3 décembre 20159h30 – 17h

Modèles clastiques

Manipuler pour comprendre

Une journée d’étude inscrite dans le cadre du programme de recherche Didactique tangible

Cette journée s’attachera à l’histoire des modèles didactiques dits « clastiques », envisagée depuis leur première apparition jusqu’aux approches numériques contemporaines.

À une échelle souvent agrandie et dans des matériaux variables (bois, papier mâché, papier plié et découpé, « carton pierre », etc.), ces outils pédagogiques figuraient des plantes, des animaux, des corps écorchés entiers ou sous forme de fragments. L’utilisateur pouvait manipuler les différentes pièces, les démonter, les remonter, explorer et étudier les formes, les tailles, toutes les faces, et les rapports respectifs. Les couleurs comme l’apparence tactile de tous les détails étaient restituées pour évoquer au plus près les sensations du réel. Ces supports pédagogiques légers et plus ou moins résistants utilisés dès le XVIe siècle étaient destinés à l’enseignement de la médecine et des sciences (anatomie humaine, anatomie comparée et histoire naturelle).

De nos jours, de nombreuses déclinaisons de ces objets à manipuler intègrent les technologies numériques ; ces dispositifs sont utilisés dans les champs de l’éducation, de la médiation, de la muséographie, de l’expographie. Différents spécialistes, chercheurs, conservateurs et professionnels viendront partager leurs analyses

et leurs expériences quant au potentiel cognitif et sensible de ces outils. Il s’agira notamment de montrer que le numérique peut encore les enrichir en intégrant à l’exploration tactile les interfaces tangibles et naturelles ainsi que toute la palette des médias numériques.

Olivier Poncer Responsable de l’atelier de Didactique visuelle Porteur pour la HEAR du programme de recherche Didactique tangible

André Bihler Enseignant en médias numériques de l’option Communication

Sophie Raux Maître de conférences en histoire de l’art à l’Université de Lille et membre du l’Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS – UMR CNRS 8529).

9h30 – Pascale Debrock, Sophie Raux, Olivier PoncerOuverture de la journéePrésentation de la Plaine Images, du pôle SCV, du programme iCAVS et de l’atelier de Didactique visuelle

10h – Jérôme van WijlandConservateurUsages des papiers découpés dans l’illustration anatomique des XVIe-XVIIe siècles

11h – Christophe DegueurceProfesseur d’anatomieLes modèles clastiques du Docteur Auzoux

14h – Solène KalénineChercheur au CNRSManipuler les effets visuels d’un spectacle pour percevoir différemment

15h – Philippe Moreau & Marc-Amaury LegrandTactile StudioLa pratique de l’image en relief, espoirs et difficultés

16h – Arnaud WaelsAgence DevocitéVision opérationnelle du design d’interfaces tactiles pour le grand public

18h – Vernissage de l’exposition

Jérôme van Wijlandest conservateur d’État des bibliothèques, Directeur de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine.

Jérôme van Wijland a exercé comme conservateur chargé de collections en sociologie, philosophie et histoire des sciences et des techniques à la Bibliothèque nationale de France, où il a notamment assuré le commissariat conjoint de l’exposition Sorbonne-plage (BnF, 18 mars - 18 mai 2008). Depuis 2011, il dirige la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine et s’attache à en valoriser les collections dans toute leur diversité (imprimés, archives et manuscrits, œuvres d’art) par des colloques, des publications ou des opérations de numérisation. Il s’intéresse tout particulièrement à l’histoire du livre de science dans ses aspects matériels comme dans sa conception.

• Usages des papiers découpés dans l’illustration anatomique des XVIe-XVIIe sièclesCette communication s’attachera à présenter la pratique des feuilles volantes anatomiques à rabats superposés aux XVIe et XVIIe siècles, étudiées dès le XIXe siècle par Ludwig Choulant, plus récemment par Andrea Carlino sous le nom de « corps de papier ». En expliciter les usages, symboliques ou pratiques, permettra de les mettre en regard d’autres types de papiers découpés également présents dans les ouvrages d’anatomie, en particulier dans les ouvrages de Vésale, le De humani corporis fabrica libri septem – et son Epitome – où l’usage pédagogique et mnémonique et le discours moral cèdent le pas à une conception ambitieuse du livre savant qui associe étroitement contenu et contenant.

