnels, qui portent un projet, en le finançant ou en y participant à titre individuel.Plusieurs collaborateurs du groupe de bancassurance s’investissent d’ailleurs personnellement dans des actions sou-tenues par la Fondation. «Cela devient même une des motivations exprimées par les candidats que nous recrutons.»

Mais, la responsable de Fortis Founda-tion tient aussi à préciser ce qui, aux yeux des décideurs des entreprises, définit réellement leur projet d’engagement sociétal.«Je vois différentes conditions qui défi-nissent le mécénat, par rapport à l’acte philanthropique», explique Amélie d’Oul-tremont. «Premièrement, il s’agit d’un choix libre de l’entreprise. Secundo, c’est un acte indépendant des activités commerciales de l’entreprise. Enfin: il s’agit d’un enga-gement réfléchi sur le long terme, et pas d’une impulsion émotionnelle.

Le mécénat crée une réelle valeur ajou-tée dans la relation avec le monde as-

sociatif, il est porté par ‘une expression de l’âme’».Le choix d’une Fondation pour aider et contribuer à un mieux-être social, y compris en y impliquant les membres de l’entreprise, est d’abord une expres-sion de la culture de l’entreprise. «Dans notre cas, et forts de notre stratégie axée sur la proximité, nous avons voulu être cohérents dans nos choix. L’axe social est certainement déterminé par l’historique de Fortis, hérité de la CGER. Donc nous soutenons des associations strictement locales, maisons d’accueil pour les personnes âgées ou l’enfance, centres d’animation, d’intégration. Mais nous créons aussi des interven-tions de «bon voisinage» culturel avec notre quartier fortement dominé par les musées et les salles de concerts (via des restaurations, des soutiens à des exposi-tions). Nous voulons seulement pouvoir y faire accéder aussi des publics qui y sont généralement peu présents.»

La Fondation tente également d’influen-cer le monde politique belge pour qu’il reconnaisse enfin plus clairement le rôle des entreprises dans l’amélioration des situations culturelles, sociales ou huma-

nitaires, et les aide par un cadre légal et fiscal qui stimulerait davantage les entreprises à s’investir dans ce champ solidaire et valorisant. «L’instauration de la loi sur le régime du mécénat en France a fait exploser les budgets de celui-ci. En 2003, les financements d’actions socia-les et culturelles représentaient 430 mil-lions d’euros. En 2008, les fonds investis dans le mécénat représentent quelque 2,5 milliards d’euros. Et 75% des dona-teurs sont des PME. Et plus encore que l’argent, il y a la vision stratégique et l’objectif d’amélioration des situations que le mécénat peut stimuler.»

Un signe d’espoir, le mécénat fait partie des objectifs de la déclaration gouver-nementale, et pour prouver la réalité des intentions des entreprises d’inves-tir un champ de générosité à côté de leurs objectifs économiques, Amélie d’Oultremont a également créé le site www.mecenatdentreprise.be où l’on pourra constater que les initiatives et projets ne manquent pas dans le chef des entrepreneurs petits et grands, et que le pas politique sera certainement bienvenu pour renforcer et confirmer les intentions des entreprises.

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Page 11: Journal de la Philanthropie

Aider le jeune talent à concrétiserson «Little Dream»!Après une carrière glorieuse au sein de Genesis, puis en solo, Phil Collins a réalisé avec Orianne Collins le vœu de concrétiser le rêve de réussite de jeunes talents issus de l’univers de la musique et des arts, mais aussi des sports. La Little Dreams Foundation a été créée en 2000.

La mission de la Fondation est claire: aider des jeunes talents, handicapés ou non. Le programme «No Difference», porte à cet égard une attention spécifi-que aux jeunes souffrant d’un handicap mais dont la détermination à porter leur talent au plus haut niveau, force l’admiration et le respect.

«Il y a tant de talents potentiels qui ne peuvent percer par manque de moyens, explique Stéphanie de Broux, respon-sable communication de la Fondation en Belgique, et c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de personnes avec un

handicap. La Fondation vise donc d’abord à soutenir autant les qualités personnelles et le potentiel que la mo-tivation des jeunes, et ce dans toutes les disciplines artistiques et sportives, ou presque.»

Aujourd’hui la Fondation, dont le siège est en Suisse, a également des antennes en France et en Belgique (depuis mars 2008, où les donations sont gérées par la Fondation Roi Baudouin à travers le réseau Transnational Giving Europe). Elle soutient les projets de carrière de quel-que 90 jeunes espoirs de la musique, de la danse, du spectacle, de la littérature mais aussi dans les sports équestres, le tennis, le domaine de l’exploit, les sports sur roue ou de montagne.

«Chaque jeune peut nous envoyer un dossier étayé sur son objectif et ce qu’il a déjà accompli. Un comité d’experts

examine son dossier, ses expériences et performances et décide d’attribuer un soutien financier qui va actuellement de 4.000 à 45.000 euros par an, pour aider le talent à se confirmer et à se lancer dans sa carrière. Nous soutenons ainsi Nicolas Peifer un jeune tennisman en fauteuil roulant qui est déjà un champion et qui a pu participer aux Paralympiques à Pékin».

Aujourd’hui la Fondation Little Dreams gère un budget annuel de 600.000 euros dont près de 35% soutiennent le programme «No Difference». Et tous les donateurs qui croient en cet idéal de soutien au talent sont évidemment les bienvenus.

De la recherche scientifiqueà valeur humanitaire

Les Bonobos du Congo se trouvaient menacés, au point de frôler l’extinc-tion, alors que leur utilité à l’équilibre écologique et leur valeur en matière de recherche avaient été démontrées. Une idée insupportable aux yeux de celui qui avait décidé de consacrer sa vie à la science. Jef Dupain s’est donc juré d’as-surer leur protection. L’aide des villageois voisins, surtout en période de conflit, s’est vite avérée nécessaire. Revenu en Belgique en 2000, pour des raisons de sécurité, Jef Dupain ne les a pas laissés tomber : il a créé l’association Ape Assistance en collaboration avec le zoo d’Anvers. L’argent récolté était destiné aux primates, mais par le biais d’un programme de développement et

d’enseignement de la population locale. S’ils trouvaient des rentrées financières ailleurs, les habitants pouvaient com-mencer à se soucier de la protection de leur environnement. Ape assistance soutient désormais plusieurs initiatives qui combinent développement et pro-tection de la faune. Dernier exemple en date : le projet « Récolte de miel » au Cameroun, grâce auquel des villageois ont acquis du bois pour fabriquer des ruches et produire du miel destiné au commerce. La première récolte de miel a eu lieu cet été 2008.

