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Kiblind#10

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Mars-avril 2006

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Lunatic Toys (Live Electro Jazz) Cosmo 70 (Electronica_ BEE Records) Double Tekno force (Electro DJ/VJ_ OVN prod)

pour la sortie du numéro 10 du magazine Kiblindsoirée Kiblind à la Marquisejeudi 6 avril à partir de 23h.

La Marquiseface 20 quai augagneur Lyon03

tél. 04 72 61 92 92 www.marquise.net

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20 _L’écologie est morte

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_ La cave littéraire, Montanari,De la Vega

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43 _Olympique Pandémonium,Sofasogood, Novox

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43 _Brèves

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50 _Histoire d’une envie

Dans le cadre du dispositif « Emploi Tremplin », l’Association Kiblind est soutenue par la Région

Rhône-Alpes et le FSE.

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_un journal qui en dix long

Chers lecteurs,

Paraît-il que la mode est au

faire-part. Aussi, ai-je décidé

de prendre la plume afin de

requérir votre présence lors

de ma fête d’anniversaire,

le jeudi 6 avril prochain.

Dix numéros et deux ans

d’existence, voilà qui, au

grand bal de la précarité,

mérite bien une petite danse !

Depuis que j’ai renoncé

à l’anonymat, vous avez

toujours su me manifester un

égard singulier et je vous en

remercie vigoureusement.

Pourtant, ce ne sont pas les occasions d’aller voir ailleurs qui

manquent. J’en veux pour preuve cette statistique éloquente :

il y a davantage de confrères gratuits entre Rhône et Saône

qu’à Paris, Londres et New-York réunis ! Même si l’opulence

de biens n’a jamais préservé de l’indigence d’idées…

Aussi, à l’occasion de ma dixième, je tiens à convier fidèles

et curieux en la demeure de Madame La Marquise, histoire

de festoyer un peu. Ambiance électro de derrière les fagots,

présentation du nouveau numéro et discussions rococo…

je serais naturellement ravi de vous y retrouver et de pouvoir

prolonger l’échange ici entamé.

Certes, Monsieur l’Ambassadeur et ses chocolats ne

seront pas là. C’est qu’il a pour habitude de fréquenter

des réceptions plus somptuaires aux nôtres. Mais nous ne

désespérons pas de gagner un jour ses faveurs. Et mieux

encore sa ferveur. Prêter l’oreille. Il en sera également

question lors des festivités du 6 avril. Pour peu que vous

soyez porteur d’un Pass Kiblind, je vous invite à venir me faire

part de vos impressions et critiques, en toute liberté. Parce

qu’avant même que cette saison se termine, j’ai déjà une

rétine tournée vers la suivante, élaborant studieusement une

formule qui sied toujours plus à vos attentes culturelles.

D’ici là, je vous souhaite bonne lecture, et c’est déjà pas mal…

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07 _Urbanisme concerté ?

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11 _Fables de la fontaine

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12 _Gnafron, guignol de la politique

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_urbanisme concerté : une réalité virtuelle

Un oeil sur Lyon

G.Viry, B. Fromentin, et J. Martinez

Lorsque les questions relatives à l’architecture et à l’urbanisme sont débattues en dehors du cercle des spécialistes,

la voix populaire fait bien souvent entendre son incompréhension face aux décisions prises. L’intervention

architecturale est souvent perçue comme une succession de constructions inadaptées et inexpliquées, dont

la portée esthétique et organisationnelle échappe aux usagers. Afin de rapprocher les citoyens des préoccupations

urbanistiques, on utilise aujourd’hui des outils permettant une projection de plus en plus précise dans le futur paysage

urbain. Il s’agit de modélisation en trois dimensions, de maquettes, de films virtuels… Ces nouveaux outils peuvent trouver

des usages distincts :

_ Ils permettent de légitimer des décisions politiques en matière d’urbanisme (schémas directeurs peu compréhensibles,

aménagements architecturaux emblématiques et coûteux) et d’intéresser les futurs investisseurs potentiels.

_ Ils représentent également un moyen de partager avec les habitants d’une ville, d’un quartier ou les usagers d’un lieu

public, les besoins ou handicaps du territoire présent et donc les avantages concrétisés liés au réaménagement à venir de

celui-ci.

Ces deux aspects se retrouvent dans la mise en place de nombreux projets architecturaux de grande ampleur menés dans

les villes de taille importante, tels que le projet Lyon Confluence sur le territoire lyonnais.

Les décideurs politiques tendent aujourd’hui à démocratiser leurs choix en matière d’aménagement du territoire en préconisant la concertation et une communication moderne, coûteuse axée sur les nouvelles technologies. Les modélisations 3D, maquettes et autres musées interactifs fleurissent dans nos villes en réaménagement perpétuel. Reste à savoir si en réduisant la frontière entre le réel et le virtuel, on rend les problématiques liées à l’architecture plus accessibles. L’exemple des Confluences à Lyon peut, de ce point de vue, apporter un éclairage… À vos lunettes, article en 3D.

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Copié-CoLLé-serré_DEPUIS LE MOIS DE FéVRIER, LES ENSEIGNANTS DE L’UNIVERSITé LYON II PEUVENT UTILISER COMPILATO, UN LOGICIEL qUI PERMET D’IDENTIFIER LE COPIER-COLLER DANS LES TRAVAUx DES éTUDIANTS. LE PROGRAMME, DéVELOPPé PAR UNE SOCIéTé SAVOYARDE, ANALYSE DES ExTRAITS DE TExTE CHOISIS AU HASARD DANS UN DOCUMENT éLECTRONIqUE.D’AUTRES éTABLISSEMENTS, EN ATTENTE DES RéSULTATS, POURRAIENT BIENTôT L’ADOPTER. /// DisCriminaLyon : petites histoires extra(?)orDinaires_SIx ANS APRèS LA SéRIE DE TESTINGS ORGANISéE à LYON PAR SOS RACISME ET LYON CAPITALE, TROIS VIDEURS VIENNENT D’êTRE CONDAMNéS PAR LA COUR D’APPEL DE LYON POUR DISCRIMINATION RACIALE. ILS AVAIENT REFUSé L’ACCèS à UN COUPLE D’ORIGINE MAGHRéBINE DANS LEURS éTABLISSEMENTS RESPECTIFS, ALORS qU’UN COUPLE DE TYPE EUROPéEN RENTRAIT SANS ENCOMBRE à DEUx

CommUniCation réeLLe

Petit rappel sur le projet Lyon Confluence : « La presqu’île

de Perrache, longtemps dédiée à l’industrie et aux

transports, est entrée en mutation ; ce territoire stratégique

se prépare à accéder au statut auquel sa situation centrale,

au sud de la gare de Perrache, le destine : celui d’un

centre-ville. Espace d’expansion métropolitaine, mais aussi

composante majeure de la Porte Sud de Lyon, nœud de

communication essentiel et, enfin, site fluvial à mettre en

valeur, la Confluence est un territoire à forts enjeux pour le

Grand Lyon » ( www.lyon-confluence.fr ).

Le pilotage et la conduite du projet Lyon Confluence

sont assurés par l’équipe de la Société d’Economie Mixte

Confluence. Il s’agit là d’un élément fondamental, car même

si politiquement les choses sont bordées par les élus, la

SEM conserve un statut particulier. Ce dernier lui permet

de mener une communication très différente suivant les

publics ciblés.

Schématiquement, sur le projet Lyon Confluence, la

communication s’organise à plusieurs niveaux:

_Dans un premier temps, il s’agit de travailler avec les gens

motivés et intéressés par le projet, à savoir les habitants

du quartier, puis les riverains et usagers. Les outils de

communication se résument alors à des plans pas très

détaillés et plus ou moins bien présentés. à ce stade

les représentations 3D se limitent pour l’essentiel à une

maquette traditionnelle.

_Dans un deuxième temps, après avoir analysé les

principales oppositions et avis des riverains, le maître

d’ouvrage donne aux habitants quelques ambiances

générales, qui, en l’absence de contestation, valident l’étape

précédente.

_En parallèle à ces deux premières étapes de

communication locale du projet, qui ont pour but de

rassurer les riverains, une communication plus globale sur

le projet est mise en place. Elle consiste à faire le suivi des

travaux avec les habitants impactés par le projet urbain

et plus généralement d’informer le « grand public » et les

financeurs éventuels.

Il convient de rappeler que la genèse initiale de ces grands

projets (Confluence, les Berges, le Carré de Soie ...) est issu

de volontés politiques présentes dans les différents plans

de mandat. D’énormes moyens sont prévus pour le plan de

communication des projets. En effet, de la communication

dépend l’image qu’auront les usagers des projets souvent

inachevés avant les élections… De la communication

dépend également l’engagement des futurs partenaires

financiers.

ConCertation VirtUeLLe

Ce n’est qu’avec ce genre de financements exceptionnels

que les agences de communication spécialisée en 3D

peuvent proposer des images de synthèses. Actuellement,

la SEM Confluence va rentrer dans une phase de

communication intensive très « grand public » et élargie

au territoire du Grand Lyon. L’objectif est surtout de

chercher de nouveaux financeurs et investisseurs plus que

d’informer réellement la population locale du quartier

de Sainte-Blandine. Les outils 3D sont des instruments

déterminants dans cette recherche. La répartition des

financements liés à la communication est donc un enjeu

majeur. Dans ce type de démarche « «Grand Projet », les

compétences et prestations pourraient être mises aux

services des habitants bien avant, et non lorsque l’essentiel

des décisions a été déjà pris. Ils pourraient ainsi apporter

leurs points de vue dès les premières discussions et

participer à l’élaboration des cahiers des charges en amont:

lors de la phase dite de concertation.

