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Kit pédagogique de formation
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
Kit pédagogique de formation
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
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2 jours11 séquences
TROISIÈME ÉDITION – Décembre 2017
MINISTÈRE DE LA COHÉSIONDES TERRITOIRES
COMMISSARIATGÉNÉRAL
À L’ÉGALITÉDES TERRITOIRES
NEW kit laicite-maquette-1234couv_2017.indd 1-4 11/01/2018 17:59
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 03
p.4 Listedescontributeurs
p.7 ObjectifsdelaformationValeursdelaRépubliqueetlaïcité
p.8 Ressourcespédagogiques
p.9 Scénariopédagogique
p.15 Séquence1:accueil
p.17 Séquence2:représentationsdelalaïcité
p.21 Séquence3:histoiredelalaïcitéetterminologie
p.35 Séquence4:approchejuridiquedelalaïcité
p.55 Séquence5:analysedessituationsprofessionnelles
p.59 Séquence6:autopositionnement
p.65 Séquence7:argumentation
p.97 Séquence8:postureetcommunication
p.101 Séquence9:cadrelégalapplicableaucontexteprofessionnel
p.135 Séquence10:jeuxderôles
p.137 Séquence11:clôturedelaformation
Sommaire
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION04
GROUPE DE TRAVAIL PARTENARIAL :- pour l’Observatoire de la laïcité : NicolasCadène,
rapporteurgénéral;- pour le ministère de la Fonction publique, direction
générale de la fonction publique (DGAFP) :CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdelaformationetdelaprofession;
- pour le ministère de l’ Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) : JeanMichelPlatier,adjointàlacheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargédemissionlaïcité;
- pour le secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, direction des ressources humaines (DRH) : JoëlleOudot,adjointeàlacheffedubureauformation;
- pour le ministère des Affaires sociales et de la santé, direction générale de la cohésion sociale (DGCS) :MathildeMandonnet,cheffedeprojetjeunesvulnérablesaubureauprotectiondel’enfanceetdel’adolescence;
- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEVPA) :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;
- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction des sports :BrunoBéthune,sous-directeurdel’emploietdelaformation;
- pour le ministère de l’Intérieur, direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ) : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité;
- pour l’Union sociale pour l’habitat (USH) :IsabelleSery,responsabledudépartementgestionurbaineetsocialedesquartiers;
- pour le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) :VirginieJurevicz,directricedescoopérationsauprèsdeladirectiongénérale;SylvieGuillet,directricedel’InsetdeDunkerque,etClaireBasile,responsableduservicepôledecompétencesdel’InsetdeNancy;
Liste des contributeurs
- pour le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) :RaphaëlLeMéhauté,commissairegénéraldélégué,directeurdelavilleetdelacohésionurbaine(DVCU),MichelDidieretSylvieRoger,responsableetresponsableadjointedupôleanimationterritorialedelaDVCU,JulieLeGoff,chargéedemission,SergeFraysse,directeurdubureaudel’éducationetdel’enseignementsupérieur.
COMITÉ DE RÉDACTION :- pour la DGESCO :Jean-MichelPlatier,adjointàla
cheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargéd’étudeslaïcité;
- pour la DGAFP : CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdeformationetdelaprofession,etKévinGauliard,chargéd’étudesjuridiquessurlevoletformation;
- pour la DLPAJ : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetMurielThoumelou,adjointeauchefdubureau;
- pour la DJEVPA :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;
- pour la Direction des sports :RenéeAyma,adjointeauchefdebureaumétiers,diplômesetréglementationdelaDirectiondessports;
- pour le CNFPT :ClaireBasile,responsableduservicepôledecompétences,etAnneRinnert,responsabledupôledecompétences«Citoyennetéetaffairesjuridiques»,InsetdeNancy.SamirYacoubi,responsabledupôlehabitatetpolitiquedelaville,InsetdeDunkerque;
- pour le CGET :SylvieRoger,responsableadjointe,JulieLeGoff,PerrineSimianetClotildeSerrand,chargéesdemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET.
GROUPE D’EXPERTS :-PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultes,
MurielThoumelou,adjointeauchefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité,DLPAJ;
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 05
-MaryvonneLyazid,personnalitéqualifiée,ex-adjointeauDéfenseurdesdroits;
-EdwinHatton,expertindépendantetformateur.
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES • Élaboration du module « Laïcité et usage des
espaces publics » :-IsabelleMelscoët,vice-présidentedeBrestMétropole;-Jean-LucBossavit,directeurdugrandprojetdeville
desMureaux(78);-BrunoCouturier,directeurdugrandprojetdeville
delaDuchère(69);-OdileLapôtre,deladirectionrégionaleet
interdépartementaledel’équipementetdel’aménagementd’Île-de-France;
-AnaïsBréaud,sous-directricedurenouvellementurbain,dudéveloppementéconomiqueetdel’emploi,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-SylvaineGaulard,cheffedubureaurenouvellementurbainetcadredevie,directionvilleetcohésionurbaine,CGET.
• Élaboration du module « Laïcité et relation socio-éducative » :-SergeFraysse,chefdubureau,etChadiaBoudarssa,
chargéedemission,bureauéducationetenseignementsupérieur,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-OussamaMouftah,référentlaïcité,directiondelaprotectionjudiciairedelajeunesseGrandNord;
-ColonelBrunoBeaussé,del’écoledesofficiersdesapeurs-pompiers;-BenoîtFalaize,référentlaïcitéàlaDGESCO;-ThibaultRenaudin,secrétairegénéraldel’Associationdelafondationétudiantepourlaville(AFEV);-MarineQuenin,del’associationEnquête(intervenant
danslesécoles);• Élaboration du module « Laïcité : accueil et relation avec les publics :-JennyRigaud,responsabledupôleCulture,etPatriciaChaudoin,responsabledudomaineCitoyenneté,InsetdeNancy;-PatrickNorynberg,directeurgénéraldesservicesdelavilledeStains.
CONTRIBUTEURS• Pour l’Alsace-Moselle :L’Observatoirerégionaldel’intégrationetdelaville(ORIV)duCentrederessourcesGrandEstsurl’Alsace-Moselle• Pour l’Outre-Mer :GroupesdetravaillocauxanimésparlesDJSCSdeGuadeloupe,Guyane,Martinique,MayotteetLaRéunion,etleHaut-CommissariatdelaRépubliqueenPolynésiefrançaise.• Pour l’actualisation du kit :-ArnaudSchaumasse,chefdubureaucentraldes
cultes,etAliceBernard,chargéedemission,bureaucentaldescultes,DLPAJ;
-PaulineMétais,chargéedemission,Observatoiredelalaïcité;
-JudithKlein,cheffedelamissionpréventiondesdiscriminationsetégalitéfilles-garçons,etChristelleJouhanneau,chargéed’études,DGESCO.
AUTEURS DU KIT :-DelphineAsenmacher,consultantepourlecabinet
Interface,pourlaconceptionduscénariodeformationetdesfichespédagogiques;
-EdwinHatton,expertindépendantetformateur,pourlarédactiondesfichesdesynthèse.
PILOTAGE DU PROJET :-cheffedeprojet:SylvieRoger,responsableadjointe
duPôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-coordinationdestravauxderédactionetdesexperts:JulieLeGoff,chargéedemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-coordinationdudéploiementdukit:PerrineSimian,chargéedemissionpôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-appuiàlacoordinationdestravauxd’actualisationdukit:LauriePons,étudianteenmaster2«religionsetlaïcitédanslavieprofessionnelleetassociative»àl’Écolepratiquedeshautesétudes.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION06
Avant-propos
Partager les valeurs et les principes fondamentaux de notre République est une exigence sans cesse renouvelée, à laquelle le plan de formation Valeurs de la République et laïcité entend contribuer depuis 2015.
Depuisplusieursannées,lesaffairesrelativesauportduvoileàl’école,encrècheoudansl’espacepublic,laquestiondesmenusservisdanslescantinesscolaires,desprièresderue,descaricaturesontmislevivreensembleetlalaïcitéaucœurdesdébatsetcontroversesmédiatiques.Endéfinitive,cecitémoigned’uneméconnaissancedelalaïcitédanssonacceptionfrançaise,focaliséesouventsurcequ’elleinterditaudétrimentdecequ’ellegarantitcommelibertésindividuellesetcollectives.Lescontresensetlesmalentendus–ycomprisauseindesinstitutions–contribuentàentretenirdestensionsetàfaireoublierquecesontnosvaleursrépublicainesetleurtraductiondansnotreviequotidienne,quinouspermettentdevivredansunesociétéquenousvoulonslibre,égalitaireetfraternelle.Danscecontexte,nombrederemontéesdeterrainmanifestentuncertaindécouragementdesprofessionnelsetunedifficultéàrépondreauxsituationsqu’ilsrencontrentouauxinterpellationsdontilsfontl’objet.
LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéconstitued’aborduneréponseàlademandedequalificationetd’accompagnementdecesacteursetmetenœuvrelesengagementsdescomitésinterministérielsàl’égalitéetàlacitoyenneté(Ciec)des6marset26octobre2015.
LeCommissariatgénéralàl’égalitédesterritoires(CGET)aétémandatéparlePremierministrepourconcevoiretdéployerceplandeformationàl’attentiondesagentsdesfonctionspubliques,dessalariésetbénévolesquisontaucontactdirectdespublics:déléguésdupréfet,conseillersd’éducationpopulaireetdejeunesse,conseillerstechniquesetsportifs,éducateursdepréventionspécialisée,éducateurssportifs,entraîneurs,animateurs,médiateurs,travailleurssociaux,enseignants,conseillerseninsertionsocialeetprofessionnelle,Atsem,coordonnateursderéussiteéducative,cadreassociatifs,gardiensd’équipementsoud’immeubles,policiersmunicipaux,personnelsdemairiesdequartieretdecentressociaux,etc.
L’ambitiondeceplanestd’aideràadresseràtous,ettoutparticulièrementauxjeunes,undiscoursclair
etsanséquivoquesurcequ’estlalaïcitéetcequ’ellen’estpas,etsurlelienfortentreceprincipeetlesvaleursdelaRépublique.
Ledéploiementdesformationss’appuiesurunkitpédagogiqueuniqueetunréseaudeformateurshabilitésauxniveauxnationaletrégional,afindes’assurerdel’expertiseetdelacohérencedesmessagesdiffusés.Leslignesdirectricesetlescontenusdukitontfaitl’objetd’unevalidationparungroupedetravailpartenarial,pilotéparleCGET,réunissantplusieursministèresainsiquel’Observatoiredelalaïcité,leCentrenationaldelafonctionpubliqueterritoriale(CNFPT)etl’Unionsocialepourl’habitat.
Surlefond,lekitpromeutuneapprochefondéesurledroitetledialogue.Surleplanpédagogique,uneapprochepragmatiqueaétéprivilégiée:àpartird’uncadragehistoriqueetjuridique,l’applicationduprincipedelaïcitéestabordéeàtraversdifférentscaspratiquesadaptésauxsituationsprofessionnellesdesparticipants.
Initiéfin2015,ledéploiementduplandeformationestentréen2017dansunephasedemontéeenpuissance,quiapermisderéviseràlahaussel’objectifinitialde10000personnesformées.Findécembre2017,unréseaudeplusde2000formateurshabilitésauxniveauxnationaletrégionals’eststructurédanslesterritoires,etplusde20000acteursdeterrainontdéjàbénéficiédesdeuxjoursdeformation.Lesparticipantsconfirment1quecetteclarificationduprincipedelaïcitéleurserautile,carellelessécurisedansleurspratiquesetpermetd’apaiserlesrelationsaveclespublics.
Ladiffusiondecesmessagesnécessitelamobilisationexceptionnelledel’ensembledesinstitutionsetréseauxassociatifs.Aveccekitpédagogique,etlapriseenchargedesformationsdesformateursparl’ÉtatetleCNFPT,l’objectifestdeleurdonnerlesmoyensdedéployercetteformationauprèsdeleursagents,leurssalariésouleurspublics.LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéestconstituédel’ensembledecesinitiatives.
1. 97%des5600personnesquiontréponduauxquestionnaires d’évaluationenligne
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 07
OBJECTIF DE LA FORMATION À l’issue de la formation, les professionnels seront en capacité :•d’adopterunpositionnementadaptéàleursituationprofessionnelle
etaustatutdeleurstructureemployeuse;•d’apporterdesréponsesauxdemandesetsituationsrencontréesdans
l’exercicedeleursfonctions,fondéessurledroitenmatièrederespectdesprincipesdelaïcitéetdenon-discrimination,dansunelogiquededialogueaveclespopulations.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES La formation doit permettre aux participants :•d’acquérirlesrepèreshistoriquesetlesréférencesjuridiquesdebase
surlesvaleursdelaRépubliqueetleprincipedelaïcité;•deconfronterleurspratiquesprofessionnellesauxapportsd’intervenants
expertsetàcellesd’autresprofessionnels;•detravaillersurdescaspratiques.
DURÉECette formation d’une durée de 2 jours se décompose en :•unmodule«tronccommun»d’unejournéeetdemie;•unmoduledespécialisationd’unedemi-journée:«laïcitéetusage
desespacespublics»,«laïcitéetrelationsocio-éducative»ou«laïcité:accueiletrelationaveclespublics».
Lechoixdumoduledespécialisationestréaliséenfonctionduprofildesparticipants.
GROUPECe kit pédagogique a été conçu pour animer des formations pour un groupe de 12 à 15 stagiaires.
Objectifs de la formation ValeursdelaRépubliqueetlaïcité
Cette formation est destinée aux acteurs de terrain, en contact direct avec les publics. Elle vise à répondre à leur besoin de qualification et d’accompagnement sur l’application du principe de laïcité dans les situations professionnelles qu’ils rencontrent au quotidien.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION08
SCÉNARIOLescénariopédagogiquepermetd’avoirunevisiond’ensembledelastructurationdesdeuxjournéesdeformationenidentifiantlesdifférentesséquencesetlessujetsquiserontabordés.Ilsoulignelecaractèreprogressifdelaformation,depuislaprisedeconsciencedesonrapportàlalaïcitéjusqu’àl’applicationdemodesderésolutiondesituationspotentiellementproblématiquesenpassantparlacompréhensionducadrejuridiquerelatifàlalaïcité.Lescénarioestcomposéd’unepartietronccommunsurunejournéeetdemieetd’unespécialisationd’unedemi-
journéesurl’usagedesespacespublics,lagestiondelarelationsocio-éducativeoularelationd’accueil.Le scénario pédagogique précise :•lesobjectifspédagogiquesvisésparchaque
séquence;•laduréedechaqueséquence,avecunepré-
cisionsurladuréedechaquesous-séquencelorsqueplusieursobjectifssontvisés;
•lecontenuàaborder;•lemoded’animationetlesexercices
àréaliserdurantlaséquence;•lesressourcesassociées(fichesformateur
etstagiaire,fichesdesynthèse).
Ce guide pédagogique est destiné à vous fournir tous les éléments pour animer les deux jours de formation sur les valeurs de la République et la laïcité. Les ressources mises à votre disposition sont de quatre types.
Ressources dukitpédagogique
FS
FS
FF
FICHES DE SYNTHÈSELesfichesdesynthèseapportentdesélémentsdecontenupourchaqueséquencedelaformation.Ellesoriententégalement
versdesressourcesdocumentairescomplémentairessusceptiblesd’éclairerdavantagelathématiqueàaborder.
FICHES FORMATEURLesfichesformateurconstituentlesressourcespourcomprendrelecontenuetlesmodalitésd’animationdechaqueséquence.Ellesprécisent:•La mise en contexte.Ellerappellelesobjectifsetlesenjeuxdelaséquenceafindebiencernerlesélémentsàmettreenavantpourpermettrelesprisesdeconscienceoul’acquisitiondescompétencesviséesparlesparticipants.
•La situation.Ellefournitlesélémentsd’animationdelaséquence(déroulé,consignes,pointsdevigilance…).
•La durée de la séquence.Elledécomposelarépartitiondutempsdelaséquenceentrelespartiesexpositives,lesexercicesetlesdébriefings.
•Les fiches associées.Cetterubriqueindiquelesautresressourcespermettantd’animerlaséquence(fichesstagiairelecaséchéantetfichesdesynthèse).
FICHES STAGIAIRECertainesséquencesincluentdesexercicesàmettreenœuvreafindefavoriserl’appropriationdesconceptsetdespratiques.Deuxtypesdefichesexistentafindefaciliterleurapplication:•Les fiches stagiaires « ressources » :
cesfichessontàprésenterouàremettreauxparticipants.Ellesprécisentlecontenudel’exerciceetsadurée.
•Les fiches stagiaire « corrigées » :ellessontàvotreintention.Ellescontiennentlesréponsesàl’exerciceetdesélémentsdecontenuvouspermettantd’argumenterlesréponses.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 09
Scénario pédagogique
2 jours11 séquences
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION10
Jour 1 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelesparticipants.•Délimiterlepérimètredeladémarche
d’accompagnementetderenforcementdeconnaissancessurleprincipedelaïcité.
•Sepositionnerparrapportàleurconnaissancesurlalaïcité.
CONTENU Accueil.•Présentationdel’intervenant
etdesparticipants.•Apportd’élémentscontextuels
surlamiseenœuvredelaformationsurlalaïcité.
•Présentationdesobjectifsetduprogrammedelajournée.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Tour de table.Àl’issuedutourdetable,inscriptionsurunpost-itparchaqueparticipantd’unmotévoquantleurrapportàlalaïcité.Post-itàconserverjusqu’àlafindelaformationenvued’estimerl’évolutiondeleursreprésentations.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Repérerlesconceptionsdechacun
surlalaïcité.•Interpellerlesparticipantssur
cequereprésentepoureuxleprincipedelaïcité.
•Démontrerquelesensdumotlaïcitédiffèreselonlesapprochesintellectuelles,estdifficileàdéfiniretestconfrontéàdenombreuxamalgames.
CONTENU •Leprincipedelalaïcitépour
lesparticipants.•Lienentrel’évocation
desreprésentationsdelalaïcitéetlesespacesconcernés(public,privé)(premièreappréhensiondecettenotion).
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Réfl exion individuelle:«Qu’est-cequelalaïcitépourvous?Quereprésentepourvouslalaïcité?»
Débat en plénière.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Sensibiliserlesparticipantssurl’origine
delalaïcité,sonpasséricheetancien.•Définirclairementleprincipedelaïcité.•Comprendrequeleprincipedelaïcité
estauservicedurespectdeslibertésindividuelles.
•Distinguerlalaïcitéd’autresprincipesquiluisontproches.
CONTENU Laïcité:•pointsderepèrehistoriques
•évolutionduterme«laïcit黕définition
Définitiondestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,préservationdel’ordrepublic,etc.Évocationdulienentrelesdifférentsprincipes. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif (diaporamaépuréetsynthétique).
Exercice individuel :motscroisésaveclestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité.Correctionenplénière.Inscriptiondeladéfinitiondelalaïcitésurlepaperboardpourlagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.
Jour1
Séquence1Accueil Représentations de la laïcité Histoire de la laïcité et terminologie
Pause
Séquence2 Séquence3
30 min 20 min 90 min
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 11
Jour 1 CONTENU Cadreréglementaireàmobiliserenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :parcoursd’apprentissagemulti-épisodiquedurantlequellesparticipantssontinvitésàrepérercequiressortd’undroit/devoirounon.
Débat en plénièresurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionsquecelaasoulevéesentermesd’analysedelasituation.Ouverturedudébatsurcequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdiction.
En synthèse,identificationdesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenir.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Comprendrelesspécificitésde
l’environnementjuridiquedelalaïcitéselonlespublicsetlessecteurs(privé,public).
•Comprendrelecadred’applicationdelalaïcité.
•Distinguerleprincipedelaïcitéetleprincipedenon-discrimination.
CONTENU Présentation des aspects juridiques et de la philosophie des lois : •textesderéférence(sourcesnationales,
européennesetinternationales);•droitsetdevoirsdesagentsduservice
publicetdusecteurprivédélégataired’unservicepublic(libertédeconscience,neutralité,etc.);
•droitsetdevoirsdesusagersduservicepublic(libertéd’expression,etc.).
•mentiondecequegarantitetnepermetpaslalaïcité;
•apportsurlesubventionnementdesassociations.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif et interactif.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierdessituationsconcrètes,
vécuesillustrant/témoignantduprincipedelaïcité.
•Identifierdessolutionsetactionsopérationnellesenréponseauxsituationsrencontrées.
•Appréhenderunesituationdanssonensembleafindebiensaisircequirelèved’uneremiseencauseduprincipedelaïcitéoud’autresmotifs.
CONTENU •Expériencesvécuesparlesparticipants.•Identificationdessolutionspossibles
auxsituationsvécues.•Apportsurlanécessitéd’analyser
unesituationdanssonentièreté,etnonuniquementsousl’anglereligieux,afind’identifierlesréponseslesplusadéquates(cadrejuridique,dialogue…).
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :jeuxdesenveloppes.Chaquegroupeestmunid’uneenveloppeexposantunesituationàanalyseretdefeuillesblanchessurlesquellesserontinscriteslesréponsesapportéesparlesparticipants.
Présentation des solutions et débat en plénièresurlescausesprésuméesdelasituation,lesarbitragesetlespointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionssoulevées.Retoursurlechoixderéponsequiaétéfaitparchaquegroupeetanalyseauregarddesnouveauxélémentsapportéslorsdudébat.Caractérisationdelasolutioncommeporteuseduprincipedelaïcitéoucommediscriminatoire.
Jour1
Approche juridique de la laïcité Approche juridique de la laïcité Analyse des situations professionnelles
Pause
Pausedéjeuner
Séquence4 Séquence4 (suite) Séquence5
50 minSous-séquencerelativeàlaprésentationdestextesjuridiques
60 minSous-séquencerelativeauparcoursmulti-épisodique
120 min
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION12
Jour 2 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Resituerlesapportsdelasensibilisationsurlalaïcité.
CONTENU Appuisurlesrestitutions,lesdébatsetlesréflexionsindividuellesdesprécédentesséquences. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizd’autopositionnementparrapportàlaquestiondelalaïcité.
Échanges en plénière : échangessurlesrésultatsduquiz.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlesarticlesdelaloi
réexploitablesdansleurdiscoursetpratiquesprofessionnelles.
•Construireundiscourssurlalaïcitéàl’usagedescollèguesetdesusagers(communicationinterneetexterne).
CONTENU •Appuisurlespratiquesdesparticipants.•Identificationdesmessagesàmettre
enavantdansunargumentaireauprèsdecollèguesetd’usagers.
•Évocationdelaquestiondudiscoursàtenirfaceàl’idéequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe : constructiond’argumentairesautourdesituationsprésentéesparl’intervenantenvuedepromouvoiretd’expliquerdemanièrepédagogiquelalaïcité.Présentationdesargumentairesenplénièreparchaquesous-groupe.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelestechniquesde
communicationfavorisantl’échangeconstructifautourdelalaïcité.
•Savoirréagiretseconfronteràdespointsdevuedifférents.
CONTENU Apports sur les moyens d’établir le dialogue :•compréhensionducadrederéférence
desoninterlocuteur;•postured’écouteactiveetd’empathie;•techniquesdecommunication
(questionnement,reformulation,argumentation);
•communicationnonverbale;•techniquesdemédiation.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en plénière :jeuxderôlessurlabasedessituationsanalyséeslorsdelaséquence4etdesargumentairesconstruitslorsdelaprécédenteséquence.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenant.
Jour2
Pause
Pausedéjeuner
Séquence6 Séquence7 Séquence8Autopositionnement Argumentation Posture et communication
30 min 60 min 90 min
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 13
Jour 2 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlessituationsenlienavec
lecontexted’exerciceprofessionnelsusceptiblesd’interrogerleprincipedelaïcité.
•Apporterdesréponsesargumentéesetappropriéesàlasituationrencontrée.
CONTENU •Expériencesvécuesparlesparticipants•Postureàadopterenfonctiondu
contexted’exerciceprofessionnel.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exerciceenplénière:jeuxderôlessurlabasedessituationsvécuesparlesparticipants.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenantsurlapédagogiedelalaïcité.Synthèseaupaperboarddesbonnespratiquesetdespointsdevigilance.
Jour2
Cadre légal Jeux de rôles
Séquence9 Spécialisation au choix Séquence10 Spécialisation au choix
45 min 105 min
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Prendredureculsurlaformation.
CONTENU Retoursurlesdeuxjours:échangessurlesacquisréinvestissables,lesdifficultésperçuesdansl’applicationdesacquisdelaformation,lespointsd’incompréhensionsubsistant.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Échanges en plénière : «Qu’est-cequeçavousaapporté?»Remiseenperspectiveaveclespost-itcomplétésendébutdeformation.Constatdel’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité.
Clôture de la formation
Séquence11
30 min
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Comprendrelecadrejuridiquespécifiqueàchaquecontexted’exerciceprofessionnel.
CONTENU Définitionsetprécisionssurlecadrejuridiqueapplicableselonleslieuxetlesstructures,enfonctiondechaquedomainedespécialisation.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizCorrectionsetéchangesenplénière.
SPÉCIALISATION AU CHOIX EN FONCTION DU PROFIL DES PARTICIPANTS :•«Laïcitéetusagedesespaces
publics».•«Laïcitéetrelationsocio-éducative».•«Laïcité:accueiletrelationavec
lespublics».SPÉCIALISATION AU CHOIX EN FONCTION DU PROFIL DES PARTICIPANTS : •«Laïcitéetusagedesespaces
publics».•«Laïcitéetrelationsocio-éducative».•«Laïcité:accueiletrelationavec
lespublics».
KIT DE FORMATION14
KIT DE FORMATION 15
Séquence1Accueil
Séqu
ence
1
130 min
Matin
Jour1
P. 16 Fiche formateur n°1
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION16
MISE EN CONTEXTECetteséquenced’accueilviseàapporter
desélémentscontextuelssurlamiseenœuvredelaformation,àprésenterlesujet,lesobjectifsetleprogrammedelajournée.Elleviseégalementlaconnaissancemutuelledel’ensembledesintervenants(participantsetformateur)etàidentifierlesattentesparrapportàlaformation.
Lesrèglesdefonctionnementdugroupedurantlesdeuxjoursdeformationsontégalementprésentéeslorsdecetteséquenceintroductive:confidentialitédespropostenuslorsdelaformation,bienveillanceetapprocheconstructiveentrelesparticipants,droitàl’erreurlorsdesexercices.
Cetteséquenceestl’occasiond’apporterdespremiersélémentsdecadrageensoulignantlecaractèrepolémiqueduconceptdelaïcitéetlespossibilitésd’instrumentalisationpolitiqueetsociale.Cesdimensionsayantunimpactsurlesreprésentationsquel’onpeutavoirsurlalaïcité,ilconvientdes’informeretdesedocumenteravantdesepositionnerafindecernerprécisémentceprincipeetdesavoircequerecouvreexactementcettenotion.
Àl’issuedelaséquence,lesparticipantsserontcapablesd’identifierlesens,l’intérêtdecetteformationetleurrapport/positionnementausujet.
SITUATIONUnefoislaprésentationdesélémentscontextuels,
desobjectifsetduprogrammefaite,vousdébutezlaformationparuntourdetableendemandantàchaqueparticipantd’exprimersesattentesparrapportàlaformationetàprécisersonpositionnementvis-à-visdelalaïcité(àl’aiseounonavecceprincipe?sentimentd’êtreexpertoudépourvudeconnaissancessurcesujet?).Vouscadrezletourdetableafind’éviterd’entrertroprapidementdansledébat,cecifaisantl’objetdelaséquencesuivante.
Àl’issuedutourdetable,vousdistribuezdeuxpost-itàchaqueparticipantetleurdemandezd’inscriredeuxmotsquicaractérisent,seloneux,leconceptdelaïcité.Vousdemandezensuiteàchacundeconserversespost-itjusqu’àlafindelaformation,vousenferezusageultérieurement(lorsdelaséquence11,envued’estimerl’évolutiondeleurpositionnementparrapportàlalaïcité).
30 min
Ficheformateurn° 1Introduction
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Séquence2Représentations de la laïcité2
20 min
P. 18 Fiche formateur n° 2
P. 19 Fiche de synthèse n° 1 : idées reçues
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Jour1
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION18
MISE EN CONTEXTECetteséquenceintroductiveviseàpermettre
l’expressiondechacunsurlalaïcitéetàidentifierlesreprésentationsdesdifférentsparticipantssurcettequestion.
Outrelapossibilitépourleformateurderepérerlespointsspécifiquesàapprofondiretàclarifierpendantlaformation,cetteentréeparlevécupersonnelpermettradelibérerla«chargeémotionnelle»suscitéeparcesujetetdelisterquelquessituationsconcrètesservantderéférenceauxparticipantspourdéfinircequiestdel’ordredulaïqueounon.
SITUATIONÀl’issuedelaséquenced’accueil,vouslancez
ledébatautourdelanotiondelaïcité:cequecetermeévoque?àqueltypedesituationcelafaitréférence?quelsespaces(privé,public)sontconcernés?etc.Parvotrequestionnement,vousamenezchacunàprécisersesidéesoureprésentations.
Aufuretàmesuredudébat,vousécrivezlesprincipalesidéesémisessurlepaperboardafindepouvoiryrevenirdurantlaformation.Voussynthétisezetstructurezlesidéesenlesregroupantensuiteparthématique.
Vousn’avezpasdedéfinition,d’apportoudecorrectionàapporterlorsdecetteséquence,lesprécisionsserontapportéeslorsdelaséquencesuivante.
FICHES ASSOCIÉES•Fichedesynthèsen°1:idéesreçuessurlalaïcité.
5 mind’exercice,15mindedébat
Ficheformateurn° 2Représentationsdelalaïcité
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 19
Lalaïcitéestunsujetbrûlant.Lasurmédiatisationetlasurpolitisationdontellefaitl’objetrendentdélicatetoutediscussionrationnelleetargumentéeàsonsujet.Pourcomprendrecequerecouvrecettenotion,ilestnécessairedereveniraudroitetàl’histoire,cequipermetdedéconstruirecertainesidéesreçuesetapproximations.
« LA LAÏCITÉ EST UNE VALEUR »Onacoutumededirequelalaïcitéseraitla
quatrièmevaleurrépublicaine,venantcompléterletriptyque«liberté,égalité,fraternité».Pourtant,lalaïcitéestmoinsunevaleur(« ce qu’une morale pose comme idéal ou norme »,selonleLarousse)qu’unprincipeorganisantlesrelationsentrelepolitiqueetlereligieux.Laloide1905,considéréecommelesocledelalaïcité(mêmesiellenecitepasuneseulefoisceterme),proclamelalibertédeconscienceetl’égalitédetouteslescroyances,cequirendpossiblele«vivre-ensemble»,c’est-à-direlafraternité.CommelesoulignelephilosophePierreKahn,« la laïcité est moins en elle-même une valeur qu’il faut poursuivre comme une fin qu’un moyen, un dispositif juridico-politique au service des valeurs de la démocratie (liberté, égalité…). »
« LA LAÏCITÉ FAIT DE LA RELIGION UNE AFFAIRE PRIVÉE »
L’idéeselonlaquellelalaïcitécantonneraitlareligionàlasphèreprivéeestsouventinvoquéepourenappeleràuneinterdictiondeporterdessignesreligieuxautravailoudansl’espacepublic.Pourtant,aucuntextejuridiquen’affirmecela.Aucontraire,la loi de 1905 garantit la liberté de conscience, qui inclut la liberté de manifester sa religion en public. Cetexteabolitlerégimedescultesreconnusetsubventionnésparl’État.Dèslors,lareligionn’estplusuneaffairepublique,ausensoùellen’estplusorganiséeparl’État.
Fichedesynthèsen° 1 Idéesreçuessurlalaïcité
« Faire de la religion une affaire privée, c’est permettre aux différents cultes de se constituer, dans la sphère de la société civile, comme force sociale pouvant prétendre exercer librement son influence »(P.Kahn).Onlevoit,l’adjectifprivénedoitpasêtreentenducommerenvoyantaudomicilemaisàlasphèrenonétatique.
« LA LAÏCITÉ INTERDIT D’EXPRIMER SA RELIGION EN PUBLIC »
Cetteidéereçuedécouledelaprécédente.Lalaïcitéfaisantdelareligionuneaffaireprivée,elleinterdiraitd’exprimersareligionenpublic.Cettequestionaétésoulevéedanslesdébatsquiontprécédéetsuivilaloide1905,certainsdéputésoumairesvoulantinterdireleportdelasoutaneenpublic,lesprocessionsouencorelefaitdesonnerlescloches.Maisnilelégislateur,nileConseild’Étatn’ontvalidécespropositions.LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».
Toute restriction de ce droit fondamental doit être rigoureusement justifiée et proportionnée.Parexemple,lesfonctionnairesnepeuventporterdesignesreligieuxdansl’exercicedeleurfonctioncarilsreprésententlapuissancepubliqueetsedoiventdoncd’êtreneutres.
« ÊTRE LAÏQUE, C’EST ÊTRE ATHÉE »Commençonspardistinguer laïc et laïque.Estlaïc
cequin’estpasreligieux1.L’adjectiflaïque,lui,désignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieusesetpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligion w
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1.Danslechristianisme,unlaïcestunchrétiennon-membreduclergé.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION20
puisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Elle n’est pas non plus une croyance mais le principe qui rend possible la coexistence de toutes les croyances. Onlevoit,onpeutêtreathéeetnonlaïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous.
« LA LAÏCITÉ EST APPLIQUÉE UNIFORMÉMENT PARTOUT »
L’applicationduprincipedelaïcitén’estpasuniformesurleterritoirenational.Oncomptesixrégimesspécifiquespouruneouplusieursdescomposantesduprincipedelaïcité(non-reconnaissance,non-salariat,non-subventionnement)enmétropoleetenoutre-mer.Cetteapplicationvariablerésulteessentiellementdel’histoirespécifiquedecesterritoires,dustatutjuridiquedechacunlorsdel’extensionounondelaloidu9décembre1905etdeschangementslégislatifsquiysontsurvenusdepuis.Ainsienva-t-ilenAlsace-Moselle,enGuyane,àMayotte,enNouvelle-Calédonie,enPolynésiefrançaise,àSaint-Pierre-et-Miquelon,danslesîlesWallisetFutunaetlesTerresaustralesetantarctiques.
« LA LAÏCITÉ GARANTIT L’ÉGALITÉ DES SEXES »
Ilexisteactuellementunamalgameentrelaïcité,égalitédessexesetmixité.Lalaïcitéseraitunrempartcontrelesconservatismesreligieuxquiprônentlaséparationetlahiérarchisationdessexes.
Rappelonsquel’école laïque a pratiqué la séparation des sexes jusqu’à la fin des années 1960etquelaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944.Lesdéputésradicauxquis’yopposaient–etquiétaientlesplusferventsdéfenseursdelalaïcité–craignaientquelesfemmesnevotentsousl’influencedel’Église,donccontrelaRépublique.Aujourd’hui,malgré plus d’un siècle de laïcité, l’égalité des sexes est encore loin d’être effective,commelemontrelapersistancedesdiscriminationssexistes.Lalaïciténesuffitdoncpas,ensoi,pourgarantirl’égalitéfemmes-hommes.
Pour aller plus loinPierreKahn,La Laïcité,LeCavalierBleu,coll.«Idéesreçues»,2005.
Fichedesynthèsen°1
Idéesreçuessurlalaïcité
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Séquence3Histoire de la laïcité et terminologie3
90 min
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P. 22 Fiche formateur n° 3 P. 23 Fiche formateur n° 4 P. 25 Fiche stagiaire ressource n° 1 : mots croisésP. 26 Fiche stagiaire corrigée n° 1 : mots croisésP. 27 Fiche de synthèse n° 2 : histoire de la laïcité en France :
les grandes dates P. 28 Fiche de synthèse n° 3 : histoire de la laïcité en FranceP. 31 Fiche de synthèse n° 4 : glossaire
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION22
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàapporterdespointsderepère
historiquessurlalaïcitédanslebutdecomprendrel’originedutermeetl’évolutionqu’ilapuavoir.Ellefaitapparaîtrequecettenotionn’estpasuneconceptionnouvelleliéeauxrécentesactualités,maisunprincipefondateurdelaRépubliquefrançaise,etqu’elleestenconstanteconstruction.Comprendrel’histoire,c’estmieuxcomprendreetappréhenderleprésent.
SITUATIONÀl’aided’unefrisechronologique,vousexposez
lespointsderepèrehistoriquesdelalaïcitéainsiquel’évolutionduterme.Pourchaqueétape,vousextrayezlesnotionsetprincipesclésquinourrissentlaréflexionactuellesurlalaïcité.
FICHES ASSOCIÉES •Fichesdesynthèsen°2et3:histoiredelalaïcité
enFrance.
30 mind’exposé
Ficheformateurn°3Frisehistorique
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 23
MISE EN CONTEXTECettepartieestlasecondedeladeuxièmeséquence,
ladernièredelamatinée.Elleviseàsensibiliserlesparticipantssurl’origineetl’évolutiondansletempsdelalaïcitéetàbiensaisircettenotion.Àl’issuedelaprésentationdesprincipauxpointsderepèrehistoriquesdelalaïcité,ladéfinitiondeceprincipeetdesautresprincipesquiluisontprochesetsous-jacentssontexposés.
Cetteattentionparticulièreapportéeàladéfinitiondestermesviseàsoulignerlarécurrencedesamalgamesetàlevertouteambiguïtésurleurréellesignification.Recouriràunvocabulaireprécispermetdebiencirconscrireetanalyserunesituationetdes’appuyerultérieurementsurlesbonnesréférencesjuridiques.Ladéfinitionclairedelalaïcitéaideàrepérerlesinterrelationsentrecesdifférentsprincipesetàcomprendrequelalaïcitéestauservicedurespectdeslibertésindividuelles.
SITUATIONAprèsavoirexposélesprincipalesétapeshistoriques
quiontfaitnaîtreleprincipedelaïcitéenFrance,vousdéfinissezcettenotionetlanotezsurlepaperboard.Vousrendezvisiblel’affichepourvousdonnerlapossibilitédefairedesrappelsetpermettreauxapprenantsdelagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.
Vousprenezletempsdedéfinirlestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,liberté,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,respect,tolérance,fraternité,égalitéetordrepublic.
30 mind’exposéetd’échanges10mind’exercice, 20 mindedébriefing
Ficheformateurn°4Définitions
Afind’assurerl’articulationaveclaprécédenteséquenceetdedonnerunedynamiqueàlaprésentation,vouspouvez:
•énoncer les définitionsencommençantparlestermesquiaurontétéévoquéslorsdeséchangessurlesreprésentationsdelalaïcité(« Lors de nos précédents échanges, vous avez cité le mot […], voici la définition que l’on peut en donner »);
•faire intervenir les participantssurleurconnaissancedutermeenquestionavantd’apporterlesélémentsdedéfinition.
Lesliensentrelestermessontfaitsaufildeséchangespouraideràleurcompréhension.Àtitreindicatif,ceslienspeuventsematérialiserdelafaçonsuivante:
Lanotionde«préservationdel’ordrepublic»aurapeut-êtreétéabordéelorsdelaprécédenteséquencerelativeàl’expressiondesreprésentationssurlalaïcité;siteln’étaitpaslecas,unrapideéchangepourraêtrelancéenplénièresurl’interprétationdecettenotion:«Qu’entend-onparcetteexpression? w
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LAÏCITÉ
ÉgalitéOrdre public
FraternitéCivisme
Sécularisation LaïcismeRespect
Prosélytisme
Liberté de conscience
Liberté
Liberté de religion
Tolérance
Discrimination
Neutralité
Civilité
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION24
Ficheformateurn°4Définitions
Qu’est-cequecelasignifie?»Lebutestdereleverdesinterrogationsetdespistesderéflexionsurlesujet.Cettenotionconstituantl’unedesprincipalesraisonsinvoquéespourlimiterleslibertésindividuelles,ilconvientdebienlacirconscrireetdeconnaîtrelecadrelégalpouranalyseretgérercorrectementunesituation.
Unefoiscettepremièrepartieexpositiveetparticipativeréalisée,vousdistribuez,aprèslapause,lesgrillesdemotscroiséscomposésdesdifférentsprincipesévoquésprécédemment.L’idéeestquelesparticipantspuissentrestituerindividuellementcequ’ilsviennentd’entendreparunexercicederéflexion.Vouscorrigezensuitel’exerciceenplénièreenapportantdesprécisionssurlesdifférentsconceptsetenrépondantauxquestionsetremarquesdesparticipants.Celavouspermettrad’évaluerlacompréhensiondestermesetd’yreveniréventuellementsidesdifficultésapparaissent.
Unealternatived’usagedesmotscroiséspeutêtreproposée:plutôtqued’utiliserlagrilleenfindeséquenceenvued’ancrerlesconceptsentourantlalaïcité,ellepeutêtreutiliséeaudébutafind’estimerledegrédeconnaissancedesdifférentesnotionsetdesusciterlacuriositéconcernantlestermesméconnusdelapartdesparticipants.Danscecas,ilseraindispensabledesemontrerrassurantenprécisantquelesmotscroisésvontservird’amorcedelaséquenceetqu’ilestnormaldenepasdétenirtouteslesréponsespuisquelesdéfinitionsn’ontpasencoreétédonnées.Laséquenceserajustementutilepourqualifierchaqueterme,chacunpourraainsicompléterlagrilleaufildesprésentations.Cetteprécautiond’usageestessentielleafindenepasgénérerdefrustrationoude«sentimentd’incompétence»quiseraientnuisiblesàl’atteintedesobjectifsvisés.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°1etfichestagiaire
corrigéen°1:motscroisés.•Fichesynthèsen°4:glossaire.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 25
10 mind’exercice
Fichestagiaireressourcen° 1Motscroisés
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3 Processusdeperted’influencedelareligiondansunesociété
5 Mouvementd’unindividucherchantàpropagersafoiousacause
9Liendesolidaritéquidevraitunirtouslesmembresdelafamillehumaine
11 Situationd’unepersonnetraitéedemanièremoinsfavorablequ’uneautredansunesituationcomparable
12 Actiondetraiterquelqu’unavecdeségardsparticuliers
13 Possibilitédefairecequinenuitpasàautrui
1 Valeurquipeutêtrequalifiéedeformelle,réelle,detraitementoudechances
2 Attitudedequelqu’unquiadmetchezlesautresdesmanièresdepenseretdevivredifférentesdessiennes
4Observationdesconvenancesenusagechezlesgensvivantensociété
6 Systèmepolitico-juridiqueinstaurantuneséparationentrelespouvoirspolitiqueetreligieux
7 Principedel’Étatcommeindépendantdetouslesclergésetdégagédetouteconceptionthéologique
8 Attituded’attachementàlacommunauténationaleetàsesinstitutions
10Volontédeprotégerlaviepubliquedetouteingérencereligieuse
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION26
Fichestagiairecorrigéen° 1Motscroisés
20 mindedébriefing
FICHES ASSOCIÉES•Fichesynthèsen°4:glossaire.
stag
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P R O S É L Y T I S M E
S É C U L A R I S A T I O N
D S C R I M I N T I O N
L I B E R É
F R T R N I T É
R S P E C T
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 27
1789
Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen
1801
Concordat
1880-1886
Loisdelaïcisationdel’école
1905
LoideséparationdesÉglisesetdel’État
1946
LalaïcitéentredanslaConstitution
2004
Loiinterdisantleportdesignesreligieuxàl’école
Fichedesynthèsen° 2HistoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates Sé
quen
ce
3
1871
Annexiondel’Alsace-Moselleàl’EmpireallemandetmaintienduConcordatdanscesterritoires
1919
Réintégrationdel’Alsace-MoselleàlaRépubliquefrançaiseetmaintienprovisoiredudroitlocal
1924
Loisquiré-introduisentlalégislationfrançaiseenAlsace-Moselle,toutenmaintenantcertainesdispositionsdedroitlocal,dontledroitlocaldescultes
Alsace-Moselle
1911
Transpositiondelaloide1905àcertainescolonies
1939
DécretsMandelsurlesmissionsreligieuses
1946
CréationdesDOMetTOM
1977
Statutd’autonomiedelaPolynésiefrançaise
2009
Ordonnancen°2009-536du14mai2009portantdiversesdispositionsd’adaptationdudroitoutre-mer
2011
DépartementalisationdeMayotte
Outre-mer
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION28
Lalaïcitéestunconceptrécent.L’histoiredesrelationsentrepouvoirspublicsetreligieuxrejointcelledel’autonomisationprogressivedel’Étatvis-à-visdupouvoirdel’Églisecatholiquequi,jusqu’audébutduxxesiècle,exerçaunrôled’influenceimportantdanslasociétéfrançaise.
