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UE 12 – Appareil Respiratoire Pr Florentia Kaguelidou Lundi 10 Février 2019 de 13h30 à 15h30 Ronéotypeur/ficheur : SMIRANI Yasmine Ronéotypeur : Maxence CATHLIN Page 1 sur 21 Ronéo 4 – UE 12 – Cours 12 Cours n°12 : Bases pharmacologiques du traitement de l’asthme

L2 BICHAT 2019-2020 - Accueil · Web viewDe l’anatomie des voies aériennes Importance ++ de l’éducation thérapeutique, car une mauvaise méthode d’inhalation (mauvaise coordination

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UE 12 – Appareil RespiratoirePr Florentia KaguelidouLundi 10 Février 2019 de 13h30 à 15h30 Ronéotypeur/ficheur : SMIRANI YasmineRonéotypeur : Maxence CATHLIN

Cours n°12 : Bases pharmacologiques du traitement de l’asthme

SOMMAIRE

I. La maladie asthmatique

II. Principes du traitement

III. Les médicaments

A. Bronchodilatateurs

1) Agonistes ß2 adrénergiques2) Anticholinergiques

B. Anti-inflammatoires

1) Corticostéroïdes ou glucocorticoïdes

2) Anti-leucotriènes

3) Autres traitements

IV. Stratégies thérapeutiques

A. Traitement de la crise

B. Traitement de fond

I) La maladie asthmatique

Définition

· Maladie inflammatoire chronique des voies aériennes 

Epidémiologie

C’est la maladie chronique la plus fréquente :

300 millions de personnes atteintes dans le monde

· 5 millions en France, dont la moitié souffraient d’asthme persistant (= sont toujours asthmatiques à l’âge adulte)

· Distribution dans le monde : +++ dans les pays développés (Australie, Amérique du Nord, Royaume Uni, ...)

Prévalence de l’asthme selon l’âge et le sexe

· +++ dans l’enfance

· Prévalence ++ chez les garçons avant la puberté

· Egalisation des prévalences garçons/filles après la puberté

· Prévalence ++ chez les filles après la ménopause

Mortalité

· La mortalité est supérieure chez les femmes

· Globalement, chez les femmes comme chez les hommes, la mortalité diminue

C’est une maladie bien traitée, mais il est possible d’en mourir si elle n’est pas prise en charge à temps ou correctement.

Morbidité

En augmentation :

· 1/3 des asthmatiques est mal ou insuffisamment traité

· Gros problème d’observance (qui n’est pas spécifique à cette maladie)

· Coût de la maladie : 1,5 milliards d’euros/an en 2004 (Hospitalisations, soins d’urgences, retentissement social...)

· Augmentation notable des hospitalisations chez les enfants (<15 ans), avec un taux supérieur chez les garçons

L’asthme, une maladie multifactorielle

Comme beaucoup de maladies, l’asthme est le fruit d’une interaction Gènes x Environnement.

· Facteurs génétiques +++ :

Si aucun parent asthmatique 10% de chance de l’être

Si un parent asthmatique 25% de chance de l’être

Si 2 parents asthmatiques 50% de chance de l’être

· Facteurs environnementaux : Exposition professionnelle ++ : certains métiers favorisent l’apparition de l’asthme, comme le fait d’être boulanger, professionnel de santé, coiffeur, agent d’entretien, ...Mais aussi les allergènes, infections (virus), problèmes digestifs (RGO), facteurs physiques (effort, froid), endocriniens, obésité, psychologiques (stress), médicaments, tabagisme, pollution.

Physiopathologie de l’asthme +++

Pathologie complexe qui associe plusieurs types d’anomalies. En gros :

Entrée d’un antigène : il est détecté par les mastocytes, qui vont libérer des médiateurs de l’inflammation. Plusieurs phénomènes en découlent :

· Passage des cellules de l’immunité dans les tissus (monocytes, lymphocytes, PNN, PNE)

· Lésion de l’épithélium bronchique, ce qui va exposer les terminaisons nerveuses, qui sont sensibles à l’irritation

· Spasme du muscle lisse bronchique, qui va se contracter et réduire aussi la lumière bronchique

· Hypersécrétion du mucus et hypertrophie des glandes à mucus, ce qui va encore plus réduire la lumière bronchique

Légende : Mécanismes de l’hyperréactivité bronchique. Elle résulte de l’exposition des nerfs sensitifs bronchiques, à la suite des lésions de l’épithélium cilié par les médiateurs cytotoxiques libérés par les éosinophiles. Ces nerfs, exposés aux médiateurs inflammatoires tels que les prostaglandines et les cytokines, deviennent hypersensibles. (a) Poumon normal. (b) Poumon asthmatique.

