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C aravelle La Technique : Le Naida de Phonak Technique : Le Naida de Phonak La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds Dossier Chacun son truc Témoignage : Cela arrive même aux psychologues Témoignage : Cela arrive même aux psychologues n° 186 | Mars 2009 | 8 euros

La Caravelle · Aline Ducasse, Présidente de l’ARDDS Réponse d’Arte En réponse tardive à votre courrier du mois de décembre 2008, le coffret cité en objet ne contient malheureusement

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CaravelleLa

Technique :Le Naida

de Phonak

Technique : Le Naida

de Phonak

La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds

Dossier

Chacun son truc

Témoignage :

Cela arrive même

aux psychologues

Témoignage :

Cela arrive même

aux psychologues

n° 186 | Mars 2009 | 8 euros

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Courrier des lecteurs

Mars 20092 | La Caravelle | 186

À propos du témoignage « Le temps s’accélère »Je ne suis pas tout à fait d’accord avecM. René Cottin écrivant qu’en 1968,les devenus sourds vivaient commedes parias. Pas moi… sans doute ai-jeeu de la chance. Plus loin je lis qu’il ya 40 ans les prothèses auditivesétaient rudimentaires. J’ai porté dansles années 60 un très bon appareilaméricain, qui se présentait sous laforme d’un cercle métallique enser-rant le dessus de la tête et se termi-nant au-dessus des oreilles par lesystème d’amplification proprementdit, caché dans une coque à laquelleétait raccordé l’embout. J’ai conservécette prothèse jusqu’à l’« usure », sanspouvoir la remplacer à l’identique lemodèle n’étant plus fabriqué, et j’ai dûensuite acquérir un contour.

❏ Claudie Pinson

À propose de « La vie en sourdine » de David LodgeJ’aimerais répondre à Édith Kauffmann(pour qui j’ai beaucoup d’estime) ausujet du livre la vie en sourdine deDavid Lodge. Jamais l’auteur n’a vouluécrire ce livre pour des malentendants.Ce n’est ni un documentaire, ni un exem-ple de mode de vie. Il raconte toutsimplement le vécu d’une personnedont l’audition diminue, qui se bat avecses appareils et ses piles, ceci dit avecbeaucoup d’humour. Il ne renonce pasà la communication, à l’échange, à faireses preuves. N’oublions pas : ce livre estun roman, un roman bien écrit.

Il remercie par ailleurs ses traducteurs,certaines expressions n’étant pasfaciles à traduire, le titre lui-même leprouve! Je ne suis pas la seule à avoiraimé ce livre qui est passé de mainsen mains et je le conseille. On seretrouve parfois, on sourit, on est aussibouleversé car son vécu est notrevécu… Un conseil, lisez-le pour vousfaire votre propre opinion.

❏ Colette Prévosto, adhérente ARDDS 38

Live-box Orange : sous-titrage encore très insuffisantJ’avais adressé au mois deseptembre dernier une lettre àOrange pour protester contre lefait qu’avec une live-box et untriple abonnement (télévision +téléphone + Internet), il nem’était pas possible de recevoir lesous-titrage des chaînes natio-nales.Depuis, Orange a fait un tout petitprogrès et sous-titre désormaisune seule chaîne : FR3.

C’est évidemment très insuffisant.Voilà un opérateur de télécommu-nication qui, pour l’instant, semoque pas mal des sourds etmalentendants.

❏ René Cottin

Nous avons la grande tristesse devous informer du décès de GisèlePeuron survenu le 14 janvier 2009.Gisèle était bien connue desadhérents franciliens de l’ARDDS.Elle avait animé pendant delongues années les après-midisdu « mardi des Batignolles ».L’ARDDS partage la douleur et ledeuil des membres de sa familleet de tous ses amis.

Brè

ves

Déc

ès

Le sous-titrage des DVDNous reproduisons ci-dessous une correspondance entre notre prési-dente et Arte au sujet du sous-titrage des DVD.

