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Journal du Bon Pasteur No. 204 Octobre 2007 Congrégation de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur A L’ INTERIEUR Souvenirs: P. Basil-Marie Moreau page 2 Italie: Domus Bernadette, une atmosphère de changement social pages 3-6 Célébration des 150 ans à Malte page 6 Pérou: Agustina Rivas Femme solidaire pages 7-8 Six Sœurs célèbrent leurs 50 années de consécration à Dieu en Colombie et au Venezuela page 9 La mission japonaise pages 10-12 Philippines: Un double jubilé page 13 Singapour/Malaisie: Pitas – Le peuple oublié de Sabah pages 14-16 L’Organisation des Nations Unies naquit officiellement le 24 octobre 1945, lorsqu’elle fut rati- fiée par la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’URSS et la majorité des autres pays signataires. La Journée des Nations Unies est célébrée le 24 octobre de chaque année. « Notre engagement pour la réconci- liation exige que nous promouvions la paix et la justice ». Une ONG de statut spécial auprès de l’ ECOSOC, organe de l’ONU. c La Congrégation des Sœurs du Bon Pasteur s’est affiliée à l’Or- ganisation des Nations Unies en tant qu’Organisation non gouver- nementale (ONG) dotée du sta- tut consultatif auprès de l’ ECOSOC (Conseil économique et social). S z Le principe de cette affiliation est de servir notre mission de réconciliation, en particulier dans son orientation qui s’inté- resse aux femmes et aux filles. Par le biais de cette collabora- tion, nous travaillons à provo- quer le changement de toute condition qui condamne les individus à vivre marginalisés. z En nous affiliant aux objectifs de l’ONU, nous cherchons à rendre grâce aux pauvres et aux opprimés, éveillant le monde à la dignité et la valeur Les Nations Unies, New York Equipe de leadership avec Sœur Elaine Basinger, conseillère lien de la province de Grande Bretagne. De gauche à droite : Sr Julia Crowley, Sr Helen Warburton, Sr Anne Josephine Carr (provinciale) Sr Elaine Basin- ger, Sr Mary Callaghan, Sr Rose Neilson. (Voir page 12.) Chapitre Provincial de Grande Bretagne Nations Unies et ONG Bon Pasteur Nations Unies et ONG Bon Pasteur de chaque personne. S. Clare Nolan est notre repré- sentante aux Nations Unies.

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Journal du Bon Pasteur

No. 204 Octobre 2007

Congrégation de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur

A L’ INTERIEUR

Souvenirs: P. Basil-Marie Moreau

page 2 Italie: Domus Bernadette,

une atmosphère de changement social

pages 3-6 Célébration des 150 ans à Malte

page 6 Pérou: Agustina Rivas

Femme solidaire pages 7-8

Six Sœurs célèbrent leurs 50 années de consécration à Dieu en Colombie et au Venezuela

page 9 La mission japonaise

pages 10-12 Philippines: Un double jubilé

page 13 Singapour/Malaisie: Pitas – Le peuple oublié de Sabah

pages 14-16

L’Organisation des Nations Unies naquit officiellement le 24 octobre 1945, lorsqu’elle fut rati-fiée par la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’URSS et la majorité des autres pays signataires. La Journée des Nations Unies est célébrée le 24 octobre de chaque année.

« Notre engagement pour la réconci-liation exige que nous promouvions la paix et la justice ». Une ONG de statut spécial auprès de l’ ECOSOC, organe de l’ONU. c La Congrégation des Sœurs du Bon Pasteur s’est affiliée à l’Or-ganisation des Nations Unies en tant qu’Organisation non gouver-nementale (ONG) dotée du sta-

tut consultatif auprès de l’ ECOSOC (Conseil économique et social). S z Le principe de cette affiliation est de servir notre mission de réconciliation, en particulier dans son orientation qui s’inté-resse aux femmes et aux filles. Par le biais de cette collabora-tion, nous travaillons à provo-quer le changement de toute condition qui condamne les individus à vivre marginalisés. z En nous affiliant aux objectifs de l’ONU, nous cherchons à rendre grâce aux pauvres et aux opprimés, éveillant le monde à la dignité et la valeur

Les Nations Unies, New York

Equipe de leadership avec Sœur Elaine Basinger, conseillère lien de la province de Grande Bretagne. De gauche à droite : Sr Julia Crowley, Sr Helen Warburton, Sr Anne Josephine Carr (provinciale) Sr Elaine Basin-ger, Sr Mary Callaghan, Sr Rose Neilson. (Voir page 12.)

Chapitre Provincial de Grande Bretagne

Nations Unies et ONG Bon PasteurNations Unies et ONG Bon Pasteur

de chaque personne. S. Clare Nolan est notre repré-sentante aux Nations Unies.

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En cette édition x De Ste Marie-Euphrasie: « Propagation de notre Institut »

REGINA KUIZON, Coordinatrice pour la Communication Casa Generalizia, Suore del Buon Pastore, Via Raffaello Sardiello 20- 00165 Roma, Italia Email: [email protected]

Journal du Bon Pasteur

«Bienheureux ceux qui ont vu ce que vous voyez. Bienheureux sont ceux qui ont entendu ce que vous entendez.» Ne vous semble-t-il pas, mes bien aimées Filles, que ces paroles vous soient en quelque sorte adressées, lorsqu’en considérant notre saint Institut vous voyez les oeuvres qui s’y font et les bénédictions spéciales que Dieu daigne répandre sur nos faibles efforts? Par la lecture des lettres circulaires que nous avons reçues, vous avez eu sous les yeux le plus doux des spectacles: celui d’une famille dont les membres, dispersés en diverse et en lointains pays, sont étroitement liés entre eux dans l’union de la plus parfaite charité, et qui tous tendent au même but: à la regénération spirituelle des brebis qui s’égaraient loin du bercail du Bon Pasteur.

... Le petite grain de sénevé qu’il avait d’abord semé sur le sol de notre France, et qui germait dans quelques coins de terre seulement, s’est développé, il a grandi rapidement, et voila que de petit abrisseau, il est devenu un grand arbre qui étend ses rameaux dans toutes les parties de l’univers... x De: Entretiens et Instructions, Chapitre 35 Durant la vie de SME 121 communautés furent fondées (il y avait 110 communautés au moment de sa mort). Aujourd’hui nous sommes approximativement 4,300 soeurs apostoliques et contemplatives dans 532 communautés dans 70 pays. De nombreuses personnes laïques, hommes et femmes, collaborent avec nous dans notre mission.)

Ma première réaction à la nou-velle de la Béatification du Père Basil-Marie Moreau (1799-1873) programmée pour le 15 septem-bre 2007 à la cathédrale du Mans en France a été, je le confesse, plutôt gâchée par des sentiments mélangés. Pourtant, seulement après un moment, l’image de Marie Euphrasie au ciel m’a rejoint ainsi que celle de M.Moreau avec qui, depuis le temps, elle avait dû se réconci-lier. Quand on lit les 8 volumes écrits par Marie Euphrasie, on peut comprendre cette réaction à l’é-vocation de la béatification du Père Basil Moreau. Ce nouveau béatifié fondateur de 2 congréga-tions « Pères de la Sainte Croix » et « Sœurs de la Sainte Croix » a été défini par les mé-dias comme « une grande figure de l’histoire française du 19ème siècle … injustement oublié » et exalté par sa grande confiance en la Providence et sa contribu-tion à l’Eglise d’Amérique à ce temps. « Le Mans » sonne la cloche de

notre histoire. C’est la première ville où Marie Euphrasie fut réclamée pour une nouvelle fondation « Bon Pasteur » alors qu’elle commençait à Angers. Nous savons ce qu’il va s’en-suivre et combien de souffran-ces et d’incompréhensions jusqu’ à ce que cette fondation soit abandonnée et confiée aux sœurs de Notre Dame de Cha-rité alors que le nom de la mai-son est toujours appelé « Maison du Bon Pasteur ».

Mes souvenirs sont enjolivés par quelques belles personnalités membres de la congrégation de Sainte Croix fondé par le Père Moreau. Je suis sûre que celles qui ont vécu à Rome dans les années 1960 se souviennent du cher Père Heston, CHC, consul-tant de la Sacrée Congrégation des Religieux et des Instituts séculiers. C’était un saint homme, un ami très fidèle du Bon Pasteur. Malheureusement il est mort prématurément dans un vol entre New York et l’Afri-que du Sud où il était attendu pour prêcher des retraites comme il le faisait chaque été.

