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Kinésiologie ENTRETIEN AVEC LE DOCTEUR JACQUES GAUJAC La particularité du docteur Jacques Gaujac. chirurgien dentiste, est de s'intéresser à des « à-côtés » de son métier ayant un rapport avec l'éducation physique et sportive. Ceci lui a permis de mettre au point une techno- logie, de la confronter constamment à la réalité du terrain. Elle concerne la relation possible entre des notions aussi disparates a priori que. les rapports de contacts entre les dents, la libération des tensions par la levée des sources de compression sur les circuits nerveux, et le soutien, la préparation, la planification du mouvement. Pouvez-vous définir la kinésiologie, résu- mer ses fondements expérimentaux et situer son apport particulier dans l'évolu- tion des paradigmes de la science ? On peut définir la kinésiologie comme une aide au diagnostic dont l'application technique per- met d'évaluer la fonction ou la dysfonction mus- culaire. Applicables à toutes les articulations de l'organisme, les tests kinésiologiques nous ren- seignent sur la disponibilité énergétique de ces articulations. La kinésiologie a été mise en évi- dence dès 1913 par le Dr Lovett, rhumatologue américain. Elle s'appuie sur la méthode du « tes- ting musculaire » qui consiste à mesurer l'éner- gie d'une articulation. Ainsi, le fait de doubler l'information en positionnant l'index sur une pathologie avérée, entraîne une baisse énergé- tique des articulations musculo-tendineuses. Cette baisse est le résultat d'une diminution d'in- formation des plaques motrices sur les muscles mis en jeu par l'articulation. C'est ce que l'on a pu mesurer pour le deltoïde et l'articulation de l'épaule ; pour le fascia lata et l'articulation de la hanche ; pour les fléchisseurs du doigt et les articulations de la main. Notre théorie tient compte du corps dans sa glo- balité. L'habitus professionnel qui en découle et qu'il nous arrive de schématiser par la formule « le médecin propose, le patient dispose » (for- mule qu'il conviendrait d'analyser et de nuancer) est certainement un essai de mise en pratique des paradigmes d'interaction et de systémique. Ce qui pourrait donc caractériser nos préoccupa- tions et guider notre méthodologie de mise en oeuvre, c'est que dorénavant nous nous attachons aux interrelations entre les os. les muscles, et les informations portées sur l'ensemble du corps humain par les circuits nerveux. en êtes-vous de vos recherches dans le cadre de l'unité 305 de l'Inserm Toulouse ? Quels vous semblent en être aujourd'hui les apports pour les professionnels de la santé, de l'éducation et du sport ? Notre expérimentation étant longue et délicate, nous avons créé un appareil qui reproduit de manièrefiableet systématique la manipulation (concernant le testing musculaire). Par ailleurs les valeurs données avec un EMG (électromyographe) intégré, rigoureusement produites dans les mêmes conditions d'expéri- mentation, ont démontré qu'il y avait effective- ment une diminution de l'information portée sur les muscles concernés. La mise au point d'un appareillage sim- plifié etfiable,sa corrélation par le couplage avec un EMG permettent d'avancer que chaque fois que l'individu présente une patholo- gie avérée, le doublement de l 'information sur le système nerveux central (SNC) produit une diminution du rendement énergétique sur les articulations musculo-tendineuses. Pour exemple, comment peut-on expliquer et traiter des tensions musculaires impor- tantes au niveau de SI, L5 et L4 (1 re ver- tèbre sacrée, 4 e et 5 e lombaires) par une pathologie de l'appareil manducateur (ADAM : algo-dystrophie de l'appareil manducateur) ? A ce jour, nous avons vérifié que toute zone de compression à l 'origine d'un pincement de nerf, entraîne automatiquement à distance une contracture musculaire. Une pathologie de l'ATM (articulation temporo- mandibulaire) va entraîner dans la zone de