Innervation des voies aériennes

Les voies aériennes sont innervées par 3 systèmes différents :

· Système cholinergique  Bronchoconstriction

· Système adrénergique : il n’y a pas de terminaisons nerveuses adrénergiques ici, mais l’Adrénaline synthétisée par la surrénale circule jusque dans les voies aériennes Bronchodilatation (R.β2)

· Système NANC (Non-Adrénergique Non-Cholinergique) : Neuropeptides Vasodilatation + Bronchodilatation

Phases initiale et tardive

Dès la mise en contact avec l’allergène, on va avoir une Phase immédiate (ou initiale) spasmogénique : les mastocytes et LT sécrètent des médiateurs de l’inflammation, ce qui va stimuler les terminaisons nerveuses et entrainer une bronchoconstriction. Le VEMS* diminue alors. (Dans le cas du froid, l’air frais stimule directement les stimulations nerveuses exposées)

Par la suite, on note une petite phase d’amélioration, qui va néanmoins être succédée par un deuxième épisode spasmogénique, plus tardif : en effet, les médiateurs de la phase initiale auront recruté d’autres cellules immunitaires (PNN et Eosinophiles), qui elles-mêmes vont sécréter d’autres médiateurs, et induire une vasodilatation fuite vasculaire œdème gonflement de la muqueuse bronchique. La bronchoconstriction s’aggrave, et l’inflammation devient très importante.

*VEMS = Volume Expiratoire Maximal/seconde. C’est un indicateur des résistances au niveau des bronches. Plus il est bas, et plus on a du mal à expirer.

Passage à la chronicité

Lorsque les crises se succèdent, et que l’asthme est mal traité, on passe à une inflammation chronique :

· L’épithélium respiratoire est de plus en plus lésé, les terminaisons nerveuses de plus en plus sensibles aux stimuli (froid, effort physique, stress). Il en résulte une fibrose, qui va obstruer les bronches de manière chronique.

· Détérioration de la fonction respiratoire en dehors des épisodes critiques

Clinique de la crise d’asthme

Apparition ± brutale de :

· Dyspnée expiratoire : sensation d’oppression, essoufflement, toux. Une toux nocturne chez un asthmatique évoque d’emblée une crise.

· Sifflements expiratoires (= sibilants), qui sont audibles mêmes sans stéthoscope

DEP = Débit Expiratoire de Pointe maximum

· Il est mesuré par un débitmètre de pointe (que les asthmatiques portent en permanence sur eux) : Le patient prend une grande inspiration, puis expire dans le débitmètre

· Il est mesuré selon le sexe, l’âge et la taille du patient pour situer le patient par rapport à la normale

· L’intérêt de mesurer le DEP est de pouvoir caractériser la sévérité de la crise, mais aussi suivre l’évolution de la maladie. Ainsi, on peut faire cette mesure après avoir administré le médicament, afin d’évaluer son efficacité.

EFR = Epreuves Fonctionnelles Respiratoires

= Ensemble d’examens qui permettent d’évaluer la fonction respiratoire

· L’EFR permet la mesure de la Capacité Vitale (CV), du Volume Résiduel (VR) et du Volume Expiratoire Maximal Seconde (VEMS). C’est donc un ensemble d’examen.

· On recherche ici un trouble ventilatoire obstructif (TVO) réversible : La décroissance très rapide du débit chez le patient malade témoigne d’un obstacle bronchique.

Ce test est effectué au moins une fois par an chez les asthmatiques chroniques.

· A la suite de ça, on va pouvoir faire une épreuve de réversibilité : après avoir administré des médicaments (β2 stimulants, ...), on réitère l’expérience. L’asthmatique doit récupérer une courbe normale à la suite de la prise médicamenteuse.