Et que dire de nos amis français membres de la même congréga-tion ? A la maison Mère à An-gers ils ont toujours été les bien-venus et nous connaissions leur disponibilité quand nous les ap-pelions tout spécialement lors de rencontres internationales. D ‘ailleurs sœur Odile Laugier, notre historienne, aime à nous rappeler que nous ne devons idolâtrer personne … la gloire et l’honneur doit aller seulement à Dieu où nos saints sont glorifiés. Sr Annunciata Gatt Gênes, Italie

P. Basil-Marie Moreau

Souvenirs: P. Basil-Marie Moreau

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Province d’Italie z Association Domus Bernadette : une atmosphère de changement social

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Une atmosphère de changement social régnait en Italie dans les années 70 et 80, pour le plus grand profit de tous ceux qui, à cette époque, vivaient en marge de la société.

Les Sœurs du Bon Pasteur diri-geaient alors des maisons reli-gieuses spécialisées dans l’édu-cation, fournissant refuge aux personnes victimes de graves problèmes familiaux et sociaux. Les méthodes alors employées étaient fortement contestées jus-qu’au sein même des Congréga-tions, ce qui conduisit à la ferme-ture pure et simple de ces éta-blissements appelés «maisons». En effet, les règles obsolètes et les méthodes éducatives dépas-sées qui y étaient en vigueur engendraient un conditionne-ment beaucoup trop négatif sur la vie des personnes secourues, tant au niveau social que dans la sphère privée. L’échec de ces méthodes nous a fait prendre conscience de l’urgente nécessi-té d’un changement d’orienta-tion.

Instruites par les leçons de l’ex-périence et le souvenir vivace des erreurs passées, nous nous sommes donc attelées à la pré-paration d’un nouveau projet, enrichi par l’apport de nos expé-riences accumulées tout au long de l’histoire de notre Congréga-tion. Cela a modifié en profon-deur notre perception de la réali-té et nous a permis de mieux cerner les problèmes émergents.

Bon nombre de messages reçus de divers horizons ainsi que no-tre expérience accrue en matière d’assistance, nous ont finale-ment conduites à opter pour la fondation d’un centre adapté, dans lequel la vieille approche paternaliste et idéologique consistant à « assister pour as-sister », serait remplacée par un type d’aide à l’individu qui laisse-rait à ce dernier le choix d’accep-ter ou de refuser la main secou-rable qui lui était tendue. Le nou-

veau programme permettrait ainsi aux personnes assistées d’utiliser leur libre arbitre et d’assumer en toute conscience leurs responsabilités, de ma-nière à améliorer leur sort et à vivre pleinement et librement leur vie.

C’est ainsi que le 16 octobre 1979 fut fondée l’association « Domus Bernadette », ouvrant ainsi la route qui est encore la nôtre à ce jour. On pourrait ce-pendant se demander pourquoi un tel nom fut choisi. En voici les raisons :

Domus signifie en Latin « lieu protégé » ; un endroit où l’on se sent abrité et à même de grandir et d’apprendre à s’as-sumer seul, un endroit où l’on peut aimer les autres et, en retour, être aimé d’eux…un lieu où l’on commence à bâtir sa propre existence, où l’on est certain de pouvoir revenir libre-ment si on le désire, un lieu où l’on est habité par la certitude que quelqu’un, sur cette terre, se soucie de vous et est prêt à vous protéger…

Le choix du prénom Berna-dette s’imposa à nous de façon impérieuse. Nous avons ainsi voulu marquer un tournant symbolique et éviter par-

dessus tout l’effet pervers d’un sentiment de marginalisation sociale parmi les personnes as-sistées, comme cela s’était pro-duit bien trop souvent par le pas-sé, avec comme corollaire un terrible sentiment d’isolement parmi nos protégées.

Nous avons en outre choisi le nom « Bernadette » pour sa puissance d’évocation et tout ce qu’il représentait à nos yeux, mettant ainsi l’accent sur notre gratitude envers Bernadette, la Supérieure Générale qui nous avait aidées à surmonter quanti-té d’obstacles avant de pouvoir enfin être en mesure de concréti-ser notre projet. Nous avions en effet demandé la permission de partager la vie des pauvres, mais cela ne nous fut accordé qu’a-près d’interminables négocia-tions, sources de malentendus, avec les autorités locales. Le 7 mars 1980, Domus Berna-dette devint officiellement une association à but non lucratif, libre d’opérer en conformité avec ses statuts et d’incorporer des laïcs dans son équipe. L’association tire ses valeurs chrétiennes du premier comman-dement du Christ « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »,

(Suite à la page 4)

Association Domus Bernadette

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ITALIE... (Suite de la page 3)

établissant ainsi notre foi en Dieu comme étant le Premier Educa-teur, Maître de tous les éduca-teurs.

Voici un résumé des différentes me-sures prises par notre association : Après avoir ouvert un centre pour jeunes filles (centre qui vient de cé-lébrer son 25ème anniversaire), nous avons également ouvert deux autres centres destinés à une population masculine.

Une autre association nous deman-da en 1993 d’amplifier notre effort d’assistance auprès d’adolescents de sexe masculin. Quelle ne fut pas d’ailleurs notre surprise en décou-vrant que les Sœurs du Bon Pasteur n’avaient encore jamais, dans toute leur histoire, opéré aux côtés de la population masculine !

Notre premier réflexe fut de solliciter un délai de réflexion étant donné le caractère très particulier de la re-quête. Très rapidement, cependant, une petite voix intérieure ne cessa de résonner à nos oreilles, nous disant : « Une seule âme vaut autant que l’humanité toute en-tière »… « L’Esprit n’a pas de sexe »…Et ainsi convaincues du bien-fondé de notre mission, nous acceptâmes fort logiquement la tâ-che qui nous était confiée.

Nous avions déjà ouvert nos centres spéciaux pour garçons à Rome lors-qu’un autre centre pour adolescents de sexe masculin fut fondé à Latina en 1998. Mis à part ces centres (que nous appelons « maisons »), nous avons également créé des centres semi-autonomes pour des adoles-cents proches de leur majorité qui, malgré leurs caractéristiques indivi-duelles distinctes, sont générale-ment en proie au même type de peur et d’appréhension, partageant avec d’autres ce même besoin d’attention et de réconfort, et réclamant un suivi tout au long de leur processus de croissance vers l’âge adulte, ceci afin de pouvoir, le moment venu, quitter dans de bonnes conditions la communauté qui les héberge et vo-ler de leurs propres ailes.

1996 Le bicentenaire (31 juillet 196 – 31 juillet 1996) de la naissance de Sainte Marie Euphrasie, fut, comme le déclara Sœur Giuliana Carollo, responsable de la province de Rome, l’événement qui nous condui-sit à fonder, pour honorer sa mé-moire et celle de son Conseil, un

nouveau centre pour accueillir des femmes venant du monde entier – et non plus seulement d’Italie - en quête d’un refuge.

La dimension internationale de notre association Le centre « maison Virginia » est soutenu financièrement par le Pro-vincialat romain. « Rome, capitale du monde » ; « Tous les chemins mènent à Rome ». « Nous appar-tenons au monde entier tant qu’il y a des âmes à sauver ». Aujourd-’hui, on n’entend plus guère dans notre centre la jolie musique de la langue italienne. Nous accueillons en effet des représentantes de tous les continents. Cela va des pays d’Europe de l’Est tels que l’Ukraine, la Moldavie, la Rouma-nie, l’Albanie, la Macédoine et la Fédération de Russie, à des pays d’Amérique Latine tels que le Nica-ragua, le Chili et la Colombie. Nous comptons aussi des femmes originaires de pays africains comme le Nigeria, le Cameroun, le Sénégal, l’Ethiopie, la Sierra Leone… Nombreuses sont celles qui ont décidé de rester en Italie après notre rencontre.