Christophe Degueurceest professeur d’anatomie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, conservateur du musée Fragonard et mène ses travaux de recherche au Centre de Recherche en Histoire Européenne Comparée de l’Université Paris-Est Créteil.

Les travaux de recherche de Christophe Degueurce portent sur l’histoire des collections du musée dont il a la charge, notamment sur les modèles anatomiques comme les écorchés de Fragonard ou les modèles clastiques du docteur Auzoux, ainsi que sur l’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier, Corps de papier. L’anatomie en papier mâché du docteur Auzoux, qui recense et analyse la production de la fameuse usine de St Aubin d’Escroville.

Programme Intervenants

• Les modèles clastiques du Docteur AuzouxLouis Auzoux (1797-1880) a été rendu célèbre par les modèles en papier mâché qu’il conçut, fabriqua et exporta dans le monde entier au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Médecin de formation, il créa d’abord des mannequins humains dont le démontage progressif mimait la dissection, puis s’engagea dans la création d’animaux types représentant les grandes familles zoologiques, en augmentant souvent la taille pour rendre leur abord plus aisé. Le cheval fut une de ses sources principales d’inspiration et ses créations servirent à la formation des militaires, des éleveurs et des vétérinaires. Auzoux fit de même avec les végétaux, rendant toutes les subtilités d’une morphologie complexe par l’ingéniosité de montages fortement agrandis.

Solène Kalénineest chercheur au CNRS en section 26, Cerveau, Cognition et Comportement et rattachée au Laboratoire SCALab (Laboratoire en Sciences Cognitives et Affectives) de l’Université de Lille.

Après avoir obtenu un Doctorat de Psychologie Cognitive traitant du développement des connais-sances conceptuelles en 2008 à Grenoble, Solène Kalénine a effectué trois années de recherche post-doctorale au Moss Rehabilitation Research Institute de Philadelphie, aux États-Unis, dont les recherches participent à la compréhension et la rééducation des troubles de l’action chez les patients cérébro-lésés. Lauréate du programme ANR « retour post-doc » 2011 avec un projet centré sur le rôle de l’action dans l’organisation des connaissances, elle est rentrée en France pour intégrer le laboratoire SCALab de Lille. Depuis 2013, elle est chercheur au CNRS et contribue aux recherches se développant dans le domaine des Visual Studies dans la métropole lilloise.

• Manipuler les effets visuels d’un spectacle pour percevoir différemment. Solène Kalénine présentera un projet de recherche réalisé en collaboration avec le Centre d’Étude des Arts Contemporains (CEAC) et un duo d’artistes, les Baltazars, visant à évaluer l’impact de l’action sur la perception artistique (projet ACTPA). Des ateliers permettant de manipuler les effets visuels du spectacle des Baltazars via une interface tactile ont été élaborés et l’influence de ces ateliers sur le comportement oculaire du spectateur, ses réactions physiologiques, et son ressenti ont été mesurés. Ce projet a été financé par le cluster iCAVS et l’Université Lille dans le but de promouvoir la recherche pluridisciplinaire dans le champ des Visual Studies.

Philippe Moreauest directeur général de TACTILE STUDIO.

Philippe Moreau est diplômé d’un master en sciences de gestion de l’université de Paris IX Dauphine. Il vit et travaille à Paris.Suite à des premières expériences dans le commissariat d’exposition en art numérique et contemporain, Philippe Moreau crée une première entreprise en 2004 spécialisée en impression 3D. La découverte de la médiation culturelle à destination des publics éloignés l’incite à créer TACTILE STUDIO, en 2009. L’objectif de l’entreprise est de proposer la conception et la réalisation de dispositifs en relief innovants auprès des institutions culturelles.

Marc-Amaury Legrandest directeur artistique, designer graphique & tactile.

Marc-Amaury Legrand est diplômé en master design graphique et multimédia de l’école supérieure d’art et de design de Reims. Il vit et travaille à Paris.Spécialisé dans l’identité visuelle et l’édition de luxe au sein de la Maison Hermès, chez Cakedesign ainsi qu’auprès de la Fondation Bettencourt-Schueller, Marc-Amaury est également passionné depuis toujours par l’univers tactile. Après avoir développé une série de trois livres tactiles pour enfant mal et non-voyant, il intègre et réunit chez Tactile Studio graphisme, typographie ainsi que la conception de dispositifs multisensoriels, notamment dans le domaine de l’édition.