II) Principes du traitement

Objectifs du traitement de l’asthme

· Faire disparaître les crises et réduire la symptomatologie clinique par un traitement efficace, et bien toléré

· Permettre au patient d’avoir une vie normale (familiale, professionnelle, sportive)

· Normaliser la fonction ventilatoire : on va traiter la crise en elle-même, mais aussi l’inflammation sous-jacente

Moyens

· Prise en charge des facteurs aggravants ou associés (environnement ++)

1. Prise en charge médicamenteuse : elle se fait en deux tempsTraitement de la crise :

Traitement de l’obstruction Bronchodilatateurs, comme les agonistes β2 adrénergiques, les anticholinergiques, les xanthines (Théophyllines et dérivés)Médicaments à activité rapide

2. Traitement de fond :

Composante inflammatoire et ’hyperréactivité Anti-inflammatoires, comme les corticostéroïdes inhalés, les anti-leucotriènes, les cromonesL’objectif est de prévenir la survenue des crises et d’empêcher le passage à la chronicité.

D’autres traitements existent, pour les asthmes sévères et/ou résistants, comme les Ac monoclonaux Anti-IgE, et les Antihistaminiques

· Education thérapeutique +++ : puisque c’est une maladie chronique, les patients sont amenés à prendre régulièrement leurs médicaments. Ils doivent donc savoir le faire correctement et être observants.

Voie locale d’administration des médicaments

Voie inhalée préférentiellement ++, qui a plusieurs avantages :

· Le médicament atteint directement le tissu concerné, donc on peut utiliser des doses réduites

· Les conséquences d’un passage systémique sont moindres

· Pénétration pulmonaire dépend :

De la quantité et de la taille des particules

Du débit inspiratoire

De l’anatomie des voies aériennes

Importance ++ de l’éducation thérapeutique, car une mauvaise méthode d’inhalation (mauvaise coordination main-inspiration) entraîne le passage dans le tube digestif du médicament et donc une distribution systémique de ce dernier. Que ce soit le bronchodilatateur (agoniste β2 adrénergique) ou l’anti-inflammatoire (corticostéroïde), il existe des récepteurs un peu partout dans le corps pour ces deux molécules. Le passage systémique du médicament peut induire plusieurs effets indésirables.

III) Les Médicaments

A) Les Bronchodilatateurs

1) Les agonistes ß2 adrénergiques

· Les agonistes β2 adrénergiques constituent aujourd’hui la famille de bronchodilatateurs de référence. Ces agonistes (dont une liste nous est donnée à titre d’exemple, mais elle n’est pas à apprendre. Seul le Salbutamol, qui est le chef de file des agonistes, est à connaître) sont tous des dérivés de l’adrénaline et agissent sur le récepteur β2. Les récepteurs ß2 adrénergiques sont les récepteurs les plus représentés au niveau du muscle lisse bronchique (il est présent des grosses bronches jusqu’aux bronchioles). Leur stimulation entraîne de manière très rapide la relaxation du muscle, malgré la contraction complète de celui-ci. Les agonistes β2 ont ainsi un effet intense, rapide (< 1 minute) sur un muscle préalablement contracté par le système parasympathique cholinergique : ils jouent donc un rôle d'antagonisme fonctionnel, c’est à dire qu’ils vont compenser cette stimulation cholinergique et permettre aux bronches de se dilater correctement.

Mécanisme d’action

· La liaison d'un agoniste β2 sur son récepteur adrénergique va permettre la synthèse d'AMPc dans le léiomyocyte. L’AMPc induit l'activation de protéines kinases qui vont :

· Diminuer le calcium cytosolique par sa sortie de la cellule ou son stockage

· Diminuer les interactions actine-myosine

· Ouvrir les canaux potassiques calcium-dépendants. On aura par la suite une sortie extracellulaire du potassium, à l'origine d'une hyperpolarisation et d'une mise au repos de la cellule

· Tout ceci permet le relâchement du muscle lisse.