Lettre de l’ARDDS à Arte France

Madame, Monsieur,Plusieurs de nos adhérents nous ont fait part de leur satisfaction d’avoir pu suivreles premiers documentaires de la série l’Apocalypse grâce à un sous-titrage de bonne qualité. Nous tenions à vous en remercier, tout en vous encourageantà développer le sous-titrage à l’ensemble de vos émissions. La publicité pour lecoffret DVD sur votre site et dans Télérama ne précise pas si les enregistrementscontiennent des sous-titres pour malentendants. Est-ce le cas?Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer nos sincères salutations.

❏ Aline Ducasse,Présidente de l’ARDDS

Réponse d’Arte

En réponse tardive à votre courrier du mois de décembre 2008, le coffret cité en objet ne contient malheureusement pas de sous-titres pour les malen-tendants. Nous devrions en éditer de plus en plus mais pour des raisonsfinancières nous ne pouvons en faire une automaticité.

❏ Véronique LairaudatArte France développement - Responsable Arte Boutique

tél. : 01 55 00 73 11 - [email protected]

À chacun sa Caravelle

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Télévision et désinformationÀ l’ARDDS, nous avons toujours cherché à promouvoir la coopération entre lesdiverses catégories de déficients auditifs. C’est ainsi, par exemple, que notresection régionale de Pau vit en cohabitation permanente et conviviale avec lesassociations de sourds de naissance. Cette solution s’avère fructueuse car ellepermet une organisation associative plus efficace et moins onéreuse. Elle nousrend, en outre, plus puissants et plus crédibles à l’égard du public et des autori-tés locales. Cependant une telle coopération ne peut valablement fonctionnerqu’à une condition : le respect réciproque. Sourds oralistes, nous respectons lalangue signée des sourds de naissance comme ceux-ci respectent notre oralité.Un tel exemple de coopération n’est pas rare, mais se trouve parfois combattupar des groupes de pression extrémistes qui ne peuvent supporter une autrelangue que la leur. C’est ainsi que nous avons été consternés par une émissionpassée sur la chaîne France 5, le 3 mars dernier. Cette émission, qui a duré prèsde deux heures fut une véritable imposture. Elle était intitulée : « Sourds etmalentendus ». Quelle ne fut pas notre stupéfaction de constater qu’elle neconcernait en fait que les sourds de naissance! Pas un mot sur l’existence desautres déficients auditifs, sinon pour entretenir la confusion sur les chiffres derecensements afin de faire croire que les signeurs sont beaucoup plusnombreux qu’en réalité. Le plus attristant fut que la vedette principale del’émission répéta à plusieurs reprises que, « grâce à la langue des signes, ellene se considère plus comme handicapée ». Or c’est une supercherie de laissercroire qu’avec les signes, les sourds de naissance échappent au handicap, alorsqu’ils éprouvent souvent des difficultés avec le Français, qu’ils ne peuvent passuivre une conversation orale en dehors de leur communauté, qu’ils nepeuvent pas téléphoner, ni comprendre la musique et que de nombreux postesprofessionnels leur sont normalement inaccessibles. On peut d’ailleurs sedemander pourquoi ces sourds gestuels, s’ils ne se considèrent pas commehandicapés, revendiquent néanmoins des droits spéciaux! Cette négationpublique du handicap auditif nous porte gravement préjudice dans la mesureoù elle contribue à minimiser l’importance du mal dont nous souffrons. Autretromperie : le mot d’implant ne fut prononcé que deux fois, de façon furtive etsans aucune explication sur les immenses possibilités que cette technique offreaux enfants sourds de naissance. Aucun parent d’enfant né sourd n’avait étéinvité pour exposer clairement le dilemme qui se pose lors de la découvertequ’un bébé est né sourd. Seul, Jérémie Boroy, dont on peut se demander cequ’il venait faire dans une telle émission, trouva le mot juste : « l’essentiel pourl’enfant, c’est la communication initiale au sein de la famille ». Dommage qu’iln’ait pas explicité son propos en ajoutant qu’un enfant né sourd dans unefamille bien entendante devrait logiquement utiliser la langue orale, ce qui estmaintenant rendu possible grâce aux implant cochléaires et à l’utilisation de laLPC (langue parlée complétée). Par la suite, le bilinguisme peut normalementfonctionner. De même qu’au mois de juillet dernier, nous avions écrit auPrésident de France 2 pour protester contre une série de reportages biaisés,l’ARDDS-Pyrénées a adressé cette fois une lettre à la direction de France 5 pourdénoncer une émission partiale et tronquée qui n’a pu que tromper lestéléspectateurs non avertis sur la réalité du monde de la surdité.

