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72 73 L A D I S C U S S I O N Trois personnes, trois vécus, une même expérience : c’est Moi aussi, le podcast de NEON. Julie, Michel et Alexandra font partie des 20 % d’hypersensibles. Chez eux, chaque émotion est reçue et vécue plus intensément. ... je suis hypersensible Mathias : Quand avez-vous posé le mot sur votre particularité ? Julie : Cela remonte à cinq ans. Il y a eu une sorte de bascule, je me suis pris le truc en pleine figure quand ma fille est née. J’ai alors connu des sensations que je ne me pensais pas capable de ressentir avant. C’est devenu un flot de choses que je n’arrivais pas à gérer, à nommer, à canali- ser. Cela m’a emmenée très loin, je me suis re- trouvée en burn out parental et j’ai eu l’impres- sion de me sentir vulnérable et mise à nu. Alexandra : Je suis tombée sur une émission de radio de Flavie Flament qui parlait d’hypersensi- bilité. J’ai eu un déclic : « C’est de moi qu’on parle ». Depuis que je suis petite, je me sens en décalage. J’ai entendu toute ma vie : « Prends de la distance », « T’en fais des caisses ». Ça a été très positif d’entendre parler de ça et, depuis que je m’informe, c’est un peu plus facile à maîtriser. Michel : Il y a deux ans, à la suite d’une relation amoureuse compliquée, je me suis rendu compte que je vivais les choses plus intensément, vers le haut comme vers le bas. Je me suis documenté au rayon développement personnel d’une librai- rie et j’ai découvert l’hypersensibilité. Avant, j’étais hyperempathique et bienveillant mais je n’avais pas encore mis d’étiquette dessus. Comment le vit-on dans l’enfance ? Julie : Moi, je ne le gérais pas. J’ai toujours eu, comme toi Alexandra, cette sensation d’être dif- férente, je recevais super violemment ce retour des gens. Je me souviens de copines au collège qui ne m’ont pas annoncé une super nouvelle car elles savaient que j’allais sauter partout. J’ai trou- vé ça très violent, mais désolée, je ne sais pas faire autrement. Je me suis sentie mise à l’écart d’un truc que j’aurais aimé partager, juste parce que ma façon de le vivre était compliquée. Alexandra : Je crois que ça dépend beaucoup de la manière dont cela a été accueilli par les pa- rents. J’ai rencontré une hypersensible récem- ment qui le vivait très bien car son émotivité a toujours été bien accueillie. Si elle pleurait, on ne lui disait pas : « C’est too much, arrête ». Je n’ai pas eu une famille qui a entendu ça et j’ai tou- jours été la fragile, l’artiste, celle qui pleure. On pourrait imaginer que les hypersen- sibles sont des personnes qui sautent par- tout en criant ou en pleurant. Or, 70 % d’entre eux sont introvertis… Alexandra : Je fais partie des 30 % des 20 % [d’hypersensibles], donc c’est encore plus bi- zarre car quand on me rencontre, on n’imagine pas du tout qui je suis. On me dit même souvent que j’ai l’air blasée. Je suis l’inverse, touchée en permanence par tout. J’ai certainement dû créer cette carapace sans le vouloir avec les années mais dans le fond, je suis une timide. Il se dit que vous êtes capables d’encais- ser jusqu’à un certain seuil, vous paraissez alors froids ou placides, puis c’est l’explo- sion. C’est juste ? Julie : En effet, et notamment dans mon rôle de parent. Je peux être très empathique et, au mo- ment où le mitraillage émotionnel est trop in- tense, je vais vriller d’un coup. Je passe de la mère ultra à l’écoute, capable d’avoir une pa- tience dingue, à « tout le monde dans sa cham- bre ! » Mes enfants l’ont intégré. Mon fils de 5 ans et demi dit parfois à sa sœur : « Stop, le cerveau de maman, il ne peut plus ». Alexandra : Et c’est très compliqué à com- prendre pour l’entourage. Par exemple, lors d’une soirée avec les potes, il va y avoir des pe- tites vannes. Cela va me faire rire… et, à un mo- ment donné, ça va tellement me toucher que je vais me renfermer brutalement. Michel : Chez moi, c’est différent, car ça ne dé- borde pas. J’ai découvert la méditation il y a deux ans et je me régule. On reçoit des charges émo- tionnelles de la même façon mais on ne les vit et ne les exprime plus de la même façon. Cela nous traverse et nous impacte moins. Alexandra, tu m’expliquais qu’à l’époque où tu étais ouvreuse au théâtre, si on ne te répondait pas quand tu disais bonjour, tu avais l’impression que les gens ne t’ai- maient pas. Alexandra : C’était un enfer. Mes collègues me disaient : « Enfin, prends de la distance, ce n’est pas grave ». Mais si, c’est grave, je ressens un mé- lange de tristesse et de colère. Ça m’atteint : je vous dis bonjour, répondez-moi. Moi, j’aurais tendance à penser : « Tu n’es pas le centre du monde »… Alexandra : Ah ! ah ! le nombre de fois où l’on m’a dit cette phrase. Papa, si tu m’écoutes… Julie : Je crois que dans l’hypersensibilité, il y a un lien avec une peur du rejet latente. Et dès que quelqu’un te dit quelque chose, tu le prends pour toi car tu te sens tellement en fragilité que la moindre chose peut te donner l’impression que tu n’as plus d’appartenance. Mais c’est presque un cercle vicieux car comme tu essaies d’être un peu en contrôle, tu as une at- titude qui paraît bizarre aux autres, donc qui va potentiellement générer du rejet. Les autres sont saoulés, tu crées toi-même le terreau d’un truc que tu redoutes plus que tout. Ressentir, c’est vivre. J’ai donc de la chance d’avoir cette sensation de vie en permanence. Mathias Chaillot Pauline Gouablin/ Studio Acide Julie, 36 ans, blogueuse professionnelle zunzunblog.fr Retrouvez le podcast « Moi aussi, je suis hypersensible » et tous les anciens épisodes sur votre plateforme préférée ou sur neonmag.fr