Concernant la pharmacodynamie, il existe d’autres phénomènes induits par l’activation du récepteur β2, comme une inhibition de la libération d’acétylcholine par les terminaisons nerveuses parasympathiques. Néanmoins, le principal effet qu’est la relaxation musculaire est le seul que nous devons connaître à notre niveau.

Les 2 classes (en fonction de leur latence et de leur durée d’action)

· Les agonistes β2 à action rapide et courte durée d’action : les β2 mimétiques SABAs (« short-acting β2-adrenergic ») ont un délai d’action de 1 à 5 minutes et une durée d’action de 2 à 6 heures (là encore, le seul que nous devons retenir est le salbutamol, appelé également Ventoline®, mais il en existe d’autres comme la terbutaline, le bambutérol et le fénotérol). Ils sont utilisés comme traitements à la demande, et notamment lors des crises. Concernant leur pharmacocinétique :

· Il n’y a pas de corrélation entre les taux sanguins et la courbe d'efficacité, mais pour maintenir un traitement efficace il faut que les administrations soient répétées au cours de la journée

· Ils peuvent être éliminés par les reins sous leur forme active ou sous forme de métabolites inactifs

· L'administration à l'aide d'un aérosol est privilégiée, cependant, ils peuvent être administrés par voie orale ou injectable (IV, SC, IM) ; la voie IV permettant d'obtenir un pic plasmatique immédiat et plus précoce que la voie orale (à cause du premier passage hépatique)

· Les agonistes β2 à latence et durée d’action longue : les β2 mimétiques LABAs (« long-acting β2-adrenergic ») ont une durée d’action prolongée : de 12 à 24 heures (il ne faut retenir que le formotérol, appelé également Foradil®, mais il existe aussi le salmétérol et l’indacatérol). Ce sont des molécules lipophiles qui vont se dissoudre petit à petit dans les lipides de la membrane cellulaire. Ceci permet une libération progressive et une stimulation prolongée du récepteur β2. Ils sont utilisés comme traitements de fond de l’asthme, pour les patients qui ont une atteinte plus importante et qui nécessite d’avoir une bronchodilatation en continu. Ils ne s’administrent jamais seuls, mais toujours associés aux corticoïdes inhalés. Ils existent exclusivement sous forme d’aérosols.

Voies d’administration

Voies d’administration (suite)

· Voie inhalée +++ : favorise l’action pulmonaire et limite l’action extra-pulmonaire. Il existe trois procédés permettant de produire des particules en suspension :

· Les aérosols-doseurs (AD) : contiennent un médicament en suspension dans un gaz propulseur inerte sous forte pression. Ils nécessitent une forte pression de la main pour leur utilisation et donc une bonne coordination main-bouche-mouvement inspiratoire. En pédiatrie, cette coordination n’est pas forcément acquise (mais aussi pour beaucoup d’adultes, d’où l’importance de l’éducation thérapeutique). Il existe donc des dispositifs adaptés selon l’âge de l’enfant et le médicament (comme la chambre d’inhalation, qui ne nécessite pas de coordination et qui permet de ralentir les particules, réduire les dépôts oropharyngés et donc de mieux déposer le médicament au niveau des poumons).

· Les inhalateurs de poudre (IP) : facilité d’emploi +++ mais coûtent plus cher pour le patient (non entièrement remboursés). Il suffit d’armer le dispositif puis d’inspirer le médicament stocké sous forme de poudre (gélule ou disques). Ils ne demandent pas de coordination, mais nécessitent quand même une bonne technique d’inspiration.

· Les appareils générateurs d’aérosols (nébuliseurs) : sont utilisés aux urgences lors de crises d’asthme importantes, car ils ne nécessitent aucun effort respiratoire. Les aérosols sont obtenus par le passage d’un jet d’air (ou d’O2 si le patient est en hypoxie) comprimé dans un petit réservoir contenant le médicament sous forme liquide. Le patient qui inhale dans le masque sera soulagé rapidement : au bout de 10-15 minutes. En pédiatrie, on peut utiliser des dispositifs adaptés selon l’âge pour que les enfants acceptent de les utiliser.