Des femmes originaires d’Asie, - Chine, Moyen Orient, Afghanistan, Philippines-, viennent à nous pour trouver un abri. Toutes portent le lourd fardeau d’un passé doulou-reux, à la fois celui de la mineure qu’elles ont été et celui de d’adulte qu’elles sont devenues. Certaines ne font que passer avant de pour-suivre leur route vers d’autres coins du monde ; d’autres s’instal-lent définitivement en Italie après avoir trouvé du travail. Dans les deux cas, nous les aidons à trou-ver leur vraie place dans ce monde.

L’année 2000

L’Association a signé une conven-tion de collaboration temporaire (CCT) avec le groupe romain Ma-gliana 80 afin de venir en aide à celles qu’un projet initié par le Centre d’Action Communale de Rome surnomme « les esclaves blanches ». Le groupe Magliana 80 héberge, dans un lieu tenu se-

cret baptisé « Maison des Fugiti-ves », des femmes victimes de la prostitution, dès l’instant où elles acceptent de dénoncer leurs proxé-nètes. Une fois admises dans ce centre, ces femmes y sont hébergées pour une durée de 6 mois, après quoi nous prenons le relais pour les ac-cueillir dans l’un de nos centres ap-pelé « Maison Euphrasie ». Là, soit nous les aidons à retourner dans leur pays d’origine si tel est leur dé-sir, soit nous les aidons à demeurer en Italie en favorisant l’obtention d’un permis de séjour pour « raisons humanitaires », titre juridiquement plus facile à obtenir qu’un contrat de travail ou qu’un stage de formation. Environ 90% de ces femmes postu-lent pour un emploi de coiffeuse. Chacune de nos protégées bénéficie d’un projet de suivi personnalisé, à la fois sur le plan professionnel et thérapeutique, comprenant des bi-lans de santé (la plupart d’entre elles souffrent de pathologies sévères).

Notre projet psychothérapeutique

Des spécialistes forment notre per-sonnel à l’assistance psychothéra-peutique. Ainsi, nous pouvons ré-conforter les victimes de la prostitu-tion, les aider à retrouver leur auto-nomie et leur équilibre intérieur. A la Maison Euphrasie, nos protégées restent environ pendant deux ans, une durée qui se veut extensible de manière à leur permettre d’être auto-nomes lorsqu’elles atteignent leur majorité. Nous avons été cependant confrontées à des cas où la fille mi-neure exprime le désir de partir avant l’expiration de la période initia-lement prévue, particulièrement lors-qu’elle a trouvé un compagnon avec qui elle pourrait vivre.

Il n’est pas rare de voir nos proté-gées aller jusqu’au mariage, et me-ner de ce fait une vie paisible, tout en maintenant le contact avec nous, heureuses de savoir que des gens continuent à se soucier d’elles. D’au-tres femmes, en revanche, quittent purement et simplement notre centre et disparaissent à jamais.

(Suite à la page 5)

«Nous accueillons en effet des représentantes de tous les continents. Cela va de pays d’Europe de l’Est tels que l’U-kraine, la Moldavie, la Roumanie, l’Albanie, la Macédoine… des femmes originaires de pays africains comme le Nigeria, le Cameroun, le Sénégal...femmes originaires d’Asie, - Chine, Moyen Orient…»

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ITALIE... (Suite de la page 4)

Il serait intéressant de rappeler des cas tels que celui du mariage de notre nigériane Juliet, mariage célé-bré deux fois selon deux rites diffé-rents. L’un s’est déroulé le matin, sur la colline du Campidoglio (mariage civil), dans de splendides habits blancs à l’occidentale ; l’autre, dans l’après-midi, célébré de manière exquise dans le plus pur style afri-cain. La célébration de cette union demanda une semaine entière, avec, selon la tradition africaine, le sacrifice d’une chèvre. Le repas de noces (plats locaux servis pour être mangés avec les doigts) dura plu-sieurs heures et se poursuivit jus-qu’à la nuit, entrecoupé de danses rituelles et du traditionnel change-ment de vêtements de la mariée, vêtue d’élégants habits de couleurs (achetés à Florence même, à nos frais, cela va de soi !).

Et pourquoi ne pas évoquer égale-ment le baptême de Sergio, célébré selon le rite orthodoxe, à l’Eglise russe orthodoxe de Rome ? Ou en-core le mariage luxueux de Nicolet-ta, entièrement organisé et financé par son père et sa belle-mère car Nicoletta « avait apporté du bonheur à leur fils chéri » ? Nous aussi étions invitées puisque, comme la jeune mariée le déclara, nous étions « (ma) sa seule famille en Italie ! ». Beaucoup de nos protégés cher-chent à connaître le nombre exact de personnes que nous avons hé-bergées jusqu’ici dans nos différents centres ; femmes, filles ou garçons, tous sont très surpris en apprenant que nous n’avons pas pour habitude de les comptabiliser !

2003 L’année 2003 marqua la naissance du Projet « Cerniera » (littéralement : « Le Projet Charnière ») dont le but est de répondre très concrètement aux besoins des jeunes, en prenant ces besoins en considération dans ce qu’ils ont de plus individuel, ceci grâce à une approche plus souple et plus personnalisée.

Le projet consiste à détacher un éducateur à domicile, au cœur même du noyau familial de la per-sonne, ceci afin de pouvoir jouer, au niveau du projet éducatif, le rôle de médiateur entre les parents et les jeunes que nous assistons. Le (la) mineur(e) n’est éloigné(e) de son noyau familial que dans les cas d’ur-gence (abus sexuels, abandon, mauvais traitements, etc.).

Nos cibles et objectifs

Notre communauté a pour mission de guider progressivement l’indivi-du vers l’acquisition totale de son autonomie, à travers un processus qui permet à la personne d’expri-mer pleinement son potentiel :

par l’élaboration consciente de son processus de dévelop-pement émotionnel, en ac-quérant la capacité de re-connaître, d’exprimer et de contrôler ses sentiments et émotions.

par l’expression de son agressi-vité de façon non destruc-tive, en reliant ses énergies à l’atteinte d’objectifs positifs réalistes, augmentant ainsi son estime de soi.

La méthodologie que nous adoptons

Notre méthode éducative présente un fort caractère d’adaptabilité au changement et aux besoins spéci-fiques de chaque personne assis-tée. Le projet éducatif est alors susceptible de s’adapter efficace-ment à la croissance personnelle de l’individu.

Notre équipe

Conformément à la législation en vigueur, les membres de notre équipe sont tous des profession-nels certifiés, diplômés de l’univer-sité. Nous disposons :

D’éducateurs professionnels De psychologues De psychothérapeutes De thérapeutes familiaux

La formation que nous dispen-sons Tous les acteurs précités suivent un cours de formation pratique et leur travail est soumis à une super-vision régulière. Les membres de l’équipe travail-lent toujours en groupe ; ce n’est en effet qu’à travers la mise en commun des expériences vécues que chaque membre du personnel peut acquérir, au niveau relation-

nel, les « ficelles » du métier, les méthodes et les outils nécessaires au bon exercice de sa spécialité.

Résumons-nous :

Il va sans dire que seules les leçons du passé nous permettent de conce-voir efficacement un projet pour l’a-venir, projet directement inspiré par le commandement de Jésus : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mathieu 22, 39-40).

Nous, Sœurs du Bon Pasteur, agis-sons en suivant l’exemple de SME et marchons fidèlement sur ses traces. Elle qui, toute au long de sa vie, œuvra de manière si originale en faveur des pauvres, ne détourna jamais son cœur de cette société et de ces gens qui l’exploitaient et n’hé-sitaient pas à la punir…

Car elle aimait tout bonne-ment son prochain !

Tel fut le thème de notre réunion annuelle, puisque nous avons l’habi-tude de réunir une fois par an tous les membres de notre association.

Pour nous, la mémoire est une source de foi que nous considérons comme « créative ». Car que serait une mémoire manquant de créativi-té ? Elle serait inévitablement condamnée à n’être qu’une activité purement mécanique, stérile et sans vie.