DE CLOVIS À LA RÉVOLUTION (498-1789)
Le baptême de Clovis(498)faitduchristianismelareligionofficielledelaGaule.AveclerègnedesCarolingiens,notammentdeCharlemagne, débutelamonarchie de droit divin.CharlemagneestsacréempereurparlepapeàRomeetsoutientenretourl’Églisefinancièrementetmilitairement.Lorsquelepouvoirdel’ÉtatéclateaprèslamortdeCharlemagneen814,lapopulationseregroupeautourdesseigneurslocaux.C’estlapériodeféodalependantlaquellel’Églisereprésentelaseuleforceorganiséeenplace.Lepouvoirspiritueldevientplusimportantquelepouvoirtemporel.
Enréaction,lamonarchiefrançaiseencourage l’autonomisationdel’ÉglisedeFrancevis-à-visduVatican,envertud’unedoctrinequiprendralenomdegallicanisme.UnpapefrançaisestinstalléenAvignonen1309parPhilippeleBel,etCharlesVIIaboliten1438lesliensquiunissentl’ÉglisedeFranceauSaint-Siège.Lesjuifs,eux,sontinterditsdeséjourdansleroyaumeàpartirde1394.Auxviesiècle,ledéveloppementduprotestantismedéclenchelesguerres de religion, auxquellesmetuntermel’édit de Nantes, signéen1598parHenriIV.Sarévocationen1685parLouisXIVmarquelafindelatolérancereligieuseofficielle.Leculteprotestantestinterdit,provoquantl’exildeplusde200000protestants.
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1789-1799)
LaRévolutionfrançaiseabolitlamonarchiededroitdivin.Ellemarqueunepremière étape de laïcisationdelaFrance.LaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen(1789)garantitque« nul homme ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses »etlaliberté de culte estproclaméeen1791.Protestantsetjuifsdeviennentdescitoyenscommelesautres.
Fichedesynthèsen° 3 HistoiredelalaïcitéenFrance
L’esclavageestabolien1794.Ledivorcecivilestintroduitetcertainsdélitsreligieux(blasphème,sorcellerie,hérésie)supprimés.Lesregistresd’étatcivilsontretirésdesparoissesetconfiésauxofficierspublics.
AveclaConstitution civile du clergé(1790),l’Étatdécrèteuneréorganisationdel’Églisecatholique.Lescongrégationsreligieusessontsuppriméesetlesbiensecclésiastiquesnationalisés.Cetexte,condamnéparlepape,provoqueunescissionauseindel’ÉglisedeFrance.SouslaTerreur(1792-1794),touteslesreligionssontremplacéespardes cultes révolutionnaires.Troismilleprêtresetreligieuxsonttués,tandisquelessoulèvements catholiques de Vendée sontréprimésdanslesang.Unepremièreséparationestinstauréeen1795.Lapérioderévolutionnaireinaugure« la Guerre des deux France1 »quivaopposerjusqu’auXXesièclelesrépublicainsetlespartisansdelaRestauration.
DU CONCORDAT À LA COMMUNE (1801-1871)
PourrétablirlapaixreligieuseetlesrelationsavecleVatican,Bonapartesignele15juillet1801unConcordataveclepape.Lecatholicismeromainestreconnucomme« la religion de la majorité des citoyens français »maispluscommelareligiond’État.L’ÉglisedeFranceestsousladouble tutelleduVaticanetdel’État.Lesministresdescultessontdésormaisrémunérésparl’État,enéchangedequoil’Égliserenonceàsesbiensnationalisésen1789.Prêtresetévêquesdoiventprêtersermentaugouvernement.Lesévêques,choisisparleministredescultes,nepeuventplusseréunir,nisortirdeleurdiocèsesansautorisationdel’État.Lerégimeconcordataireestétenduauprotestantisme(cultescalvinisteetluthérien)en1802etaujudaïsme en1808.Ils’appliqueauxcoloniesdesAntillesetàcelledeLaRéunion.Lamêmeannée,l’esclavageyestrétabli.Parailleurs,leCode civil(1800-1804)confirmelaprioritédumariageciviletlapossibilitédudivorce,etouvrelaporteàuneautonomiedelamédecineetdel’instruction,quiétaientjusqu’alorsdesmonopolesdel’Église.LeConcordattraverselesdifférentsrégimes,politiquesduXIXesiècle,avecuneparenthèsependantla Restauration(1814-1830),quirétablitlecatholicisme
1. ÉmilePoulat, Liberté, laïcité : la guerre des deux France et le principe de la modernité,1988.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 29KIT DE FORMATION
commereligiond’État.SouslaIIeRépublique(1848-1851),quiabolitdéfinitivementl’esclavage,la loi Falloux (1850)donneauxministresdescultesundroitdesurveillanceetdedirectionsurlesécolespubliques,cequiamènelesrépublicainsàdurcirleurspositionsanticléricales.Le Second Empire (1851-1871)estunepérioded’ententecordialeentrelegouvernementetl’Églisecatholique.En1871,la Commune deParisproclametemporairementlaséparationdel’Égliseetdel’État.
LES PRÉMICES DE LA SÉPARATION (1879-1905)
Aprèsdiversestentativesderétablissementdelamonarchie,lesrépublicainss’installentaupouvoiretentamentunprocessusdelaïcisationquiviseprioritairementl’École.SurconseildeJulesFerry,ministredel’Instructionpublique,legouvernementprononceen1880 l’expulsion des congrégations religieusesnonautoriséesparl’État.Cinqmillemembresdecongrégationssontexpulsésdesécoles.L’Égliseréagitvivement,enappelantparfois,commeàOrchies(Nord),àlagrèvedesenfantsouenmenaçantdelespriverdepremièrecommunion.CesremousentraînentladémissionduprésidentduConseilCharlesdeFreycinet,remplacéparJulesFerry.
Cedernierpoursuitsoncombatpourlalaïcisationdel’Écolepublique,quidevientgratuite(1881),puisobligatoirepourlesenfantsdesixàtreizeans(1882).L’enseignementreligieuxestexcludutempsdeclasseetremplacéparlamoralecivique.Lesecclésiastiquesnepeuventplusenseignerdanslesécolespubliques(1886)etlescrucifixensontretirés.La laïcisation s’applique donc aux programmes, aux locaux et aux enseignants maispasauxélèves.
Lesrépublicainsnevontpasnonplusjusqu’àfairedel’enseignementunmonopoled’État.Soucieuxd’éviterlaguerrecivile,JulesFerryaccordedesconcessionsàl’Église.Ilautorisel’enseignementreligieuxdanslesécolespubliquesmaisendehorsdesheuresdeclasse.Ilacceptequelescrucifixsoientlaisséslàoùl’ons’opposeàleurretraitetilexhortelesinstituteursàrespecterlesconvictionsdesparents.LastratégiedeFerryestdefavoriser l’évolution des consciencesplutôtquel’applicationàlalettredelaloi.
Unéquilibres’installeentrelegouvernementetl’Église,aidéparlepapeLéonXIII,quidemandeauxcatholiquesfrançaisdeserallieràlaRépublique.Cetéquilibreestrompupar l’affaire Dreyfus (1894-1906),quidonnelieuàunecampagnedescatholiquesetdesroyalistescontrelaRépublique.Legouvernementriposteparunenouvelleoffensive contre les congrégations religieuses.Suiteàlaloide1901surlesassociations,descentainesd’établissementsreligieuxsontferméspardécret.En1904,unenouvelleloiretireauxcongrégationsledroitd’enseigner,cequiconduitàlafermeturede2500écolesreligieuses.Cetterépressionpousseà l’exil 30000à60000religieux.
LarupturedesrelationsdiplomatiquesavecleVaticandécidelegouvernementàprononcerlaséparationdesÉglisesetdel’État.Le10novembre1904,lechefdugouvernement,ÉmileCombes,déposeunprojetdeloiencesensmais,lelendemain,l’oppositiondévoilequeleministredelaGuerreafaitréaliser20000fichessurlespratiquesreligieusesdeshautsfonctionnairesetdesgradésdel’armée.Cescandale,connucomme« l’affaire des fiches »,contraintàladémissionlegouvernementCombesle14janvier1905.
LA LOI DE SÉPARATION (1905-1946)Lapréparationdunouveauprojetdeloi,confiée
àlacommissionBuisson-Briand,donnelieuàdesdébatshouleuxauParlement.Afind’apaiserlesesprits,AristideBriandproposeuneloi de compromis, quiestadoptéele9décembre1905.EnabolissantleConcordat,cetextesigne« l’acte de décès du gallicanisme historique » (E.Poulat,historien).La liberté de conscience et de culte estproclamée,tandisqueladiscriminationreligieuseetletroubleàl’exerciceducultesontinterdits.L’Étatcessederémunérerlesministresdescultes,saufdanslesétablissementsfermés(hôpitaux,casernes,internats,prisons).Plusde30000églises,templesetsynagoguessontmisgratuitementàladispositiondescommunautésreligieuses,àlaconditionqu’elless’organisentsousformed’associationscultuellesindépendantes.
Bienquelaloide1905permetteuneautonomisationdel’Églisecatholique,cettedernières’yoppose.Le papePie X la dénonceetinterditauxcatholiques w
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION30
Fichedesynthèsen°3
HistoiredelalaïcitéenFrance
françaisdecréerdesassociationscultuellesindépendantes.En1921,lesrelationsdiplomatiquesavecleVaticansontrétablieset,en1923,uncompromisesttrouvéavecl’ÉglisedeFrance,quicréedesassociationsdiocésainesrespectantl’autoritéhiérarchiquedel’évêque.
Lesdispositionsdelaloideséparationadoptéesen1905,ainsiquelesloisdelaïcisationdel’écoleadoptéesentre1880et1886,nesontpasappliquéesenAlsace-Moselle,alorssousgouvernementallemand.Quandcestroisdépartementsredeviennentfrançais,en1919,ilsconserventleurdroitlocalissuduConcordat,cequiestconfirméparlaloidu1erjuin1924etparleConseilconstitutionneldanssadécisiondu21février2013.Concernantlesterritoires d’outre-mer,laloide1905estétendueàlaMartinique,àlaGuadeloupeetàLaRéunionàpartirde1911.Enrevanche,ellenes’appliquepasenGuyane,quireste,encoreàcejour,souslerégimedel’ordonnanceroyaledu27août1828.Enfin,ellen’estpasnonplusappliquéedanslesdépartementsd’Algérie2,oùlesautoritéssouhaitentconserveruncontrôlesurlecultemusulman.
L’entre-deux-guerresvoitégalementledéveloppement de l’islamenmétropole,avecl’immigrationdetravailleursenprovenancedescoloniesd’AfriqueduNordetduMoyen-Orient.En1926estinauguréelaGrandeMosquéedeParis,premièremosquéedeFrancemétropolitaine,construiteparl’Étatenhommageaux70000soldatsmusulmansdel’EmpirecolonialtuéspendantlaPremièreGuerremondiale.
LES NOUVEAUX DÉFIS DE LA LAÏCITÉ (1946-2015)
EnréactionaurégimedeVichy,quis’étaitdistinguéparsonantisémitismeetsacollusionavecunelargefrangedel’épiscopat,lesconstitutionsde1946et1958proclamentlecaractèrelaïquedelaRépubliqueetréaffirmentlalibertédeconscience.L’Étatconfortelaliberté d’enseigner,enaccordantdessubventions
auxétablissementsprivéssouscontrat(loisde1951et1959).En1984,legouvernementsocialistetentedemettreenplaceunsystèmeéducatiflaïqueetunifiéintégrantl’enseignementprivé.Devantlacolèredelarue,ceprojetestabandonné.UnsiècleaprèslesloisFerry,l’Écolecontinueàcristalliserlesdébatsautourdelalaïcité.
C’estdenouveaulecasen1989,quandéclatelapolémiqueconsécutiveàl’exclusiondetroisélèvesvoiléesdansuncollègedeCreil(Oise).LeConseild’Étatestimequeleportduvoileestcompatibleaveclalaïcitéetunecirculaireinviteleschefsd’établissementàstatueraucasparcas.D’autres« affaires du voile »poussentleprésidentdelaRépublique,JacquesChirac,àmettreenplaceen2003unecommission«surl’applicationduprincipedelaïcitédanslaRépublique.»Desvingt-sixpropositionsdela commission Stasi,uneseuleestfinalementretenue:l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école(loidu15mars2004).Sixansplustard,laloidu11octobre2010proscritladissimulation du visage dansl’espacepublicsurledoublefondementdel’ordrepublicetdes « exigences fondamentales du vivre-ensemble. » Cesquestionscontinuentàfairedébat,avecparexemple l’affaire Baby-Loup,quidéfraielachroniqueentre2008et2014,suiteaulicenciementd’unesalariéedecrèchepourportduvoile.
Depuisplusdedeuxsiècles,laquestiondelaséparationentrelereligieuxetlepolitiquen’acessédediviserlaFrance.Aujourd’hui,lesdébats sur la laïcité se polarisent autour de l’islam, traduisantàlafoislavisibilitégrandissantedecettereligionenFranceetl’inquiétudequ’ellesuscite.
Commeen1905,ledébatfaitrageentrelespartisansd’unelaïcitélibéraleetlespartisansd’unelaïcitérestrictive,quisouhaitentlimiterlalibertédemanifestersareligion.Ilsembleplusquejamaisnécessairederetrouverl’esprit d’apaisement et de compromis qui a présidé à la loi de 1905.
Pour aller plus loinJeanBauberot, Histoire de la laïcité en France,PUF,coll.«Quesais-je?»,2017.
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2.Malgréundécretdu27septembre1907quiprévoyaitl’applicationdelaloide1905auxtroisdépartementsfrançaisd’Algérie.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 31
CIVILITÉDemêmeracineque«civisme»,lacivilitédésigne
« l’observation des convenances en usage chez les gens qui vivent en société ; politesse, courtoisie »(Larousse).Synonymede«savoir-vivre»,lacivilitéestunefaçondemanifestersonrespectdel’autre.Appartenantauregistredelanguesoutenue,cetermeestbeaucoupmoinsusitéquesoncontraire,«incivilité»,quidésignelescomportementstémoignantd’unmanquedeconsidérationenverssessemblables(attitudeagressive,nuisancessonores,dégradationdel’espacepublic…).
CIVISMEDérivédulatincivis(«citoyen»),lecivismeestune
« attitude d’attachement à la communauté nationale et à ses institutions et de participation régulière à ses activités, notamment par l’exercice du droit de vote »(Larousse).Lecivismesupposelareconnaissanceparlecitoyendesesdroitsetdesesdevoirsenverslacollectivité.Ilpeutmêmeallerjusqu’àla« priorité donnée par le citoyen aux intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers » (ibid.).Cetermetendàêtresupplantéparceluidecitoyenneté,deplusenplusentenducommel’exercicedesesdroitsetdevoirsdecitoyenetnonpluscommelasimpleconditiondecitoyen.
Fichedesynthèsen° 4 Glossaire
CONCORDAT1 UnconcordatestuntraitésignéentreleSaint-Siège
etunÉtatenparticulier,dontlebutestdedélimiterleursdomainesrespectifsetlesrelationspouvantexisterentrel’Égliseetlesautoritésdespayssignataires.LaFranceetleSaint-Siègeontsignéen1801unconcordatquis’appliquerajusqu’en1905,dated’adoptiondelaloideséparationdesÉglisesetdel’État,saufenAlsace-Moselle,oùilesttoujoursenvigueur.
VouluparBonaparte,quisouhaiteréglerledésordreauseindel’ÉglisedeFrancedatantdelaRévolution,négociédès1799,ceconcordatde1801estavanttoutuntextediplomatiquequiréorganisel’ÉglisedeFrance:lesévêquessontnommésparlepouvoirciviletinvestisdansleurchargeparlepape;leclergéestrémunéréparl’État.Ilreconnaîtquela«religioncatholique,apostoliqueetromaineestcelledelamajoritédesFrançaisetseralibrementexercéeenFrance»,maisnefaitpasdelareligioncatholiquelareligionofficielledelaFrance.En1802eten1808,ils’étendàd’autrescultes:confessionluthérienne,confessioncalviniste,judaïsme.Troisétapesstructurentleprocessus:
•LeConcordatdu15juillet1801,textediplomatiquequiconcernelegouvernementfrançaisetl’Églisecatholique;
•Lesarticlesorganiquesdu8avril1802quiprévoientl’exercicedescultesets’appliquentauxcatholiques,auxprotestantsluthériensetcalvinistes;
•Lesdécretsdu17mars1808quiorganisentlejudaïsme.
DIALOGUE INTERRELIGIEUXParfoisconfonduàtortavecl’œcuménisme,
mouvementinterconfessionnelnéàlafinduXIXesiècle,quitendsinonàréunir,dumoinsàpromouvoirunrapprochementetdesactionscommunesentrelesdifférentesÉgliseschrétiennes,ledialogueinterreligieuxagitpluslargementpourencouragerdeséchangesentretouteslesreligionsréalisésdanslerespectetl’écoute,afind’apprécieràlafoisleursdifférencesetleursvaleurscommunespourcoexisterpacifiquement.
Lalaïcité,quigarantitlelibreexercicedetouslescultes,rendpossibleledialogueinterreligieux.
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TABLE DES MATIÈRESCivilité.......................................................................................................31Civisme.....................................................................................................31 Concordat................................................................................................31Dialogue interreligieux.................................................................31Discrimination....................................................................................32Égalité........................................................................................................32Fraternité................................................................................................32Laïcité........................................................................................................32Laïcisme...................................................................................................32Liberté.......................................................................................................32Liberté de conscience......................................................................33Liberté de religion.............................................................................33Neutralité................................................................................................33Ordre public...........................................................................................33Prosélytisme..........................................................................................34Respect......................................................................................................34Sécularisation......................................................................................34Tolérance.................................................................................................34
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1. Source:Dictionnairedelalaïcité,sousladirectiondeMartineCerfetMarcHorwitz.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION32
Fichedesynthèsen°4
Glossaire
DISCRIMINATIONEndroitfrançais,unediscriminationestune
situationdanslaquelle,surlefondementd’uncritèreinterdit,« une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable »(loidu27mai2008,art.1er).End’autrestermes,c’estuneruptured’égalitédetraitementfondéesurl’undesvingt-quatrecritèresaujourd’huireconnusparlaloi2(parmilesquelslareligion).
Ladiscriminationestundélitpassibledesanctionsallantjusqu’à75000eurosd’amendeet5ansdeprisonsielleestcommisedansunlieuaccueillantdupublicouauxfinsd’eninterdirel’accès(Codepénal,225-1-1).Ladéfinitionjuridiquedeladiscrimination,complexe,estmalconnuedugrandpublic.Parunglissementsémantique,cetermetendàdésignertouteformed’injustice.
ÉGALITÉL’égalitéestlaqualitédecequiestégal,c’est-à-dire
demêmevaleur,demêmeimportance.Surleplanpolitique,ondistingueplusieursformesd’égalité:l’égalitéformelle(égalitédesdroits),l’égalitéréelle(égalitéeffective),l’égalitédetraitement(non-discrimination)ouencorel’égalitédeschances(équité).L’égaliténesignifiepasquetouslesindividusdoiventseressemblermaisqu’ilspuissentjouirdesmêmesdroitsetdelamêmepossibilitédes’épanouir.Pourlesauteursdelaloide1905,laséparationdesÉglisesetdel’Étatestunefaçondeparveniràl’égalité.Enmettantfinaurégimedescultesreconnusetsubventionnés,l’Étatsoumettouteslesreligionsauxmêmesrègles.
FRATERNITÉ«Fraternité»apourracinefrater,quidésignait
enlatintoutmembredel’espècehumaine.Encesens,lafraternitéestle« lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine »(Larousse).Commel’indiquel’emploiduconditionnel,ils’agitd’unidéalquel’onretrouvedansdifférentscourantsreligieux(christianisme,œcuménisme…),
philosophiques(universalisme)oupolitiques(internationalisme).Lafraternitésupposelerespect,voirel’amourdesessemblables.ForgépendantlaRévolutionfrançaise,letriptyque«liberté,égalité,fraternité»apparaîtpourlapremièrefoisdanslaConstitutionde1848.Tombéendésuétude,letermedefraternitéadisparududiscourspolitique,remplacéparlesexpressions«cohésionsociale»et«vivre-ensemble».Cependant,lesattentatsdejanvier2015semblentl’avoirremisàl’ordredujour.Ainsi,lephilosopheAbdennourBidara-t-ilpubliéunPlaidoyer pour la fraternité3.
LAÏCITÉLalaïcitéestunsystèmepolitico-juridique
quiinstaureuneséparationentrelepouvoirpolitiqueetlepouvoirreligieux.Ellegarantitàlafoislaneutralitédel’Étatetsanon-ingérencedanslesaffairesreligieuses.Pourautant,ellen’interditpaslesrelationsentrelespouvoirspublicsetlesautoritésreligieuses.Laloide1905proclameque« la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte »(art.2)maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Aucontraire,elle« assure la liberté de conscience »et« garantit le libre exercice des cultes »(art.1er)enfinançantdesaumôneriesdanslesétablissementsfermés(casernes,hôpitaux,internats,prisons).
LAÏCISMELelaïcismeestla« doctrine des partisans
de la laïcisation des institutions, en particulier de l’enseignement »(Larousse).Lelaïcismecritiquel’influencedelareligionentantquetelle.Encela,ilsedistinguedel’anticléricalisme,quicritiquel’influenceduclergé.Aujourd’hui,lelaïcismeseretrouvedanslavolontéexpriméeparcertainsdebannirtoutemanifestationreligieusedel’espacepublic.
LIBERTÉSelonl’article4delaDéclarationdesdroitsde
l’hommeetducitoyen:« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »Ainsi,enFrance,lalibertéd’expressionnepermetpasdetoutdire,
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2. Origine,sexe,situationdefamille,grossesse,apparencephysique,particulièrevulnérabilitérésultantdesasituationéconomique,patronyme,lieuderésidence,domiciliationbancaire,étatdesanté,perted’autonomie,handicap,caractéristiquesgénétiques,mœurs,orientationsexuelle,identitédegenre,âge,opinionspolitiques,activitéssyndicales,capacitéàs’exprimerdansunelangueautrequelefrançais,appartenanceounon-appartenance,vraieousupposée,àuneethnie,nation,prétendueraceoureligiondéterminée. 3.AbdennourBidar,Plaidoyer pour la fraternité,éd.AlbinMichel,2015.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 33
certainsproposétantinterdits4.Sil’Étatfixeleslimitesdanslesquellespeuts’exercerlaliberté,ilnesauraitsemontrertroprestrictif,saufàdevenirantidémocratique.Lalibertéestétroitementliéeàl’égalité,« puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits »(JeanJaurès).Ellen’estpasnonplussansrapportaveclalaïcité.Eneffet,laloide1905viseavanttoutàgarantirlalibertédeconscienceetdeculte.Elles’inscritdanslesillaged’autresloissurleslibertéspubliquesadoptéesàlamêmeépoque5.
LIBERTÉ DE CONSCIENCELalibertédeconsciencepeutêtredéfinienégativement
parl’article10delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » Ensomme,ils’agitdelalibertédecroireoudenepascroire.Cettelibertéestaucœurdelaloide1905,puisquecelle-ciproclame,danssonarticlepremier,que« la République assure la liberté de conscience ».
LIBERTÉ DE RELIGIONLalibertédereligionestdéfiniedansl’article9
delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme6:« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.
« La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. »
Commetouteliberté,lalibertédereligions’exercedoncdanscertaineslimites.Ainsi,unpréfetpeutinterdireunemanifestationreligieusesielleprésenteunrisquedetroubleàl’ordrepublic,demêmequ’unemployeurpeutinterdireàsessalariésleportdesignesreligieuxnotammentpourdesraisonsd’hygièneoudesécurité.
NEUTRALITÉL’undespèresdelaloide1905,FerdinandBuisson,
définitlalaïcitécomme« l’État neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. »C’estcetteneutralitédel’Étatquirendpossible« l’égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes. »Laneutralitéconfessionnelles’appliqueauxpolitiques,auxbâtimentsetauxagentspublics.Lessubventionsdirectesauxcultessontinterdites,lesbâtimentspublicsnepeuventarborerdesignesreligieux(ex:crucifix)etlesfonctionnairesdoivents’abstenird’exprimertouteconvictionpolitique,religieuseouphilosophiqueparleurtenueouleurcomportement.C’estune« neutralité par abstention »(PatrickKahn).Ilexisteuneautreformedeneutralité,quiconsisteàdonnerunereprésentationégaleàtouteslessensibilitésreligieusesoupolitiques.Ainsi,latélévisionetlaradiopubliquessont-ellestenuesdediffuserdesémissionsrelativesauxquatreprincipalesreligionsou,enpériodeélectorale,dedonnerlaparoleauxdiverscourantspolitiques.
ORDRE PUBLICBienqu’ils’agissed’unconceptfondamental
dudroitfrançais,l’ordrepublicn’estdéfinidansaucuntexte,peut-êtreparcequ’« il s’agit d’une notion que tout le monde comprend sans avoir besoin d’en donner une définition précise7. »L’ordrepublicestl’étatsocialoùrègnentlapaix,latranquillitéetlasécurité.DansleCodegénéraldescollectivitésterritoriales,l’ordrepublicestassociéauxnotionsde« bon ordre, sûreté, sécurité et salubrité publiques ».Onparlede«troubleàl’ordrepublic»quandcetétatestmenacéparunacteindividueloucollectif.Cettenotionpeutaussibienêtreinvoquéepoursanctionnerl’ivressesurlavoiepubliquequepourplacerendétentionprovisoireunindividusoupçonnéd’actesterroristes.Ellepermetégalementd’apporterdesrestrictionsauxlibertésfondamentales,commelalibertéd’expressionoulalibertédereligion.D’ailleurs,leseultexte w
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4. Laloifrançaiseinterditnotammentlesdiffamationsetlesinjures,ladiffusionoulareproductiondefaussesnouvelles,l’apologieoulaprovocationàcommettrecertainscrimesoudélits,tellesl’apologiedescrimesdeguerreoucontrel’humanité,desactesdeterrorismeoulaprovocationàcesactes,lesdiffamationsetinjuresenverslespersonnesenraisondeleurappartenance,réelleousupposée,àunenation,uneethnie,uneraceouunereligiondéterminée.5.Loissurlalibertédelapresseetlalibertéderéunion(1881),lalibertésyndicale(1884)etlalibertéd’association(1901).6.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentales,adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION34
Fichedesynthèsen°4
Glossaire
constitutionnelquifassedirectementréférenceestl’article11delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».Ainsi,unemanifestationreligieusepeutêtreinterditesielleconstitueunemenacedetroubleàl’ordrepublic.Plusrécemment,lanotiond’ordrepublicaétéinvoquéepourjustifierl’interdictiondeladissimulationduvisagedansl’espacepublic.
PROSÉLYTISMEÀl’origine,unprosélyteestunepersonne
nouvellementconvertieàunefoiouàunecause.Aujourd’hui,letermedésigneplutôtunindividuquichercheàpropagersafoiousacause.LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d’imposer ses idées. »Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme fautif. »Cependant,leprosélytismeabusifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnel8.
RESPECTIlexisteplusieursformesderespect.Respecter
laloi,c’ests’yconformer.Respecterunengagement,c’estfairecequel’onadit.Danscesdeuxacceptions,lerespectsemanifesteparuneaction.Maislerespectdésigneaussile« sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers »,ainsiqueles« manifestations de ces égards »(Larousse).Lerespectinduitdoncuneadhésionetunengagementplusfortsquelatolérance.Ilsupposedereconnaîtrel’autrecommesonégal.PourJeanJaurès:« La laïcité ne se réduit pas à la tolérance car elle est fondée, non seulement sur la liberté de conscience, mais aussi sur le respect égal et mutuel de toutes les personnes puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits. »Cetteconception
delalaïcitécommeconditiondurespectmutuelestégalementprésentedansunecirculairede2011:« La laïcité n’est ni le reniement ni le cantonnement des religions. Elle est la condition du respect des choix personnels dans une société ouverte où histoire et
7.«Lesprincipauxcritèresdelimitationdesdroitsdel’hommedanslapratiquedelajusticeconstitutionnelle»,8eséminairedesCoursconstitutionnellestenuàErevandu2au5octobre2003.8.VincenteFortier,«Leprosélytismeauregarddudroit:unelibertésouscontrôle»,revueélectroniqueCahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires.9.Ministèredel’Intérieur,circulairedu16août2011,Rappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcité–demandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.
patrimoine ont été souvent forgés par les grandes traditions spirituelles ou religieuses9. »
SÉCULARISATIONEndroit,lasécularisationdésignelanationalisation
d’unbienappartenantàuneégliseoud’uneinstitutiongéréeparcelle-ci(syn.laïcisation).Ensociologie,onparledesécularisationpourdécrireleprocessusdeperted’influencedelareligiondansunesociété,unphénomènequalifiéparMaxWeberde« désenchantement du monde ».Ilconvientdedistinguerlasécularisationdelalaïcisation.L’uneconcernelasociété,l’autrelesinstitutions.Commel’expliquel’historienÉmilePoulat,« la sécularisation est un processus social. En un sens, elle explique la laïcisation, qui est un processus légal. […] On sépare des institutions – l’Église et l’État – par décret, on ne décrète pas la séparation de la société et de l’Église : elle s’établit dans les mœurs et les mentalités pour des raisons qui ne sont pas d’abord juridiques. »
TOLÉRANCESurleplanindividuel,latoléranceest« l’attitude
de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres »(Larousse).Surleplanreligieux,cetermedésignele« respect de la liberté de conscience et [l’]ouverture d’esprit à l’égard de ceux qui professent une religion ou des doctrines religieuses différentes »[ibid.].Tolérern’estpasacceptermaissupporterquelquechosequel’ondésapprouve(toleraresignified’ailleurs«supporter»enlatin).Ainsi,latolérancepeutallerdepairaveclacondescendance,voirelemépris.LephilosopheanglaisJohnLockeappelletolérancelefaitde« cesser de combattre ce qu’on ne peut changer. »L’exercicedelalibertésupposenécessairementuncertainniveaudetolérancedesindividusentreeux.Pourautant,faut-iltolérerlesintolérants?LephilosopheétatsunienJohnRawlsrépondparl’affirmative,enajoutanttoutefoisquelasociétén’aaucuneobligationdetolérerlesindividusquicherchentàladétruire.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 35
Séquence4Approche juridique de la laïcité4
110 min
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P. 36 Fiche formateur n° 5 P.37 Fiche stagiaire ressource n° 2 : parcours
multi-épisodiqueP. 39 Fiche stagiaire corrigée n° 2 : parcours
multi-épisodiqueP. 43 Fiche de synthèse n° 5 : la laïcité dans les services publicsP. 48 Fiche de synthèse n° 6 : la religion et l’entrepriseP. 50 Fiche de synthèse n° 7 : les articles de loi à connaîtreP. 53 Fiche de synthèse n° 8 : droit de la Laïcité, ce qu’il faut
retenir
Matin
Jour1Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION36
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàexposerlecadreréglementaire
relatifàlalaïcitéafinquelesparticipantspuissentmobiliserlesélémentsjuridiquesenfonctiondeleurcontexted’exerciceprofessionneletsavoircequirelèvedesdroitsetdevoirsdesagentsdesservicespublics.Lebutestquelesparticipantss’acculturentausujet,qu’ilsrepèrentlesarticlesdeloiqu’ilspensentpouvoirréexploiteretqu’ilsconfrontentlespointsquilesinterpellent,cequ’ilssaventdéjàounon.Cetteséquenceseprésenteprincipalementsouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquevisantàprésenterlestextesjuridiquesetlaphilosophiedeslois.Ilpermetderenforcerlaréflexionetlacompréhensiondusujetenrecourantàdifférentesmodalitésdeprésentation(vidéos,textes,images).
SITUATIONL’activité de cette séquence s’organise en deux
sous-séquences :–lapremièresous-séquenceestuneprésentation
enplénièredestextesdeloideréférenceenmatièredelaïcité;
–ladeuxièmesous-séquenceestorganiséesouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquearticuléautourdedeuxateliers.
• Temps 1 : vousdiffusez2ou3vidéosenplénièreetdemandezauxparticipantsdenoterdefaçonindividuellecequiressortd’undroit/devoirounon.
•Temps 2 :vousrépartissezlesparticipantsendeuxoutroissous-groupesetremettezàchacunlesfichessynthétisantlestextesdeloideréférenceainsiquelesphotosillustrantdessituationsrelativesauxquestionsdelalaïcité.Lesphotossontchoisiesenfonctionduprofildesparticipantsafinquelesapportsdecetteséquencenesoientpasredondantsaveclesapportsdesséquencesdespécialisationdulendemain(pasplusdedeuxphotospargroupe).Vouslesamenezàréfléchir
auxquestionsquesoulèventlesphotosetàidentifierlestextesjuridiquessurlesquelsilspeuvents’appuyerpourdéterminersilasituationrespecteounonleprincipedelaïcité.Ilestimportantquevouspassiezd’unsous-groupeàl’autrepourvousassurerquelesconsignessontbiencomprisesetpourrépondreàd’éventuellesquestions.
•Temps 3 :ils’agitd’undébatenplénièreautourdesrestitutionsdechaquegroupe.Ilportesurlesdroits/devoirsenmatièredelaïcitéetsurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupequantàl’analysedesphotosprésentées.Cetteapprochepermetainsid’identifiercequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdictionetcequ’ilestlégitimedenepasautoriser.Enconclusiondecetteséquence,voussynthétisezlesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenirparrapportauxdroitsetobligationsenmatièredelaïcité.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°2etfichestagiaire
corrigén°2:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique
•Fichesdesynthèse:-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité,cequ’ilfautretenir.
50min: exposédestextesjuridiquesetéchangeenplénière60min:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique
Ficheformateurn° 5Textesjuridiques
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Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique
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Temps 1 VidéosduCNFPT:https://video.cnfpt.fr/laïciteVidéosduCGET:http://www.cget.gouv.fr/valeurs-de-la-republique-et-laicite10min
Temps 2 Textes/articlesdeloietphotosVoirfichedesynthèsen°720min
Temps 3 Restitution30min
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Desétudiantesportentlevoilesurlesbancsdel’université. Catholiquespriantdanslaruelorsd’unemanifestationcontrelemariagepourtous.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
38 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION
Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique
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Uneprocessionorthodoxedanslesruesdelaville.
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Piscinemunicipaleprévoyantuncréneauhoraireréservéauxfemmes.
PISCINE ENTRE ELLES
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Unealternativepourlesfemmesquineveulent
pasallerdanslespiscinespubliquespourdesraisons
éthiques,religieuses,physiques,médicales
ouautres…
39KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique
« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. » Codedel’éducation,L.141-5-1.
L’articleL.811-1ducodedel’éducationprécisequelesusagersduservicepublicdel’enseignementsupérieur« disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels »etqu’ilspeuventexercer« cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public ».Ilssontdonclibresdeporterdessignesreligieuxdistinctifs,discretsounon;laloisurleportdesignesreligieuxàl’écolen’apasétéétendueàl’enseignementsupérieur.
Enrevanchetoutedissimulationestprohibée.« Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage. […] L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public. » Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.
Desparentsd’enfantsscolarisésrefusentqueleursenfantsmangentdelaviande.Ilscontestentlefaitquel’établissementnerespectepasleursconvictionsreligieusesenproposantunmenudesubstitution.
Larestaurationscolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc.Demanièregénérale,uneoffredechoixpermetauxélèvesdemangerensemble1.
Voircirculaireduministèredel’Intérieurdu26août2011relativeaurappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcitéetauxdemandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.
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Des étudiantes portent le voile sur les bancs de l’université
Une cantine sert un menu unique avec de la viande Sé
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1. OnpeutseréférerauguideLaïcité et collectivités localesdel’Observatoiredelalaïcité.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION40
LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites »,dansleslimitesprévuesparlaloi,liéesàl’ordrepublicetàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.Uneprièrederueconstitueunrassemblementsurlavoiepublique,quirelèvedelalibertédemanifester.D’ailleurs,cetteprières’inscritdansunemanifestationetrecouvreunesignificationpluspolitiquedereligieuse.Silesmanifestantsprientdanslarue,cen’estpasparcequ’ilsmanquentd’unlieudecultepourseréunirmaispouraffirmerlesvaleurschrétiennesaunomdesquellesilss’opposentaumariagedescouplesdemêmesexe.
Leseulmotifvalablepourinterdireunemanifestationreligieusesurl’espacepublicestlamenacedetroubleàl’ordrepublic(cf.glossaireetfichesurl’usagedesespacespublics).Ici,laprièresedérouledanslecadred’unemanifestationquiaprobablementfaitl’objetd’unedéclarationpréalableenpréfecture(commel’imposelaloi)etpourlaquellelacirculationaétébloquéeetdesforcesdel’ordremobilisées.Iln’yadoncpas,apriori,demenacedetroubleàl’ordrepublic.
Iln’envapasdemêmedesprièresderuerécurrentesdevantcertainesmosquéesquinepeuventaccueillirtouslesfidèles,fautedeplace.Celles-cipourraientfairel’objetd’uneinterdictiondel’autoritéadministrativeaumotifqu’ellesgênentlacirculationetlatranquillitépublique.Deplus,trottoirsetvoiespubliquesfontpartiedudomainepublic,enapplicationdesarticlesL.2111-1etL.2111-14duCodegénéraldelapropriétédespersonnespubliques.Ilfautobteniruntitred’occupationdélivréparl’autoritéadministrativecompétentepourl’utiliserdansdeslimitesdépassantledroitd’usagequiappartientàtous(articleL.2122-1dumêmecode). « Les biens du domaine public sont utilisés conformément à leur affectation à l’utilité publique »selonl’articleL.2121-1ducodeprécité.Or,l’affectationd’unevoiepubliqueestlacirculationdupublicetnonl’exerciced’unculte.
Des femmes portent le niqab à la terrasse d’un café
Depuislaloidu11octobre2010,quinesefondepassurleprincipedelaïcitémaissurlapréservationdel’ordrepublicetdes«exigencesduvivre-ensemble»,ilestinterditdedissimulersonvisagedansl’espacepublic.Uneterrassedecaféétantunespacepublic,cesfemmessontdansl’illégalité.Cependant,lecafetiernepeutrefuserdelesservirpourcemotifcariln’estpasunauxiliairedejustice.Seuleslesforcesdel’ordresontqualifiéespourfairerespectercetteinterdiction.
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Catholiques priant dans la rue lors d’une manifestation contre le mariage pour tous
41KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
Prévuesdanslaloide1905(article27),lesprocessionsreligieusessontrégléesenconformitéavecl’articleL.2212-2duCGCTrelatifàlapolicemunicipale.Lesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliquenefontpasl’objetd’uneappréhensiondistinctedesautresmanifestationsparledroit:ellessont,dèslors,soumisesaurégimejuridiqueclassiqueencadrantlesmanifestationsetnedoiventpastroublerl’ordrepublicsouspeined’êtreinterdites.Ils’agitd’unrégimedéclaratifetnond’autorisation.L’article1erdudécret-loidu23octobre1935disposequ’enprincipe« sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique »;uneexceptionestfaitepourlesmanifestationsreligieusesquiserattachentàunusagelocal.
Garantesdelalibertédeculte,lesautoritéspubliquesdoiventprendrelesmesuresnécessairesafind’engarantirlelibreexerciceparchacun.Lemairepeuts’opposeràlatenued’unemanifestations’ilestimequecelle-ciconstitueunemenacepourl’ordrepublicetqu’ilneserapasenmesured’enassurerlasécurité.Ilaégalementlapossibilitédelimiterl’espacepublicdanslequelpourrasedéroulerlamanifestation,pourlesmêmesmotifs.
LefaitquelaRépubliquenereconnaisseofficiellementaucuncultenesignifiepasqu’ellelesignore.Desélus,desministresoudesfonctionnairespeuventparticiperàunecérémoniereligieuseenqualitédereprésentantsdel’Étatoud’unecollectivitéterritorialeencertainesoccasions(cérémoniesparticulières,funérailles,commémorations…).Ilssont,cependant,tenusdeveillerànepasdonnerl’impressiondeprivilégierteloutelculteparlafréquencedeleurprésenceouleniveaudeleurreprésentation,etdes’abstenirdeprendrepartauxritescultuels(commelacommunion).
Pourautant,riennes’opposeàcequ’ilsobserventlesmarquesderespectenusagedansceslieux(portd’unekippadansunesynagogue,retraitdeschaussuresdansunemosquée…).
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eUne procession orthodoxe dans les rues de la ville
Représentants politiques assistant à une cérémonie religieuse
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION42
Enraisonduprincipedenon-discrimination,unemunicipaliténepeutoctroyeruncréneauhoraireenheuresouvrablesàungroupedepersonnesmettantenavantleursouhaitdeseséparerdesautresdufaitdeleurpratiqueoudeleurconvictionreligieuses.
Enrevanche,unedemandedecoursdesportréservésauxfemmesdansl’intentiondepromouvoirl’accèsdefemmesàlapratiquesportiveetauxloisirs,etsansqu’iln’yaitderéférencereligieuseoudediscriminationdansl’accèsdesfemmesàl’activité,estlégitime,maisilnepourrapasêtredemandéexpressémentqueleprofesseursoitunefemme.
Rappelonseneffetquelaloiautoriseles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéepar(...)lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives»(Codepénal,art.225-3).
Pendantlestrancheshorairesoùelleestouverteaupublic,unepiscinedoitaccueillirtoutlemonde,sansdiscrimination(Codepénal,art.225-2).Enrevanche,surcertainscréneauxhoraires,unepiscinepeutêtreréservéeàdesactivitésspécifiques(bébés-nageurs,coursdenatation,deplongée,d’aquagym...)oùlamixitédegenren’estpasforcémentlarègle.
Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique
FICHES ASSOCIÉES :•Fichesdesynthèse-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.