· Voie injectable (SC ou IV) : urgences ou asthmes sévères

· Voie orale (quasiment jamais prescrite) : biodisponibilité faible et variable (effet de premier passage hépatique)

Indications

· Les β2 mimétiques d’action rapide et courte sont utilisés pour les traitements symptomatiques de la crise d’asthme et des exacerbations, en prévention de l’asthme d’effort et pour des tests de réversibilité de l’obstruction bronchique (EFR)

· Les β2 mimétiques d’action longue sont utilisés dans les traitements symptomatiques continus de l’asthme, toujours en association avec un traitement anti-inflammatoire continu comme les corticoïdes inhalés, ou en prévention d’un asthme d’effort.

· Il est important de ne pas dépasser 12 bouffées par jour : si un patient a déjà pris 12 bouffées et que cela ne l’a pas soulagé, il faut qu’il aille rapidement aux urgences, car une crise est probable (importance de l’éducation thérapeutique).

Effets indésirables+++

· Il y a beaucoup plus d’effets indésirables pour les voies parentérales ou orales que pour la voie inhalée. Ces effets indésirables sont liés à la stimulation des récepteurs β1 et β2 extra-pulmonaires.

· Parmi eux, on retrouve :

· Des effets cardiovasculaires, qui sont les plus fréquents (tachycardie, hypotension, palpitations, arythmie). Il s’agit à la fois d’un effet reflexe secondaire à la vasodilatation périphérique via les récepteurs β2, et d’un effet direct via les récepteurs β1 cardiaques.

· Des tremblements et des crampes des extrémités, dus à la présence de récepteurs β2 au niveau des muscles striés, responsables de la captation du potassium

· Des céphalées

· Des troubles métaboliques pour les doses élevées (ex : hyperglycémie chez le diabétique)

· Des précautions particulières d’emploi sont nécessaires pour les patients atteints d’hyperthyroïdie, de cardiomyopathie obstructive, de troubles du rythme, de coronaropathies, d’HTA, de diabète type I, d’infection bronchique et bronchorrhée abondante (inefficace) et pour les sportifs (peut être considéré comme un dopant)

2) Les anticholinergiques

Mécanisme d’action

· Les anticholinergiques sont des antagonistes compétitifs qui empêchent l’acétylcholine de se fixer sur les récepteurs muscariniques des muscles lisses bronchiques. Ils empêchent donc la bronchoconstriction. Ils permettent ainsi de palier à l’effet négatif du système nerveux parasympathique (ont un effet parasympatholytique).

· Les produits commercialisés sont à utiliser par voie inhalée :

· De courte durée d’action comme l’Ipratropium (Atrovent®), qui est un antagoniste non spécifique des récepteurs muscariniques M1, M2 et M3 et qui est utilisé pour l’asthme ou la BPCO.

· De longue durée d’action comme le Tiotropium (Spiriva®) qui est un antagoniste du récepteur M3 (longue durée d’action) et un antagoniste de M2 (courte durée d’action). Il est utilisé pour la BPCO.

Pharmacodynamie

· Bronchodilatation prédominante au niveau des bronches de gros calibre (>2mm)

· Leur effet est moins efficace que celui des β2 mimétiques par voie inhalée : ils sont moins rapides et moins puissants. Ils ne sont donc jamais prescrits en 1ère intention, sauf en cas d’asthme particulier d’effort avec une composante irritative importante.

· L’acétylcholine provoque une augmentation des sécrétions bronchiques. On pourrait donc supposer que les anticholinergiques ont un effet sur ces sécrétions : or, ils ne semblent pas modifier de façon significative celle-ci.

Indications

· Ils existent sous forme d’aérosols doseurs ou de préparation pour nébulisation.

· Ils peuvent être utilisés en traitement symptomatique de la crise d’asthme et des exacerbations, en complément toujours d’un β2 mimétique d’action rapide (si celui-ci n’est pas suffisant en cas de crise sévère ou intolérance aux β2 mimétiques).

· Ne pas dépasser 16 bouffées/jour

· Il existe aussi une indication en prévention de l’asthme d’effort, où ils sont associés aux β2 mimétiques d’action rapide : Duovent®

Effets indésirables

· Sécheresse de la bouche, irritation pharyngée, toux, bronchospasme paradoxal et effets systémiques peu importants, car inhalés et pas de passage de la barrière hémato-encéphalique.