Au départ, comme souvent, il y a la prise de conscien-ce d’un homme. En l’occurrence, Serge De Schryver, administrateur délégué de la régie Scripta et passion-né par son travail. Lors d’une escapade touristique, il découvre le quotidien de la population sénégalaise. L’envie d’aider le gagne, irrésistiblement. De retour en Belgique, il prône une logique simple: le monde de la communication est caractérisé par beaucoup de passion, beaucoup d’imagination, beaucoup de rencontres et beaucoup d’argent. Dakar qui lutte pour grandir, à l’ombre des baobabs, est fait de petits ateliers de quartier, d’écoles sans moyens, de femmes soudées pour s’en sortir, d’enfants qui bricolent et recyclent tout ce qu’ils trouvent.

La rencontre des deux mondes lui semble évidente. L’année suivante, en lieu et place du traditionnel voyage commercial du secteur, il emmène ses colla-borateurs et prospects au Sénégal, mais avec l’ONG Frères des Hommes. Pari gagné: l’émotion est à son comble, l’envie d’agir aussi. L’asbl Baobab, fondée

en Belgique dans la foulée, est née, en 2003, de cet enthousiasme-là.

Aujourd’hui, avec l’appui d’une centaine de membres, Baobab soutient des projets de Frères des Hommes, de Broederlijk Delen et de l’association sénégalaise Enda Graf. Elle s’occupe de favoriser les micro-crédits, de mener des campagnes d’instruction, de mettre sur pied des ateliers de couture, entre autres, et, surtout, de faire connaître ce Dakar-là aux visiteurs étrangers. Un budget de plus de 40.000 euros a été consacré à l’ensemble de ces actions en 2007-2008.

Une manne salutaire tombée des hautes sphères de la communication.

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Quand le primatologue belge Jef Dupain a décidé, en 1994, d’agir en faveur des grands singes d’Afrique, il écoutait, à l’origine, son âme de scientifique.

Le Baobab de ScriptaDe la graine au fruit.

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Fondation Little Dreams Belgique rue E. Van Ophem, 40C, 1180 Bruxelles. www.ldf.cc. [email protected]

www.ape-assistance.org

BAOBAB asbl Green Land B01 Avenue Etienne Demunter 1 1090 Bruxelles, tél.: 02/475 37 81, courriel: [email protected] ,

www.boababblog.org.

Page 12: Journal de la Philanthropie

Chez Music Fund, tout a commencé, sans surprise, par la passion de la musique. Le groupe belge de musique contemporaine, Ictus, comme tous ses homologues du monde entier, s’en nourrit au quo-tidien. C’est dans cet esprit que ses membres fréquentent ponctuellement, depuis 2002, des écoles de musi-que dans des régions défavorisées ou en conflit, en particulier en Palestine, pour donner un coup de main aux enseignants sur place ou, plus joliment dit, pour «donner à la musique une chance». Lors de ces esca-pades, ils ont pris conscience du manque de moyens de ces écoles. L’idée de collecte d’instruments leur est venue naturellement. En 2005, Ictus fonde donc l’association Music Fund et la dote d’une mission alors inédite: acheminer vers les régions du monde en crise des instruments de musique de bonne qualité et, au besoin, des professionnels capables d’en enseigner l’usage et les méthodes de restauration.

Grâce à une collaboration avec Oxfam et l’ajout de sponsors, notamment pour le transport international, la première collecte d’instruments a pu avoir lieu en 2005 et l’association a directement pu compter sur des conseils professionnels.Depuis lors, l’action de distribution s’est répétée à maintes occasions, notamment par l’intermédiaire

d’organisateurs de spectacles.

En trois ans, plus de mille instruments ont été col-lectés, mais aussi restaurés, accordés et acheminés, tout d’abord vers la Palestine et Israël, puis également vers le Mozambique, en République Démocratique du Congo, en Afrique du Sud ou au Brésil.

Les collectes se déroulent maintenant également en France et en Allemagne. Dans tous les cas, Music Fund n’offre pas seulement des instruments de mu-sique mais aussi, par le biais d’ateliers sur place, le savoir-faire qui permet de les accorder, de les réparer et de les entretenir ainsi qu’une formation continue pour les professeurs de musique locaux.

Elles ont chacune choisi leur cause et s’y tiennent. Les deux grandes chaines francophones mènent leur combat avec conviction et persévérance et ce, à chaque nouvelle saison.

Le Télévie ou l’action pour la vie

Depuis 20 ans déjà, ils sont des milliers sur le terrain à se battre pour soutenir le Télévie. Les manifestations locales qu’elles soient sportives, culturelles ou folkloriques apportent chacune leur pierre à l’édifice. Chacun, selon son cœur ou ses moyens, a l’occasion de faire quelque chose dans ce combat contre le cancer et la leucémie de l’enfant en particulier. Les actions des bénévoles sur le terrain jointes au travail des équipes des différentes antennes de la famille RTL permettent à chaque fois de réunir des sommes considérables. Des dons, entièrement reversés à la recherche (F.R.S., le Fonds de la Recherche Scientifique). Du côté scientifique, on sait justement combien le travail des chercheurs peut parfois paraître opaque aux yeux du grand public. La télévision et le Té-lévie en particulier ont permis de rapprocher ces deux mondes et de mieux faire comprendre l’action et les travaux de la recherche. Faire un don, acheter ou vendre des produits du Télévie, organiser ou participer à une action Télévie… sont les grands moyens de participation accessibles à tout un chacun. Et à chaque fois, la chaîne privée est là pour rendre hommage à ces bénévoles, raconter ces aventures humaines, relayer ces formidables exemples de solidarité et de générosité. Cette année encore 8.117.840 euros ont été récoltés. Un record absolu!