Lors de notre dernière réunion, l’évo-cation du souvenir de notre Sainte Mère impressionna nos éducatrices. L’une d’entre elles nous a, après-coup, adressé un petit mot qui disait ceci : « Vous nous « transmettez le flambeau », et nous prenons alors conscience de l’importance de cha-que témoin et de chaque témoi-gnage. Il nous serait bien difficile désormais de poursuivre notre tâche sans la force des liens qui nous unis-sent à notre Sainte Marie Euphrasie, pionnière sur ce chemin même que nous voulons par-dessus tout pour-suivre à vos côtés. »

Notre jeune éducatrice conclut sa lettre sur ces mots : « …Les filles avec lesquelles je passe mes jour-nées sont aujourd’hui devenues une partie de moi-même. J’espère sincè-rement qu’elles pourront un jour déployer leurs propres ailes et pren-dre leur envol vers une vie auto-nome… ! »

-Sr. Emanuela Nigro (S. Emanuela souffrait d’un cancer des poumons depuis plusieurs an-nées. Elle s’est éteinte le 17 octobre 2007)

Chapitre Provinciale Italie/Malte

17-26 Nov 2007 Italie

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Célébration des 150 ans à Malte

Le dimanche 14 octobre nous avons célébré les 150 ans de présence du Bon Pasteur à Malte. Nous sommes heureuses et rendons grâces à Dieu de nous avoir donné ces années et d’avoir été capables d’aider les plus démunis.

La messe célébrée par l’arche-vêque Paul Cremona 0P a com-mencé à 5H30. Son homélie était très émouvante et tous ceux qui étaient là l’ont écouté très attentivement. Toutes les famil-les de Balzan étaient invitées. Un bon nombre de paroissiens et d’associés laïcs ont pris part aux lectures, prières et offrandes…

Nos deux sœurs d’Angola ont donné à la célébration un carac-tère très festif par leurs danses et chants devant l’autel au mo-ment de l’offertoire, dans des costumes aux couleurs de leur pays.

Nous sommes vraiment recon-naissantes à toutes les sœurs qui nous ont précédées de nous avoir permis de continuer ce qu’elles ont commencé il y a 150 ans quand notre Mère Fonda-trice a envoyé 5 sœurs pour commencer la mission de ré-conciliation à Malte.

Notre première supérieure était allemande, Sœur Marie Dosite Joseph, et parmi les cinq sœurs missionnaires il y avait aussi une sœur maltaise Sœur Marie du Nom de Jésus Sammut. Son nom était « Grazzia » et nous reconnaissons qu’elle a été une véritable grâce pour nous à

Sr. Margaret Gonzi, responsable du district

Archevêque Paul Cremona OP présidant la messe

Famille du Bon Pasteur et ses amis lors de la célébration

Photo de groupe

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Malte et bien sur pour toute la congrégation.

Sr Brigid Lawlor, responsable de Congrégation , a été representée par Sr. Alexandra Eizenkrätzer, procuratrice générale. s

- Sr Rosalinda Seychell

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17ème anniversaire de son martyre

1990, 27 septembre, 2007 Trois aspects de sa vie célé-brés en prière à la lumière de la réalité de notre peuple Premier jour : Aguchita la mar-tyre… Les martyrs se trouvent dans le Chico Sud, lieu du trem-blement de terre du 15 août.

Deuxième jour : Aguchita la femme de Paix… dans le contexte de la Journée Interna-tionale de la Paix.

Troisième jour : Aguchita, Femme écologique… La défense de l’environnement et la problé-matique des Mines au Pérou et en Amérique Latine.

Victimes du tremblement de terre du 15 août

Illumination

« Opprimés de toute manière, mais non écrasés ; dans la dé-tresse, mais non dans le déses-poir ; persécutés mais non dé-laissés ; abattus mais non per-dus, portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jé-sus afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps ». 2 Corinthiens 4,8-10

« Le témoignage vivant de tant de missionnaires et de martyrs d’hier et d’aujourd’hui est pour nous un encouragement. Issus de nos peuples, ils ont réussi à partager le poids de la croix du Christ jusqu’à faire don de leur vie ». (Document d’ Aparecida 140)

Cet appel à être les témoins du Christ, Aguchita nous l’a rappelé très clairement. Sur notre terre dévastée par le séisme du 15 août, voici venu le temps d’autres martyres, ceux

que notre pays doit endurer aujourd’hui dans les zones d’I-ca, Pisco, Chincha, Huancave-lica…Plus que jamais, nous sommes conscientes du fait qu’honorer la mémoire d’Agu-chita signifie également se sou-venir des affligés en proie à l’angoisse d’un avenir incertain, ne sachant ni comment ni où vivre les semaines, les mois et les années à venir. Et comme si cela ne suffisait pas, la peur – parfois même encore un sen-timent de panique – d’une nou-velle secousse sismique vient s’ajouter à cette angoisse du lendemain.

La compassion qui sauve. Parmi les populations qui souf-frent, parmi ces crucifiés, s’é-lève une voix impérieuse qui appelle désespérément et qui nous conduit à nous dépasser. C’est bien là que le devoir de solidarité prend tout son sens : le sentiment de proximité entre êtres humains. Alors le miracle se produit : celui de la table que l’on partage et la joie indi-cible d’appartenir à la grande famille humaine.

Le tremblement de terre a provo-qué la destruction de plusieurs églises. « Nous nous retrouvons sans lieu de culte, mais pas sans Eglise. Car l’Eglise, c’est nous, et de nous dépend qu’elle continue à vivre ». Engagement

Les Sœurs et les groupes de jeu-

nes participant à nos programmes, mais aussi des laïcs constitués en brigades, ont été en première ligne et poursuivent leur mission au cœur de la zone dévastée. Chacun s’in-vestit d’une manière ou d’une autre, et tous déclarent : « les semences de vie ont été répandues, à nous de les découvrir et d’en prendre soin ». Puisse l’hommage que nous ren-dons aujourd’hui à Aguchita et à nos frères victimes marquer le départ d’un nouvel engagement ; qu’il ins-pire un nouvel élan vers une proximi-té encore plus solidaire. Voilà ce que nos martyrs nous enseignent. Nous sommes appelées à rendre « amour pour amour, vie pour vie, tisseran-des de compassion et de réconcilia-tion dans une solidarité globale… »

Merci Aguchita ! Merci pour cet exemple d’héroïsme et pour cette confiance en la force de l’Esprit. Que par ton intercession l’Eglise, la vie religieuse au Pérou, soit bénie et fortifiée dans sa tâche d’évangélisa-tion et de service. Que ce peuple que nous aimons ne vacille pas dans sa foi et dans sa lutte.

AGUCHITA, LA COLOMBE DE LA PAIX « Cheminez comme enfants de lu-mière car le fruit de l’Esprit consiste

en toute débon-naireté, justice et vérité.» Ephé-siens, 5, 8-9

« Je veux consumer dans le champ de mon apostolat toutes les

réserves vitales de mon cœur et de mes facultés ». (Aguchita)

Notre vœu est de maintenir par nos efforts sans cesse renouvelés notre choix préférentiel et évangélique en faveur des pauvres. Nous souhai-tons ardemment faire de ce conti-nent un modèle de réconciliation, de justice et de paix. Que ce Continent de l’espérance soit aussi celui de l’amour, de la vie et de la paix ! Oui,

Province du Pérou s Agustina Rivas: Femme Solidaire

(Suite à la page 8)

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nous voulons prendre soin de la Création divine, notre maison com-mune, par fidélité au projet de notre Seigneur. L’aide à l’intégration des peuples d’ Amérique Latine et des Caraïbes est plus que jamais une priorité.

AGUCHITA, la Femme écologi-que…Protectrice de l’environne-ment

La nature a toujours été - et continue à être – victime des agressions hu-maines. L’eau, ce trésor universel, est traitée comme une vulgaire mar-chandise, au gré des négociations entre les entreprises et les grandes puissances. L’Amazonie et les mines du Pérou n’échappent pas non plus à cette fièvre mercantile.

Face à cette nature menacée, Jésus nous commande de prendre soin de la Terre…

N’oublions pas La Bonne Nou-velle : au regard de l’Evangile, les ressources terrestres et l’écologie ont une finalité universelle.

Le Seigneur nous a confié le monde pour qu’il soit le bien de tous, celui des générations présentes mais aussi celui des générations à venir. Puisque les ressources se raréfient de manière inquiétante, l’usage que nous en faisons doit nécessairement être réglementé et soumis à un prin-cipe de justice quant à leur réparti-tion, en veillant à respecter le déve-loppement durable.