3) Les xanthines : La théophylline (partie très peu importante aux yeux de la prof)

Mécanisme d’action, pharmacodynamie et pharmacocinétique

· Elle a une action relaxante sur le muscle lisse bronchique par inhibition non spécifique des phospho-diestérases, mais moins efficace que les β2 mimétiques (action moins rapide et moins puissante). Elle a aussi une activité anti-inflammatoire en inhibant la dégranulation des mastocytes.

· On ne la trouve que sous forme orale ou injectable, car elle est inactive sous forme inhalée. Sa biodisponibilité orale est aux alentours de 100% mais elle est variable si la prise est sous forme prolongée (LP). Le fait qu’elle présente un métabolisme hépatique important, l’expose à un risque de surdosage ou de sous-dosage important du fait des interactions avec d’autres médicaments. Ceci explique qu’elle ait une marge thérapeutique étroite (marge étroite entre les doses qui donnent des effets bénéfiques et celles qui donnent des effets indésirables)

Indications et effets indésirables

· La théophylline est une molécule dont l’usage reste exceptionnel en France, pour plusieurs raisons : elle présente de nombreux effets indésirables (dose-dépendants), particulièrement au niveau du SNC (convulsions, vertige) et du système cardiovasculaire ; elle est très difficile à manier en dehors d’un contexte de réanimation du fait de sa marge thérapeutique étroite ; elle est moins efficace que d’autres traitements existants. Elle est cependant encore beaucoup utilisée dans les pays anglo-saxons et dans les pays en voie de développement, car elle est bon marché.

· En France, elle ne constitue donc qu’un traitement de fond de 3ème ligne pour les crises d’asthme sévères.

B) Les Anti-inflammatoires

1) Les corticostéroïdes

· Les corticostéroïdes sont des glucocorticoïdes ayant une action très importante, car ils agissent :

· Sur la phase tardive de la crise d’asthme, survenant 6 à 8 heures après la provocation allergénique ou le facteur déclenchant

· Sur les processus physiopathologiques observés au cours de la phase de chronicité, détériorant la fonction respiratoire des asthmatiques au long terme car cette phase est très liée aux phénomènes inflammatoires (inflammation, fibrose, hyperréactivité)

· Aussi bien sur les cellules inflammatoires que sur les médiateurs de l’inflammation (ex. : cytokines) et permettent ainsi à l’épithélium de se reconstituer, de diminuer les lésions et les fuites vasculaires.

· Ils sont donc efficaces aussi bien pour traiter la crise d’asthme qu’en traitement de fond, et possèdent une action importante et étendue.

Mécanisme d’action

· Ils ont des effets multiples, car ils agissent sur un récepteur présent sur l’ensemble des cellules impliquées dans les phénomènes inflammatoires (lymphocytes, PNE, PNN, macrophages…). Ceci implique des effets indésirables importants.

· Ils vont rentrer au niveau du noyau de la cellule et entraîner la formation d’un complexe intracellulaire qui aura deux actions différentes sur la transcription :

· Une action directe de transactivation : augmente la synthèse des facteurs anti-inflammatoires

· Une action indirecte de trans-répression en inhibant les promoteurs de gènes responsables de la synthèse de protéines pro-inflammatoires

· Les effets indésirables sont surtout dus à leur action directe et les effets bénéfiques à leur action indirecte

Formes galéniques

· Les glucocorticoïdes existent sous différentes formes :

· Inhalées : les deux plus fréquemment utilisées sont à connaître : la béclométasone (Becotide®) et le budésonide (Pulmicort®)

· Orales : pour les exacerbations mal contrôlées par la voie inhalée, en cures courtes de 3-5 jours

· Injectables (IM, IV) : pour les urgences et asthmes sévères en cures courtes de 3-5 jours

Indications

· On utilise les glucocorticoïdes en complément d’un β2 mimétique à action rapide pour traiter l’aggravation tardive d’une crise.