cette articulation une compression d'une ou plusieurs des douze paires de nerfs crâniens. L'information de compression des cellules du SNC a pour effet d'entraîner en retour une mise en tension fré- quente de certains muscles manducateurs (tem- poraux antérieurs, moyens et postérieurs, les pté- ryoïdiens externe et interne, les masséters, le digastrique. les muscles de la langue et presque toujours les muscles du cou). Ces muscles ayant leur insertion sur des os. pro- voquent un déplacement plus ou moins impor- tant de leurs insertions. Quand il s'agit de muscles s'insérant sur les vertèbres, ces der- nières en se déplaçant vont à leur tour pincer une ou plusieurs des 31 paires de nerfs rachidiens, ce qui va provoquer de nouvelles tensions muscu- laires à distance. Nous sommes en présence de ce que les spécialistes appellent en première, deuxième ou troisième intention, la douleur référée. A cela vient s'ajouter une autre théorie : l'inten- sité de l'influx, porté sur un nerf par une com- pression ou un pincement, a une influence sur les ganglions à proximité desquels circule cet influx. Ainsi les travaux du professeur Hartmann, neu- rophysiologiste, ont démontré, à partir d'une expérimentation sur le chat et le singe, que la compression de la 3 e branche de la 5 e paire des 12 nerfs crâniens a une influence sur les gan- glions de la température. L'élévation de tempéra- ture constatée chez le nourrisson lors de la pous- sée dentaire trouve là son explication. Il est grand temps de s'intéresser aux relations entre les quelques 200 os. 600 muscles et les informations nerveuses support de leur configu- ration architecturale et/ou de leurs déplacements, de prendre en compte les faits (manifestations douloureuses, mauvaises attitudes, dysfonction- nements), d'en rechercher et d'en traiter les causes. Avez-vous mis en évidence les rapports pos- sibles entre occlusion, posture du sujet et résultats de son activité ? Quels enseigne- ments tirez-vous de votre expérience en milieu sportif ? Le système manducateur contient des centaines de capteurs et de récepteurs, le fait de mastiquer permet de réguler en permanence l'action de la mastication. Le SNC est à tout instant informé de l'état de la bouche du sujet. On s'est aperçu que tout dysfonctionnement à ce niveau-là a des conséquences sur le goût, l'odorat, la vision, l'audition, l'élocution et la locomotion. De par sa proximité avec le SNC, avec certains organes de la douleur, la bouche, lieu de passage de nerfs crâniens, organe de prime abord banal devient un organe extrêmement perturbateur. L'appareil manducateur, organe du premier et dernier instant de la vie d'un individu (le cri - rendre le souffle), a une grande influence sur la structure posturale à cause des tensions qu'il peut entraîner. Une méthodologie d'intervention qui permet de remonter en première, deuxième ou troisième intention, à la cause du fait constaté sur la pos- ture d'un sujet, conduira à lever les sources de compression sur les circuits nerveux et par là même à libérer le sujet des tensions responsables d'une architecture posturale physiologique. Ceci explique les résultats instantanés et spectacu- laires de notre pratique quotidienne. La statique posturale de l'athlète s'en trouve modifiée et améliorée eu égard aux valeurs et critères établis à ce jour ; les améliorations observées dans l'ap- prentissage de l'activité motrice ou dans les résultats mesurables, sans être imputables à notre seule intervention, n'en sont pas moins remar- quables. Entretien réalisé par Marcel Pla, professeur EPS au Centre d'Éducation Physique Spécialisée (C.E.P.S.) de Carcassonne, avec la colaboration du Dr Myriam Cavailé, chirurgien-dentiste et la participation d'Etienne Roques. 64 Revue EP.S n°270 Mars-Avril 1998 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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  • Kinésiologie ENTRETIEN AVEC LE DOCTEUR