De la même manière, on sollicite beaucoup moins la

population sous prétexte qu’on est entrés dans une phase

« opérationnelle »… alors que c’est en général justement

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MINUTES D’INTERVALLE. LES DIRIGEANTS DE L’USINE BOSCH DE VéNISSIEUx SONT éGALEMENT POURSUIVIS DEVANT LES PRUD’HOMMES POUR DISCRIMINATION RACIALE : ILS AURAIENT BLOqUé L’AVANCEMENT DE PLUSIEURS OUVRIERS, D’ORIGINE éTRANGèRE. ENFIN, qUATRE JEUNES HOMMES D’ORIGINE MAGHRéBINE, CRéATEURS D’UNE ENTREPRISE DE BRUMISATEURS, SE SONT VUS REFUSER L’OUVERTURE D’UN COMPTE BANCAIRE DANS DEUx AGENCES LYONNAISES DU GROUPE HSBC. /// CheVaUx aU Vent_LANCéE à PARIS EN 2003, LA SOCIéTé « 4 ROUES SOUS UN PARAPLUIE » ARRIVE à LYON. ELLE PROPOSE UN PARCOURS EN 2 CV DANS LES RUES DE LA VILLE, qUI PEUT êTRE PROLONGé JUSqU’AUx MONTS D’OR VIA L’îLE BARBE. COûT DE LA BALADE : ENTRE 50 ET 95 EUROS. ///

là qu’elle pourrait réellement intervenir, aidée en cela par de magnifiques outils de communication. En définitive, la

communication à destination des investisseurs privés risque à terme de prendre le pas sur les attentes des habitants du

quartier concerné.

Le problème central réside donc dans la volonté de créer une réelle concertation avec le public et dans la mise en

œuvre de moyens adaptés à la mise en place de celle-ci.

L’objectif est de permettre aux habitants de se projeter en les accompagnant justement

dans la mise en situation. Les nouvelles technologies peuvent, si elles sont utilisées dès le début de la concertation,

faciliter cet accompagnement. Toutefois, la compréhension et l’implication des habitants au processus de construction

du projet passe avant tout par le temps consacré à construire le projet collectivement. Les nouvelles technologies

sont un moyen d’engager une réflexion approfondie sur les outils à mettre en œuvre pour parvenir à une réelle

sensibilisation, et donc à une implication de fait de l’ensemble des citoyens, initiés ou non.

Liens utiles :

sur l’urbanisme :

www.vivrelesvilles.fr

sur la communication de Lyon Confluence

www.asylum.fr

sur le projet Lyon Confluence

www.lyon-confluence.com

sur les méthodes de concertation innovantes

www.robins-des-villes.org

sur les sem

www.fedsem.fr

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top moDéLisme À paris

La maquette n’avait pas cent ans quand Léon Battista

Alberti, théoricien de l’architecture, préconisait, en 1435,

de la rendre accessible aux non-initiés (1). On en perdrait

son latin. Mais pas sa vérité. L’architecture publique

contemporaine se contemple aujourd’hui dans le reflet de

son accessibilité. Et la maquette est utilisée comme une

boule à facette, pour rythmer l’émergence et l’avancement

des grands projets. C’est la danseuse des décideurs, qui

jouent les cavaliers, et font de la maquette un véritable

objet de communication. L’art est dans la matière, le

maquetter, c’est parler vrai. Archi-vrai. Ainsi va la maquette,

support technique exhibé progressivement, et de plus en

plus, sur la place publique.

La maquette, qui a de nombreux attraits (à la fois belle,

matérielle, ludique et concrète), est ainsi mise en lumière.

Pour la voir de loin, ou de très près. En s’invitant sur les

canaux de communication, pour découvrir en haute-

fidélité, et à 360 degrés, les maquettes des futures

gares TGV, des grands musées inexistants mais déjà

monumentaux, le culturisme des grands travaux qui forcent

la nature (entre autres, en cours : le sauvetage du Mont-

Saint-Michel, la construction du canal Seine-Nord Europe,

les éoliennes du littoral, etc.). Ou en faisant le déplacement.

L’exposition des maquettes, c’est du Top-modélisme. Ou de

la pâte à modeler. Entre communication d’origine contrôlée

et participation qui peut finalement la contrer. C’est ce qui

semble s’être passé à Paris en 2004, lors du grand Forum

organisé autour du réaménagement des Halles. Jamais

les maquettes, en France, n’avaient pris une telle place,

publique. Rappel des faits : en 2003, le Maire de Paris, qui

n’en avait pas pourtant fait une priorité de sa mandature,

propose de « remodeler » le Forum des Halles, pour

améliorer les transports et la sécurité. Un appel d’offres

est lancé. Il porte sur un marché de définition, c’est à dire

qu’au-delà du projet concret, les candidats sont surtout

invités à repenser l’architecture du quartier. quelques mois

plus tard, Jean Nouvel, David Mangin, Rem Koolhas, et Winy

Mass rendent leur copie : des projets de réaménagement

global, souvent futuristes, et matérialisés par des maquettes

extravagantes.

Fidèle à son discours sur la concertation et la participation

des habitants, et consciente de la sensibilité du sujet, la

Mairie décide d’exposer les 4 maquettes dans un espace

de Forum. En quelques mois, le lieu devient incontournable

: 125 000 visiteurs viennent voir les maquettes, 12 500

émettent leur avis. La presse s’empresse : le site officiel

« projetleshalles.com » recense plus de 180 articles

publiés en 2004 sur le sujet. Ils sont extraits de la presse

locale, nationale, et même, internationale (New York Times,

Newsweek ou The Independant ). Au Conseil de Paris,

l’opposition propose même d’organiser un référendum.

La démocratie locale bat son plein. Incite les pouvoirs

locaux à repousser la décision, de juin à décembre 2004.

Et à rappeler que les avis exprimés n’apporteraient qu’un

« éclairage » à la Commission décisionnaire. Comme si,

derrière la boule à facettes, on rappelait que les maquettes

ne sont finalement… que des maquettes. Le 15 décembre,

devant des journalistes venus du monde entier, la

Commission consacre le projet de David Mougin, pourtant

perçu comme le moins audacieux. Mais le dispositif central

du projet, un immense « carreau » de verre recouvrant

le Forum, fera l’objet d’un autre marché. Et d’autres

maquettes, à partir de 2007.

Des Halles de Paris, Alberti serait sorti en prophète. La

maquette et l’architecture gagnent en visibilité, mais les

résultats restent au-Delà des non-initiés.

(1) In De pictura, formalisation théorique des travaux de Brunelleschi réalisés vers 1420.

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_fables de la fontaine

anachronique

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Inlassablement louée par les guides touristiques de

toutes sortes, la Place des Terreaux et sa monumentale

fontaine constituent, au même titre que la statue

de la Place Bellecour, un de ces lieux de rendez-vous

excessivement originaux où il est toujours très aisé de

retrouver l’objet de sa rencontre parmi une foule de

touristes.

Aussi, après avoir quelque peu arpenté le damier Buren,

dont le goût de l’aménagement dépasse la critique, c’est

souvent aux pieds des quatre chevaux menés par cette

auguste cavalière que vos pas vous conduisent. Si vous

vous êtes donné rendez-vous en hiver, vous aurez pu

admirer l’écrin de glace qui poétise la statue aux stalactites

diamantines. Ce qui est très beau.

Le chef-d’œuvre est de Frédéric Auguste Bartholdi. Réalisé

entre 1887 et 1888, de facture académique, au même titre

que son Lion de Belfort ou sa Liberté éclairant le monde, la

dynamique de sa composition et le mouvement impulsé

par ses silhouettes incisives l’apparente au néo-baroque.

Sculpté en plomb et soutenu par une armature de fer, ce

groupe massif pèse vingt et une tonnes. Côté esthétique,

l’artiste se serait inspiré de la fontaine du Char d’Apollon

à Versailles, érigée par Jean-Baptiste Tuby, mais en

accentuant l’élan des montures et l’ardeur de leur course.

L’immense fontaine est une allégorie, comme la statuaire se

plaisait encore à en réaliser dans ce climat fin de siècle. Pour

certains, elle représente « la Saône et ses quatre affluents

principaux » ; pour d’autres, elle symbolise « le Rhône

entraîné vers la mer ». Peu importe en fait, puisqu’il s’agit

de la Garonne… En effet, cette œuvre est une réponse à un

concours lancé par la mairie de Bordeaux en 1857, visant la

réalisation d’une fontaine Place des quinconces. Bartholdi

l’emporte, mais la ville ne donne pas suite au projet. Trente

ans plus tard, après qu’il eut remporté un triomphe avec

sa statue de la Liberté, la ville de Bordeaux le contacte à

nouveau pour lui donner son accord. En 1888, sa fontaine

baptisée La Garonne est terminée. Mais le conseil municipal

en juge le coup trop excessif et se rétracte une nouvelle

fois.

Or, en 1889, l’œuvre est présentée à l’Exposition universelle.

Elle séduit Antoine Gailleton, alors maire de Lyon, et la

municipalité achète la sculpture. Elle sera installée Place

des Terreaux, en face de l’Hôtel de Ville, et inaugurée le 22

septembre 1892.

Aujourd’hui, la fontaine a changé de place. Entre 1992 et 1994,

un parking sous-terrain, 69 jets d’eau et 14 piliers poussent le

chef-d’œuvre face au musée des Beaux-Arts. Le tout, selon la

municipalité, « afin d’améliorer la lecture du site ».

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_Gnafron guignol de la politique

rétropolitain

Son ton railleur a marqué des générations de Lyonnais. Ancêtre des poupées satiriques du petit écran, Gnafron fut l’une des premières marionnettes à brocarder publiquement la classe politique. Un personnage qui reste drôlement d’actualité.

