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Kassav / Tabou Combo Le plus grand concert de l'été

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Kassav / Tabou Combo Le plus grand concert de l'été

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2 10 août 2012No 679

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore PierreRaphaël FéquièreEnock NéréLégupeterson Alexandre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson EstèvePhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717

Vendredi, le show le plus chaud de l’été. Tabou-Kassav au Parc Canne a sucre. L’animation sera aussi assurée par DJ Stakz. Les billets se vendent à HTG 1500. 37 43 24 69 ; 39 21 60 98.

Ian Carey, vous vous rappelez ? Ce Dj qu’on a manqué l’été dernier ? Eh bien il est à nouveau annonce cet été. Il sera au Cosmopolitan avec Franco The Saint, Ted Bounce, Hot, VJ Magik Handz. USD 35 à l’avance. 9 h p.m.

A Distinction Night Club, un tandem de choc. Djakout-Disip. A partir de 9 h p.m. Admission : HTG 400, mais il faut quand même réservez. 38 81 74 20 ; 47 03 34 50 pour infos.

Samedi, une soirée aussi dure que la pierre. Party on the rock au Mango Lounge avec Wendy, DJ Sow, Djenill, MC West-I. Klasik et Anthony. Admission: USD 15. 8 h p.m. 37 43 97 71; 37 71 65 22 pour infos.

Kassav sera encore dans nos murs, mais dans la deuxieme ville du pays, le Cap-Haitien, sur la place Notre-Dame. Avec Kon’Beat et T-Micky. Entrée : gratos.

Bingo Night fete son 7e anniversaire à Jacmel.

Dimanche, Obssession Night à Miche ‘s Garden en ville à la rue Capois : Alan Cave et Harmonik y performeront. HTG 500 à l’avance. 38 45 45 15 pour informations.

Une pause-alcool au Kleren Bar à Kenscoff, juste après le marché.Wanito, Karizma et Gabel seront à Petit-Goâve. HTG 300 à l’avance, HTG 400 au guichet.Wahoo Bay accueille Yohann et son band Ayiti Rock.

Lundi, ça promet. Traffic Party avec T-Micky et Karizma au Mango Lounge. Les couleurs de mise : jaune, rouge et vert. Les billets sont au prix de USD 10, HTG 500.

Mardi, une soirée plutôt originale. Back in the days 80’s, 90’s. Point Bar. Ressortez vos vieilleries des années 80 et 90, la musique coulera à flot. C’est l’époque des Shabba Ranks, des MC Hammer et des Michael Jackson. Admission : USD 25.

Mercredi, en attendant d’autres annonces, prenez plaisir au show d’Hans Peters à Presse Café.

L’agenda de PéguyEn attendant que le week-end arrive, vous devez prendre soin de vous. Prochaine étape : des sorties agréables. Fun and Trip. Avec prudence bien sûr.

Moins d’une année après avoir procédé à la vente-signature de son premier album studio le 11 novembre 2011, le groupe Fresh Up offre au public un cd live.

Cet opus comporte 5 chansons titrées respectivement « Anti-Virus ; Zoklo ; I’m in love ; BBM ; Fanm sa move, une interprétation du groupe Carimi. »

Tous les morceaux de cet album (live) ont été enregistrés au mois de janvier 2012, lors d’une soirée vente-signature au Mango Lounge à Pétion-Ville.

Manno Farinen, chanteur du groupe nous a appris que la vente-signature de ce disque aura lieu au mois de septembre prochain.

Cette formation musicale est constituée des musiciens suivants : « Manno Farinen, chanteur ; Noël Kesner, basse ; Mas Kòd, guitare ; John M. Dorvil, Ti West, percussions ; Benjy, batterie ; Puccy et Wesvy, keyboard. »

Le staff managérial de cette formation est constitué de Réginald Desroches, Elysée St-Fleur, Romhy Hyppolite, Jean-Louis Claudy, Antonio Destin, Hélène Cron, Saint- Fleur Exéquias et René Maurice.

Gilles Freslet ([email protected])

Fresh-up sort un album live

Jean Hérard Richard dit Richie fait encore parler lui dans à travers le Haitian Music Industry (HMI).Depuis la publication dans la soirée du mercredi 8 août 2012 de « Bagay 9 », le premier clip-vi-

déo du groupe Klass, les sujets de conversation ne tournent qu’autour de cette nouveauté. Si pour certains, cette œuvre est tout simplement belle, d’autres estiment que Richie a encore

osé offrir un travail à la « Mwen eme’w ».La réalisation de ce clip-vidéo est signée Abdias Laguerre de la compagnie Lux. Notons que

Bagay 9 est aussi le titre du premier album studio de la bande au professeur Richie, lequel paraîtra sous peu.

Dans un tweet posté ce jeudi 9 août 2012 sur sa page, le maestro batteur du groupe Klass, Jean Hérard Richard, a adressé ses remerciements à ses fans pour leur support et leur patience.

En ce qui a trait aux prestations en live du groupe, il n’est que d’attendre.

Gilles Freslet ([email protected])

Richie, une première vidéo de Klass !