    JACQUES GAUJAC

    La particularité du docteur Jacques Gaujac. chirurgien dentiste, est de s'intéresser à des « à-côtés » de son métier ayant un rapport avec l'éducation physique et sportive. Ceci lui a permis de mettre au point une techno-logie, de la confronter constamment à la réalité du terrain. Elle concerne la relation possible entre des notions aussi disparates a priori que. les rapports de contacts entre les dents, la libération des tensions par la levée des sources de compression sur les circuits nerveux, et le soutien, la préparation, la planification du mouvement.

    Pouvez-vous définir la kinésiologie, résu-mer ses fondements expérimentaux et situer son apport particulier dans l'évolu-tion des paradigmes de la science ?

    On peut définir la kinésiologie comme une aide au diagnostic dont l'application technique per-met d'évaluer la fonction ou la dysfonction mus-culaire. Applicables à toutes les articulations de l'organisme, les tests kinésiologiques nous ren-seignent sur la disponibilité énergétique de ces articulations. La kinésiologie a été mise en évi-dence dès 1913 par le Dr Lovett, rhumatologue américain. Elle s'appuie sur la méthode du « tes-ting musculaire » qui consiste à mesurer l'éner-gie d'une articulation. Ainsi, le fait de doubler l'information en positionnant l'index sur une pathologie avérée, entraîne une baisse énergé-tique des articulations musculo-tendineuses. Cette baisse est le résultat d'une diminution d'in-formation des plaques motrices sur les muscles mis en jeu par l'articulation. C'est ce que l'on a pu mesurer pour le deltoïde et l'articulation de l'épaule ; pour le fascia lata et l'articulation de la hanche ; pour les fléchisseurs du doigt et les articulations de la main. Notre théorie tient compte du corps dans sa glo-balité. L'habitus professionnel qui en découle et qu'il nous arrive de schématiser par la formule « le médecin propose, le patient dispose » (for-mule qu'il conviendrait d'analyser et de nuancer) est certainement un essai de mise en pratique des paradigmes d'interaction et de systémique. Ce qui pourrait donc caractériser nos préoccupa-tions et guider notre méthodologie de mise en œuvre, c'est que dorénavant nous nous attachons aux interrelations entre les os. les muscles, et les informations portées sur l'ensemble du corps humain par les circuits nerveux.

    Où en êtes-vous de vos recherches dans le cadre de l'unité 305 de l'Inserm Toulouse ? Quels vous semblent en être aujourd'hui les apports pour les professionnels de la santé, de l'éducation et du sport ? Notre expérimentation étant longue et délicate, nous avons créé un appareil qui reproduit de manière fiable et systématique la manipulation (concernant le testing musculaire). Par ailleurs les valeurs données avec un EMG (électromyographe) intégré, rigoureusement produites dans les mêmes conditions d'expéri-mentation, ont démontré qu'il y avait effective-ment une diminution de l'information portée sur

    les muscles concernés. La mise au point d'un appareillage sim-plifié et fiable, sa corrélation par le couplage avec un EMG permettent d'avancer que chaque fois que l'individu présente une patholo-gie avérée, le doublement de l'information sur le système nerveux central (SNC) produit une diminution du rendement énergétique sur les articulations musculo-tendineuses.

    Pour exemple, comment peut-on expliquer et traiter des tensions musculaires impor-tantes au niveau de SI, L5 et L4 (1re ver-tèbre sacrée, 4e et 5e lombaires) par une pathologie de l'appareil manducateur (ADAM : algo-dystrophie de l'appareil manducateur) ?

    A ce jour, nous avons vérifié que toute zone de compression à l'origine d'un pincement de nerf, entraîne automatiquement à distance une contracture musculaire. Une pathologie de l'ATM (articulation temporo-mandibulaire) va entraîner dans la zone de cette articulation une compression d'une ou plusieurs des douze paires de nerfs crâniens. L'information de compression des cellules du SNC a pour effet d'entraîner en retour une mise en tension fré-quente de certains muscles manducateurs (tem-poraux antérieurs, moyens et postérieurs, les pté-ryoïdiens externe et interne, les masséters, le digastrique. les muscles de la langue et presque toujours les muscles du cou). Ces muscles ayant leur insertion sur des os. pro-voquent un déplacement plus ou moins impor-tant de leurs insertions. Quand il s'agit de muscles s'insérant sur les vertèbres, ces der-nières en se déplaçant vont à leur tour pincer une ou plusieurs des 31 paires de nerfs rachidiens, ce qui va provoquer de nouvelles tensions muscu-laires à distance. Nous sommes en présence de ce que les spécialistes appellent en première, deuxième ou troisième intention, la douleur référée. A cela vient s'ajouter une autre théorie : l'inten-sité de l'influx, porté sur un nerf par une com-pression ou un pincement, a une influence sur les ganglions à proximité desquels circule cet influx. Ainsi les travaux du professeur Hartmann, neu-rophysiologiste, ont démontré, à partir d'une expérimentation sur le chat et le singe, que la compression de la 3e branche de la 5e paire des 12 nerfs crâniens a une influence sur les gan-glions de la température. L'élévation de tempéra-

    ture constatée chez le nourrisson lors de la pous-sée dentaire trouve là son explication. Il est grand temps de s'intéresser aux relations entre les quelques 200 os. 600 muscles et les informations nerveuses support de leur configu-ration architecturale et/ou de leurs déplacements, de prendre en compte les faits (manifestations douloureuses, mauvaises attitudes, dysfonction-nements), d'en rechercher et d'en traiter les causes.