Cap 48 garde le cap depuis un demi siècleIl y a 50 ans, l’opération 48.81.00 ve-nait en aide aux plus démunis. Pro-gressivement, avec le temps, l’asbl lance des actions au profit des per-sonnes handicapées et des jeunes en difficulté d’insertion. Et puis en 2003, c’est l’avènement: l’opération 48.81.00 devient Cap 48. La RTBF offre alors son formidable pouvoir médiatique à l’opération. Cap 48 voit sa notoriété

croître d’année en année et avec elle bien sûr, les dons. Le succès de l’opé-ration est bien réel et reste le fruit d’une collaboration chaque année plus forte entre la RTBF, les bénévoles, les entreprises, les pouvoirs publics et le grand public. A travers ses nombreux programmes, la RTBF soutient Cap 48 et continue d’améliorer la perception du handicap auprès de ses téléspec-tateurs. Cap 48, sans se substituer au financement public, permet d’apporter une aide complémentaire à l’évolu-tion des mentalités et des besoins en matière de handicap. Depuis sa créa-tion, Cap 48 a déjà récolté près de 50 millions d’euros, qui ont permis de financer 2.237 projets!

De nos jours, les télévisions informent, divertissent mais prouvent aussi leur efficacité à travers le rôle social qu’el-les ont décidé de remplir. Rien ne les y obligeaient au départ et pourtant leurs équipes se sont retroussé les manches.

Le petit écran est doté d’un grand pou-voir: informer le plus grand nombre, et au-delà de cette évidence engendrer la générosité pour que le monde de demain soit un peu meilleur.

Derrière leur écran de télé, des anonymes par milliers…Ils sont des milliers à croire en cette cause défendue à la télévision. Et ce sont eux, sur le terrain, qui construi-sent l’immense édifice de la solidarité, de la générosité…de l’amour.

Josiane, 50 ans, Mouscron, TélévieLa leucémie est une horrible maladie pouvant s’abattre sur chacun d’en-tre nous. C’est vrai que l’on en parle beaucoup à la télévision chaque an-née et parfois on se dit «pourquoi se mobiliser pour telle maladie plutôt qu’une autre?» et bien moi je vous dis

qu’il faut bien commencer par quel-que chose… Alors quand je vois ces bonbons vendus au profit du Télévie chaque année dans mon supermarché, je n’hésite pas une seconde. Merci au Télévie et merci à la chaîne qui soutient cette action de nous rappeler qu’il faut aider la recherche. C’est notre seul espoir d’éradiquer ce fléau qui nous vole nos enfants.

Denis, 21 ans, Liège, Cap 48

Mon petit frère est handicapé. Pas facile d’accepter un tel état de fait et pas facile surtout de voir le regard des autres posé sur lui. C’est bizarre, mais chaque année, lorsqu’on reparle de Cap 48, c’est comme si une trêve commençait pour mon frangin. Ma famille et mes amis proches, on par-ticipe chaque année à cette grande action. Mon rêve? C’est un peu uto-pique mais ce serait que l’on parle de Cap 48 à longueur d’année. Les

mentalités doivent évoluer mais à long terme. Heureusement que des actions comme celle-là participent à cette évolution.

Jean-Pierre, 36 ans, Bruxel-les, TélévieLa vie est déjà dure pour tout le mon-de, elle l’est encore plus pour certains d’entre nous. Le Télévie me rappelle chaque année combien il est important d’aider ceux qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé.

Dans ma commune, on planche à chaque fois sur de nouveaux projets, de nouvelles activités qui pourraient nous aider à récolter des fonds pour cette grande action. Et heureusement que celle-ci est relayée par les médias, sinon il serait impossible de voir une telle mobilisation du grand public!

Quand télé rime avec générosité

Plusieurs entreprises, aussi bien transnationa-les que locales ont décidé d’investir une part de leurs bénéfices dans des actions pour le mieux-être du monde. Leur intention est certes de montrer qu’elles se préoccupent de leur en-vironnement social ou culturel, mais aussi que la réussite et les résultats sont des concepts qui n’existent pas sans une contribution à l’amélioration des situations qui les entourent.

L’économie est pour ces entreprises un levier nécessaire de développement, de progrès.

Le soutien qu’elles apportent à l’éducation, à l’insertion, au progrès sanitaire ou à la culture leur rend en échange le sentiment fier d’être profondément ancrées dans les sociétés où elles s’épanouissent, et de pouvoir en inspirer beaucoup d’autres…

Les histoires et initiatives reprises dans ces pages ne sont à nouveau que quelques exem-ples parmi des centaines d’autres mais déjà, ils témoignent tous de la diversité de l’enga-gement de certaines de nos entreprises. Ils illustrent également que la volonté de certains et une approche stratégique du mécénat au sein d’une entreprise mènent souvent à des résultats probants pour l’intérêt général.

Les chaînes de télévision du paysage audiovisuel belge représentent un autre acteur important de la philanthropie en Belgique. RTL-TVI, RTBF, VRT et VTM font appel à la formidable générosité du public à travers leurs actions Télévie, Cap 48, Kom op tegen Kanker et Levenslijn. Un formidable élan populaire servi par le pouvoir extraordinaire de la télévision.

Laisser une chance à la musique

L’engagement des entreprises

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une Fondation pour canaliser mille initiatives!La Fondation Accor vient d’être créée en 2008. Mais les engagements du groupe présent dans 100 pays, sur les segments hôteliers et services ont large-ment précédé cette structuration de son action sociétale, souvent développée dans ses filiales.

Les valeurs du groupe Accor sont émi-nemment portées par ses collaborateurs et se développent dans deux axes d’en-gagement: l’humain et le durable. «C’est très cohérent avec nos métiers», explique Christophe Vanswieten, Managing Di-rector Benelux de Accor Hospitality. «Le futur de la planète nous préoccupe tant au niveau de la protection de la santé et de la promotion de l’éducation, que de la préservation de l’environnement et de ses ressources. Dans les deux cas, nous sommes tournés vers l’avenir, et nous menons des actions en faveur de l’enfance et de la jeunesse (un grand investissement dans la lutte contre le Sida, notamment) et pour l’améliora-tion les conditions environnementales de nos hôtels (économies d’énergie, consommation de l’eau).»

Du côté du développement durable, un «Earth Guest Day» est organisé chaque année au sein de l’ensemble groupe et réunit toutes les initiatives proposées par les collaborateurs pour objectiver

la consommation d’énergie, réduire l’effet de serre et protéger la nature. Les meilleurs projets sont choisis et mis en place au niveau mondial. «Les collaborateurs se sentent investis et impliqués dans notre lutte globale pour la protection de la planète.» Sur le plan humain, le groupe Accor s’est entre autres investi aux côtés de Plan Interna-

tional pour la création d’infrastructures sanitaires et éducatives dans différents pays en voie de développement. «Dans cet esprit, Accor Hospitality Belux, a choisi un projet de l’ONG Plan Belgique au Cambodge, à savoir la construction d’une école primaire dans la province de Siem Reap (qui abrite le site de Angkor Wat). Depuis deux ans, nous finançons l’infrastructure scolaire.