· Les corticostéroïdes inhalés sont le traitement anti-inflammatoire de référence pour le traitement de fond de la maladie asthmatique, mais on a sous cette forme un effet retardé, c'est-à-dire que l’effet maximal n’apparaît qu’après plusieurs semaines de traitement. La prise au long cours doit être à dose minimale pour éviter les effets indésirables. Ils sont pris seuls ou en association avec les β2 stimulants de longue durée d’action.

Effets indésirables

· Par voie inhalée, il faut demander au patient de bien se rincer la bouche après la prise afin d’éviter les dépôts oropharyngés pouvant entrainer une candidose oropharyngée, une gêne pharyngée ou une raucité de la voix.

· On peut aussi parfois observer une infection bronchique et une bronchorrhée abondante dues à la prise de corticoïdes.

· Les effets indésirables sont proportionnels à la dose : il faut donc administrer la dose la plus faible possible.

· Les sportifs doivent être particulièrement vigilants avec ces effets indésirables !

· Certains corticoïdes peuvent causer un ralentissement de la croissance des enfants par un retentissement sur l’axe hypothalamo-hypophysaire lors de la prise prolongée de fortes doses, mais qui sera rattrapé dès l’arrêt du traitement. Il n’y a donc pas d’impact sur la taille définitive à l’âge adulte. Beaucoup de parents refusent de donner des corticoïdes inhalés à leur enfant asthmatique par crainte de ce ralentissement. Or cela peut avoir de lourdes conséquences sur l’enfant, car les corticoïdes oraux présentent beaucoup plus d’effets indésirables. Ces enfants vont souvent aux urgences pour des crises d’asthme et il y a un risque de passer à un asthme chronique. Cette mauvaise prise en charge finit donc par retentir sur leur croissance et ce, définitivement. Il est donc primordial que le médecin explique aux parents qu’en traitant l’enfant correctement pendant quelques années, on lui évite des conséquences beaucoup plus graves.

2) Les anti-leucotriènes

Mécanisme d’action, pharmacodynamie et pharmacocinétique

· Les leucotriènes sont des médiateurs de l’inflammation induisant lors des réactions immuno-allergiques :

· Une bronchoconstriction

· Une augmentation de la sécrétion de mucus

· Une augmentation de la perméabilité vasculaire

· Favorisent le recrutement des PNE.

· Les anti-leucotriènes, qui sont aujourd’hui à la mode, sont des antagonistes des récepteurs aux leucotriènes sous forme de comprimés à croquer de 5 -10 mg, ce qui facilite son utilisation et son observance. Ex : Montelukast (Singulair®)

· Son absorption est rapide, sa biodisponibilité est bonne (60%) et ils sont métabolisés par le foie (interaction avec CYP3A4)

Indications et effets indésirables

· On utilise les anti-leucotriènes comme traitement de fond de l’asthme persistant léger à modéré, insuffisamment contrôlé par corticothérapie inhalée et chez qui les β2 mimétiques administrés « à la demande » n'apportent pas un contrôle clinique suffisant de l'asthme. Ils sont en association avec les corticoïdes inhalés et ne peuvent être prescrits pour un enfant de moins de 6 ans.

· On les utilise également en prévention de l’asthme d’effort

· Les effets indésirables sont généralement rares et bénins

3) Les Cromones (partie très peu importante aux yeux de la prof)

· Les Cromones sont des anti-inflammatoires très peu prescrits et ont peu d’indications à l’heure actuelle, car ils présentent de nombreux effets indésirables (urticaire, irritation pharyngo-laryngée, sècheresse buccale). Ils stabilisent les mastocytes et inhibent la synthèse et la libération de médiateurs de l’inflammation.

C) Autres traitements

Anticorps monoclonal anti-IgE circulants

· Les anticorps monoclonaux anti-IgE circulants, comme l’Omalizumab (Xolair®), qui appartient aux biotechnologies, se fixent sélectivement sur les IgE humaines produites par les lymphocytes. Cela permet de réduire la quantité d’IgE circulante, ce qui inhibe leur fixation sur le récepteur mastocytaire et diminue donc la libération d’histamine sous l’effet des allergènes. La fixation des IgE sur leur récepteur au niveau des cellules inflammatoires et immunitaires va elle aussi diminuer ce qui va freiner l’inflammation chronique.