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Piscine municipale prévoyant un créneau horaire réservé aux femmes
PISCINE ENTRE ELLESIs
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Unealternativepourlesfemmesquineveulent
pasallerdanslespiscinespubliquespourdesraisons
éthiques,religieuses,physiques,médicales
ouautres…
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 43
TABLE DES MATIÈRESL’obligation de neutralité des fonctionnaires désormais inscrite dans la loi ............................................43 La Charte de la laïcité dans les services publics.......43Préambule......................................................................................43Des agents du service public.............................................. 44Des usagers du service public............................................ 44Dérogations à la loi de 1905..................................................45Missions de service public vs missions d’intérêt général........................................................................46Relation aux associations ayant des activités cultuelles.........................................................................................47Pour aller plus loin....................................................................47
L’OBLIGATION DE NEUTRALITÉ DES FONCTIONNAIRES DÉSORMAIS INSCRITE DANS LA LOI Commetouslestravailleurs,lesfonctionnairesjouissentdelalibertéd’opinion.Cependant,cettelibertéestassortied’uneobligationdeneutralité,quialongtempsétéfondéesurlaseulejurisprudenceduConseild’Étatmaisquiestdésormaisinscritedanslaloi.Depuislaloidu20avril2016relativeàladéontologieetauxdroitsetobligationsdesfonctionnaires(art.1er),lenouvelarticle25delaloiLePors(statutgénéraldesfonctionnaires)dispose,d’unepart,que«dans l’exercice de ses fonctions, [le fonctionnaire] est tenu à l’obligation de neutralité »et,d’autrepart,que« le fonctionnaire exerce ses fonctions dans le respect du principe de laïcité. À ce titre, il s’abstient notamment de manifester, dans l’exercice de ses fonctions, ses opinions religieuses».LA CHARTE DE LA LAÏCITÉ DANS LES SERVICES PUBLICS
Cettecharte,rédigéeparleHautConseilàl’intégrationetadosséeàlacirculaireduPremierministredu13avril2007avocationàfaireconnaîtreauxagentsetauxusagersdesservicespublicsleursdroitsetobligationsauregarddelalaïcité.Ellecondenselesgrandsprincipesfixésparlaloietlajurisprudence.
Fichedesynthèsen° 5 Lalaïcitédanslesservicespublics
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4TEXTE DE LA CHARTE RÉFÉRENCES
LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.Elleassurel’égalité devant la loidetouslescitoyenssansdistinctiond’origine,deraceoudereligion.Ellegarantitdesdroitségauxauxhommesetauxfemmesetrespectetouteslescroyances.Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,notammentreligieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordrepublicétabliparlaloi.Lalibertédereligionoudeconvictionnerencontrequedeslimitesnécessairesaurespectdupluralismereligieux,àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsdel’ordre publicetaumaintiendelapaixcivile.LaRépubliqueassurelalibertédeconscienceetgarantitlelibreexercicedescultesdanslesconditionsfixéesparlaloidu9décembre1905.
Lepréambulereprendlesdispositionsrelativesàlalibertéreligieuseissuesde:-laConstitution
(art.1er);-laDéclarationdes
droitsdel’hommeetducitoyen(art.10);
-laConventioneuropéennedesdroitsdel’homme(art.9);
-laloidu9décembre1905relativeàlaséparationdesÉglisesetdel’État(art.1er).
Préambule
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION44
Fichedesynthèsen°5
Lalaïcitédanslesservicespublics
Des usagers du service public
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Touslesusagerssontégauxdevantleservicepublic.
L’égalitéest,aveclacontinuitéetlamutabilité,l’undestroisprincipesfondateursduservicepublic(loisdeRolland,1938).
Lesusagersdesservicespublicsontledroitd’exprimer leurs convictionsreligieusesdansleslimitesdurespectdelaneutralitéduservicepublic,desonbonfonctionnementetdesimpératifsd’ordrepublic,desécurité,desantéetd’hygiène
Lesusagersontledroitdeporterdessignes religieux,àconditiondelaisserleurvisageapparent(loidu11octobre2010interdisantladissimulation du visagedansl’espacepublic).Lesseulsusagersd’unservicepublicsoumisàl’interdictiondeporterdessignes religieux ostensiblessontlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics(codedel’éducation,L.141-15-1).
Lesusagersdesservicespublicsdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme.
Unusagernepeutselivreràduprosélytismereligieuxoupolitiquedansunbâtimentpublicouuneactivitéorganiséedanslecadred’unservicepublic.
Lesusagersdesservicespublicsnepeuventrécuserunagentpublicoud’autresusagers,niexigeruneadaptationdufonctionnementduservicepublicoud’unéquipementpublic.Cependant,leservices’efforcedeprendre en considérationlesconvictionsdesesusagersdanslerespectdesrèglesauquelilestsoumisetdesonbonfonctionnement.
Unusagernepeutexigerd’êtrereçuouprisenchargeparunagentmasculinouféminin.
w Des agents du service public
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Toutagentpublicaundevoirdestricteneutralité.Ildoittraiterégalementtouteslespersonnesetrespecterleurlibertédeconscience.
Ledevoirdeneutralités’appliqueauxagentsdestroisfonctions publiques,quelquesoitleurstatut(titulaire,non-titulaire,vacataire,stagiaire),ainsiqu’auxsalariésd’organismesdedroitprivéchargésd’unemissiondeservicepublic(cf.infra).
Lefaitpourunagentpublicdemanifester ses convictions religieusesdansl’exercicedesesfonctionsconstitueunmanquementàsesobligations.
Laneutralitéimposeàl’agentdenepasmanifestersesconvictionsreligieusesouphilosophiquesparsatenueousoncomportementdansl’exercicedesesfonctions.
Ilappartientauxresponsables des servicespublicsdefairerespecterl’applicationduprincipedelaïcitédansl’enceintedecesservices.
Leschefs de servicesontlesgarantsdelalaïcité.Ilsdoiventintervenirencasdemanquementàceprincipeparundeleursagentsouunusager.
Laliberté de conscienceestgarantieauxagentspublics.Ilsbénéficientd’autorisationsd’absencepourparticiperàunefête religieuse dèslorsqu’ellessontcompatiblesaveclesnécessitésdufonctionnementnormalduservice.
Lesfonctionnairessontprotégésdeladiscrimination(notammentreligieuse)parlaloidu13juillet1983,diteloiLePors(art.6).Lacirculaire du 10 février 2012fournitunelistenonexhaustivedesfêtesreligieusespouvantdonnerlieuàuneabsence,surdécisionduchefdeservice.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 45
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Touslesusagerssontégauxdevantleservicepublic.
L’égalitéest,aveclacontinuitéetlamutabilité,l’undestroisprincipesfondateursduservicepublic(loisdeRolland,1938).
Lesusagersdesservicespublicsontledroitd’exprimer leurs convictionsreligieusesdansleslimitesdurespectdelaneutralitéduservicepublic,desonbonfonctionnementetdesimpératifsd’ordrepublic,desécurité,desantéetd’hygiène
Lesusagersontledroitdeporterdessignes religieux,àconditiondelaisserleurvisageapparent(loidu11octobre2010interdisantladissimulation du visagedansl’espacepublic).Lesseulsusagersd’unservicepublicsoumisàl’interdictiondeporterdessignes religieux ostensiblessontlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics(codedel’éducation,L.141-15-1).
Lesusagersdesservicespublicsdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme.
Unusagernepeutselivreràduprosélytismereligieuxoupolitiquedansunbâtimentpublicouuneactivitéorganiséedanslecadred’unservicepublic.
Lesusagersdesservicespublicsnepeuventrécuserunagentpublicoud’autresusagers,niexigeruneadaptationdufonctionnementduservicepublicoud’unéquipementpublic.Cependant,leservices’efforcedeprendre en considérationlesconvictionsdesesusagersdanslerespectdesrèglesauquelilestsoumisetdesonbonfonctionnement.
Unusagernepeutexigerd’êtrereçuouprisenchargeparunagentmasculinouféminin.
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Lorsquelavérification de l’identitéestnécessaire,lesusagersdoiventseconformerauxobligationsquiendécoulent.
Unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirerunsignereligieux(voile,turban…)letempsdevérifiersonidentité.Demême,unindividunepeutêtredispensédefigurertête nuesurlaphotographiedestinéeàl’établissementdesapièced’identité1.
Lesusagersaccueillisàtempscompletdansunservicepublic,notammentauseind’établissementsmédico-sociaux,hospitaliersoupénitentiaires,ontdroitaurespectdeleurscroyancesetdeparticiperàl’exercicedeleurculte,sousréservedescontraintesdécoulantdesnécessitésdubonfonctionnementduservice.
Dansles lieux de privation de liberté(casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermés…),l’Étatdoitpermettreauxusagersd’exercerleurculte,enprenantenchargelesdépensesnécessaires(aumônerie,nourritureritualisée…)2.
1. Conseild’État,15décembre2006,AssociationUnitedSikhsetMannSingh,n°289946,et27juillet2001,Fondsdedéfensedesmusulmansenjustice,n°216903.2.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.
DÉROGATIONS À LA LOI DE 1905LaloideséparationdesÉglisesetdel’Étatde1905
nes’appliquepassurl’ensembleduterritoirefrançais.Six régimes juridiques existent, les principaux étant :
•enAlsace-Moselle,quiétaitannexéeparl’Allemagneen1905,ledroitlocaldescultesestlargementissuduConcordat de 1802.Lesquatrecultesreconnus3(catholique,luthérien,réforméetisraélite)sontdotésd’établissementspublicsduculteplacéssouslatutelledel’État.Leministèredel’Intérieurrémunèrelespersonnelsduculteetintervientdansleurdésignationetladéfinitiondescirconscriptionsterritorialesdechaqueculte.Lecultemusulmann’estpasreconnumaisdisposed’avantagesjuridiquesetfiscauxcomparables,grâceàd’autresdispositionsdudroitlocal.Enoutre,unenseignementreligieuxestdispensédanslesécolespubliques4.
•enGuyane, lestextesenvigueurrestentl’ordonnanceroyaledeCharlesXdu27août1828etlesdécrets-loisMandelde1939.Seulestreconnulecultecatholique.LesministresducultecatholiquesontdessalariésdelacollectivitéterritorialedeGuyane.L’évêqueaunstatutd’agentdecatégorieA,lesprêtressontdesagentsdecatégorieB.Lesautrescultessontorganisésenassociationsrégiesparlaloidu1erjuillet1901.
• Dans d’autres territoires d’outre-mer (Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna) sont appliqués les seuls décrets-lois Mandel de 1939, quipermettentàtouteslescommunautésreligieuses,constituéesenconseilsd’administrationdesmissionsreligieusesetplacéessouslatutelledel’État,debénéficierd’avantagesfiscaux.Cesdécretsn’empêchentparailleurspasl’attributiond’aidespubliques. w
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3. L’islam,quicompteenviron100000fidèlesenAlsace-Moselle,nefaitpaspartiedescultesreconnus.Toutefois,lesservicesdéconcentrésdel’Étatétudientactuellement(2015)lapossibilitéd’introduireunenseignementreligieuxmusulmanenprimaireouaucollège.4. Parailleurs,laloidu27janvier2017relativeàl’égalitéetàlacitoyennetéaabrogéledélitdeblasphèmequisubsistaitencoreendroitlocal.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION46
•ÀMayotte, devenule101edépartementfrançais,plusaucunrégimedespécialitélégislativen’estdésormaisenvigueur.Cenouveaustatutadministratifn’apasentraînél’extensiondelaloide19055,danslecontexted’uneorganisationjuridiqueencoremarquéeparlacoexistenced’undroitpersonnel(local)etdudroitcommun.
LeConseilconstitutionnelaconfirméàplusieursrepriseslaconstitutionnalité de ces dérogations, enconsidérantquelaproclamationducaractèrelaïquedelaRépubliquedanslaConstitutionnesignifiaitpaspourautantlaremiseencausedesdispositionsapplicablesdanscertainespartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitution6.
MISSIONS DE SERVICE PUBLIC VS MISSIONS D’INTÉRÊT GÉNÉRAL
Dès1972,leConseild’Étatarappeléqueleprincipedelaïcitéimposait« la neutralité de l’ensemble des services publics7 »etnondelaseulefonctionpublique.LaCourdecassationaainsivalidéen2013lelicenciementd’unesalariéevoiléedelaCaisseprimaired’assurancemaladie,enconsidérantque« les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par desorganismes de droit privé.8 »
Qu’est-cequ’unservicepublicetenquoisedistingue-t-ild’unemissiond’intérêtgénéral?C’estlàunequestiondélicateàlaquelleonnepeutrépondrequ’aucasparcas,enétudiantunfaisceau
d’indices.D’aprèslajurisprudence,unservicepublicestuneactivité d’intérêt général gérée par une personne publique ou sous son contrôle étroit9.Pourqualifierdeservicepublicuneactivitéexercéeparunorganismededroitprivé,ilfautquecetteactivitéluiaitétéexpressémentconfiéeparunepersonnepublique(État,collectivitéterritoriale…)etquel’administration ait joué un rôle déterminant dans la création, l’organisation et le fonctionnement de l’organismeenquestion.End’autrestermes,ilnesuffitpasquelapuissancepubliqueautoriseousubventionnel’activitéenquestion,encorefaut-ilqu’ellel’exerceindirectementendéfinissantlesobjectifspoursuivis,enprécisantlecontenudesprestationsoffertesetencontrôlantsonactivité.
Ainsi,lescrèches et haltes garderies crééespardesorganismesdedroitprivénesontpastoutesdesservicespublics,mêmesiellessontsoumisesàuneautorisationduconseildépartementaletàlaréglementationpropreauxstructuresd’accueildejeunesenfants.Ilenvademêmedesassistantes maternelles et familiales.Cellesquinesontpasemployéespardescollectivitésterritorialesouleursétablissementsnesontpassoumisesaudevoirdeneutralité.Dansledomainedel’actionsocialeoumédico-sociale,ilexistedenombreuxétablissementsprivésaccomplissantdes«missionsd’intérêtgénéraletd’utilitésociale10»(centressociaux,clubsdeprévention…).Danslagrandemajoritédescas,ces structures ne relèvent pas de services publics, même si elles reçoivent des financements publics11.Dèslors,ellesnepeuventrestreindrelalibertédereligiondeleurssalariés,saufsicesrestrictionssont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir […] proportionnées au but recherché12. »C’estlaquestionqu’asoulevée«l’affaire Baby Loup »(2008-2014)dansledébatpublic13 .Ils’agissaitd’unecrècheassociative
Fichedesynthèsen°5
Lalaïcitédanslesservicespublics
9. Conseild’État,30mai1930,ChambresyndicaleducommercedeNevers.10. Codedel’actionsocialeetdesfamilles,L.311-1.11. Eneffet,« l’attribution d’une subvention à un organisme au titre d’une activité d’intérêt général, même lorsqu’elle fait l’objet d’une convention précisant les modalités selon lesquelles cet organisme s’engage à exercer son activité, ne peut pas, en elle-même, être regardée comme une dévolution d’un service public. »Conseild’État,étudedemandéeparleDéfenseurdesdroitsle20septembre2013,p.25.12. Codedutravail,L.1121-1.13. Mêmesilalignededéfensedelacrèchen’apasétédeseprésentercommeunservicepublicmaiscommeune«entreprisedetendancelaïque».
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5. Unecirculaireduministèredel’Intérieurdu25août2011précise:«Lepassageàcenouveaurégimen’emportepas,parlui-même,l’extensiondelaloidu9décembre1905àMayotte.[…]Lecultemusulman,largementmajoritaireàMayotte,n’apasconstituédemissionsreligieuses.Ilorganisesesactivitésdanslecadred’associationsrégiesparlaloidu1erjuillet1901[…].Cesassociationsnepeuventbénéficierdesavantagesaccordésauxassociationscultuellesrégiesparlaloidu9décembre1905,cetteloin’ayantpasétéétendueàMayotte».6.Conseilconstitutionnel,Décisionn°2012-297,QPCdu21février2013faisantsuiteàlaquestionprioritairedeconstitutionnalitédéposéeparl’Associationpourlapromotionetl’expansiondelalaïcitéausujetdesdispositionsrelativesautraitementdespasteursdeséglisesconsistorialesenAlsace-Moselle,etConseilconstitutionnel,Décisionn°2017-633,QPCdu2juin2017faisantsuiteàlaquestionprioritairedeconstitutionnalitédéposéeparlacollectivitéterritorialedelaGuyaneausujetdesdispositionsrelativesàlarémunérationdesministresducultecatholiqueparlacollectivité.7. Conseild’État,avisdu21septembre1972.8.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 47
19. Conseild’État,15octobre1969,AssociationCaen-Demain.20. Conseild’État,19juillet2011,CNEdeTrélazé.21. Dansunarrêtdu4mai2012(Fédérationdelalibrepenséeetd’actionsocialeduRhône),leConseild’ÉtatavalidélasubventionverséeparlaVilledeLyonàuneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unerencontreinternationalepourlapaix,considérantqu’enraisondugrandnombredeparticipantsattendus,cetévénementcontribuaitàl’imagedemarquedelacollectivité22. TribunaladministratifdeChâlons-sur-Marne,18juin1996,M.ThierryCome,Association«Agir»c.VilledeReims.
14. Courdecassation,Assembléeplénière,25juin2014.15. CeprincipeaétérappeléparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.16. CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.17. LetribunaladministratifdeVersaillesaainsiannuléunedélibérationdelaVilledeSainte-Geneviève-des-Boisapprouvantlamiseàdispositiond’unesallemunicipaleàl’associationAverroèspourlapratiqueducultemusulman,aumotifqueleloyerperçuétaitinsuffisant(TAVersailles,29janvier2009).18. Conseild’État,30mars2007,VilledeLyonc.CultedesTémoinsdeJéhovahLyon-Lafayette.
quiavaitlicenciésadirectriceadjointeaumotifqu’elleportaitlevoile,ensefondantsurlerèglementintérieurquiimposaitàtouslessalariéslaneutralitéreligieuse.Celicenciementad’abordétéjugédiscriminatoirepuis,aprèsdemultiplesrebondissements,validéparlaCourdecassation,quiaestiméquecetterestrictiondelalibertédemanifestersareligionétaitsuffisammentprécise,justifiéeetproportionnée14.
RELATION AUX ASSOCIATIONS AYANT DES ACTIVITÉS CULTUELLES
Afindegarantirl’exerciceeffectifdelalibertédeculte,lescommunespeuvent,souscertainesconditions,mettreàdispositiondeslocaux.Ellespeuventégalementproposerdesaidesfinancièresàdesprojetsouactivitésenlienaveclescultes,dèslorsquecesprojetsouactivitésprésententunintérêtpubliclocal.
•Unecommunepeutmettreàladispositiond’uneassociationunesallepourunusagecultuel–exclusifounon–sous réserve que cette mise à disposition ne soit pas consentie à titre gratuit ou dans des conditions préférentielles ou pour une durée indéterminée. Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàunesubventionàunculte15.Cesdispositionss’appliquentauxassociationscultuellesetauxassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivité cultuelle non exclusive16.Lalocationd’unesallemunicipalepourunusagecultueldoitdoncs’effectueraux conditions du marché17.Inversement,unecommunenepeutrefuserdelouerunesalleàuneassociationcultuelleidentifiéecommesectaire,enl’absenced’élémentstangiblesétablissantunrisquedetroubleàl’ordrepublic18.Untelrefusconstitueraituneatteinteàla liberté de réunion etauprinciped’égalité de traitementquela
communedoitrespectervis-à-visdesassociations,partisetsyndicatsquisollicitentl’utilisationdeseslocaux19.
•Lesassociations confessionnelles peuventêtresubventionnéespourdesactivitéssociales,éducativesouculturellesoupourunprojetprésentantunintérêt public localàconditionquesoitgaranti,notammentparvoiecontractuelle,quelemontantdelasubventionestexclusivement affecté aufinancementdecesactivitésoudeceprojetetnonaufinancementdesactivitéscultuellesdel’association20.Ainsi,unecommunepeutsubventionneruneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unévénementcontribuantà l’image de marque de la ville21.Uneaidefinancièrepubliqueauxcultes,directeouindirecte,peutégalementêtrejustifiéeparlecaractèrehistorique, culturel ou traditionnel del’actionsoutenue.Enrevanche,la participation directe delacommuneàl’organisationdecélébrationsreligieusesconstitueraituneatteinteauprincipedelaïcité22.
Pour aller plus loin•Conseild’État,«Lejugeadministratifetl’expressiondesconvictionsreligieuses»,Dossiersthématiques,L’étatdudroit,novembre2014,11p.:http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Etudes-Publications/Dossiers-thematiques/Le-juge-administratif-et-l-expression-des-convictions-religieuses•CNFPT, Les Fondamentaux sur la laïcité et les collectivités territoriales,mai2015,130p.:http://www.cnfpt.fr/sites/default/files/livret_laicite.pdf•Observatoiredelalaïcité,Laïcité et collectivités locales,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/10/charte_laicite_et_collectivites_locales-octobre2015-v3.pdf
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION48
L’expressionde«laïcitéenentreprise»estinappropriéecarleprincipedelaïciténeconcernequelesinstitutionspubliques.Laquestiondelalibertéreligieuseenentrepriserelèvedudroitdutravailetnondelaloide1905surlaséparationdesÉglisesetdel’État.Leterme«entreprise»doitêtreentenduicicommetoute structure de droit privé, qu’ils’agissed’unesociétéoud’uneassociation.
LES DROITS ET OBLIGATIONS DES SALARIÉSDANS LES ENTREPRISES CLASSIQUES1
Rappelonstoutd’abordquelalibertédeconscienceconstitueundroitfondamentalgarantiparlaConstitution.Cettelibertéinclutlalibertédemanifestersareligion,commeilestprécisédansl’article9delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme.Endroitfrançaiscommeendroitcommunautaire,les restrictionsimposéesparunemployeuràcettelibertédoiventêtrerigoureusement justifiées et proportionnées : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché » (Codedutravail,L.1121-1).
Récemment,laloidu8août2016relativeautravail,àlamodernisationdudialoguesocialetàlasécurisationdesparcoursprofessionnels(diteloiTravail)aintroduitdanslecodedutravaill’articleL.1321-2-1:«Lerèglementintérieurpeutcontenirdesdispositionsinscrivantleprincipedeneutralitéetrestreignantlamanifestationdesconvictionsdessalariéssicesrestrictionssontjustifiéesparl’exerciced’autreslibertésetdroitsfondamentauxouparlesnécessitésdubonfonctionnementdel’entrepriseetsiellessontproportionnéesaubutrecherché.»LaCourdejusticedel’Unioneuropéenneaensuiteprécisédanssesarrêtslamargedemanœuvredesentreprisesfrançaisesdanslecadredelamiseenplaced’une«politiquedeneutralité».Ainsi,une«politiquedeneutralit黫àl’égarddesclients»
(etdonc,nongénéraleetabsolue)«cohérenteetsystématique»necréant«aucundésavantage»pouruneconvictionouunereligionenparticulierneserapasjugéediscriminatoire2.
Cesrestrictionspeuventêtrejustifiéeslorsquel’exercicedudroitàmanifestersareligionestincompatibleavecdesnormes d’hygiène et de sécurité ouentrave la réalisation de la mission du salarié ou les intérêts économiques de l’entreprise. Ainsi,unsalariénepeutmettreenavantsesconvictionsreligieusespoursesoustraireàunevisitemédicaleobligatoire3.Demême,laCourdecassationavalidélelicenciementd’unboucherdeconfessionmusulmanequirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc4.Enfin,lacourd’appeldeParisaautorisélefaitd’interdireàunevendeused’uncentrecommercialdeporterunvoileaumotifquecelapouvaitnuireàl’imagedel’entreprise5.
L’exerciceparlesalariédesalibertédeconsciencenedoitpasnonplusporter atteinte à celle de ses collègues ou des usagers. Ainsi,leconseildeprud’hommesdeToulouseavalidélelicenciementd’unanimateurdecentredeloisirsquilisaitlaBibleetdistribuaitauxenfantsdesprospectusenfaveurdesTémoinsdeJéhovah6.Enrevanche,lesimpleport d’un signe religieux nepeutêtreconsidéréensoicommeuneformede prosélytisme7.
Enrésumé,touterestrictiond’unelibertéfondamentaledoitêtreprécise et limitée.S’ilestpossibled’imposerdansl’entrepriselaneutralitépourcertainspostesoucertainesmissionslorsqu’elleestindifférenciéeetjustifiéeobjectivement,ilnepeutyavoirdeneutralitégénéralenideneutralitéfondée
Fichedesynthèsen° 6 Lareligionetl’entreprise
2.Arrêtsdu14mars2017,Courdejusticedel’Unioneuropéenne.LaCourdecassation,Chambresociale,areprisleraisonnementdelaCJUEdanssonarrêtn°2484du22novembre2017(13-19.855)etindiquéquelaclausedeneutralitédoitfigurerdanslerèglementintérieuroudansunenotedeservice.3.Courdecassation,Chambresociale,29mai1986.4.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.5.Courd’appeldeParis,16mars2001.6.ConseildesPrud’hommesdeToulouse,9juin1997.7. Halde,n°2009-117du06.04.09;Conseild’État,07.11.96,MlleSaglamer,n°169522;CEDH,04.12.08,Droguc.FranceetKervancic.France;CEDH,30.06.09,Aktasc.France.
1.VoirleGuidepratiquedufaitreligieuxdanslesentreprisesprivées(versionemployeurs)duministèreduTravail,del’Emploi,delaFormationprofessionnelleetduDialoguesocial,janvier2017.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 49
surdesconsidérationssubjectives.Toutelimitationnerépondantpasàcescritèrespeutêtreassimiléeàune discrimination en raison des convictions religieuses(codedutravail,L.1132-1).
LES CLIENTS PROTÉGÉS CONTRE LA DISCRIMINATION RELIGIEUSE
Siuneentreprisepeut,souscertainesconditions,restreindrelalibertédereligiondesessalariés,ellenepeutfairedemêmeavecsesclients.Lerefus de délivrer un bien ou un service en raison de la religion constitueunediscrimination,passibledetrois ans de prison et 45 000 euros d’amende,voiredecinqansdeprisonet75000eurosd’amendesilerefusdiscriminatoire« est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès »(Codepénal,225-1-1et225-2).Ainsi,lacourd’appeldeNancyacondamnélagestionnaired’ungîteruralquiavaitrefusédelouerunechambreàdeuxfemmesauprétextequ’ellesportaientlevoile8.
Dansuneaffairesimilaire,unhôtelierarefusédelouerunechambreàuneclienteaumotifquecelle-ciportaitsonvoile,enarguantquelerèglement intérieur desonétablissementinterdisaitleportde« tout signe ostentatoire d’appartenance à un parti politique ou une religion9. »Autreexemple,uneauto-écolequiavaitrefuséd’assureruneleçondeconduiteàunejeunefemmevoiléeetquiavaitégalementinscritcetteinterdictiondanssonrèglementintérieur.Danslesdeuxcas,laHaldeaconcluàunediscriminationmais,concernantl’auto-école,sonavisn’apasétésuiviparlejugequiarelaxélemisencause10.
Pour aller plus loin•Observatoiredelalaïcité,Gestion du fait religieux dans l’entreprise privée,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/07/gestion_religieux_entreprise_prive-juillet2015.pdf
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8. Courd’appeldeNancy,8octobre2008.9.Halde,délibérationn°2006-133du5juin2006.10.TribunaldegrandeinstancedeNîmes,23février2007,n°07/538,MlleFatimaSibaric.M.DidierJouanne.
•ÉdithArnoult-Brill,GabrielleSimon,Le fait religieux dans l’entreprise,LesavisduConseilÉconomique,SocialetEnvironnemental,novembre2013,90p.:http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2013/2013_25_fait_religieux_entreprise.pdf
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION50
Cetteficheprésentelesprincipauxarticlesdeloipouvantêtreexploitésparlesprofessionnelsdansleurdiscoursetleurspratiques.
Fichedesynthèsen° 7 Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître
THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Liberté de religion
«Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,même religieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordre publicétabliparlaloi.»
Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyende1789,art.10
«LaRépubliqueassurela liberté de conscience.Ellegarantitlelibre exercice des cultessouslesseulesrestrictionsédictéesci-aprèsdansl’intérêtdel’ordrepublic.»
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.1er.
«Toutepersonneadroitàla liberté de pensée, de conscience et de religion;cedroitimpliquelalibertédechangerdereligionoudeconviction,ainsiquela liberté de manifester sa religion ousaconvictionindividuellementoucollectivement,enpublicouenprivé,parleculte,l’enseignement,lespratiquesetl’accomplissementdesrites.»
Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.
Limitations de la liberté de religion
«Lalibertédemanifestersareligionousesconvictionsnepeutfairel’objetd’autresrestrictionsquecellesqui,prévues par la loi,constituentdesmesuresnécessaires,dansunesociétédémocratique,àlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.»
Respect des règles communes
«Lesdispositionsdel’article1erdelaConstitutionauxtermesdesquelles“laFranceestuneRépubliquelaïque”[…]interdisentàquiconquedeseprévaloirdesescroyancesreligieusespours’affranchir des règles communes régissantlesrelationsentrecollectivitéspubliquesetparticuliers.»
Conseilconstitutionnel,19novembre2004.
Dissimulation du visage dans l’espace public
«Nulnepeut,dansl’espacepublic,porter une tenue destinée à dissimuler son visage.[…]l’espacepublicestconstituédesvoiespubliquesainsiquedeslieuxouvertsaupublicouaffectésàunservicepublic.»
Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.
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THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Neutralité de l’État
«LaRépubliquenereconnaît,nesalarieninesubventionneaucunculte.»
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.
«LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.»
Constitutiondu4octobre1958,Préambule.
Aumôneries dans les établissements fermés
«Pourronttoutefoisêtreinscritesauxditsbudgetsdel’État,desdépartementsetdescommuneslesdépensesrelativesàdesservicesd’aumônerieetdestinéesàassurerlelibreexercicedescultesdanslesétablissementspublicstelsquelycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. »
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.
Dérogations à la loi de 1905 (Alsace-Moselle,Guyane,Mayotte,Nouvelle-Calédonie,Polynésiefrançaise,Saint-Pierre-et-Miquelon,Wallis-et-Futuna)
«EnproclamantquelaFranceestune“République…laïque”,laConstitutionn’apaspourautantentenduremettreencauselesdispositionslégislativesouréglementairesparticulièresapplicablesdansplusieurspartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitutionetrelativesàl’organisationdecertainscultes,etnotamment,àlarémunérationdeministresduculte.»
Conseilconstitutionnel,Décisionn°2012-297,QPCdu21février2013.
Devoir de neutralité des fonctionnaires
«Lefonctionnaireexercesesfonctionsavecdignité,impartialité,intégritéetprobité.«Dansl’exercicedesesfonctions,ilesttenuàl’obligationde neutralité.«Lefonctionnaireexercesesfonctionsdanslerespectduprincipedelaïcité.Àcetitre,ils’abstientnotammentdemanifester,dansl’exercicedesesfonctions,sesopinionsreligieuses.»
Loidu13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires,art.25modifiésuiteàlaloidu20avril2016relativeàladéontologieetauxdroitsetobligationsdesfonctionnaires.
Devoir de neutralité dans les services publics
«Lesprincipesdeneutralitéetdelaïcitéduservicepublicsontapplicablesàl’ensembledesservicespublics,ycomprislorsqueceux-cisontassuréspardesorganismesdedroit privé. »
Courdecassation,chambresociale,19mars2013.
Limitation de la liberté religieuse (secteur privé)
«Nulnepeutapporterauxdroitsdespersonnesetauxlibertésindividuellesetcollectivesderestrictionsquineseraientpasjustifiéesparlanaturedelatâcheàaccomplirniproportionnées aubutrecherché.»
«Lerèglementintérieurpeutcontenirdesdispositionsinscrivantleprincipedeneutralitéetrestreignantlamanifestationdesconvictionsdessalariéssicesrestrictionssontjustifiéesparl’exerciced’autreslibertésetdroitsfondamentauxouparlesnécessitésdubonfonctionnementdel’entrepriseetsiellessontproportionnéesaubutrecherché.»
Codedutravail,L.1121-1etL.1321-2-1.
Non-discrimination«Nulnepeutêtrelésé,danssontravailousonemploi,enraisondesesorigines,desesopinionsoudesescroyances.»
Constitutiondu27octobre1946,Préambule.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION52
THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Non-discrimination
«Ladiscriminationdéfinieauxarticles225-1et225-1-1,commiseàl’égardd’unepersonnephysiqueoumorale,estpuniedetroisansd’emprisonnementetde45000eurosd’amendelorsqu’elleconsiste:1)àrefuserlafournitured’unbienoud’unservice;[…]4)àsubordonner lafournitured’unbienoud’unserviceàuneconditionfondéesurl’undesélémentsvisésàl’article225-1ouprévueàl’article225-1-1;[…]Lorsquelerefusdiscriminatoireprévuau1°estcommisdansunlieu accueillant du publicouauxfinsd’eninterdirel’accès,lespeinessontportéesàcinqansd’emprisonnementetà75000eurosd’amende.»
Codepénal,225-2.
Laïcité de l’enseignement public
«Leservicepublicdel’enseignementsupérieurestlaïqueetindépendantdetouteemprisepolitique,économique,religieuseouidéologique;iltendàl’objectivitédusavoir;ilrespecteladiversitédesopinions.Ildoitgarantiràl’enseignementetàlarechercheleurspossibilitésdelibredéveloppementscientifique,créateuretcritique.»
Codedel’éducation,L.141-6.
Interdiction du port de signes religieux par les élèves
«Danslesécoles, les collèges et les lycées publics,leportdesignesoutenuesparlesquelslesélèvesmanifestentostensiblementuneappartenancereligieuseestinterdit.Lerèglementintérieurrappellequelamiseenœuvred’uneprocéduredisciplinaireestprécédéed’undialogueavecl’élève.»
Codedel’éducation,L.141-5-1.
Restriction possible du port de signes religieux par les parents accompagnant les sorties scolaires
«Lesexigencesliéesaubonfonctionnementduservicepublicdel’éducationpeuventconduirel’autoritécompétente[chefd’établissement],s’agissantdesparentsquiparticipentàdesdéplacementsoudesactivitésscolaires,àrecommanderdes’abstenirdemanifesterleurappartenanceouleurscroyancesreligieuses.»
Étudeadoptéeparl’assembléegénéraleduConseild’Étatle19décembre2013,àlademandeduDéfenseurdesdroits.
Fichedesynthèsen°7Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 53
Lalaïcitéestunprincipejuridico-politiquedeséparationdupouvoirpolitiqueetdupouvoirreligieux.Ainsi,« la laïcité est définie par l’ensemble des textes de loi qui font le droit français des religions, éclairé par la jurisprudence1.»Onpeuttoutefoisaffirmerquelalaïcitéreposesurdeuxpiliers:lalibertédereligionetlaneutralitédel’État.
LA LIBERTÉ DE RELIGIONElleenglobelalibertédeconscienceetlaliberté
deculte.Elleinclutenoutreledroit de manifester sa religion, enportantdessignesreligieux(laissantlevisagedécouvert)ouenparticipantàdesmanifestationsreligieusesdansl’espacepublic.L’Étatpeuttoutefoislimiter cette libertépourdesmotifsliésàlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui2.Parailleurs,lescitoyensnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieusespours’affranchir de la loioudesrèglements.
Ledroitdemanifestersareligionpeutégalementêtrelimitéparl’employeur.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisaudevoir de neutralité. Danslesecteurprivé,ledroitdemanifestersareligionpeutêtrerestreintpourdesraisonsdesécuritéoud’hygiène,ousil’exercicedecedroitparlesalariéentraveourendimpossiblelaréalisationdesamission.Cependant,toute restriction de cette nature doit être précise et limitée. Ilnesauraityavoird’interdictiongénéraleetabsoluedemanifestersareligiondansuneentreprise.Touterestrictionnonjustifiéeconstitueunediscrimination religieuse.Ilenvademêmepourtoutrefusdedélivrerunbienouunserviceenraisondelareligion.
LA NEUTRALITÉ DE L’ÉTAT Enpremierlieu,lespouvoirspublicsnepeuvent
salarierlesministresdescultes3, sauf dans les établissements fermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons4)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.Lespouvoirspublicsnepeuventpasnonplussubventionnerlesactivitésreligieusesdesassociationscultuelles,enleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementpourl’exercicepublicduculte.Cesinterdictionsn’empêchenttoutefoispasl’Étatoulescollectivitésterritorialesdedialogueraveclesacteursreligieux.
Laneutralitédel’États’appliqueaussiauxbâtiments publics, quidoiventêtreviergesdetoutsignereligieux.Enfin,lesfonctionnairesnepeuventlaissertransparaîtreleursconvictionsreligieusesparleurtenueouleurcomportement.Cedevoir de neutralités’imposeàtouslesagentsdestroisfonctionspubliques,quelquesoitleurstatut,ainsiqu’auxsalariésdesstructuresexerçantune mission de service public. L’interdictiondeporterdessignesreligieuxconcerneégalementlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics.
Fichedesynthèsen° 8 Droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir
3. SaufenAlsace-Moselleetdanscertainsterritoiresd’Outre-Mer(cfdérogationsàlaloide1905danslafichedesynthèsen°5).4. Ils’agitdesaumôneriesprévuesàl’article2delaloide1905.
1.OlivierRoy,La laïcité face à l’islam,Stock,2005.2.Article9delaConventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales;adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 55
Séquence5Analyse des situations professionnelles5
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P. 56 Fiche formateur n°6
Jour1Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION56
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàcontextualiseretàréfléchirà
dessituationsdéjàvécuesparlesparticipantsenlienaveclesujetdelalaïcité.L’objectifestd’amenerlesparticipantsàsequestionneretàprendreconsciencedelanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’identifierlesréponseslesplusadéquates.Leprincipedelaïciténedoitpasêtreinvoquésystématiquement,aurisqued’arriveràdesdérivesetàcristalliserdessituationsautourdeladimensionreligieusealorsquel’usaged’autresprincipespeutêtrejudicieux(civilité,respect…).Lebutestquelesparticipantsseprojettentdansunesituationréelleetqu’ilsréfléchissentauxréactionsetargumentairesàtenir.
SITUATIONVousdemandezauxparticipantsdeciterdemanière
succinte(enuneoudeuxphrases),lessituationsqu’ilsontpurencontrerenlienaveclalaïcité.
Àpartirdecespropositions,vousconduisezlegroupeàchoisirdefaçoncollégiale3situations,émanantdeparticipantsdifférents,surlesquellesilssouhaitenttravailler.Lechoixpeutêtreopéréenfonctiondelacomplexitéperçuedelasituation,del’originalitéparrapportauxcasdéjàévoquésenformationetdeladiversitédescontextesetenjeuxdechacunedessituationsévoquées.
Lestroissituationschoisiessontensuitedécritesàl’ensembledesparticipantsdefaçondétailléeetfactuelle(enévitanttouteopinion,sentiment,jugementdevaleuretensebasantparexemplesurlemodèle«qui,quand,quoi,où,comment»).Aucunepistedesolutionn’estdonnée,seulelasituation
dedépartestdécrite.Desquestionsdeprécision/compréhensionpeuventêtreposéesparlesparticipantsavantdecommencerl’analyseensous-groupe.
Vousdivisezensuitelesparticipantsen3sous-groupesA,BetC,autourdes3porteursd’unesituationchoisie.
VousinscrivezlestroissituationsA,BetCsurdesenveloppes(unesituationparenveloppe).
Vousdistribuezensuitel’enveloppeAaugroupeB;l’enveloppeBaugroupeCetl’enveloppeCaugroupeA.
DÉROULEMENT•chaque groupe travaille sur une situation,trouve
sespistesderésolutionetlesnotesurunefeuilleblancheA4qu’ildéposeensuitedansl’enveloppe«Situation».
•au bout de 20 minutes, changement d’enveloppe :vousremettezl’enveloppeAaugroupeC,l’enveloppeBaugroupeAetl’enveloppeCaugroupeB.Chaquegroupetraiteainsilessituationsdesautresetapportedesélémentssansvoirlesréponsesdesautresgroupes.
Danscetexercice,vousêteslegardiendutempsetêtesvigilantàcequelesdifférentsgroupesrespectentbienlesconsignes(pasdejugementsdevaleur,pasdeconsultationdesréponsesdesautresgroupes,etc.).Vouspouvezlaisserlesfichesjuridiquesutiliséesàlaséquence4àladispositiondesparticipantss’ilssouhaitents’yréférer,toutenprécisantquelesréponsesàapporteràlasituationnesontpasforcémentd’ordrelégal.
20min:descriptionetchoixdessituations60min:jeuxdesenveloppes40min:restitutionetdébatenplénière
Ficheformateurn° 6Jeudesenveloppes
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 57
• Lors de la troisième et dernière séquence de 20 minutes,chaquegrouperetrouvelasituationinitialementproposéeparl’undesesmembres.Ilouvrel’enveloppecomportantlesréponsesapportéesparlesdeuxautresgroupesetsélectionnelessolutionsluisemblantlespluspertinentes.Leschoixdoiventêtrejustifiés(causesprésuméesdelasituation,arbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,explicationetargumentsinvoqués,impactsprévisibles,questionsquecelaasoulevées).
Autermedel’exercice,desapportssontdonnéssurlanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’évitertoutedérive.Enprenantdureculetenévitantdesefocalisersurununiqueaspectfacilementappréhendable,ilestpossibled’identifierd’autresmoteursdel’actionquelasimpleoppositionauprincipedelaïcité;lecomportementdesoninterlocuteurpeutêtremotivépardifférentesdimensions:personnelles,sociales,éducatives,culturelles,etc.Seuleuneanalysefinedelasituation
permetd’identifierlaposturelaplusadéquateàadopteretlesargumentslespluspertinentsàavancer(cadrejuridique,règlementintérieur,règlesdesavoir-vivreensemble,dialogue/sanction…).
Vousindiquerezauxparticipantsdeconserverlesélémentsdecesanalysesainsiquelessolutionsenvisagéescarilsserontdenouveauutiliséslelendemaindanslecadredesjeuxderôlesorganisésàlaséquence8.
FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèses:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.
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20minutes20minutes
20minutes
GROUPE A
GROUPE BGROUPE C
SITUATION
C
SITUATION
ASITUATION
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION58
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 59
Séquence6Autopositionnement
630 min
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P. 60 Fiche formateur n° 7P. 61 Fiche stagiaire ressource n° 3 : quizP. 62 Fiche stagiaire corrigée n° 3 : quiz
Matin
Jour2
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION60
MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvrelasecondejournéede
formationetviseàrepérercequelesparticipantsontassimiléounondelaprécédentejournée.Elleestunappuiauxrestitutions,débatsetréflexionsindividuellesoucollectivesmenéslaveille.
Cette séquence a une triple finalité :• vérifier l’acquisitiondenouvellesnotions;• identifierlespointsdedifficultéou
lesincompréhensionssubsistantàl’issuedelapremièrejournée,cequipermetd’apporterlesprécisionsetcomplémentsnécessairespourétabliruncadrederéférencepartagé;
• permettre auxparticipantsd’établirunbilanpersonneletdesepositionnerparrapportàlaquestiondelalaïcité.
Cetteséquencepermetainsiderepérerlesbesoinsd’approfondissementdesparticipantsetdepercevoirl’évolutionounondeleursreprésentationsparrapportàlaquestiondelalaïcité.
SITUATIONAprèsunrapiderappeldesséquencesabordées
laveille,vousdistribuezlequizd’autopositionnementauxparticipantsafinqu’ilslecomplètentindividuellement.Lesréponsessontprésentéesenplénièreetouvrentl’échangeafindepréciserlesdifférentesnotions.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°3etfichestagiaire
corrigéen°3:quiz
•Fichesdesynthèse:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandes
dates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/aux
usagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.
5mindequiz,25mindedébriefingetd’échangesenplénière
Ficheformateurn° 7Autopositionnement
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eFichestagiaireressourcen° 3:quizd’autopositionnement
5mind’exercice
CONTENUVRAI FAUX
1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic
2 Êtrelaïque,c’estêtreathée
3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années
4Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel
5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle
6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle
7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité
8
Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens
9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme
10
Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION62
Fichestagiairecorrigéen° 3:quizd’autopositionnement
25mindedébriefing
VRAI FAUX
1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic
2 Êtrelaïque,c’estêtreathée
3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années
4 Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel
5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle
6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle
7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité
8
Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens
9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme
10
Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics
1 Dansl’espacepublicetdanslesservicespublics,lalibertéd’expressiondesconvictionsreligieuses
pourlesusagersetlescitoyensestlarègle,ycomprisparleportd’unetenuevestimentaireoudesignesreligieuxvisiblesconformesàdespréceptesdenatureconfessionnelle(saufdissimulationduvisage).Unusagerpeutdoncserendreàlamairieoudansunéquipementpublicenportantunsignereligieux.