❏ René Cottin,Président ARDDS 85 Pyrénées

Éditorial

La Caravelleest une publication trimestrielle de l’ARDDS1-3, rue Frédérick Lemaître – 75020 Paris

Tél. : 01 46 42 50 32Ce numéro a été tiré à 1200 exemplaires

Directeur de la publication :Aline Ducasse

Rédacteur en chef :Brice Meyer-Heine

Ont collaboré à ce numéro :Suzy Bassolé, Anne-Marie Choupin, RenéCottin, Richard Darbéra, Patrick Décurey,

Aline Ducasse, Émilie Ernst, ManuellaLefèvre, Nicole Martin Rouge, Gisèle

Terson, Béatrice Velay

Photo couverture :Alphabet dactylologique

Mise en page – Impression :Ouaf! Ouaf! Le marchand de couleurs

16, passage de l’Industrie 92130 Issy-les-MlxTél. : 0140 930 302

www.lmdc.netCommission paritaire : 0611 G 84996

ISSN : 1154-3655

Crédits dessins et photos : Ateliers Desmaé, Manuella Lefèvre, Marie Meunier

Amis lecteurs,

Sommairen°186 • Mars 2009Courrier des lecteurs 2Vie AssociativeNotre amie MadeleineDes nouvelles du Dauphiné 4L’assemblée générale de l’ARDDS 5Les difficultés du Bucodes 6Le congrès UNISDA 7Groupe de paroleEnglish lesson 8DossierChacun son truc 9TémoignageThe star patient 13Cela arrive… même aux psychologues 15TechniqueLe Naida de Phonak 16CultureDanse et surdité 17Fantasio, d’Alfred de Musset 18BrèveJouer au golf rend-il sourd? 19

Mars 2009 186 | La Caravelle | 3

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Vie Associative

4 | La Caravelle | 186 Mars 2009

Notre amie MadeleineDes amis, elle en avait beaucoup, j’en faisais partie. Je l’ai connue dans le cadre de

l’association « les réseaux d’échanges réciproques des savoirs » à Palaiseau, tout un

programme de vie. Elle souffrait déjà de surdité.

Étant voisines, nous avons cheminéensemble jusqu’à ce mois de janvier2008 quand elle m’appela à 3h dumatin, victime d’une terrible chutenécessitant d’emblée une hospitali-sation. Avant de brosser les grandeslignes de sa vie, je reprendrais laphrase de son amie Sarette,ancienne collègue de travail : « jegarde de Madeleine, cette imageglorieuse, revanche sur la vie parfoiscruelle, de sa créativité par lapeinture, la résilience fut soncombat ». Née en 1938, elle dût à 3ans avec sa sœur âgée de 6 ansenviron, être cachée en province. Lesouvenir de la séparation avec samère, la marquera profondément.Après la guerre, elle suit à Paris unescolarité sans problème. Elledécouvre le scoutisme, « boufféed’air pur », disait-elle.

Ensuite, elle aborde la vie profession-nelle telle que la souhaitait son père :la comptabilité. Elle rebondit avecdes études d’assistante sociale; paral-lèlement, elle suit un cursus depsychologie, bénéficiant de quelquescours de Lacan. Je crois que c’est àcette période qu’elle commence unethérapie qu’elle a poursuivi long-temps. Elle s’épanouit véritablementpar son travail qui la passionne àl’O.S.E (Oeuvre de Secours auxEnfants), un organisme social d’ac-cueil, de suivi des familles et enfantsayant subi des discriminations pen-dant la dernière guerre mondiale.Mais quelques années avant saretraite, elle subit 2 accidents vascu-laires cérébraux. Elle se rééduqueavec le piano. Présentant alors unesurdité avancée, elle doit s’arrêter detravailler. Elle se sépare de son piano,elle doit quitter Paris pour Palaiseau.Heureusement, elle rencontre ungroupe de peinture dont elle fait sonmiel. Personnellement, je regrette dene pouvoir être plus exhaustive, dansun récit, mais il est certain qu’on ne faitpas le tour d’une vie au-delà de cequ’il veut nous livrer, c’est sa liberté, etMadeleine y tenait par-dessus tout. ❏ Gisèle Tersou

