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#agridemain : 200 ambassadeurs inscrits ! Déjà près de 200 agriculteurs se sont inscrits volontairement pour devenir ambassadeurs #agridemain et participer ainsi, sur leur exploitation, dans leur territoire et sur les réseaux sociaux à la promotion d’une agriculture performante et durable auprès de l’opinion publique. C ette mobilisation qui s’amplifie chaque jour est un formidable encouragement et un gage de réussite pour la mission collective que nous nous sommes fixés : raconter la vraie histoire de l’agriculture et rapprocher le monde agricole de la société. Dès la fin du mois de mai, une tournée régionale sera organisée pour aller à la rencontre de tous les ambassadeurs et de tous ceux qui veulent rejoindre cette communauté et y participer activement. Éleveurs, céréaliers, viticulteurs, arboriculteurs, mais aussi tous ceux qui accompagnent, conseillent les agriculteurs intervien- dront pour dire les actions qu’ils veulent mettre en place dans leur exploitation mais aussi quelles sont leurs attentes, leurs besoins pour élaborer cette prise de parole collective. Ce sera aussi l’occasion de proposer des événements réguliers qui rythmeront la communication d’#agridemain et sur lesquels chaque ambassadeur pourra s’appuyer pour montrer la réalité de ses pratiques. Ainsi, à l’instar de la fête des voisins, la fête des moissons sera organisée à la fin du mois d’août. En invitant tous ceux qui côtoient de près ou de loin les agriculteurs le temps d’une rencontre simple et conviviale, l’ambition est de montrer au grand public que le monde paysan n’est pas replié sur lui-même, qu’il est en prise avec le monde qui l’entoure. Luc Smessaert LE FORUM DE L’ENVIRONNEMENT JUIN 2016 35 Agroéquipement : un levier majeur pour améliorer les performances environnementales L ’agroéquipement est au cœur de la transition vers une agriculture doublement performante (environnementale et économique). En effet, outre l’évolution des systèmes de cultures et les moyens de prophylaxie, l’innovation sur le matériel, la bonne utilisation et l’adaptation des outils, font partie des leviers pour améliorer la performance environnementale des exploitations. Entre avril et mai 2016, les agriculteurs Farre ont été interrogés sur leurs attentes en matière d’agroéquipement au service de l’environ- nement. Parmi les retours exprimés en grandes cultures, les sujets proposés sont multiples : la pulvérisation localisée, l’optimisation des techniques bas volume, le désherbinage, l’autoguidage, la robotisation, la réduction du travail du sol, l’optimisation du semis direct… La palette est donc large, mais avec une insistance particu- lière sur les thèmes autour de l’optimisation de la pulvérisation. En vigne et arboriculture, c’est le sujet de la pulvérisation confinée qui est au cœur des attentes. « En vigne les solutions existent depuis longtemps, il faut poursuivre les travaux mais c’est l’accessibilité à l’innovation qui reste un point de blocage », déclare un agriculteur. Adaptation du matériel : quand l’agroéquipement devient un réel espace de liberté créative et d’innovation. Au-delà des innovations proposées par les constructeurs, on ne compte plus le nombre d’agriculteurs qui apportent eux-mêmes des modifications sur les matériels standards pour l’adapter au mieux à leurs stratégies, contraintes ou conditions de milieu. Cet espace créatif est un puits de connaissances majeur pour comprendre les problématiques et les besoins des agriculteurs. Véritable passion pour certains, souci de performance pour les autres, adapter le matériel est aussi un moyen d’interpeller la recherche et les constructeurs sur les axes de travail à privilégier. P.C.

JUIN 2016 DE L’ENVIRONNEMENT - farre.org · grande partie de ses friches industrielles après la crise de l’automobile. Résultat : une véritable dynamique qui mobilise près

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Page 1: JUIN 2016 DE L’ENVIRONNEMENT - farre.org · grande partie de ses friches industrielles après la crise de l’automobile. Résultat : une véritable dynamique qui mobilise près

#agridemain : 200 ambassadeurs inscrits !Déjà près de 200 agriculteurs se sont inscrits volontairement pour devenir ambassadeurs #agridemain et participer ainsi, sur leur exploitation, dans leur territoire et sur les réseaux sociaux à la promotion d’une agriculture performante et durable auprès de l’opinion publique.