Quel est la valeur réelle de ma / notre contribution dans la défense de l’écologie ?

Nous sommes les envoyées de Dieu, venues pour annoncer l’E-vangile du Roi de Toutes les Na-tions. Sr. Delia Rodriguez et les Sœurs du Bon Pasteur, Pérou

AGUSTINA RIVAS... (Suite de la page 7)

17 octobre : Jurnée Internationale pour l’Elimination de la Pauvreté

Debout et manifester contre la pauvreté

Cette Journée Mondiale est née le 17 octobre 1987, par l’initia-tive du Père Joseph Wrésinski (1917-1988), fondateur du mou-vement ATD Quart Monde, de déposer une dalle de pierre en

souvenir « des victimes de l’extrême pauvreté » sur le parvis du Trocadéro à Paris (rebaptisé Parvis des Droits de l’Homme).

La page des Soeurs Contemplatives

Séjour en Italie x Sr. Cynthia Bone, (2ème depuis la gauche) soeur contemplative de la Province de l’Equateur, est accueillies par les soeurs contemplatives de Portici, Naples. Les soeurs italiennes sont, depuis la gauche, Srs. Immacolata, Rosa Virginia et Gabriella. Sr. Cynthia suit un cours pour formatrices qui se déroule sur six mois à Rome et se rend à Naples quand son emploi du temps le permet. Sr. Cynthia et deux soeurs apostoliques, Gladys Saiquita d’Argentine (missionnaire au Mozambique) et Aparecida Ribas de la Province de Recife vivent au Généralat du Bon Pasteur le temps de leurs études inter-congrégation pour formatrices.

Sr. Cynthia faisait également partie des soeurs contemplatives du groupe d’étude international qui avait travaillé ensemble à Angers pendant un mois l’an dernier, et rédigé un document, “Vers la transformation: Etude de la Vie Communautaire pour nos Communautés Contemplatives.” Le document est disponible sur le site de la congrégation dans la section Bibliothèque.

Visitez: www.buonpastoreint.org

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Six Sœurs célèbrent leurs 50 années de consécration à Dieu en Colombie et au Venezuela

Les Sœurs Alicia Londoño, Berta Villegas Sara Vargas, Genoveva Angulo, Isabelina Restrepo (à Bogota – Colombie) et Marta Uriela Villegas (au Venezuela) rendent grâce à Jésus le Bon Pasteur à l’occasion de la célébration de leurs 50 ans d’en-gagement dans la vie religieuse. « Comment pourrai-je rendre à notre Seigneur tout le bien qu’Il m’a fait ? »

Cela mérite bien un chant d’action de grâce en souvenir de l’appel particulier que Jésus le Bon Pasteur nous a lancé, en nous invitant à le rejoin-dre dans cette profession religieuse.

Merci à nos familles pour leur soutien indéfectible. En nous donnant le meilleur d’elles-mêmes, elles ont été pour nous un exemple. Nous rendons grâce au Seigneur, pour nous avoir permis de L’aimer et de Le servir à travers nos actions auprès des plus démunis – « les pauvres » - tout au long de ces 50 années. Nous rendons grâce à la Vierge Marie qui, cons-tamment présente à nos côtés, nous a insufflé le courage de toujours dire « oui ». Nous remercions enfin toutes celles et tous ceux à qui nous nous unissons ce 8 septembre par la prière pour renouveler nos vœux et redire au Sei-gneur : « Seigneur, je suis là pour que ta volonté soit faite ! » Sr Isabelina Restrepo

Danses liturgiques durant la célébration

L’autel

Cinq des six soeurs jubilaires

Prions pour

Le Chapitre Provincial

du Venezuela

21-28 Novembre 2007

Visitez le site de la Province Medellin,

Colombie http://www.fundacionelbuenpastor.org.co/

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La Mission japonaise Par Sr Marilyn Kahl En mars dernier, j’anticipais un printemps occupé ici en Atlanta : planifier des événements pour le printemps et l’été pour les per-sonnes âgées à la paroisse lo-cale, organiser un repas "Seder" avec nos Associées Bon-Pasteur, nettoyer nos jardins, ramasser les feuilles, etc., etc., Surprise ! S. Brigid Lawlor et S. Barbara Beasley m’ont demandé de passer trois mois au Japon à enseigner l’anglais à nos Sœurs du Bon-Pasteur ! Eh bien !

Les mois suivants ont été très occupés avec tout ça, en plus de réunir le matériel d’enseigne-ment à apporter ou à envoyer à l’avance. Heureusement que j’avais encore ce matériel du temps où j’enseignais l’anglais aux vietnamiennes et aux espa-gnoles. En plus, S. Anita avait du matériel utilisé dans des projets semblables. S. Agnes Yamamo-to, Leader de la province du Ja-pon, connaît assez d’anglais pour communiquer par courriel avec moi.

Je suis arrivée le 1er juillet et fus chaleureusement accueillie par S. Agnes et toutes les sœurs à Toyonaka City qui est près d’O-saka. Trois candidates vietna-

Sr Marilyn et ses étudiantes. Amusant d’apprendre la langue de liaison.

Sr Marilyn Kahl et les soeurs de la Province du Japon

miennes arrivées une semaine plus tard se sont jointes à cel-les du Japon. Les vietnamien-nes sont en formation pour la Province du Japon. La maison de formation a deux étages et est un bâtiment séparé sur le terrain. Trois sœurs professes vivent aussi là formant une communauté de sept.

La Province du Japon fut fon-dée en 1935. Les Sœurs du Bon-Pasteur du Canada furent les premières missionnaires. Aujourd’hui il y a des Sœurs du Bon-Pasteur à Toyonaka City, Sendai, Nagano et Enzen. La dernière fondation à Enzen a commencé en avril 2007. Ac-tuellement il y a 25 sœurs pro-

fesses et quatre candidates dans la Province du Japon.

Nos sœurs japonaises œuvrent dans plusieurs domaines: un jardin d’enfance pour 100-150 enfants de 3 à 5 ans, auprès des travailleuses migrantes philippi-nes venues au Japon à la re-cherche de bonnes occasions et finissant dans des circonstances malheureuses. Quelques-unes des sœurs plus âgées donnent de l’enseignement religieux à celles qui veulent devenir catholi-ques. Deux sœurs enseignent la traditionnelle cérémonie du Thé au jardin d’enfants. Il y a un foyer pour les jeunes filles qui ont be-soin d’une place en attendant l’entrée au collège ou au travail. Deux sœurs nonagénaires ont besoin d’aide (dont une cana-dienne depuis la fondation). Elles sont prises en charge dans la communauté de Toyonaka.

La classe d’anglais était dans une petite maison séparée sur le terrain, de sorte qu’on avait l’im-pression « d’aller à l’école ». La classe des débutantes et celle intermédiaire se sont ren-contrées trois fois par semaine. La classe des candidates s’est rencontrée quatre fois par se-maine. Celles qui voulaient aussi (huit sœurs) ont eu un enseigne-ment individuel par semaine. Elles étaient toutes des étudian-tes avides !

(Suite à la page 11)

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JAPON... (Suite de la page 10)

s « La reconnaissance est la mémoire du cœur ! » Par les Sœurs du Bon-Pasteur du Japon Nous avons été privilégiées d’avoir parmi nous au Japon S. Marylyn Kahl de la Province Mid North America pour nous donner trois mois de leçons d’anglais. Plusieurs sœurs et candidates ont participé au cours d’anglais tenu de juillet à septembre. Une sœur de 80 ans aus-si s’est jointe à la classe.

Nous avions deux groupes – la classe des débutantes et la classe intermédiaire, en plus des leçons individuelles qu’elle a données à certaines sœurs chaque jour.

Nous avons essayé d’apprendre au mieux que nous pouvions comme communauté. Nous nous sommes organisées comme si nous étions dans un pays anglophone. Chaque jour, nous essayons de collaborer et de nous discipliner à nous parler en anglais, spécia-lement durant nos repas ensemble. Nous avons pris plaisir à causer même si nous parlions un pauvre anglais. J’espère que notre profes-seure était heureuse avec nous dans la chaleur de l’été.

Grâce au don de S. Marylin, nous nous sommes habituées à parler anglais entre nous et à communiquer sans hésitation en communau-té. J’espère que nous garderons notre pratique de la langue anglaise entre nous et l’expérience de l’internationalité dans notre congréga-tion.