Cette année, cette infrastructure sera enrichie d’une école secondaire mais aussi d’un puits, puisque l’accès à l’eau est déterminant tant pour ces enfants que pour leurs parents, essentiellement issus du milieu rural.»

Le financement du projet s’est fait de manière originale, en prélevant un euro sur le prix des locations individuelles de chambre réser-vée par internet dans les hôtels participants du groupe au Belux pendant quatre mois. Cette ac-tion a bénéficié de l’appui en-thousiaste des collaborateurs qui l’ont promue auprès des clients. Aujourd’hui, le souci de Accor Hospitality est de pérenniser le projet.

«A cette fin, précise Christophe Vanswieten, nous demandons un reporting régulier à Plan Belgique sur l’évolution de l’école ainsi que sur la répartition des fonds que nous leur avons alloués. De son côté, la Fondation Accor est régulièrement informée de ce que nous réalisons et peut prendre le relais au niveau du suivi du projet. Notre objectif est de sou-tenir du développement à long terme, de l’éducation, et d’amé-liorer sensiblement le niveau de vie mais aussi les compétences des gens, dans une région où le potentiel touristique reste encore très important.» Dans les métiers de l’accueil, c’est effectivement très cohérent.

«Notre combat n’est pas charitable!»La célèbre marque de jeans pourrait parodier la célèbre phrase de Picasso: «là où je vois du gris, je mets du bleu.» mais elle voit son implication so-ciétale comme un rôle citoyen, où le bénéfice pour la communauté doit accompagner le succès de l’entreprise.

Historiquement, la marque, très influencée par son environnement d’origine, les migrants européens à la conquête de l’Ouest américain, s’est toujours sentie proche d’une population en proie aux problèmes d’intégration sociale. Et la famille du fondateur, toujours à la tête de l’en-treprise, a «naturellement» perpétué cette approche. Si l’image du jeans a évolué pour épouser davantage un esprit rock’n roll, jeune et libertaire, les objectifs sociétaux de la marque ont également suivi la tendance. L’un des investissements les plus marquants de Levi’s à cet égard aura certaine-ment été sa position à la pointe du combat contre le Sida et, par exten-sion, contre les intolérances et les discriminations.

«C’est réellement une expression de la culture d’entreprise, souligne Régis Mulot, Vice President HR Eu-rope Community & Corporate Citi-zenship. Une sensibilisation initiée au départ par les collaborateurs de Levi’s à San Francisco en 1983, alors que la ville était fortement touchée par l’épidémie, débouche sur un en-gagement global du groupe à soutenir des actions de sensibilisation et des associations d’aide aux victimes de la maladie, partout où nous sommes présents.» Aujourd’hui, le soutien aux associations locales et internationales de lutte contre le Sida représente un des plus gros investissements sociétaux de Levi’s.

«Notre objectif vise, au-delà du don ou

du geste de «charity», à faire bouger les choses. Nous avons une attitude volontariste et voulons être un acteur social. C’est très cohérent avec notre démarche commerciale, et surtout le public de nos consommateurs. Donner des chèques, c’est une chose, mais cela reste assez passif. Nous, nous cherchons à nous impliquer avec notre énergie, nos ressources, nos compéten-ces, auprès des causes qui nous sem-blent importantes, pour améliorer le monde. Notre expertise en marketing, par exemple, sert aussi les associa-tions que nous aidons à trouver plus de moyens, de nouvelles sources de financement pour leurs projets.»Illustration très concrète de cet état d’esprit, le choix des terrains d’action de Levi’s, tous situés dans le domaine du développement, de l’accès à un mieux-être, et de l’autonomie des populations. Trois thèmes majeurs ont été définis et choisis par l’entre-prise, autant parce qu’ils constituent un défi social que parce qu’ils peuvent pratiquement impliquer l’ensemble des collaborateurs, sur le plan local ou international.

Premier thème: «une action qui im-plique nos collaborateurs ou stimulée par eux. L’engagement dans la lutte contre le Sida en est une illustration. Elle se concrétise aujourd’hui dans le financement d’actions de sensibili-sation auprès des jeunes des pays de l’ex-Union Soviétique.»Deuxième thème: le droit au travail. «Cela peut paraître surprenant de la part d’une entreprise de soutenir des

groupes qu’on peut parfois qualifier d’activistes, ou des syndicats, recon-naît Régis Mulot. Néanmoins, beau-coup de pays émergents sont encore embryonnaires dans leur conception des conditions de travail. Or, à nos yeux, il s’agit d’un droit humain fonda-mental, et nous investissons beaucoup dans la sensibilisation à l’amélioration des conditions de travail en soutenant des ONG présentes sur le terrain, des groupes syndicaux, en informant sur les droits des travailleurs, le temps de travail, les conditions d’hygiène et de sécurité, la formation. Parfois, nous sommes même les intermédiai-res entre les groupes de pression et les patrons d’entreprises locales, par exemple en Chine!»

La troisième thématique d’inter-vention sociétale est liée au public consommateur de la marque, même s’il ne s’agit pas pour Levi’s de tirer un profit commercial de ses actions de soutien. «Notre public, ce sont les jeunes. Dans cet esprit, et de fa-çon globale, nous voulons penser à ce qu’est le challenge de la jeunesse d’aujourd’hui, à savoir son accès à un mieux-être, à son intégration dans la société.» Levi’s lie cette intégration à l’accès à la propriété, à la mobilité, à l’autonomie économique. «C’est évidemment très vaste, expli-que Régis Mulot. Nous soutenons des organismes de micro-crédit et des micro-entreprises, surtout dans les banlieues d’Europe occidentale à forte population immigrée, ou en Afrique, mais aussi la formation, l’in-

sertion professionnelle, l’accès à la propriété…»

Ce programme ambitieux, historique, ancré dans la philosophie d’entreprise, logique avec son développement et sa dimension de marque internatio-nale, est financé par la Fondation Levi’s qui associe les propriétaires de la marque, d’autres donateurs, et par des récoltes de fonds auprès des collaborateurs, pour ce qui touche à des projets locaux.