Gabèl / Carimi: un poisson d’avril en aoûtIl est 22 heures. Les abords de Esquina Latina grouillent de monde. Le public s’est donné rendez-vous à ce night-club pour

assister à la prestation des groupes Gabèl et Carimi.A la surprise générale, l’entrée principale du club n’est pas accessible au grand public. Les fêtards sont à l’affut des ven-

deurs de billets, question de ne pas payer les yeux de la tête pour l’occasion.Et voila, les musiciens de Gabèl qui s’amènent. C’est le branle-bas car tout le monde veut s’approcher des artistes. Après

quelques embrassades et poignées de mains, les musiciens se dirigent vers l’entrée pour faire le même constat que le public planté a l’extérieur du club.

« Je ne comprends pas ce tapage », déclare un des musiciens qui n’arrivent pas encore à trouver d’explications. Après quel-ques minutes, ce même musicien vient raconter à quelques proches que le bal est renvoyé. Comme une trainée de poudre, la nouvelle s’est propagée pour rapidement soulever colère et indignation au milieu de cette foule venue fêter avec leur groupe favori.

« Wow ! C’est inacceptable », lance ce jeune homme accompagné de sa femme, très contrariée de ne pas pouvoir danser. Les injures fusent de toutes parts à l’ endroit de l’organisateur de cette soirée qui est resté incognito pour certains, mais en réalité, Zagalo, de son vrai nom Akenson Bélizaire, le promoteur de la soirée, ne pouvait se présenter pour justifier ce report. « C’est du vol ça ! Il faut respecter le public », clame cette dame, de blanc vêtue, qui fantasmait déjà à l’idée de danser au rythme de son groupe de charme.

Injoignable sur tous ses téléphones, un proche de Zigizag a confié que ce report est du à la mauvaise vente des billets. Bon nombre de personnes : fêtards, vendeurs de billets, marchands n’ont pas caché leur désolation après cet énième report d’un spectacle qui s’annonçait beau et intéressant.

Des explications et des excuses au grand public ne seraient pas de trop. H.M

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310 août 2012No 679

De gauche à droite, le photographe de Ticket, Billy Ménager, le parrain du couple ( Duckenson Lazard et Yrsile Prophète), Amos Cincir et le photographe du Nouvelliste, Marc Hervé Abellard

Cérémonie nuptiale d’un de nos collaborateurs

Cette initiative de Zigizag et de Kaliko Productions, avec la collaboration de la Air France, de la Digicel et de Delta Airlines, témoigne du souci des organisateurs d’offrir un

concert de qualité. C’est l’occasion pour l’ancienne génération de revivre le bon vieux temps. Selon les propos du PDG de Kaliko Productions, Gérald Firmin, « le choix de ces deux groupes emblémati-ques de toute la Caraïbe démontre notre bonne volonté en tant que promoteurs de faire dialoguer deux tendances mu-sicales disntinctes que l’une n’a – peut-être – rien à envier à l’autre : le zouk et le compas direct ».

Ces deux grosses pointures de la musique antillaise, très sollicitées sur le marché international, ont su marquer la scène musicale dans la Caraïbes comme ailleurs. Le compas, auréolé de succès avec l’authentique et l’inconstetable Tabou Combo, mériterait l’attention de la nouvelle génération. Ce géant de chez nous, qui a joué a travers les cinq continents, s’est érigé en figure incon-tournable dans l’histoire de la musique haïtienne et arrive à poser sa pierre à la construction de l’édifice du compas direct.

Zagalo, co-organisateur, croit pour sa part qu’il est important d’attirer l’atten-tion de la foule sur la place qu’occupe Tabou Combo au sein du compas direct. Misant sur la structuration de notre musique de prédilection, « on a jugé important, précise-t-il, de mettre sur une même scène Kassav à Tabou Combo tout en rappelant qu’aucune formation musicale locale n’arrive pas jusqu’ici à tenir tête aux Guadeloupéens. On voulait retenir la curiosité des fans (ancienne et nouvelle générations confondues) et leur offrir une occasion de revivre leurs

Tabou Combo / Kassavle plus grand concert de l’été

années de jeunesse et l’époque où la musique haïtienne a connu des heures de gloire ».

Ce sont d’excellents musiciens, qui ont parcouru le monde entier et qui maî-trisent l’art du spectacle et de la scène. Ce concert, qui réunira sans doute des milliers de fans inconditionnels du zouk et du compas direct se veut un véritable challenge si l’on mise sur l’expérience de ces musiciens, qui, malgré l’âge et le temps, se confirment une fois de plus en véritables piliers de la culture musicale caribéenne.

Les musiciens de Tabou disent être prêts à nous gratifier d’un beau concert. Les séances de répétition étaient époustouflantes au restaurant Le Villate, à Pétion-Ville, le jeudi 9 août 2012 entre 5 et 6 h. Moment fort : visite surprise du président de la République, Michel Mar-telly, qui n’a pas oublié de s’amuser.

D’après les organisateurs, plus de trois mille cinq cents personnes sont atten-dues ce vendredi à l’ancienne habitation sucrière de Chataublond, où ils vont « zouker » avec les étoiles du Kassav et apprécier encore une fois les plus beaux titres de notre incontestable Tabou. Reti-rez vos billets au prix de mille cinq cents (1500) gourdes à l’un des points de vente ci-dessous :

Valério Canez, Parc Historique Canne à Sucre (Blvd 15 Octobre, route de Ta-barre), Librairie La Pléiade (Complexe Promenade, rue Grégoire, Pétion-Ville), Muncheez.