S. Loyat

Malgré son look ringard et son air éméché,

Gnafron inspire encore. Sa défiance historique

envers toute forme d’autorité correspond

aujourd’hui à un sentiment largement répandu. Derrière

son costume d’amuseur d’enfants, il y a celui, plus engagé,

de censeur politique. Aussi réputé pour sa gouaille que

pour la rougeur de son nez, Gnafron a toujours bien plus

représenté qu’un simple guignol dans l’esprit de son

créateur. Apparu pour la première fois sur les planches

lyonnaises un jour de 1806, c’était un féroce commentateur

de la vie publique. Une espèce de juge d’instruction prêt

à glacer ceux qui utilisaient la politique aux mêmes fins

qu’un ustensile de cuisine : pour faire leur tambouille.

Pour la petite histoire, c’est un ex-canut au chômage

reconverti en arracheur de dents qui invente le personnage

de Gnafron. Inspiré de la farce italienne, qui connaît un

grand succès à l’époque, Laurent Mourguet importe le

concept de la marionnette satirique entre Rhône et Saône.

Né dans les foires, le facétieux spectacle des guignols se

sédentarise à Lyon, quelques années après la Révolution

Française.

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Dans une ville en pleine mutation industrielle où notables

locaux et ouvriers de la soie s’opposent régulièrement, le

dénommé Mourguet vient de mettre une arme redoutable

dans les mains de l’opinion publique : la contestation par le

(fou)rire. Dès la moitié du xIxe siècle, Lyon s’est pleinement

emparé du phénomène. Loisir populaire du dimanche, le

show des petites marionnettes se ritualise. Gnafron est

alors rejoint par toute une bande de persifleurs, dont son

illustre cousin Guignol. Aller les applaudir ou le huer, c’est

en quelque sorte oser le débat public à l’époque.

poLitiQUement inCorreCt

Philosophe assoiffé à l’esprit fraternel, au nez rougi par

le beaujolais et à la voix éraillée, Gnafron cultive au fil du

temps son personnage de père-fouettard de la politique.

Promu symboliquement rédacteur en chef et directeur du

journal qui porte son nom, il déclare en 1865 : « Me voilà

incarné dans un corps de journaliste. Ne suis-je pas du bois

dont on les fabrique ? Et n’est-ce pas aux marionnettes

à devenir hommes, lorsque tant d’hommes se font

marionnettes ? »

Polémiste plus iconoclaste que son compère Guignol,

Gnafron se défie du pouvoir, de tous les pouvoirs. S’il

s’immisce dans le jeu politique avec une ironie qui n’est

pas toujours exempte de mauvaise foi, ses victimes sont

rarement des hommes de grande vertu.

Ses réquisitions dans la langue canut, patois du petit

peuple lyonnais, soulignent son profond mépris des élites.

Pas étonnant pour quelqu’un qui, d’après l’histoire, habite

en bas des Pentes de la Croix-Rousse. A la frontière des

mondes bourgeois et ouvrier, Gnafron est un observateur

privilégié de la lutte des classes. Au lendemain de la

chute du Second Empire, en septembre 1870, il partira

d’ailleurs en guerre dans les colonnes de son journal

révolutionnaire contre « les endormeurs, les escamoteurs

de la bourgeoisie» qui veulent « distraire les travailleurs de

leurs intérêts primordiaux. »

Son créateur, qui n’avait pourtant rien d’un « lettré» , laissera

à la postérité une œuvre dense, plus communément

appelé « théâtre de guignol ». Un temps tombée dans

l’oubli, une importante partie des textes sera recueillie et

mise en ordre par un érudit Lyonnais, M. Onofrio, qui fera

définitivement entrer la marionnette dans le patrimoine

lyonnais. Un héritage dont la compagnie des Zonzons

est aujourd’hui la gardienne. que ce soit toute l’année au

théâtre Mourguet ou lors de la prochaine Moisson d’Avril,

Biennale Internationale de la marionnette, Gnafron est un

personnage d’époque. Et si sa verve n’avait pas pris une

ride ?

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La presse lyonnaise est en feux de détresse. Alors que sur la route nationale, ça se presse, de Lyon, on sort les griffes, marques déposées, ou aberrations d’origine contrôlée. Made in Lyon. ou Ready made, c’est vite-déjà-bien-fait.

Les VéloV sont lovés. Par Marseille, qui va bientôt

jouer à la Bicyclette bleue. Ou Paris qui s’apprête à

rouler ainsi : « Delanoé a décidé de franchir le pas,

après avoir fait le déplacement à Lyon ». L’élu marque un

volontarisme tout terrain (et/ou un moyen de se remettre

en selle ?) pour installer 3 000 vélos dans la capitale avant

mi-2007 : « la Mairie de Paris a décidé de mettre fin par

anticipation, une première, au contrat de mobilier urbain ».

Decaux va se remettre au vélo. Même si l’exemple lyonnais

révèle une maintenance coûteuse, occupant une trentaine

d’employés, « le nombre d’incidents techniques dépasse les

prévisions » ; alors qu’un VéloV coûte 1 000 euros pièce, « un

sur 500 revient chaque jour à l’atelier ».

Paris-Roubaix en vélov, c’est Lyon-Bayrou au Palais des

Congrès, Robien qui se prend les pavés, et l’empire du

milieu qui retourne la plage. Le 29 janvier, Lyon accueillait

2 500 indépendantistes centristes, autour d’un « projet

d’espérance », et d’une seule solution : « la rébellion » (« être

rebelle quand il le faut, et ne pas céder », c’est Bayrou en

camouflage qui a déjà pris le maquis). Paris-Bayrou…

Autres résolutions, en ce début d’année, qui font entendre

les Lyonnais : contre le CPE (les étudiants de Lyon sont en

tête du peloton), les Caricatures du Prophète écharpé (« le

réveil apaisé, selon Libé, des musulmans lyonnais »), ou les

numéros complémentaires qui surchargent les prisons.

En vjanvier, la campagne « Trop c’est trop », a été lancée

à Lyon, qui compte des prisons « parmi les plus vétustes

de France». De nombreuses personnalités ont répondu à

l’appel de Djamel Touhami, ancien détenu, et Bernard Bolze,

fondateur de l’Observatoire International des Prisons : « En

latin, numerus clausus veut dire numéro arrêté. Cela veut

dire qu’on ne doit pas mettre en prison plus de détenus (59

241 selon le CNRS) qu’il n’y a de places (51 195) ».

Sur le pont, tous les cortèges y sont, tandis qu’à Lyon

également, on y breake et on y danse.

Pages culture, et Made in Lyon, la presse s’emballe pour

les ballets de hip hop qui font actuellement sensation. Sur

le « Terrain vague » du chorégraphe Mourad Merzouki,

originaire de Saint-Priest, Libé réincarne une « cité pas

morose ». « Le danseur est devenu ambassadeur du hip-

hop à la française », selon Le Monde. Après avoir triomphé

à la Maison de la Danse, sa compagnie a clôturé le Festival

hip-hop Suresnes Cité Danse, du 27 au 31 janvier, où se sont

également illustrés les Pokémon de Lyon et le chorégraphe

lyonnais Kader Attou.

reaDy maDe

Dans les médias locaux, c’est une valse, à mille temps. Avec

cavaliers blancs (L’Est Républicain qui a repris le 6 février

le pôle Rhône-Alpes de la Socpresse) et Cendrillons qui

perdent pied (Lyon Capitale et La Tribune de Lyon). Au total,

selon Le Monde, ce sont « plus de cinquante journalistes

lyonnais qui sont menacés ou ont déjà perdu leur emploi

depuis le début de l’année ». Conséquence d’une « série

d’échecs » dans une ville « qui fut pourtant le laboratoire

de la presse dans les années quatre vingt ». 20 minutes

relativise (« La presse lyonnaise n’en est pas à sa première

crise ») mais celle-ci est larvée, entre supports locaux

essoufflés (« Le Progrès n’a pas su s’adapter au changement

de vie des urbains. Et les hebdos n’ont pas trouvé la bonne

formule pour susciter un achat chaque semaine ») et

antennes nationales aspirées : les grands quotidiens (Libé,

Le Monde, L’Huma) sont revenus depuis longtemps déjà de

« leurs ambitieuses éditions locales » Et plus récemment,

RTL a supprimé son « décrochage ».

Lyon vue d’ailleurs

_Made in lyonG. Viry

Page 16: Kiblind#10

La presse s’accorde: « L’hiver est rude pour le pluralisme

journalistique lyonnais ». Si la neige tombe, ce ne sera

pourtant pas sur l’écran de TLM, « première télévision de

proximité en France », dont la fréquence arrive à échéance

à la fin de l’année.

« qui ne saute pas n’est pas lyonnais ! ». Pour Le Nouvel

Obs, c’est l’« hymne officieux » (et superstitieux ?) de la

capitale rhône-alpine. A appliquer à la presse explosive. Ou

à la « série (poudre ?) noire » du maire de Lyon. L’Express

parle de « tambouille lyonnaise ». Entre cuisines internes,

aliments qui ne passent pas (soupçons de collusion avec

la presse, de détournement de fonds…), et petits plats

qui devraient se manger bien froids. Critiqué par ses alliés,

le chef peut compter sur ses commis, comme l’adjoint

aux Sports Thierry Braillard, qui se répand, en Olympique

Lyonnais, dans les colonnes de Libé : « A la mi-temps de

notre mandat, nous menons. Ce n’est pas une raison pour

commencer à marquer des buts contre notre camp. Gérard

Collomb reste le capitaine, jusqu’à la 90e minute ». Le ballon

rond, c’est de l’inspiration. Comme dans l’Obs, où l’OL

fait « chavirer » les Lyonnais. Selon l’hebdo, les succès du

football lyonnais alimenteraient le rayonnement actuel de

la cité. A l’image des déplacements à l’étranger (« [le maire]

emmène une large délégation de techniciens, avocats,

artistes ou industriels ») ou de la Cour des Loges, dans le

Stade Gerland (« plus que les salons discrets des bouchons

lyonnais, c’est ici que se nouent des contacts, s’ébauchent

des projets »). L’hebdo fait vite, et peut être déjà fait :

« A l’image de son club, la ville est décomplexée […].