Je voudrais aussi exprimer mes plus sincères remerciements à S. Brigid Lawlor, S. Barbara Beasley et aux sœurs de sa province de nous avoir donné cette opportunité.

Nous accueillons toujours parmi nous des sœurs parlant anglais.

Avec beaucoup de reconnaissance et d’amour,

Sr Agnes Yamamoto, Provinciale Le 1er octobre 2007.

Le défi pour moi était d’évaluer le niveau de connaissance et de m’ajuster aux besoins des étu-diantes avec un bon jugement, de la souplesse et la grâce de Dieu. Mes journées étaient oc-cupées, amusantes, chaudes et épuisantes. C’était une grande joie de travailler avec les sœurs et nous avons beaucoup ri en-semble.

Des gens me demandent si je connais le japonais. Non. Mais j’ai appris qu’il y a des moyens de communiquer sans mots. Quand j’étais bloquée, je tirais un dictionnaire japonais sûr qui a une traduction japonaise romani-sée en anglais selon l’accent, par exemple : konichi wah = bon-jour. Ce petit livre m’est venu par Skip connue par les sœurs qui sont allées à Guam !

S. Terry, une sœur du Bon-Pasteur philippine, nous a donné un joli petit livre contenant les parties ordinaires de la messe en caractères japonais, une version romanisée, ainsi qu’une version anglaise et philippine. Avec la version japonaise romanisée j’ai appris à prononcer les parties de la messe en japonais. Les ser-mons japonais étaient une tout autre histoire !

Mon lien avec les États-Unis était, bien sûr, le courriel, et les nouvelles du soir avec Charles Gibson. Donc à 7h30 en se-maine, les nouvelles de la veille étaient diffusées à la télévision. Quelle merveille que le satellite de télévision! La bonne chose était qu’il n’y avait pas d’interrup-tions par les annonces publicitai-res, seulement les nouvelles. Cependant, sans les pubs, les informations étaient réduites à 15 minutes! J’ai aussi découvert un journal en anglais, Le Times japonais, qui couvrent des infor-mations internationales et des nouvelles nationales japonaises. s Le Japon est un très ancien et beau pays. Ses débuts remon-tent à des siècles avant que l’A-mérique du Nord soit habitée et/ou avant qu’une grande partie de l’Europe soit organisée. Ses raci-

nes religieuses sont très pro-fondes en Shinto (la religion officielle de l’état) et le Boudd-hisme. Le christianisme arrive relativement tard dans les an-nées 1500 et endure des siè-

cles de rejet par divers empe-reurs et chefs d’état. Les chré-tiens/ catholiques sont probable-ment moins de 1 % de la popula-

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(Suite à la page 12)

« ...les sœurs m’ont habillée (littéralement) avec un joli kimono. »

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tion. Cependant, il y a une sensi-bilité spirituelle très profonde chez les gens. Des sanctuaires et des temples abondent, dont la plupart sont vieux de plusieurs siècles.

Parmi mes expériences culturel-les, j’ai visité des temples et des châteaux qui sont des trésors historiques, ainsi que les lieux où les gens vont prier. Je fus im-pressionnée par un temple parti-culier où des femmes priaient pour la paix de l’âme après la mort d’un enfant, parfois après un avortement.

Pour moi une visite à Hiroshima fut une expérience très émou-vante le 6 août, jour anniversaire du bombardement. Toute la jour-née il y eut des cérémonies, des

prières et des discours devant des milliers de personnes. Un grand désir d’une paix mon-diale était évident. La visite au Musée de la Paix fut une expé-rience calmante. Plusieurs sal-les de photos et de restes d’ob-jets découverts dans les dé-combres, font voir la dévasta-tion complète et la souffrance infligée à cette ville. Je sou-haite que tous ceux qui militent pour la guerre et les armes nu-cléaires visitent ce musée.

J’ai aussi visité la ville histori-que de Kyoto, y compris une entreprise qui fait la démons-tration de tissus de soie utilisés pour les kimonos. Il y avait une vitrine où de jolis modèles japo-nais circulaient en kimono. De retour à la maison, les sœurs

JAPON... (Suite de la page 11)

Echos du chapitre provincial de Grande Bretagne

Tisserandes de Compassion a et de Réconciliation en solidarité globale

« Ces jours de chapitre nous ont donné un espace sacré où nous avons écouté Dieu nous parler à travers Sa Parole et à travers les autres… un espace ou l’Esprit a inspiré nos actions et gardé nos cœurs ouverts à l’appel continuel de Dieu.. un espace qui a nourri notre désir d’être ensemble et nous a rendu capable de plani-fier le futur » (rapport du leader provincial)

En octobre 2000 nous étions 102 sœurs dans la province. Aujourd-’hui nous sommes 72 (67 RBP et 5 CBP)

32 sœurs étaient présentes au chapitre à Loyola Hall un centre de retraite jésuite.

Celles qui ne pouvaient pas venir à cause de leur âge ou de leur santé ont été prises en compte sous une forme visuelle comme un rappel constant de leur « présence priante »

La célébration de la vie de nos sœurs qui sont parties dans leur éternité depuis le dernier chapitre

provincial ont eu une place spé-ciale pendant le chapitre et elles étaient unies à nous quand nous avons prié avec elles.

« Va ami silencieux pardonne nous si nous t’avons fait de la peine, Sois en sécurité maintenant au ciel, avec bonté dis notre nom. Ta vie nous touchées c’est pourquoi nous te pleurons, nos vies sans toi ne sont plus les mêmes. »

Hymne chanté sur « Londonderry air »

- Sœurs du Bon Pasteur

m’ont habillée (littéralement) avec un joli kimono. Bien sûr, nous avons pris beaucoup de photos !

Il y a tellement de choses que je voudrais partager, mais j’aurais à écrire un petit livre. Je suis très reconnaissante envers les sœurs japonaises, spécialement S. Agnes, pour avoir partagé avec bienveillance leurs vies et avoir tellement pris soin de moi. Ce fut une merveilleuse occasion d’ap-prendre au sujet d’une autre culture qui a élargi mes horizons plus que je pourrais en dire. Ari-gato gozaimashita !

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Les deleguées du Chapitre

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Le 8 septembre 2007 fut un jour de fête au Couvent du Bon-Pasteur à Quezon City. Deux sœurs ont célébré leur jubilé d’or, une le matin et l’autre l’a-près-midi.

S. Mary Felicitas Nisperos, rbp, une ancienne missionnaire à Hongkong, a célébré le 50e anni-versaire de sa première profes-sion à la messe de 8h présidée par le P. Lino Nicasio, SVD, un ami et collègue qui fait aussi du ministère auprès des travailleu-ses migrantes philippines à Hongkong. S. Felicitas a pronon-cé ses premiers vœux au Cou-vent Bon-Pasteur à Los Angeles, Californie, le 8 septembre 1957. Après plusieurs années dans l’apostolat aux Philippines, elle fut envoyée en mission à Hong-kong où elle exerce encore son ministère.

Dans l’après-midi, une autre messe jubilaire à 15h a commé-moré le 50e anniversaire d’entrée au noviciat de S. Mary James Wilson, rbp. L’Eucharistie fut concélébrée par le P. Manuel V. Francisco, sj, et trois eudistes : les pères Ron Bagley, Pierre Marchand et Alirio Raigozo. Ce fut une heureuse célébration de famille avec, à l’intérieur de la messe, l’accueil officiel du pre-mier candidat eudiste philippin, Cirio Kabamalan.

Les Affiliées laïques Bon-Pasteur avaient invité un chœur de jeu-nes professionnels pour un court concert musical après la messe. Le chœur ‘New Harvest Minis-try’ (Le ministère de la nouvelle moisson) a interprété ‘A Breath of Heaven’ (Un souffle du ciel), un spectacle musical avec chants et danses. La participa-tion de sept enfants de la classe Headstart à Bagong Silangan, Quezon City, fut particulièrement spéciale. Le programme Heads-tart fut commencé par S. James il y a deux ans pour préparer les enfants de 3 à 6 ans à l’école dans le secteur où nos pré-novices de-meurent pendant leur expérience d’immersion auprès des pauvres de

la ville. Les Affiliées laïques ont aussi soutenu le programme ali-mentaire quotidien des enfants des classes Headstart.