Rosny Ladouceur [email protected]

[email protected]

Le Parc Historique de la Canne à Sucre accueillera ce ven-dredi 10 août 2012 deux géants de la Caraïbe. Ce concert s’annonce le plus grand de l’été. À l’affiche : notre Tabou Combo national et le titan de la Guadeloupe, Kassav, la plus grande figure du zouk des Antilles. Ces deux presti-gieuses formations musicales, de renommée internatio-nale, s’aventureront à faire revivre à l’ancienne génération les souvenirs des années 80-90. Un méga show qu’aucun mélomane, friand du zouk et du compas, ne saurait rater.

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4 10 août 2012No 679

«Banm Hit»entame une autre phase

Le concours de musique lancé par West-I Entertainment, «Banm Hit», vient d’en-tamer une autre étape. En effet, les responsables de cet Entertainment annoncent à toutes les personnes désireuses de participer au concours que les frais d’inscription restent à 1000 gourdes. Ipso facto, le participant recevra un disque comportant trois beats ; il devra choisir l’un d’entr’eux pour composer son morceau. Et, avec la modique somme de 1 500 gourdes, le participant en question aura la possibilité d’enregistrer son produit dans l’un de ces studios : West-I studio (Delmas 65), Ko-labo Records (Delmas 33), Piwo Records (Delmas 19), Winnaz Entertainment (Cote Plage 22) et 24Hrs (Carrefour-Feuilles).

Les organisateurs avisent à tout un chacun que le 1er gagnant aura un album,

une vidéo, une promotion de ses œuvres pendant une certaine période, l’impres-sion des disques de son laser, des posters et l’organisation de sa vente-signature. Seront destinés au 2e gagnant : 5 musiques dont les organisateurs se chargent du beat, l’enregistrement, le mixage et le mastering. Quant au 3e gagnant, il béné-ficiera de 5 beats. Si ce dernier manifeste le désir d’enregistrer les musiques qu’il compte faire avec ces 5 rythmiques au studio de West-I, il bénéficiera d’un rabais de 50 %.

Pour rendre les relations interpersonnelles des participants plus denses, les tê-tes pensantes de West-I produiront un opus avec la composition des 15 artistes ou groupes qui résisteront jusqu’au carré final. La grande surprise du concours « Banm Hit » reste : les six finalistes participeront sur une musique avec un refrain de T-Pain.

La grande finale aura toujours lieu au Parc Historique de la Canne-à-Sucre avec la participation de tous les artistes évoluant sous le label West-I Entertainment. Le 30 septembre est la date limite pour la remise des réalisations. Pour de plus amples informations, le grand public est prié d’appeler aux numéros suivants : (509) 37 46 65 58 et (509) 38 56 24 93.

Wendy Simon

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510 août 2012No 679

Ruth Auguste voit le jour à Port-au-Prince, plus précisément à Bel-Air. Depuis sa plus tendre enfance, sa mémoire n’en-registre que la violence, qui règne dans sa famille, dans son quartier et dans son pays. A six ans, c’est à son tour de subir les bestialités qu’elle voyait. Elle devient le principal martyr de son foyer. Son beau-père, rassasié de la mère sûrement, la viole souvent. Encore petite et sous pression, elle ne peut rien avouer. Durant toute son adolescence, elle a servi de proie à ce retardé mental qui a abusé d’elle encore et encore, jusqu’à la mort de sa mère. A 15 ans, Ruth trouve la grâce d’un oncle qui l’aide à quitter le pays pour aller se refugier au Canada. Arrivée là-bas, elle effectue des études et essaie peu à peu de s’intégrer. Elle devient une femme mâture et prête à se défendre. Un peu plus tard, elle rencontre Garry Auguste, qui succombe à ses charmes et lui demande en mariage. Ruth accepte et l’épouse. Aujourd’hui ils ont trois enfants.

Avec son mari, elle fonde en 2009 une organisation, World Gifters Society, consacrée au bien-être des femmes et des enfants. Ruth ne veut absolument

Ruth Augustevictime de l’injustice

Martyrisée dans son enfance et témoin des violences que subis-saient sa mère, Ruth Auguste ne veut pas se taire. Aujourd’hui, elle utilise sa stabilité, sa force et son savoir pour s’exprimer au nom de « Les enfants de l’injustice », un livre qu’elle a récemment publié pour relater son histoire.

pas se taire, elle utilise tous les moyens pour se faire entendre. Chanteuse, en 1996, elle sort son premier album, « We are one nation », pour rappeler au peuple haïtien que leur devise est encore « L’union fait la force ».

Aujourd’hui, pour mieux défendre la cause des femmes et des enfants, Ruth Auguste publie son livre « Les enfants de l’injus-tice », où elle raconte le parcours de sa vie, les violences qu’elle et sa mère ont subies. Écrire ce recueil n’a fait que rouvrir des plaies cicatrisées partiellement et tachées sur son âme depuis son enfance. Elle veut que le monde sache comment elle a combattu pour s’en sortir, et dorénavant, elle veut tendre la main aux autres victimes par le biais de son organisation.

Élysée Décembre

La star adulée du compas love regagne d’emblée la scène musicale haïtienne, comme il l’avait annoncé sur le petit écran en début de la saison estivale. Alan Cavé, qui séjourne à Port-au-Prince, depuis plusieurs semaines refait son agenda. Comme d’habitude, de copieuses programmations musica-les et romantiques pour reconquérir son public, suite à un moment de répit.