2L’adjectiflaïquedésignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieuses
etpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligionpuisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Ellen’estpasnonplusunecroyancemaisleprincipequirendpossiblelacoexistencedetouteslescroyances.Onlevoit,onpeutêtreathéeetnon-laïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 63
3L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes
controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrumentdepaixcivile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu9décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.
4Ilestpossiblededemanderàunepersonne,quiestagentpublicousalariéededroitprivéexerçant
unemissiondeservicepublic,deretirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel.Danslesentreprisesprivéesn’exerçantaucunemissiondeservicepublic,lalibertéreligieuseestlarègle.Lamanifestationdesconvictionsreligieusespeutêtrelimitéeparlerèglementintérieur,silanaturedelatâcheàaccomplirlejustifieetàconditionquelalimitationsoitproportionnéeaubutrecherché.
5 Lalaïcitépréservelalibertédeconscienceetdereligionetgarantitlelibreexercicedescultes,
quisupposelaprotectiondenombreuseslibertésfondamentales:
• la liberté de réunion :lesréunionscultuellessontconsidéréescommepubliques,maisdispenséesdesformalitésdedéclarationdelaloidu30juin1881;
• la liberté de manifester publiquement:lescérémonies,processionsetmanifestationsextérieuressontpossibles;
• la liberté d’association :lesmouvementsreligieuxpeuventseregroupersousformeassociative.L’Étatmetàdispositiondesstructuresjuridiquesdédiées:associationsclassiquesloi1901,associationsspécifiques,cultuelles(loi1905);
• la liberté d’exercer un culte :ceuxquiempêchentouretardentl’exerciceducultepardestroublesetdesdésordressontsanctionnés;
• la libre disposition de locaux adaptés :lescultesdoiventdisposerdeslieuxetobjetsnécessairesauxcélébrationspubliquesd’unculte.
6LaRépubliquenereconnaîtaucunculte,nesalarieaucunculte,nesubventionneaucun
culte.Ellenepeutpassubventionnerdesactivitésreligieusesenleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementouàtarifpréférentiel.Souscertainesconditions,l’Étatpeuttoutefoisfinancer/subventionner:
• la construction d’un édifice à vocation cultuelleetculturelleautitredesactivitésculturelles.Lasubventionpeutfinancerl’activitéculturelleàconditionque:-lelieusoitouvertàtous(estainsijustifiélecaractèred’intérêtgénéraloulocalduprojet),-unpartagecomptablenetentrecequirelèveducultueletcequirelèveduculturelsoitmisenplace,ainsiqueladistinctiondesresponsablesdesassociationsrespectives;
• les établissements privés sous contrat d’associationavecl’État(loiDebréde1959etlaloiCarlede2009).Cedernierleuraccordeuneaidefinancière,encontrepartie:-lesprogrammesdoiventêtrelesmêmesquedansl’enseignementpublic,-l’enseignementreligieuxn’estpasobligatoire;-lesenfantsnepartageantpaslamêmereligionquel’établissementnepeuventpasêtrerefusés;
• les ministres des cultes, uniquementdanslesétablissementsfermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.
7 Lesservicespublicssontneutres:ilsnepeuventêtreassurésdefaçondifférenciéeenfonction
desconvictionsreligieusesdesusagers.C’estuneconséquencedirecteduprinciped’égalitédevantlaloi,dontlecorollaireestlaneutralité.Cesseraitd’êtreneutrel’Étatquipourraitlaisseràpenserauxusagersduservicepublicqu’ilétablitdesdistinctions,voiredespréférences,selonlesopinionsreligieuses. w
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION64
Fichestagiairecorrigéen° 3:Quizd’autopositionnement
8Leprincipedeneutralitéduservicepublicinterditauxfonctionnairesdemanifesterleurscroyances
politiques,religieusesouphilosophiquesdansl’exercicedeleursfonctions,quecesoitparleurtenueouleurcomportement(art.25delaloidu13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires).Cetterègle,dontlatransgressionconstitueunefauteprofessionnelle,estvalablepourtouslessalariésdesorganismeschargésd’unemissiondeservicepublic,ycomprislorsquecesorganismesrelèventdudroitprivé(Courdecassation,9mars2013).
9LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour
tenter d’imposer ses idées ».Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme fautif. »Cependant,leprosélytismeexcessifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnelouauprèsdesmineurs.
10« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les
élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »Codedel’éducation,L.141-5-1.Afindepréserverl’écolepubliquedesrevendicationsidentitairesetcommunautaires,dansceservicepublicparticulierpuisqu’ilaccueilleunpublicvulnérabledontlelibrearbitredoitêtreconforté,laloidu15mars2004interditlessignesoutenuesdontleportconduitàsefaireimmédiatementreconnaîtreparsonappartenancereligieuse,telsquelevoileislamique,lakippa,unecroixdedimensionimportanteouleturbansikh.Le respect des croyances des élèves
et de leurs parents implique donc dans les écoles publiques :
•l’absenced’instructionreligieusedanslesprogrammes,
•laneutralitédupersonnel,•l’interdictionduportdesignesreligieuxostensibles
parlesélèves,•l’interdictionduprosélytisme.
FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèse:
-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/
auxusagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.
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Séquence7Argumentation7
60 min
P. 66 Fiche formateur n° 8 P. 67 Fiche stagiaire ressource n° 4 : études de casP. 71 Fiche stagiaire corrigé n° 4 : études de cas P. 93 Fiche de synthèse n° 9 : la laïcité expliquée
à mes collègues/aux usagersP. 95 Fiche de synthèse n° 10 : les dix messages clés
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66 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION
MISE EN CONTEXTE Laséquenceviseàcequelesparticipantssachent
quelsargumentsinvoquerenfonctiondessituationsmettantlaquestiondelalaïcitéaucentredudébat.Ens’appuyantsurlespointsabordésdanslesprécédentesséquences,lesparticipantspourrontmettreenpratiqueunedémarched’analyseprécisedessituations.Ilspourronttraiterlessituationsenprenantlahauteurnécessairepourbiencernerlecontexteetlesmobilesdesdemandes/revendicationsdesprotagonistes.Cettecompréhensionleurpermettrad’élargirleurchampdespossiblesentermesderéponseàapporter.
L’objectifpourlesparticipantsestdeprendreconsciencequelemotifreligieuxénoncédeprimeabord,soitdanslespropos,soitparleportd’effetsreligieux,n’estpastoujourslaraisondelademande.Ilconvientalorsdenepasbrandirsystématiquementleprincipedelaïcitécarilnefaitpasforcémentéchoauxpréoccupationsréellesdesinterlocuteurs.Parailleurs,cetabusrisquedecristalliserlessituationsetd’envoyerlemessagequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.
Laséquencepermetainsidecomprendrecommentéviterlacrispationautourdelaquestionreligieuseetlaposturededéfiancequirisqueraientdeconduireàunerupturededialogueetàunesituationconflictuelle.
SITUATIONÀpartirdelabanquedecasréelsoufictifs,
voussélectionnezunesituationpourchaquesous-groupequevousavezconstitué.Cechoixestopéréenfonctionduprofildesparticipantsetdelanaturedeséchangesquiontprésidédurantlaformation.Vousinvitezlesparticipantsàconstruireunargumentairedestinéàpromouvoiretàexpliquerdemanièrepédagogiquelemessageàtenirdanslasituationdonnée.Lesgroupesprésenterontensuiteleurargumentaireenplénièreenindiquantlesélémentsdecontextequ’ilsontprisencomptepourarbitrerentrelesdifférentsargumentsàavancer.
Deséchangesentrelesparticipantssuivrontlesprésentationsetvouslesinciterezàréinterrogerlasituation,àlaregardersousunautreangleafindeleurpermettred’appréhenderlasituationsousdesjoursnouveaux,l’idéeétantdelesameneràenvisagerd’autrestypesderéponsequeceuxénoncésspontanément.
Àl’issuedeséchanges,vousapporterezdeséclairagescomplémentairessurl’analysedelasituationetlesoptionsquiseprésentaient.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°4etfichestagiaire
corrigéen°4:étudedecas•Fichesdesynthèse:
-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers
-n°10:laïcité:les10messagesclés
20mind’exercice,40mindedébriefing
Ficheformateurn° 8Constructiond’unargumentaire
67KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
20 mind’exercice,40mindedébriefing
Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas
Situation n° 1 : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,«commeleveutlatraditionmusulmane».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaîtpersonnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.
Quefaites-vous?
Situation n° 2 : vousêtesencadranttechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtéechaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoutoutautrealimentnoncasher.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.
Quefaites-vous?
Situation n° 3 :vousêtesanimatricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane ».Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.
Quefaites-vous?
Situation n° 4 :vousêtesdirectriced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».
Quefaites-vous?
Situation n° 5 : vousêtesenseignantd’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.
Quefaites-vous?
Situation n° 6 : vousêteséducateurdeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé.Marco,unrésident,vousademandédeluiprocurerunexemplairedelaBible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangélique.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque « le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.
Quefaites-vous? w
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION68
Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas
Situation n° 7 :vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Orcetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.
Quefaites-vous?
Situation n° 8 :vousêtesdirectriced’uneassociationœuvrantdanslechampdespolitiquesjeunesseetavezrécemmentembauchéunejeunefemmevoiléesurunposted’accueiletd’orientation.Cechoixneplaîtpasàtoutlemonde.
Unepartiedessalariéspensequevousavezrecrutécettefemmepouréviterd’êtresoupçonné-edediscrimination.Ilsestimentquelevoilen’apassaplacedansuneassociationlaïque.Certainsusagerspartagentcetteopinionetrefusentd’êtrereçusparcettesalariéeaunomdela«laïcité».
Quefaites-vous?
Situation n° 9 : vousêtesdirecteurd’uncentresocialassociatifoùalieuuncoursdehip-hop,lesamedide16hà17h30.Dixjeunesparticipentàcetatelier:septsontd’obédiencemusulmaneetquatred’entreeuxpratiquentleramadan.Ilsdemandentàdécalerl’activitéaprèslarupturedujeûne,de21hà22h30,etce,pendantunmois.Vousêtessollicité-epourarbitrer.
Quefaites-vous?
Situation n° 10 : agentd’étatcivildansunemairie,vousêtesaffecté-eauservicedestitresd’identité.Votreguichetestéquipéd’unpetitappareildestinéàprendrelesphotosnécessairesàl’établissementdespasseportsoudescartesd’identité.Lesusagersontlechoixdesefaireprendreenphotoauguichetoud’amenerunephotoconformeauxnormesenvigueur.
Unhommecoifféd’unturbansikhseprésenteàvouspourdéposerunedemandedepasseportbiométrique.Laphotod’identitéqu’ilaamenéen’estpasauxnormescarellelemontrecoiffédesonturban.Orla
têtedoitêtredécouvertepourquelaphotosoitvalable.Vousproposezdoncàcemonsieurdeprendre
vous-mêmelaphoto,enprécisantqu’ildoitenleversonturban.L’hommerefuse,arguantqueceseraitundéshonneurpourluicarc’estcontraireàsareligion.Quefaites-vous?
Situation n° 11 :vousêtesagentd’accueilàPôleemploi.Unusagerseprésentedansvotreagencepourunpremierentretien.Quandilcomprendqu’ilvaêtrereçuparuneconseillère,ilvientvousvoiretdemandeàêtrereçuparunconseiller,enarguantquesareligionluiinterditd’êtreseuldansunepièceavecunefemme.
Quefaites-vous?
Situation n° 12 : vousêtesagentd’accueildansuncentredelaProtectionmaternelleinfantile(PMI),quiestunserviceduConseildépartemental.Danslasalled’attente,lesilenceestsoudainementrompuparunappelàlaprièrediffuséparletéléphoneportabled’unusager.
Quefaites-vous?
Situation n°13 : Vousêtesagentdedéveloppementrattachéauservicepolitiquedelavilled’unemairie.Entreautresmissions,vousêteschargédel’animationduconseilcitoyen.Unefemme,membredecetteinstance,vientauxréunionsenportantautourducouunecroixassezimposante.Danssesinterventions,ellefaitparfoisréférenceàDieuouauxvaleurschrétiennes.Celadéranged’autresmembres,quivoientcetteattitudecommeunmanquementauxvaleursdeneutralitéetdelaïcitéquedoiventrespecterlesconseilscitoyens.Quefaites-vous?
Situation n°14 : Vousêtesdirectriced’uneassociationquis’estdonnéepourmissiond’accompagnerdespersonnesensituationdehandicapdansleursdéplacementsquotidiens.Récemment,unbénéficiaireademandéàserendredansunlieudecultepourparticiperàunecérémoniereligieuse,cequin’étaitjamaisarrivéauparavant.Lebénévolequidevaitl’accompagnerarefusédelefaireeninvoquantleprincipedelaïcité.Quefaites-vous?
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 69
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Situation n°15 : Vousentraînezuneéquipeauseind’unclubdefootballamateuretlaïque,composéeenmajoritéd’adolescentsdeculturemusulmane.Parmieux,certainsvousdemandentdelesaccompagneràlamosquéeavantchaquematchàl’extérieur.Deplus,lorsdesmatchsàdomicile,ilsdemandentauxjoueursnon-musulmansdesortirduvestiaireafindepouvoiryprier.Quefaites-vous?
Situation n°16 : Vousêteschargéeparlepréfetd’organiserrégulièrementdescérémoniesderemisedescontratsd’accueiletd’intégrationauxressortissantsétrangers.Cettecérémonieseconcluttraditionnellementparunbuffetconvivial.Or,laprochainecérémonieauralieupendantlapériodederamadanetavantlarupturedujeûne,sibienquelesmusulmanspratiquantsnepourrontprofiterdubuffet.Quefaites-vous?
Situation n°17 : Vousvousapprêtezàanimeruneformationdeniveau3danslecadreduplan«ValeursdelaRépubliqueetlaïcité».Lesparticipantss’installent.L’und’euxdépliedevantluiunordinateurportablesurlequelestposéungrandautocollantdisant«Avorter,c’esttuerunenfantdeDieu».Lesautresparticipantsleremarquentetlecommententenaparté.Leurexpressionscandaliséeetlesregardsqu’ilsvouslancentmontrentqu’ilsattendentdevousuneréaction.Quefaites-vous?
Situation n°18 : Vousentraînezuneéquipefémininedevolley-ball.Lepèredel’unedevosjoueusesvientvousdemanderquesafilledequatorzeansjouedésormaisenpantalonetnonenshort,commel’imposelaFédérationFrançaisedeVolley-ballencompétition,afinderespecterla«décence»queluiimposesareligion.L’adolescente,quiaccompagnesonpère,estmanifestementendésaccordaveclarequêtedecedernier.Quefaites-vous?
Situation n°19 : Vousentraînezuneéquipedeminimesdansunclubdebasket.Àlafin
d’unentraînement,desparentsvenuschercherleursenfantsviennentvousvoiretdemandentàvousparlerenaparté.Ilssontinquietscarilsontentendudirequelepèred’Enzoallaitfairepartiedesparentsaccompagnantleprochaindéplacementdel’équipe,samediprochain.Or,vousapprennent-ils,cethommeestTémoindeJéhovah.Ilscraignentqu’ilneprofitedecedéplacementpourfaireduprosélytisme.Quefaites-vous?
Situation n°20 : Vousentraînezuneéquipedecadets(13-14ans)dansunclubdefootball.Parmivosjoueurs,quatrefontleramadan,c’est-à-direqu’ilsjeûnenttotalementduleveraucoucherdusoleilpendantunmois.Toutefois,ilssouhaitentcontinueràs’entraîneretàjouerlesmatchsdecompétition.Voushésitezàlestitulariser1,craignantqu’ilsnesoienttropfaiblespourdisputerunerencontre.Enmêmetemps,vousnevoulezpasqu’ilssesententmisàl’écart.Quefaites-vous?
Situation n°21 :Vousprésidezunclubdefootballamateuretvousorganisez,commechaqueannée,untournoiréunissantdeséquipesvenantdedifférentspayseuropéens.L’équipebritannique,quicompteplusieursjoueursmusulmans,demandes’ilestpossibledeprierdanslesvestiairesavantlematch,commeellelefaitchezelle.Deplus,l’entraîneuretcertainsjoueursportentunturbansikh.Or,dansvotreclub,toutemanifestationpolitiqueoureligieuseestproscrite(c’estspécifiédansvosstatuts).Quefaites-vous?
Parailleurs,lesjoueursdevotreclubfontremarquerquelesAnglaisontl’airbeaucouppluslibresdepratiquerleurreligionetdemandentpourquoiilyaautantderestrictionsenFrance.Queleurrépondez-vous?
Situation n°22 : Vousêtesresponsableduservicedessportsdansunecommune.VivaSports,uneassociationdequartier,demandel’ouvertured’uncréneauhorairenon-mixteàlapiscinemunicipale.Eneffet,unedizaine
1.Titulariserunjoueurpourunmatchsignifieleplacerparmilesonzequidébuterontlematch.Ceuxquinesontpastitulairessontremplaçants.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION70
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION70
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deleursadhérentesaimeraits’initieràlanatationmaisn’envisagepas,pourdesraisonspersonnelles,religieuseset/ouculturelles,desemontrerentenuesdebainenprésenced’hommes.Querépondez-vousàcetteassociation?
Situation n°23 :Vousêtesresponsabled’unserviced’accueildupublicdansuneadministration.Undevosagentssouhaitenepastravaillerlesvendredisaprès-midiafindepouvoirserendreàlamosquée.Jusqu’ici,vousaveztoujoursacceptéd’aménagersontempsdetravailpourqu’ilpuisseselibérersurcettedemi-journéemaisilvousdemandedepérennisercetarrangement,cequevousnesouhaitezpasfairecarl’affluenceestimportantelesvendredisaprès-midietvousvoulezvouslaisserlapossibilitédelemobiliseràcemoment-là.Votreagentseplaintdediscrimination.Quefaites-vous?
Situation n°24 :Vousdirigezdepuispeuuncentreéducatiffermé.Ils’agitd’unestructurealternativeàl’incarcérationaccueillantdesmineursmultirécidivistesetrattachéeauministèredelaJusticeouhabilitéeparlui.Vousdécouvrezquelacantineducentreproposedeuxmenus,l’unnon-confessionnel,l’autrehalal.Cesecondmenu,misenplacepourrépondreausouhaitdecertainspensionnaires,estégalementserviàunepartiedesagentsquienontfaitlademande.Vousvousdemandezsicettepratiqueestcompatibleavecleurobligationdeneutralité.Qu’enest-il?
Situation°25 :(Outre-Mer)Vousfaitesvotrepremièrerentréedesclassesentantqueproviseurdansunlycéeréunionnais.Parmilesélèves,vousconstatezqueplusieursfillesarborentunpetitpointrougeaumilieudufront.Aprèsrenseignement,vousapprenezqu’ils’agitd’un«bindi»,ou«troisièmeœildeVishnou»,traditionnellementportéparlesfemmeshindoues.S’agissantd’unsignereligieux,vousestimezqu’iln’apassaplacedansunlycéepublicmaisvoscollèguespensentqu’iln’estpasostensibleetqu’ilseraitdetoutefaçondélicatdel’interdire,étantdonnéslesusagesdel’importantecommunautéhindouevivantsurl’île.
Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas
Situation n°26 : (Outre-Mer)Vousanimez,danslecadreduPREFOB,desateliersd’apprentissagedelalanguefrançaiseetdessavoirsdebase.Cettesemaine,vousorganisezpourvosstagiairesunevisiteduMuséedel’EspacedeKourou,suivied’unatelierpermettantd’appréhenderlesnotionsdebaseetlevocabulaireassociéàl’originedel’Hommeetdel’univers.Plusieursstagiairesobjectentquel’Hommeetl’universontétécréésparDieu,«commeilestécritdanslaBible».Quefaites-vous?
Situation n°27 : (Outre-Mer)Vousêtesproviseured’ungrandlycéeetêtesentraind’organiserlesépreuvesdubacblanc.Pourl’orald’anglais,quiaétéfixéunsamedimatin,vousavezbesoindetouslesprofesseursdecettediscipline.Or,l’und’euxestdeconfessionadventisteetnesouhaitepastravaillerlesamedi,conformémentàsareligionquiimposeàsesfidèleslereposdusabbat(duvendredisoirausamedisoir),commeill’expliquerégulièrementàquiveutl’entendre.Quefaites-vous?
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20 mind’exercice,40mindedébriefing
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TABLE DES MATIÈRESCas n° 1 : demande urgente d’inhumation.............................71Cas n° 2 : une loubavitch en cuisine.................................................72Cas n° 3 : menu végétarien à la cantine.....................................73Cas n° 4 : le cochon grillé de la discorde................................... 74 Cas n° 5 : demande de dispense d’enseignement............................................................................................................... 74Cas n° 6 : demande d’une bible par un mineur en situation d’enfermement.......................................................................75Cas n° 7 : cours de gospel dans une salle municipale...............................................................................................................................76Cas n°8 : recrutement d’une femme voilée à un poste d’accueil dans une association............................77Cas n°9 : demande d’aménagement horaire d’une activité pendant le ramadan.................................................78Cas n°10 : un homme refuse de se découvrir la tête pour la photo nécessaire à l’établissement de son passeport biométrique..................................................................79Cas n°11 : un usager refuse d’être reçu par une femme.............................................................................................................................................79Cas n°12 : un usager laisse sonner un appel à la prière dans une salle d’attente................................................80Cas n° 13 : port d’un signe religieux dans un conseil citoyen.........................................................................................................81
CAS N° 1 DEMANDE URGENTE D’INHUMATION Contexte :mairieDomaine :policedesfunéraillesNotion associée :primautédelaloirépublicainesurlaloireligieuseSituation : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,« comme le veut la tradition musulmane ».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaît
Cas n° 14 : activité d’une association en lien avec des pratiques religieuses...................................................................81Cas n° 15 : prières avant un match de football................82Cas n° 16 : organisation d’une cérémonie officielle pendant le ramadan.................................................................83 Cas n° 17 : autocollant antiavortement dans une formation « Valeurs de la République et laïcité »....83Cas n° 18 : un père refuse que sa fille joue au volley en short.........................................................................................................84Cas n° 19 : parent témoin de Jéhovah accompagnant un déplacement sportif..................................85Cas n°20 : joueurs de foot faisant le ramadan...............86Cas n°21 : manifestations religieuses lors d’un tournoi sportif international....................................................87Cas n°22 : projet de cours de natation non mixte dans une piscine municipale..................................................................88 Cas n°23 : aménagement du temps de travail pour raisons religieuses......................................................................................89 Cas n°24 : nourriture confessionnelle dans un centre éducatif fermé.................................................................................89Cas n°25 : le bindi des lycéennes..........................................................90Cas n°26 : des propos créationnistes durant une formation publique.....................................................................................91Cas n°27 : bac blanc le jour du sabbat............................................92
personnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.Quefaites-vous?Décryptage
Cettesituationmetenscèneunconflitentreuneloireligieuseetlaloirépublicaine.Pourdesraisonsmédico-légales,laloiinterditd’inhumerundéfuntmoinsdevingt-quatreheuresaprèssondécès.Iln’estpaspossiblededérogeràcetteobligationpourunmotifreligieuxcarlaloirépublicaineprimetoujourslaloireligieuse.Leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances
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chaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoutoutautrealimentnoncasher.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.Quefaites-vous?Décryptage
Lesentreprisesd’insertion(EI)sontdesopérateursquiemploientdespersonnesendifficulté,toutenleurproposantdesprestations(formation,accompagnementsocial…)visantàfaciliterleurinsertionsurlemarchédutravail.LesEIpeuventprendredifférentesformesjuridiques(association,SARL…)etbénéficientgénéralementdesubventionspubliques.Ellesexercentunemission d’intérêt général etnonunemissiondeservicepublic.Leurssalariésnesontdoncpassoumisaudevoirdeneutralitéetpeuventaprioriexercerleurlibertédereligion,àconditionquecelle-cin’entrave pas la réalisation de leur mission. Ici,lasalariéenesouhaiteplus,pourdesraisonsreligieuses,préparerdeplatsàbasedeporcoutoutautrealimentnoncasher,nitravaillerlesamedi.Elle refuse donc d’exécuter une partie de la missionpourlaquelleelleaétéembauchée.Dansunrestaurantspécialisédanslacuisinedeterroir,onpeutsupposerquel’usaged’alimentsnoncashersestrelativementfréquent.Demême,lesamediestlejouroùl’affluenceestlaplusforte,cequinécessitelaprésencedetoutlepersonnel.Lesexigencesdecettesalariéenesontdoncpas compatibles avec le bon fonctionnement du restaurant etpourraientjustifierunerupture du contrat de travail. Dansuncassimilaire,laCourdecassationaeneffetvalidélelicenciementd’unbouchermusulmanquirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc3.
Toutefois,uneentreprised’insertionnepeutgérersonpersonneluniquementenfonctiond’impératifs productifs. Elleestcenséeaccompagnerchaquesalariédanssonparcoursd’insertion,enétantattentive à ses besoins et à ses progrès.Ici,lajeunefemmerécemmentconvertieagagné
religieuses pours’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers1. »Silamairieacceptaitlademandedecemonsieur,elleencourraitunecondamnation.
Devantvotrerefus,l’usagertentedefairepressionsurvouseninvoquantunéluqu’ilconnaît,puisendemandantàcedernierd’intercéder.Or,cetélun’estpasfondéàvousdonnerdesordres,puisqu’iln’estpasvotresupérieurhiérarchique.Deplus, vous ne pourriez exécuter un ordre illégal.Eneffet,selonlaloiLePors:«Toutfonctionnaire,quelquesoitsonrangdanslahiérarchie,estresponsabledel’exécutiondestâchesquiluisontconfiées.Ildoitseconformerauxinstructionsdesonsupérieurhiérarchique,saufdanslecasoùl’ordredonnéestmanifestementillégaletdenatureàcompromettregravementunintérêtpublic2. »Pistes d’action
•Rappeleràl’éluqu’enacceptantd’autoriserl’inhumationavantledélailégaldevingt-quatreheures,lamairiesemetenporte-à-fauxaveclaloi.
•S’ilinsiste,l’inviteràformulersademandeparécrit,enmettantencopievotresupérieurhiérarchiqueetlemaire(quisignelesautorisationsd’inhumationetdevradoncassumerlaresponsabilitéd’uneéventuelledérogation).
CAS N° 2 UNE LOUBAVITCH EN CUISINEContexte :entreprised’insertionDomaine :insertionNotion associée :libertédereligionSituation :vousêtesencadranttechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtée
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3.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.
1.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.2.Loin°83-634du13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires,article26.
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enassurance,cequiestunpointpositif.Enrevanche,elleexprimedesexigencesquisontincompatiblesavecl’organisationdutravailauseindurestaurantetpourronts’avérerrédhibitoirespourdefutursemployeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.Pistes d’action
•Engagerunediscussionaveclasalariée,ensefocalisantnonsurlareligionmaissurletravail.Ilnes’agitpasdeporterunjugementsurlesconvictionsdecettesalariéemaisdel’ameneràprendreconsciencequesesnouvellesexigencessontincompatibles avec l’organisation du travailauseindurestaurantetpourronts’avérer rédhibitoires pour de futurs employeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.
•Inviterlasalariéeàproposerunesolutiondecompromis(parexempleutiliserdesgantsdecuisine)ouàenvisageruneréorientation.
•Siaucunesolutionn’estenvisageableauseindel’entreprise,mettrefinàsoncontratdetravailenmotivantprécisémentcettedécision.
CAS N° 3 MENU VÉGÉTARIEN À LA CANTINEContexte :mairieDomaine : restaurationscolaireNotion associée :neutralitéduservicepublicSituation :vousêtesanimatricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane. »Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.Quefaites-vous?Décryptage
Lescantinesscolairesdesécolesprimairessontgéréesparlesmunicipalités.Cesontellesquidéfinissentlesmenusenfonctiondecritèresnutritionnelsmaisaussi,souvent,entenantcomptedescoutumes
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4.« Le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. » Circulairen°2011-216du2décembre2011.5.Nepaslefaireconstitueraitunmanquementàuneobligationdeprudenceoudesécurité,passibledepoursuites.Cf.ArticleL2123-34duCodegénéraldescollectivitésterritoriales.
deleursusagers,bienquelaloinelesyobligepas4.Ainsi,nombredemairiesontmisenplacedesmenussansporcouvégétariens,pouvantêtrechoisisparlesfamillespourdesraisonsreligieuses,éthiquesoudiététiques.Ces menus ne se substituent pas aux menus classiques mais s’y ajoutent,desortequedesenfantsayantdifférentsmenuspeuventseretrouverassisàlamêmetable.Dèslors,ilpeutarriverqu’ilss’échangentdelanourriture.
Sileservicemunicipalderestaurationdoitrespecterleschoixdesparentsenservantàchaqueenfantletypedemenupourlequelilaétéinscrit,ilnepeutempêcherlesenfantsdes’échangerdelanourriture.Comptetenududevoirdeneutralitéquis’imposeàlui,unagentpublicnesauraitêtregarantdel’observanced’uneprescriptionreligieuse.Enrevanche,s’ilvoitunenfantmangerdelaviandeouduporcalorsqu’ilestinscritenmenuvégétarienousansporc,ilpeutluirappelerlechoixquesesparentsontfaitpourlui.
Ilenvadifféremmentdes prescriptions médicales.Sipourdesraisonsdesanté(allergie,pathologie…),unenfantestastreintàunrégimealimentaireparticulier,sesparentspeuventdemanderlamiseenplaced’unprojetd’accueilindividualisé(PAI).Dèslors,lepersonnelderestaurational’obligationdegarantirquel’enfantn’ingèrepasd’alimentsquiseraientpréjudiciablesàsasanté5.Pistes d’action
•Expliqueràcemonsieurquelepersonnelderestaurations’engageàserviràsafillelemenuvégétarienpourlequelelleaétéinscritemaisquevousnepouvezgarantirqu’ellenemangerapasdeviandedansl’assiettedesescamarades,carunservicepublicnepeutveilleràl’observanced’unerèglereligieuse.
•L’inviteràresponsabilisersafilledesortequ’ellen’acceptepluslaviandeproposéeparsescamarades.
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delapopulationduquartier,cequivaàl’encontredesvaleurs de vivre-ensemblepromuesparlescentressociaux.Enretirantl’affiche,vousrisquezdefâcherunepartiedevossalariés.Enlalaissant,vousrisquezdevouscouperd’unepartiedevosusagers.Pistes d’action
•Quellequesoitvotredécision,l’expliquerauxintéressés(organisateursdurepas,usagersetsalariésducentre).
•Sivouspensezquecerepasestsusceptibledeprovoquerdestroublesàl’ordrepublic,eninformerlesorganisateursetlamairie(quipourra,siellel’estimenécessaire,interdirecerepaspararrêtémunicipal).
CAS N° 5 DEMANDE DE DISPENSE D’ENSEIGNEMENTContexte : collègeDomaine :éducationNotion associée :luttecontrelesdiscriminations.Situation :vousêtesenseignantd’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.Quefaites-vous?Décryptage
L’enseignementmoraletcivique(EMC)aétécrééparlaloidu8juillet2013d’orientationetdeprogrammationpourlarefondationdel’ÉcoledelaRépublique.Ilviseàfaire« acquérir aux élèvesle respect de la personne, de ses origines
CAS N° 4 LE COCHON GRILLÉ DE LA DISCORDEContexte : associationDomaine :restaurationNotions associées :libertéd’association,discrimination,ordrepublic.Situation : vousêtesdirectriced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».Quefaites-vous?Décryptage
L’organisationdecerepasrelèvedel’initiative d’une association,quiestdonclibred’enchoisirlemenu.Riennel’obligeàtenircomptedufaitquecemenuexclutdefaitlesmusulmansetjuifspratiquants,ouencorelesvégétariens.Ilestpossiblequecetteassociationaitchoisicemenuprécisémentpourenexclurelesmusulmans(àlamanièredes«apérossaucisson-pinard»oudes«soupespopulairesaulard»organiséspardesmouvementsd’extrêmedroite)maissoninitiativenepeutenaucuncasêtreattaquéepour discrimination.Enrevanche,ellepourraitéventuellementfairel’objetd’uneinterdictionpourrisque de trouble à l’ordre public6.
Ilnevousrevientpasd’autoriserounoncerepasmaisdedécidersivousvoulezounonenfairelapublicitédansvotrestructure.D’uncôté,votrecentresocialavocationàrelayerlesinitiativesdesassociationslocales.Del’autre,cerepasexclutdefaitunegrandepartie
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6.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutted’Or,àl’endroitmêmeoùsedéroulenthabituellementdesprièresderue.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»
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et de ses différences, de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la laïcité. » L’EMCestmisenœuvredel’écoleaulycéeàpartirdelarentrée2015.Cetenseignementestconfiéauxprofesseursd’histoire-géographiepourlecollège,etàl’ensembledesenseignantspourlelycée.Ilssontchargésdeledispenser,ensuivantlesorientationsetlesthématiquesdéfiniesparl’Éducationnationale.Laluttecontrel’homophobieest,aumêmetitrequelalibertéd’expression,lesdroitsdel’hommeetlaluttecontrelesdiscriminations,l’unedesthématiquesquipeutêtreabordéedanslecadredel’EMC.Celui-ciétantunenseignementcommelesautres,ilestobligatoireetne saurait faire l’objet d’une dispense pour un motif religieux.LaChartedelalaïcitéàl’écolerappelleque« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme7. »Accordercettedispensepourraitlaisserpenserquel’homophobieestacceptablesielleestfondéesurdesargumentsreligieux.Or,laloifrançaiseinterditlesproposetlesacteshomophobes,ainsiquelesdiscriminationsfondéessurl’orientationsexuelle.Sensibiliserlescollégiensàcettequestionestd’autantplusimportantquandonsaitquel’homophobieestl’unedespremièrescausesdesuicideschezlesadolescents8.Pistes d’action
•Expliquerauparentd’élèvequececoursn’estpasfacultatifetquevousnepouvezdoncdispensersonfilsd’yassister.Citersinécessairela«Chartedelalaïcitéàl’école.»
•Insistersurlefaitquecettesensibilisationnevisepasà«promouvoirl’homosexualité»(commel’affirmentcertainsgroupeshostilesàcegenred’interventionsenmilieuscolaire)maisàéduqueraurespectdetouteslespersonnes,quellesquesoientleursdifférences(orientationsexuelle,origine,religion…).
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7.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.8. ÉricVerdieretJean-MarieFirdion,Homosexualités et suicide. Études, témoignages et analyse, H & O éditions, 2003.9.Cecasestinspiréd’unesituationdécriteparFaïzaGuelaminedansDanielVerba,FaïzaGuelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux. Les paradoxes des logiques identitaires,Rennes,Pressesdel’EHPSP,2014.
10.LesCEFsontdesstructuresalternativesàl’incarcérationaccueillantpourunepériodedesixmoisdixàdouzemineursmultirécidivistesoumultiréitérantsfaisantl’objetd’unemesuredecontrôlejudiciaireoudesursisavecmiseàl’épreuve.Ilsvisentàcontenirlesjeunesdansuncadrestrict,toutenconstruisantaveceuxunprojetd’insertion.Cesontdesétablissementspublicsoudesétablissementsdusecteurassociatifhabilité.11.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel,17avril2011.
CAS N° 6 DEMANDE D’UNE BIBLE PAR UN MINEUR EN SITUATION D’ENFERMEMENTContexte :centreéducatiffermé(CEF)Domaine :préventionspécialiséeNotion associée : libertédereligiondansleslieuxdeprivationdeliberté,prosélytisme.Situation9 : vousêteséducateurdeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé10.Marco,unrésidentvousademandédeluiprocurerunexemplairedelabible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangéliste.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque« le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.Quefaites-vous?Décryptage
LesCEFsontdesétablissementspublicsouassociatifsquidépendent,directementouindirectement,duministèredelaJustice.Àcetitre,ilsconstituentdesservices publicsdontlespersonnelssontsoumisaudevoirdeneutralité.Celan’impliquepasquecesderniersdoiventempêcherlesrésidentsd’exercerleurlibertédeculte,aucontraire.Les résidents étant privés de leur liberté de mouvement, ils ne peuvent exercer leur liberté de culte sans l’aide de l’institution.
Selonlecontrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,« de la même manière que “les personnes détenues sont autorisées à recevoir ou à conserver en leur possession les objets de pratique religieuse et les livres nécessaires à leur vie spirituelle” (article R. 57-9-7 du code de procédure pénale), il doit en aller ainsi de toutes les personnes privées de liberté durablement, quel que soit le lieu de cette privation11. »
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Deplus,lesCEFsont,entantqu’établissementssociaux,soumisaucodedel’actionsocialeetdesfamilles,doncàlachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,quiinclueledroit à la pratique religieuse12.Parailleurs,laluttecontreleprosélytismeetlaradicalisationnedoitpasconduireàassimilertouteformedespiritualitécommeunemanifestationdecesphénomènes.Etpriver les individus de leur liberté de culte n’est sûrement pas de nature à les endiguer, bienaucontraire.
Enfin,l’intérêtqueMarcomanifestepourlaspiritualitépeutdonnerlieuàunéchangeconstructifaveclui.« Dans cette logique, permettre l’accès à un texte religieux ne contrarie pas les objectifs de l’éducateur, si cette initiative repose sur un temps de dialogue, dans le cadre d’une “relation clairement éducative13”. »Pistes d’action
•FourniràMarcounexemplairedelabible,commeilledemande,enluiexpliquantqu’ilexerceainsisondroitàlapratiquereligieuse,garantiparlaloi.
•Rappeleràtoutel’équipeéducativeledroitàlapratiquereligieusedontjouissentlesrésidents.
•Afficher(sicelan’apasencoreétéfait)lachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,defaçonàcequ’ellepuisseêtrelueparlessalariésetlesrésidents.
•EngagerladiscussionavecMarcosursonintérêtpourlaspiritualité.L’enjeudecetéchangen’estpasdel’encouragerdanscettevoieoudel’endissuadermaisdecomprendrecequesongesteditdesonétatintérieuretdesesaspirations.
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CAS N° 7 COURS DE GOSPEL DANS UNE SALLE MUNICIPALEContexte :mairieDomaine : relationauxassociationsNotions associées :subventionauculte,prosélytisme,associationconfessionnelle/cultuelle.Situation : vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Or,cetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.Quefaites-vous?Décryptage
Unecommunepeutsubventionneruneassociationconfessionnellepouruneactivitésociale,éducativeouculturelle,àconditionquelasubventionsoitexclusivementaffectéeàcetteactivitéetnonàl’exerciceduculte.Apriori,uncoursdegospelconstitueuneactivité culturelle,mêmes’ils’appuiesurdeschantsreligieux.Enrevanche,sicecoursdegospelsertdesupport à une démarche prosélyteoudeparaventàdes célébrations religieuses,lamiseàdispositiond’unesallemunicipalenepeutsefaireàtitregracieuxniàuntarifavantageux(cequiseraitunesubventionindirecteàunculte,interditeparlaloide1905).Elledoits’effectuerauxconditions du marché,c’est-à-direparuncontratdelocationauprixdumarché.Ici,cequevoussavezdel’associationdemandeusevouslaissepenserquececoursdegospelpourraitrecouvrirunedimensioncultuellemaiscommeiln’apasencorecommencé,vousnepouvezpasvérifiercepressentiment.Pistes d’action
•Rencontrerledirigeantdel’associationafind’ensavoirplussurceprojetdecoursdegospel.
•L’informerquececoursnedoitpasservirdesupport
12.«Lesconditionsdelapratiquereligieuse,ycomprislavisitedereprésentantsdesdifférentesconfessions,doiventêtrefacilitées,sansquecelles-cipuissentfaireobstacleauxmissionsdesétablissementsouservices.Lespersonnelsetlesbénéficiairess’obligentàunrespectmutueldescroyances,convictionsetopinions.Cedroitàlapratiquereligieuses’exercedanslerespectdelalibertéd’autruietsousréservequesonexercicenetroublepaslefonctionnementnormaldesétablissementsetservices.»Arrêtédu8septembre2003relatifàlaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,mentionnéeàl’articleL.311-4duCodedel’actionsocialeetdesfamilles,article11.13.FaïzaGuelamine,«L’inscriptiondufaitreligieuxdanslechampdel’interventionsociale»,inD.Verba,F.Guelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux,op.cit.,p.134.L’auteurerapporteicilesproposd’unéducateur.
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àdesactivitéscultuellesetquecetteconditionseraspécifiéedanslaconventionquiserasignéeentrelaVilleetl’association,encasd’acceptationdelademandeparleconseilmunicipal.LuidireégalementquelaVilleseréserveraledroitd’annulercetteconventionsielleconstatequecetteconditionn’estpasrespectée.
•Siledirigeantdel’associationfaitétatdesesdifficultésàtrouverunnouveaulieudeculte,l’informerqu’ilpeutsolliciterlalocationd’unesallemunicipale,moyennantunloyercorrespondantauxprixdumarchéimmobilierlocal.
CAS N° 8 RECRUTEMENT D’UNE FEMME VOILÉE À UN POSTE D’ACCUEIL DANS UNE ASSOCIATIONContexte : associationDomaine : recrutementNotions associées :non-discrimination,neutralité,harcèlementSituation : vousêtesdirectriced’uneassociationœuvrantdanslechampdespolitiquesjeunesseetavezrécemmentembauchéunejeunefemmevoiléesurunposted’accueiletd’orientation.Cechoixneplaîtpasàtoutlemonde.Unepartiedessalariéspensequevousavezrecrutécettefemmepouréviterd’êtresoupçonné-edediscrimination.Ilsestimentquelevoilen’apassaplacedansuneassociation«laïque14».Certainsusagerspartagentcetteopinionetrefusentd’êtrereçusparcettesalariéeaunomdela«laïcité».Quefaites-vous?DécryptageDeux cas de figure sont possibles.1) Si votre association exerce une mission de service
public, l’obligationdeneutralités’imposeàtousvossalariés,puisqu’ilsreprésententl’administration.Cetteconditionauraitdûêtresignifiéeàlacandidatelorsdel’entretienderecrutement.
2) Si votre association n’exerce pas une mission de service public, lessalariésonta prioriledroitde
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14.SienBelgiquel’adjectif«laïque»peutrenvoyeràdesassociationsqui,surlabased’unephilosophiegénéralementathéeouagnostique,regroupentdesindividusneseréclamantd’aucuncourantreligieux,leprincipedelalaïcitéfrançaisen’estpas,lui,réductibleàuneconviction.Elleoffreuncadrecommunàtous,librespenseurs,athées,agnostiquesoucroyants.
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15.MêmesilaloiTravailintroduitlapossibilitéd’inscriredanscertainscasdesexigencesdeneutralitépourunepartiedessalariésdanslerèglementintérieur,celles-cidoiventêtrejustifiéesetproportionnées.
manifesterleursconvictionsreligieuses,sousréserved’éventuellesrestrictionspourdesraisonsd’hygiène,desécuritéouautresmotifsliéesàl’exercicedelamission.Lefaitquel’associationsoit«laïque»(ausensde«non-confessionnelle»etnonausensde«laïque»renvoyantauprincipedelaïcité)nesignifiepasquevouspouvezinterdireàvossalariésleportdetoutsignereligieux.Entantqu’employeurdedroitprivé,vousdevezrespecterlalibertédeconsciencedevoscollaborateurs.Toute limitation de cette liberté fondamentale doit être justifiée et proportionnée15.Parconséquent,vousnepouvezenaucuncaslicenciercettesalariéeaumotifqu’elleestrejetéeparunepartiedel’équipeetdesusagers.Ceseraitunlicenciementdiscriminatoirequivousexposeraitàunecondamnation.Vousnepouvezpasnonpluslaisservoscollaborateursetlesusagers«boycotter»cettesalariéeaurisquedelamarginaliser.Eneffet,l’employeuraledevoirdeveilleràlasécuritéetàlaprotectiondelasantéphysiqueetpsychologiquedesessalariés,enprévenantnotammenttoutesituationdeharcèlement.Voscollaborateursn’ontpasàseprononcersurvoschoixderecrutement.Dureste,ilsfontuneinterprétationerronéedelalaïcité,toutcommelesusagersquirefusentd’êtreaccueillisparunesalariéevoilée.N’étantpasdansunservicepublic,ilsnepeuventinvoquerleurdroitàêtrereçusparunepersonneneutre.