«Chacun peut venir avec une pro-position, une idée. Nombre de nos initiatives ont d’ailleurs débuté par l’intervention d’un employé de Le-vi’s, à titre privé, et c’est ce qui en fait la richesse et la dynamique. Tout ce que l’on souhaite, c’est que notre action ait un impact, même si c’est parfois difficile à mesurer. Mais nous ne voulons pas que nos actions soient motivées par le seul esprit charitable, nous sommes là pour construire le monde!»

Agir en cohérence avec son projet d’entreprise Depuis 38 ans, Panini Belgique distille ses célèbres petites vignet-tes aux collectionneurs en herbe de héros de dessins animés ou de vedettes du sport. «Notre objectif d’entreprise est de rendre les en-fants heureux grâce au jeu» affirme son administrateur délégué Thierry de Latre du Bosqueau, successeur de son père dans cette entreprise axée sur le ludique. Une philosophie qui, par le biais d’une rencontre avec l’association Face for Children in Need, va élargir la dimension business à une implication huma-niste.

L’association a été créée en 1998 par une jeune femme, Flavia Shawn-Jack-son, qui avait été confrontée à la misère des enfants des rues du Caire (voir par ailleurs). Pour récolter des fonds et fi-nancer le développement de structures d’accueils pour les nombreux enfants abandonnés de la ville, Face a eu l’idée de réaliser un événement sportif et fit ap-pel à Thierry de Latre du Bosqueau pour bénéficier de ses contacts avec le monde du football belge. Mais, séduit par les buts et l’engagement de Face, l’Adminis-trateur Délégué de Panini a voulu aller plus loin encore. Il s’est engagé pour une dotation à l’association sur son chiffre de

vente, et à une mobilisation de sa pro-pre équipe, pour donner à l’événement sportif une dimension internationale. La dernière édition en 2007 a réuni, dans le cadre d’un match amical, des ancien-nes stars de la Squadra Azzura et des Diables Rouges et quelques tennismen de notre classement ATP sur la pelouse du stade de Tubize, devant quelque 2.000 spectateurs. La récolte de fonds ainsi glanée permet aujourd’hui à Face de financer un nouveau centre d’héber-gement pour les enfants accueillis par l’association.

Auparavant, Panini avait déjà soutenu activement Child Focus, l’association Make-a-Wish, ainsi que l’Hôpital des Enfants. Une nouvelle édition tout aussi prestigieuse d’un match amical de haut niveau devrait être rééditée fin de cette année.«Je ne me considère pas comme un philanthrope, dit Thierry de Latre du Bosqueau, mais comme un homme qui, grâce à la bonne santé de son en-treprise, peut assurer un équilibre entre sa rentabilité et son implication solidaire pour l’amélioration du monde. Nous produisons de la joie pour les en-fants d’ici, produisons aussi du bien-être pour les enfants d’ailleurs.»

«Les collaborateurs se sentent investis et impliqués

dans notre lutte globale pour la protection de la

planète.»

Page 14: Journal de la Philanthropie

Faciliter la philanthropie en Europe La philanthropie transfrontalière n’est pas encore libre en Europe. Des contraintes fiscales et juridiques importantes découragent trop souvent le donateur qui souhaite soutenir un projet ou une association/fondation située dans un autre pays européen. L’action de la Commission européenne et certains outils existants, améliorent sensiblement cette situation.

La philanthropie transfrontalière de-vient de plus en plus une réalité en Europe. La population européenne est plus mobile et l’on assiste à une dispersion croissante du patrimoine individuel. Les enjeux sociaux, cultu-rels, environnementaux et humains débordent souvent les frontières natio-nales et la multiplication des échanges

internationaux, par la communication et la mobilité, élargit l’espace dispo-nible à la générosité. Résultat, les donateurs s’intéressent de plus en plus aux causes dépassant les frontières nationales et un nombre croissant de citoyens européens désire effectuer des dons, des donations ou des legs transfrontaliers pour soutenir des causes internationales et des projets à l’étranger

Dans ce contexte, lorsqu’un donateur (personne privée ou entreprise) veut soutenir une association/fondation étrangère avec des biens situés dans son pays ou un bénéficiaire national avec des biens situés dans un autre pays de l’Union européenne, il est confronté à une série d’obstacles na-tionaux. La plupart des Etats membres ne lui attribueront pas de déductibilité fiscale et son don ou legs ne béné-ficiera pas de droits de donation ou de succession réduits, généralement accordés exclusivement à des insti-

tutions nationales. Au contraire, il sera souvent taxé au plus haut taux applicable. De quoi empêcher le don.

Une situation discriminatoire et contraire au traité CE

Pourtant, cette s i tuation est contraire aux libertés fondamentales reprises dans le Traité instituant la Communauté européenne. Les dispositions nationales qui vont à l’encontre d’un traitement équivalent de la philanthropie nationale et transfrontalière enfreignent la liberté d’établissement, de discrimination et la libre circulation du capital. La Commission, confortée par l’arrêt de la Cour européenne de Justice dans l’affaire Centro di Musicologia Walter Stauffer, a d’ailleurs déjà demandé à plusieurs Etats membres (Belgique, Irlande, Pologne et Royaume-Uni) de mettre fin à cette discrimination. D’autres Etats ont pris d’eux-mêmes l’initiative de se conformer au Traité (Pays-Bas, Slovénie, Finlande). Idéalement, cette situation devrait s’étendre à tous les Etats membres.

A ce propos, soulignons que dans le cadre d’une série d’initiatives des-tinées à promouvoir une meilleure coordination des systèmes nationaux de fiscalité directe dans l’Union, un sous-groupe technique a été créé pour s’atteler à la problématique de la dé-ductibilité fiscale des dons transfronta-liers. Une solution coordonnée serait évidemment une avancée majeure et reste préférable à une succession de solutions individuelles.

En attendant les effets concrets espé-

rés par ces initiatives européennes, il est important de souligner que même si elle est parfois difficile et compli-quée, la philanthropie transfronta-lière en Europe est néanmoins déjà possible aujourd’hui. Pour certaines situations et selon les pays concernés, des solutions pourront être trouvées grâce à des règles nationales avan-tageuses (exemptions, taux réduits, allègements unilatéraux,…) ou par des accords bilatéraux (réciprocité, conventions bilatérales de double imposition,…).