Les bourgeois lyonnais eux-mêmes commencent à se

décoincer » Ready Mad. Comme ce Grand angle de Libé

consacré au Stéphanois Pierre Pinoncelli, performer

iconoclaste. Après avoir posé nu dans un tonneau en 94

à Lyon, « jetté des Malabars sur le cercueil de Malraux

au Panthéon », le « papy excentrique » (76 ans) s’est

récemment illustré à Beaubourg : à coups de marteaux, « il

a fracassé le sacro-saint urinoir (« Ready Made ») de Marcel

Duchamp ». Un « geste Dada », selon l’homme qui vient

d’être condamné à une amende « non moins bouffonne »

de 200 000 euros…

Sources :

« Lyon Capitale placé en redressement judiciaire, Le Nouvel Observateur, 10/1/06 ; « Cinq licenciements à La Tribune de Lyon », Le Nouvel Observateur, 11/1/06 ; Marie-Christine Vernay, « La cité pas morose de Merzouki », Libération, 13/1/06 ; Maire-Christine Vernay, « A Suresnes, un spectacle vif et tendre de Kader Attou », Libération, 14/1/06 ; Sophie Landrin, « La crise majeure de la presse lyonnaise menace le pluralisme local de l’information », Le Monde, 14/1/06 ; Olivier Bertrand, « Trop c’est trop demande l’instauration du numerus clausus », Libération, 16/01/06 ; Rosita Boissseau, « Terrain vague », chaleur hip-hop », Le Monde, 19/1/06 ; Gilles Gaetner, « Tambouille lyonnaise », L’Express, 19/1/06 ; Olivier Bertrand, « Les caprices de Collomb fatiguent la gauche lyonnaise », Libération, 23/1/06 ; « Projet d’espérance pour 2007 », Le Nouvel Observateur, 29/1/06 ; Frédéric Crouzet, « A Lyon, Bayrou appelle à la rébellion », 20 minutes, 30 janvier 2006 ; Edouard Launet, « Ready Mad », Libération, 31/1/06 ; Sophie Landrin, « Duel Socpresse-Philippe Hersant autour de Télévision Lyon Métropole », Le Monde, 2/2/06 ; Sophie Landrin et Pascale Santi, « Inquiétude chez les salariés du pôle de presse Rhône-Alpes », Le Monde, 7/2/06 ; Frédéric Crouzet, « Un hiver très rude pour le pluralisme journalistique lyonnais », 20 minutes, 7/2/06 ; Laurence Girard, « Le vélo urbain en libre-service bouscule les contrats d’afficheurs », Le Monde, 13/2/06 ; Olivier Bertrand, « Le réveil apaisé des musulmans lyonnais », Libération, 13/2/06 ; Robert Marmoz, « quand l’Ol fait chavirer Lyon », Le Nouvel Observateur, 16/2/06

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Page 17: Kiblind#10

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_Oakland, terre des possibles

ituée au nord de la Californie, juste en face de San

Francisco – les deux cités étant reliées par le pont

de Bay Bridge – la ville d’Oakland n’a pas eu besoin

d’un film, comme son homonyme phonétique de Nouvelle-

Zélande, pour sortir de l’anonymat, mais s’est toujours

positionnée au croisement des différentes révolutions

culturelles qui ont secoué l’Amérique d’après guerre.

Prospère durant le deuxième conflit mondial, la cité de

la Bay Aera a perdu une grande partie de ses usines et

manufactures durant les années 50, faisant du centre

ville un territoire en voie rapide de ghettoïsation. La suite

est aujourd’hui bien connue : faute d’emploi, les classes

moyennes quittèrent la ville, le taux de criminalité explosa

tandis que le revenu par habitant touchait le fond. D’une

des paupérisations les plus rapides de l’histoire nord-

américaine, Oakland acquit une image solide de ville

dangereuse, où « soleil » et « océan » ne rimaient pas

forcément avec bon vivre. La suite n’allait pas contredire,

loin s’en faut, l’émergence de cette mauvaise réputation.

D’une dégradation rapide de son économie, au tournant des années 40, Oakland a vu émerger en son sein une culture originale, férue d’indépendance et largement influencée par les différents courants de pensées Afro-américains. Voyage dans une cité qui a vu naître les Black Panthers et qui a redonné au hip hop ses lettres de noblesse.

MelloW

By any means neCessary

Victime d’un amalgame souvent pratiqué par les tenants

de la prose institutionnelle, notamment lorsqu’il s’agit de

faire de la surenchère sécuritaire, le troisième port de la

côte Ouest fut relégué au ban des cités civilisées. Position

peu enviable au demeurant, Oakland allait gagner, au

beau milieu des années 60, encore quelques places dans le

classement des plus beaux cauchemars américains. Le tout

grâce à une action soutenue de ses citoyens les plus actifs.

En octobre 1966, en plein combat pour les droits civiques,

deux étudiants de la ville, Bobby Seale et Huey P Newton,

rédigent le « Programme en 10 points », base d’une

organisation politique nommée – par la suite – le Black

Panther Party. Leurs revendications ? L’autodétermination

de la population noire, le plein emploi, des logements

décents, l’arrêt des violences policières, un programme

d’éducation performant et une justice impartiale. Leur

cible ? Délaissant leurs comparses diplômés, ils vont

recruter dans le ghetto d’Oakland. Leur credo ?

Page 18: Kiblind#10

Texto : « si le Ku Klux Klan et les flics sont armés, les

militants du Black Panther doivent l’être aussi s’ils veulent

se défendre ». Patrouillant dans les quartiers afro-américains

de la ville, notamment pour surveiller les agissements

de la police locale, leur nombre croît rapidement.

Progressivement, ils dépassent même le simple cadre des

patrouilles en armes et mettent sur pied une véritable

société parallèle, avec programme d’éducation et système

de soins gratuits à l’appui. Rejointe en 1967 par Eldridge

Cleaver, orateur brillant et principal artisan d’un système de

communication efficace, l’organisation va s’étendre au-delà

des frontières d’Oakland et s’essaimer dans les principales

villes des états-Unis.

Le DéBUt De La Fin

Seulement, le succès ne va pas aller sans déconvenues.

Les militants gagnent peu à peu la place enviée d’ennemi

public numéro un décernée par le FBI, surclassant même

un temps les agents de l’empire du mal. En 1968, suite à

une violente altercation avec la police d’Oakland, Huey

P. Newton est grièvement blessé tandis qu’un agent des

forces de l’ordre reste à terre. L’administration ne pouvait

rêver meilleur bâton pour se faire battre. Le cofondateur

du Black Panther Party est rapidement inculpé de meurtre.

Commence alors une immense campagne nationale, à

laquelle s’allie la plupart des grands partis de gauche. Lors

des élections dans la septième circonscription nationale,

Huey P. Newton est même désigné tête de liste du « Peace

and Freedom Party ». Il récolte 20 000 voix. Délaissant

les armes à feu, les militants vont alors inciter les Afro-

américains à s’inscrire sur les listes électorales.

Page 19: Kiblind#10

Le FBI prend véritablement peur et, soutenu par les

politiques, il décide d’en finir avec le problème. Le

programme COINTELPRO, pour Counter Intellignce

Program, voit le jour. La méthode déployée est

radicale : en avril 1968, Bobby Hutton est tué par la

police d’Oakland, il sera le premier d’une liste qui

comprend trente-trois noms. Le Black Panther Party

est infiltré par les agents de l’état, ses militants arrêtés

selon toutes sortes de prétextes, les cadres s’exilent

et, en 1973, l’organisation est définitivement dissoute.

L’expérience s’achève mais l’état d’esprit, en gros « on

ne peut s’en sortir qu’en comptant sur soi-même et

sa communauté », lui demeure, notamment au niveau

local.

Do it yoUrseLF

Les derniers stigmates s’effaçant avec le temps, il

faudra attendre quelques années avant qu’Oakland

fasse à nouveau parler d’elle, de manière toutefois plus

confidentielle.

Capitale méconnue du Funk pendant les années 70

– des groupes comme Sly and the Family Stone, The

Headhunters ou Tower of Power y ont émergé –, la cité

populaire va devenir l’épicentre du Turntablism, 20

ans plus tard, et le point d’ancrage des labels hip hop

indépendants.

Le premier à avoir investi le créneau, outre MC

Hammer (un natif du lieu), fut Too Short, un gangster qui

s’était pris d’une passion pour le rap. La légende veut qu’il ait

enregistré plus de 50 albums, la plupart autoproduits et vendus

de la main à la main. Préférant faire son business tout seul,

son mode de production va influencer nombre d’artistes plus

jeunes que lui, artistes qui à leur tour vont s’organiser et fonder

leurs propres structures. Même si leur nom restent totalement

inconnus au néophyte, certains d’entre eux, notamment le

Hieroglyphics crew, ont été parmi les premiers à utiliser internet

pour diffuser leurs œuvres ; d’autres, tels les Mystic Journeymen,

ont développé des circuits de distribution indépendants dont

les ramifications dépassent largement le cadre de la Californie.

Plus intéressant, la Bay Aera – dont les principales villes sont San

José, San Francisco et Oakland – compte une concentration de

tourmenteurs de platines la plus élevées du monde. Emmenés

par DJ Shadow et q-Bert, parmi d’autres grands noms, ces

artistes sont revenus aux sources de la culture Hip Hop et ont

redonné au DJ la place qui lui revient… au-delà de toutes les

espérances.