Quelques uns de ses traits

Ses passions :• la musique classique, surtout

Chopin, mais aussi le jazz ;• la peinture, les expositions et

les visites guidées qu’elle pûtsuivre grâce à l’accompagne-ment de l’ARDDS ;

• l’amitié, elle avait une grandecuriosité de l’autre, en particu-lier les enfants ;

Ses petits bonheurs :• comme « la madeleine de

Proust », la culture culinaire deson enfance hongroise ;

• les balades en pleine nature ;• les longues conversations à con-

tenu philosophique, psychologique.Sa malchance :un état général de santé qui s’estfortement dégradé durant sesdernières années : une insuffisancerénale nécessitant une dialyse, unearthrose de hanche invalidante etdouloureuse, une perte de la vue,le tout dominé par sa surdité quil’isolait cruellement.

Des nouvelles du DauphinéARDDS 38 a tenu son assemblée générale 2009 le 24 janvier dernier. Le bilan moral montre

la vitalité de la section. Les permanences mensuelles permettent aux adhérents de se

rencontrer. Lors des commissions municipales ou départementales, ARDDS 38 présente les

besoins des devenus sourds aux élus et administratifs de l’agglomération et du département.

Notre invitée, Marlène Parod nousa présenté son mémoire deMaster en sociologie consacré aux devenus sourds, un travailpassionnant sur un sujet tropméconnu des étudiants.Daniel Bertrand, notre adhérentaudioprothésiste, nous a montréune boite contenant une bouclemagnétique de comptoir, qui

pourrait bientôt figurer dans lesmagasins à côté de la caisseenregistreuse ! Les projets restentdans la ligne des actions 2008.

Nous espérons que 2009 verra la prise en compte des besoinsdes déficients auditifs âgés enstructure collective et en aide àdomicile.

L’AG s’est prolongée par un repas prisen commun et le passage du filmréalisé par SURDI 49 : « Rencontre decinquième type », qui a beaucoupintéressé les spectateurs, en particulierl’adjointe au maire de la communequi souhaite que nous le présentionsau personnel d’accueil de la Mairie.Affaire à suivre…

❏ Anne-Marie Choupin

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186 | La Caravelle | 5Mars 2009

Vie Associative

L’assemblée générale de l’ARDDSL’assemblée générale annuelle de l’ARDDS a eu lieu le samedi 7 mars 2009 à Paris.

Nous avons présenté et soumis auvote le rapport d’activité 2008, lesprojets d’activités 2009, le rapportfinancier 2008 et le budget 2009de l’association.Puis, les adhérents présents - unesoixantaine - en ont profité pourposer des questions et dialogueravec les différents responsablesd’activités et responsables desection de Province.

Tous ces rapports ont été approuvés à l’unanimité ou à laquasi-unanimité.Nous en sommes très fiers ettoute l’équipe de l’ARDDS se jointà moi pour vous remercier devotre confiance. Nous essaieronsde nous en montrer digne et decontinuer à la mériter en poursui-vant les actions entreprises.Bienvenue au nouveau CA, j’espèreque nous allons faire du bon travailensemble et un grand merci, aunom de l’ARDDS, aux personnes quile quittent après y avoir œuvré delongues années.

Mais ces personnes ne nous disentpas au revoir, elles ont d’ores et déjàopté pour continuer à nous aider età participer à la vie de l’association,et nous les en remercions ; demême pour certains candidats dontl’engagement pour l’ARDDS nefaiblit pas pour autant.

Enfin, à titre personnel, je suis trèsreconnaissante envers l’ensembledes électeurs qui m’ont témoignéleur confiance. J’en suis très touchéeet je vous remercie de tout cœur.

❏ Aline Ducasse* Membres du Conseil d’Administration sortant.