Cette mobilisation qui s’amplifi e chaque jour est un

formidable encouragement et un gage de réussite

pour la mission collective que nous nous sommes

fi xés : raconter la vraie histoire de l’agriculture et rapprocher

le monde agricole de la société.

Dès la fi n du mois de mai, une tournée régionale sera organisée

pour aller à la rencontre de tous les ambassadeurs et de tous

ceux qui veulent rejoindre cette communauté et y participer

activement.

Éleveurs, céréaliers, viticulteurs, arboriculteurs, mais aussi tous

ceux qui accompagnent, conseillent les agriculteurs intervien-

dront pour dire les actions qu’ils veulent mettre en place dans

leur exploitation mais aussi quelles sont leurs attentes, leurs

besoins pour élaborer cette prise de parole collective. Ce sera

aussi l’occasion de proposer des événements réguliers qui

rythmeront la communication d’#agridemain et sur lesquels

chaque ambassadeur pourra s’appuyer pour montrer la réalité

de ses pratiques. Ainsi, à l’instar de la fête des voisins, la fête

des moissons sera organisée à la fi n du mois d’août. En invitant

tous ceux qui côtoient de près ou de loin les agriculteurs le

temps d’une rencontre simple et conviviale, l’ambition est de

montrer au grand public que le monde paysan n’est pas replié

sur lui-même, qu’il est en prise avec le monde qui l’entoure. Luc Smessaert

LE FORUMDE L’ENVIRONNEMENT

JUIN 2016n° 35

Agroéquipement : un levier majeur pour améliorer les performances environnementales

L’agroéquipement est au cœur de la transition vers une agriculture doublement performante (environnementale et économique).

En effet, outre l’évolution des systèmes de cultures et les moyens de prophylaxie, l’innovation sur le matériel, la bonne utilisation et l’adaptation des outils, font partie des leviers pour améliorer la performance environnementale des exploitations. Entre avril et mai 2016, les agriculteurs Farre ont été interrogés sur leurs attentes en matière d’agroéquipement au service de l’environ-

nement. Parmi les retours exprimés en grandes cultures, les sujets proposés sont multiples : la pulvérisation localisée, l’optimisation des techniques bas volume, le désherbinage, l’autoguidage, la robotisation, la réduction du travail du sol, l’optimisation du semis direct… La palette est donc large, mais avec une insistance particu-lière sur les thèmes autour de l’optimisation de la pulvérisation. En vigne et arboriculture, c’est le sujet de la pulvérisation confi née qui est au cœur des attentes. « En vigne les solutions existent depuis longtemps, il faut poursuivre les travaux mais c’est l’accessibilité à l’innovation qui reste un point de blocage », déclare un agriculteur.

Adaptation du matériel : quand l’agroéquipement devient un réel espace de liberté créative et d’innovation.Au-delà des innovations proposées par les constructeurs, on ne compte plus le nombre d’agriculteurs qui apportent eux-mêmes des modifi cations sur les matériels standards pour l’adapter au mieux à leurs stratégies, contraintes ou conditions de milieu. Cet espace créatif est un puits de connaissances majeur pour comprendre les problématiques et les besoins des agriculteurs. Véritable passion pour certains, souci de performance pour les autres, adapter le matériel est aussi un moyen d’interpeller la recherche et les constructeurs sur les axes de travail à privilégier. P.C.

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Murs végétaux, potagers sur les

toits, jardins communautaires

ou véritables fermes verticales,

l’agriculture urbaine se décline de façon

protéiforme. À Paris, c’est sur les toits

d’AgroParisTech que les premiers légumes

ont vu le jour ; sur ceux des Galeries

Lafayette, ce sont des fraises qui sont

cultivées. Elles sont commercialisées dans

les grands restaurants voisins. Demain, sur

la poste du Louvre reconvertie bientôt en

hôtel de luxe, un grand chef cuisinera les

fruits et légumes qui pousseront sur le toit.