    Avez-vous mis en évidence les rapports pos-sibles entre occlusion, posture du sujet et résultats de son activité ? Quels enseigne-ments tirez-vous de votre expérience en milieu sportif ? Le système manducateur contient des centaines de capteurs et de récepteurs, le fait de mastiquer permet de réguler en permanence l'action de la mastication. Le SNC est à tout instant informé de l'état de la bouche du sujet. On s'est aperçu que tout dysfonctionnement à ce niveau-là a des conséquences sur le goût, l'odorat, la vision, l'audition, l'élocution et la locomotion. De par sa proximité avec le SNC, avec certains organes de la douleur, la bouche, lieu de passage de nerfs crâniens, organe de prime abord banal devient un organe extrêmement perturbateur. L'appareil manducateur, organe du premier et dernier instant de la vie d'un individu (le cri -rendre le souffle), a une grande influence sur la structure posturale à cause des tensions qu'il peut entraîner. Une méthodologie d'intervention qui permet de remonter en première, deuxième ou troisième intention, à la cause du fait constaté sur la pos-ture d'un sujet, conduira à lever les sources de compression sur les circuits nerveux et par là même à libérer le sujet des tensions responsables d'une architecture posturale physiologique. Ceci explique les résultats instantanés et spectacu-laires de notre pratique quotidienne. La statique posturale de l'athlète s'en trouve modifiée et améliorée eu égard aux valeurs et critères établis à ce jour ; les améliorations observées dans l'ap-prentissage de l'activité motrice ou dans les résultats mesurables, sans être imputables à notre seule intervention, n'en sont pas moins remar-quables.

    Entretien réalisé par Marcel Pla, professeur EPS au Centre d'Éducation Physique Spécialisée (C.E.P.S.) de Carcassonne, avec la collaboration du Dr Myriam Cavaillé, chirurgien-dentiste et la participation d'Etienne Roques.

    64 Revue EP.S n°270 Mars-Avril 1998 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

  • En effet, les informations sensorielles doivent parvenir dans les meilleures conditions au SNC. Cela n'est possible que sur la base d'une organi-sation structurelle harmonieuse. Or, les voies associatives complexes de l'apprentissage peu-vent présenter des connexions amoindries par une cause structurelle. En résumé si l'on traite le sujet dans sa globalité, comme nous le proposons, on obtient toujours de meilleurs résultats que si on le traite ponc-tuellement. De la même manière, nous avons obtenu d'ex-cellents résultats avec des athlètes présentant des lésions musculaires ou articulaires à répétition et sur lesquelles les thérapeutiques habituelles avaient déjà été éprouvées avec des résultats limités, au moins à terme. L'approche de ce type de problème rencontré par le sportif est toujours la même : traiter la douleur référée en essayant de remonter à la cause originelle. Nos outils méthodologiques semblent donc pré-senter un intérêt certain pour prévenir les risques d'accidents fonctionnels, construire dans le cadre d'une action concertée, les conditions optimales de pratique et d'efficience du sujet, en clair, redonner un maximum d'énergie à l'athlète.

    Vous paraissez dessiner les contours d'une médecine nouvelle dans laquelle le concept de systémique aurait sa place. Pouvez-vous nous dire vos certitudes et vos interroga-tions de praticien ?

    La spécificité de notre apport est bien de prendre en compte et de développer une médecine des faits et de la cause . Et surtout de traiter les deux, en évitant de négliger les uns (les faits) au détri-ment de l'autre (la cause) ou vice versa d'ailleurs. Profiter de cet apport ne consiste pas pour autant à effacer les connaissances et les pra-tiques antérieures, ne dispense pas d'une démarche rigoureuse dans la prise en compte du symptôme ; la recherche des problèmes en deuxième ou troisième intention ; la vérification de la réponse adéquate et adaptée au cas particu-lier ; la régularité des résultats et leur validation. Pour nous, il s'agit bien de considérer la fonc-tionnalité globale du sujet, de lui redonner ou d'en préparer dans une visée curative ou préven-tive, les conditions do son équilibre optimal par l'interrelation dynamique des aspects essentiels de cette globalité (psychique, structurelle et mécanique, biochimique, immunitaire et aller-gique). Comme c'est le cas pour toute spécialité, nous avons mis à jour par notre pratique et ses outils méthodologiques, une part de vérité. La part supplémentaire de notre apport consiste : à mettre en évidence par l'examen clinique et systé-mique la pertinence d'une intervention spécifique (au lieu de perdre du temps dans des sommes d'in-vestigations parfois inadaptées à un problème et coûteuses) : à mettre en relation les apports spéci-fiques au lieu de les cloisonner et vérifier l'effica-cité des solutions au problème posé. A la suite d'un vidéogramme et de l'étude sur l'éducation posturale, c'est ce que nous allons nous attacher à montrer quant à l'examen postu-ral et au traitement spécifique des problèmes ren-contrés sur la statique vertébrale de l'individu. Ma pratique professionnelle ainsi que les travaux universitaires qui s'y rapportent, démontrent l'efficacité de la méthode en particulier sur les adolescents et les athlètes. L'application dans le système éducatif semble indiquée dans des textes