Visiblement, Alan entame sa tournée en grande pompe pour l’été. L’artiste est programmé durant tout le mois d’août. Il partage déjà beaucoup d’affiches dans la capitale et dans les villes de province. Après « Unplugged Night », une soirée acoustique animée en tandem avec Wanito, une soirée d’hommage prévue à Havana ce jeudi 9 août sous la direction

Alan plus fidèle que jamais !de Gabo Production sera organisé en l’honneur de l’interprète de « Se pa pou dat ».

Parmi les mille et un contrats qu’il devra honorer, l’enfant prodige de Syto Cavé performera à Miche’s Garden le di-manche 12 de ce mois en collaboration avec Harmonik. Un moment de retrouvailles et de folle ambiance qui s’intitule « Obsession Night ».

Pour relancer sa carrière, Alan, toujours fidèle à lui-même, s’arme de nouvelles compositions et de nouveaux groove. Les fans inconditionnels du compas love, en effet, sont invités à redécouvrir le répertoire musical du chanteur.

Dimitry Nader Orisma

RKM Recordz veut s’approprier Baky, le jeune auteur de « Paske m’ se Ayisyen ». Le label, qui vient de perdre P-Jay, multiplie actuellement ses efforts pour un jeune que le grand public ne connait pas encore. Certes, il a du talent, mais l’en-jeu est grand.

Baky n’a que vingt-et-un ans. Son vrai nom est Baptista Lugendy St-Hubert. Il étudie le génie civil à l’Utesa de San-tiago, en République Dominicaine. Il vient de terminer la distribution de sa première chanson, videoclipée par Richard Sénécal, « Paske m’ se Ayisyen ». Cette chanson, véritable cri de patriotisme, est écrite dans une circonstance particulière, celle d’un homme révolté. Il explique : « J’étais rentré, comme à chaque vacances. Lorsque j’ai voulu retourner en Républi-que Dominicaine, maman ne voulait pas, elle avait peur par ce qu’on avait assassiné une étudiante haïtienne là-bas. J’étais énervé contre tout le monde et leurs jugements (haïtiens et dominicains). J’ai donc pris ma plume et décrit mes frustra-tions en une heure. »

Les frustrations dont l’artiste fait mention concernent l’injustice sociale, l’inégalité des races, l’exploitation, l’irres-ponsabilité des uns et des autres, la mauvaise administration de l’État, et sa fierté d’être Haïtien malgré les humiliations de l’étranger. Il veut que le droit des Haïtiens, comme celui des hommes de toutes les nations du monde, soient égaux. Avec cette première chanson, Baky veut se faire la voix de la dias-pora haïtienne pour dénoncer les mauvaises attitudes envers

Baky convoité par RKM recordzses frères et sœurs.

Doté de la capacité de chanter en créole, français, espagnol, et Anglais, maniant très bien la guitare, Baky présente des atouts intéressants. Il pense fortement à une production d’une dimension internationale par laquelle il pourra rehausser le rap, maintenir les philosophies de Master Dji et d’Eazy One.

Selon ce qu’on a appris de bonne source, RKM Recordz, depuis le départ de P-Jay, convoite le jeune Cayen. En effet, il semblerait que le label basé à Miami, qui a sorti l’album ‘’Plim pam de P-Jay et « Pale cho » de G-Bobby Bon Flow, veut signer avec l’ar-tiste pour un an, et sortir dans un bref délai son mixtape « Avan m’ siyen kontra ».

Baky est né aux Cayes, où il commença la musique en famille. Sa mère, chanteuse, compositrice, joue du piano et de la guitare. C’est elle qui introduit cette passion dans les veines de ses enfants, en les faisant chanter le soir, après les rudes journées. Contrairement à son frère qui se présente d’un concours à un autre, ce n’est qu’en décembre dernier que Baky s’y lança réellement.

Et, parallèlement à la promotion de « Paske m’ se Ayisyen », et son préalable contrat avec RKM Recordz, Baky se concentre sur ses études, car selon ses dires, «un vrai rappeur est celui qui maitrise mieux la plume que le micro. » En Haïti pour ses vacances d’été, l’intéressé n’a trainé dans son sac aucun rêve de star. Ce qui lui importe c’est

de véhiculer des messages à travers un canal qu’il maitrise bien : la musique

Plésius Junior LOUIS (JPL 109) [email protected]

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Vendredi 10 août 20126

Samyr Lainé n'aura pas décroché de médaille en finale du triple saut disputée jeudi 9 août au stade olympique de Londres.

Au terme de l'épreuve, notre com-patriote n'a pris que l'avant- dernière place avec un saut de 16m 65.

Auréolé d'une demi- finale de toute beauté (6e dans le groupe A avec un bond de 16m 81), Samyr Lainé, l'espoir de tout un peuple, n'a pas réussi à glaner une médaille pour Haïti, et ce, en dépit du fait qu'il avait la volonté, l'engouement et la déter-mination de faire briller dans le ciel de Londres le bicolore haïtien.

Ainsi, après avoir raté sa première tentative, il a réussi la deuxième avec un saut de 16 m 65 contre 16m 59 lors de la troisième, avant d'afficher des chiffres inférieurs par rapport à la tentative réussie. Contre toute attente, Lainé est passé loin d'offrir une médaille à son pays.

Il avait affaire avec les meilleurs athlètes de cette discipline, tels les Américains Christian Taylor (17m 81) médaillé d'or, William Claye (17m 62), médaillé d'argent et l'Italien, Fabrizio Donato (17m 48) médaillé de bronze.