Depuis leurs premiers efforts, à la fin des années 80, les platines

ont acquis le statut d’instrument de musique, et des disques

sans rappeurs, estampillés Hip Hop et uniquement composés

de scratch, sont publiés régulièrement. Une révolution

dans le genre qui ne fait pas démentir le statut d’Oakland,

terre d’innovation largement influencée par la culture Afro-

Américaine et pendant parfait à San Francisco, longtemps

considérée comme un havre de liberté.

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Au sommet de Rio, en 1992, les chefs d’Etat s’accordent pour que chaque pays réalise individuellement des efforts

en faveur de l’environnement. Euphorie internationale ! L’environnement devient le moyen consensuel de la

diplomatie et le concept d’Agenda 21 est adopté à l’unanimité. La fièvre du progrès environnemental prend toutes

les nations à la gorge et le sommet de Kyoto permet alors, chose incroyable, de parvenir à ce protocole aujourd’hui connu

de tous.

Protocole avorté

Pour autant, chaque Etat réalise avec stupeur que le protocole de Kyoto est trop ambitieux et que son application pourrait

avoir des effets « néfastes » sur l’économie. Et, à l’heure de l’hyper-terrorisme, l’hyper-sollicitude écologique n’est plus de

mise. Ce qui fût consensuel devient un problème diplomatique et un enjeu de pressions sur la scène internationale. Notre

président propose au sommet de Johannesburg la création du PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’environnement),

un moyen sans doute de proposer une retraite dorée à Roseline Bachelot… Les Etats-Unis préfèrent lutter contre les

bombes virtuelles de Saddam Hussein… Chacun cultive son jardin, comme disait Voltaire !

De l’Etat à l’individu

L’espoir d’une humanité vivant en harmonie s’est éteint à l’aube du XXIe siècle, peu après le refus américain d’adopter le

protocole de Kyoto. Du coup, l’utopie programmée d’un effort collectif et mondial disparaît et les Etats abdiquent devant la

tâche. Reste l’individu, le citoyen à qui l’on propose des publicités avec le soutien de la Fondation Ushuaia ou EDF. Rappelez-

vous l’incongruité du spot « qui déborde » : le consommateur est sollicité devant sa télé pour réduire ses emballages. Le

problème est que le consommateur n’emballe pas lui-même ses produits ! Le message est clair : humain, si l’environnement

a propos

_l’écologie est morte...PR Moriarty

A la chute du Mur, une ère nouvelle semblait s’ouvrir.

Le succès de l’écologie politique internationale et

sa capacité à créer l’unité intimait de croire en une paix durable au bénéfice

de tous. Et pourtant…

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VIVE LE FOOT !Au pays de Rousseau subsistent d’irréductibles défenseurs de l’environnement. Avocats, professeurs ou directeurs

marketing, ils se sont associés pour « Agir » dans ce siècle. Une démarche pratique et populaire qui permet à chacun de

calculer son empreinte écologique sur le monde.

« L’empreinte écologique, c’est quoi ? Que ce soit pour se nourrir, se déplacer, se loger ou gérer nos déchets, nous prenons

à la planète des ressources naturelles. Tout va bien tant que nous ne prenons pas plus que ce que la nature peut nous offrir.

Mais est-ce que nous prenons plus ? C’est à cette question que tente de répondre l’empreinte écologique. Votre empreinte

écologique est une estimation de la superficie dont la terre a besoin pour subvenir à vos besoins, sans épuisement des

ressources. Votre empreinte écologique vous permet de mesurer votre influence directe sur la nature.

Combien nous offre la nature ? Nous allons tout mesurer en terrains de foot (un terrain de foot = 50 x 100 m = 1/2 hectare).

Si l’on compte la superficie totale de la planète terre, il y a environ 17 terrains de foot par personne pour 6 milliards de

personnes. Après avoir enlevé les océans, les déserts, les glaciers et tous les endroits où l’on ne peut ni vivre ni cultiver la

terre, il reste environ 4 terrains de foot par personne. Si on admet qu’il faut réserver un quart de cet espace pour les autres

espèces animales, il reste environ 3 terrains de foot disponibles pour chacun des 6 milliards d’individus vivant à l’heure

actuelle.

Quelle est notre empreinte écologique ? Pour une seule personne vivant en Europe, la terre a besoin en moyenne de 10

terrains de foot pour subvenir à ses besoins sans épuisement des ressources. La moyenne mondiale est d’environ 5 terrains

de foot par personne. Cela veut dire que nous sommes en train d’épuiser les ressources naturelles. Oui, nous consommons

déjà plus que ce que la terre peut nous offrir sur le long terme. Nous sommes loin du développement durable. Si nous

mettons ces résultats dans la perspective d’une population mondiale de 10 milliards d’individus en 2050, associée à une

croissance économique mondiale, il y a de quoi s’inquiéter pour les générations à venir. »

Calculez votre empreinte écologique directement sur le site www.agir21.org

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_ Francisco sepULVeDa mr monKey is in LoVe With mlle CoCoDriLLe

www.plakdegout.comexpo à la galerie talents à suivre…

[10, rue Lainerie – 69005 Lyon ]Du 5 avril au 5 mai – Vernissage le 5 mai

_ Funky team [email protected]

www.funkyteamwork.com

apoCryphe

_Julien [email protected] paraître prochainement :

Le sourire ou la colère d’enlil aux éditions amalthée [ www.editions-amalthee.com ]

_hièryck de la [email protected]

P oète, écrivain, dessinateur, peintre, graphiste, photographe : les feuillets qui suivent vous offrent leur immaculée candeur. Illustres méconnus, indexés, effacés ou juste affublés jusque-là d’une timidité quasi-maladive et qui tend maintenant à s’atténuer ; si vous vous sentez la distraction,

le goût, l’envie, voire un désir ardent de vous retrouver exaltés aux yeux du monde par l’entremise subtile d’un journal élégant et à distribution dantesque, ces pages indélébiles vous sont consacrées. Et pourquoi pas l’éventuel contact ultérieur avec un éditeur de renom qui aura succombé aux charmes de votre expression enflammée ?Point de thème particulier. Point de forme limitée. Juste fendre l’opacité mortuaire de ces feuilles en les transperçant d’émotions. Et si la crainte d’être découvert reste un frein à cette latitude, libre choix à qui veut de préserver son anonymat en se donnant le nom qui lui est le plus cher. Simplement marquer le présent de manière décisive.À la vie éternelle !

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_Francesco Sepulveda

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Focu

s _ l’aventure des opposantsBande dessinée réalisée par Boris Bukulin

L’Aventure des opposants a été publiée en mai 2005 par L’Association. Son auteur, Boris Bukulin est né en juin 1973 dans la

région parisienne. Après avoir suivi des études de dessinateur-maquettiste, il débute en vendant ses dessins et ses peintures

dans la rue puis expose dans plusieurs galeries parisiennes. La rumeur dit qu’il fut le premier auteur publié par L’Association

à être selectionné après un simple envoi spontané de manuscrit. Il vit aujourd’hui à Lyon où il se consacre à de nouveaux

projets tels que l’illustration d’un conte pour enfants.

ContaCts/inFos :

- L’Association, 16 rue de la Pierre-levée 75011 Paris

Tel. 01 43 55 85 87

- www.dessinoriginal.com

© - 2005

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Dans un précédent numéro de Kiblind (n° 7, p. 13), nous avions mis en avant le fait qu’à l’Est de Lyon il n’y avait

« rien de nouveau », si ce n’est des « territoires inconnus, lointains, peuplés de légendes et dans lesquels il ne nous

viendrait jamais à l’idée, sauf contraints et forcés, de foutre les pieds. » (sic) Bref, le retour des terrae incognitae.

Toutefois, si notre imagination vagabonde avait forcé sur le bucolique architectural des prairies de béton de la ville nouvelle

de l’Île-d’Abeau, nous étions encore peu avisés des ressources culturelles environnantes. Car non loin de là, près d’une

ville également « nouvelle », Villefontaine, nous avons découvert une cave, qui n’exhalait pas les embruns de vieux fûts

poussiéreux, mais l’arôme des vers et un bouquet de voyelles colorées. Et comme il est question de littérature, on l’appelle

La Cave littéraire.

Evidemment voûtée, fraîche en été et douce en hiver, La Cave littéraire n’est pas une appellation d’origine non contrôlée

destinée à allécher le clampin échevelé féru de poésie en sous-sol. C’est un vrai lieu souterrain consacré à des rendez-vous

poétiques avec des écrivains, des plasticiens et des musiciens. On y prend également des « proses-café », centrées sur

un auteur, une œuvre, un thème poétique ou littéraire ; on assiste à des ateliers d’écriture, des festivals et, quand la cave

s’exporte sur les ondes, des émissions radiophoniques.

Le temps d’une soirée mensuelle, les « Rendez-vous poétiques » rassemblent un écrivain, un plasticien et parfois un

musicien. Ces rencontres peuvent avoir deux visées distinctes : soit de faire connaître au public des poètes inconnus,

souvent locaux ; soit d’offrir à l’assistance des retrouvailles avec des poètes confirmés, tels que Michel Butor, Bernard Noël,

Julien Blaine ou Charles Juliet, lequel est d’ailleurs président d’honneur de La Cave littéraire (s’il vous plaît…).

Le principe du lieu est donc de rassembler tous les amateurs de poésie, de la populariser en y sensibilisant le public, de

développer la création littéraire sous toutes ses formes, de permettre aux poètes locaux de se faire connaître et de participer

à la diffusion de leurs œuvres.

EdITIOnS dE La CaVE ET POéThèquEPour concrétiser ces rencontres sur support papier, La Cave littéraire est aussi éditrice. Elle publie une première collection

de petits recueils poétiques appelés « Poémiers ». Aujourd’hui, quatorze auteurs plus ou moins connus sont ainsi mis en

feuilles, dont Michel Butor accompagné d’illustrations de Thierry Lambert.