A cet égard, simuler son intention philanthropique transfrontalière sur le site www.givingineurope.org per-met à un donateur, un conseiller professionnel ou un collecteur de fonds d’accéder directement à des solutions au cas auquel il est confronté, quel que soit le lieu de résidence du donateur et du bénéficiaire et quelle que soit la provenance des actifs. Dans d’autres cas, une solution optimale pourra être trouvée en faisant appel soit à des acteurs privés (en trouvant une fondation/ association dans son pays pouvant établir des liens avec le béné-ficiaire souhaité ou en créant sa propre fondation) soit en utilisant le réseau Transnational Giving Europe.

Transnational Giving Europe : une solution efficace dans l’attente d’une modernisation législative

Transnational Giving Europe (TGE) est aujourd’hui la seule formule en Europe qui permette de bénéficier d’une déduction fiscale dans son pays de résidence quand on veut soutenir un projet à l’étranger. Le fonction-

nement est très simple et identique quels que soient les pays concernés. Par exemple, lorsqu’un donateur, particulier ou entreprise, résidant dans un pays A désire faire un don à une association dans un pays B, il contacte le partenaire TGE du pays A. Celui-ci demande au partenaire du pays B de procéder à l’expertise du bénéficiaire. Si cette expertise est positive, le donateur est autorisé à verser son don au partenaire TGE de son pays, qui envoie au donateur une attestation fiscale permettant la déduc-tibilité du don et qui reverse ce don au profit du bénéficiaire sélectionné par le donateur.

Le grand avantage de TGE est de permettre aux bénéficiaires ayant des donateurs à l’étranger de ne pas devoir créer des antennes dans différents pays, ce qui n’est d’ailleurs pas tou-jours rationnel selon les montants des dons à recevoir. TGE permet d’ouvrir les frontières de la récolte de fonds.

Pensons ici notamment aux universités et aux musées ayant de nombreux contacts à l’étranger. Pensons égale-ment aux projets de recherche inter-nationaux et aux causes qui dépassent les frontières. TGE leur fournit une solution simple, en attendant une solution à l’initiative des Etats et de la Commission. Et l’augmentation exponentielle des dons utilisant le

réseau et l’intérêt croissant pour le réseau en démontrent à suffisance son importance et son utilité. Et c’est bien là un paradoxe en même temps qu’un des objectifs de TGE : de grandir le plus rapidement possible pour dis-paraître le plus rapidement possible. En effet, le succès de TGE contri-buera immanquablement à motiver les Etats et la Commission à prendre les mesures nécessaires qui rendraient TGE inutile.

Aujourd’hui, le réseau gère pour plus de 2 millions d’euros de dons (pour 2007) et couvre huit pays (Allemagne, Belgique, France, Irlande, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni et Suisse) et va bientôt s’étendre à d’autres pays européens : Bulgarie, Hongrie, Italie, Luxembourg, Roumanie … Ce n’est qu’au moment où la majorité des pays seront couverts que la philanthropie transfrontalière pourra s’exprimer pleinement.

Les développements récents au ni-veau européen, la mise en place de solutions privées et la croissance du réseau Transnational Giving Europe permettent un certain optimisme. Fa-ciliter et améliorer la philanthropie transfrontalière favorisera les inten-tions philanthropiques à travers toute l’Europe. Il ne s’agit pas ici de le faire aux dé-pens de bénéficiaires nationaux mais simplement de permettre au nombre croissant de donateurs voulant sou-tenir des initiatives au-delà de leurs frontières de le faire de manière ef-ficace. Ceci contribuera sans aucun doute à un développement optimal de la philanthropie en Europe qui nous tient à cœur.

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Luxembourg, carrefour de la philanthropie ?

L’exemple, enviable et envié, de la France

Bridé par une loi datant de 1928 sur les fondations, le Luxembourg vise aujourd’hui a rattraper son retard sur ses voisins en matière de philanthropie privée. Ses atouts, sa position de carrefour européen et un mécénat potentiel que certains experts estiment au minimum à 0,18% du PIB, soit 50 millions d’euros.

Alors que les entreprises belges mécènes espèrent un cadre légis-latif plus favorable, leurs homologues françaises bénéficient, depuis quelques années, d’une réglementation fort enviée en Europe et qui a clairement eu un impact.

A l’heure où le développement de la philanthropie européenne connaît une véritable accélération, le Luxembourg n’a pas réellement connu pareil essor. Partie de ce constat, la Banque de Luxembourg a initié une réflexion voulant nourrir le débat et aider à la préparation d’un colloque qui avait pour but d’ébaucher des pistes d’action pour saisir l’oppor-tunité de la nouvelle philanthropie au Luxembourg.

Le colloque a eu lieu en avril dernier et a débouché sur des résultats très concrets. La participation et l’impulsion de l’Etat, en la personne de son Premier Ministre Jean-Claude Junker, a été à cet égard déterminante. Tout d’abord, par la volonté de reconnaître et récompenser l’engagement privé, volontariat ou dona-tion, envers des actions sociétales.

« L’Etat est redevable envers tous ces bénévoles dans la mesure où il ne peut s’attaquer seul à la question de la co-

hésion sociale», a déclaré Monsieur Junker lors de son discours sur l’Etat de la Nation peu après le colloque. Des mesures concrètes ont été annoncées ce jour-là.

Le Grand-Duché vise donc à modifier sa loi sur les donations (jusqu’ici plafonnées à 10% des revenus et 500.000 euros/an), mais aussi à doter le pays d’une fondation indépendante de promotion de la philanthropie et du mécénat. « Elle doit servir d’intermédiaire entre les bé-néficiaires et les donateurs, particuliers et entreprises, et donnera des conseils pour les aider à bien s’engager dans des projets d’utilité publique et les informera sur les nouveaux développements dans le domaine de la philanthropie. »

Et de souligner le formidable succès engrangé par les pays voisins qui ont déjà agi pour mieux valoriser les dons et engagements privés (la France, l’Allema-gne et la Belgique). Mais le Luxembourg

ambitionne aussi de se positionner comme résolument européen dans sa démarche, « Ce qui permettra non seule-ment de choisir des projets socialement responsables en meilleure connaissance de cause, et de garantir le bien-fondé de

l’investissement généreux, mais aussi d’en assurer plus aisément la couver-ture des coûts et donc la pérennité, souligne André Prüm, doyen de la faculté de Droit et d’Economie à l’Université de Luxembourg. »

Le potentiel du pays reste énorme, constatent plusieurs experts, et le gou-vernement est déterminé à ne plus rester dans un peloton européen trop modeste par rapport à ce qu’il peut donner sur la scène internationale de la générosité.