Fermes verticalesPour le secteur agricole, de telles initia-

tives peuvent faire sourire, être perçue

comme un phénomène de mode, un

« truc de bobos ». Il n’empêche, l’agricul-

ture urbaine est une réalité que le monde

agricole ne doit pas balayer d’un revers

de main, « comme une poule regarde un

couteau ». L’agriculture urbaine, c’est

près de 70 millions d’hectares cultivés

dans le monde, à l’intérieur des villes.

Le phénomène est apparu avec l’augmen-

tation de la population dans les villes pour

faire face aux problèmes d’approvisionne-

ment et avec le souci de produire au plus

près du consommateur. Le phénomène

va prendre de l’ampleur puisque cette

concentration atteindra 70 % de la popu-

lation en 2050. À l’étranger, c’est la ville

de Détroit aux États-Unis qui a montré

la voie dès 2005 en reconvertissant une

grande partie de ses friches industrielles

après la crise de l’automobile. Résultat : une

véritable dynamique qui mobilise près de

16 000 personnes dans la gestion, l’entre-

tien et la récolte de ces espaces rendus

célèbres par le fi lm Demain. À Singapour,

les fermes verticales de Skygreens sont une

vraie alternative au manque de terres. Elles

permettent de produire du chou chinois,

du brocoli et des salades, en limitant les

importations des pays voisins.

En France, en tant que premier produc-

teur agricole de l’Union Européenne, les

enjeux ne sont pas d’ordre quantitatif, ils

sont d’abord d’ordre sociétaux car on ne

peut pas déplorer sans cesse la fracture

entre le monde rural et le monde urbain,

souligner l’absence de dialogue entre des

populations qui ne se comprennent plus

et ne pas voir dans les différents projets

qui émergent un formidable levier péda-

gogique pour recréer du lien entre la ville

et la campagne, entre la terre et l’assiette.

Les villes qui consomment une part de

plus en plus grande des ressources de la

planète l’ont bien compris : elles doivent

s’adapter, changer et promouvoir d’autres

formes d’organisation pour répondre aux

nouveaux besoins qui s’expriment en termes

d’alimentation tracée et de proximité,

de « renaturation » et d’amélioration du

cadre de vie.

3 000 kmCertes, les modèles économiques sont loin

d’être fi ables et il n’est pas certain que

l’engouement initial des formes associa-

Les Parisculteurs ! Le nom peut surprendre, provoquer même, tant il est diffi cile de concevoir des agriculteurs cultiver dans la capitale. C’est pourtant le nom offi ciel qu’a choisi la municipalité pour inviter « jardiniers, agriculteurs, paysagistes, entrepreneurs, acteurs de l’économie sociale et solidaire, architectes et artistes du monde entier » à participer à un appel à projets sur 47 sites appartenant à la ville de Paris et des partenaires privés. Objectif : végétaliser 100 ha de bâti dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine d’ici à 2020.

REGARDS CROISÉS

Agriculture urbaine : pourquoi le monde agricole doit s’y intéresser

Renaturation et amélioration des conditions de vie des citadins sont les points forts de l’agriculture urbaine. Ici le projet de la Porte Maillot « 1 000 arbres » dans le cadre de l’appel à projet « Réinventons Paris ».

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tives perdure. Néanmoins, de véritables

opportunités existent pour les légumes qui

ont tendance à perdre rapidement leurs

valeurs nutritives pendant le transport

et qui auraient donc tout intérêt à être

cultivés au plus près du consommateur.

N’oublions pas qu’un aliment qui arrive

dans une assiette a parcouru en moyenne

plus de 3 000 km. Par contre, des carottes

et des pommes de terre qui se conservent

très bien dans le temps n’ont aucune néces-

sité d’être cultivées en paysage urbain.

En réalité, c’est sur le plan des externalités

positives que les gains à moyen et long

terme sont les plus intéressants. D’après

l’université John Hopkins aux États-Unis

qui a passé au crible plus d’une centaine

d’études sur le sujet : « Les avantages les

plus signifi catifs de l’agriculture urbaine

sont ses capacités à augmenter le capital

social, le bien-être de la communauté et

l’engagement civique autour du système

alimentaire ».

Or, l’agriculture est porteuse de solutions

innovantes sur les différents types de

production bio, raisonnée, intégrée, sur

la gestion de l’eau, sur la préservation de

la biodiversité, ainsi que pour la mise en

place de solutions innovantes utilisant de

nouvelles technologies.