Sa seconde série de publication est une revue baptisée Le Foudulire International, qui regroupe périodiquement des textes

d’auteurs contemporains français avec ceux d’auteurs internationaux. Depuis sa création, Le Foudulire est réalisé en liaison

avec les capitales culturelles européennes : Thessalonique en 1997, Stockholm en 1998, Weimar en 1999, Rotterdam en

2001, Gênes en 2004. Les textes des deux pays sont donnés en version originale et en traduction, « dans un ordre qui les

mêle, ne vise pas à dresser une simple vitrine des productions du moment, mais qui vise à proposer une interpénétration

des cultures, pour une lecture dynamique et non seulement contemplative ».

Non plus sous la voûte, mais à l’étage, La Cave littéraire propose une bibliothèque spécialisée de recueils poétiques et de

revues : La Poéthèque. Revues littéraires prestigieuses – comme La Revue des Deux Mondes et celle du Mercure de France

– ou plus confidentielles, recueils poétiques inédits, près de 30.000 ouvrages sont mis à la disposition des curieux. Elle est

également très utile aux poètes et écrivains cherchant à être publiés, car elle offre un champ de vision en Rhône-Alpes avec

ses catalogues et listes d’éditeurs ou lieu de manifestations poétiques.

_la Cave littéraireJ.Tourette

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hOrS La VOûTEA l’extérieur, La Cave littéraire organise régulièrement

deux festivals. « Les 24 heures du mot », sous-titré Le plus

petit festival européen ou Festival de poésie totale, est un

festival itinérant. Pendant deux jours, il s’installe chez un

habitant et propose toutes les formes de poésie : écrite,

visuelle, sonore, gustative, électronique, spatiale, tactile,

etc.

Le second festival de La Cave est le FIPPE. Festival

de Poésie sur Panneaux Electroniques, il est réalisé

conjointement avec les villes de Villefontaine et Bourgoin-

Jallieu. Pendant quinze jours, les panneaux municipaux

électroniques sont réservés à des pages de poésie visuelle

ou textuelle, renouvellées chaque jours. Le lecteur ne va

pas à la poésie ; c’est la poésie qui s’offre à l’œil du passant.

Bref, l’Est lyonnais encore culturellement très méconnu

possède bien certaines richesses dissimulées par sa flore

rectiligne et monochrome. L’expérience mérite vraiment

d’être tentée.

Et finalement, comme nous le précisions dans notre n° 7,

ça n’est qu’à « une journée à cheval » de Lyon.

La Cave littéraireMaison des associationsPlace du 11 novembre 191838090 Villefontaine – Village

renseignements et contactshttp://caveli.free.fr

Jean-Paul Morin04 74 96 41 54

[email protected] participer un FIPPE

Envoyez vos texte à [email protected] : 7 lignes ; 16 caractères par ligne

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Le fleuve charriait dans son lit la dualité desonprincipe,laissantpercevoiraujeunehommerenduàlaTerresurélevéed’unecollinesanscouleur,bavantlecharbond’unfusain, laseulecolèredeses ténèbresmouillées.

La colline s’écoulait littéralement sur l’onde,Tourment Elémentaire, laquelle se répandait, à sontour, dans l’orage violacé des champs de bouquetsinaccessiblesetdontleparfumsemblaitpourtantn’avoirdecessedeserapprocherdesnarinessensibles.L’odeurde sainteté qu’ils leur conféraient finissait d’engloutirlavisionmorbidedes eaux,Fureur Immobile, dans lagorged’unabîmeobscur.

Le regard du jeune homme était, dans l’élangiratoire infini que pouvait déployer celui d’un œilavide, comme insatiable de possibles, fixé… Braquédansunecontemplationabsentedel’immensitéinsulaired’un carré d’œillets. Celui-ci oscillait variablement,d’une fragilité visible, métrique, animant l’inertie quiroulait dans l’horizon de mouvements de couleursinsoupçonnables et hypnotiques. Le vent les frappaitdesahoulemonotone,foulehomophone,refraindesamatérialitédisparue,endolorie…Et lecarminéclatantdesesplussauvagesvariétésinséminaitlelaitpâledeleursduplicataolfactifsavectoutelaForceduDésir.

Et le paysage blanc et charbon tout entierrevêtitlarobemétalliquedusangquedéversaitl’amèrecollinedansleseauxprofondesdesesentraillesauxairséoliensde sauf-conduit, tel leSangd’unHolophernegagnant les larmes de certaines mortes farinées d’unteint d’argile ou de calcaire. Le fleuve s’empourpraitd’uneviemaladeet ses ténèbres, lentement, portèrentauxpoussièresdujourlaflammequ’ellesétouffaient.

L’encred’aprèsleSperme

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En concentrant son regard, le jeune hommes’aperçut que des pigments de Lumière clignotaient,fébriles,danscemiroirdepulsionsliquides.LesâmesdesmortsconstellaientleCorpstorvedescouleurs,brûlant,ainsi, le premier feude leur humanité qu’une affreuseconscience avait su, durant leur vie, dérober. Le roseécarlateetfiévreuxs’écarquillaitalorsdanslesmonadesdel’atmosphèredegouffresterreux,detourbillonssalesetboueux,enfersliquidescharriant,unàun,lescortègesdegénérationsennemies.

Alors, le jeune homme connut le Néant etl’insondable Vie dont il se gonflait. Au loin, il luisemblait voir nager le Corps d’une fleur étrangère…Indistincte… Et se faisant l’effet d’être au pied de lafoudre,lejeunehommeécouta,pourlapremièrefois,lavoixquichuchotaitdanssamaindroite:

«  N’ai pas peur, mon jeune hôte ! Je suis la littérature, vivant  dans  ta  bouche.  Et  je  déroule  dans  l’horizon, d’une lecture infinie, un grain aride, salive, charbon et Fusain ! » 

Et le paysage s’entortilla de douleur dansunrepliabruptde larobedeChairmeurtriequ’ilétaitdevenu. La voix, une nouvelle fois, résonna, toujourssempiternelleautongrasetlointaindesontimbre:

« Je suis venu à tes lèvres. Désigner. Le voyage des âmes. Qui s’écrasent. Fuyant les astres. Dans la Chair crue des champs d’œillets. » 

JulienMontanari

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Alaproueconglutineused’unefalaise,J’avalaisl’essordesnuéesfainéantes,Etlesmouchesd’Ether,ombresivresd’ascèse,Butinaientmonsang–confitured’amarante–

Mesanfractuositéscarnéesbourdonnaient,D’attente,ellesbuvaientd’efflorescentségouts,Quandausol–piétaillerocailleuse–gonflaientMilleépaules,fruitsd’égrillardesventréesdeboue.

Deboutsurlagrève,sourdàmescrissépulcraux,L’hommebavaitd’écumeenmessedesfonds,Oùdesholothuriesentraînaientleursvaisseaux,Destortuesxylophagesenbénissaientlesponts.

Etlesautelsflottants,calcinésparlesel,Remontaientparfois,hymned’undernierfrisson,Ravalantleurssermons,vomissantleursmissels,Dansl’azurmousseuxtousrecrachaientunpoison.

Or,moi,rocherdeviandeàtourmentssaxicoles,J’exposaismescôtesrasesauxsangladesduvent,Et–Rouge–danslapoixderondesvacuoles,L’océanentenditbouillonnertoutmonsang.

Jedevinsl’orseille,lamauveroupieuse!Etcoulantsurmesmurs,escaladantleschorées,JenappaislesgaletsdevaricessoucieusesQu’unSoleilcogneurhonnissaitàlisser.

Amonfrontgriséalunirentleslueurs!Benoîtesetdryadesyluttaientdemagie,Voix–Abysses–fouillesdumurmuredescouleurs,J’enlevaisàl’Enfersafroideangéologie!

Maisl’oragecouraitetblessaittouslesairs,Unepluied’orgueetd’eauvivetaisaitmeshuées(…)Puisqu’OrphéejetaittoutsonCorpsdanslapierre,Jepissaisdanslesconqueslasséesdesmarées.

Détachédufracasdeshumeurscélestes,Jesentismonterunelave,maelströmgrimpant,EtmonCorpsendurcidevertigesetdequêtes,Semblabiens’animerdeleurmimeviolent.

Lesflotsremuaientd’untrépignementcalcaireDeslatrinesducielàl’ultraviolet!QuanddujeucharognarddegoélandsdeferExsudaitl’imagedéchiréedelabaie.

J’étaissaleetuniauxgiflesaériennes,Maculédefiante,sauvagesenvolées,Pourtantmesbalafresfriablesquisaignent,Ignoraientlesbaquetsd’odeursdesainteté.

L’horizonaurifiés’inclinaitsouslespleursQuiperlaientdemonœil–tumulussolitaire–Dansl’éclatquibarraitlasymphoniedesdouleurs,J’étaisseul–Témoin–j’étaistouteslespaupières!

LesamuresdelaTerreenflaientsousmonbras,Quandmondrapgranitiquesefaisaitlacrymal,Etlesfleursetlesherbesquifendaientmonaura,Lapartitiondesteintscommecérémonial!

Macampagnerendaittoutetristessemarine,Mamusiqueiodéelanguissaitsousl’effroi!L’alphabetforçait,aumarbredemesnarines,Aunirleressacàlarivetreizefois.

Lasymphonieverticale

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Jenageaisdanslagammedesmoindresrécifs,Avançantmacolonneenvironnéed’effraies,Puislesfreinsnuageuxsefirentmoinsallusifs,Mecouchantdanslamorvedevieuxmascarets.

Mapointeendolorieconnutlefirmament,Lasaniedesesfeuxsemêlaitauxcalandres,Jeportaisàmoiseull’embouchuredulevant,Lecalamed’amourauxsapidesméandres!