Pensez donc : la loi Aillagon, du nom de l’ancien minis-tre de la culture et de la communication de Jacques Chirac, accorde aux entreprises mécènes depuis le 1er août 2003, une réduction d’impôts équivalente à 60 % des versements qu’elles effectuent, dans la limite de 0,5% de leur chiffre d’affaires aux financements de projets d’intérêt général, et notamment, la création de fondations d’entreprise. Un changement de taille par rapport à la législation précédente.

L’effet de la nouvelle loi ne s’est pas fait attendre : en 2004, pas moins de 18 nouvelles fondations d’entre-prise ont été créées, pour s’ajouter aux 65 existantes en 2002. En 2005, 20 nouvelles encore, puis près de 30 l’année suivante, et 39 en 2007. Soit, en quatre ans, un triplement du nombre de fondations. Et, dans une enquête consacrée à ce phénomène, Ernst & Young constate également que les sommes initiales investies dans ces fondations s’avèrent de plus en plus importantes, et que si le domaine culturel reste le principal bénéficiaire, les entreprises s’ouvrent aussi

à des projets d’éducation et de santé.

Bien évidemment, la loi a également permis une crois-sance des dons des entreprises mécènes qui apportent leur soutien financier, matériel ou en compétences à des organismes d’intérêt général en réponse à des sollicitations ou – de plus en plus – selon une politique ciblée d’appui à des organismes bénéficiaires en lien avec leurs métiers et activités.

Outre cet incitant fiscal, les entreprises françaises trou-vent également dans la loi une possibilité d’impliquer leur personnel dans leurs actions de responsabilité sociétale. Les salariés peuvent, en effet, prendre un congé humanitaire pour se consacrer à des opéra-tions de solidarité internationale pendant un laps de temps variable. Certaines entreprises combinent cette initiative à l’élaboration d’actions de philanthropie sur le lieu de travail, auxquelles les employés peuvent par-ticiper pendant leurs heures d’activité professionnelle. L’avantage s’avère donc double. Au moins.

L’idée est née en Hongrie en 1996, et bientôt l’exemple a été porté par quatre autres pays, la Pologne, la Lituanie, la Slovaquie, et plus récemment la Roumanie.

Le principe est assez simple, d’un côté l’Etat sélectionne une série de bénéficiaires. Ce choix varie selon les Etats. D’autre part, il per-met au citoyen de choisir de dédier 1% de ses impôts, à une des causes sélectionnées en désignant lui-même l’association de son choix. Le système offre l’avantage d’une base volontaire et d’une transparence quant à l’affectation des fonds. Il permet également aux Etats de déterminer leur implication et celle du citoyen dans le financement de projets à vocation sociale, éducative ou culturelle, et d’assurer à ceux-ci un revenu annuel régulier. Certains pays ont d’ailleurs déjà modifié leur loi pour augmenter la perception en faveur d’associations à 2% des impôts prélevés.

L’objectif de ces états est non seulement de stabiliser une contri-bution citoyenne à des actions sociales, vu que les revenus moyens y sont encore plus bas que dans le reste de l’UE, mais aussi de motiver leur population à une solidarité effective, transparente, et de dimension nationale. Elle offre aussi, pour le citoyen, l’avantage d’un choix dans l’affectation de ses contributions, et de se solidari-ser plus étroitement, sans perte de revenus, avec les bénéficiaires des fonds. Enfin, elle permet aux nombreux bénévoles du milieu associatif de ces pays (pour exemple, il y a plus de 30 mille asso-ciations rien qu’en Pologne) de voir valoriser leur engagement et financer les objectifs de leur travail. Et les cinq pays engagés dans ce principe du pourcentage philanthropique espèrent bien avoir créé un modèle de financement sociétal exemplaire pour d’autres nations. La République Tchèque, la Géorgie, l’Ukraine et la Ma-cédoine sont déjà en phase de réflexions et d’échanges avec les pays pratiquant cette forme d’appui citoyen à l’action sociale. Et d’autres pays de l’Union étudient la faisabilité du système auprès de leurs citoyens. Plus d’informations sur www.onepercent.hu.

One percent rule: une idée innovante en Europe Aujourd’hui, cinq pays parmi les nouveaux Etats Membres pratiquent le «pourcentage philanthropique», soit un prélè-vement sur les impôts sur le revenu, qui sera spécialement affecté à un projet philanthropique ou sociétal.

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Page 16: Journal de la Philanthropie

Donner rend-il heureux?

Les pauvres plus généreux que les riches?

La philanthropie importante et efficace pour construire un monde meilleur

Dans un article publié par The New York Sun, Arthur Brooks nous explique qu’en 2007, les américains ont donné près de 30 milliards de dollars à des institutions caritatives, et que cette générosité s’ex-plique - outre le fait que ces dons sont déductibles d’impôts - par le fait que donner rend heureux.Professeur à l’Université de Syracuse,

Arthur C.Brooks soutient que l’écart du degré de bonheur entre ceux qui donnent et ceux qui ne donnent pas ne s’explique pas par de simples caracté-ristiques personnelles telles le revenu ou la religion mais bien par le fait même de donner: à salaire, foi, âge, éducation politique, et sexes égaux, la personne qui fait don de son argent ou de son temps

(par du bénévolat par exemple) sera en moyenne 11 fois plus susceptible d’être «très heureuse» que la seconde.

Donner n’est pas bon uniquement pour votre cause préférée, c’est aussi bon pour vous!

«Proportionnellement oui» affirme Pa-mala Wiepking, sociologue à la Vrije Universiteit d’Amsterdam. Cette infor-mation, relayée par le journal néerlan-dais «Dagblad» affirme que si les riches donnent effectivement bien plus que les

pauvres en chiffres absolus, en terme de pourcentage, les plus généreux ne sont pas ceux que l’on croit. Les person-nes à revenus plus modestes (gagnant moins de 8.000 euros par an) donnent en moyenne 2,5 % de leur revenus à

des œuvres séculières et 1,7% à des œuvres à caractère religieux là où, pour les personnes dont le salaire annuel dé-passe 48.000 euros, ces pourcentages ne sont respectivement que de 0,87% et 0,77%.