L A D I SCU S S I O N je suis hypersensible · 2020. 2. 17. · vaut mieux un hypersensible avec un hyposen sible parce que deux hypersensibles ensemble, ça part en sucette. On se

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Page 1: L A D I SCU S S I O N je suis hypersensible · 2020. 2. 17. · vaut mieux un hypersensible avec un hyposen sible parce que deux hypersensibles ensemble, ça part en sucette. On se

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Trois personnes, trois vécus, une même expérience : c’est Moi aussi, le podcast de NEON. Julie, Michel et Alexandra

font partie des 20 % d’hypersensibles. Chez eux, chaque émotion est reçue et vécue plus intensément.

... je suis hypersensible

Mathias  : Quand avez-vous posé le mot sur votre particularité ?Julie  : Cela remonte à cinq ans. Il y a eu une sorte de bascule, je me suis pris le truc en pleine figure quand ma fille est née. J’ai alors connu des sensations que je ne me pensais pas capable de ressentir avant. C’est devenu un flot de choses que je n’arrivais pas à gérer, à nommer, à canali­ser. Cela m’a emmenée très loin, je me suis re­trouvée en burn out parental et j’ai eu l’impres­sion de me sentir vulnérable et mise à nu.Alexandra : Je suis tombée sur une émission de radio de Flavie Flament qui parlait d’hypersensi­bilité. J’ai eu un déclic  : «  C’est de moi qu’on parle ». Depuis que je suis petite, je me sens en décalage. J’ai entendu toute ma vie : « Prends de la distance », « T’en fais des caisses ». Ça a été très positif d’entendre parler de ça et, depuis que je m’informe, c’est un peu plus facile à maîtriser.Michel : Il y a deux ans, à la suite d’une relation amoureuse compliquée, je me suis rendu compte que je vivais les choses plus intensément, vers le haut comme vers le bas. Je me suis documenté au rayon développement personnel d’une librai­rie et j’ai découvert l’hypersensibilité. Avant, j’étais hyperempathique et bienveillant mais je n’avais pas encore mis d’étiquette dessus.

Comment le vit-on dans l’enfance ?Julie : Moi, je ne le gérais pas. J’ai toujours eu,

comme toi Alexandra, cette sensation d’être dif­férente, je recevais super violemment ce retour des gens. Je me souviens de copines au collège qui ne m’ont pas annoncé une super nouvelle car elles savaient que j’allais sauter partout. J’ai trou­vé ça très violent, mais désolée, je ne sais pas faire autrement. Je me suis sentie mise à l’écart d’un truc que j’aurais aimé partager, juste parce que ma façon de le vivre était compliquée.Alexandra : Je crois que ça dépend beaucoup de la manière dont cela a été accueilli par les pa­rents. J’ai rencontré une hypersensible récem­ment qui le vivait très bien car son émotivité a toujours été bien accueillie. Si elle pleurait, on ne lui disait pas : « C’est too much, arrête ». Je n’ai pas eu une famille qui a entendu ça et j’ai tou­jours été la fragile, l’artiste, celle qui pleure.

On pourrait imaginer que les hypersen-sibles sont des personnes qui sautent par-tout en criant ou en pleurant. Or, 70 % d’entre eux sont introvertis…Alexandra  : Je fais partie des 30 % des 20 % [d’hypersensibles], donc c’est encore plus bi­zarre car quand on me rencontre, on n’imagine pas du tout qui je suis. On me dit même souvent que j’ai l’air blasée. Je suis l’inverse, touchée en permanence par tout. J’ai certainement dû créer cette carapace sans le vouloir avec les années mais dans le fond, je suis une timide.

Il se dit que vous êtes capables d’encais-ser jusqu’à un certain seuil, vous paraissez alors froids ou placides, puis c’est l’explo-sion. C’est juste ?Julie : En effet, et notamment dans mon rôle de parent. Je peux être très empathique et, au mo­ment où le mitraillage émotionnel est trop in­tense, je vais vriller d’un coup. Je passe de la mère ultra à l’écoute, capable d’avoir une pa­tience dingue, à « tout le monde dans sa cham­bre ! » Mes enfants l’ont intégré. Mon fils de 5 ans et demi dit parfois à sa sœur : « Stop, le cerveau de maman, il ne peut plus ».Alexandra  : Et c’est très compliqué à com­prendre pour l’entourage. Par exemple, lors d’une soirée avec les potes, il va y avoir des pe­tites vannes. Cela va me faire rire… et, à un mo­ment donné, ça va tellement me toucher que je vais me renfermer brutalement.Michel : Chez moi, c’est différent, car ça ne dé­borde pas. J’ai découvert la méditation il y a deux ans et je me régule. On reçoit des charges émo­tionnelles de la même façon mais on ne les vit et ne les exprime plus de la même façon. Cela nous traverse et nous impacte moins.

Alexandra, tu m’expliquais qu’à l’époque où tu étais ouvreuse au théâtre, si on ne te répondait pas quand tu disais bonjour, tu avais l’impression que les gens ne t’ai-maient pas.Alexandra : C’était un enfer. Mes collègues me disaient : « Enfin, prends de la distance, ce n’est pas grave ». Mais si, c’est grave, je ressens un mé­lange de tristesse et de colère. Ça m’atteint  : je vous dis bonjour, répondez­moi.Moi, j’aurais tendance à penser : « Tu n’es pas le centre du monde »…Alexandra : Ah ! ah ! le nombre de fois où l’on m’a dit cette phrase. Papa, si tu m’écoutes…Julie : Je crois que dans l’hypersensibilité, il y a un lien avec une peur du rejet latente. Et dès que quelqu’un te dit quelque chose, tu le prends pour toi car tu te sens tellement en fragilité que la

moindre chose peut te donner l’impression que tu n’as plus d’appartenance. Mais c’est presque un cercle vicieux car comme tu essaies d’être un peu en contrôle, tu as une at­titude qui paraît bizarre aux autres, donc qui va potentiellement générer du rejet. Les autres sont saoulés, tu crées toi­même le terreau d’un truc que tu redoutes plus que tout.

Ressentir, c’est vivre. J’ai donc de la chance d’avoir cette sensation de vie en permanence.

Mathias Chaillot Pauline

Gouablin/Studio Acide

Julie, 36 ans, blogueuse professionnellezunzunblog.fr

Retrouvez le podcast « Moi

aussi, je suis hypersensible » et

tous les anciens épisodes sur votre

plateforme préférée ou sur

neonmag.fr

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d’échanger. Pas sur des sujets d’actualité qui se­raient un peu stériles, on va plus chercher à sa­voir comment se sent la personne. On est dans l’authenticité, on met l’humain au centre alors que la société ne le fait pas toujours.

Vous vivez aussi les petits bonheurs plus intensément. Une musique ou une lumière peuvent vous émouvoir ?Alexandra  : Ce sont plein de petits bonheurs, de minimoments. Je peux m’émerveiller quatre heures devant mon chat qui dort, ou quand je vais au parc et que je regarde les arbres. Et lorsque je suis heureuse, je le dis !Michel : Ce qui est dommage, c’est que c’est mal perçu quand on est heureux. Beaucoup de gens ne le sont pas pour différentes raisons. Alors quand tu rayonnes un peu trop, certains n’ai­ment pas. J’ai une petite fille de 11 ans hypersen­sible. Et quand tu regardes le monde dans les yeux d’une fillette de 11  ans… Tu te promènes dans la rue, main dans la main, elle voit un chat, ce n’est rien mais je me mets à son niveau et je regarde ce qu’elle voit : ça n’a pas de prix. On a tous 11 ans dans notre tête.

Cette empathie peut être épuisante, par-fois. Il faut faire des breaks ?Alexandra : Comme on éprouve tout plus fort, qu’on est aussi sensibles aux bruits, aux odeurs, aux gens, c’est fatigant. Même si j’adore être en bonne compagnie, j’ai besoin de me retrouver seule dans ma petite bulle avec mon chat.

Il y a un autre domaine dans lequel l’hy-persensibilité peut jouer des tours, c’est l’amour. Vos partenaires, d’hier ou d’au-jourd’hui, ont-ils compris qui vous étiez ?Michel : J’ai vécu six ans avec une personne hy­persensible. C’est quelque chose de fort mais par­fois conflictuel et oui, je pense qu’on se compre­nait bien. Après, ce que j’ai appris par rapport à l’hypersensibilité et l’amour, c’est que parfois, il vaut mieux un hypersensible avec un hyposen­sible parce que deux hypersensibles ensemble, ça part en sucette. On se tire vers le bas.Alexandra  : Je crois que c’est très compliqué. J’ai eu des expériences difficiles, peut­être à cause de mon hypersensibilité. Aujourd’hui, je suis dans une phase où je me demande si c’est possible de vivre un amour paisible et stable en

étant hypersensible. C’est une vraie question. J’ai 35 ans, ça serait peut­être bien que j’y réponde.Julie : Moi, j’ai vécu avec un hyposensible pen­dant huit ans. On a eu deux enfants et c’était as­sez compliqué parce qu’il y avait vraiment un décalage entre nous. J’avais l’impression que, quelle que soit l’émotion qu’il vivait, c’était tou­jours la même chose pour lui, alors que moi, j’étais traversée par plein de trucs. Aujourd’hui, j’annonce la couleur. Que ce soit la rencontre d’un soir, pour six mois ou quatre ans, je dis : « Il y a peut­être des moments où tu vas me trouver chelou par rapport à toi, mais c’est comme ça, je ne sais pas faire autrement ».Alexandra : Je me rends compte que j’ai aussi vécu avec un hyposensible. Même en amitié, je ne suis pas forcément entourée d’hypersen­sibles. Je n’attire pas obligatoirement à moi des personnes qui me ressemblent.Michel  : Malheureusement, les hypersensibles appellent les gens toxiques comme les pervers narcissiques, il faut donc faire attention au choix de nos fréquentations. Parce qu’il y a une cer­taine faiblesse et une fragilité, ils voient une proie en nous.Alexandra  : J’en ai fait l’expérience une fois. Il  y a beaucoup d’amour à donner aussi, donc forcément…Michel : Et un manque de confiance en soi.

On revient aussi sur cette question de la peur du rejet. Vous avez perdu des amis ou des proches à cause de votre hyper-sensibilité ?Alexandra : Oui, ça m’est souvent arrivé parce que je leur en ai trop demandé sans m’en rendre compte. Ils ne pouvaient pas toujours me donner ce que j’attendais. Je m’investis tellement dans les relations que je pensais que les autres de­vaient le faire aussi et que si ce n’était pas le cas, ça faisait d’eux des mauvais amis.Michel  : On va chercher l’amour des autres parce qu’on n’en a pas assez à se donner à soi.

Est-ce qu’il y a une difficulté supplémen-taire à être un homme hypersensible dans une société où la sensibilité est une valeur jugée plutôt féminine ?Michel  : Ça dépend de la personne en face de toi. J’ai rencontré de nombreuses femmes hyper­sensibles dans mon association mais très peu

d’hommes qui l’assument dans leur vie de tous les jours. Par rapport aux parents, l’hypersensibi­lité est déjà mal perçue chez une femme mais chez un homme, c’est pire. Pourtant, quand tu es toi­même, notamment hors du travail, il y a une richesse à avoir ce « côté Vénus » plus important.Julie  : Je trouve ça tellement triste, cette con­ception qu’on a de la sensibilité et des émotions. Ressentir, c’est vivre. Comment se sentent­ils vi­vants, ces gens­là ? J’ai trop de chance de vivre les choses comme ça, d’avoir cette sensation de vie en permanence.Alexandra  : Un ami, l’autre jour, me disait  : « Ce n’est pas vous qui êtes hypersensibles, c’est la société qui ne l’est pas assez ». Et, à y réfléchir, ce n’est pas faux.

Du coup, vous essayez tout le temps de faire plaisir aux autres ?Julie : Oui, et c’est dangereux. Tu mets toute ton énergie dans la satisfaction des besoins des per­sonnes qui sont en face, au détriment de tes propres envies. C’est vraiment terrible, je me suis épuisée à essayer de faire plaisir.Michel : C’est le syndrome du sauveur. De nom­breux hypersensibles doivent faire un travail sur eux, beaucoup souffrent de dépendance affec­tive, trop d’amitiés avec des hypersensibles peut parfois être toxique si ces personnes ne sont pas prises en charge. Par contre, lorsque l’on suit notre intuition et que l’on se dirige vers quelqu’un, la communication est plus vraie. On va davan­tage au fond des choses dans notre manière

On met l’humain au centre alors que la société

ne le fait pas toujours.

Michel, 44 ans, pompier professionnelmembre de l’association des Hypersensibles association-hypersensibles.fr

On éprouve tout plus fort, ça peut être épuisant.

Alexandra, 35 ans, comédienne