Pistes d’actionCas n°1•Demanderàvotrenouvellerecruederetirersonvoile,
carelleparticipeàl’exécutiond’unemissiondeservicepublicetsetrouvedoncsoumiseàl’obligationdeneutralité.Toutrefusdesapartconstitueraitunefautegravepassibledelicenciement.
Cas n°2•Réserverunbonaccueilàcettenouvellerecrueen
l’assurantdevotreconfiance.Ainsi,ellepourrafairelapreuvedesescompétencesetdonnertortàceux
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quimettentencausesalégitimitéàoccuperceposte.
•Sidescollaborateursinvoquentlalaïcitépourcontestercerecrutement,leurexpliquerqu’entantqu’employeurdedroitprivé,vousêtestenusderespecterlalibertédeconsciencedevossalariés,quiestprécisémentundesfondementsdelalaïcité.Leurrappelerégalementqu’ilsn’ontpasàseprononcersurvoschoixderecrutement.
•Profiterdecetteoccasionpourengageravecvotreéquipeuntravaildefondsurlalaïcitéetlefaitreligieux,encommençantparuneformation.
•Expliquerauxusagersqueleprincipedeneutraliténes’appliquepasdansvotrestructure.Sicertainsdemandentàêtrereçusparuneautrepersonne,leurrépondrequec’estimpossible,touteninsistantsurlefaitquelaqualitéduservicerenduseralamême,quel-lequesoitle/lachargé-ed’accueil.
CAS N° 9 DEMANDE D’AMÉNAGEMENT HORAIRE D’UNE ACTIVITÉ PENDANT LE RAMADANContexte : associationDomaine : alimentationNotions associées :libertédeconscienceSituation : vousêtesdirecteurd’uncentresocialassociatifoùalieuuncoursdehip-hoplesamedide16hà17h30.Dixjeunesparticipentàcetatelier:septsontd’obédiencemusulmane.Quatred’entreeuxpratiquentleramadanetdemandentàdécalerl’activitéaprèslarupturedujeûne,de21hà22h30,etce,pendantunmois.Vousêtessollicité-epourarbitrer.Décryptage
Votrecentresocialétantassociatif,ilnerelèvepasdudroitdesservicespublics,donclaquestiondelaneutraliténeseposepas.Juridiquement,riennes’opposeàcequevousaménagiezl’horaired’uneactivitépourdesraisonsreligieuses.Toutefois,acceptercettedemandenevapasdesoi,
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puisqu’ellen’estportéequeparquatrejeunessurdix.Celareviendraitàimposerlavolontéd’uneminoritéàlamajorité.Deplus,celaauraitdesimplicationsorganisationnelles(changementdel’horairedefermetureducentresocial,modificationducontratdel’animateur…).Enl’absencederéponsefournieparledroit,ilconvientdeseréféreraurèglementintérieurdelastructureet/ouauxdocumentscadredelafédérationdescentressociauxpoursavoirsurquellesvaleursfonderladécision.Dansl’espritd’éducationpopulairequiestàlabasedecemouvement,lesusagersdoiventparticiperauprojetsocialdel’établissement.Unguideélaboréen2014parlacommissiond’éthiquedelaFédérationdescentressociauxpréconiseainsiuneapproche« éthique »,quidoit« s’appuyer sur un fonctionnement démocratique ».Pourrépondreàcetypedesituation,ilproposeun« processus méthodologique »basésurl’écoutedelademande,la discussion collective et l’élaboration d’une réponse communeentenantcompte,àlafois,desgrandsprincipesdudroit(respectdelalibertédeconscience,non-discrimination,primautédu«commun»surleparticulier)etdestextesquirégissentlecentresocialoùleproblèmeasurgi(statuts,règlementintérieur,projetsocial).Pistes d’action•Enpremierlieu,vérifierladisponibilité
del’animateursurlecréneau21h-22h30.•Dansundeuxièmetemps,engagerunediscussion
enréuniond’équipeafindedégagerunepositioncommunevis-à-visdecetypededemande.
•Sil’animateuretl’équipesontd’accordsurleprincipepouraccéderàcettedemande,lamettreendébataveclesparticipantspuissoumettrelaquestionauvote.Faireanimercettedélibérationparquelqu’undeneutre,parexempleunautresalariéouunbénévoleducentresocial.
•Sivousnepouvezounesouhaitezpasacceptercettedemande,enexpliquerlaraisonauxquatrejeunes.
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CAS N° 10 UN HOMME REFUSE DE SE DÉCOUVRIR LA TÊTE POUR LA PHOTO NÉCESSAIRE À L’ÉTABLISSEMENT DE SON PASSEPORT BIOMÉTRIQUEContexte : mairieDomaine : étatcivilNotion associée :primautédelaloirépublicainesurlaloireligieuseSituation : agentd’étatcivildansunemairie,vousêtesaffectéauservicedestitresd’identité.Votreguichetestéquipéd’unpetitappareildestinéàprendrelesphotosnécessairesàl’établissementdespasseportsoudescartesd’identité.Lesusagersontlechoixdesefaireprendreenphotoauguichetoud’amenerunephotoconformeauxnormesenvigueur.Unhommecoifféd’unturbansikhseprésenteàvouspourdéposerunedemandedepasseportbiométrique.Laphotod’identitéqu’ilaamenéen’estpasauxnormescarellelemontrecoiffédesonturban.Or,latêtedoitêtredécouvertepourquelaphotosoitvalable.Vousproposezdoncàcemonsieurdeprendrevous-mêmelaphoto,enprécisantqu’ildoitenleversonturban.L’hommerefuse,arguantqueceseraitundéshonneurpourluicarc’estcontraireàsareligion.Quefaites-vous?DécryptageCettesituationmetenscèneunconflitentreuneloireligieuseetlaloirépublicaine.Pourpouvoirêtreutiliséesuruntitred’identité,unephotod’identitédoitrépondreàuncertainnombredecritèresquivisentàpermettrel’identificationduporteurdudocument16.Ainsi,latêtedoitêtrenue,lesyeuxouvertsetapparents,labouchefermée,l’expressionneutre,etc.Iln’estpaspossiblededérogeràcesobligationspourunmotifreligieuxcarlaloi républicaine prime toujours sur la loi religieuse.Ainsi,leConseild’Étatarejeté,en2005,laplainted’uneassociationsikhecontrelacirculaireimposantauxdemandeursdepermisdeconduiredefigurertêtenuesurleurphotod’identité17.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 79
16.NormeIso/IEC19794-s2005relativeàl’appositiondesphotographiesd’identitésurlesdocumentsd’identitéetdevoyagefrançais,notammentlescartesnationalesd’identitéetlespasseports,ainsiquesurlespermisdeconduireetlestitresdeséjourspourétrangers.17.Conseild’État,15décembre2006,AssociationUnitedSikhsetMannSingh,n°289946. 18.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.
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Danslemêmeordred’idée,leConseilconstitutionnelarappeléqueleprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers18 ».Enfin,laChartedelalaïcitédanslesservicespublicsénonceque« lorsque la vérification de l’identité est nécessaire, les usagers doivent se conformer aux obligations qui en découlent ».Pistes d’action•Expliqueràl’usagerquelaréglementationestla
mêmepourtous.Soulignerquel’obligationdefigurertêtenuen’estenrienuneatteinteàsareligion,maisunenormedestinéeàlimiterlesrisquesdefraudeetdefalsification,cequiestdanssonintérêt.
•S’ilnesouhaitepasretirersonturbanauguichet,l’inviteràfaireréaliserlaphotodansunphotomatonouchezunphotographeagréé.
CAS N° 11 UN USAGER REFUSE D’ÊTRE REÇU PAR UNE FEMME Contexte :PôleemploiDomaine : accueilNotion associée : discrimination,demanded’accommodementSituation :vousêtesagentd’accueilàPôleemploi.Unusagerseprésentedansvotreagencepourunpremierentretien.Quandilcomprendqu’ilvaêtrereçuparuneconseillère,ilvientvousvoiretdemandeàêtrereçuparunconseiller,enarguantquesareligionluiinterditd’êtreseuldansunepièceavecunefemme.Quefaites-vous?DécryptagePrécisonstoutd’abordquel’attitudedecetusager,aussichoquantequ’ellepuisseparaître,neconstituepasunediscriminationausensjuridiqueduterme,alorsquelerefusd’unconseillerderecevoirunusagerdusexeopposéserait,lui,discriminatoire.Eneffet,agentsetusagersnesontpasdansunesituationhorizontale.L’agentalepouvoird’octroyerouderefuserunservice–doncdediscriminer–tandisquel’usagern’apasdepouvoirsurl’agent.Pourautant,
l’attitudedecetusagerestproblématiqueetsademandeirrecevable.D’aprèslaChartedelalaïcitédanslesservicespublics,« les usagers des services publics ne peuvent récuser un agent public ou d’autres usagers, ni exiger une adaptation du fonctionnement du service public ou d’un équipement public ».Pistes d’action•Expliqueràl’usagerquesademandeestirrecevable,
ens’appuyantsibesoinsurlaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsetenluirappelantquecelademanderaituneadaptationdufonctionnementduservicepublic,cequin’estnipossibleniacceptableenraisonduprinciped’égalitédetraitementdetouslesusagers,quellesquesoientleursconvictionsoucroyances.
•S’ils’estimediscriminé,répondrequec’estlui-mêmequiseprivedel’accèsauservicecarsanscepremierentretien,soninscriptionàPôleemploinepourraêtrevalidée.
•Luifairevaloirquedanslaperspectived’unerecherched’emploi,refuserd’êtrereçuparunefemmerisquedeluifermerbiendesportes.
•S’ilrefused’entendrecesarguments,faireappelausupérieurhiérarchique.
•Afficheràl’accueillaChartedelalaïcitédanslesservicespublics,sicen’estpasdéjàfait.
CAS N° 12 UN USAGER LAISSE SONNER UN APPEL À LA PRIÈRE DANS UNE SALLE D’ATTENTE. Contexte : centredelaProtectionmaternelleinfantile(PMI)Domaine :accueilNotion associée :libertédemanifestersareligionenpublic,civilité,prosélytismeSituation :vousêtesagentd’accueildansuncentredelaProtectionmaternelleinfantile(PMI),quiestunserviceduConseildépartemental.Danslasalled’attente,lesilenceestsoudainementrompuparunappelàlaprière,diffuséparletéléphoneportabled’unusager.Quefaites-vous?DécryptageDanslesespacesconfinés(transportspublics,bibliothèques,sallesd’attente,etc.),ilexistegénéralementdesmessagesécritsouvocaux
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demandantauxusagersdes’abstenirdetoutesnuisancessonores.Toutefois,l’usagedesoutilsélectroniquesportatifs(téléphones,lecteursdemusique…)s’esttellementbanaliséqu’ilestrarequecetteinterdictionsoitspontanémentrespectée.Ici,leproblèmetientdavantageàlanuisancesonorequ’elleoccasionnequ’aucaractèrereligieuxdelasonnerie.Eneffet,lesusagersdesservicespublics« sont libres d’exprimer leurs convictions religieuses »,maisdansleslimitesdu« bon fonctionnement »duservice,limitesquisonticiatteintespuisquecetappelàlaprièreestsusceptibledegênerlesautresusagersetlesagentsdelaPMI.C’estdoncd’abordau nom des règles de civilité–etéventuellementdurèglementintérieur–qu’ilserapossiblederappeleràl’ordrecetusager.Évidemment,celasupposedemontrerlamêmesévéritévis-à-visdetouteslesnuisancessonores,quellequesoitleurnature.Sinécessaire,ilpeutégalementêtrerappeléque,commel’indiquelaChartedelalaïcitédanslesservicespublics,lesusagersduservicepublicdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme(cequepeutconstituerun«appelàlaprière»manifeste).Pistes d’action•Demanderàl’usagerdefairecessercettesonnerie
enrappelant–àl’intentiondetouslesusagersprésents–quelesnuisancessonoressontinterditesdanslasalled’attente.Et,sinécessaire,enluirappelantégalementquelesusagersdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme.
•Afficher–sicen’estpasdéjàfait–danslasalled’attenteunpictogrammeindiquantquel’usagedestéléphonesportablesetlecteursdemusiqueestproscrit.
•Rappeleroralementcetterèglechaquefoisqu’elleestenfreinteparunusager.
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agissententouteindépendancevis-à-visdespartis,syndicatsouassociationscultuellesetqu’ilsnefassentpaspreuvedeprosélytisme.Orlesimplefaitdeporterunecroix(ouunautresignereligieux)nesauraitêtreconsidéréensoicommeunactedeprosélytisme.
QuantauxréférencesàDieuouauxvaleurschrétiennes,ellesnepourraientêtrequalifiéesdeprosélytesquesiellesvisentàsusciterl’adhésiondesautresmembresduconseilàlafoichrétienne,cequin’estpasnécessairementlecas.Ilestpossibled’invoquerundogmereligieuxpourjustifieruneprisedeposition,sansforcémentchercheràconvertirsesinterlocuteurs.Toutefois,ilfautreconnaîtrequelafrontièreentreexpressiondesesconvictionsetprosélytismeestparfoisténue.Celanécessitedoncunexamenaucasparcas.Pistes d’action
•Expliqueràtouslesmembresduconseilcitoyenenquoiconsistentlalaïcitéetlaneutralitéquisontattenduesd’eux,ens’appuyantsurl’argumentaireci-dessus.
•Rappeleràcettefemmeleslimitesàl’expressiondesesconvictionsreligieusesdanslecadreduconseilcitoyen(indépendancevis-à-visdetouteassociationcultuelleetnon-prosélytisme).
CAS N° 14 ACTIVITÉ D’UNE ASSOCIATION EN LIEN AVEC DES PRATIQUES RELIGIEUSESContexte : associationDomaine : socialNotions associées : laïcité,libertédeconscienceetdeculteSituation : vousêtesdirectriced’uneassociationquis’estdonnépourmissiond’accompagnerdespersonnesensituationdehandicapdansleursdéplacementsquotidiens.Récemment,unbénéficiaireademandéàserendredansunlieudecultepourparticiperàunecérémoniereligieuse,cequin’étaitjamaisarrivéauparavant.Lebénévolequidevaitl’accompagnerarefusédelefaireeninvoquantleprincipedelaïcité.Quefaites-vous?
CAS N° 13 PORT D’UN SIGNE RELIGIEUX DANS UN CONSEIL CITOYENContexte : conseilcitoyenDomaine : démocratieparticipativeNotions associées : neutralité,libertédeconscience,prosélytismeSituation : vousêtesagentdedéveloppementrattachéauservicepolitiquedelavilled’unemairie.Entreautresmissions,vousêteschargédel’animationduconseilcitoyen.Unefemme,membredecetteinstance,vientauxréunionsenportantautourducouunecroixassezimposante.Danssesinterventions,ellefaitparfoisréférenceàDieuouauxvaleurschrétiennes.Celadéranged’autresmembres,quivoientcetteattitudecommeunmanquementauxvaleursdeneutralitéetdelaïcitéquedoiventrespecterlesconseilscitoyens.Quefaites-vous?Note : les conseils citoyens sont des instances de participation créées par la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, dite loi Lamy. Un conseil citoyen doit être mis en place dans chaque quartier prioritaire et être associé à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du contrat de ville.La loi affirme que«lesconseilscitoyensexercentleuractionentouteindépendancevis-à-visdespouvoirspublicsetinscriventleuractiondanslerespectdesvaleursdeliberté,d’égalité,defraternité,delaïcitéetdeneutralité». Le cadre de référence des conseils citoyens, élaboré par le ministère chargé de la Ville, précise que la neutralité désigne l’autonomie du conseil citoyen«vis-à-visdepartispolitiques,desyndicats,d’associationscultuellesoudetoutgroupedepressionmanifestementhostileaurespectduprincipedepluralité». Il ajoute que le conseil citoyen est «unlieudedébatpublicouvertàlaparoledeshabitants»et qu’«àcetitre,ilnesauraityêtretoléréd’actesprosélytesoumanifestementcontrairesàlalibertédeconsciencedesesmembres».Décryptage
LaloiLamyimposelaneutralitéauconseilcitoyenetnonàsesmembres.Cesderniersontledroitdemanifesterleursconvictionsreligieuses,pourvuqu’ils w
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w Décryptage Leprincipedelaïcitéestopposableseulementaux
administrationsetauxorganismesprivéschargésd’unemissiondeservicepublic,cequin’estaprioripaslecasdecetteassociation.Parlerdeprincipedelaïcitéestdonc«horssujet».L’associationélaborelibrementsonprojet,etlesbénévolesyadhèrentdeleurpleingré.Rienn’obligecetteassociationàaccompagnersesbénéficiairesdansdeslieuxdecultemaisdanslalogiquequiestlasienne,ilsembleraitdifficiledenepaslefaire.
Eneffet,elleentendassisterdespersonnesensituationdehandicapdanslesdéplacementsqu’ellesauraientdumalàeffectuerseules.Celasupposed’êtreàl’écoutedesbesoinsexprimésparlesbénéficiairesetnondedécideràleurplace.Or,pourcertainespersonnes,participeràunecérémoniereligieuserelèved’unbesoin,pourdesraisonsàlafoisspirituellesetsociales(leslieuxdecultesontdeslieuxdesociabilité).Aidercespersonnesàexercerleurlibertédeconscienceetdeculteestdurestetoutàfaitconformeàl’approchelaïque(cf.articles1et2delaloide1905).
Quantaubénévole,s’ilestimequepénétrerdansunlieudeculteouaiderquelqu’unàexercersonculteporteatteinteàsaproprelibertédeconscience,ilestlibredechercheruneautreassociationplusenaccordavecsesvaleurs.Pistes d’action
•Rappeleraubénévoleleprojetetlesvaleursdel’association.Luiexpliquerquel’approchelaïquenes’opposeenrienaufaitd’accompagnerlespersonnesensituationdehandicapdansdeslieuxdeculte,bienaucontraire.
•Saisircetteoccasionpourorganiseraveclesbénévolesuntempsd’échangeafindeclarifierlanotiondelaïcitéetdeleurrappelerleprojetetlesvaleursdel’association.
•Pourévitercegenredesituationàl’avenir,expliqueràtouslesnouveauxbénévolesqueleurmissionpeutinclurel’accompagnementdansdeslieuxdeculte.L’inscrireégalementdansleoulesdocumentscadresdel’association(charte,règlementintérieurouautres).
CAS N° 15 PRIÈRES AVANT UN MATCH DE FOOTBALLContexte : clubsportifDomaine : sportNotions associées : libertédeconscienceetdeculte,prosélytisme,neutralitéSituation : vousentraînezuneéquipeauseind’unclubdefootballamateuretlaïquecomposéeenmajoritéd’adolescentsdeculturemusulmane.Parmieux,certainsvousdemandentdelesaccompagneràlamosquéeavantchaquematchàl’extérieur.Deplus,lorsdesmatchsàdomicile,ilsdemandentauxjoueursnon-musulmansdesortirduvestiaireafindepouvoiryprier.Quefaites-vous?Décryptage
Accompagnertoutoupartiedel’équipedefootàlamosquée,avantchaquematch,reviendraitàconférerauclubunedimensionreligieuse,cequiconstitueraitunmanquementàl’égarddespouvoirspublicsquisubventionnentprobablementleclub.Quandbienmêmetouslesjoueursseraientdeconfessionmusulmane,ilsnepeuventl’êtrequ’àtitreindividuelets’ilssouhaitentserendreàlamosquée,celanepeutpasêtresouslaresponsabilitéduclub.
Quevousentraîniezcetteéquipeàtitreprofessionneloubénévole,votremissionestd’ordresportifetéducatif.Ellen’inclutpasl’accompagnementspiritueldesjoueurs.Celapourraitduresteconstitueruneatteinteàvotrelibertédeconscience,carnulnepeutprésumerquevouspartagezlesconvictionsreligieusesdecesjeunes.Enfin,accepterdelesaccompagneràlamosquéepourraitêtreinterprétécommeungestedepressionoud’exclusionàl’égarddesautresjoueursquines’intéressentpas,nepratiquentpasoupratiquentd’uneautremanièrelareligionmusulmane.
Vousnepouvezpasdavantagetolérerque,lorsdesmatchsàdomicile,lesvestiairessoient«privatisés»parcertainsjoueurspouryfairelaprière.Celareviendraitàentérinerunedivisiondesjoueurssurunebasereligieuse,totalementcontraireauxvaleurssportives(espritd’équipe,«absence de démonstration ou de propagande»19d’aucunesorte)etporteusedeconflits.
19.Règle50delacharteolympique.
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Parailleurs,unstadenepeutpasêtretransforméenlieudeculte,saufs’ilestlouéàcettefinàuneassociationreligieuse.Pistes d’action
•Expliquerauxjeunesquivousontfaitcettedemandepourquoivousnepouvezpasyrépondrepositivement,enreprenantlesargumentsexposésci-dessus.Leclub,quin’abiensûraucunobjetcultuelettransmetuniquementlesvaleursdusport,nepeutnilesaccompagneràlamosquée,niadapterl’organisationdesesdéplacementspourqu’ilspuissents’yrendreavantlematch.Sicertainsjoueurssouhaitentserecueillirdansunlieudeculte,celanepeutêtrequ’avantderetrouverl’équipepoureffectuerledéplacement.
•Leurexpliquerqu’ilsnepeuventpasnonplusprierdanslesvestiaires,quisontunlieucommunàtousetnonreligieux,etencoremoinsenexclureunepartiedesjoueurs.Faireappelàleurempathie(«Est-cequevousaimeriez,vous,êtreexclusdesvestiaires?»)etàleursensducollectif.Insistersurlanécessitéderestersoudésetdenepaslaisserlesdifférencesindividuelles(religieusesouautres)entamerl’espritd’équipe.Mettreenavantcequirassemblelesjoueurs(l’appartenanceàunecommune,legoûtdufootball,l’enviedegagner…).
•Danslesfutursentraînementsetmatchs,veillerànepaslaisserseformerdeux«clans»,enfavorisantlesinteractionsentrelesjoueursàl’originedecesdemandesetlesautres.
CAS N° 16 ORGANISATION D’UNE CÉRÉMONIE OFFICIELLE PENDANT LE RAMADANContexte : préfectureDomaine : fonctionpubliqueNotions associées : respect,fraternitéSituation : vousêteschargéeparlepréfetd’organiserrégulièrementdescérémoniesderemisedescontratsd’accueiletd’intégrationauxressortissantsétrangers.Cettecérémonieseconcluttraditionnellementparunbuffetconvivial.
Orlaprochainecérémonieauralieupendantlapériodederamadanetavantlarupturedujeûne,sibienquelesmusulmanspratiquantsnepourrontpasprofiterdubuffet.Quefaites-vous?Décryptage
L’administrationn’estnullementobligéed’adaptersonfonctionnementauxdemandesouauxpratiquesdesusagers.Toutefois,elles’efforcegénéralementdenepasplacerlesusagerscroyantsdevantdesdilemmesinsurmontablesenévitant,parexemple,d’organiserlesconcoursetexamensnationauxlorsdesgrandesfêtesdesprincipauxcultespratiquésenFrance.Maisils’agitd’unesimple«mesuredefaveur»etnond’undroit.
Enl’absencedecontraintejuridique,vousêtesdonclibredeprendreladécisionquivoussembleralameilleure.Lasolutionlaplusinclusiveseraitdedéplacerlacérémonieafinquetoutlemondepuisseprofiterdubuffet.Celaconstitueraitunemarquederespectetdefraternitéenverslesnouveauxarrivants.
Toutefois,vouspouvezaussichoisirdemaintenirlacérémonielemêmejouretàlamêmeheure,auquelcaslesmusulmanspratiquantspartirontaprèslesdiscoursouresterontsanstoucheraubuffet.Laseulesolutionaprioriexclue(carcontraireàl’éthiquerépublicaineetassignantlesusagersàleursconvictions)seraitd’organiserunedeuxièmecérémonieàuneautredatepourlesseulsmusulmans.Pistes d’action
•Maintenirlacérémonielemêmejourmaisàunhoraireplustardif,afinquelebuffetaitlieuaprèslecoucherdusoleil.
•Déplacerlacérémonieaprèsleramadan.
CAS N° 17 AUTOCOLLANT ANTIAVORTEMENT DANS UNE FORMATION « VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ »Contexte : actiondeformationDomaine : formationprofessionnelleNotions associées : libertéd’expression,neutralitéSituation : vousvousapprêtezàanimeruneformationdeniveau3danslecadreduplan«Valeursde
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laRépubliqueetlaïcité».Lesparticipantss’installent.L’und’euxdépliedevantluiunordinateurportablesurlequelestposéungrandautocollantdisant«Avorter, c’est tuer un enfant de Dieu».Lesautresparticipantsleremarquentetlecommententenaparté.Leurexpressionscandaliséeetlesregardsqu’ilsvouslancentmontrentqu’ilsattendentdevousuneréaction.Quefaites-vous?Décryptage
Enarborantuntelmessage,cettepersonnemanifesteclairementuneconvictionpolitiqueetreligieuse.
Sielleparticipeàcetteformationentantqu’agentpublicousalariéchargéd’unemissiondeservicepublic,ellecontrevientàl’obligationdeneutralitéquiluiincombedansl’exercicedesesfonctions.Siteln’estpaslecas,elleestlibred’exprimersesopinions,àconditiondenepasperturberlebondéroulementdelaformation.
Toutcommeleportd’unsignereligieux,l’affichaged’unautocollantpolitiquenesauraitêtreconsidéréensoicommeunemanifestationdeprosélytismeoudepropagande,mêmes’ilestperçucommetelpard’autresparticipants.Si,enrevanche,cettepersonneprofitedustagepourfaireétalagedesesopinionsantiavortement,vouspourrezintervenirenfaisantvaloirquecen’estpaslethèmedelaformation.
Enrevanche,vouspouvezabordercettequestionsousl’angledelalibertéd’expression,quiestenrapportaveclaformation.DepuislaloiVeilde1975,l’interruptionvolontairedegrossesseestautoriséeenFrance.Celan’empêchepaslesmilitantsantiavortementdecontinueràexprimerpubliquementleurdésaccordaveccetteloi,envertudelalibertéd’expressiongarantieparlaConstitution.
Cequileurestinterdit,c’estd’inciterautruiàcommettredescrimes,desdélitsoudesatteintesauxpersonnesouauxbiens(articles23et24delaloidu11juillet1881surlalibertédelapresse).Danslemêmeordred’idée,laloide1905interditauxministresdescultesd’inciterlesfidèlesà«résister à l’exécution des lois ou aux actes légaux de l’autorité publique»(article35).Enclair,onpeuts’opposeraudroitàl’avortement,maispasentraverl’exercicedecedroit.Lerappelerauxparticipantspermettrapeut-êtrededésamorcerlestensionsprovoquéesparl’apparitiondecetautocollant.Pistes d’action
•Silestagiaireestagentpublicouchargéd’une
missiondeservicepublic,allerlevoiretdemanderàluiparlerenaparté.Luirappelersondevoirdeneutralitéetl’inviteràcachercetautocollantouàrangersonordinateur.S’ilrefuse,l’informerquevousdevrezrapportercetincidentàsonresponsable.
•Silapersonnen’estpaschargéed’unemissiondeservicepublic,maisqu’elleprofitedustagepourfaireétalagedesesopinionsantiavortement,intervenirenfaisantvaloirquecen’estpaslethèmedelaformation.
•Danstouslescas,lorsdelaprésentationdesrèglesdefonctionnementdugroupe,insistersurlabienveillanceetlenon-jugement.Yrevenirdanslecourantdelaformationsicesrèglesnevoussemblentplusrespectées.
•Lorsdeséchangesaveclestagiaireouaveclegroupe,nesurtoutpasporterdejugementsurcetautocollantniexprimervotrepointdevuesurledroitàl’avortement.Entantqueformateurhabilitéduplan«ValeursdelaRépubliqueetlaïcité»,vousêteseneffetsoumisàl’obligationdeneutralité.
CAS N° 18 UN PÈRE REFUSE QUE SA FILLE JOUE AU VOLLEY EN SHORTContexte : clubsportifDomaine : sportNotions associées : égalitéfemmes-hommesSituation : vousentraînezuneéquipefémininedevolley-ball.Lepèredel’unedevosjoueusesvientvousdemanderquesafillede14ansjouedésormaisenpantalonetnonenshort,commel’imposelaFédérationfrançaisedevolley-ballencompétition,afinderespecterla«décence»queluiimposesareligion.L’adolescente,quiaccompagnesonpère,estmanifestementendésaccordaveclarequêtedecedernier.Quefaites-vous?Décryptage
Lademandedecepèredefamilleposedesproblèmesdedeuxordres.
Règlementaire:dansunclubsportif,lechoixdelatenueportéeparlesjoueur.euse.sn’estpascomplètementlibre.Enentraînement,cettetenuedoitêtrecompatibleaveclapratiquedusportenquestion,àlafoispourdesraisonsdeconfortetdesécurité.Encompétition,latenuepeutêtreréglementéepar
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l’instanceorganisatriceetparleclubauquelappartientlejoueur.
Ici,l’adolescentepourraittrèsbiens’entraînerenpantalondesurvêtementmaisencompétition,elledevraobligatoirementporterunshort,commel’imposelerèglementdelaFédération.Luiinterdiredeporterunshortreviendraitdoncàlapriverdelapossibilitédejouerlesmatchsdecompétition.
Éthique:manifestement,l’adolescentesouhaitecontinueràjouerenshortcommesescamarades,maissonpèreentendleluiinterdireenmettantenavantdesargumentsmorauxetreligieux.Sademandedénoteunevisiontraditionnellepeufavorableàl’égalitéentrelessexes.Toutefois,ilestdélicatdes’immiscerdanslarelationéducativeentrecepèreetsafilledanslamesureoùiln’yapasicideviolencecaractérisée(mêmes’ilyacontrainte).Desoncôté,lepèrenepeutpasexigerquevousfassiezrespecteràsafillesesexigencesvestimentairespourdesraisonsreligieusescarcelan’estpasdevotreressort.Pistes d’action
•ExpliqueraupèrequelerèglementdelaFédérationfrançaisedevolley-ballimposeleportdushortencompétition.Parconséquent,s’ilinterditàsafilledejouerenshort,celle-cidevrasecontenterdesentraînements,cequirisquedenuireàsamotivationetàsonintégrationdansl’équipe.
•Luidirequevousnepouvezenaucuncasimposeràsafilleleportd’unetenuepourdesraisonsautresquesportivesourelativesàlasécurité.
•Éviterd’émettreunjugementsurlademandedupèreetd’exprimervosvaleurspersonnelles.Enrevanche,vouspouvezmettreenavantlesvaleursdevotreclub,devotredisciplineoudusportengénéral.Àdéfautdetexteplusspécifique,vouspouvezfaireréférenceàlaCharteinternationaledel’éducationphysique,del’activitéphysiqueetdusport,quiprônel’égalitéentrelessexesdanslapratiquesportive20.
CAS N° 19 PARENT TÉMOIN DE JÉHOVAH ACCOMPAGNANT UN DÉPLACEMENT SPORTIFContexte : clubsportifDomaine : sportNotions associées : libertédeconscience,non-discrimination,prosélytismeSituation : vousentraînezuneéquipedeminimesdansunclubdebasket.Àlafind’unentraînement,desparentsvenuschercherleursenfantsviennentvousvoiretdemandentàvousparlerenaparté.Ilssontinquietscarilsontentendudirequelepèred’Enzoallaitfairepartiedesparentsaccompagnantleprochaindéplacementdel’équipe,samediprochain.Or,vousapprennent-ils,cethommeesttémoindeJéhovah.Ilscraignentqu’ilneprofitedecedéplacementpourfaireduprosélytisme.Quefaites-vous?Décryptage
Entantqu’entraîneur,vousn’avezpasàconnaîtrelescroyancesdesjoueurs,nicellesdeleursparents.Enrevanche,vousêtesgarantdurespectdelalibertédeconscienceetduprincipedenon-discrimination.Vousdevezdoncveilleràcequ’aucunjoueurniparentneselivreauprosélytismependantlesactivitésplacéessousvotreresponsabilité(entraînements,matchs,déplacements…).Cependant,vousdevezaussiveilleràcequ’aucunjoueurouparentnesoitexcluenraisondesesconvictions.
L’inquiétudedecesparentspeuts’expliquerdanslamesureoùcemouvement(lestémoinsdeJéhovah)promeutlui-mêmeleprosélytismedesesfidèles.Toutefois,vousnepouvezenaucuncasexclurelepèred’Enzosurunesimpleprésomption.Ilconviendranéanmoinsd’êtrevigilant.esanspourautantvousmontrersuspicieux.seàsonégard.S’iltenteeffectivementdeprofiterdecedéplacementpourfairedelapublicitépoursonmouvement,vouslerappellerezàl’ordreenl’avertissantques’ilrecommence,vousserezcontraintderefusersaparticipationauxprochainsdéplacements.
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20.«Art.1.4:lapossibilitédeparticiperetêtreassociéessurunpiedd’égalité,àtouslesniveauxdelasupervisionetdelaprisededécision,àl’éducationphysique,àl’activitéphysiqueetausport,àdesfinsdeloisiretderécréation,debonnesantéoudehauteperformanceestpourtouteslesfillesettouteslesfemmesundroitqu’ilimportedefaireactivementrespecter.»
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Pistes d’action•Commencerparrappelerauxparentsqueleclub
estouvertàtous,sansdistinctiondecroyancenidereligion.Celavautaussibienpourlesjoueursquepourlesparentsquiaccompagnentlesdéplacementsdel’équipe.
•Leurexpliquerquevotrerôleestdeveilleràcequepersonnenesoitsoumisàunepressionreligieuse,maisaussiquepersonnenesoitexcluenraisondesescroyances.
•Lesrassurerenvousengageantàêtrevigilant.evis-à-visdetouteéventuelletentativedeprosélytisme.
CAS N° 20 JOUEURS DE FOOT FAISANT LE RAMADANContexte : clubsportifDomaine : sportNotions associées : libertédeculteSituation : vousentraînezuneéquipedecadets(13-14ans)dansunclubdefootball.Parmivosjoueurs,quatrefontleramadan,c’est-à-direqu’ilsjeûnenttotalementduleveraucoucherdusoleilpendantunmois.Toutefois,ilssouhaitentcontinueràs’entraîneretàjouerlesmatchsdecompétition.Voushésitezàlestitulariser21,craignantqu’ilsnesoienttropfaiblespourdisputerunerencontre.Enmêmetemps,vousnevoulezpasqu’ilssesententmisàl’écart.Quefaites-vous?Décryptage
Lechoixdelatitularisationdesjoueurssefaitsurdescritèresliésàleursqualitéssportives,àleurformephysiqueetàleurétatd’esprit.C’estpourquoil’entraîneur.sedoitconnaîtretouslesélémentssusceptiblesd’influersurcesdifférentsparamètres.Ilestclairquelejeûnenepeutêtresansincidencesurlescapacitésphysiquesd’unindividu.Unjoueurquin’apasbunimangédelajournéeseraforcémentendessousdesescapacités.Ilseramoinsvifetmoinsendurant.Deplus,fourniruneffortphysiquesoutenupendantquatre-vingt-dixminutes(duréed’unmatch
defoot)àjeunn’estpassansdanger.Celaaugmentelesrisquesdedéshydratation,d’hypoglycémieetdeblessure.Ilparaîtdoncaminimaexcludefairejouercesjeunespendantlatotalitéd’unmatch.
Quantàsavoirs’ilspourrontjouerunepartiedumatch,celadépenddeplusieursfacteurs,notammentlatempératureextérieureetlemomentdelarencontre(c’est-à-direladuréeécouléedepuisladernièreprised’eauetdenourrituredujoueur).Siellesedérouleenfind’après-midisousunsoleildeplomb,ilestplusprudentdelaisserlesjeûneurssurlebancdesremplaçants.Cettevigilancedoitégalementêtredemisepourlesentraînements.Silesconditionsnesontpasfavorables,l’entraîneur.sepeutdemanderauxjeûneursdenepasyprendrepart.
Ilestpossiblequecesdernierssesententalorsmisàl’écart,maislasécuritéprime.Etcelafaitpartiedel’apprentissagedelaresponsabilitédelesaideràassumerlesconséquencesdeleurchoix.Pistes d’action
•Direauxquatrejoueursconcernésquevousrespectezleurchoixdefaireleramadan,maisquevousnepouvezpaslestraitercommelesautresjoueurspendantcettepériode,carvousêtesgarantdeleursécuritéetdeleursanté.
•Lesinformer,s’ilsn’ensontpasconscients,desrisquesqu’ilyaàpratiqueruneactivitéphysiqueàjeun.
•Leurdirequevousneleslaisserezjoueràl’entraînementetauxmatchsquesilesconditionss’yprêtentetpouruneduréelimitée,afindepréserverleursanté.
•Lorsqu’ilssontsurleterrain,leurdemanderdevouspréveniraumoindresignedemalaiseafinquevouspuissiezlesfaireremplacer.Lespréveniraussiqu’encasdemalaiseilsdevrontaccepterdes’hydrateretdes’alimenter.
21.Titulariserunjoueurpourunmatchsignifieleplacerparmilesonzequidébuterontlematch.Ceuxquinesontpastitulairessontremplaçants.
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CAS N° 21 MANIFESTATIONS RELIGIEUSES LORS D’UN TOURNOI SPORTIF INTERNATIONALContexte :clubsportifDomaine : sportNotions associées : libertédeculte,neutralité,signesreligieuxSituation : vousprésidezunclubdefootballamateuretvousorganisez,commechaqueannée,untournoiréunissantdeséquipesvenantdedifférentspayseuropéens.L’équipebritannique,quicompteplusieursjoueursmusulmans,demandes’ilestpossibledeprierdanslesvestiairesavantlematch,commeellelefaitchezelle.Deplus,l’entraîneuretcertainsjoueursportentunturbansikh.Or,dansvotreclub,toutemanifestationpolitiqueoureligieuseestproscrite(c’estspécifiédansvosstatuts).Quefaites-vous?Parailleurs,lesjoueursdevotreclubfontremarquerquelesAnglaisontl’airbeaucouppluslibresdepratiquerleurreligionetdemandentpourquoiilyaautantderestrictionsenFrance.Queleurrépondez-vous?Décryptage
EnFrance,lesclubsdefootballamateursjouentleplussouventsurdesterrainsmunicipaux.Orcesderniersétantdeséquipementspublics,ilsnepeuventpasserviràlapratiqued’unculte(saufs’ilssontlouésàcettefin).Cetterègles’appliqueàtouslesutilisateursduterrain,qu’ilssoientfrançaisouétrangers.
Concernantleportdesignesreligieuxparlesjoueurspendantlescompétitions,iln’estpasinterditparlaloimaispeutl’êtreparlecluboul’instanceorganisatricedelacompétition,pourdesraisonsdetenuesréglementairesetdevaleursdusport.Parexemple,laFédérationinternationaledefootball(Fifa)autoriseleportdesignesreligieux–souscertainesconditions–maislaFédérationfrançaisedefootball(FFF)l’interdit,toutcommel’associationFootballloisiramateur.Celasignifiequ’unclubquiparticipeàunchampionnatorganiséparcetteassociationpeutautoriserleportdesignesreligieuxpendantsesentraînements,maispaspendantlesmatchsdechampionnat.
Siletournoiestorganiséparvotreclub,c’estàvousd’enfixerlesrègles.Dèslors,leplussimpleestsansdouted’appliquerlesmêmesrèglesauxéquipes
visiteusesqu’àlavôtre,afind’éviterle«deuxpoids,deuxmesures».
Lalaïcitéfrançaiseestparfoisvuecommeantireligieuse,notammentàl’étranger.Ilconvientderappelerquelalaïcitéestaucontraireunmoyendegarantirlalibertédereligionetlanon-discriminationreligieuse.Laconditiondecettelaïcitéestquel’Étatrespecteunestricteneutralité,d’oùl’interdictiondesmanifestationsreligieusesdansleséquipementspublics.
Quantàlaneutralitérevendiquéeparcertainesfédérationsetclubssportifs,elleestunmoyenderespecterlestenuesréglementairesetdemettreenavantlesvaleursdusportpourveilleràcequelareligionoulapolitiquenesoientpasunesourcededivision.Pistes d’action
•Expliquerauresponsabledeladélégationbritanniquequesesjoueursnepourrontpasprierdanslesvestiairesniporterdeturbansurleterrain,envertudelalégislationfrançaiseetdesrèglesétabliesparvotreclubseréférantàlatenueréglementairedecesportetauxvaleursdusport.Mettreenavantlefaitquevousnepouvezpasleurautorisercequevousinterdisezàvospropresjoueurs.
•Pourlesprochainstournoisinternationaux,informerenamontleséquipesétrangèresdecesrègles.
•ExpliqueràvosjoueursquechaqueÉtatetchaquefédérationnationaleétablitsesloisetsesstatutsenfonctiondesonhistoireetdesaculturepolitique.Certes,lalaïcitéfrançaisepeutparaîtrecontraignante,maisellegarantitlalibertédeconscience,l’égalitéentretousetlaneutralitédel’État.A contrario,auRoyaume-Uni,parexemple,oùilexistedeuxÉglisesd’État(l’anglicaneetlapresbytérienne),leslibertésdeconscienceetdecultenesontpasexplicitementgarantiesparuntexteconstitutionnel,etlesétablissementsscolairespublicsdispensentunenseignementreligieux.
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CAS N° 22 PROJET DE COURS DE NATATION NON MIXTE DANS UNE PISCINE MUNICIPALEContexte :clubsportifDomaine : sportNotions associées :discriminationSituation : vousêtesresponsableduservicedessportsdansunecommune.VivaSports,uneassociationdequartier,demandel’ouvertured’uncréneauhorairenonmixteàlapiscinemunicipale.Eneffet,unedizainedeleursadhérentesaimeraits’initieràlanatationmaisn’envisagentpas,pourdesraisonspersonnelles,religieuseset/ouculturelles,desemontrerentenuesdebainenprésenced’hommes.Querépondez-vousàcetteassociation?Décryptage
Entantqueservicepublic,unepiscinemunicipaledoitêtreouverteàtousettoutessansdiscrimination.Néanmoins,ilfautdistinguerlescréneauxd’ouvertureaugrandpublicdescréneauxoùlapiscinepeutêtreréservéeàunestructure(écoleouclubsportif).Danscederniercas,ilarrivefréquemmentquelepublicsoitnonmixte.Lorsqu’unepiscineestmiseàdispositiond’unclubdewater-polomasculinoudenatationsynchronisée(disciplineuniquementféminine),ellen’estcertespasréservée,enprincipe,auxhommesouauxfemmes,maislesusagerssont,enpratique,tousdumêmesexe.Rappelonsquelaloigarantitledroitàlanon-mixité,lorsquecelle-ciestjustifiéenotammentparlalibertéd’association,l’organisationd’activitéssportivesoulapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes22.Iln’yadoncpas,ensoi,d’oppositionlégaleàcequ’unepiscinemunicipalesoitréservéeàuneassociationpratiquantuneactiviténon-mixte,endehorsdescréneauxd’ouvertureaugrandpublic.LaréponseàdonneràlademandedeVivaSportsestdoncpluspolitiquequejuridique.