Nous sommes persuadés que, plus les

agriculteurs seront associés, plus ils se

confronteront avec les associations, les

architectes, les designers urbains, les

artistes qui travaillent sur ce type de pro-

jets ; plus ils s’enrichiront mutuellement.

En restant à l’écoute direct des consom-

mateurs, ils pourront aussi témoigner de

l’évolution de leurs pratiques et proposer

la solution agricole comme une solution

économique et environnementale.

De nouvelles formes de partage des

connaissances restent à construire en

lien avec les écoles, les universités ou

les associations. L’ expérimentation est

donc à encourager pour « ouvrir de nou-

veaux champs », pour un questionnement

collectif : comment promouvoir et redy-

namiser en milieu urbain de nouvelles

pratiques, de nouvelles utilisations de

l’espace, à partir des expériences du

monde agricole ?

Gilles Maréchal

Fraises à tous les étages !

Vous avez à plusieurs reprises appelé à la participation des agriculteurs dans les projets d’agriculture urbaine. Pourquoi ?L’actuelle mutation de l’agriculture française ouvre des perspectives d’innovation et de développement, auxquelles les villes, dans lesquelles résident aujourd’hui 60 % des Français, peuvent contribuer.Je suis convaincu qu’il faut dépasser les conservatismes et les stéréo-types ; le développement d’une agriculture urbaine offre une occasion à ne pas rater pour les agriculteurs conventionnels ! D’ailleurs la fi lière de l’agriculture urbaine se développe dans le monde entier : ferme en étage près de Chicago (légumes sur 8 300 m2 en hydroponie) ou la Brooklyn Grange à New-York avec son potager sur toit de 10 000 m2. Les initiatives fl eurissent partout

En tant que premier adjoint du 17e arrondissement vous travaillez sur un projet dans le parc Martin Luther King. Pouvez-vous nous en dire un peu plus et quel pourrait être le rôle dévolu aux agriculteurs ?Dans le 17e arrondissement, nous accompagnons et soutenons les pro-ducteurs locaux qui contribuent à une alimentation saine et équilibrée. Ainsi l’approvisionnement des cantines scolaires et des restaurants administratifs est déjà à 50 % durable et labellisé Bleu-Blanc-Cœur. Les marchés occasionnels de producteurs locaux sont organisés depuis plusieurs années en lien avec les chambres d’agriculture de Corrèze et du Limousin.Pour aller plus loin dans le rapprochement stratégique entre la ville et la campagne, je propose la création d’une Cité des agricultures, lieu d’excellence et de valorisation des innovations agricoles, d’échange entre producteurs et consommateurs, farm startuppers et investisseurs, ou encore ruraux et citadins. Ce projet pourrait être porté par le monde agricole et localisé par exemple dans une ancienne halle quai ferroviaire de 1843 aux Batignolles, ou dans le cadre du projet du Grand Paris « Inventons la Métropole ».

La mairie de Paris mobilise beaucoup d’énergie et communique sur le chiffre de 100 ha de bâti végétalisé à Paris en 2020. Ce chiffre est-il réaliste ?Je pense que les orientations prises par la Mairie de Paris sur le dévelop-pement de l’agriculture urbaine vont dans le bon sens.Par contre, il ne faut pas tomber dans une vision gadget et accessoire pour ne pas dire décorative. Nous devons aller plus loin en créant une fi lière d’agriculture urbaine, allant de la production à la commercialisation.

Geoffroy BOULARDConseiller de Paris et 1er adjoint au Maire du 17e

Conseiller métropolitain Grand Paris

INTERVIEW

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ÉCHOS FARRE

PRATIQUES AGRICOLES - ENVIRONNEMENT - PROGRÈS TECHNIQUES - ÉCHANGES & PARTAGES

EN BREF

Retrouvez sur le site de la boîte à outils des agriculteurs de nouveaux témoignages vidéo de producteurs et des fiches techniques

sur la protection intégrée des cultures, pour des pratiques performantes et durables. Le site est régulièrement enrichi.

Rendez-vous sur www.boitagri.com

Farre élargit son offre de formationTout en poursuivant les formations Certiphyto, Farre, dès la rentrée, proposera deux nouvelles formations sur les thèmes suivants : protection intégrée des cultures et maîtrise des pollutions diffuses.