· L’administration se fait 1 à 2 fois par mois par voie sous-cutanée, car il y a une élimination réticulo-endothéliale (élimination par phagocytose). La première doit toujours se faire en milieu hospitalier car il peut y avoir des réactions allergiques.

· Ce médicament étant très cher, il est réservé à des patients atteints d’asthme très sévère non contrôlé malgré un traitement de fond de niveau élevé (doses élevées de corticoïdes) et bien conduit.

· Sa prescription se fait uniquement par un spécialiste, et il est réservé aux adultes et enfants de plus de 6 ans.

Anticorps monoclonal anti-IL5

· Les anticorps anti-IL5, comme le Mépolizumab (Nucalas®), sont administrés 1 fois par mois par voie sous-cutanée.

· De même, la première injection doit être effectuée en milieu hospitalier.

· La prescription doit être réalisée par un médecin spécialiste et est réservée aux adultes en traitement additionnel dans l’asthme réfractaire à éosinophiles

Il existe une recherche importante dans le traitement de l’asthme car le nombre de cas augmente. C’est un véritable enjeu en santé publique de traiter l’asthme de manière efficace (les perspectives d’avenir ne sont pas à apprendre)

IV) Stratégies thérapeutiques

A) Traitements de la crise

· Quand on reçoit un asthmatique, il faut tout d’abord évaluer la gravité de la crise d’asthme selon différents critères. On a des arbres décisionnels qui nous permettent de dire, à partir des signes cliniques, si c’est un asthme léger, sévère ou s’il menace le pronostic vital.

· Lors d’une crise, on utilise des bronchodilatateurs β2 mimétiques à action rapide, d’abord par voie inhalée que le patient prend seul. Si au bout de 8 bouffées, le patient n’est pas soulagé, il doit aller à l’hôpital. Une crise d’asthme peut s’aggraver très rapidement : il faut que le patient vienne au plus vite à l’hôpital !

· A l’hôpital, on va commencer par lui donner des β2 mimétiques par voie inhalée, puis par nébulisations et enfin par voie injectable si la crise n’est toujours pas résolue.

· Ils peuvent être associés à des anticholinergiques en alternance avec nébulisations de β2 mimétiques.

· On donne également des corticoïdes par voie orale pour éviter les rechutes précoces de la crise, c’est-à- dire l’aggravation secondaire (délai d’action d’au moins 4 heures). Si le patient n’est pas soulagé, il est transféré en réanimation.

B) Traitements de fond

· Le traitement de fond est mis en place selon la sévérité et le contrôle de l’asthme, évalué en fonction des paramètres cliniques et des données de l’EFR (Exploration Fonctionnelle Respiratoire). Il faut toujours mettre un traitement de fond pour un asthme qui est persistant.

· Il faut supprimer les facteurs d’aggravation comme le tabac.

· Il faut privilégier en 1er lieu les formes inhalées des médicaments pour limiter les effets indésirables. Les corticoïdes inhalés constituent le traitement de fond de base.

· Il est nécessaire de réévaluer régulièrement l’efficacité clinique et l’évolution des EFR et de toujours suivre l’évolution de la maladie du patient. Dans des formes graves où les traitements sont tenus en échec, il faut, avant de mettre en route une corticothérapie par voie orale prolongée, vérifier l’observance et la prise correcte des thérapeutiques inhalées et ainsi, toujours penser à rétrograder : il faut toujours utiliser le traitement minimal efficace.

· Toute modification au traitement de fond doit être évaluée à 3 mois.

· Le suivi des DEP et EFR doit être réalisé au moins une fois par an.

· Les consultations doivent toujours intégrer une démarche éducative (ex : écoles d’asthme) car la mauvaise utilisation des dispositifs d’inhalation est la 1ère cause de mauvais contrôle de l’asthme.

Les points essentiels du cours sont les suivants :

· La physiopathologie de l’asthme

· Les mécanismes d’action des médicaments

· Les effets thérapeutiques des agonistes β2

· Les effets indésirables cardiovasculaires des médicaments

Le jour de l’examen, il n’y aura pas de cas clinique sur ce cours.

Au DSP7 ♥

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Ronéo 4 – UE 12 – Cours 12