- Sr Mary James Wilson (Sr Mary James Wilson était mem-bre du Centre Spiritualité de la

Un double jubilé

Maison-Mère 1987-1991, 1998-2001. Outre son engagement actuel dans divers projets aux Philippines, elle fait aussi de la traduction d’arti-cles pour le Journal Bon Pasteur, du français et/ou de l’espagnol à l’an-glais.)

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Sr. Mary James Wilson avec sa famille.

Sr Mary James et Cirio

Sr. Mary Felicitas Nisperos avec les pères SVD.

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Réflexions de Theresa Sy-mons « Rien n’est plus pertinent que ce message de l’Evangile : le Bon Pasteur cherche ceux qui souffrent, soigne ceux qui sont malades et prend les plus faibles dans ses bras. » Sainte Marie Euphrasie

Comment tout a commencé… Tout a commencé à Singapour le 1er octobre 2007 lorsque Sœur Susan Chia, coordinatrice provinciale Sin-gapour/Malaisie, demanda à Janet Chee, agent de liaison pour la mis-sion au Sabah : « Montrez-moi où se trouvent les pauvres du Sabah ! ». Une demande d’autant plus judi-cieuse qu’en l’occurrence, Janet se trouve être Secrétaire d’Etat Adjointe Permanente pour le Développement communautaire et la Consommation durable au Sabah.

Cette requête toute simple, presque banale, a en réalité lancé la dynami-que du Partenariat du Bon Pasteur en Malaisie, avec comme axe straté-gique un programme d’aide aux plus pauvres parmi les pauvres. A peine rentrée à son bureau de Kota Kina-balu le lendemain, Janet passa quel-ques coups de fil et voilà, le tour était joué… Une visite officielle de Janet dans le cadre de ses attribu-tions ministérielles fut organisée au village de Nibang, à Pitas, District de Kudat, Etat du Sabah, le 10 octobre 2007. Janet prit des dispositions pour que six d’entre nous (Sœur Susan Chia, Sœur Joan Lopez, Sœur Angelina Peter, Sœur Maria Dipal, Sœur Imelda Sikul ainsi que Theresa Symons) puissent l’accom-pagner dans son voyage, un dépla-cement facilité par Monsieur Mujin Durin, assistant social régional pour Kudat, Pitas, Kota Marudu et Mat-tunggong. Nous apprîmes que des gens de six villages – à savoir Ni-bang, Soniton Laut, Soniton Ulu, Samparita Laut, Mongkobusu et

Province de Singapour-Malaisie x Pitas – Le peuple oublié de Sabah

Lokos – nous rejoindraient à l’é-cole primaire de Kampung Nibang lors de notre visite.

Le voyage à Pitas… Pitas est à la fois une ville et un district appartenant à la Division de Kudat, Etat du Sabah, en Malaisie Orientale. D’après une estimation datant de 2006, sa population se-rait de 38.600 habitants. Les Run-gus en constituent l’ethnie princi-pale. Pitas est considérée comme l’une des zones les plus pauvres de l’Etat du Sabah, et donc de Malaisie.

Kampung Nibang, dans l’agglomé-ration de Pitas, est un village situé à 4 heures et demie de route de Kota Kinabalu. L’accès au village ne peut se faire qu’en quatre-quatre, sur un terrain très acciden-té, notamment pour les 20 derniers kilomètres du trajet.

Notre expérience de Dieu en

compagnie des pauvres du Sabah… Notre rencontre devait avoir lieu au SK Nibang, unique école primaire pour les six villages. Nous apprîmes que Pusat Seri Murni était la pre-mière Organisation Non Gouverne-mentale (ONG) à visiter Kampung Nibang. L’instituteur dévala la colline pour venir à notre rencontre. Nous avons alors levé la tête pour décou-vrir avec surprise qu’une centaine de personnes étaient là pour nous ac-cueillir. Ces gens, venus des villages les plus éloignés, s’étaient mis en route avant l’aube pour accourir à Nibang. Alors que nous étions en train de saluer ces villageois, une dame vê-tue de rouge s’avança vers nous et donna deux pièces de 10 cents à Sœur Angelina. Cette dernière, com-plètement sidérée et un peu gênée, accepta les deux pièces avec une humilité non feinte, consciente que ces pièces étaient peut-être le seul bien que possédait cette femme… Voilà une parfaite illustration de « l’obole de la veuve ».

Les villageois portaient leurs plus beaux habits, en réalité une myriade de couleurs défraîchies, vêtements surannés ayant probablement connu des jours plus fastes. L’allocution officielle de Janet servit de préam-bule à notre dialogue. Elle nous pré-senta aux villageois, après quoi ceux-ci furent invités à s’exprimer. Pour entamer la conversation, les

(Suite à la page 15)

Pitas

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SINGAPOUR/MALAISIE... (Suite de la page 14)

anciens de chaque village exposè-rent leurs vues au nom de la com-munauté. Leur vœu unanime concernait l’édu-cation, c'est-à-dire la possibilité de pouvoir faire des études à tous ni-veaux, qu’il s’agisse d’éducation primaire fondamentale pour leurs enfants, de formation à la micro en-treprise pour les femmes ou de per-fectionnement en matière de techni-ques agricoles pour les hommes.

Nous pûmes remarquer combien les enfants de l’école primaire étaient âgés pour leur niveau scolaire. En réalité, il faut savoir qu’ils ne com-mencent leur scolarité qu’à l’âge de 9 ou 10 ans. Comme nous l’avons dit précédemment, les distances à pied entre maison et école sont trop importantes et peuvent parfois at-teindre 4 à 5 kilomètres pour le seul trajet aller. Des adolescents âgés de 15 ans sont à peine en CM2 alors qu’ils devraient déjà avoir atteint le niveau de la 4ème au collège. Ils n’ont en fait pas d’autre choix que d’atten-dre d’être physiquement aptes à affronter des trajets quotidiens de 4 à 5 heures de marche en terrain accidenté, simplement pour se ren-dre de chez eux à l’école, sans compter le chemin du retour.

Les villageois ont également deman-dé que soit réparé un pont suspendu complètement délabré qui enjambe le fleuve Bengkoka. Ce pont se trouve dans un tel état d’abandon qu’il constitue un véritable danger pour les enfants, particulièrement par mauvais temps. La nécessité de disposer d’un bateau à moteur pour franchir fleuves et rivières lorsqu’ils sortent de leur lit a également été évoquée avec insistance. Alors que la discussion se poursui-vait, nous remarquâmes que les femmes se tenaient à l’écart, dans une attitude hésitante, tandis que les hommes occupaient volontiers le devant de la scène. Elles sont ce-pendant demeurées silencieuses malgré nos appels répétés à prendre part au dialogue et à exprimer leur point de vue. En tant que Sœurs du Bon Pasteur fidèles à notre charisme originel, nous avons toutes songé alors à notre mission première : ve-nir en aide aux femmes et aux en-fants dans le besoin. C’est pourquoi nous avons attendu la fin de la ré-union officielle pour inviter ces fem-mes à dialoguer avec nous en apar-té.

50 femmes de tous âges se sont alors rassemblées autour de nous… Toutes semblaient usées par le temps, victimes de la dure réalité de leur vie marquée par la pauvreté et l’analphabétisme. Pen-dant que nous parlions, des en-fants se réfugiaient dans les bras de leur mère pour recevoir la tétée. Ces pauvres gamins avaient la gale et souffraient d’une mauvaise hygiène dentaire. Les femmes nous ont alors ra-conté les abus sexuels, physiques et verbaux qu’elles avaient dû su-bir, particulièrement lorsque leurs maris rentraient ivres à la maison. Nous avons vu les larmes leur monter aux yeux lorsqu’elles ont évoqué comment elles en étaient parfois réduites à se priver de nourriture afin que leurs enfants puissent manger cette jolie petite pomme de terre qu’elles s’étaient débrouillées à récolter le matin même pour leur repas quotidien. Avec 5 ou 6 bouches à nourrir pour un revenu mensuel misérable de 50 ringgits (moins de 12 euros), on peut dire que cette lutte pour la survie a sérieusement sapé leurs forces.