C’est la société de sondages Ipsos qui l’affirme, après avoir sondé plus de 5.000 personnes représentatives des populations âgées de 18 ans et plus dans 5 pays européens. Ainsi, pour 70% d’entre elles, la philanthropie est impor-tante voire essentielle pour faire face aux enjeux du monde actuel. La majorité des répondants déclare que donner peut contribuer à rendre le monde meilleur,

mais aussi que les dons sont un com-plément à l’action publique. On apprend par ailleurs que pour près de deux tiers des personnes sondées, c’est avant tout la cause défendue qui prime.

Les grandes causes sont d’abord mé-dicales (48%), suivies de l’aide aux personnes défavorisées (43%), de l’ac-tion humanitaire dans les pays pauvres

(40%), l’accès a une éducation de qualité pour tous (21%), la protection de l’envi-ronnement (20%) et enfin la création culturelle et la protection du patrimoine culturel (5%).

Dernière conclusion et non des moindres, les Belges semblent plus optimistes et enthousiastes face à la Philanthropie que leurs voisins européens.

Fondation Roi Baudouin Agir ensemble pour une société meilleurewww.kbs-frb.beLa Fondation Roi Baudouin soutient des projets et des citoyens qui s’engagent pour une société meilleure. Nous voulons contribuer de manière durable à davantage de justice, de démocratie et de respect de la diversité.

La Fondation Roi Baudouin est indépendante et plu-raliste. Nous opérons depuis Bruxelles et agissons au niveau belge, européen et international. En Belgique, la Fondation mène aussi bien des projets locaux que régionaux et fédéraux. Elle a vu le jour en 1976, à l’oc-casion des vingt-cinq ans de l’accession au trône du Roi Baudouin.

Pour atteindre notre objectif, nous combinons plusieurs méthodes de travail. Nous soutenons des projets de tiers, nous développons nos propres projets, nous organisons des ateliers et des tables rondes avec des experts et des citoyens, nous mettons sur pied des groupes de ré-flexion sur des enjeux actuels et futurs, nous rassemblons autour d’une même table des personnes aux visions très différentes, nous diffusons nos résultats au moyen de publications (gratuites),... La Fondation Roi Baudouin collabore avec des autorités publiques, des associations, des ONG, des centres de recherche, des entreprises et d’autres fondations. Nous avons conclu un partenariat stratégique avec le European Policy Centre, une cellule de réflexion basée à Bruxelles.

Nos activités sont regroupées autour des thèmes sui-vants:Migration & société multiculturelle – favoriser l’inté-gration et la cohabitation multiculturelle en Belgique et en Europe Pauvreté & justice sociale – détecter de nouvelles formes d’injustice sociale et de pauvreté; soutenir des projets qui renforcent la solidarité intergénérationnelleSociété civile & engagement citoyen – stimuler l’enga-gement citoyen; promouvoir les valeurs démocratiques auprès des jeunes; appuyer des projets de quartierSanté – encourager un mode de vie sain; contribuer à un système de soins de santé accessible et socialement acceptéPhilanthropie – contribuer à un développement efficace de la philanthropie en Belgique et en EuropeBalkans – protéger les droits de minorités et de victimes de la traite des êtres humains; mettre sur pied un système de visas pour étudiantsAfrique centrale – soutenir des projets de prévention du sida et de prise en charge de malades du sida

Le Conseil d’administration de la Fondation Roi Bau-douin trace les lignes de force de la politique à mener. Celle-ci est mise en oeuvre par une soixantaine de col-laborateurs – hommes et femmes, d’origine belge et étrangère, wallons, flamands et bruxellois.

Les dépenses annuelles de la Fondation sont de quelque 40 millions d’euros. Outre notre propre capital et l’impor-tante dotation de la Loterie Nationale, il existe aussi des Fonds de personnes, d’associations et d’entreprises.

La Fondation Roi Baudouin reçoit également des dons et des legs.

Vous trouverez de plus amples informations sur nos projets et nos publi-cations sur le site www.kbs-frb.beUne e-news vous tiendra informé(e). Vous pouvez adresser vos questions à [email protected] ou au070-233 728.Fondation Roi Baudouin, rue Brederode 21, B-1000 Bruxelles+32-2-511 18 40, fax +32-2-511 52 21Les dons de 30 euros minimum versés sur notre compte 000-0000004-04 sont déductibles fiscalement.

Généreux milliardaires

Un peu de poésie…

Warren Buffet, désormais l’homme le plus riche du monde, a décidé de céder la majeure partie de sa fortune à l’asso-ciation caritative crée par l’homme qu’il a récemment détrôné au classement des richissimes, la fondation Bill (et Melinda) Gates.

A eux deux, ils donnent des sommes colossales qui leur permettent de s’attaquer à des problèmes sociaux

de rang mondiaux tel la pauvreté, la santé ou l’éducation. Des ambitions à la mesure des ressources investies: là où, par exemple, Rockfeller avait, dans son temps, financé la recherche pour éliminer tout bonnement la polio de la surface du globe, l’ambition de Bill Gates et de son épouse est d’éradiquer les 20 plus grandes maladies dans le monde, pendant qu’il (ou sa femme) sera toujours en vie. Pour ce faire, le

fondateur de Microsoft a décidé de s’in-vestir dans la philanthropie autant que dans sa société.

Habitués à la fixation d’objectifs, à l’effi-cacité opérationnelle, etc., ces nouveaux magnats philanthropes cherchent à op-timiser l’impact social de leur action comme jadis ils cherchaient à optimiser la valeur actionnariale de leur entre-prise.

Il était une fois une veille dame de 87 ans, Ruth Lilly, riche héritière d’un grand groupe pharmaceutique, un peu dépres-sive et qui se piquait de poésie…

Elle avait maintes fois envoyé par le passé ses compositions à la modeste

revue «Poetry» de Chicago, qui les a toujours refusées systématiquement.

Depuis, la dame semblait s’être fait une raison sur la qualité de son oeuvre, et, sans rancune, elle décida en décembre 2002, d’aider la revue, qui souffrait

d’un manque récurrent de moyens et de succès, et lui octroya un don de cent millions de dollars pour la soutenir. On imagine aisément la surprise des édi-teurs et auteurs face à cette manne qui a depuis bien changé les perspectives de la poésie et sa viabilité à Chicago.

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