La formation sur la protection intégrée sera destinée aux agriculteurs. L’objectif : combler le chaînon manquant entre les principes de la PIC émis dans le cadre de Certiphyto et le passage à l’acte de l’agriculteur, dans l’objectif de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Une démarche pédagogique originale et participative, fondée sur le travail en groupe et sur la discussion, permettra aux agriculteurs de trouver les moyens de mettre en application les principes de la protection intégrée sur leur propre exploitation. L’objectif de la seconde formation est de limiter les pollutions diffuses lors des applications de produits phytosanitaires. Ces pollutions ont lieu en grande partie à cause de la dérive lors des applications.

NL

Ont participé au Forum de l’environnement :

L’équipe de Farre,

Nadège Lanier, Pauline Caron, Gilles Maréchal, Claude Richard

19, rue Jacques-Bingen - 75017 Paris

Tél. : 01 46 22 09 20

Site : www.farre.org

Mail : [email protected]

@AssoFarre - Asso Farre

Philippe Collin, agriculteur en Haute-Marne, à Colombey-les-Choiseul, s’intéresse depuis près de 10 ans à la biodiversité sur son exploitation. Cette approche s’intègre désormais dans la réfl exion globale de son exploitation.

La prise en compte de la biodiversité sur

l’exploitation a été progressive. « Au départ,

en 2005, c’est dans le cadre du partena-

riat entre Farre et la LPO* que j’ai commencé à

m’intéresser à ce sujet. Un suivi temporel des

oiseaux communs a été réalisé. Cela m’a permis

de mieux prendre conscience notamment de la

richesse de la faune sauvage sur l’exploitation,

qui accueille de nombreux pics ainsi qu’une zone

de nichage de milans royaux ».

Philippe Collin a par la suite participé au pro-

gramme Indibio, visant à étudier les effets des

pratiques agricoles sur la biodiversité dans

les exploitations d’élevage. « Des comptages

d’insectes, de chauves-souris, de bourdons et de

vers de terre dans les prairies ont été effectués

avec le MNHN* et l’ENSAIA*. J’attendais beau-

coup des avis des scientifi ques pour comprendre

mais ils avancent en même temps que nous dans

l’expertise et les connaissances progressent

chaque année ».

Restauration de milieux humidesEn plus de l’entretien des haies existantes et

la conservation des arbres isolés au cœur des

parcelles de culture, Philippe Collin a également

restauré dernièrement un milieu humide. « Sur

les conseils de la LPO*, l’Onema*, le GDS* et la

Chambre d’agriculture, j’ai créé une mare au sein

d’une parcelle très humide. C’est bénéfi que à la

fois pour la biodiversité et l’élevage : je valorise

désormais 2 hectares de pâturage qui étaient

auparavant envahis par les joncs, l’assèche-

ment de la pâture me permet de ne plus utiliser

systématiquement d’antiparasitaires pour mes

animaux et enfi n, la biodiversité ne s’en porte

que mieux. D’ailleurs, dès que la restauration de

ce milieu humide a été terminée, le sonneur à

ventre jaune a migré dans la mare. Il est plaisant

de voir réapparaître un batracien classé sur la

liste rouge des espèces menacées en Cham-

pagne-Ardenne ».

La biodiversité constitue un des éléments qui

s’intègre à la réfl exion globale conduite sur

l’exploitation. « L’interaction entre la biodiver-

sité et la conduite de mes cultures m’a amené

à réfl échir à la place des couverts végétaux, à

introduire des plantes compagnes et à réaliser

des associations variétales et d’espèces. Mais

les résultats des aménagements ne sont pas

immédiats. Cela prend du temps pour réussir à

travailler en harmonie avec la nature ». CR

* LPO : Ligue pour la protection des oiseauxMNHN : Muséum national d’histoire naturelleENSAIA : École nationale supérieure d’agronomie et des industries agroalimentairesOnema : Offi ce national de l’eau et des milieux aquatiquesGDS : Groupement de défense sanitaire

Améliorer la biodiversité prend du temps

Le milieu humide qui a été restauré sur l’exploitation est localisé sur une pâture située en zone Natura 2000.

Farr

e