Toutes ces femmes nous ont confié leur espérance d’un avenir meilleur. Elles rêvent de pouvoir nourrir correctement leurs enfants, de pouvoir améliorer leur savoir-faire culinaire, d’apprendre à cou-dre et d’être un jour capable de parler anglais.

Pour certaines, c’était la première fois qu’elles avaient l’occasion de faire partager leur vision des cho-ses, réalisant ainsi qu’elles aussi avaient leur mot à dire. Leur soif d’être entendues et comprises était palpable.

Un peu plus tard, nous avons ap-pris par Janet et Mujin que l’in-ceste était une pratique très répan-due dans ces villages et que Pitas avait en Malaisie le peu glorieux record du taux le plus élevé de thalassémie, maladie du sang liée à une anomalie héréditaire.

Le cœur déchiré par de si pénibles révélations, nous éprouvions la tragique nécessité de faire quel-que chose pour ces malheureux oubliés de tous et complètement coupés du progrès. Nous avons donc promis aux villageois de re-venir les voir tout en les assurant

que leurs doléances seraient prises en compte et que l’écho nécessaire serait donné à leurs problèmes.

Réflexion… Le même soir, nous nous sommes réunies pour proclamer la parole de Dieu, tirée de l’Evangile selon Saint Luc (11 :1-4) : « le Notre Père ». Quel sens avions-nous donné à nos expériences du jour à la lumière du message de l’Evangile ?

Chacune d’entre nous fit part de ses propres expériences de Dieu au moment où nous nous retrouvions face aux pauvres parmi les pauvres. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » claqua comme un défi nous exhortant à tendre l’oreille à l’immense cri de détresse de ces gens de Pitas, démunis de tout : nourriture, vêtements, logement, éducation… Voilà le sort de ces mal-heureux, laissés sur le bord de la route, sacrifiés sur l’autel de ce que certains nomment « progrès » et qui n’est qu’une fiction pour une nation qui célèbre en cette année 2007 le

cinquantième anniversaire de sa création.

Nous avons réfléchi et médité sur les deux pièces de 10 cents données à Sœur Angelina, sur la date de notre visite à Pitas, le 10 octobre (10/10), sur notre groupe, alors composé de 10 personnes et sur la promesse du Bon Pasteur de l’Evangile selon Saint Jean 10 :10 : « Moi, Je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le Bon Berger. Le Bon Ber-ger donne sa vie pour ses brebis. ». La voie de notre Bon Pasteur réson-nait, réaffirmant avec force le sens de notre mission : chercher tous ceux qui sont dans la souffrance, soigner ceux qui sont malades et prendre les plus faibles dans nos bras. Cela fut encore souligné par le passage tiré de l’Evangile selon Saint Luc (11 :9-13) choisi pour le lendemain : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouve-rez, frappez et on vous ouvrira ». Cela nous conforta dans notre foi et

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(Suite à la page 16)

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2007 Journal du Bon Pasteur

Alors que nous invitons chaque Uni-té à envoyer ses articles à tout mo-

ment de l’année, nous avons planifié la possibilité de partager des

sujets spécifiques et nous vous proposons de soumet-tre un article aux dates prévues ci-

dessous. Ainsi en fin d’année toutes les Unités auront contribué au Jour-

nal du Bon Pasteur. Merci d’envoyer cet article

avant ou pour le cinq de chaque mois.

Voici le calendrier proposé :

Janvier Commissions, Conseil de Congréga-

tion, Autres nouvelles

Février District de Chine, Argentine/

Uruguay, France/Belgique, Kenya

Mars Mid North America, Belo

Horizonte, Bogota

Avril Asie de l’Est, Bolivie, Allemagne

Mai Chili, Grande Bretagne,

Liban/Syrie

Juin Autriche/Suisse/République Tchèque, Egypte/Soudan,

Equateur, Japon

Juillet Inde/Népal, New York, Amérique

Centrale, Hongrie x

Août Indonésie, Medellin, Sénégal,

Irlande/Ethiopie

Septembre Philippines, Mexique, Pays Bas,

Afrique du Sud x

Octobre Singapour/Malaisie, Pérou, Italie/Malte, Portugal, Angola, Canada

Novembre Sri Lanka/Pakistan, Recife,

Paraguay, Espagne, Les Iles z

Décembre Conseil de Congrégation, Australie/

Aotearoa/Nouvelle Zélande, Mozambique, Venezuela

Invitation Merci d’envoyer les articles, photos à:

REGINA KUIZON Casa Generalizia,

Suore del Buon Pastore Via Raffaello Sardiello 20

00165 Roma, Italia

Journal du Bon Pasteur Merci à:

Srs. Magdalena Franciscus, Gisèle Lalonde, Rosario Ortiz, Adriana Perez, Mary James Wilson, Mlle. Claire Alessandri,

Mlle. Valentina Galluzzi et M. Michel Ferrer pour la traduction

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SINGAPOUR/MALAISIE... (Suite de la page 15)

nous comprîmes que, dès que nous commencerions à demander, à chercher et à frapper aux portes afin d’aider les pauvres de Pitas, alors s’ouvrirait devant nous le chemin de tous les possibles, celui des opportunités, des ressources et de l’espérance.

Notre réponse… Nous avons entrepris des négocia-tions avec le Ministère du Dévelop-pement Social et de la Consom-mation durable de Sabah, pour voir dans quelle mesure et de quelle façon nous pourrions répon-dre à l’appel désespéré des habi-tants de ces 6 villages de la zone de Pitas. Le Ministère a donné son accord pour surveiller la mise en place des infrastructures nécessai-res à la bonne exécution des contrats de coentreprise. L’ONG Pusat Seri Murni, de son côté, s’engage à collecter des fonds pour faire face aux priorités les plus immédiates. Cela consisterait à soutenir les efforts des villageois pour devenir autonomes dans les domaines suivants : Le Ministère s’occupera de trouver

les sources de financement en vue de la construction d’une bibliothèque rurale à Kampung Nibang, ceci afin de pallier le cruel déficit actuel en termes de ressources et de matériel éducatifs. Nous cons-tituerons une collection de documents pédagogiques et de manuels d’anglais usagés pour l’école primaire.

Afin de permettre aux enfants de se rendre à l’école plus facile-ment par temps de pluie, l’ONG Pusat Seri Murni fourni-ra un bateau à moteur.

Le pont suspendu qui relie les vil-lages à l’école primaire étant dans un état de délabrement total, nous trouverons les sources de financement né-cessaires, de manière à ce que les villageois puissent le

réparer par eux-mêmes ou, s’il le faut, en construisent un nou-veau.

Au quotidien, les villageois se nour-rissent principalement de riz et de tapioca. Le Ministère de l’A-griculture va donc entreprendre de former les fermiers à la culture des légumes et à l’éle-vage d’animaux.

Le Ministère du Développement Social et de la Consommation durable, en coopération avec le Ministère de l’Education, va permettre la construction par les villageois eux-mêmes d’une école primaire foyer en 2008. Là encore, l’ONG Pusat Seri Murni se chargera de collecter les fonds nécessaires à l’acquisition d’engins et de matériaux de construction.

Ensemble pour mener notre mis-sion… Le lendemain 12 octobre 2007, aux premières lueurs de l’aube, alors que nous nous rendions à la messe à Kota Kinabalu, nous vîmes deux arcs-en-ciel traverser notre couvent de part en part. L’un apparaissait très distinctement, tandis que le se-cond était à peine visible.

L’arc-en-ciel, symbole d’espérance, et la relation d’engagement indéfecti-ble qui lie Dieu à ses enfants, nous donnent le courage de prendre les choses à bras-le-corps, de franchir le pas et de nous tenir aux côtés des pauvres. Puissent ces derniers res-sentir au fond d’eux-mêmes ce souf-fle d’espérance que Dieu a promis : « Demandez et vous recevrez, Cher-chez et vous trouverez, Frappez et on vous ouvrira. »

« L’amour nous pousse à suivre les traces du Bon Pasteur ; il nous donne la force de chercher partout ceux qui sont blessés par la vie, ceux que le monde abandonne » Sainte Marie Euphrasie Pusat Kebajikan …e-bulletin du Bon Pasteur, Singapour/Malaisie Octobre 2007 / N°2