Pointeferlée, UtdelaTerre, Voix,gronde,dansl’ombredeslames!

SousmapeaudemarnepalpitaientlesOlympes,VertsbérylsauxjoursbleussurmonCorpsdegrèspâle!Letoitdesflyschsoù,envieux,lesDieuxgrimpent,Voyaitl’aubechoirdemonrègneminéral.

Eclaboussédequartz,demerdesetdebecs,Jemesecouaisdemesmoussesprisesd’eau.Etquandl’orbeurrait,englissant,monflancsecJepartaisrecueillirleseinnoirdeSappho.

Quedefoisj’aigoûtélafraîcheurdesabière,Aenmordrelesflotsd’éternellesbaigneuses.Moiruredesalgues,ineffablesorcière,J’ailongétoncrideformulesamoureuses!

Desgeysersdechlorurenarguaientleseauxdouces,Etlesmarinsengloutispartonsexefroid,S’étonnaient,danslanagedefurieusescourses,D’êtresiloinduportmaisencoràl’étroit.

Or,etlitdemystère,reflettumescent,J’aichassélongtempstacrinièreimportune.J’airoussimesclameursderefluxincessants,Duvisageauxgangrènessurlefildeslagunes.

Brumedegéométrie,noduleusepage,Jemedièsedenacre,debaverocheuse,Queteslèvresdonnaientd’unamourlithophage,Etl’empierrementdesterresetl’amèreberceuse.

DepuislachairexquisedelourdesvoixbrûleL’étoile!Géode!L’eaugît,venimeusedune!C’estl’ordelanuit,l’adieu!Diaphanelunule,Qu’arrosedelumièreladéflagrationbrune!

Etjevis,immobile,fragmentd’infini,Rallumantmanuitblancheetcribléedepupilles.Langueurdeslandes,saigne!-Mutinespierreries-Surlapente,tonpasrôdehiverscommeaujourd’hui.

                                                    JulienMontanari

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FugacesémotionsquelesoleilménageAdeuxverresoutroiscommeunrhumsansâgeMedélestantainsideplaisirsdéfinisJouissanceroyaledeseffluvesdewhiskyJ’abandonnel’ivressequemesdésirsconfessentEtcèdemajoiedansuneincroyableliesseDuverrejaunedoréoùroucoulentdesbullesévasivesDuverrerougesaignéd’attentionexhaustiveJemordsdansl’histoiredescépageshumainsEtjenepensepasencoreàcelendemainQuelesvapeursdiscrètesdelapartdesangesRaviventdevilsmauxoudevisionsétrangesQu’entretouslesvinsquej’aivécusenvainJ’adorelespartageretlesdégusterSansdevoirnidevoirlesaccaparer.

BoireVoirNoir

HièryckdelaVega

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_à Mediatone, le son monte

ramdam

S. Loyat

Pépinière de talents régionaux, l’association musicale joue une partition reconnue sur la scène lyonnaise. Paradoxalement, son existence reste fragile.

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Ram

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En l’espace de 10 ans, Mediatone a comme

qui dirait fait ses gammes. Au départ, trois

jeunes musicos frustrés se lancent à tâtons dans

l’organisation de concerts. Autour de Jérôme, Eric et Sylvain,

un collectif prend modestement racine pour enrayer le

manque d’estrades à disposition des jeunes groupes du coin.

Point de devise particulière mais une ambition commune

qui, dès 1997, serpente à travers la jungle culturelle : soutenir

les formations locales en devenir et être leur relais auprès

des salles de concert environnantes.

La graine est dans le trou. Rapidement, nos trois gaillards

accompagnent l’éclosion de groupes en tous genres.

« Au début, on programmait les premières parties de têtes

d’affiche comme Babylon Circus, Dub Incorporation, High

Tone… raconte Eric, aujourd’hui partenaire de La Mine de

Rien et Fake Oddity pour ne citer que les plus connus. A

l’époque pourtant, le contexte était bien différent. Chaque

acteur culturel travaillait dans son coin. Il y avait beaucoup

moins de concertation et d’amicalité qu’aujourd’hui. »

Eclectique et bon marché, la programmation Mediatone

défend son style à travers un véritable « droit d’accès à

la scène ». Rock, électro, chanson…

à l’aube des années 2000, les live

s’enchaînent. Poussée par sa nature généreuse,

l’association voit même fleurir autour d’elle un vaste réseau.

« On a intégré beaucoup de collectifs tels que Tagada

Tsoin-Tsoin ou Dandelyon, qui permettent l’écoute et la

promotion de nouveaux groupes, mais aussi l’échange entre

professionnels de la musique. »

Au carrefour de ses ambitions, Mediatone doit aussi gérer

ce qui a été semé. Interlocuteur privilégié de tout un

tas de formations musicales plus ou moins aguerries et

talentueuses, elle en appelle à la reconnaissance publique

pour poursuivre son oeuvre. La bienveillance municipale sera

(hélas) suivie de peu d’effets. « Au bout de 8 ans d’activité, on

a l’impression de ne pas être entendu, s’insurge Jérôme. On

n’est pas là pour mettre le pied à l’étrier de tous les groupes

de Lyon, mais on a un vrai rôle social. Suivre et conseiller

les formations encore balbutiantes, c’est nécessaire pour

maintenir le dynamisme actuel de la scène lyonnaise. »

L’avis est partagé.

+ d’infos : www.mediatone.net

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J.Tourette

« Pandémonium », parce que c’est la capitale de l’Enfer

miltonien, espace bruyant où la discorde rassemble

les opposés ; « Olympique », parce que l’Olympe est

le siège des dieux bons. Un bien bel oxymore. Et puis aussi

parce que « Olympique Pandémonium », en acrostiche ça

fait OP ! Et que pour faire OP ! OP ! OP ! il faut une forme

olympique.

Comme quoi tout est lié.

L’Olympique Pandémonium, c’est une « coopérative

d’acteurs » qui se sont rencontrés un jour pour faire un

gros délire fondé sur leur caractère très différents, en

jouant avec leurs limites, en flirtant avec les extrêmes. En

s’imposant un « devoir de contradiction », sans faire de la

morale ni se fondre dans une consensualité de bienséance,

leur rassemblement n’est jamais figé, encastré dans un bon

gros moule au mélange bien stable, mais en perpétuelle

construction.

Le projet est né d’une rencontre d’acteurs d’horizons

différents, de formations distinctes ou sans formation,

fédérés autour d’une question essentielle pour le

théâtre : « qu’est-ce qu’on a à dire ? » Comme chacun des

protagonistes entretient un univers différent, la réponse

diffère de l’un à l’autre, soit par le fond, soit par la forme,

jusqu’à former un joyeux chaos : théâtre classique, théâtre

contemporain, écrits personnels, chroniques, impro,

acrobaties. Côté travail, les méthodes sont continuellement

réinterrogées. Les postes changent, les metteurs en scène

tournent. La constance est difficile. De toutes façons, il faut

favoriser l’inconstance. La seule exigence est que « tout est

possible ». Mais tout doit être justifier. Toute la sensibilité de

l’acteur est stimulée, sans prendre vraiment de gants, sans

chercher à cacher ou masquer une part réservée au non-

dit. La tension est parfois douloureuse, mais la stimulation

qu’elle procure est extraordinaire.

Et ça peut donner des spectacles incroyables, voire

improbables, comme On dirait une solfatare, représenté

en janvier au Nouveau Théâtre du 8ème. Un monde

complètement fou, où les comédiens jouent sans cesse

avec la barrière scène/public ; mettent en mouvement ces

contradictions qui les caractérisent ; affrontent leurs univers

théâtraux, pour arriver à cette conclusion : « on en est là

où on en est », en s’apercevant qu’on en est peut-être déjà

plus là. Et de ce foutoirs d’hétérogénéités, naît une belle

harmonie, une grande complicité et un plaisir du jeu, à la

fois pour les comédiens et pour les spectateurs. Jouer avec

les contraires, évidemment, et s’apercevoir qu’il ne sont

finalement pas si éloignés qu’en apparence.

CONTACT :Pierre Germain06 62 73 46 11

[email protected]

avant-scènes

_l’Olympique PandémoniumCoopérative d’acteurs

J. Tourette

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_sofassogoodrap & jazz

avant-scènes

J.Martinez

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T out l’art de Sofasogood réside dans la recherche

de l’harmonie entre phrasé rap et musique jazzy.

Dans le pays sans nom, les Roots et bien d’autres

eastcoasters ont déjà tenté l’expérience, tout comme les

désormais montant Hocus Pocus dans notre douce France.

Toutefois ce métissage expérimental reste encore méconnu

du si grand public. D’où l’intérêt.

Sofasogood c’est donc deux rappeurs, un clavier, un

bassiste, un percussionniste et un batteur. C’est également

des samples initiés par Fisto, l’un des MC, et une absence

de platines sur scène. Ce dernier point s’appuie sur une

volonté affirmée de ne pas trop se rapprocher d’une

formation rap classique en live. Cela permet de laisser

également une place prépondérante aux musiciens et à

l’improvisation.

Mais ce mélange, entre deux univers pourtant pas si

éloignés que ça, nécessite une attention de tous les instants

de la part des différents protagonistes. En effet, on ne parle

pas naturellement le même langage (« boucle » rap ou

« tourne » jazz…) et on fonctionne sur des codes souvent

distincts. Là où le Rap impose des mesures à quatre

temps très rigides, le Jazz s’appuie sur des improvisations

tournantes et un rythme fluctuant. La réussite de

Sofasogood est donc d’avoir su créer un dialogue

intelligent et pertinent entre deux parents d’une famille

musicale désormais recomposée. Vive la consanguinité.