LamunicipalitépourraitaccepterlademandedeVivaSportsdansunsoucidedémocratisationdusport,enpartantduprincipequecetteassociationtouchedespublicséloignésdelapratiquesportive.Mais,danscecas,ilseraitsouhaitablequececourssoitouvertàtouteslesfemmesquiaimeraientalleràlapiscinemaisn’assumentpasdesemontrerenmaillotdebainsousleregarddeshommespourdesraisonsdiverses.Eneffet,ilestproblématique,dupointdevuedudroitetinacceptabledupointdevuedel’espritrépublicain,deréserveruneactivitésportiveàdesfemmesd’unemêmeorigineoud’unemêmereligiondansunéquipementpublic.Deplus,lenombreactuellementréduitd’adhérentesintéressées(unedizaine)plaidepourunélargissementdurecrutementafind’atteindreunetaillecritiquesusceptibledejustifierlamiseàdispositiondetoutelapiscine.Pistes d’action
•S’assurer,enpremierlieu,queletauxd’occupationdelapiscinemunicipalepermetd’alloueruncréneauhorairesupplémentaireàunenouvelleassociation.
•Voirsiceprojetdecoursdenatationproposéparuneassociationprivéeesteffectivementouvertàtouteslesfemmes,sansdistinctiond’origineoudereligion.
•InformerVivaSportsque,sisademandevenaitàêtresatisfaite,ellenepourraitenaucuncasexigerlanon-mixitédupersonneldelapiscinependantsoncoursdenatation.
•InviterVivaSportsàtrouverd’autresfemmesintéresséesparcecoursafind’atteindreunetaillecritique.Danslecascontraire,iln’yauraitpasdejustificationàlamiseàdispositiondetoutelapiscine.
•SilademandedeVivaSportsestacceptée,préparerdesélémentsdelangageàl’intentiondesélusafind’anticiperl’éventuellepolémiquequecettedécisionpourraitdéclencher.
Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas
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22.Codepénal,art.225-3.
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CAS N° 23 AMÉNAGEMENT DU TEMPS DE TRAVAIL POUR RAISONS RELIGIEUSESContexte : administrationDomaine : emploi/RHNotions associées :discriminationSituation : vousêtesresponsabled’unserviced’accueildupublicdansuneadministration.Undevosagentssouhaitenepastravaillerlesvendredisaprès-midiafindepouvoirserendreàlamosquée.Jusqu’ici,vousaveztoujoursacceptéd’aménagersontempsdetravailpourqu’ilpuisseselibérersurcettedemi-journéemaisilvousdemandedepérennisercetarrangement,cequevousnesouhaitezpasfairecarl’affluenceestimportantelesvendredisaprès-midietvousvoulezvouslaisserlapossibilitédelemobiliseràcemoment-là.Votreagentseplaintdediscrimination.Quefaites-vous?DécryptageSilesagentspublicssonteffectivementprotégéscontreladiscriminationenraisondelareligion(article6delaloidu13juillet1983,diteloiLePors),cettesituationnesauraitêtreconsidéréecommetellecarl’aménagementdutempsdetravailneconstituepasundroitpourlesagents.Cesdernierspeuventenfairelademandemaiscelle-ciestsoumiseàl’appréciationdusupérieurhiérarchique,quil’examineenfonctiondesnécessitésdeservice.Or,danslecasprésent,l’agentdemandeàs’absentersuruncréneauquicorrespondprécisémentàunpicd’affluence,àunmomentoùvousavezbesoindevotreeffectifcompletpourfairefaceaufluxd’usagers.Sonabsencerisquedoncdenuireàlaqualitéduservicerenduenallongeantlestempsd’attenteetenaccroissantexcessivementlachargedetravaildesescollègues.Vousnepouvezdoncpasvouspriverdurablementd’unagentsurcettedemi-journée.Deplus,dansunsoucid’équité,ilconvientdelaisseràd’autresagentslapossibilitédeprendreleurvendrediaprès-midi.Cesraisonsconstituentdesmotifsvalablesderefusétrangersàtoutediscrimination.
Pistes d’action•Expliqueràl’agentquevousnepouvezpasaccepter
sademandepourtouteslesraisonsévoquéesci-dessus.
•Envisageravecluid’autresaménagements,commedeprendreunepause-déjeunerpluslonguelevendrediencommençantplustôtouenfinissantplustard.
•L’autoriseràprendresonvendrediaprès-midilorsquel’affluenceestmoinsforte,parexemplependantlesvacancesscolaires.
CAS N° 24 NOURRITURE CONFESSIONNELLE DANS UN CENTRE ÉDUCATIF FERMÉContexte : centreéducatifferméDomaine : justiceNotions associées :libertédeculte,neutralité.Situation : vousdirigezdepuispeuuncentreéducatiffermé.Ils’agitd’unestructurealternativeàl’incarcérationaccueillantdesmineursmultirécidivistesetrattachéeauministèredelaJusticeouhabilitéeparlui.Vousdécouvrezquelacantineducentreproposedeuxmenus,l’unnon-confessionnel,l’autrehalal.Cesecondmenu,misenplacepourrépondreausouhaitdecertainspensionnaires,estégalementserviàunepartiedesagentsquienontfaitlademande.Vousvousdemandezsicettepratiqueestcompatibleavecleurobligationdeneutralité.Qu’enest-il?DécryptageDansuncentreéducatiffermé,lespensionnairesnesontpaslibresdeleurmouvementetn’ontpaslapossibilitédeseprocurercetypedeviandeparunautremoyen.Ilsdépendentdoncdel’administrationpourpouvoirexercerleurlibertédeculte,quiimpliquenotammentlapossibilitéderespectercertainesprescriptionsalimentaires.Ilestdonclégitime,etmêmerecommandé,quelecentreservedelanourritureconfessionnelledèslorsquedespensionnairesenontformulélademande.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION90 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION90
Néanmoins,lamiseenœuvredeceprincipedoitrespectertroisconditionsquiontétéédictéesparunenoteduministèredelaJustice23:
•Cettenourriturenedoitpasêtreserviedemanièreexclusive:chacundoitpouvoirmangerautrechose;
•Ellenedoitpasêtreserviedemanièreindifférenciée:n’yaurontaccèsqueceuxdontlademandeindividuelleafaitl’objetd’unexamencirconstancié;
•Ladélivrancedecettenourriturenedoitpasporter«uneatteinteexcessiveaubonfonctionnementdel’établissement,niporteratteinteàlaneutralitéquedoiventobserverlespersonnels».
A priori,cesconditionssontrespectéesdansvotrecentre,àl’exceptiondeladernièrepuisquelesrepashalalsontégalementservisàdesagents.D’unepart,iln’yaaucuneraisonpourquel’administrationleurfournissedelanourritureconfessionnellepuisqu’ilspeuventéventuellements’enprocurerparleurspropresmoyens,enmangeantàl’extérieurducentreendehorsdeleurshorairesdetravail.D’autrepart,lefaitdeconsommerunrepasidentifiablepartouscommehalalconstitueunemanifestationdeleursconvictionsreligieusesalorsmêmequ’ilsexécutentunemissiondeservicepublicetsontdoncsoumisàunestricteneutralité.Danslecasd’espèce,celaestd’autantplusproblématiquequelesusagerssontdesmineurs,doncplusinfluençables.Pistes d’action
•Maintenirl’offrederepashalalpourlesusagersuniquementetveillerànelaservirqu’àceuxquienontfaitlademande(enaccordavecleursparentsouleurtuteurlégal).
•Pourlepersonnel,silescontraintesbudgétairesetmatérielleslepermettent,mettreenplaceuneoffreproposantdeuxoptions:unmenuàbasedeviandenon-confessionnelleetunmenuvégétarien.
•Expliquerauxagentslesraisonsdecechangementlorsd’untempsderegroupementexistantsoud’uneréuniondédiée.Enprofiterpourleurrappelerlesdroitsetobligationsdesagentsetdesusagersdesservicespublicsenmatièredelaïcité.
CAS N° 25 LE BINDI DES LYCÉENNES Territoire :LaRéunionContexte :établissementscolaireDomaine :enseignementNotions associées :égalité,laïcitéSituation : vousfaitesvotrepremièrerentréedesclassesentantqueproviseurdansunlycéeréunionnais.Parmilesélèves,vousconstatezqueplusieursfillesarborentunpetitpointrougeaumilieudufront.Aprèsrenseignement,vousapprenezqu’ils’agitd’un«bindi»,ou«troisièmeœildeVishnou»,traditionnellementportéparlesfemmeshindoues.S’agissantd’unsignereligieux,vousestimezqu’iln’apassaplacedansunlycéepublicmaisvoscollèguespensentqu’iln’estpasostensibleetqu’ilseraitdetoutefaçondélicatdel’interdire,étantdonnélesusagesdel’importantecommunautéhindouevivantsurl’île.Décryptage
Laloidu15mars2004interdit«leportdesignesoutenuesparlesquelslesélèvesmanifestentostensiblementuneappartenancereligieuse»danslesécoles,lescollègesetleslycéespublics.Lacirculaired’applicationdecetextepréciseque:
1.«Lessignesettenuesquisontinterditssontceuxdontleportconduitàsefaireimmédiatementreconnaîtreparsonappartenancereligieuse»;
2.«Laloineremetpasencauseledroitdesélèvesdeporterdessignesreligieuxdiscrets».
3.«Ellen’interditpaslesaccessoiresetlestenuesquisontportéscommunémentpardesélèvesendehorsdetoutesignificationreligieuse.»
Qu’enest-ildubindi?•Detouteévidence,ilneconstituepasunsigne
«discret»puisqu’ilestportésurlevisage.Ilestdoncimpossibledenepaslevoir.
•Bienquecertainesfillesleportentpourdesraisonsesthétiqueset/ouculturelles,lebindineconstituepasunaccessoireportécommunémentpardesélèvesendehorsdetoutesignificationreligieuse.
•Ilestportétrèsmajoritairement,voireexclusivement,pardesfillesissuesdelacommunautétamoule,quisontdeculturehindoue.Onpeutdoncdirequelebindiconduitcellesquileportent«àsefaireimmédiatementreconnaîtrepar[leur]appartenancereligieuse».
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23.Notedu4mai2015relativeauxlignesdirectricesrelativesàl’élaborationdurèglementdefonctionnementdesétablissementscollectifsdeplacementjudiciairedusecteurpublicetdusecteurassociatifhabilité.NOR:JUSF1511218N.
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Conformémentàlaloidu15mars2004,leportdubindidoitdoncêtreinterditauxélèvesdecelycéepublic,dansunsoucid’égalitédetraitement.Eneffet,onnesauraitautoriserlebindietinterdirelevoile,lakippaouleturbansikh.Évidemment,cettedécisiondoitêtreexpliquéeàtoutelacommunautééducativeetappliquéeprogressivementcarellenemanquerapasdeprovoquerdesréactionsdelapartdesélèves,desparents,voiredesenseignants.
Pistes d’action •Mettrelaquestionàl’ordredujourduprochain
conseild’administrationdulycée,quiestcomposénotammentdereprésentantsdupersonnel,desélèvesetdesparentsd’élèves.
•Lorsdecetteréunion,rappelerl’espritetlalettredelaloidu15mars2004etexpliquerpourquoielles’appliqueégalementaubindi.Prendreletempsd’écoutertouteslesobjectionsetd’argumentercettedécision.
•Annoncerquelerèglementintérieurseraprochainementmodifiéencesens,cequilaissedutempspourpréparerlesesprits.
•Demanderauxprofesseursd’enseignementmoraletciviqued’expliquerauxélèvescettenouvellerègledanslecadred’uneséanceconsacréeauprincipedelaïcité.
•Demanderauxconseillersprincipauxd’éducationderappelercetterègleàtouteslesélèvesquiviendraientaulycéeenportantunbindi.
CAS N° 26 DES PROPOS CRÉATIONNISTES DURANT UNE FORMATION PUBLIQUE Territoire :GuyaneContexte :organismedeformationDomaine :formationNotion associée :laïcité,libertédeconscience,neutralitéSituation :vousanimez,danslecadreduPrefob24,
desateliersd’apprentissagedelalanguefrançaiseetdessavoirsdebase.Cettesemaine,vousorganisezpourvosstagiairesunevisitedumuséedel’EspacedeKourou,suivied’unatelierpermettantd’appréhenderlesnotionsdebaseetlevocabulaireassociéàl’originedel’Hommeetdel’univers.Plusieursstagiairesobjectentquel’Hommeetl’universontétécréésparDieu,«commeilestécritdanslaBible».Quefaites-vous?Décryptage
Cettesituationillustreunphénomènemondial:lacontestationpardesmouvementsreligieuxdessavoirsscientifiquesetnotammentdelathéoriedel’évolution.Cescourants,quel’onqualifiede«créationnistes»(enoppositionaux«évolutionnistes»),affirmentquel’universetl’êtrehumainsontdescréationsdivines,telqu’ilenestfaitrécitdanslestextessacrés,etsouhaitentquecettevisiondeschosessoitenseignéeàl’école.
Orilvadesoiqu’unformateurintervenantdanslecadred’unprogrammepublicnesauraitvalidercetypedediscours,quifaitobstacleàl’acquisitiondesavoirsscientifiques,etserévèleincompatibleavecleprincipedelaïcité.Toutefois,ilconvientdel’expliquerauxstagiairesenévitantdeuxécueils:
1.porterunjugementnégatifsurlesobjectionsdesstagiaires,cequiauraitpoureffetdelesbraquerencoredavantage;
2.entrerendébataveceux,cequicréeraitunantagonismeentrevousetlegroupe.
Faceauxdiscourscréationnistes,ilimportededistinguercroireetsavoir.Onnesauraitcomparernihiérarchiserlesdiscoursreligieuxetlesthèsesscientifiquescarcesontdeuxregistresdifférents.Lescroyancesrelèventdelafoi,tandisquelessavoirssontleproduitd’unedémarchescientifique.Or,dansunÉtatlaïque,lafoinepeutêtreenseignéedanslecadred’unprogrammepublic.
Commeils’agitd’unsujetsensible,ilestpossiblequ’unepartiedesstagiairesrejettentvosarguments
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24.LeProgrammeRégionald’EducationetdeFormationdeBase(PREFOB)estunprogrammed’actionpartenarialpropreàlaGuyanequiproposedesactionsdeformationauxsavoirsfondamentaux:maîtrisedufrançais,lecture,écriture,calcul,raisonnementlogique…
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION92 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION92
etcherchentàtoutprixàimposerleurvisiondeschoses.Silatensionmonte,lemieuxestdecloreledébatpourserecentrersurlesapprentissagesdirectementvisésparlaformation,lamaîtrisedelalanguefrançaiseetdessavoirsfondamentaux.Pistes d’action
•Expliquerladifférenceentrecroireetsavoir.•Direauxstagiairescontestatairesqueleurs
croyancessontrespectablesmaisqu’ellesn’ontpasenl’espèceàêtreopposéesauxsavoirsscientifiquescarils’agitdedeuxregistresdifférents.
•Siladiscussions’envenime,ymettreuntermeenexpliquantquecetteformation(quis’inscritdansunprogrammepublic)n’estpaslelieud’undébatsurlavéritédescroyancesreligieuses.
•Rappelerlesobjectifsdelaformationetserecentrersurunthèmeouunobjetplusconsensuel(parexemplelevocabulaireassociéàl’espace).
CAS N° 27 BAC BLANC LE JOUR DU SABBATTerritoire :GuadeloupeContexte :établissementscolaireDomaine :enseignementNotion associée :libertédereligion,neutralitéSituation :vousêtesproviseured’ungrandlycéeetêtesentraind’organiserlesépreuvesdubacblanc.Pourl’orald’anglais,quiaétéfixéunsamedimatin,vousavezbesoindetouslesprofesseursdecettediscipline.Orl’und’euxestdeconfessionadventisteetnesouhaitepastravaillerlesamedi,conformémentàsareligionquiimposeàsesfidèleslereposdusabbat(duvendredisoirausamedisoir),commeill’expliquerégulièrementàquiveutl’entendre.Quefaites-vous?Décryptage
L’obligationdeneutralitédesservicespublicsn’empêchepasl’administrationdeprendreencomptecertainesdemandesàfondementreligieuxdesagentspublics,dèslorsqu’ellesneperturbentpaslefonctionnementnormalduservice.Onsaitparexemplequelesfonctionnairespeuventobtenirunejournéeexceptionnelled’absencepourunefêtereligieuse.Lesétablissementsscolairesontégalement
coutumederecueillirlesvœuxdesenseignantspourcomposerlesemploisdutemps.Ainsi,ceprofesseuradventistepeuttoutàfaitdemander(maispasexiger)denepasavoirdecourslesamedimatin.
Toutefois,danslecasprésent,ils’agitd’unecirconstanceparticulière:uneépreuvedubacblancquidemande,exceptionnellement,lamobilisationdetouslesprofesseursd’anglaisunsamedimatin.Ilsembledoncdifficiled’accorderunedérogationàceprofesseuroudedéplacercetteépreuvesansperturberconsidérablementlefonctionnementnormalduservice.Celui-cidevradoncêtreprésentcejour-là,envertudel’obligationquiincombeauxfonctionnairesd’effectuerlestâchesquileursontconfiées(article28delaloin°83-634du13juillet1983).Parailleurs,ilpeutêtreutiledeluirappelersonobligationdeneutralitéqu’ilsembleoublierlorsqu’ilfaitétatdesareligionauprèsdesescollègues.
Pistes d’action •Prévenirdefaçonindividuelleleprofesseur
d’anglaisquetouslesenseignantsdesadisciplinevontêtreexceptionnellementmobilisésunsamedimatinpourfairepasserlesorauxdubacblanc.
•S’ilproteste,luidirequevousaveztoujoursfaitensortequ’iln’aitpasdecourslesamedimatinmaisquepourdesraisonsmatérielles,iln’étaitpaspossibled’organiserlesorauxd’anglaisunautrejour.
•S’ilmenacedenepasvenir,luirappelerquelerefusd’obéissanceconstitueunefauteprofessionnelle.
•Luirappelerégalementque,comptetenudesonobligationdeneutralité,ilnedoitpasmanifestersesconvictionsreligieusesdevantsesélèvesnisescollègues,etqu’ilnepeutpaslesmettreenavantpours’abstenirdesesobligationsprofessionnelles.
FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèsen°9et10.
Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 93
Cettefichefournitdesargumentspouvantêtreutilisésparlesprofessionnelspourexpliquerlalaïcitéàleurscollèguesouàdesusagers,enréponseàdesidéesreçues.
« LA FRANCE EST UN PAYS LAÏQUE. ON DOIT LAISSER SA RELIGION CHEZ SOI. »
LaFranceesteffectivementunÉtatlaïque(etnonunpayslaïque),cequisignifiequ’il n’y a pas de religion officielleetquelesinstitutionspubliquessontindépendantesdetouteconceptionreligieuse.Maiscelan’impliquenullementqu’ilfaudrait«laisserlareligionchezsoi».Lalaïcitégarantitlalibertédeconscience,quiinclutledroitdemanifestersareligionenpublic.Uneloiinterdisantleportdesignesreligieuxdansl’espacepublicseraitanticonstitutionnelleet antidémocratique.
« L’ÉTAT LAÏQUE IGNORE LES RELIGIONS. »
Selonlaloide1905,« la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte »maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Lespouvoirspublicsdialoguentquotidiennementaveclesautoritésreligieuses,tantauniveauétatiquequ’auniveaulocal.Rattachéauministèredel’Intérieur,leBureaucentraldescultesestchargédesrelationsaveclesreprésentantsdescultesetveilleaurespectdesdispositionsdelaloide1905,parmilesquelleslapolicedescultes.Ilestparexempleinterditauxministresdescultes(prêtres,pasteurs,rabbins,imams…)detenirdesdiscoursincitantlesfidèlesàdésobéirauxlois.
Aunomdel’ordrepublic, l’État encadre donc l’exercice du culte mais dans le même temps il le protège ensanctionnant,parexemple,lefaitd’empêcheroud’interrompreunecérémoniereligieuse.Auniveaulocal,lemairedialogueaveclesautoritésreligieuses,notammentpourtoutcequiconcernelaconstructionoul’entretiendeslieuxdecultes.
Fichedesynthèsen° 9 Lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers
« LA LAÏCITÉ INTERDIT AUX POUVOIRS PUBLICS DE PRENDRE EN COMPTE TOUTE DEMANDE RELIGIEUSE. »
Lalaïcitéimpliquelaneutralité confessionnelle desinstitutionspubliques.L’Étatoulescollectivitésterritorialesnepeuventsubventionnerd’activitésreligieuses,nifairelapromotiondetelleoutelleoptionreligieuse.Enrevanche,danslesétablissements publics fermés(internats,hôpitaux,casernes,prisons…),l’Étatdoit,danslamesuredupossible,permettrel’exerciceduculte,enfinançantdesaumôneriesouenproposantdesmenusconfessionnelsauxpersonnesquienfontlademande,sicelan’entravepaslebonfonctionnementduservice.Danslescantinesscolaires,lesmairiesn’ontaucuneobligationdefairedemêmemaisriennelesempêchedeproposer,parexemple,desmenussansporcousansviande.LaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsindiqued’ailleursque« le service s’efforce de prendre en considération les convictions de ses usagers dans le respect des règles auquel il est soumis et de son bon fonctionnement. »
Cettenotiondebonfonctionnementestungarde-fou.Lorsqu’unedemandeouuncomportementseprésentantcommereligieuxviolelesrèglescommunes,iln’estnulbesoind’invoquerlalaïcitépourréagir.Parexemple,siunélèvecracheparterreparcequ’ilaffirmenepasavoirledroitd’avalersasalivependantleramadan,cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautlesanctionnermaisaunomdurèglementintérieur. w
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION94
« LA LAÏCITÉ SERT DE PRÉTEXTE POUR DISCRIMINER LES MUSULMANS. »
La laïcité n’est pas une arme de guerre contre l’islam, niaucunereligionenparticulier.Aucontraire,elleaétéconçueparsesfondateurs(AristideBriandetFerdinandBuisson,notamment)commeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdeconflitetdedivisiondanslasociétéfrançaise.Laloide1905garantitl’indépendancedesorganisationsreligieuses,protègelalibertédeconscienceetdeculte,etinterditladiscriminationreligieuse.Les musulmans bénéficient de ces droits et libertéaumêmetitrequetouslescroyants.Cependant,ilestarrivéquedesindividusinvoquentàtortlalaïcitépourjustifier des actes discriminatoires,commelefaitderefuseràunefemmevoiléedelouerunechambred’hôtel.Maiscelarésulted’unemauvaise compréhensionoud’unemanipulation de la laïcité.
« LA LAÏCITÉ EST ANTIRELIGIEUSE ET ANTICLÉRICALE. »
Leprocessusdelaïcisationdesinstitutionsfrançaises,quis’estétendude1880à1905,apermisàlaiiieRépubliquedes’émanciper de l’influence considérable qu’exerçait alors l’Église catholiquesurlaviepolitiqueetsociale,dansuncontexteoùl’ÉglisecombattaitlaRépubliqueetprônaitunretouràunemonarchiededroitdivin.Silesrépublicainslesplusanticléricauxconcevaientlalaïcitécommeunmoyend’anéantirl’Églisecatholique,cen’estpascettetendancequil’aemporté.Laloide1905aétél’œuvredespartisansducompromisavecl’Égliseetd’uneprotectiondelalibertédereligion.Lalaïcitén’estdoncpasensoianticléricale(hostileauxinstitutionsreligieuses)ouantireligieuse(hostileàlareligion).L’État ne s’immisce pas dans le dogme ni dans l’organisation
des communautés religieuses,ilveilleseulementquecelles-cirespectentlaloirépublicaine.Parexemple,ilnedemandepasàl’Églisecatholiqued’accepterl’avortementoulemariagehomosexuelmaisdenepasinciterlesfidèlesàempêcherdesavortementsoudescélébrationsdemariageshomosexuels.
« MON ENTREPRISE EST LAÏQUE. JE NE VEUX PAS DE SIGNES RELIGIEUX. »
La laïcité concerne les institutions publiques, pas les entreprises.Celles-cinepeuventdoncseprévaloirdelalaïcitépourinterdireàleurssalariésouàleursclientsdeporterdessignesreligieux.Lalibertédemanifestersareligionpeuttoutefoisêtrerestreintepourdesimpératifsd’hygiène,desécuritéousisonexerciceempêchelebondéroulementdel’activitédel’entreprise.Deplus,unrèglementintérieurpeutcontenirdesexigencesdeneutralitépourcertainssalariésàconditionqu’ellessoientjustifiées et proportionnées.Touterestrictionnonjustifiéedecettelibertéconstitueunediscrimination fondéesurlareligion.
Fichedesynthèsen°9
Lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 95KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
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Fichedesynthèsen° 10 Laïcité:lesdixmessagesclés
1 L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes
controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.
2Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu9 décembre 1905deséparation
desÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.
3Lalaïcitéestdéfiniepar:-laprotectiondelalibertédeconscience
etlagarantiedelalibertédeculte;-l’égalitédetraitemententretouslescitoyens;-laneutralitédel’Étatetlagarantiedupluralisme
religieux.
4Lalaïcitéestmoinsunevaleurenelle-mêmequ’unprincipe juridico-politique au service
des valeursrépublicaines(liberté,égalité,fraternité).
5Lalaïciténes’assimilepasàl’athéisme.Ellen’estpasunecroyanceouuneoptionphilosophique
parmid’autresmaisleprincipequirendpossiblelacoexistence de toutes les croyances.
6Lalaïcitédoitêtredistinguéedelasécularisation,quidésigneleprocessusdeperted’influence
delareligiondansunesociété.Lalaïcisationestunprocessuspolitique,lasécularisationunprocessussocial.
7 Lalaïciténecantonnepaslareligionàlasphèreprivée.Ellegarantitaucontrairelalibertéde
religion,ycomprisenmettantàdispositiondesoutilsjuridiquespermettantl’organisationdescultesetprotègele droit de manifester sa religion en public.
8L’Étatpeutrestreindrecedroitpourdesraisonsliéesaurespectdupluralismereligieux,
àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsd’ordrepublicetaumaintiendelapaixcivile.Demême,unemployeur privé peutimposeràsessalariésdesrestrictionsdecettelibertépourdesraisonsliéesàlasécurité,l’hygièneoul’exécutiondeleursmissions.
9Le devoir de neutralité(interdictiondeporterdessignesreligieux)s’appliqueauxagentsdestrois
fonctionspubliques,ainsiqu’auxsalariésdestructuresdedroitprivéexerçantunemissiondeservicepublic.Pourlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics,c’estundevoirdediscrétionquis’impose.
10Lesusagersdesservicespublicsnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieuses
pours’affranchir des règles communes.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION96
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 97
Séquence8Posture et communication
890 min
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P. 98 Fiche formateur n°9
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Jour2
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION98
MISE EN CONTEXTEL’objectifpourlesparticipantsestdeprendre
consciencequelesdébatsautourdesquestionsdelaïcitésontsouventlefruitdelaconfrontationdecadresderéférencedifférentsetnond’uneremiseencauseduprincipedelaïcité.L’écoute,l’empathieetl’ouverturedeviennentalorsdesqualitésàmobiliserpourmaintenirlarelation,lemessageétantportétantparlediscoursqueparlapostureetl’attitude.Lequestionnement,l’explicationetl’argumentationsontalorsauservicedelaconstructiondudialoguefavorisantl’émergenced’uneissuepositive.Cesconditionssontpropicesàlapédagogieautourdelaquestiondelalaïcité.
SITUATIONEnrepartantdessituationsquiaurontétéanalysées
lorsdelaséquence7,vousmettezenplacedesjeuxderôlesquipermettrontdemettreenmouvementlesargumentairesquiavaientétéidentifiés.
Pourchaquesituation,vousdemandezunvolontairepourjouerlerôleduprofessionnel(agentduservicepublic,salariéd’uneassociation…)etunautrepourinterpréterlerôledesoninterlocuteur.Ilsprendrontuntempsrapidepourseremémorerlasituationetimaginerlafaçondelafairevivredanslecadredecettesimulation.
Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.
Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsd’améliorationet/
90 mind’exerciceetdedébriefing
Ficheformateurn°9Postureàadopter
ouvigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),du comportement (regard,posture,voix)etdela gestion de la relation(reformulation,écouteactive,participation).
Lorsquelasimulationestterminée,le débrief s’organise en trois temps :
•pointdevueduprofessionnelsursaperceptiondelafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…);
•pointdevuedel’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…);
•pointdevuedesobservateurs.
Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepointdevueetapporterezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.
Éléments de cadrage sur les situations de tension et de conflit
•Leconflitestunesituationdanslaquelledeuxouplusieursacteursauxintérêtsopposésentrentenconfrontation,enoppositionetentreprennentdesactionsantagonistes.
•Leregard(construitsurlabasedesonhistoirepersonnelle,desesvaleurs,desapersonnalité,desaculture…)eststructurantetconditionnelaperceptiondessituations.
•Lapréventiond’unconflitrequiertdegérerlesmalentendus,lesdifférencesculturelles,lesincompréhensions.
•Larésolutiond’unconflitpasseinévitablementparuneanalyseprécisedelasituation.
•Lasortied’unconflitnécessited’objectiverdesimpressionsetdesperceptions;àpartirdequestionnementsetdereformulations,ils’agitdetransformerdessentimentsetdesopinionsenfaitstangibles.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 99
Éléments de cadrage sur la posture à adopter Adopterlesposturesfavorablesàlacréationd’unespaced’échangevéritableetconstructif:
•lacréationd’unclimatdeconfiancepasseparlerecoursàdestechniques(observation,écouteactive,reformulation,questionnement)etàdesattitudespositives(bienveillance,respect,tolérance,authenticité);
•lanécessitédelaisserunespacedeparolesuffisantàl’interlocuteur(écouterplusqueparler)etl’encourageràs’exprimerenposantdesquestionsouvertes,enstructurantetenrecherchantl’enchaînementdesidées,enreformulant;
•l’espritpositifdel’échangereposesurlavolontédejouergagnant-gagnantetdenepasinstaurerunrapportdeforce;
•lanécessitédesemettredansunétatd’espritpositifetdesemontrersoupledanssonattitudeetsespropos.
Éléments de cadrage sur les techniques de communicationComprendrelesleviersdelacommunicationpourinstaurerunclimatdeconfianceetcréerunespacedeparoleouvertetconstructifpourlesdeuxinterlocuteurs:
•lamiseenœuvred’unecommunicationouverteetconstructivenesedécrètepasetilestnécessairedecréerdesconditionsfavorables;
•l’écouteactiveestunfacteurprépondérantdelabonneconduitedel’échange.C’estprendreunepartactiveàl’échangetoutengardantlesilenceetensemettantdansunétatderéceptivité;C’estécouteravecattentionetempathie,engardantlecontact,enobservantlesattitudesdel’interlocuteur,ensemettantàsaplace;
•lesconditionsd’écoutesontparfoisdifficilesàréunir.Lorsqu’uninterlocuteurparle,unetendancefréquenteestd’intervenirimmédiatementdanssondiscours.L’interventionestencoreplusrapide
etfortesicequ’ilditsurprend,choqueougêne.Cetteréactionprécipitéeconstitueunobstacleàunebonneécouteetdoncàladynamiquedelacommunicationinterpersonnelle;
•lareformulationconsisteàrestituerdemanièresynthétiquecequel’interlocuteuradit,demanièreàcequ’ilretrouvelesentimentqu’ilaexpriméetlesinformationssignificativesqu’ilaapportées;
•lareformulationconfirmeàl’interlocuteurqu’ilestbienécoutéetcompris;ellepermetderésumeruneinterventionpourdégagerl’essentiel,demieuxsituerleproblème,devérifiersacompréhensiondel’exposé,dedédramatiserlasituationlorsqu’ilyaunemanifestationd’agressivité.Cefaisant,elleaideàclarifierlasituationouàdébroussaillerunproblème;
•lequestionnementestutilepourrecueillirdesinformations,demanderdesexplications,desprécisions,ouencorecontrôler/vérifierlabonneréceptiond’unmessage;
•lequestionnementpeutreposersur:–desquestionsferméesquiamènentdesréponses
courtesdetype«oui»ou«non»etquivisentàfairepréciserlesfaits,àobteniruneinformationpréciseetàvaliderunedécision;
–desquestionsouvertesquilaissentàlapersonneinterrogéelalibertéd’exprimersaréponsecommeellel’entendetquipermettentd’explorerunsujet,delancerladiscussion,dedonnerl’initiativeetd’aideràêtreobjectif;
–desquestionsinductivesquiseprésententcommedesquestionsferméesévoquantdéjàlaréponseattendue;
–lesquestionsetlesreformulationscontribuentàcréerledialogueetàsefaireuneopinion.
FICHE ASSOCIÉE :•Fichedesynthèsen°10:Laïcité,les10messagesclés
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION100
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 101
Séquence9
945 min
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Spécialisation : « Laïcité et usage des espaces publics » P. 103 Fiche stagiaire ressource n° 5 : quizP. 104 Fiche stagiaire corrigée n° 5 : quizP. 107 Fiche de synthèse n° 11 : laïcité
et usage des espaces publics
Spécialisation : « Laïcité et relation socio-éducative » P. 113 Fiche stagiaire ressource n° 6 : quiz
P. 114 Fiche stagiaire corrigée n° 6 : quiz P. 117 Fiche de synthèse n° 12 : laïcité et
relation socio-éducative
Spécialisation : « Laïcité : accueil et relations avec les publics »P. 123 Fiche stagiaire ressource n°7 : quizP. 124 fiche stagiaire corrigée n° 7 : quizP. 126 fiche de synthèse n°13 : « Accueil
et relation avec les publics »
P. 102 Fiche formateur n°10
Cadre légal applicable au contexte d’exercice professionnel
Jour2Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION102
MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvreladernièredemi-journée
deformationrelativeàunmoduledespécialisationchoisienfonctionduprofildesparticipants.Elleviseàapporterunéclairagespécifiquesurlecadrejuridiqueapplicablerespectivementdansl’espacepublic,dansuncontextesocio-éducatifoudansunerelationd’accueil.
Cetteséquencedoitpermettreauxparticipantsdemobiliserlesélémentsjuridiquesrelatifsàleurcontexted’activitéetdesavoircequirelèvedesdroitsetobligationsdesprofessionnelsetdespublics.
SITUATIONLaséquencedébuteparlaremised’unquizà
compléterindividuellement.
Pourlemoduledespécialisation«Laïcitéetrelationsocio-éducative»,lesparticipantsdoiventindiquersilarequêtedel’usageroudel’institutionévoquéedanslesdifférentessituationsrelèved’undroitounon.Pourlesdeuxautresmodulesdespécialisation,ils’agitd’indiquersilesaffirmationssontvraiesoufausses.
Afind’éviterl’éventuellecraintedejugementencasdemauvaiseréponse,vousapportezquelquesprécisions:
•indicationquetouslessujetsn’ontpasencoreétéabordésetqu’ilestdoncnormaldenepasconnaîtretouteslesréponses,l’exerciceajustementpourobjectifd’explorercessituationsspécifiques;
•principedebienveillance.
Lacorrectionsefaitenplénièreetchaqueréponseestl’occasionpourleformateurd’apporterdesélémentsdecadragejuridique(endéroulantlediaporamaaufuretàmesuredesquestionstraitées).
Pourlemoduledespécialisation«Laïcitéetusagedesespacespublics»,ledébriefpeuts’appuyersurle
visionnagedecourtesvidéossurlesprincipesdesaidespubliquesauxcultes,lagestiondupatrimoinecultuel,lagestiondesdemandesdenon-mixitéetlesprincipesdelagestiondescimetières.Lorsduvisionnage,lesparticipantssontinvitésàprendredesnotessurlesdroitsetdevoirsdescollectivitésetdesusagers.
Lesapportsdecetteséquencedoiventsefaireenarticulationaveclesélémentsévoquésauxséquences4et7(rappels,compléments).Lechoixdesphotosduparcoursmulti-épisodiqueetdesétudesdecasdoitsefaireenfonctionduprofildesparticipantsetdespointsabordésdanslaprésenteséquence.
FICHES ASSOCIÉES Pour le module de spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
•Fichestagiaireressourcen°5etfichestagiairecorrigéen°5:quizespacespublics
•Fichesynthèsen°11:laïcitéetusagedesespacespublics
Vidéos vidéo.cnfpt.fr/laïcité-Entretiensavecl’Observatoiredelalaïcité-Entretiensavecleministèredel’Intérieur
Pour le module de spécialisation « Laïcité et relation socio-éducative »
•Fichestagiaireressourcen°6etfichestagiairecorrigéen°6:quizrelationsocio-éducative
•Fichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-éducative
Pour le module de spécialisation « laïcité : accueil et relation avec les publics »
•Fichestagiaireressourcen°7etfichestagiairecorrigéen°7:quizaccueiletrelationaveclespublics
•Fichesynthèsen°13:accueiletrelationaveclespublics.
10mind’exercice,35mindedébriefetd’échangesenplénière
Ficheformateurn° 10Cadrelégalapplicableaucontexted’exerciceprofessionnel
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Fichestagiaireressourcen° 5Quizusagedesespacespublics
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10mind’exercice
CONTENU
VRAI FAUX
1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics
2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic
3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité
4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic
5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion
6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses
7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité
8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux
9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel
10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles
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Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION104
35 mindedébriefingetd’échangesenplénière
Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics
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CONTENUVRAI FAUX
1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics
2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic
3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité
4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic
5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion
6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses
7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité
8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux
9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel
10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles
1D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts
au public ou affectés à un service public ». Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:« Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l’accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l’accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d’une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Les commerces (cafés, restaurants,
magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en commun sont ainsi des espaces publics. Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l’ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d’une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 105
de poste, les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d’allocations familiales, les caisses primaires d’assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques. »
2Ledroitdemanifestersareligionenpublicnepeutêtreexercéparlesagentsdesservicespublics
lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.L’exigencedeneutralitéestlamême,quel’agentsoitounonencontactaveclepublic.
3Uneprocession,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,nepeutpasêtreinterdite(par
arrêtémunicipaloupréfectoral)aunomdelalaïcité,maispeutl’êtreaunomdelapréservationdel’ordrepublic.L’article27delaloidu9décembre1905rendpossiblelesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliqueetdéfinitlesconditionsdeleurréalisationafind’assurerleurbonordre,lasûreté,lasécuritéetlasalubritépublics.Cesmotifspeuventêtreavancés,enétantjustifiéesdemanièreobjective,pouréventuellementinterdireunemanifestation.Lemairepeutégalementimposerunitinéraireouunespacepourcesmanifestationsreligieusesdèslorsqueseposentdesquestionsdesécuritéoudebondéroulementdelacirculation.
4Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtiments
publics.Laloide1905disposeeneffetqu’« il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».
5S’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparationdanslescimetièrescommunauxàraisondela
différencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Cesregroupementspeuventêtredécidésmaispasimposésparlemaire.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étatinsisteaussisurl’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit. Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...] ».
6Unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondant
surdesconsidérationsreligieuses.Casdejurisprudence:desparentssouhaitaientfaireinhumerleurfilsdanslecarréisraéliteducimetièrecommunaldeGrenoble.Defaçoninformelle,lamairiegéraitcecarréenconcertationavecuneassociationjuivedelaville.Or,auxyeuxdecelle-ci,l’enfantdéfuntn’étaitpasjuif,puisqueseulsonpèreétaitjuifetquesamèrenel’étaitpas.LemairedeGrenobleadoncrefusélademandedesparents,quiontfaitannulercettedécisionparletribunaladministratif.L’arrêtprécisequepourrefuserlademandedesparents,« le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite. »
7Laloidu11octobre2010interditladissimulationduvisagedansl’espacepublic.Danslacirculaire
d’application,cetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde« réaffirmer solennellement les valeurs de la République et les exigences du vivre ensemble ».Enrevanche,leprincipedelaïcitén’estévoquénidanslaloi,nidanslacirculaire.Laloiinterdit«leportdecagoules,devoilesintégraux(burqa,niqab...),demasquesoudetoutautreaccessoireouvêtementayantpoureffet,prisisolémentouassociéavecd’autres, w
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Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics
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dedissimulerlevisage»,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementlefaitd’imposeràquelqu’undedissimulersonvisageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende.Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires »(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle«estjustifiéepardesraisonsdesantéoudesmotifsprofessionnels,ousielles’inscritdanslecadredepratiquessportives,defêtesoudemanifestationsartistiquesoutraditionnelles.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieuxdeculteouvertsaupublic(conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).
8Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràses
agents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefusd’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforcesdepoliceoudegendarmerienationalequiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.LaCoureuropéennedesdroitsdel’Hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux.
9Aucuntexteconstitutionneloulégislatifnefixed’obligationdemixité.L’objectifdemixitésedéduit
desprincipessuivants:leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.Laloigarantittoutefoisledroitàlanon-mixitédanscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles« discriminations fondées, en matière d’accès aux biens et services, sur le sexe lorsque cette discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, des
considérations liées au respect de la vie privée et de la décence, la promotion de l’égalité des sexes ou des intérêts des hommes ou des femmes, la liberté d’association ou l’organisation d’activités sportives. »
10L’articleL.2144-3duCodegénéraldescollectivités(CGCT)permetauxmairies
demettredeslocauxcommunauxàdisposition« d’associations, de syndicats ou de partis politiques qui en font la demande ».Ilappartientaumairede« déterminer les conditions dans lesquelles ces locaux peuvent être utilisés, compte tenu des nécessités de l’administration des propriétés communales, du fonctionnement des services et du maintien de l’ordre public. »Uneassociationcultuelle(loi1905)peutbénéficierdelamiseàdispositiondelocauxcommunauxpourunusagecultuel(exclusifounon)sousréservequecettemiseàdispositionnesoitpasconsentieàtitregratuitoudansdesconditionspréférentiellesoupouruneduréeindéterminée.Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàuneaideinterditeparl’article2delaloidu9décembre1905(« La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte1 »).Lesmêmesdispositionss’appliquentpourlesassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivitécultuellenonexclusive2.S’ils’agitd’unlocalappartenantaudomaineprivédelacollectivité(casdelatotalitédeslocauxprêtésparlaVilleauxassociations),sonutilisationousonoccupationreposegénéralementsuruncontratdelocationdedroitprivé.
FICHES ASSOCIÉES :•Fichedesynthèsen°11:laïcitéetespacepublic.
1.CeprincipeaétérappelétrèsrécemmentparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.2.CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 107
Selonuneidéereçuetenace,lalaïcitécantonneraitlareligionàl’espace(oula«sphère»)privéetcommanderait,parconséquent,denepasl’exprimerdansl’espacepublic.Cetteconceptionabsolutistedelalaïcité,quin’estpasnouvelle,n’aaucunfondementjuridique.Cependant,laloide2010surladissimulationduvisagedansl’espacepublicoulesdébatsrécurrentssurlesprièresderueontpucréerunecertaineconfusiondanslesesprits.Queditledroitsurlaplacedelareligiondansl’espacepublic?
TABLE DES MATIÈRESQu’est-ce que l’espace public ?...............................................................107Le droit de manifester sa religion en public.................. 108La neutralité des bâtiments publics........................................... 108Cimetières.............................................................................................................................109Édifices cultuels.............................................................................................................110Les différents types de voile islamique...................................110Dissimulation du visage....................................................................................111Mixité dans l’espace public..........................................................................112Pour aller plus loin : genre et espace public.....................112
QU’EST-CE QUE L’ESPACE PUBLIC ?D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué
des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public1. »Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:
«Constituentdeslieux ouverts au publicleslieuxdontl’accèsestlibre(plages,jardinspublics,promenadespubliques...)ainsiqueles lieux dont l’accès est possible, même sous condition, danslamesureoùtoutepersonnequilesouhaitepeutremplircettecondition(paiementd’uneplacedecinémaoudethéâtreparexemple).Lescommerces(cafés,restaurants,magasins),lesétablissementsbancaires,lesgares,lesaéroportsetlesdifférentsmodesdetransport en communsontainsidesespacespublics.