L'on retient que Lainé s'offre la onzième place de cette discipline sur un total de douze athlètes participant à la finale du triple saut. Il devance le Belarus, Dimitry Platnitski (16m19). Ce dernier n'a pris que la dernière place.

Malgré tout, Samyr Lainé (triple saut) a été l'unique athlète sur les cinq représentant Haïti aux Jeux Olympiques de Londres à s'offrir une place en finale. Marlena Wesh, quant à elle, s'est hissée jusqu'en 1/2 finale des 400 m dames avant de prendre la porte de la sortie et abandonner les 200 mètres pour cause de blessure. Pour le reste, Moise Joseph (800m), Jeffrey Jul-mis (110m/haies) et Linouse Des-ravines (judo) ont été tous éliminés au premier tour.

En tenant compte de l'âge de chacun des représentants d'Haïti à

Haïti et Lainé sans médailleJo de Londres /AthLetisme

Lainé n’aura obtenu qu’une avant- dernière place au classement final

Triple saut : les résultats

Usain Bolt est devenu le premier sprinteur à remporter quatre titres olympiques individuels en conservant sa médaille d’or sur 200 mètres (19’’32).

«Je suis ici pour bâtir ma légende», avait annoncé Usain Bolt. C’est chose faite. Le Jamaïcain, auteur du triplé à Pékin (100m, 200m,

4x100m), est à une course de rééditer l’exploit. Il est déjà seul au monde

en ayant conservé son titre sur 200 mètres ce jeudi en 19’’32. Aucun sprinteur n’avait détenu quatre titres olympiques en individuel. Il est le premier ainsi à réussir le doublé 100-200m deux olympiades de suite. Per-sonne n’en doutait réellement après sa démonstration sur 100 mètres. Pas d’adversaires, de loup-garou ou

vampires à combattre, Bolt était son seul rival. Sa décontraction naturelle, le voyant saluer le public telle sa Ma-jesté au départ, aurait pu lui jouer des tours. Elle a livré l'image la plus drôle de ces Jeux. Unique.

Maître de son art, "The King Bolt" s’est même permis de se relâcher sur la fin, se sachant assez en avance sur ses compatriotes, et collègues d’en-traînement, Yohan Blake (19’’44) et Warren Weir (19’’84). Il termina sa promenade par une séance de pom-pes. Comme un simple entraînement. «Je suis venu pour ça. Je suis le plus grand athlète vivant», décrétait-il

Usain Bolt : “Je suis une légende” à la manière d'un Mohammed Ali. Jesse Owens, Carl Lewis et Michael Jonhson ont assurément leur des-cendant. Le triplé jamaïcain, lui, est une nouvelle humiliation infligée aux Etats-Unis (Wallace Spearmon finit 4e en 19’’90). A soirée exception-nelle, athlètes exceptionnels. David Rudisha n’a peut-être pas la même aura qu’Usain Bolt mais il est d’une dimension semblable. «La Fierté de l’Afrique» a démontré pourquoi on le surnommait de la sorte en établissant un nouveau record du monde en fi-nale du 800 mètres (1’40’’91 contre 1’41’’01). Là où Sebastian Coe ou Wilson Kipketer, maîtres de la disci-pline, avaient échoué, le Kenyan (23 ans) a ajouté la manière à son sacre d'anthologie.

BeAch voLLey - (hommes) L'Allemagne en or

Les Allemands Julius Brink et Jonas Reckermann sont deve-nus champions olympiques en dominant en finale les Brésiliens Alison Cerruti et Emanuel Rego deux manches à une (23-21, 21-16, 16-14), jeudi à Londres.

tAekwondo - (hommes) Le Turc Taze-gul couronné

Médaillé de bronze à Pékin, le Turc Servet Tazegul a cette fois été sacré champion olym-pique en battant en finale des -68 kg l’Iranien Mohammad Bagheri Motamed (6-5), jeudi à Londres. L’Afghan Rohullah Nikpah et l’Américain Terrence Jennings ont pris le bronze.

Athlétisme - (Hommes) Blake : «C'est génial ! »

Yohan Blake (médaillé d'argent sur 200m) : «C'est génial ! Ce sont mes premiers Jeux. Je ne peux pas me plaindre (d'avoir deux médailles d'ar-gent). Ce moment est spécial pour la Jamaïque. C'est si bon d'avoir fait un-deux-trois !»

Warren Weir (médaillé de bronze sur 200m) : «Toute la gloire va à la Jamaïque. Je ne trouve pas les mots pour ex-pliquer ce que je ressens. C'est un grand honneur d'avoir fait ce que mon pays attendait.»

AthLetisme / 200 m hommes

ces jeux, ils ont encore la possibilité de se rattraper lors des prochains jeux olympiques qui auront lieu à Rio de

Janeiro en 2016.

Légupeterson Alexandre

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Vendredi 10 août 2012 7

Mais la nécessité de rendre spectaculaire cet événement a obligé les organisateurs à être un peu plus souples sur

certaines valeurs et tenter de convain-cre les millionnaires des stades à venir se montrer pour quelques grammes d'or de plus (ou d'argent, c'est bien aussi). Petite sélection des sportifs qui avaient décroché l'or avant les JO.

1 Roger Federer Tennis- 54.3 millions de $ de revenus annuels. Si gagner sur le pelouse de Wimbledon avec l'écusson du UK a beaucoup de sens pour Andy Murray, perdre avec l'écusson de la Suisse ne restera pas un problème insurmontable pour RF. Il se remettra de la défaite grâce à sa lucrative finale de Grand Chelem gagnée sur le même gazon. Un sport qui base le classement mondial sur les gains accumulés consacre forcément des champions pragmatiques.

2 Lebron James Basketball- 53 millions de $. Malgré une réputation de mercenaire forgée par un départ de Cleveland pour Miami, des rumeurs de départ en Grèce (pour éviter le salary-cap) et par une non-participa-tion aux championnat du monde en 2010 pour cause "d'emploi du temps trop chargé", le triple MVP de NBA semble être conquis par l'ambiance des villages olympiques, avec trois participations.

3 Kobe Bryant Basketball- 52.3 millions de $. Kobe a plusieurs qualités qui justifient des revenus confortables : il est fidèle à son club en NBA, il met des points par paquets de 50 et il est le plus gros vendeur de maillots en Chine. On aurait été surpris d'appren-dre que Kobe était employé municipal à Los Angeles et qu'il participait aux JO sur ses congés.

4 Maria Sharapova Tennis- 27.1 millions de $. La belle Maria vit en Floride depuis l'âge de sept ans, a été l'égérie de marques aussi diverses que Canon, Motorola, Gatorade, Land Rover ou Tag Heuer et partage sa vie avec un basketteur slovène. Mais quand il s'agit de faire grimper le compteur de médaille de sa Russie natale, Maria se déplace et ramène sa contribution. L'esprit olympique, ce n'est pas réservé aux pauvres.

5 Kevin Durant Basketball- 25.5 millions de $. Selon sa page wikipedia, "Kevin Durant est quelqu'un de simple et modeste dans la vie". En plus de ça, Kevin, né à Washington, mouille le maillot national et s'est imposé comme MVP aux championnats du monde 2010. Simple et patriote? C'est presque "amateur", ça. A 25 millions de dollars près.

6 Carmelo Anthony Basketball- 22.9 millions de $. On continue avec le reste de l'équipe US de basket. Troisième participation aux JO pour le joueur de New York. S'il avait ciré le banc à Athènes, il s'était montré très impliqué à Pékin 4 ans plus tard. Bel esprit olympique pour un joueur qui a associé une partie de son nom à un modèle de chaussures Air Jordan, une consécration peut-être plus belle qu'une médaille olympique.

7 Usan Bolt Athlétisme- 20.3 millions de $. L'avantage des athlètes, c'est qu'il n'est pas bien compliqué de les convaincre de s'investir à fond dans les Jeux Olympiques plutôt que dans des meetings plus lucratifs dans le monde. Usain Bolt le sait : un athlète peut être le meilleur sur la pla-nète et le plus fortuné, c'est avec des médailles olympiques qu'il deviendra légendaire. Et éventuellement avec quelques records du monde.

8 Novack Djokovic Tennis- 19.8 millions de $. Après une année en état de grâce au cours de laquelle Novak a remporté tout ce qui offrait une quelconque dotation en dollars, et bien qu'il réside désormais à Monte Carlo (qui n'est pas la capitale du sport amateur), les instances sportives ser-bes ont jugé que l'ancien Numéro Un mondial incarnait l'olympisme et l'ont collé "porte-drapeau". Bien fait.

9 Chris Paul Basketball- 19.2 mil-lions de $. Ok, Chris Paul gagne des millions de dollars, vend son image pour des déodorants, des boissons et des chewing-gums, mais il a offert 100 nouveaux vélos aux enfants les plus défavorisés de Oklahoma City. Et ça, c'est vachement olympique. Bravo Chris Paul.

10 Li Na Tennis- 18.4 million de $. La Chinoise est une icône dans son pays, organisateur des Jeux il y a quatre ans. Difficile pour celle qui a popularisé le tennis dans un pays qui vient de découvrir la fièvre des Jeux de ne pas se battre pour les couleurs de son pays. Ceci dit, elle n'a pour l'instant rapporté aucune breloque à la Chine qui doit encore compter sur l’haltérophilie et le plongeon pour arriver en tête du tableau des médailles.

11 (...Les premiers français, très loin dans le classement) Tony Parker, Basketball 11 millions de $. Suivi de Boris Diaw (6 millions $) et de Jo-Wilfried (5,5 millions de $, notamment grâce à une mémorable pub pour Kinder Bueno). A titre de comparaison, Teddy Riner empoche un peu plus de 750 000 euros par an. Fallait faire de la F1, Teddy...

Le Top des athlètes des JO les mieux payésParmi les valeurs des Jeux Olympiques, on trouve celle de l’amateurisme. Il est vrai que la plupart des athlètes évoluant dans des disciplines que l’on redécouvre tous les 4 ans occupent des emplois relativement conciliants pour pouvoir s’entraîner et transpirer pour la gloire.

Roger Federer

Kobe Bryant

Lebron James

Maria Sharapova

Carmelo Anthony

Usain Bolt

Novack Djokovic

Chris Paul

Salairre

Page 8: Kassav / Tabou Combo Le plus grand concert de l'été

8 10 août 2012No 679

Dossiers Interdits

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-Parfois, il est difficile de savoir s’il y a eu oui ou non envoutement, me dit René Ouari, un soir. On raconte tant de choses. Nous vivons dans un pays où on a tendan-ce à croire le premier quidam qui dit avoir vu quelqu’un se métamorphoser en animal. Si une vieille dame vient de s’établir dans un quartier, il faut qu’elle prie pour qu’un animal ou un volatil errant, porc, bourrique ou dinde, ne s’aventure pas dans la zone au même moment. Surtout, il ne faut pas, par hasard, qu’un enfant tombe malade. On dira certainement que cette vieille dame est un loup-garou.

Il m’offrit un peu de whisky que j’accep-tai avec réticence. Il faisait chaud. J’aurais préféré de la bière. Le patron de la SAD détestait cette boisson.

-Il y a des vieilles dames qui ont payé de leur vie des croyances idiotes, je reconnus. Nous sommes, par endroits, encore au Moyen-Âge.

-Pour vous illustrer l’impossibilité à prouver matériellement l’envoutement, il y a le dossier de la chaise de Madame Wilna.

-La chaise de Madame Wilna, répétai-je intrigué.

Ouari, visiblement satisfait de mon in-térêt, agita devant moi un dossier pourtant moins volumineux que ceux qu’il avait l’habitude d’ouvrir devant moi.

-Madame Vilna était la mère de sept filles. Le père, un adjudant des Forces-Ar-mées d’Haïti était mort alors qu’elle était enceinte de son dernier enfant. Madame Vilna était de ces femmes poto-mitan qui élèvent seules leurs enfants. Elle, Madame Vilna, n’avait que des filles. Dans une ville comme Port-au-Prince où rodent les préda-teurs qu’on connait, elle devait avoir de la poigne et elle en avait cette femme.

-Sept filles à élever, seule, il faut vrai-

ment l’aide de la providence.Ouari eut un sourire en coin.-Et pourtant, ce n’est pas Madame Wilna

qui est venue à la SAD pour demander de l’aide, mais une autre femme, elle, mère d’un seul enfant, un fils qu’elle avait, elle aussi, élevé seule. Il s’appelait Jérôme. Elle s’appelait Madame Justin.

-Pourquoi est-elle venue à la SAD ?-Pour une chaise.Je regardai Ouari, ahuri.-Qu’est-ce qu’une chaise vient faire dans

ce dossier ?Ouari ouvrit le dossier et le feuilleta

rapidement.-Je me rappelle encore ce matin quand

Madame Justin est entrée dans mon bureau.

***-Monsieur Ouari Je vous en prie Vous

seul pouvez protéger mon fils René Ouari fit signe à Madame Justin de

se calmer.-Asseyez-vous, Madame Justin… Si

nous pouvons faire quelque chose pour votre fils, nous le ferons. Expliquez-moi ce qui se passe.

Elle s’assit. Elle se tamponna les yeux avec un mouchoir.

-Jérôme, mon fils, fréquente depuis plusieurs semaines la troisième fille de Madame Wilna. Nous connaissons tous Madame Wilna dans le quartier. Elle a déjà marié quatre de ses filles. Il lui reste trois à caser.

-Où est le mal si elle fréquente la troisième fille de Madame Wilna ? s’étonna Ouari.

-C’est à cause de la chaise, expliqua Madame Justin.

-La chaise ? répéta Ouari sans compren-dre.

-Elle a une chaise chez elle, Monsieur Ouari. Il suffit qu’un homme s’asseye dessus et s’est fini de lui. Il parait que son adjudant, c’est ainsi qu’elle l’a eu. Elle a marié ses quatre premières filles grâce à cette chaise.

-Et quelle preuve avez-vous que c’est cette chaise ? demanda Ouari, surpris du tour que prenait la conversation.

-C’est la chaise, dit Madame Justin d’un ton catégorique. Tout le monde le sait.

Ouari se mit à pianoter sur son bureau. Il avait l’habitude d’entendre les choses les plus ahurissantes dans cette pièce et pour-tant on le surprenait constamment.

-Vous dites que votre fils Jérôme fré-quente une fille de Madame Wilna depuis plusieurs semaines. Comment se fait-il qu’il ne se soit pas encore assis sur la chaise que vous incriminez ?

-Vous ne connaissez pas Madame Wilna, Monsieur Ouari. Elle impose des règles strictes. Ses filles n’ont pas le droit d’emme-ner un homme chez elle. Elle leur répète toujours : Sa k antre pa sòti.

-Donc dès que ses filles pensent avoir rencontré un bon parti, elles se dépêchent de les emmener chez maman…

-Et le tour est joué, Monsieur Ouari Sa k antre pa sòti.

C’était trop simpliste, pensait René Ouari. Mais en même temps, il se disait que tout ici était simpliste. Et cela fonctionnait ainsi. Les gens continuaient à croire à un tas de trucs simplistes.

-Je ne comprends pas, se lamenta Ouari.-Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ?

demanda madame Wilna, sincèrement surprise.

-Si vous êtes au courant pour cette chaise, tout le monde doit l’être aussi. Les hommes doivent se méfier. On ne va pas se jeter ainsi dans la gueule du loup.

-Les hommes ! s’exclama dédaigneu-sement Madame Justin… Les femmes ont une gueule de loup entre leurs jambes, mais ils viennent toujours s’y jeter.

René Ouari manqua de s’étrangler. Il ne s’attendait pas du tout à une telle réplique.

-Mais quand même, une chaise, ce n’est pas pareille, objecta-t-il bêtement.