*** Tiré de l’expression anglaise « so far so good ».

Formation créée en 2003 mêlant musiciens jazz et MC, Stéphanois et Lyonnais-stéphanois, Sofasogood est là. A base de bib-bop pop pop pop, Fisto, Duzme, Camille, Julien, Franck et Jean développent… Jusqu’ici tout va bien***.

EN VENTE :Maxi 5 titres autoproduit,

mixé au studio Jarring Effects.à noter la présence de DJ Bonetrips

aux scratches (Les Gourmets).

RéTRO ET ACTU:_27/01/05 à la Marquise en ouverture de Galapagos4

_06/04/05 au Ninkasi lors du Festival L’Original

_09/07/05 au Festival Jazz à Vienne_7 avril 2006 à Vénissieux_mai 2006 à St Chamond

CONTACTS :[email protected]

[email protected]

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_novoxavant-scènes

Mellow

Des rythmes dépouillés et minéraux des Meters

aux costumes chamarrés de Georges Clinton, en

passant par les cris indécents scandés par James

Brown, le Funk a toujours été, depuis son apparition au

beau milieu des années 60, un courant artistique pluriel et

protéiforme, difficile à définir et encore plus à cataloguer.

Lors d’une visite au MIDEM 2006, les professionnels de la

musique – toujours prompts à définir arbitrairement de

nouvelles cases – ont classé le groupe NOVOx, une fois

leur maquette attentivement écoutée, dans la catégorie

« Crossover jazz » ! Pour les intéressés, revendiquant leurs

diverses influences, « nous voulions faire, dés le départ, une

musique qui nous ressemble, entre jazz et rock, évoluant

naturellement vers le funk », avec une touche onirique

emmenée par la présence d’un flûtiste au sein de la

formation.

Né il y a deux ans et demi, NOVOx est un groupe

hétéroclite de sept artistes, dont un DJ qui est « considéré

comme un véritable instrumentaliste à part entière ».

Même si certains d’entre eux ont fait le conservatoire,

« à la base, nous sommes tous autodidactes et tous issus

de groupes différents ». A l’instar de Sofa So Good, leur

démarche repose sur un postulat simple : « nous utilisons

les influences de notre époque pour faire évoluer notre

musique ». Un siècle après sa naissance, à l’heure ou le jazz

(et ses différentes variantes) ne semble plus être accessible

qu’à une élite, eux ne se reposent par sur leurs acquis et

innovent, tant sur le plan de la musique que des lieux où ils

se produisent : « Nous jouons pour les gens qui n’ont pas

l’habitude d’écouter ce que l’on fait, nous sommes là pour

interpeller le public, faire découvrir notre musique. Nous

jouons pour tout le monde ».

Après la sortie d’un quatre titres, la prochaine étape :

l’enregistrement dans les prochains mois d’un album.

pour plus d’informations : www.novox.zproduction.org

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Electro PercussionsCôté Mediatone, on n’en est plus à une initiative prêt. Organisatrice l’an dernier du salon Disk’Over, sorte de forum destiné à rassembler le milieu professionnel des musiques actuelles, l’association lyonnaise revient cette année avec une nouvelle manifestation sonore d’envergure. A l’heure où l’imaginaire électro se drape déjà aux couleurs des Nuits Sonores, Mediatone ouvrira le bal du printemps avec une nuit pleine de bonnes intentions : le Reperkusound. Délocalisé pour l’occasion au Parc Expo de Villefranche-sur-Saône, le plateau du 22 avril s’annonce des plus percutants avec quelques sérieuses têtes d’affiche (TTC, JMPZ, Kaly Live Dub, Interlope, Birdy Namnam, Grosso Gadgetto…) au milieu de nombreuses curiosités et autres découvertes. Trois salles, trois ambiances, trois sons… gare aux répercussions…

reperkusound Sam 22 avril de 21h à 6hParc Expo de Villefranche-sur-SaôneInfo : www.mediatone.net

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Meetic.festivals

Certes, les avertis à la recherche de bons plans festivals avaient

déjà leur site : www.festivals-ra.com. Depuis deux ans, on peut

y consulter toutes les manifestations de la région, de la plus

modeste à la plus importante, répertoriées de manière pratique

(par date, lieu, genre).

Mais désormais, l’internaute pourra aussi y faire des rencontres

! L’association R-A Festivals à l’origine de ce portail vient en effet

d’installer un système de petites-annonces entre organisateurs

et festivaliers. Une plate-forme dont l’objectif avoué est de

pallier au besoin des festivals qui peinent à trouver un nombre

de bénévoles ou de stagiaires suffisant. Etant donné le nombre

croissant d’événements en Rhône-Alpes (plus de 500), cette

mise en réseau astucieuse pourrait rapidement trouver une

pertinence auprès du milieu culturel. Les premières offres et

demandes, elles, sont déjà en ligne…

Info : r-a Festivals

www.festivals-ra.com

Electro PercussionsCôté Mediatone, on n’en est plus à une initiative prêt. Organisatrice l’an dernier du salon Disk’Over, sorte de forum destiné à rassembler le milieu professionnel des musiques actuelles, l’association lyonnaise revient cette année avec une nouvelle manifestation sonore d’envergure. A l’heure où l’imaginaire électro se drape déjà aux couleurs des Nuits Sonores, Mediatone ouvrira le bal du printemps avec une nuit pleine de bonnes intentions : le Reperkusound. Délocalisé pour l’occasion au Parc Expo de Villefranche-sur-Saône, le plateau du 22 avril s’annonce des plus percutants avec quelques sérieuses têtes d’affiche (TTC, JMPZ, Kaly Live Dub, Interlope, Birdy Namnam, Grosso Gadgetto…) au milieu de nombreuses curiosités et autres découvertes. Trois salles, trois ambiances, trois sons… gare aux répercussions…

reperkusound Sam 22 avril de 21h à 6hParc Expo de Villefranche-sur-SaôneInfo : www.mediatone.net

robins des villes

Les Robins des villes organisent les jeudi 20 et vendredi 21 avril 2006 :

En attendant les 4e Rencontres…

Du regard à l’interrogation, quand la ville du vide devient vivante.

Usages, enjeux et conflits autour des délaissés urbains.

Friches industrielles, installations obsolètes, sites en déshérence,

opérations d’aménagement en difficulté, franges des grands

ensembles,

zones commerciales et lotissements pavillonnaires aux limites

floues...

...autant d’ ESPACES DELAISSES en suspension,

échappant temporairement aux rythmes d’évolution des villes.

Parfois,

par des OCCUPATIONS ,

des plus précaires aux plus subventionnées,

les vides renaissent et laissent place, dans un temps donné,

à certaines formes d’utilisations urbaines.

Nouveaux territoires de l’art, refuges,

lieux d’expérimentations individuelles et collectives,

déchetteries informelles ou jardins potagers,

elles réinterrogent la VILLE VECUE .

Multiplicité des usagers, multiplicité de dynamiques,

s’entrecroisant et générant confrontations et CONFLITS .

Quelles INTERROGATIONS cette ville du vide ouvrent-elles

quant à la place de chacun et chacune dans son cadre de ville,

qu’il soit vécu, subi, imaginé, (dé)construit ou contraint ?

Les deux journées sont ouverte à toutes et tous,

Jeudi 20 avril : Communauté urbaine de Lyon, salle Louis Pradel

de 10h à 18h,

salle du conseil communautaire à partir de 19h

Grand Lyon | 20, rue du Lac | 69003 Lyon

Vendredi 21 avril : 84 et demi.

+ d’infos : www.robins-des-villes.org

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_histoire d’une envieChronique du Ki

M.Sandjivy

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Nous sommes ici pour raconter une histoire...

Nous sommes ici pour manier la Brachylogie

(il parait que Churchill maniait bien cette figure

de style).

L’histoire de petits hommes et de belles femmes,

l’histoire d’un bonhomme qui était à la recherche d’un jour

plein de nouveauté.

Alors il surprenait les gens en flagrant délit d’humanité.

Mais ce n’était pas la vraie solution.

Il faut se laisser traverser par l’ambiance aérée du quotidien.

Il faut pouvoir dire qu’à un instant « thé » on a frolé le bien,

« on a frôlé la vie ! » disait Tyler Durden...

Entrez dans mon monde, dans le monde du KI, dans

l’atmosphère Kiblind.

On va vous emporter dans un petit coin super zen,

super « sweet ».

Je suis désolé mais je ne manie pas assez bien le francais et

sa belle langue, donc j’utilise un peu d’anglais...

Chacun voit sa muse à sa porte.

L’essence du ciel, c’est à dire... le nécessaire réside à portée

d’esprit. C’est là, et ça n’attend qu’une chose : être capté.

Chronique optimiste, une fois fait la coutume.

Jeune crapaud, sautait et sautait sur les nénuphars, car un

nénuphar c’est un truc de dingue.

T’aimerais pas qu’il existe une plante sur laquelle tu

pourrais te reposer, tranquille tout en ayant conscience que

cette verdure ne peut supporter que quelques grammes ?

C’est trop bien de peser deux grammes !

Et donc petit petit croassait à qui mieux mieux cherchant la

reine... Il doublait tout ce qu’il faisait !

Deux bonds, deux croaa croaa (ca fait 4 non ?) deux pattes...

Alors on lui a pris ses cuisses pour qu’il ne double plus rien

et pour que d’autres puissent tenter de se dédoubler

et se faire ainsi passer aux yeux de leur reinette pour ce

qu’ils ne sont pas, c’est-à-dire des mangeurs de cuissots.

Aussi bon cru que sot ! Ha ha.

La moralité, c’est que si t’aime bien doubler, gare à tes

cuisses car il y a toujours un Puissant pour te les enlever et

les utiliser à son profit.

Le ki verdure, et le coeur demeure

Topinambour et aime un peu.

Le ki verdure, et le coeur demeure

Baisers.

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_histoire d’une envieChronique du Ki

M.Sandjivy

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