«Leslieuxaffectésàunservicepublicdésignentlesimplantationsdel’ensemble des institutions,juridictions et administrations publiques ainsiquedesorganismeschargésd’unemissiondeservicepublic.Sontnotammentconcernéslesdiversesadministrationsetétablissementspublicsdel’État,lescollectivitésterritorialesetleursétablissementspublics,lesmairies,lestribunaux,lespréfectures,leshôpitaux,lesbureauxdeposte,lesétablissementsd’enseignement(écoles,collèges,lycéesetuniversités),lescaissesd’allocationsfamiliales,lescaissesprimairesd’assurancemaladie,lesservicesdePôleemploi,lesmuséesetlesbibliothèques2.»
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1.Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,article2.2.Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION108
LE DROIT DE MANIFESTER SA RELIGION EN PUBLIC
Envertududroitfrançais,européenetinternational,toutepersonnealedroit de manifester sa religion en public, enportantunsignereligieuxouenparticipantàunévénementreligieux.Cependant,cedroitcomportecertaineslimites.
•Toutd’abord,ilnepeutêtreexercéparlesagents des services publics lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.Précisonsquel’exigencedeneutralitéestlamême,que l’agent soit ou non en contact avec le public.
•Lalibertédemanifestersareligionenpublicpeutêtrelimitéeparl’autoritépubliquepourdesraisonsliées«à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.3»
Laquestiondel’expressionreligieusedansl’espacepublics’estposéelorsdelapolémique de 2011sur les prières de rue,déclenchéeparlesproposdeMarineLePenquicomparaitcesprièresàune«occupation»,enréférenceàlaSecondeGuerremondiale.Enréalité,ledébatn’estpasnouveau.En1905,lorsdesdébatspréparatoiresàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État,certainsdéputésradicaux-socialistesvoulaientinterdireauxprêtresleport de la soutane dans la rue4maisleurpropositionn’apasétéretenuedanslaloidu9décembre1905.Plustard,desmairesontprisdesarrêtésmunicipauxpourinterdireles processions, les cortèges funèbres ou les sonneries de cloches dansleurcommune,maisleConseild’Étatasystématiquementcensurécesinitiatives5.Siuneprièrederue,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,peutêtreinterdit(pararrêtémunicipaloupréfectoral),cen’estpasaunomdelalaïcitémaisdelapréservation de l’ordre public,parexemplesiellecréeuntroubledelacirculation.
Enpratique,cesontmoinslesprièresderue
surl’espacepublicquifontl’objetd’interdictionsqueles rassemblements organisés contre ces prières et«l’islamisation»engénéral.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutte d’Or,surlelieumêmedesprièresderuedénoncéesparMarineLePen.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»Pourlamêmeraison,lePréfetduMorbihanainterditen2015unrassemblement«contrel’islamisationdel’Europe»danslesruesdeVannes.
LA NEUTRALITÉ DES BÂTIMENTS PUBLICS
Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtimentspublics.Laloide1905disposeeneffetqu’«ilestinterdit,àl’avenir,d’éleveroud’apposeraucunsigneouemblèmereligieuxsurlesmonuments publicsouenquelqueemplacementpublicquecesoit,àl’exceptiondes édifices servant au culte,desterrainsdesépulturedanslescimetières,desmonumentsfunéraires,ainsiquedesmuséesouexpositions6.»
Laquestiondelaneutralitédesbâtimentspublicsestdepuisquelquesannéesaucentredecontentieuxausujetdecrèches de Noëlinstalléespardescollectivitésterritorialesdansleurslocaux.Lespremiersjugementsintervenusauniveaudescoursadministrativesd’appelmontrentquelajurisprudenceestloind’êtrefixée.
•En2010,leconseilmunicipaldeMoutiers(Oise)s’estvuobligéderetirerlacrèchequ’ilavaitfaitinstallersurlaplaceduvillage7.
•En2014,lacrècheinstalléeparleconseilgénéraldeVendéedanslehalldel’hôteldudépartement
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3.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.4.JeanBauberot,La laïcité falsifiée,LaDécouverte,2014.5.Voirparexemplel’arrêtduConseild’Étatdu19février1909annulantunarrêtémunicipaldelacommunedeSensquiinterdisait«lesprocessions,cortègesettoutesmanifestationsoucérémoniesextérieuresserapportantàunecroyanceouàunculte.»
6.Loidu9décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,article28.7.Tribunaladministratifd’Amiens,16novembre2010.
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 109
aconnulemêmesort8,avantd’êtreautoriséeparlacouradministratived’appeldeNantes9.Lejugeaconsidéréquecettecrèche« s’inscrivait dans le cadre d’une tradition relative à la préparation de la fête familiale de Noël et ne revêtait pas la nature d’un “signe ou emblème religieux” »,comptetenunotamment«desafaibletaille,desasituationnonostentatoireetdel’absencedetoutautreélémentreligieux».
•Àl’inverse,lacrècheinstalléedansl’hôteldevilledeMelunaétéautorisée10puisinterditeparlacourd’appeldeParis11,quiaestiméqu’« une crèche de Noël, dont l’objet est de représenter la naissance de Jésus, doit être regardée comme ayant le caractère d’un emblème religieux, et non comme une simple décoration traditionnelle ».
•Pardeuxdécisionsendatedu9novembre2016,leConseild’États’estprononcésurlescrèchesdelanativité.LeConseild’Étatad’abordrappeléquelescrèchesdeNoëlrevêtaientunepluralitédesignifications,etqu’ellesnesebornaientpasàsonseulcaractèrereligieux.Lahautejuridictionaensuitedistinguélesbâtimentspublicsauseindesquelsl’exigencedeneutralitéinterditd’installerunecrèche,saufcirconstancesparticulièresjustifiantuneexception(comptetenud’unintérêtculturel,artistiqueoufestifavéré)desautresemplacementspublicsdanslesquelsunetelleinstallationestenprincipeautorisée,saufsielleconstitueunactedeprosélytismeouunerevendicationreligieuse.
CIMETIÈRESS’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparation
danslescimetièrescommunauxenraisondeladifférencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étataussiinsistesur
l’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit.Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...]. La création de regroupements de fait dans les cimetières ne règle cependant pas toutes les questions liées auxprescriptions rituelles en matière d’inhumation, qui peuvent se heurter aux règles applicables : les règles de sécurité sanitaire ne permettent pas de respecter les préceptes islamiques selon lesquels le corps doit reposer en pleine terre, etc.12»
Contrairementauresteduterritoiremétropolitain,lescarrésconfessionnelssontexpressémentprévusdanslestroisdépartementsduBas-Rhin,duHaut-RhinetdelaMoselle.
Quelquesoitleterritoire,l’existenced’uncarréconfessionnelposeégalementlaquestiondescritèresd’admissiondanscecarré.Ainsi,unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntensefondantsurdesconsidérations religieuses.
•Exemple réel : les époux Darmon souhaitaient faire inhumer leur fils dans le carré israélite du cimetière communal de Grenoble. De façon informelle, la mairie gérait ce carré en concertation avec une association juive de la ville. Or, aux yeux de celle-ci, l’enfant Darmon n’était pas juif, puisque seul son père était juif et que sa mère ne l’était pas. Le maire de Grenoble a donc refusé la demande des époux Darmon, qui ont fait annuler cette décision par le tribunal administratif. L’arrêt précise que pour refuser la demande des époux Darmon, « le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite13. »
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8.TribunaladministratifdeNantes,14novembre2014.9.Couradministratived’appeldeNantes,13octobre2015.10.TribunaladministratifdeMelun,22décembre2014.11.Courd’appeldeParis,17septembre2015.
12.Iln’estpasnonpluspossiblededérogeraudélailégald’inhumation(24heuresaumoinset6joursouvrablesauplusaprèsledécès)pourdesraisonsreligieuses.13.TribunaladministratifdeGrenoble,5juillet1993,ÉpouxDarmon.
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION110
ÉDIFICES CULTUELSLesédificescultuels(églises,temples,synagogues,
mosquées…)separtagententroiscatégories:•Ceux qui ont été nationalisés en 1789restentla
propriétédel’État,desdépartementsoudescommunes.Ils’agitpresqueexclusivementd’édificescatholiques.
•Ceux qui ont été construits pendant le Concordat (1801-1905)appartiennentsoitauxcommunes(s’ilsontétébâtissurdesterrainscommunaux),soitauxassociationscultuellesquiontsuccédéen1905auxétablissementspublicsduculte(pourlesédificesprotestantsetisraélites).Enrevanche,l’Églisecatholiquearefusélaconstitution
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LES DIFFÉRENTS TYPES DE VOILES ISLAMIQUES
Hijab :voile«simple»,couvrantlescheveuxetlecoumaislaissantlevisagedécouvert.
Niqab :tenuenoirerecouvranttoutlecorps,ycomprislevisage,enlaissantseulementunefentepourlesyeux.Ilestportéparlesmusulmanesrigoristes,notammentlessalafistes.
Tchador :nomdonnéenIranàunepiècedetissusansmanchesquirecouvretoutlecorpsmaislaisselevisagedécouvert.EnFrance,cetermeestsouventutiliséàtortpourdésignerunhijabouunniqab.
Burqa :tenuefaited’unepiècedetissu(leplussouventbleue)recouvranttoutlecorps,ycomprislevisagederrièreuntissuàmailles.D’origineafghane,ellen’estquetrèspeuportéeendehorsduPakistanetdel’Afghanistan.EnFrance,letermeburqaestsouventemployéimproprementpourdésignerleniqab.
Jilbab ou jilbeb :tenuegénéralementforméededeuxpiècesetcouvranttoutlecorpsmaislaissantlevisagedécouvert.D’originesaoudienne,ilsedéveloppeenFrancedepuisquelquesannées.
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d’associationscultuelles.LesédificescatholiquesconstruitspendantleConcordatsontdoncdevenusen1907lapropriétédescommunes.
•Ceux qui sont postérieurs à la loi de 1905appartiennentauxpersonnesprivéesquilesontfaitconstruire,généralementdesassociationscultuellesoudiocésaines(catholiques).
L’entretien des édifices cultuels est à la charge des propriétaires, qu’ils’agissedel’État,desdépartements,descommunes,desassociationscultuellesoudiocésaines.Lapuissancepubliquepeuttoutefoisparticiperauxfraisd’entretiend’unédificeappartenantàuneassociation,àconditionquel’aideneportequesurlestravaux de conservation(miseensécurité).Lestravauxderéparationouderestaurationdesédifices classés au titre des monuments historiques peuventégalementêtrefinancésparl’Étatet/oulescollectivitésterritoriales14.
Contrairementauresteduterritoiremétropolitain,lescommunespeuventparticiperauxfinancementsdesédificescultuelsenAlsace-Moselle.
DISSIMULATION DU VISAGELaquestionduvoileintégralapparaîtdansledébat
publicen2009lorsqu’André Gérin,députéduRhôneetmairedeVénissieux,demandelacréationd’unecommissionparlementairesurlesujet.Malgréle faible nombre de cas alors recensés enFrance(environ2000selonlegouvernementdel’époque),uneMissiond’informationsurlapratiqueduportduvoileintégralsurleterritoirenationalestcrééele23juin2009.Elleaboutitauvotedelaloidu 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Danslacirculaire d’applicationcetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde«réaffirmersolennellementlesvaleursdelaRépubliqueetlesexigences du vivre-ensemble15 ».Enrevanche,leprincipe de laïcité n’est évoqué ni dans la loi, ni dans la circulaire.Laloiinterdit« le port de
cagoules, de voiles intégraux (burqa, niqab…), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement ayant pour effet, pris isolément ou associé avec d’autres, de dissimuler le visage16 »,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementle fait d’imposer à quelqu’un de dissimuler son visageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende17.
Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires18»(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle« est justifiée par des raisons de santéou des motifs professionnels,ou si elle s’inscrit dans le cadre depratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles19.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieux de culte ouverts au public (conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).
Lacirculairedéfinitenoutrelaconduite à tenir dans les services publics.Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràsesagents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public20. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefus d’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforces de police ou de gendarmerienationale,quiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.
LaCoureuropéennedesdroitsdel’hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux21.
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14.Ministèredel’Intérieur,circulairedu29juillet2011.15.Circulairedu2mars2011,op.cit.16.Ibid.17.Lasanctionestélevéeàdeuxansdeprisonet60000eurosd’amendesilavictimeestmineure(article4delaloi).
18.Loidu11octobre2010,op.cit.19.Ibid.20.Circulairedu2mars2011,op.cit.21.CEDH,1erjuillet2014,S.A.S.c.France.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION112
MIXITÉ DANS L’ESPACE PUBLICDepuisplusieursannées,nombreuxsontceuxqui
dénoncentunedégradationdelaconditionfémininedanslesquartierspopulaires,dontl’undessymptômesseraitl’invisibilité des femmes dans l’espace publicetladifficultégrandissanteàorganiserdesactivitésmixtesavecleshabitants.D’aucunsexpliquentcephénomèneparl’influencecroissantedel’islamdanscesquartiersetendéduisentqueceproblèmeconstitueun« défi pour la laïcité ».S’ilnefaitaucundoutequ’ilexisteunlienentrelaprégnancedel’islametlaplacedesfemmesdanscesquartiers,ilestmoinssûrquelalaïcitéconstitueuneréponsepertinenteàceproblème.
Historiquement,la laïcité s’est très bien accommodée de l’inégalité entre les sexes et de la non-mixité. LaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944etl’écolelaïquen’estdevenuemixtequedanslesannées1960.Rappelonsaussiquelesfemmescontinuentàsubirsexisme,discriminationsetviolencespartoutetpasseulementdanslesquartierspopulaires22.Dureste,la« géographie du genre23 »montrequel’utilisationdel’espacepublicparlesfemmesestfortementcontrainteparlesentimentd’insécurité,quilesamèneàadopterdesstratégiesded’évitement.Quantàlamixité de genre,s’ilfautdéplorersonabsence,cen’estpasseulementdanslesquartierspopulairesmaisdanstoutelasociété,àcommencerparlemondedutravail,quicomptetrèspeudesecteursréellementmixtes24.
La non-mixité et le sexisme dans l’espace public sont de réels problèmes mais ils ne sont pas propres aux quartiers populaires et n’ont pas pour seule cause l’islam. Enfaireunequestionreligieusecontribueàessentialiseretàstigmatiserlesmusulmans25,sanspourautantrésoudreleproblème.Lesexismedanslesquartiersn’estpas
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25.Parunprocessusde«racialisationdusexisme».Cf.ChristelHAMEL,«Delaracialisationdusexismeausexismeidentitaire»,inMigrations Société :Femmesdanslamigration,vol.17,99-100,2005.-p.91-104.26.DidierLapeyronnie,Ghettourbain.Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui,RobertLaffont,coll.«Lemondecommeilva»,2008(lireenparticulierledernierchapitre:«Laracedeshommes,lesexedesfemmes»). 27.Codepénal,225-3.
22.Selonuneenquêterécente,100%desfemmesontdéjàsubiuneagressionsexuelleouduharcèlementsexistedanslestransportsencommun.Cf.HautConseilàl’égalitéentrelesfemmesetleshommes,Avissurleharcèlementsexisteetlesviolencessexuellesdanslestransportsencommun,16avril2015.23.Cf.bibliographie.24.Selonuneétuderécente,ilfaudraitqu’environunepersonnesurdeuxchangedepostepouratteindrelaparitédesfonctions.«Larépartitiondeshommesetdesfemmesparmétiers»,DaresAnalyses,n°79,décembre2013.
seulementlefaitdel’islammaisaussidelaconditiondespopulationsquiyvivent.Laprécaritésocialeetl’expérienceduracismeconduisentàunreplisurlesrôlestraditionnelsdegenreetàune exacerbation de la virilité quifontlelitpatriarcatetdusexisme26.
Surleplanjuridique,rappelonsqu’aucun texte législatif ne fixe d’obligation de mixité.L’objectifdemixitésedéduitdesprincipessuivants:
•leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;
•leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);
•leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.Laloigarantietoutefoisledroit à la non-mixité
danscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéeparlaprotectiondesvictimesdeviolencesàcaractèresexuel,desconsidérationsliéesaurespectdelavieprivéeetdeladécence,lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives27.»
Pour aller plus loinGenre et espace public•MarylèneLieber, Genre, violences et espaces publics.
La vulnérabilité des femmes en question, PressesdeSciencesPo,2008.
•GuyDiMeo,«Élémentsderéflexionpourunegéographiesocialedugenre:lecasdesfemmesdanslaville»,L’Information géographique 2/2012(Vol.76),p.72-94.www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-2-page-72.htm
•Marie-ChristineBernard-Hohm&YvesRaibaud,«Lesespacespublicsbordelaisàl’épreuvedugenre»,Métropolitiques,5décembre2012.http://www.metropolitiques.eu/Les-espaces-publics-bordelais-a-l.html
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 113
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Fichestagiaireressourcen° 6Quizrelationsocio-éducative
OUI NON
1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»
2
Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice
3
Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires
4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses
5
UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers
6
Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne
7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif
8
Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»
9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan
10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)
45mind’exerciceetd’échangesenplénière
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
La demande est-elle recevable juridiquement ?
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION114
Fichestagiairecorrigéen° 6Quizrelationsocio-éducative
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OUI NON
1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»
2
Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice
3
Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires
4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses
5
UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers
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Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne
7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif
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Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»
9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan
10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)
45mind’exerciceetd’échangesenplénière
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
La demande est-elle recevable juridiquement ?
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Fichestagiairecorrigéen° 6:Quizrelationsocio-éducative
1Cette étude de cas est issue de « Laïcité, égalité : guide à l’usage des professionnels » de Dounia
Bouzar (Communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole). Dansdessituationsdepriseencharged’éducationparlesport,oùlecorpsest«misenscène»defaçonplusoumoinsintime(piscine),certainesjeunesfillesrefusentd’avoirunanimateurdesexemasculin.
Legenreduprofessionnelestévoquépour«refuser»qu’ilexercesafonction.Ils’agitdoncderéfléchiràcommentle«désexualiser»defaçonàcequ’ilsoitbienappréhendéetlégitiméautraversdesonidentitéprofessionnelle.Autrementdit,quelleapprocheéducativeenvisagerpourquel’animateursportifsoitbienperçucommeunprofessionneletnonpascommeun«homme»?Unepriseenchargeglobaledujeune,plutôtqu’unerencontreponctuelleaumomentdel’activité,favorisel’établissementd’une«confianceprofessionnelle».Eneffet,desretoursdeterrainmontrentqu’ungroupedefillesacceptedesemettreenmaillotdebaindevantlemaître-nageurquiamisenplaceunaccompagnementsurlepoidsetl’alimentation,alorsquecemêmegrouperefusedesedéshabillerdevantunmaître-nageurrencontréuniquementaumomentdesséancesdepiscines.
Danslemêmeregistre,uneéquipedefootfémininefermelesportesdugymnaseàtousleshommes,«saufleuréducateur»,dontlafonctiontranscendel’appartenancesexuelle.D’autresprofessionnelsinsistentpourdireauxjeunesque«s’ilsontunproblème»,ilssontàleurdisposition.Cesexemplestendentàmontrerquetravaillerlarelationenamontou«enannexe»aideàfaireprévaloirlafonctionduprofessionnelsurlegenre,enrenforçantlarelationdeconfiance.
L’activitésportiveestconçuecommeunsupportpourl’éducation.Larelationdeconfiancedoitaussis’établiraveclafamilledujeune;lecontactaveclesparents,etlareconnaissancedecesderniersenverslesprofessionnelssemblepeserauxyeuxdesjeunes.Silesparentsreconnaissentlesprofessionnels,leursenfantssontprisdanscettereconnaissance.
Celapeutsedéclinerdefaçonsdifférentes:lesanimateurspeuventorganiserdesmanifestationsaveclesparentsdanslequartier,desvisites,dessorties,pourleurpermettredevoirdequellemanièreilssontprofessionnels.
2Lalibertédeconscienceinclutledroitàmanifestersareligion,ycomprisautravail,danscertaines
limites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrictdevoirdeneutralité,c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismesdedroitprivé.
3Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter
desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir » et« proportionnées au but recherché ».Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.Danslecasprésent,larestrictiondelalibertédereligionestcirconscriteets’inscritdanslerespectdelaneutralitédel’enseignementpublic.
4Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter
desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché ».C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmesd’hygièneoudesécurité.Danslaprésentesituation,l’accompagnatricecommetunefauteprofessionnellecarellerefused’exécuterunemissionprévuedanssoncontratdetravailetmetlesenfantsendanger.
5Danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),
lesusagersbénéficientdelalibertédereligion.L’article11delaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillieprévueparlaloidu2janvier2002,reconnaîtàchacunledroitàlapratique
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION116
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w religieusedanslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui ».Parailleurs,unrèglementintérieurnepeutcontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire.Ilnepeutégalementinterdire« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service »,unprosélytismeexcessifétanttoutefoisproscrit.Danslaprésentesituation,c’estunediscriminationcarlaMJCn’étantpasunservicepublic,ellenepeutimposerlaneutralitéàsessalariésetencoremoinsàsesusagers.
6Touterestrictionnonjustifiéedudroitàlapratiquereligieuseoutoutedifférence
detraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitentraîner.Silesoucidesécuritéestlégitime,ilnepeutsetraduireparuneexclusionaprioridetouslesusagersd’unecertainereligion.Enrevanche,lesorganisateurspeuventinformertouteslesfamillescandidatessurlescapacitésd’endurancerequisespourparticiperaucamp,exigeruncertificatmédicald’aptitudeetleurfairesignerunedéchargeprévoyantlerapatriementdeleurenfantencasd’incapacitéàpoursuivrelecamp.
7et 8Lalibertédereligiontrouveicisalimite.
Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers ».Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensésdecertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructuressocio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonne
s’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquelareligionestinvoquéepourjustifierdesincivilités,voiredescomportementsviolents.
9Cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautrefuseretsanctionnercescomportements,maisaunom
durespectdurèglementintérieurdel’établissement.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.
10Mêmesilamixitéestparfoisinterrogée,ycomprislorsdesséancesdesportducollège,
ellenepeutêtreremiseencause,carelleaétérendueobligatoireàtouslesniveauxdel’enseignementparlaloiHabydu11juillet1975.Ilyalanotiond’obligationcarl’éducationphysiqueetsportive(EPS)estunematièrecommelesautres.Cecadrenormaliselamixité,ausensoùcettedernière,étantposéecomme«nonnégociable»,peutdevenir«naturelle»auxyeuxdesjeunes.Lesnouveauxprogrammesdelascolaritéobligatoireprécisentquel’EPSpermetàtouslesélèves«fillesetgarçonsensembleetàégalité»deconstruirelescompétencesdusoclecommun1.Lerespectdelamixitédoitaussiconcernerlacompositiondeséquipes,alorsquecertainessontconstituéesde100%deprofessionnelsmasculinsouféminins.Celasupposeuneactiontrèsenamontdesrecrutements(maisfavoriseruncandidatenraisondesonsexerevientàdiscriminer).
FICHE ASSOCIÉE•Fichesynthèsen°12:laïcitéetrelation
socio-éducative.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
Fichestagiairecorrigéen° 6:Quizrelationsocio-éducative
1.Lesoclecommundeconnaissances,decompétencesetdeculturedéfinitlescompétences,baséessurdesconnaissancesrelevantdesdifférentsdomainesd’enseignement,qu’unélèvedoitprogressivementmaîtriserpendantlascolaritéobligatoire.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 117
Historiquement, la laïcité est intimement liée à l’Écoleetàl’éducationausenslarge.Danslesannées1880,c’estparl’ÉcolequelaiiieRépubliqueentameleprocessusdelaïcisationdesinstitutionsquiaboutiraàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État.Parlasuite,c’est presque toujours par l’École que la laïcité reviendra dans le débat public.
Silespolémiquessesontlongtempscristalliséesautourdustatutdel’enseignementprivé1,c’estlaquestiondel’islamquidéchaîneaujourd’huilespassions,depuislapremière«affairedufoulard»dansuncollègedeCreilen1989.Plusrécemment,l’affairedelacrècheBaby-Loup,lacirculaireChatelouledébatsurlesmenusdesubstitutiondanslescantinesscolairesontconfirméquelalaïcitédanslesstructureséducativesoud’accueildesenfantsresteunequestionsensible.Danscecontexte,lesprofessionnelsduchampéducatiféprouventsouventuncertainmalaiselorsqu’ilsfontfaceàdessituationsayanttraitaufaitreligieux.Cettefichesynthétiselesgrandsprincipes,notammentjuridiques,susceptiblesdeguiderleuraction.
TABLE DES MATIÈRESDu côté des professionnels...........................................................................117Embauche..................................................................................................................................117Lalibertédereligionetseslimites....................................................118Règlementintérieur.................................................................................................118 Prosélytisme.........................................................................................................................119Du côté des usagers..................................................................................................119Portdesignesreligieux.......................................................................................119Prescriptionsalimentairesreligieuses.......................................120Enseignementreligieuxàl’école:lecasparticulierdel’Alsace-Moselle................................................121Refusdesrèglesaunomdelareligion.........................................121 Pédagogiedelalaïcité...........................................................................................122Pour aller plus loin : laïcitédanslechampéducatif........................................................................................122
DU CÔTÉ DES PROFESSIONNELS2 Embauche « Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances3». Ceprincipes’appliquedèsl’embauche.« L’employeur choisit librement ses collaborateurs4»etdisposed’unegrande« liberté pour déterminer ses méthodes de recrutement, tant qu’il respecte la protection des droits fondamentaux du candidat5. »Ilnepeut,parexemple,interroger un candidat sur sa religion.Eneffet,lesinformationsdemandéesdanslecadred’unrecrutement« doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles6. »• Exemple réel : en 2007, à l’oral du concours d’officier
de police nationale, le jury a demandé à un candidat portant un nom à consonance maghrébine s’il était musulman et si son épouse portait le voile. Noté 4/20, le candidat a porté plainte et fait annuler la décision du jury par le Conseil d’État7.
Unemployeurnepeutpasnonplusécarterlescandidatsd’unereligionparticulièreenanticipation des éventuelles difficultésposéesparl’exercicedeleurlibertédereligion.• Exemple réel : lors d’un entretien de recrutement
pour un poste d’animateur en classe de mer, la recruteuse interroge le candidat sur les interdits alimentaires religieux et lui demande s’il consommera de la viande pendant les repas avec les enfants. Le candidat répond qu’il mange de la viande halal. Sa candidature n’est pas retenue, alors qu’il présentait toutes les aptitudes requises pour le poste. Interrogée par la Halde, l’association a répondu que les animateurs devaient « partager les repas avec les enfants dans des conditions strictement identiques à ces derniers. » Or, si l’employeur est fondé à exiger des animateurs qu’ils prennent les repas avec les enfants, il ne saurait leur imposer le même régime alimentaire qu’eux. Ici, l’animateur aurait tout à fait pu prendre part aux repas sans manger de viande8.
Fichedesynthèsen° 12 Laïcitéetrelationsocio-éducative
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1.Cf.Fichedesynthèsen°2:histoiredelalaïcitéenFrance.
2.Cf.Fichesdesynthèsen°5,6,7et8.3.PréambuledelaConstitutionde1946.4.Conseilconstitutionnel,21juillet1988.5.Op.cit.6.Codedutravail,L.1221-6.7.Conseild’État,10avril2009,M.E.H.8.Halde,délibérationn°2008-10du14janvier2008.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION118
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
L’employeurnepeutpasnonplusinvoquerleséventuels préjugés des salariés ou de ses usagers pourrefuserd’embaucher uncandidatenraisondesareligioncar« la volonté de répondre à la préférence discriminatoire des clients ou d’autres travailleurs ne peut pas être acceptée comme objectif légitime9. »• Exemple fictif : la directrice d’un centre social
associatif refuse d’embaucher une candidate voilée comme agent d’accueil au motif que sa présence risquerait de dissuader une partie des habitants de venir au centre.
La liberté de religion et ses limitesLalibertédeconscienceinclutledroit à manifester
sa religion,ycomprisautravail,danscertaineslimites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrict devoir de neutralité, c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.•Exemple fictif : une agente territoriale spécialisée
des écoles maternelles (Atsem) ne peut porter une croix chrétienne en pendentif car en tant qu’employée de la municipalité, elle est soumise au devoir de neutralité.
Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismes de droit privé10,commeparexemplelaCaissed’allocationsfamiliales(Caf).• Exemple :un centre social géré par la Caf est soumis
au devoir de neutralité mais pas un centre social associatif.
Danslesorganismes de droit privé(associationouentreprise)n’exerçantpasunemissiondeservicepublic,l’employeurpeutapporterdesrestrictions à la liberté de religion seulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché11.»C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmes d’hygiène ou de sécurité.Toutefois,larestrictiondelalibertédereligiondoitêtrecirconscrite.Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.
•Exemples fictifs : –une animatrice n’accompagne pas les enfants
dans la piscine car elle refuse de se mettre en maillot de bain en invoquant des raisons religieuses. C’est une faute professionnelle car elle refuse d’exécuter une mission prévue dans son contrat de travail et met les enfants en danger ;
– une association d’accompagnement à la scolarité accueillant des jeunes en service civique leur demande de retirer tout signe religieux lorsqu’ils interviennent dans des établissements scolaires, afin de respecter la neutralité de l’enseignement public. Dans ce cas, la liberté de religion est circonscrite et s’inscrit dans le respect de la neutralité de l’enseignement public.
Ladistinction entre mission de service public et mission d’intérêt générals’apprécieaucasparcas,selonlelienquelastructureentretientaveclapuissancepublique12.Lefaitpourunorganismedepercevoirdessubventions publiquesneconstitueenrienuneconditionsuffisantepourêtreconsidérécommeunservicepublic.Ainsi,unecrècheassociativepeutêtreunservicepublicdansunecommune(etimposerlaneutralitéreligieuseàsessalariés)etnepasl’êtredanslacommunevoisine.Ilenvademêmeaveclesassistantes maternelles. Cellesquisontemployéesparlescollectivitésterritoriales(conseilsdépartementaux)ouleursétablissements(CCAS)sontsoumisesaudevoirdeneutralité,contrairementàcellesquirelèventdudroitprivé.
Règlement intérieur«Lerèglementintérieurpeutcontenirdesdispositionsinscrivantleprincipedeneutralitéetrestreignantlamanifestationdesconvictionsdessalariéssicesrestrictionssontjustifiéesparl’exerciced’autreslibertésetdroitsfondamentauxouparlesnécessitésdubonfonctionnementdel’entrepriseetsiellessontproportionnéesaubutrecherché»,articleL.1321-2-1duCodedutravail.Unrèglementintérieurnepeutcependantpascontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire13.L’inscriptiondanslerèglementdelaneutralitédoitdoncsefaireàcertainesconditionsqui
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9.Coureuropéennedesdroitsdel’homme,SmithetGradyc.Royaume-Uni,25juillet2000.10.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013,CPAMdeSeine-Saint-Denis.11.Codedutravail,L.1121-1.
12.Surcepoint,sereporteràlafichen°5:laïcitédanslesservicespublics.13.Codetravail,L.1321-3.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 119
reprennentlescritèresdégagésantérieurementparlajurisprudence.•Exemple fictif :une maison des jeunes et de
la culture (MJC) inscrit dans son règlement intérieur que le port de signes religieux est interdit en son sein, tant pour les salariés que pour les usagers. C’est une discrimination car la MJC n’étant pas un service public, elle ne peut imposer la neutralité à ses salariés et encore moins à ses usagers.
Ilestégalementillégald’interdiredanslerèglementintérieur« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service14.»
ProsélytismeLeprosélytismedésignelaferveur,lezèleque
l’onmetàconvaincredefutursadeptes,àgagneràsacausedenouvellespersonnes.Lessalariésontledroitdeparlerde(leur)religionautravailavecleurscollègues,àconditiondenepasverserdansunprosélytisme abusif,cequiimpliquel’exerciced’unecontraintesurleurscollèguesoulesusagers.
Exemples réels : •Un animateur d’un centre de loisirs laïque a été
licencié pour avoir lu la Bible aux enfants et leur avoir distribué des prospectus des Témoins de Jéhovah dans le cadre de son activité15.
•Un enseignant à l’université du temps libre a été licencié car il profitait de ses cours pour inciter ses élèves à participer à d’autres cours qu’il donnait dans une association d’inspiration raëlienne dont il était le président16.Rappelonstoutefoisqueleport d’un signe
religieux neconstituepas,ensoi,uneformedeprosélytisme.Seuluncomportementpeutêtrequalifiécommetel.
DU CÔTÉ DES USAGERSPort de signes religieuxLesusagersdesservicespublicsjouissentdelaliberté de religion,danscertaineslimitesdéfiniespardestextesoudesconsidérationsliéesaubonfonctionnementduservicepublic.L’exempleleplus
emblématiqueestl’interdictionfaiteauxélèves des écoles, collèges et lycées publicsdeporterdessignes religieux ostensibles17.Cetteinterdictions’appliqueàl’ensembledesélèvesdecesétablissements,ycomprisceuxquisontinscritsdansdes formations post-baccalauréat(classespréparatoiresauxgrandesécoles,sectionsdetechniciensupérieur).Enrevanche,ellenes’appliquepasauxcandidats à un examen ou un concourssedéroulantdansleslocauxd’unétablissementpublicd’enseignement,niauxstagiaires de la formation continuedispenséeparlesgroupementsd’établissement(Greta) auseindesétablissementsscolairespublics18.Les parents d’élèves ontledroitdeporterdessignesreligieuxdansl’enceintedesétablissements,ycompriss’ilssontélus aux instances représentativesdecesétablissements.Lecasdesparentsaccompagnant les sorties scolairesestplusdélicat.SuiteàlapolémiquedéclenchéeparlacirculaireChatel19,uneétude,réaliséeàlademandeduDéfenseursdesdroits,aétéadoptéeparl’assembléegénéraleduConseild’Étatle19décembre2013.Cesparentsn’étantniagents,nicollaborateursduservicepublic,ilsnesontpas concernéspar« les exigences de neutralité religieuse. »Toutefois,aucasparcas,« les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l’éducation peuvent conduire l’autorité compétente, s’agissant des parents qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses. »Laministredel’Éducationnationaleadéclarédevantl’Observatoiredelalaïcitéennovembre2014qu’il ne saurait y avoir d’interdiction absolue carcelaentraveraitl’exerciced’unelibertéfondamentale.L’interdictionestlaisséeàl’appréciationduchefd’établissement,enraisondecirconstancesparticulières(ordrepublicparexemple)etrestedoncl’exception.•Exemple réel :le tribunal administratif de Nice
(9 juin 2015) a annulé la décision d’une école primaire interdisant à une mère voilée d’accompagner la sortie scolaire, en arguant que « les parents d’élèves autorisés
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14.Conseild’État,25janvier1989.15.Courd’appeldeToulouse,9juin1997.16.Conseildeprud’hommesdeGap,3décembre2001.17.Codedel’éducation,L.141-15-1.Cetteinterdictionneconcernepaslesétudiantsdel’enseignementsupérieur.
18.TribunaladministratifdeParis,5novembre2010.19.Circulairedu27mars2012quirecommandaitauxétablissementsd’imposerlaneutralitéreligieuseauxparentsaccompagnantlessortiesscolaires.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION120
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
à accompagner une sortie scolaire à laquelle participe leur enfant doivent être regardés, comme les élèves, comme des usagers du service public de l’éducation. (...) Par suite, les restrictions à la liberté de manifester leurs opinions religieuses ne peuvent résulter que de textes particuliers ou de considérations liées à l’ordre public ou au bon fonctionnement du service. »
Dansleslieux de privation ou de restriction de liberté (casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermésourenforcés…),lapuissancepubliquedoitgarantirlelibre exercice des cultes,enpermettantauxusagersquilesouhaitentderencontrerunaumônierdeleurconfession,derespecterleursinterditsalimentairesoud’accomplirleursrites20.Cetteobligationneconcernepaslescentres de vacances,quinesontpasàproprementparlerdeslieuxdeprivationdelibertépuisquelesusagerss’yrendentdeleurpleingréouàlademandedeleursparents.Toutefois,danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),lesusagersbénéficientégalementdelalibertédereligion.L’article11dela«chartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie»,prévueparlaloidu2janvier200221,reconnaîtàchacunledroit à la pratique religieuse,danslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui. »
Touterestrictionnonjustifiéedecedroitoutoutedifférencedetraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitd’entraîner.•Exemple fictif : un centre de vacances organise un
camp sportif qui se déroulera pendant la période du ramadan. Lors des inscriptions, les organisateurs avertissent les familles musulmanes qu’elles ne pourront inscrire leur enfant s’il jeûne, pour des raisons de sécurité. Si le souci de sécurité est légitime,
il ne peut se traduire par une exclusion a priori de tous les usagers d’une certaine religion. En revanche, les organisateurs peuvent informer toutes les familles candidates sur les capacités d’endurance requises pour participer au camp, exiger un certificat médical d’aptitude et leur faire signer une décharge prévoyant le rapatriement de leur enfant en cas d’incapacité à poursuivre le camp.
Prescriptions alimentaires religieusesLarestauration scolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitueni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités22. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination23.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc,permettantainsiauxélèvesdemangerensemble.
Lescantinesscolairesnepeuvent,enrevanche,proposerdesmenus halal ou casher,pourdeuxraisons.D’unepart,certainsorganismescertificateursversentuneredevanceàdesinstitutionsreligieuses(consistoireisraélite,mosquéesagréées…).Acheterdelavianderitualiséeavecdel’argentpublicreviendraitdoncàverserune subvention indirecteà un culte,cequiestinterditparlaloide1905.D’autrepart,iln’existepasdeconsensussurcequ’estuneviandehalal.Enchoisissantunfournisseurplutôtqu’unautre,lespouvoirspublicsprendraientdoncpositiondansundébatthéologiqueetsortiraientdeleurneutralité.• Exemple fictif :une municipalité possède une base de
plein air dont elle délègue la gestion à une association. Cette base accueille chaque été des classes de mer. Depuis que certaines familles ont demandé que leurs enfants puissent y manger halal, le cuisinier de la base n’achète plus que de la viande halal.
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20.Danslesfaits,cesdispositionsnesontpastoujoursrespectées.Cf.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.21.Loidu2janvier2002rénovantl’actionsocialeetl’actionmédico-sociale.
22.Circulairedu16août2011relativeaurappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcité23.Conseild’État25octobre2002,inéditaurecueilLebon.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 121
Or, l’association gestionnaire n’a pas le droit d’acheter de la viande ritualisée car elle est délégataire d’une mission de service public.
Cetteinterdictionnes’appliquepasauxlieux de privation ou de restriction de liberté (hôpitaux,casernes,prisons…),oùlapuissancepubliquedoitgarantirlelibreexercicedescultes.LedroitpourlesdétenusdepouvoirsenourrirselonlespréceptesdesareligionarécemmentétéreconnuparlaCoureuropéennedesDroitsdel’Homme24.EnFrance,aucuneloinel’imposemaislaplupartdeslieuxdeprivationdelibertérendentpossiblel’observancedesprescriptionsreligieuses.L’administration pénitentiairelefaitindirectementenproposantdesmenussansporcet/ousansviandeetenpermettantauxdétenusdeseprocurerdelanourritureritualisée,vialecantinageouparl’intermédiaired’aumôniers25.Leshôpitaux publicsoffrentégalementunediversitédechoixalimentaires,«danslamesuredupossible26.»
Lamêmelogiquepeuts’appliquerauxstructures associatives. Mêmesilaloineleurinterditpasdeservirdelanourritureritualiséedanslesévénementscollectifsqu’ellesorganisent(repasdequartier…),ilestrecommandéd’opterpourunealternativelaïque(menusansporcousansviande)toutengardantunmenu«standard»,afind’éviter qu’une norme ne s’impose à tous.Lesrepasdoiventeneffetresterdesmomentsderencontreetdeconvivialitéetnonfavoriserl’entre-soi.
Enseignement religieux à l’école : le cas particulier de l’Alsace-Moselle
EnAlsace-Moselle,unenseignementreligieuxestprévudanslesprogrammesscolaires.Ilestrégipardesdispositionsspécifiquesissuesdudroitlocal.Cesdernièresprévoientl’obligationpourl’administrationd’organiseruneheured’instructionreligieuseparsemainedanslesécolesprimaires,lescollègesetleslycées.Cetteobligationconcerneuniquementles
cultesstatutaires(catholique,protestant,juif).En2001,leConseild’État,dansunedécisionSyndicat
nationaldesenseignementsduseconddegré,aconsidérécettelégislationconformeàlalibertédeconscience(tellequestipuléeparl’article9delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme)àpartirdumomentoùlesparentsontlapossibilitédedispenserleursenfantsdecetenseignement.«L’obligationencauseestcelle,pourlespouvoirspublics,d’organiserunenseignementdelareligion,pourchacundesquatrecultesreconnusenAlsace-Moselle,etcelui-cis’accompagnedelafacultéouverteauxélèves,surdemandedeleursreprésentantslégaux,d’enêtredispensés.»
Cetenseignementreligieux,dispenséauseindel’écolepublique,surletempsscolaire,faitdébat.Certainesfédérationsdeparentsd’élèvesdemandentàrendrecetenseignementreligieuxoptionnelenl’organisantpourlesseulesfamillesvolontairesetendehorsdutempsscolaire.L’Observatoiredelalaïcitéaégalementémisplusieursrecommandationsallantdanscesens27.
Refus des règles au nom de la religionLesprofessionnelsduchampéducatifsontparfoisdéstabiliséslorsquedesjeunesmettentenavantleurreligionpourrefuser une règle, un enseignement ou une activité.Lalibertédereligiontrouveicisalimite.Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers28. »Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme29. »-Exemple fictif :lors d’un voyage scolaire, un élève
refuse de visiter une cathédrale au prétexte qu’il est musulman.Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensés
decertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructures w
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24.CEDH,7décembre2010,Jakóbskic/Pologne.25. Lacouradministratived’appeldeLyonaannuléle22juillet2014unjugementdutribunaladministratifdeGrenobleenjoignantaudirecteurducentrepénitentiairedeSaint-Quentin-Fallavier(Isère)deservirdesrepascomprenantdelaviandehalalauxdétenusmusulmans.LeConseild’États’étaitégalementprononcécontreunetellemesure,quiaurait« en raison de son coût financier et organisationnel élevé, des conséquences difficilement réversibles ».26.ChartedupatienthospitaliséannexéeàlacirculaireDGS/DHn°22du6mai1995relativeauxdroitsdespatientshospitalisés.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
27.Cf.Avisdel’ObservatoiredelalaïcitésurlerégimelocaldescultesenAlsace-Moselledu12mai2015.28.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.29.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION122
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
socio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonnes’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquela religion, la politique ou autre est invoquée pour justifier des incivilités, voire des comportements violents.
•Exemples fictifs : - un élève crache par terre en classe. Il prétend
que l’islam lui interdit d’avaler sa salive pendant le ramadan ; - une élève frappe une de ses camarades parce que
cette dernière a dit qu’elle ne croyait pas en Dieu.Ce n’est pas au nom de la laïcité qu’il faut refuser
et sanctionner ces comportementsmaisaunomdurespectdurèglementintérieurdel’établissementetdelaloi.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.