• La pratique de l’image en relief, espoirs et difficultés. Philippe Moreau et Marc-Amaury Legrand proposeront au travers de de trois exemples concrets de faire découvrir, d’une part la pratique de la conception et de la réalisation de l’imagerie tactile, et d’autre part ses espoirs et limites. En effet, cette pratique n’est pas seulement encadrée par la capacité du canal sensoriel haptique à saisir les formes et contours d’un objet en relief, mais aussi par la capacité du sujet à se forger une image mentale à partir d’une abstraction graphique. Seront ainsi évoqués les expériences de l’Imagier du Quai Branly (2012), du département des Arts de l’Islam (Louvre, 2013) et celui du musée de l’Homme (2015).

Philippe Moreau et Marc-Amaury Legrand aborderont enfin la richesse induite par l’utilisation simultanée des images en relief et du son.

Arnaud Waelsest ingénieur télécom spécialisé dans le design et le développement d’interfaces numériques muséographiques ou scénographiques.

En tant que gérant de l’agence Devocité, il a travaillé sur 30 projets de multimédia interactif innovants ces 5 dernières années en tant que designer/developpeur, dont 2 ont été présentés à la conférence internationale Cultural Heritage, et 4 ont été labellisés « Services Culturels Innovants » par le ministère de la Culture. Il s’est intéressé dès 2009 aux interfaces tangibles et naturelles, et au rapport aux objets via le multimédia, dans le but de valoriser la qualité de l’expérience de visite et de faciliter l’acquisition de connaissances. On peut citer en exemple une table tangible pour comprendre la minéralogie en manipulant des atomes (2010), une table tangible d’aménagement d’un territoire subissant l’érosion et la submersion (2011), ou encore une table tangible avec les produits de la marque de luxe Martell (2014).

• Vision opérationnelle du design d’interfaces tactiles pour le grand public L’angle de vue de cette intervention sera davantage celui de l’opérationnel. Arnaud Waels effectuera un rapide historique des tables tangibles à objets mises en œuvre cette dernière décennie dans le monde pour le grand-public et des principaux usages associés (tous domaines d’activité confondus). Il balaiera les technologies sur lesquelles il s’appuie communément pour mettre en œuvre des interfaces tangibles au quotidien. Enfin, il décrira les modes d’interaction opérationnels qu’il a été amené à mettre en œuvre avec sa vision de designer d’interaction, les comportements du public utilisateur seul ou en groupe, la part d’intuitif et de didactique, les freins actuels à leur mise en œuvre, la motivation et la perception des commanditaires.

Visuel en couverture © Photo de Camille Duband Vernissage de l’exposition Des objets, des images, des gestes, à la Chaufferie, galerie de la Haute école des arts du Rhin – Strasbourg, le 2 avril 2015.

www.didactiquetangible.hear.fr | www.hear.frwww.scv.hypotheses.org

La journée d’étude Modèles clastiques. Manipuler pour comprendre est organisée le jeudi 3 décembre 2015 à l’Imaginarium – Plaine Images, Tourcoing (salle R1). Cette journée s’inscrit dans le cadre du programme de recherche Didactique tangible, soutenu par la Direction générale de la création artistique – Ministère de la Culture et de la Communication et par le cluster iCAVS (Interdisciplinary Cluster for the Advancement of Visual Studies) du pôle Sciences et Cultures du Visuel.

La journée d’étude sera suivie de l’inauguration de l’exposition Des objets, des images, des gestes, réalisée par l’atelier de Didactique visuelle de la HEAR en collaboration avec l’iCAVS et en partenariat avec la Plaine Images.

Des objets, des images, des gestes a été exposée une première fois à la Chaufferie, galerie de la HEAR à Strasbourg du 3 avril au 10 mai 2015 ; la collaboration avec le pôle SCV lui permet de poursuivre son voyage et d’être accueillie à l’Imaginarium, du 4 au 17 décembre 2015.

Imaginarium – Plaine Images99a boulevard Descat59200 TourcoingMétro ligne 2 : station Alsace