-Quand un homme est amoureux, il perd la tête. Il oublie tout. Jérôme qui a entendu parler de l’histoire de cette chaise, dit que ce sont des racontars. Pour lui, il a rencontré la femme de sa vie.

-S’il a rencontré la femme de sa vie, il n’a nul besoin d’avoir peur de la chaise. Grâce à la chaise, il aimera encore plus sa femme.

Cette fois, Madame Justin se fâcha presque.

-Vous ne comprenez pas la situation, Monsieur Ouari. Je suis une femme et je sais comment une femme pense. Mais Jérôme est mon fils. Je n’accepterai pas qu’il devienne un zombi aux ordres d’une femme. Pendant que mon fils sera envouté, elle pourra se permettre ce qu’elle veut. Un homme amoureux d’accord, un homme esclave non.

-La différence entre les deux pour une femme ? demanda Ouari.

-Moi, je veux que vous protégiez mon fils, un point c’est tout.

-Laissez-moi deviner. La fille de Ma-dame Justin a décidé d’emmener votre fils chez elle.

-Ce dimanche…. Aujourd’hui est jeudi, Monsieur Ouari.

Elle leva les deux bras vers le ciel.-Dans deux jours. Elle fut secouée par un sanglot. René

Ouari ne se leva pas.-Cette chaise, quelqu’un l’a déjà vue ?

demanda le patron de la SAD.Madame Justin sécha ses larmes avec

son mouchoir.-Je connais deux servantes qui ont servi

chez Madame Wilna. C’est une chaise avec deux rubans jaunes aux pieds. Il y a, parait-

il, quelque chose de peint en rouge sous le siège. C’est au moment de passer à table qu’on piège l’homme, car il est bien obligé de s’assoir à la place qu’on l’indique. Et le tour est joué.

-Cette chaise, elle ne sert donc pas en dehors des… grandes occasions.

-Madame Wilna la garde dans une pe-tite pièce attenante à sa chambre.

Elle baissa la voix comme si on pouvait l’entendre.

-C’est son oratoire. Elle y sert ses esprits.-L’adresse de Madame Wilna ? demanda

Ouari.Madame Justin lui donna toutes les

indications.-Bien, dit Ouari. Je vais faire le nécessai-

re. Mettre cette chaise hors d’état de nuire. Mais si malgré tout cela, votre fils reste amoureux fou de cette fille et l’épouse ?

-J’en doute, dit fermement Madame Justin… Ce n’est qu’une folie qui passera. Cette fille n’est pas pour lui, Monsieur Ouari. Je ne dis pas cela par jalousie de mère. J’aimerais bien qu’il se trouve une fille qui l’aime. Une bonne fille qui pourra prendre soin de lui.

***Ouari m’avait lu cette partie de son

entretien avec Madame Wilna. -Vous avez vraiment enquêté sur cette

histoire ?-Il le fallait bien, me répondit Ouari. Je

mets Bernard Sourbier sur l’affaire. C’est un grand sceptique comme vous le savez. Il vérifie cependant les dires de Madame Jus-tin. Les quatre premières filles de Madame Wilna se sont mariées dans des conditions assez curieuses. Elles se sont fait conduire chez le prêtre dans le même délai. 77 jours après la première visite de leur prétendant, toujours avec un diner chez Madame Wilna.

-Une simple coïncidence, objectai-je.-Avec un peu d’honnêteté, vous

conviendrez avec moi que c’est une coïnci-dence assez curieuse. Combien de chance y- a-t-il que quatre jeunes filles se ma-rient dans ces conditions ? Certainement aucune.

-Comment se conclut cette affaire assez spéciale ?

-Pas si spéciale finalement si on tient compte des mythes de ce pays. Mon agent Bernard Sourbier résout l’affaire de manière assez expéditive, je dirais même; pas trop légale. Il s’arrange pour qu’on cambriole la demeure de Madame Wilna en profitant de son absence durant l’après-midi et la soirée du samedi. C’est une femme très religieuse qui ne rate jamais un jeune très fréquenté à Carrefour-Feuilles. Bien sûr, il n’y a que la chaise en question qui intéresse les cambrioleurs. Pour ne pas faire d’erreur, sur instruction de Sourbier, ils s’en vont avec toutes les chaises paille comme on dit chez nous.

-Et puis ?-Rien… Madame Justin est soulagée.

Son fils Jérôme va quand même chez Madame Wilna. Il dîne. On lui indique une chaise où s’asseoir. Madame Wilna n’a rien décommandé. Elle a reçu l’amoureux de sa fille. Elle a dû emprunter des chaises chez une voisine. Mais Jérôme a continué à être amoureux fou de la fille de Madame Wilna jusqu’à l’épouser.

-Ne me dites pas que le mariage a eu lieu 77 jours après le diner.

Ouari, toussa, l’air gêné.-Justement, monsieur Victor Ils se sont

mariés 77 jours après.-Ce n’est pas une coïncidence ? deman-

dai-je, médusé.Ouari haussa les épaules puis déposa le

dossier.-Je vous avais dit qu’on n’avait pas de

réponse. Peut-être qu’il n’y avait jamais rien eu de tout ce que racontaient les gens Peut-être que la chaise n’y était pour rien dans cette histoire. Peut-être que Madame Wilna s’y prenait autrement. Bref, on pou-vait tout envisager.

Je ne dis plus rien. J’avais l’impression d’être devant un mur, incapable d’avancer.

Par Gary Victor

La chaise