Pédagogie de la laïcitéLanécessairefermetéfaceàcescomportementsnedoitpasdispenserlesprofessionnelsd’expliquer leursdécisionsetderesterbienveillants vis-à-visdesjeunesplacéssousleurautorité.L’enfanceetl’adolescencesontdespériodesd’apprentissageetdeconstruction de leur identité,oùl’affirmationdesoisefaitparfoisenoppositionàl’autorité.Lesdemandesoucomportementsquiseprésententcommereligieuxexprimentsouventunbesoin de reconnaissance ouunmalaise.Aussi,lesprofessionnelsdoiventgarderàl’espritque« la façon dont un usager met en avant sa religion reflète son état intérieur et n’est pas uniquement “le produit de sa religion”, même s’il le présente ainsi30. »
Laquestiondufaitreligieuxnedoitpasêtreéludéeourenvoyéesystématiquementàla« sphère privée. » Ellepeutêtreunexcellentsujetdediscussion,àconditionquel’onneseplacepas sur le terrain théologiquemais sur celui de la connaissance et des valeurs.Ilnes’agitpasd’expliquercequeditounontelleoutellereligionmaisd’éduquer les jeunes au pluralisme. Toutenrestantimpartiaux,lesprofessionnelspeuventsoulignerquetouteslesreligionscomportentplusieurscourants,correspondantàdifférentes
w interprétationsdudogme.Danscettemultitudedecroyances,lalaïcitéconstitueuncadrepermettantqu’aucunevisiondumondenes’imposesurlesautres.• Exemple fictif :Lors d’un séjour de vacances, un jeune
demande que l’on n’écoute plus de musique au motif que « l’islam l’interdit. » L’animateur ne doit pas chercheràleconvaincrequel’islamneditpascelamais que dans un espace de vie collective, personne ne peut imposer ses désirs aux autres.
La laïcité ne doit pas être invoquée uniquement pour interdire,sansquoiellerisqued’êtreperçuecommeuninstrumentd’oppressiondesreligionsoudecertainesreligions.Ilfautaucontraire insister sur ce qu’elle permet (libertédeconscienceetdeculte,impartialitédel’État,coexistencepacifiquedetouteslescroyances,respectmutuel…).
Pour aller plus loinLaïcité dans le champ éducatif•Observatoiredelalaïcité,Laïcitéetgestiondufait
religieuxdanslesstructuressocio-éducatives,2015:http://www.gouvernement.fr/documents-de-l-observatoire-de-la-laicite
•DouniaetLyliaBouzar, Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Synthèsedelaformation-actionàl’intentiondesintervenantssocio-éducatifs,ProfessionBanlieue,TrajectoireRessourcesetRésOVilles,mars2015:http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/spip.php?article143
•NombreusesressourcessurlesiteEduscol(Éducationnationale):http://eduscol.education.fr/pid23591/laicite-principe-et-pedagogie.html
•AbdennourBidar,Pour une pédagogie de la laïcité,Documentationfrançaise,2012,142p.http://archives.hci.gouv.fr/Pour-une-pedagogie-de-la-laicite-a.html
•AbdennourBidar,«Quellepédagogiedelalaïcitéàl’école»,inEsprit,octobre2004,pp.48-63.www.esprit.presse.fr/archive/review/rt_download.php?code=38110
•DéfenseurdesDroits, L’égal accès des enfants à la cantine de l’école primaire, 2013,61p.http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000207.pdf
30. DouniaetLyliaBouzar,Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Cf.bibliographie.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
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eFichestagiaireressourcen° 7quizaccueiletrelationaveclespublics
VRAI FAUX
1 Lesadministrationssontdesespacespublics,aumêmetitrequelescommerces.
2EnFrance,tousleslieuxrecevantdupublicdoiventêtreneutres(sansemblèmesreligieux),àl’exceptiondeslieuxdeculte.
3 InstallerunsapindeNoëldanslehalld’accueild’unemairieestunmanquementauprincipedelaïcité.
4 Danslesadministrations,leportdesignesreligieuxestinterditauxagentscommeauxusagers.
5 Lesfonctionnairesquinesontpasencontactaveclepublicontledroitdeporterdessignesreligieux.
6 Laloidu11octobre2010interditladissimulationduvisagedansl’espacepublicaunomdelalaïcité.
7 Refuserdeserrerlamainàunepersonnedusexeopposéestunmanquementàlalaïcité.
8Refuserd’êtrereçuparunepersonnedusexeopposéconstitueunediscriminationàl’encontredel’agentconcerné.
9 Siunusagerseprésentedansunservicepublicaveclevisagecouvert,leservicenedoitpasluiêtrerendu.
10 Unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirerunsignereligieuxafindevérifiersonidentité.
45mind’exerciceetd’échangesenplénière
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 123
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION124 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION124
Fichestagiairecorrigéen° 7Quizaccueiletrelationaveclespublics
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45mind’exerciceetd’échangesenplénière
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
VRAI FAUX
1 Lesadministrationssontdesespacespublics,aumêmetitrequelescommerces.
2EnFrance,tousleslieuxrecevantdupublicdoiventêtreneutres(sansemblèmesreligieux),àl’exceptiondeslieuxdeculte.
3 InstallerunsapindeNoëldanslehalld’accueild’unemairieestunmanquementauprincipedelaïcité.
4 Danslesadministrations,leportdesignesreligieuxestinterditauxagentscommeauxusagers.
5 Lesfonctionnairesquinesontpasencontactaveclepublicontledroitdeporterdessignesreligieux.
6 Laloidu11octobre2010interditladissimulationduvisagedansl’espacepublicaunomdelalaïcité.
7 Refuserdeserrerlamainàunepersonnedusexeopposéestunmanquementàlalaïcité.
8Refuserd’êtrereçuparunepersonnedusexeopposéconstitueunediscriminationàl’encontredel’agentconcerné.
9 Siunusagerseprésentedansunservicepublicaveclevisagecouvert,leservicenedoitpasluiêtrerendu.
10 Unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirerunsignereligieuxafindevérifiersonidentité.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 125KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 125
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Fichestagiairecorrigéen° 7:Quizaccueiletrelationaveclespublics
1Vrai «L’espacepublicestconstituédesvoiespubliquesainsiquedeslieuxouvertsaupublic
ouaffectésàunservicepublic1.»Cettedéfinitioninclutlesadministrationsetlescommerces.
2 Faux L’obligationdeneutraliténeconcernequelesmonumentsetbâtimentspublics(loidu9
décembre1905,article28),paslescommercesoulesrestaurants,quisontdesétablissementsprivés.
3Faux D’aprèsl’Observatoiredelalaïcité:«UnsapindeNoël,quiestàl’origineunetradition
païenne,n’estpasconsidérécommeunsigneouunsymbolereligieux,maislesymboled’unefêtelargementlaïcisée.2»
4Faux Danslesadministrations,leportdesignereligieuxestbieninterditauxagentsmaispas
auxusagers.
5 Faux Touslesfonctionnairessontsoumisàl’obligationdeneutralité,qu’ilssoientounonen
contactaveclepublic.Dansl’exercicedeleursfonctions,ilsreprésententtoujoursl’administrationetleservicepublic.Cetteobligationconcerneégalementlessalariésdedroitprivéchargésd’unemissiondeservicepublic.
6 Faux Laloidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagenefaitpasréférence
auprincipedelaïcité.Danslacirculaired’applicationcetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde«réaffirmersolennellementlesvaleursdelaRépubliqueetlesexigencesduvivreensemble3».
7 Faux Serrerlamainàunepersonnepourlasaluerestunemarquedecivilité(politesse),pas
uneobligation.Refuserdeserrerlamainàunepersonnedusexeopposéeestdoncuneincivilitéetnonuneinfractionniunmanquementauprincipedelaïcité.Cependant,uncomportementrépétéquiporteatteinteàladignitédespersonnespeutrecevoirlaqualificationdeharcèlementmoral.
8 Faux Unusagernepeutpasrécuserunagentpublicdusexeopposéniexigeruneadaptation
dufonctionnementduservicepublicoud’unéquipementpublic.Maisilnepeutêtreaccusédediscriminationcarilnedétientpasdepouvoirsurcetagent.Sonrefusn’adoncpasdeconséquencepourl’agent.Enrevanche,unagentquirefuseraitderecevoirunusagerdusexeopposéserendraitcoupabledediscriminationcarilluirefuseraitparlàmêmel’accèsàunservice,quiestundroit.
9Vrai Lacirculaired’applicationdelaloidu11octobre2010préciseque« la dissimulation
du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public4 ».
10Vrai D’aprèslaChartedelalaïcitédanslesservicespublics:«Lorsquelavérificationde
l’identitéestnécessaire,lesusagersdoiventseconformerauxobligationsquiendécoulent.»Unagentpublicpeutdoncdemanderàunusagerderetirerunsignereligieux(voile,turban…)letempsdevérifiersonidentité.
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
1. Loin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,article2.2. Observatoiredelalaïcité,Laïcité et gestion du fait religieux dans les établissements publics de santé,février2016.
3. Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.4. Ibid.
L’accueilestlevisagedel’institution.Ilestdonccenséreflétersesvaleursetsesprincipes.Pointderencontreentrelesagentsetlesusagers,l’accueilestparfoislelieuoùs’exprimenttensions,incompréhensionsoufrustrations.Ilestlacaissederésonancedesmauxquitraversentlasociétéfrançaise.Cestensionssontsouventliéesàdeuxcauses,quiserenforcentréciproquement:d’uncôté,ladifficultéàaccepterl’Autredanssonaltérité;del’autrecôté,laméconnaissanceoulerefusdesrèglesdelavieensociété.Lafonctiondecemoduleestderappelercertainesdecesrègles,notammentcellesquionttraitauprincipedelalaïcité.Cemodules’adresseàtouslesprofessionnelsdel’accueilet,plusgénéralement,delarelationaveclespublics,qu’ilssoientounonchargésd’unemissiondeservicepublic.
TABLE DES MATIÈRESLes droits et obligations des usagers............................126Libertédeconscience..............................................................126Non-discrimination................................................................. 127Neutralitédesservicespublics.......................................... 127Respectdesrèglesdelastructureetdescodesdecivilité....................................................................................... 127L’interdiction de dissimuler son visage dans l’espace public................................................................129Contexte.........................................................................................129Champd’application...............................................................129Définitiondel’espacepublic...............................................129Lesdifférentstypesdevoilesislamiques.....................130La neutralité des édifices publics.....................................131Neutralitéconfessionnelle....................................................131Neutralitépolitique................................................................. 132Neutralitédanslesbureauxdevote............................... 133Lalibertéd’expressionetseslimites.............................. 133
LES DROITS ET OBLIGATIONS DES USAGERSQuel’onsoitounondansledomainedesservicespublics1,lesdeuxprincipesquiencadrentlarelationauxusagerssontleurlibertédeconscienceetlanon-discrimination.
Liberté de conscience Lalibertédeconscienceinclutledroit de manifester sa religion en public2.Toutcitoyenconservedonccedroitlorsqu’ildevientunclientouunusager.Ilpeutl’exercernotammentparleportd’unetenueoud’unsignedistinctif,àconditiondenepasdissimulersonvisage (cf. infra).LaHauteAutoritédeluttecontrelesdiscriminationsetpourl’égalité(Halde,aujourd’huiDéfenseurdesdroits)aeul’occasionderappelercedroitdansunedélibérationconcernantune cérémonie de naturalisation dont le président avait demandé à une des participantes de retirer son voile,enraisonducaractèrelaïqueetfédérateurdelacérémonie.Cettefemmeayantrefusédelefaire,elles’étaitretiréeaprèss’êtrevuremettresondécretdenaturalisationenmainspropres.LaHaldeasoulignéquecettefemme,entantqu’usagèreduservicepublic,n’étaitpassoumiseàl’obligationdeneutralitéetqu’elleavaitdoncsubiunedifférencedetraitementinjustifiéeenraisondesareligion3.Ledroitdesusagersàmanifesterleurreligionnelesautorisetoutefoispasàperturberlebonfonctionnementdel’établissementouàgênerlesautresusagers,parexempleenpriantostensiblementouenprêchantdansuneadministration.C’est ce que dit la Charte de la laïcité dans les services publics:« Les usagers des services publics ont le droit d’exprimer leurs convictions religieuses dans les limites du respect
Fichedesynthèsen° 13 Accueiletrelationaveclespublics
1. Surladéfinitionduservicepublic(etsadistinctionaveclesmissionsd’intérêtgénéral),sereporteràlafichedesynthèsen°5:«Lalaïcitédanslesservicespublics».2. Conventiondesauvegardedesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.3. Halde,délibérationn°2006-131du5juin2006relativeaurefusd’accèsàlacérémoniederemisedesdécretsdenaturalisationdansl’enceinted’unepréfectureenraisonduportduvoile.LaHaldeprécisetoutefoisquecettedifférencedetraitementnepeutêtrequalifiéedediscriminatoireausensstrictpuisqueledécretdenaturalisationabienétéremisàlarequérante.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION126
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 127
de la neutralité du service public, de son bon fonctionnement et des impératifs d’ordre public, de sécurité, de santé et d’hygiène. »Ellepréciseégalementque« les usagers des services publics doivent s’abstenir de toute forme deprosélytisme».Lamêmerèglepeuts’appliquerauxstructuresassociativesoucommercialesnerelevantpasduservicepublic.Ladirectionestfondéeàfairecessertoutagissementquientraîneraituneperturbationdubonfonctionnementdel’établissementouunegênedesusagers/clients.
Non-discrimination L’égalitéest,aveclacontinuitéetlamutabilité,l’undestroisprincipesconstitutifsduservicepublic.C’estpourquoilaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsrappelleque« tous les usagers sont égaux devant le service public ».Cetterèglen’estpaspropreauxservicespublics.L’obligationd’égalitédetraitementdesusagerss’imposeàtouslesétablissements,privéscommepublics.Aussi,le refus de délivrerunbienouunserviceenraisond’undesvingt-quatrecritèresprohibés4 constitueunediscrimination,passibledetrois ans de prison et 45 000 euros d’amende,etdecinqansdeprisonet75000eurosd’amendesilerefusdiscriminatoire« est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès5».Ainsi,lacourd’appeldeNancyacondamnélagestionnaired’ungîteruralquiavaitrefusédelouerunechambreàdeuxfemmesauprétextequ’ellesportaientlevoile6.
Neutralité des services publicsPilierdelalaïcitéfrançaise,la neutralité des services publics vise à garantir l’égalité de traitement
des usagers, quelles que soient leurs convictions.Pournepasdonnerl’impressiondefavorisertelleoutelletendance,lesservicespublicsdoiventafficheruneparfaiteneutralitéconfessionnelleetpolitique.Cetteobligations’appliqueauxagentscommeauxbâtimentsduservicepublic(cf. infra).LelienentreneutralitéetégalitéduservicepublicaétésoulignéparleConseilconstitutionnel7.IlestégalementrappelédansleCode relatif aux relations entre le public et les administrations8 (CRPA),édictéparl’ordonnancen°2015-1341du23octobre20159,ainsiquedansdelaloidu20avril2016relativeàladéontologiedesfonctionnaires,dontl’article1erénonce:«Dans l’exercice de ses fonctions, [le fonctionnaire] est tenu à l’obligation de neutralité. »« Le fonctionnaire exerce ses fonctions dans le respect du principe de laïcité. À ce titre, il s’abstient notamment de manifester, dans l’exercice de ses fonctions, ses opinions religieuses. »« Le fonctionnaire traite de façon égale toutes les personnes et respecte leur liberté de conscience et leur dignité. »
Respect des règles de la structure et des codes de civilitéSilesusagersontledroitdemanifesterleursconvictionsreligieuses,d’êtretraitéssansdiscriminationetdebénéficierd’unservicepublicneutre,ilsdoiventdeleurcôtérespecterlesrèglesdelastructureetlescodesdecivilité(politesse).LaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsaffirmeque« Les usagers des services publics ne peuvent récuser un agent public ou d’autres usagers, ni exiger une adaptation du fonctionnement du service public ou d’un équipement public. Cependant, le service
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4. Origine,sexe,situationdefamille,grossesse,apparencephysique,particulièrevulnérabilitérésultantdesasituationéconomique,patronyme,lieuderésidence,domiciliationbancaire,étatdesanté,perted’autonomie,handicap,caractéristiquesgénétiques,mœurs,orientationsexuelle,identitédegenre,âge,opinionspolitiques,activitéssyndicales,capacitéàs’exprimerdansunelangueautrequelefrançais,appartenanceounon-appartenance,vraieousupposée,àuneethnie,nation,prétendueraceoureligiondéterminée.5. Codepénal,articles225-1-1et225-2.6. Courd’appeldeNancy,8octobre2008.
7. Conseilconstitutionnel,18septembre1986,Libertédecommunication.8. L’articleL.100-3duCRPAprécisequ’onentendpar«administration»lesadministrationsdel’État,lescollectivitésterritoriales,leursétablissementspublicsadministratifsetlesorganismesetpersonnesdedroitpublicetdedroitprivéchargésd’unemissiondeservicepublicadministratif,ycomprislesorganismesdesécuritésociale.9. SonarticleL.100-2énonceque« l’administration agit dans l’intérêt général et respecte le principe de légalité. Elle est tenue à l’obligation de neutralité et au respect du principe de laïcité. Elle se conforme au principe d’égalité et garantit à chacun un traitement impartial ».
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION128
s’efforce de prendre en considération les convictions de ses usagers dans le respect des règles auquel il est soumis et de son bon fonctionnement.»Enclair,lesrèglesduservicepublics’imposentàtousetles éventuels accommodements ne sont possibles qu’en restant dans les limites de ces règles.UnarrêtduConseilconstitutionnelendatedu19novembre2004rappellequelareligionnesauraitservirdejustificationàlatransgressiondesrèglesdel’administration:« Les dispositions de l’article 1er de la Constitution aux termes desquelles “la France est une République laïque” […] interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers. »Ainsi,unindividunepeutêtredispensédefigurertêtenuesurlaphotographiedestinéeàl’établissementdesapièced’identité10pourdesmotifsd’ordrepublic,àsavoirlimiterlesrisquesdefraudeoudefalsification.Demême,unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirersonsignereligieux(voile,turban…)letempsdevérifiersonidentité.Làencore,cepointestclairementénoncédanslaChartedelalaïcitédanslesservicespublics:«Lorsque la vérification de l’identité est nécessaire, les usagers doivent se conformer aux obligations qui en découlent.»Ilarriveque,aunomdelareligion,desusagersrefusentdeserrerlamainoud’êtrereçusparunagentdusexeopposé.Distinguonslesdeuxsituations.• Serrer la main d’une personne pour la saluer est
un code social, une marque de civilité, nullement une obligation légale. Refuserdeserrerlamainàunepersonnequivouslatendestdonclittéralementuneincivilitémaispasune
discrimination(ausensjuridiqueduterme)niuneatteinteauprincipedelaïcité.C’estenrevancheuneatteinte au principe de l’égalité femmes-hommessicerefusestfondésurlesexedelapersonneenface.S’ilestexcludepriverunusagerdel’accèsàunservicepoursonrefusdeserrerlamain,ilestnéanmoinspossibledeluirappelerquelesusagersdoiventtraiterlesagentsd’accueilavectoutlerespectqu’ilsméritent,sansdistinction de sexe.Parailleurs,uncomportementrépétéportantatteinteàladignitédespersonnespeutrecevoirlaqualificationdeharcèlementmoral.
•Lefaitpourunusagerderefuser d’être reçu par un agent du sexe opposé n’est pas non plus une discriminationstricto sensu,puisqu’iln’yapasderefusdedroit.L’usagerseprivelui-mêmedelapossibilitéd’accéderauservice.Enrevanche,celaposeàl’organismelaquestionsuivante:faut-il satisfaire la demande de l’usager d’être reçu par une personne du même sexe ? Danslesservicespublics,laréponseestclairementnon11,envertuduprincipeselonlequel«les usagers des services publics ne peuvent récuser un agent public12».Deplus,accéderàunetelledemandepourraitperturberlebonfonctionnementduservice.Danslesstructuresn’assurantpasunemissiondeservicepublic,ilrevientàladirectiondefixerlaconduiteàtenir,pournepaslaisserlesagentsd’accueilseulsfaceàcechoix.
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10. Conseild’État,15décembre2006,AssociationUnitedSikhsetMannSingh,n°289946et27juillet2001,Fondsdedéfensedesmusulmansenjustice,n°216903.
11. Àl’exceptionduservicepublichospitalier,oùlesmaladesontledroitdechoisirleurpraticien(art.L.1110-8ducodedelasantépublique).Toutefois,lacirculairedu2février2005relativeàlalaïcitédanslesétablissementsdesantéprécisequecette « liberté de choix »nepeutenaucuncaspermettreà « la personne prise en charge [de] s’opposer à ce qu’un membre de l’équipe de soins procède à un acte de diagnostic ou de soins pour des motifs tirés de la religion connue ou supposée de ce dernier ».Deplus,l’exercicedecettelibertédechoixdoitêtreconciliéavecl’organisationhabituelleduservice(toursdegarde,planningdesconsultations),lesrèglesrelativesàladélivrancedessoins(compositiondel’équipesoignante)etlescontraintesliéesàl’urgencemédicale.12. Chartedelalaïcitédanslesservicespublics.
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 129
L’INTERDICTION DE DISSIMULER SON VISAGE DANS L’ESPACE PUBLICContexteLaquestionduvoileintégralapparaîtdansledébatpublicen2009lorsqu’André Gérin,députéduRhôneetmairedeVénissieux,demandelacréationd’unecommissionparlementairesurlesujet.Malgréle faible nombre de cas alors recensés enFrance(environ2000,selonlegouvernementdel’époque),unemissiond’informationsurlapratiqueduportduvoileintégralsurleterritoirenationalestcrééele23juin2009.Elleaboutitauvotedela loi du 11 octobre 2010interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.Danslacirculaire d’application,cetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde«réaffirmer solennellement les valeurs de la République et les exigences du vivre ensemble13».Enrevanche,le principe de laïcité n’est évoqué ni dans la loi, ni dans la circulaire. La Cour européenne des droits de l’hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux14.
Champ d’applicationLaloiinterdit« le port de cagoules, de voiles intégraux (burqa, niqab...), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement ayant pour effet, pris isolément ou associé avec d’autres, de dissimuler le visage15 »,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementlefait d’imposer à quelqu’un de dissimuler son visageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende16.Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions
législatives ou réglementaires17 »(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle« est justifiée par des raisons de santéou desmotifs professionnels, ou si elle s’inscrit dans le cadre de pratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles18».Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieux de culte ouverts au public(conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).Lacirculairedéfinit,enoutre,laconduite à tenir dans les services publics.Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràsesagents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.«La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public19. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisilnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefus d’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelaux forces de police ou de gendarmerienationale qui,seules,peuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.
Définition de l’espace publicTousleslieuxrecevantdupublicconstituentdesespacespublics,ausensqu’endonnelaloidu11octobre2010:« L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public20. »Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:« Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l’accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l’accès est possible,
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13. Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.14. CEDH,1erjuillet2014,S.A.S.c.France.15. Ibid.16. Lasanctionestélevéeàdeuxansdeprisonet60000eurosd’amendesilavictimeestmineure(article4delaloi).
17. Loidu11octobre2010,op.cit.18. Ibid19. Circulairedu2mars2011,op.cit.20. Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,article2.
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Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION130
Fichedesynthèsen°13Accueiletrelationaveclespublics
LES DIFFÉRENTS TYPES DE VOILES ISLAMIQUES
Hijab :voile«simple»,couvrantlescheveuxetlecoumaislaissantlevisagedécouvert.
Niqab :tenuenoirerecouvranttoutlecorps,ycomprislevisage,enlaissantseulementunefentepourlesyeux.Ilestportéparlesmusulmanesrigoristes,notammentlessalafistes.
Tchador :nomdonnéenIranàunepiècedetissusansmanchesquirecouvretoutlecorpsmaislaisselevisagedécouvert.EnFrance,cetermeestsouventutiliséàtortpourdésignerunhijabouunniqab.
Burqa :tenuefaited’unepiècedetissu(leplussouventbleue)recouvranttoutlecorps,ycomprislevisagederrièreuntissuàmailles.D’origineafghane,ellen’estquetrèspeuportéeendehorsduPakistanetdel’Afghanistan.EnFrance,letermeburqaestsouventemployéimproprementpourdésignerleniqab.
Jilbab ou jilbeb :tenuegénéralementforméededeuxpiècesetcouvranttoutlecorpsmaislaissantlevisagedécouvert.D’originesaoudienne,ilsedéveloppeenFrancedepuisquelquesannées.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 131
même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d’une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Lescommerces (cafés, restaurants, magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en communsont ainsi des espaces publics. Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l’ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d’une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux de poste, les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d’allocations familiales, les caisses primaires d’assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques21. »
LA NEUTRALITÉ DES ÉDIFICES PUBLICSNeutralité confessionnelleL’obligationdeneutralitéconfessionnelles’appliqueauxagentspublicsetauxsalariésdedroitprivéchargésdel’exécutiond’unemissiondeservicepublic22.Elleconcerneégalementlesbâtimentspublics.Laloide1905disposeeneffetqu’« il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publicsou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions23».Les symboles religieux dans l’espace public sont possibles dès lors qu’ils sont du ressort de personnes privées.Laquestiondelaneutralitédesbâtimentspublicsestdepuisquelquesannéesaucentredecontentieuxrelatifsauxcrèches de Noëlinstalléespardescollectivitésterritorialesdansleurslocauxousurlavoiepublique.Lejugeadministratifapprécielalégalitédecettepratiqueaucasparcas,encherchantàdéterminersilacrècheprésenteuncaractèrereligieuxoutraditionnel.Pourcefaire,ilprendencomptel’aspectdelacrèche,lafaçondontelleestprésentée,larécurrencedesonexpositionouencorel’existencedetraditionslocales(casdessantonsdeProvence).Lespremiersjugementsintervenusauniveaudescoursadministrativesd’appelillustrentcesdifférentesappréciationsin concreto:•en2010,leconseilmunicipaldeMoutiers(Oise)s’est
vuobligéderetirerlacrèchequ’ilavaitfaitinstallersurlaplaceduvillage24;
•en2014,lacrècheinstalléeparleconseilgénéraldeVendéedanslehalldel’hôteldudépartementaconnulemêmesort25,avantd’êtreautoriséeparlacouradministratived’appeldeNantes26.Lejugeaconsidéréquecettecrèche« s’inscrivait dans le cadre d’unetradition relative à la préparation
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21. Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.
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22. Courdecassation,chambresociale,19mars2013.23. Loidu9décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,article28.24 Tribunaladministratifd’Amiens,16novembre2010.25. TribunaladministratifdeNantes,14novembre2014.26. Couradministratived’appeldeNantes,13octobre2015.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION132
de la fêtefamiliale de Noël et ne revêtait pas la nature d’un “signe ou emblème religieux” »,comptetenunotamment« de sa faible taille, de sa situation non ostentatoire et de l’absence de tout autre élément religieux »;
•Àl’inverse,lacrècheinstalléedansl’hôteldevilledeMelun(Seine-et-Marne)aétéautorisée27puisinterditeparlacourd’appeldeParis28,quiaestiméqu’« une crèche de Noël, dont l’objet est de représenter la naissance de Jésus, doit être regardée comme ayant le caractère d’un emblème religieux, et non comme une simple décoration traditionnelle»;
•Pardeuxdécisionsendatedu9novembre2016,leConseild’États’estprononcésurlescrèchesdelanativité.LeConseild’Étatad’abordrappeléquelescrèchesdeNoëlrevêtaientunepluralitédesignifications,etqu’ellesnesebornaientpasàsonseulcaractèrereligieux.Lahautejuridictionaensuitedistinguélesbâtimentspublicsauseindesquelsl’exigencedeneutralitéinterditd’installerunecrèche,saufcirconstancesparticulièresjustifiantuneexception(comptetenud’unintérêtculturel,artistiqueoufestifavéré)desautresemplacementspublicsdanslesquelsunetelleinstallationestenprincipeautorisée,saufsielleconstitueunactedeprosélytismeouunerevendicationreligieuse.
Iln’existepas,àcejour,dejurisprudenceconcernantles sapins de Noëldanslesédificespublics.D’aprèsl’Observatoiredelalaïcité:«Un sapin de Noël, qui est à l’origine une tradition païenne, n’est pas considéré comme un signe ou un symbole religieux, mais le symbole d’une fête largement laïcisée.29»AvantlespolémiquessurlescrèchesetlessapinsdeNoël,laquestiondelaneutralitéreligieusedescollectivitésterritorialesavaitétésoulevéeparuncontentieuxrelatifaulogotype du Conseil général de Vendée.Celogoprésentedeuxcœursentrelacéssurmontésd’unecroix,rappelantl’emblèmedesChouans,restésfidèlesauRoietàl’Églisependantla
Révolution.Ce symbole comporte donc une référence politique et religieuse,maislejuges’estfocalisésurcettedernièredimension.Danssonarrêtdu11mars1999,lacouradministratived’appeldeNantesaautorisélelogoduConseilgénéraldeVendée,enconsidérantqu’il n’avait pas pour objet de promouvoir une religion,maisavaitaucontrairepourfonctiondesymboliser,autraversderepèreshistoriques,l’actiondudépartement.Làencore,c’estlecontextequiaguidéladécisiondujuge.Onpeuteneffetsupposerque,dansunautredépartementquelaVendée,untellogoauraitétéinterdit.
Neutralité politiqueIlarrivequedes collectivités territoriales affirment des prises de position politiques en arborant des drapeaux à leur fronton.Ilestenainsi,delacommunedeSaint-Anne(Martinique),quiavaitornélafaçadedelamairied’undrapeaurouge,vertetnoir,emblèmedesautonomistesmartiniquais.Dansunarrêtdu27juillet2005,leConseild’Étataconfirmél’annulationparletribunaladministratifdeFort-de-FrancedeladélibérationmunicipaleapprouvantlaposedecedrapeauaufrontondelamairiedeSaint-Anne30.Rejetantl’argumentdeladéfenseselonlequelcedrapeaun’étaitquel’expression d’une identité culturelle,laHauteJuridictionaestiméqu’ilétait« le symbole d’une revendication politique exprimée par certains mouvements présents en Martinique »,enl’espèceunerevendicationautonomiste.LesjugesontmisenavantlefaitquelemairedeSaint-Anneétaitleprésident-fondateurd’unmouvementpolitiqueautonomiste,dontlesiteInternetprésentaitledrapeaurouge,vertetnoircomme«drapeaunationalistemartiniquais».Parcettedécision,leConseild’Étataétenduleprincipedeneutralitéaupavoisement des édifices publics, ensefondantsurleraisonnementsuivant:sil’administrationestgarantedel’intérêtgénéral,ilfautquecequilareprésentenerévèleaucunparti
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30. Conseild’État,15novembre2004,M.GastonFlosse.
27. TribunaladministratifdeMelun,22décembre2014.28. Courd’appeldeParis,8octobre2015.29. Observatoiredelalaïcité, Laïcité et gestion du fait religieux dans les établissements publics de santé,février2016.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 133
prispolitique,religieuxouphilosophique.Concernantlesdrapeaux,rappelonsquelescommunessontinvitéesparlepréfet(surinstructiondugouvernement)àprocéderaupavoisementdesédificespublicsàl’occasiondescérémonies commémoratives officielles.Lorsdecescérémonies,ledrapeautricolorefrançaisestleseulemblèmequ’ilconvientd’arborersurlesbâtimentspublics.Toutefois,lepavoisementdesédificesauxcouleursdel’Europeestpossible,dèslorsqu’ilsefaitenassociationaveclescouleursfrançaises(décretdu4mai1963).Lorsdecérémoniespubliques,desdrapeaux d’autres Étatspeuventêtresuspendusenhautdemâtsouportéspardesacteursdésignésmaisleurutilisationdoittoujoursêtreaccompagnéedudrapeaufrançais.Enfin,lefaitd’arboreraufrontondesédificespublicsdesdrapeauxdeterritoires revendiquant leur indépendance (Tibet,Autoritépalestinienne,Catalogne…)pourraitêtreinterprétécommeuneprisedepositionpolitiqueetdoncuneentorseauprincipedeneutralitédel’administration.
Neutralité dans les bureaux de voteS’ilestbienunmomentoùlaneutralitédesbâtimentspublicsdoitêtrerespectée,c’estceluiduvote.Toutefois,cetteobligation de neutraliténes’appliquepasuniformément.Elle s’impose au président et aux membres du bureau de vote mais pas aux électeurs,quipeuventremplirleurdevoirciviqueenhabitsreligieuxs’ilslesouhaitent.Cependant,ilsdoivents’abstenird’influencer,parleurcomportement,levotedesautresélecteurs.L’obligationdeneutralitéconcerneégalementlebureau de vote.LeConseild’Étataeul’occasionderappelerque« l’aménagement des locaux dans lesquels se déroule un scrutin ne doit pas porter atteinte à la liberté et à la sincérité du vote et doit donc être neutre32 ».Ils’agissaitdelamunicipalitédeMahina,quiavaitentièrementdécoréleslocauxoùsedéroulaitlescrutin(l’électiondesreprésentants
àl’assembléedelaPolynésiefrançaise),jusqu’auxrideauxdesisoloirs,auxcouleursdupartisurlalisteduquelfiguraitlemairedeMahina.Plusieursmembresdesbureauxdevoteportaientenoutredeschemisesàcesmêmescouleurs.Considérantque« cette manœuvre a été de nature à altérer la sincérité du scrutin »,laHauteJuridictionaannulélesopérationsdevotedanscettecirconscription.
La liberté d’expression et ses limitesDanslesinteractionsentreagentsetusagers,lesrèglesdecivilitéetderespectmutuelnesontpastoujoursrespectées.Departetd’autre,onassisteparfoisàdesproposdéplacés,voireàdevéritablesagressionsverbales.C’estpourquoiilestutilederappelerlalégislationenmatièredelibertéd’expression.Letextederéférenceestlaloidu29juillet1881surlalibertédelapresse,maintesfoismodifiéedepuis,quidéfinitcertaineslimites.Sontnotammentinterdits:• l’injure,quidésigne« toute expression outrageante,
termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait »(art.29).L’injurepublique,oraleouécrite,estpassibled’uneamendede12000euroslorsqu’elleviseun représentant politique ou un fonctionnaire (art.33)etdesixmoisdeprisonet22500eurosd’amendelorsqu’elleviseune personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation ou de leur identité sexuelle, ou de leur handicap (art.33);
• la diffamation,quidésigne« toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé »(art.29).Ladiffamationestpassibled’uneamendede45000eurosd’amende(art.30)lorsqu’elleestcommisecontreuneadministration,unfonctionnaireouunreprésentantpolitique,etd’unandeprisonet45000eurosd’amendelorsqu’elleviseune
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION134
personneouungroupedepersonnespourlesmotifsdéjàénoncés(art.32);
•la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violenceenversunepersonneouungroupedepersonnesenraisondesmotifsdéjàcités,passiblesd’unandeprisonet45000eurosd’amende(art.24);
•la provocation au meurtre, à l’agression, au vol ou à la dégradation,passiblesdecinqansdeprisonet45000eurosd’amende(art.24);
•l’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité,passibledesmêmespeines(art.24),etlacontestationdecrimescontrel’humanité,passibled’unandeprisonet45000eurosd’amende(art,24bis);
•la provocation à des actes de terrorisme ou l’apologie du terrorisme, passiblesdecinqansdeprisonet75000eurosd’amende(codepénal,art.421-2-5);
•les cris ou chants séditieux proférésdansleslieuxouréunionspublics(art.24),passiblesd’uneamendede1500euros.
Faceàdesproposdecettenature,l’agentd’accueildoitsegarderderépliquersurlemêmeregistrepardesproposquiseraienttoutaussirépréhensibles.Ilpeutsignaleràl’usagerlecaractèreillégaldesesproposetlespoursuitesauxquellesils’expose,etsolliciter l’intervention de son supérieur hiérarchique.Danstoutestructurerecevantdupublic,ilestrecommandédedéfinir dans le règlement intérieur la conduite à tenirencasd’agressionverbaleouphysiquepardesusagersetdelafaireconnaîtreauxagentsd’accueil.Toutemployeur,publicouprivé,aundevoir de protection enverssessalariés.Cesderniersdisposentenoutred’undroit d’alerte et de retraits’ilsontunmotifraisonnabledepenserqu’ilssontfaceàundangergraveetimminent(risquepouvantseréaliserbrusquementetdansundélairapproché)pourleur
vieouleursanté,ous’ilsconstatentunedéfectuositédanslessystèmesdeprotection.Lesagentspublics,quelquesoitleurstatut,bénéficientenoutredelaprotection fonctionnelle prévueàl’article11delaloidu13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires(diteloiLePors),notammentencasderelation conflictuelle avec les usagers:« La collectivité publique est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l’occasion de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté. »Lesconditionsd’octroidecetteprotectionetlesformesqu’ellepeutprendresontpréciséesdansunecirculaire31.Auxguichets,ilarrivequedesusagersinsatisfaitsaccusent l’administration de racisme ou de discrimination,soitparcequ’ilsappartiennentàuneminoritéethnique,soitparcequ’ilsn’yappartiennentpas.Techniquement,unetelleaccusationpeutêtrequalifiéedediffamatoire (cf. supra),saufsil’allégationestprouvée.Cesaccusationsnesontpastoujourssansfondement.LajurisprudenceetlesaffairestraitéesparleDéfenseurdesdroitsmontrentquel’administrationn’estpasexempted’abusetdediscriminations.Siunusagers’estimeléséetquelesexplicationsdel’agentneleconvainquentpas,lemieuxestdel’inviteràadresseruneréclamationàladirectiondel’établissement,voireauDéfenseurdesdroits,compétentpourtouteslesdiscriminationsetlesproblèmesavecl’administration.
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31. CirculaireFPn°2158du5mai2008relativeàlaprotectionfonctionnelledesagentspublicsdel’État.
Spécialisation« Laïcité : accueil et relation avec les publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 135
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Séquence10Jeux de rôles
10105 min
P. 136 Fiche formateur n° 11
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION136
MISE EN CONTEXTEL’objectifdelaséquenceestd’ancrerlesacquis
delaformationentermesdeconnaissancesjuridiques,relationnellesetcomportementalesetdelesreplacerdanslessituationsprofessionnellesconcrètesdesparticipants.Ils’agitd’apporterunfocussurlaspécificitédechaquecontexted’activitéetdebienencomprendrelesressortsafind’adopterunepostureprofessionnelleentouttemps.
Laséquenceviseégalementàidentifierlecadrederéférencedesoninterlocuteurafindefairepreuved’empathieetdeparlerlemêmelangagepourportersondiscours.Lesparticipantsserontainsiplusàmêmesd’analyserlasituationetderecourirauxargumentslesplusadaptés(respectdurèglementintérieur…)pourpromouvoirlesvaleursdelaRépubliqueetlesrèglesdevieencommun.
SITUATIONLaséquences’appuiesurlessituationsrencontrées
parlesparticipants.Silesparticipantsn’ontpasdesituationsàproposer,vouspourrezvousappuyersurlesétudesdecasquevousn’aurezpasencoreutilisées.
Lessituationssurlesquellessouhaitenttravaillerlesparticipantssontprésentéessuccinctementparleurporteur.Vousdemandezensuitedesvolontairespourlesmettreenscènedanslecadredejeuxderôles;desbinômessontalorsconstitués:l’uninterprétantlerôleduprofessionnel,l’autreceluidesoninterlocuteur.Chaquebinômeprendunrapidetempsdepréparationafind’imaginerlafaçondefairevivrelasituation(arguments,posture…).Aubesoin,vouspouvezdonnerdesconsignesauparticipantinterprétantlerôledel’interlocuteursurlesargumentsàinvoquer,lecomportementàadopter…
Silesparticipantssonthésitantsàinterpréterlesjeuxderôlesenraisondeladifficultédelasituationàtraiter,vouspouvezvousmontrerrassurantensoulignantlefaitquel’intérêtdececasestjustementsacomplexitéetsadélicatesseàgérer,quetoussontconscientsdecelaetquelaformationestl’occasiondel’aborderdansuncadresécuriséetd’identifierdemanièrecollectivelafaçondegéreraumieuxlarelationavecl’interlocuteur.
Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateurs.Àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.
Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsdevigilancesurlesplansdudiscours (vocabulaire,expressionorale,arguments),ducomportement(regard,posture,voix)etdelagestion de la relation(reformulation,écouteactive,participation).
Lorsquelasimulationestterminée,ledébrief
s’organiseentroistemps:• point de vue du professionnel sursaperception
delafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…);
• point de vue de l’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…);
• point de vue des observateurs.Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepoint
devueetapportezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.Vousmettezégalementenévidencelanaturedesargumentsquiontétéutilisés(réglementation,rappeldesrôlesetmissionsdechacun,valeursrépublicaines…).
Autermedessimulationsvouslistezaupaperboardlesbonnespratiquesetlespointsdevigilanceàprendreenconsidération.
FICHES ASSOCIÉESPour le module de spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »•Fichesynthèsen°11:laïcitéetusagedesespacespublicsPour le module de spécialisation « Laïcité et relation socio-éducative » •Fichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-éducativePour le module de spécialisation « Laïcité : accueil et relation avec les publics » •Fichesynthèsen°13:laïcité-accueiletrelationavec
lespublics.
105mind’exerciceetdedébriefing
Ficheformateurn° 11Jeuxderôles
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 137
Séquence11Clôture de la formation
1130 min
P. 138 Fiche formateur n° 12
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Jour2Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION138
MISE EN CONTEXTECetteséquencevientclôturerlasessionetvise
àprendredureculparrapportauxdifférentsaspectsabordésdurantlaformation.L’objectifestdesynthétiserlespointsàretenirsurlaquestiondelalaïcitéetd’identifiercequiaétéimportantpourlesparticipants.Laséquencedoitamenerchacunàseprojeterdanssonenvironnementprofessionnelenfaisantlelienentrelesélémentsvusdefaçonthéoriqueetsapratiqueprofessionnelle.Réfléchirauxélémentsréinvestissablessursonpostedetravailpermetauxparticipantsdeseprojeterafindecapitaliserlesacquisdelaformationetdefaciliterleurappropriation.
SITUATIONEnplénière,vousinterrogezlesparticipantssurce
qu’ilsontretenudelaformation,cequileurasembléparticulièrementintéressant(pointsspécifiquessurl’historique,laclarificationdelaterminologie,lecadreréglementaire,lesgrillesdelecture,lesélémentscommunicationnelsetrelationnels…),cequ’ilspensentpouvoirréutiliserdansleurpratiqueprofessionnelleetcequileursembledifficiledemettreenapplication.Vouspouvezénoncerdespistespourleverlesdifficultéset/ouvousappuyersurlesconseilsdesautresparticipants,maisvotrerôleestsurtoutdefairecirculerlaparole.
Au-delàdesélémentsréinvestissables,vousquestionnezlesparticipantssurlespointsquileursemblentencoreobscurs,cecivousdonnel’occasiond’apporterlesdernièresexplicationsetprécisionssurlesconceptsoupratiquesquin’auraientpasétéparfaitementassimilées.
Vouslesinterrogezégalementsurleurregardsurlaquestiondelalaïcitéafindesavoirenquoiilapuévoluerdurantcesdeuxjours.Vousinvitezlesparticipantsàressortirlespost-itsurlesquelsilsontinscritlestermesquileursemblaientcaractériserlalaïcité.Sansdemanderàchacuncequ’ilavaitpersonnellementécrit,vousleurdemandezs’ilsécriraientlesmêmesmots,etsinon,quelssontlesmotsqu’ilsinscriraientàprésent.Vousanimerezledébatenrecourantàdesquestionssemi-ouvertesetàdesquestionsorientées.Cecivouspermetd’estimerl’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité,d’apporteraubesoindeséclairagescomplémentairesetd’insistersurlesmessagesclés.
Àl’issuedecettephaseconclusive,vouslaissezlaplaceàl’évaluationàchaud.
FICHES ASSOCIÉES•Ensembledesfichesdesynthèse
30 mind’échangesenplénière
Ficheformateurn° 12Prisedereculsurlaformation