    officiels récents. A mes yeux, la mise en œuvre dépend maintenant de nombreux facteurs parmi lesquels l'élaboration et l'adhésion à de nou-veaux savoirs et outils de travail, ce qui suppose le dépassement indispensable de résistances habituelles ; la sensibilisation et l'implication de chacun à tous les niveaux (de l'institutionnel au personnel) dans un chantier immense et promet-teur à la fois. En effet, les conséquences dans ce domaine de l'éducation pour la santé me parais-sent à ce jour inconnues et insoupçonnées du grand public.

    Vous avancez l'intérêt d'une construction réactualisée de la posture. Pouvez-vous préciser et différencier ses caractéristiques par rapport aux pratiques du passé en EPS (« corrective » et gymnastique de maintien) ?

    Je n'ai pas la prétention de m'immiscer dans les choix pas plus que dans la construction histo-rique d'une discipline éducative. Cependant, nous disposons aujourd'hui d'un certain nombre d'éléments nouveaux quant à la normalité : la prise en compte des travaux des différentes écoles de posturologie (Gagey. Bourdiol. Cec-caldi. Baron et Bricot) permettent de donner à la verticalité et aux courbures du corps humain dans les trois plans de l'espace, des valeurs cri-tériées. Le professeur d'EPS. en s'appropriant cet outil, disposera avec un appareil simple d'ob-servation de la posture, d'un véritable moyen d'évaluation. Pour les paramètres intervenant dans l'évolution de cette normalité tout au long de l'existence, nous savons aujourd'hui que les plus influents sont les capteurs sensoriels en provenance de l'oreille interne, de l'œil, de la bouche et du pied. Le rôle du professeur d'EPS pourrait donc être aujourd'hui de coordonner sur la base de

    quelques tests simples, ces divers aspects et d'utiliser les différentes spécialités auxquelles se réfère une éducation posturale qui considère le sujet dans sa globalité. Pour la construction d'un équilibre tensionnel de part et d'autre des articulations et rapporté au cas particulier, une approche complète sur la posture se doit d'intégrer un examen clinique des « point-détente » des muscles sur les chaînes musculaires intervenant dans l'équilibre global du sujet. La tâche de l'enseignant sera alors de proposer en éducation physique une programmation de travail adaptée au cas particulier. On est loin de l'examen mor-phologique et des exercices correctifs qui visaient le maintien d'un ordre par l'adéquation à un « stan-dard » d'attitude sur la base d'un emboîtement et d'une combinaison de réflexes. A mes yeux, mobiliser la fonction tonique pour améliorer la construction postu-rale, n'est concevable que dans une étroite col-laboration qui prend en compte d'une part, les apports des divers spécia-listes concernés et d'autre part, ne peut faire l'écono-mie des projets propres ni du but poursuivi par le prati-quant. I

    Jacques Gaujac Chirurgien dentiste, ancien assistant du service de stomatologie du centre régional anticancéreux de Toulouse. - Mémoire : Kinésiologie de l'articulation temporo-mandibulaire, 1987. Toulouse III. D.U. d'occlusodontie et de prothèse fonc-tionnelle. - Thèse : Cancers de la portion mobile de la langue. - Ancien attaché universitaire à la faculté de chirurgie dentaire de Toulouse. - Expert auprès des tribunaux. - Responsable de recherche externe INSERM Toulouse U.305. Ses diverses études et travaux sur la kinésiologie dans les années 80 ont servi de base aux diplômes universi-taires suivants : - Mémoire du Dr. Cadet 1988 Toulouse III : Analyse des tests kinésiologiques utilisés dans le cadre du diagnostic occlusal. Essai de quantification de la réponse musculaire par électromyo-graphie intégrée. - Mémoire du Dr. Rebibo 1989 Toulouse III : Test kinésiologique : contrôle électro-myographique. -Mémoiredu Dr. Liaubet 1993 Toulouse III Étude quantitative de la corrélation entre le potentiel énergétique musculaire général et le port d'un appareil inter-occlusal à visée thérapeutique.

    EPS N° 270 - MARS-AVRIL 1998 Revue EP.S n°270 Mars-Avril 1998 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé