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Le mot de la présidente Bonjour à tous, BONNE NOUVELLE : le bulletin continue ! Les candidats au passage des ATT ont bien voulu donner leurs impressions. Mais, les ATT, c’est quoi ? ATT 1, ou « Attestation Technique », est une épreuve technique qui permet d’accéder au diplôme du « Certificat de Moniteur Bénévole » (CM). Avec ce certificat on peut ouvrir son cours sans être rémunéré. ATT 2 est une épreuve technique qui permet d’accéder au diplôme du « CQP » ou « Certificat de Quali- fication Professionnelle ». Avec ce diplôme, on peut enseigner contre rémunération avec cependant un nombre limité d’heures d’enseignement. C’est un diplôme semi-professionnel. Jean Paul a bien décrit le déroulement de cette épreuve. Michel donne plutôt ses motivations et ses im- pressions. Autre événement : Samedi 5 mars, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant chinois pour fêter l’Année du Singe de Feu. Ce fut une soirée agréable et très conviviale. Nous étions 23 autour de 2 tables rondes. Le repas était excellent avec des plats complètements nou- veaux pour moi qui ne connais pas la cuisine chinoise. Merci à Édith qui nous a donné cette adresse et à la commis- sion des membres du CA qui s’est chargée de le tester. Enfin une dernière nouvelle : Jacqueline Delanghe vient de nous quitter. Elle a pratiqué plusieurs années le Taichi Chuan avec nous à Paris. Sabine, Colette et Brigitte qui l’ont bien connue ont accepté de lui faire un dernier hommage. Peut-être que celles et ceux qui l’ont rencontrée auront une pensée pour elle qui est partie pour un nouveau voyage. Bonne lecture à toutes et à tous ! Hélène Ambiance joyeuse et conviviale au diner du Nouvel An Chinois, dans un restaurant dont le chef réputé pour sa cuisine de la région de Shandong nous a servi une succession de plats tous intéressants, origi- naux et délicieux. Nous aurions pu être plus nombreux mais il régnait autour des 2 tables un brouhaha plutôt sympathique. Moi qui n’ai pas eu encore l’occasion de côtoyer de si près notre professeur très appréciée, j’ai pu r e- cueillir de Sabine, ma voisine à table, en forme ce soir-là et plutôt « relâchée », quelques informations sur sa vie, ses gouts et ses aspirations… Mais je n’en dirai pas plus… Venez donc nombreux, l’année prochaine, pour que l’on puisse se réunir dans une salle à nous réservée et faire plus ample connaissance ! les bons mets et flacons délient … Édith Numéro 5 avril 2016 1

l Le mot de la présidente 01 6 BONNE NOUVELLE ATT 1, ATT 2 ... · Wu 武 : martial ; Shu術 : technique, art. L’idéogramme wu武 combine deux caractères : zhi 止 arrêter et

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  • Le mot de la présidente

    Bonjour à tous,

    BONNE NOUVELLE : le bulletin continue ! Les candidats au passage des ATT ont bien voulu donner leurs impressions. Mais, les ATT, c’est quoi ?

    ATT 1, ou « Attestation Technique », est une épreuve technique qui permet d’accéder au diplôme du « Certificat de Moniteur Bénévole » (CM). Avec ce certificat on peut ouvrir son cours sans être rémunéré.

    ATT 2 est une épreuve technique qui permet d’accéder au diplôme du « CQP » ou « Certificat de Quali-fication Professionnelle ». Avec ce diplôme, on peut enseigner contre rémunération avec cependant un nombre limité d’heures d’enseignement. C’est un diplôme semi-professionnel.

    Jean Paul a bien décrit le déroulement de cette épreuve. Michel donne plutôt ses motivations et ses im-pressions.

    Autre événement : Samedi 5 mars, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant chinois pour fêter l’Année du Singe de Feu.

    Ce fut une soirée agréable et très conviviale. Nous étions 23 autour de 2 tables rondes.

    Le repas était excellent avec des plats complètements nou-veaux pour moi qui ne connais pas la cuisine chinoise.

    Merci à Édith qui nous a donné cette adresse et à la commis-sion des membres du CA qui s’est chargée de le tester.

    Enfin une dernière nouvelle : Jacqueline Delanghe vient de nous quitter. Elle a pratiqué plusieurs années le Taichi Chuan avec nous à Paris. Sabine, Colette et Brigitte qui l’ont bien connue ont accepté de lui faire un dernier hommage. Peut-être que celles et ceux qui l’ont rencontrée auront une pensée pour elle qui est partie pour un nouveau voyage.

    Bonne lecture à toutes et à tous !

    Hélène

    Ambiance joyeuse et conviviale au diner du Nouvel An Chinois, dans un restaurant dont le chef réputé pour sa cuisine de la région de Shandong nous a servi une succession de plats tous intéressants, origi-naux et délicieux.

    Nous aurions pu être plus nombreux mais il régnait autour des 2 tables un brouhaha plutôt sympathique.

    Moi qui n’ai pas eu encore l’occasion de côtoyer de si près notre professeur très appréciée, j’ai pu re-cueillir de Sabine, ma voisine à table, en forme ce soir-là et plutôt « relâchée », quelques informations sur sa vie, ses gouts et ses aspirations…

    Mais je n’en dirai pas plus…

    Venez donc nombreux, l’année prochaine, pour que l’on puisse se réunir dans une salle à nous réservée et faire plus ample connaissance ! les bons mets et flacons délient …

    Édith

    Num

    éro 5

    avril 2

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  • Taichi chuan : art martial interne

    Art martial : wushu 武術

    Wu 武 : martial ; Shu術 : technique, art.

    L’idéogramme wu武 combine deux caractères :

    zhi 止 arrêter et ge戈 lance.

    Dans la conception chinoise, le « wushu » est l’art d’éviter le combat, alors que dans le mot « martial » Mars, le Dieu de la guerre, pointe son nez.

    Traditionnellement, on distingue deux courants de boxes en Chine. La boxe dite « interne » (neijia quan) ou art martial interne : Taiji quan, Bagua zhang, Xingyi quan, et la boxe dite « externe » (waijia quan) ou art martial externe : Shaolin quan

    Pourquoi cette distinction, sur quoi repose-t-elle ?

    Les styles internes seraient nés en Chine sur le mont Wudang, berceau du taoïsme, dont le moine Zhang San Feng, créateur légendaire du taiji quan, est l’illustre représentant.

    Alors que les styles externes auraient été enseignés par Bodhidharma, moine indien bouddhiste, aux moines du temple Shaolin en Chine, ils auraient donc une origine étrangère et seraient d’inspiration bouddhiste.

    D’autre part, les styles internes mettent l’accent sur le développement de la force interne. L’apprentissage se fait dans des conditions de douceur, de lenteur, pour une meilleure prise de conscience de la posture, des mouvements. Les compétences martiales acquises avec la pratique relèveraient davantage de l’étude, tandis que celles développées dans les styles externes exploite-raient des qualités innées (force, rapidité, agilité, sou-plesse…) et l’entraînement se ferait dans des conditions plus violentes et viserait toujours l’efficacité martiale.

    Voici ce qu’en dit « le classique du taiji quan » (dans le petit livre rouge) : « Bien que nombreuses et diverses, les écoles de combat ne vont pas au-delà d’écraser la faiblesse par la force, et la lenteur par la rapidité. Que le fort l’emporte sur le faible et l’homme rapide sur le lent quoi de plus na-turel ? Mais où est l’accomplissement d’une étude assi-due ? Écoutez l’adage : « quatre onces déséquilibrent mille livres » où clairement vaincre s’obtient sans force. Regardez ces vieillards bouter tant d’assaillants, com-ment l’attribuer à leur rapidité ? »

    Cette séparation en deux courants bien distincts fait souvent l’objet de controverses dans le monde des experts martiaux, c’est une vision simpliste et lapidaire, selon eux, qui ne rend compte ni de la com-plexité de l’histoire du développement des arts martiaux, ni de celle d’une démarche martiale quel que soit l’art pratiqué.

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  • Taichi chuan : art martial interne

    En quoi le taiji quan est-il un art martial interne ?

    L’efficacité et la puissance martiales de la technique pro-cèdent du Yi et du Qi et non pas de la simple force muscu-laire (li). La force développée grâce à la pratique est ap-pelée force interne (neijin) parce qu’elle est invisible et impalpable ; quand elle s’exprime dans le combat, il est déjà trop tard pour réagir. Elle émerge au sein du calme et du relâchement, dans un corps souple et unifié : c’est l’acier dans le coton. Indécelable pour l’adversaire, elle en dévie les mouvements et surgit là où il ne s’y attend pas.

    Le calme, le relâchement, la souplesse, la fluidité, la coordination constituent les qualités essentielles, inhé-rentes au développement du qi (énergie) et du jin (force interne procédant du yi et du qi).

    Sans conscience, sans esprit d’analyse, sans intention, le taiji quan se réduirait à une gymnastique sans contenu.

    C’est un travail sur soi avant d’être une pratique à deux. Apprendre à se centrer, à synchroniser les bras, les jambes, le souffle. Relâcher le corps, l’assouplir, l’enraciner, etc. Pratiquer, régulièrement, dans l’effort et le lâcher-prise et dans une conscience constante de la posture et du geste, du souffle, des appuis, de l’orientation, de la vitesse. Être présent à soi, « incarné » et relié à l’environnement.

    Avant toute chose, la pratique du taiji quan fortifie la santé, puis elle aide à vivre dans un monde diffi-cile, en bonne intelligence avec les autres, elle stimule notre capacité à nous protéger et à nous dé-fendre contre toutes sortes d’agressions.

    Pour nous, pratiquants de taiji quan, l’interne est le point de départ conduisant vers l’externe, tandis que, bien souvent, les adeptes des arts martiaux externes font le trajet inverse.

    Pour conclure, voici deux extraits tirés des textes classiques (petit livre rouge) illustrant mes propos :

    Chant du taiji quan « Quant aux fondements de notre pratique, je dirais : Le Yi et le Qi sont les maîtres La chair et les os les serviteurs »

    Éclaircissement pour la pratique du taiji quan « Que la pensée mobilise le qi avec un cœur apaisé Alors le qi se condense dans les os Que le qi anime le corps, comme le courant le fleuve Alors tout devient facile Que la vitalité et l’esprit s’éveillent, lenteur et lourdeur disparaissent C’est « suspendre la tête » Que Yi et Qi alternent, vivacité et souplesse font merveille C’est transformer vide et plein Libérer l’énergie requiert enracinement, détente, et concentration vers le but Rester Maître des huit directions requiert d’être centré et calme Le qi circule tel le fil dans le labyrinthe de « la perle aux neuf détours » Pas un endroit où il ne passe »

    Sabine

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  • Paroles de pratiquants

    PASSER SON EXAMEN ATT

    Convoqué en ce dimanche 17 janvier à passer les épreuves de l’ATT1, me voici Porte de Clignancourt. Les étals du marché aux puces attirent, malgré l’heure matinale et le froid ambiant, nombre de cha-lands. Durant mon trajet dans le métro, j’ai repéré quelques étuis d’armes martiales ; je suis ces an-tennes noires greffées sur le dos d’inconnus pour rallier le gymnase.

    Dès l’entrée du centre sportif, le ton est donné. Des affichettes nous guident vers le lieu de notre pratique. Une table sert de réception, et dans la file d’attente, ma carte de licence dans une main, la carte d’identité dans l’autre, j’attends l’ordre « au suivant ». Après mon enregistrement, j’adopte la tenue chi-noise exigée pour la circonstance. Sur ces entrefaites, un petit groupe se forme devant un panneau d’affichage, je viens aussi coller mon nez sur la liste qui répartit les candidats entre les différents jurys. Tout autour du gymnase, les tables des jurys sont dressées. Des cavaliers de papier indiquent nominative-ment la place de leurs membres. Normalement, siègent à une table cinq ou six experts mais, pour l’occasion, la fédération a invité des arbitres stagiaires à se joindre à leurs pairs. Ma table compte dix membres. Certains d’entre nous découvrent qu’ils pratiqueront dos à la lumière, d’autres que des membres du jury ne leur sont pas inconnus. Nous voilà dans l’expectative, chacun va s’échauffer dans son coin. Je partage celui-ci avec deux jeunes pratiquants de tai chi école Wu Dang. Le temps s’écoule et l’échéance approche. Pour la plupart d’entre nous la vessie devient un enjeu de maîtrise et les toilettes se révèlent rapidement le point névralgique de ce complexe sportif. Est-ce l’occupation abusive des sanitaires qui transforme en statues de sel ces quelques sportifs qui bras ballants, yeux dans le vide, sont figés dans le couloir ? Que nenni, il s’agit des postulants à l’ATT GI QONG. La nervosité est montée d’un cran, les membres du jury s’installent vêtus de leur veste bleue frappée du logo spiralé de la fédération. J’essaie tant bien que mal, dans la position du Nei Gong, de centrer ma respiration sur le dan tien inférieur. À proximité, un candidat entame un sandwich, histoire de ne pas se laisser abattre tandis qu’un autre s’isole en adoptant une posture quasiment fœtale. Il nous tarde de passer notre épreuve.

    L’expérience d’un examen blanc organisé par la fédération m’a permis d’identifier les erreurs à ne pas commettre, à savoir : précipiter le mouvement (faire la forme en accéléré par exemple), afficher une posture inadaptée vis-à-vis du jury (arrogance, nonchalance), ne pas montrer des marques de politesse (oublier de saluer martialement le jury avec son poing droit fermé dans la paume gauche).

    Mon nom vient d’être annoncé, je tire au hasard le mouve-ment à partir duquel je dois, durant cinq minutes, dérouler ma forme. Postulant à l’ATT1, je bénéficie de vingt minutes de préparation. Ma forme doit débuter au « brosser genou » avant le « soulever le rideau de bambou » dans le 2ème duan. L’épreuve compte pour quarante points sur cent. Lors du déroulement de cette épreuve, je garde mon attention sur le souffle et la taille et je fais abstraction de mon environ-nement pour rester dans mon tai chi. Placé relativement loin face à la table du jury, j’ai de la place et n’entends pas les éventuels commentaires ou bruits de papiers qui pour-raient me distraire ; cela facilite ma concentration.

    Après l’exécution de ma forme, s’ensuivent les applications martiales. Durant trois minutes, le jury réclame à sa conve-nance la démonstration de quelques applications. Je dois montrer, dans un premier temps à vide, puis avec mon par-tenaire, les dites applications. Je les connais, pour les avoir apprises et travaillées au cours des stages de Sabine puis visionnées. Toutefois, dans ma démonstration, mon posi-tionnement vis-à-vis du partenaire n’est pas toujours adap-té. Mon geste est parfois trop fermé ou au contraire trop ouvert lorsque je le porte. Mon partenaire joue parfaite-ment le jeu et en rajoute un peu sur l’efficacité présumée

    de mon application. La bienveillance du jury fait le reste.

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  • Le troisième volet de l’épreuve ATT consiste, durant sept minutes, à passer sur un tuishou à pas fixe les huit potentiels que sont : PENG, LU, AN, JI, CAI, LIE, ZHOU, KAO, puis à les transformer lorsqu’ils sont exprimés par le partenaire (exemple : je transforme le JI exprimé par le partenaire par un LU). C’est agréable à faire car très ludique et souvent impressionnant d’efficacité. Cette étape compte pour qua-rante points sur cent et je l’ai beaucoup travaillée lors de ma préparation (au moins une à deux fois par semaine à raison d’une séance d’une heure avec mon partenaire).

    En fin de journée, les résultats sont donnés et j’ai le plaisir de figurer parmi les reçus.

    Cet article n’a pas vocation à promouvoir une quelconque autosatisfaction mais de rendre compte du déroulement de ce dimanche particulier pour rallier le plus grand nombre d’entre nous à cette expé-rience. En effet, préparer un examen de notre fédération nécessite :

    - De surmonter ses doutes et découragements, car il est très facile de se persuader qu’un examen est inutile. Il est, par ailleurs, intéressant de s’interroger sur les raisons qui font que notre pratique ré-putée être source de sérénité, de joie et de développement personnel nous trouble lorsqu’elle est con-frontée à un regard extérieur.

    - De s’engager dans cette aventure avec un partenaire motivé et disponible. C’est ici que réside la vraie contrainte à la réalisation du projet. Il faut être deux complices qui, avec l’entraînement, ont ap-pris à se connaître et à se faire confiance. Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement Nico-las et Michel sans lesquels je ne pourrais relater cette expérience.

    - De suivre les stages de préparation ATT conduits par Sabine qui permettent de travailler des gestes non obligatoirement étudiés lors de nos cours hebdomadaires. Cette préparation reste indispen-sable pour appréhender les connaissances et le conditionnement physique exigés pour l’examen. La réus-site valide seulement l’acquisition d’un certain nombre de critères communs à tous les tai chi (l’axe, l’ancrage, la fluidité…). Ainsi, notre cursus suit un des préceptes du Tao-Te-King (1), le livre de la Voie et de la Vertu : « Le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit ».

    Sautez le pas ! Préparez l’examen. L’enseignement de Sabine nous consolide dans notre recherche, la réussite de nos projets, nous encourage à poursuivre notre pratique et à relativiser nos peurs. Plus nom-breux nous serons à poursuivre dans cette voie, plus nous participerons à la visibilité de notre fédération vis-à-vis des autorités publiques en charge du sport et témoignerons de la qualité de l’enseignement qui nous est prodigué au sein de notre association.

    Jean Paul

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  • Paroles de pratiquants

    Interview de Michel Amard

    Pourquoi vouloir passer les ATT à la fédération, quelles sont tes motivations ?

    Il y a quelques années, j’ai réussi l’ATT1, épreuve technique nécessaire pour se présenter au certificat de moniteur, mais cela me semblait in-suffisant ; je ne pouvais imaginer d’enseigner avec ce premier diplôme. C’est pourquoi j’ai voulu passer l’ATT2. Cette préparation m’a conforté dans ma pratique et je peux envisager plus sereinement de poursuivre vers le certificat de moniteur.

    De plus, la reconnaissance de ses pairs est quelque chose de plaisant qui permet de se situer au sein d’un ensemble de pratiquants, c’est un peu comme un passage de ceinture au judo.

    Comment s’est passée ta préparation et qu’est-ce que cette préparation t’a apporté ?

    Ma préparation à l’ATT2 a été laborieuse, heureusement, Nicolas, mon partenaire, aussi intéressé que moi, était tout autant prêt à s’investir dans cette épreuve. Nous nous sommes donc retrouvés très régulière- ment au parc André Citroën pour mettre au point notre prestation et alors que la date fatidique de l’examen approchait je prenais de plus en plus conscience de mes déficiences et de mes manques.

    Pour nous faciliter la vie et surtout nous aider à progresser, Sabine a or-ganisé des stages dédiés aux ATT. Ces stages, quelques dimanches matin, m’ont montré les détails qui font que le geste devient juste et cohérent. Tous les candidats qui ont suivi ces stages et se sont présentés à l’examen ont réussi. À n’en point douter, c’est une bonne école.

    Préparer une ATT requiert beaucoup de réflexion sur notre pratique et nécessite d’y consacrer beaucoup de temps. Cette recherche m’a fait dé-couvrir un peu plus l’étendue de cette pratique et surtout m’a montré qu’il n’y avait pas de limite à cette étude.

    Le jour de l’examen, comment te sentais-tu ?

    Avec le travail que nous avions fourni, les automatismes étaient là, mais devant les juges, j’avais le

    sentiment de ne plus rien savoir, le vide complet. Cette épreuve a été très difficile, le trac fait que les appuis ne sont plus là, l’enracinement se fait défaillant et la main qui tient l’éventail tremble. Un examen bien stressant pour une pratique réputée pour la détente du corps et de l’esprit qu’elle procure. Par bonheur, une fois l’épreuve passée, ces petits désagréments sont vite ou-bliés.

    Que comptes-tu faire après ?

    Dans le futur, je compte quitter Paris et m’installer dans le sud de la France. Là où je serai, s’il n’y a pas de pratique de Taichi Chuan ou si la pratique du lieu ne m’agréait pas, je proposerais aux asso-ciations locales mes services. La forme du Taichi peut se pratiquer seul mais je ne pense pas que ce soit là sa finalité. Partager est toujours un plaisir et apporte de grandes satisfactions.

    Interview réalisée par Hélène

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  • La question au professeur

    Le bulletin : Qu’est-ce que l’intention (le yi) ?

    Sabine : le Yi 意 (étymologiquement, c’est le cœur 心 sous l’émission d’un son modulé 音 ) est une notion fondamentale dans tous les arts chinois comme la médecine, la peinture, la calligraphie, les arts martiaux et en particulier le taiji quan.

    En voici quelques traductions tirées du Ricci (dictionnaire chinois-français) : idée, intention, désir, sens, signification…

    Prenons l’exemple d’un geste comme lever le bras. Vous pouvez lever le bras pour cueillir une pomme, visser une ampoule, montrer la lune, dire au revoir de loin, vous étirer, etc. Ainsi, différentes intentions peuvent sous-tendre le même mouvement. Mais la plupart du temps, nous agissons sans en avoir cons-cience.

    Le taiji quan met en évidence le rapport étroit entre les gestes du corps et l’intention (Yi) qui les sous-tend, entre la pensée du geste et sa réalisation. Le Yi génère le mouvement et l’anime en lui donnant une signification, un sens. En l’occurrence, une signification martiale quand il s’agit d’un mouvement de l’enchaînement.

    J’ai assisté, quelques années auparavant, à une démonstration du deuxième duan par les élèves de l’école de Stéfanovitch. Celui-ci a transformé le duan de notre école en y supprimant toutes les intentions martiales. Le résultat est très étrange : vidé de tout sens martial, l’enchaînement, bien que recon-naissable, est radicalement différent.

    Le Yi « sait » « veut » et « guide », il a pour base la connais-sance qui lui vient de l’expérience, il implique l’éveil de la conscience et sous-tend les arts martiaux internes.

    Dans son livre : « Taiji quan art martial et technique de longue vie », C. Despeux traduit Yi par « pensée créatrice ». Cette traduction souligne le pouvoir créateur du Yi, ainsi faire un mouvement par la pensée crée le mouvement lui même, grâce aux influx nerveux produits par les neurones du cerveau ; il est en germe dans la conscience, l’acte créateur procède du Yi.

    Si le pratiquant a une représentation juste du geste, et que son intention est précise pendant l’exécution du geste, celui-ci n’en sera que plus efficace.

    Voici une petite histoire chinoise qui illustre bien la force de la pensée créatrice : C’est l’histoire d’un homme qui, rentrant chez lui le soir, prend une pierre pour un tigre. Il décoche plu-sieurs flèches sur le prétendu fauve. Quelque temps après, il s’aperçoit, à sa grande surprise, qu’il a plan-té les flèches dans un rocher et non pas dans un tigre. Il décide de renouveler l’exploit, mais, quoi qu’il fasse, aucune flèche ne pénètre la pierre.

    L’homme s’est senti menacé, l’image du tigre s’est formée dans sa pensée, sa force en a été décuplée. Lorsqu’il recommence, son Yi n’est pas investi par l’image du tigre, il sait que c’est une pierre et que, par conséquent, les flèches ne peuvent s’y planter. Il n’a pas la bonne représentation dans son esprit, son mouvement est donc beaucoup moins puissant.

    Pour terminer, je voudrais citer un extrait tiré du « traité du taiji quan » (petit livre rouge) : « Que tu ailles vers le haut ou le bas, l’avant ou l’arrière, la gauche ou la droite tout vient du yi et non de l’extérieur, il en est toujours ainsi »

    J’espère que cette présentation vous aura éclairés davantage sur le sens du yi et sur la place prépondé-rante qu’il occupe dans la pratique du taiji quan.

    Vous avez apprécié ce bulletin ? Et si à votre tour vous preniez la plume pour y apporter votre contribution… Quelques lignes ou davantage, pour dire vos motivations, pour témoigner, pour vous interroger « publique-

    ment », pour dire ce que vous apporte la pratique, etc. D’avance, merci aux futurs contributeurs !

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  • Jacqueline Delanghe vient de nous quitter…

    Elle a été trésorière de notre association pendant trois ans, puis, il y a quelques années, pour des raisons d'horaire et de transport, ne voulant pas renoncer à « son tai chi », elle a rejoint l'Association Taiji Yang Riv' Gauche de Michel Douillet.

    Pour elle, le tai chi était très essentiel, lui apportant détente et sérénité, nous disait-elle. Elle le pratiquait même chez elle, avec ferveur et assiduité.

    Le Tai Chi lui avait même permis de nouer des relations amicales fortes.

    Elle appréciait beaucoup la musique, était très cultivée, et aimait bien échanger sur les grandes questions de la vie.

    Elle restera, pour ceux qui l'ont connue, comme une femme charmante, vive, ne faisant pas son âge (90 ans), active, toujours souriante.

    Merci Jacqueline, de nous avoir consacré ces moments de camaraderie et de détente.

    Colette Henrion et Brigitte Estivant De la part de Sabine Metzlé, son professeur de Tai Chi Élève très assidue et attentive, j’ai aimé son sourire, sa bonne humeur, son enthousiasme pendant les cours de taiji quan. Et malgré ses 90 ans passés et ses difficultés physiques, elle continuait courageusement, vaille que vaille, à pratiquer le taiji quan, cela lui faisait beaucoup de bien, me disait-elle. Sa jeunesse d’esprit, sa sensibilité, son envie de continuer à apprendre et sa capacité à s’émerveiller pour un rien faisait d’elle un personnage très attachant.

    Sabine

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