Résultats des élections AG du 7 mars 2009, composition du nouveau CA

Candidats Nombre de voix

Alliot Geneviève * 141

Choupin Anne-Marie * 150

Darbéra Richard* 146

Decherat Michel * 104

Ducasse Aline * 168

Fresse Thierry * 108

Giraudeau Michel 124

Loviat Jean-Pierre * 141

Meyer-Heine Brice * 148

Rivoal Annie * 99

Velay Béatrice 128

Après l’assemblée générale, le CA s’est réuni et à élu le bureau :

Présidente :Aline DucasseVice-présidente province :Anne-Marie ChoupinVice-président Paris :Michel DecheratSecrétaire générale :Geneviève AlliotTrésorier :Jean-Pierre LoviatResponsable fichier « adhérents » :Richard DarbéraResponsable lecture labiale :Jean-Pierre LoviatAdjoint lecture labiale :Michel DecheratRédacteur en chef La Caravelle :Brice Meyer-HeineWebmaster :Aline Ducasse

Le conseil d’administration de l’ARDDS a été renouvelé. Il y a eu 168 suffrages exprimés. Les résultats sont les suivants :

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Mars 20096 | La Caravelle | 186

Vie Associative

Les difficultés du BucodesLe Bureau de Coordination des associations de Devenus Sourds fut créé en 1973

à l’initiative de trois associations : l’ARDDS, la Fraternité Catholique des Sourds

et Les Fauvettes.

Pour laisser plus d’indépendance auxassociations membres, on adoptaune structure simple, celle d’unbureau de coordination, plutôt qu’unefédération contraignante et difficile àgérer. À l’époque nous n’étions pastrès nombreux et tout semblait facile.Nous avons obtenu assez rapidementdes succès importants, dont l’intro-duction de sous-titres à la télévision etl’inscription de la lecture labiale sur lanomenclature de la Sécurité sociale.Le Bucodes prit ensuite de l’extensionet gagna en notoriété en se faisantreconnaître auprès de nombreuxorganismes officiels. Il regroupeactuellement 25 associations. Maisson avenir n’est pas rose.Voici donc les différents pointssombres qui menacent le Bucodes :

La stagnation du nombreglobal d’adhérents de baseDepuis une dizaine d’années, l’effectifdu Bucodes reste inférieur à 2 000personnes, ce qui est insignifiant parrapport aux 6 millions de déficientsauditifs que compte la France. Pire, cenombre d’adhérents est actuelle-ment en légère régression. Les nou-velles arrivées ne compensent pasles départs. À cela plusieurs raisons. Ily a tout d’abord les progrès étonnantsréalisés dans le domaine des prothè-ses auditives. Beaucoup de sourdslégers, bien appareillés, ne se consi-dèrent plus comme des personneshandicapées. Menant une vie à peuprès normale, ils n’éprouvent pas lebesoin d’adhérer à une association desourds, de même que les porteurs delunettes n’éprouvent pas le besoind’adhérer à une association d’aveugles.Il y a ensuite les progrès, non moinsétonnants, réalisés en implantscochléaires. Les nouveaux implantés,qui passent de l’état de sourdsprofonds à celui de sourds légers, sesentent moins intéressés par desrevendications importantes duBucodes telles que la transcription dela parole ou les relais téléphoniques.

Ces nouveaux implantés se dirigentnaturellement vers des associationsspécifiques d’implantés dont lafonction principale est de fournir pileset contrats d’assurance à des prixavantageux. Malheureusement, peude ces associations d’implantés rejoi-gnent le Bucodes, d’autant qu’ellescomptent dans leurs rangs denombreux enfants dont les besoinsd’adaptation sont différents de ceuxdes adultes. Un autre facteur freine lerecrutement du Bucodes, c’est ladécentralisation radicale qui a étéréalisée en 2005 avec la création desMDPH (Maisons Départementales dePersonnes Handicapées). Beaucoupde démarches qui se traitaient autre-fois au niveau national, se règlentmaintenant au sein du département,ce qui incite certaines associations, etpas seulement celles de devenussourds, à abandonner les unions etfédérations nationales pour se repliersur une action purement locale.

Le manque de responsablesau niveau nationalLes dirigeants des associationsmembres sont toujours très pris parleurs activités propres et ne dispo-sent que de peu de temps pouraider la gestion centrale. À celas’ajoute, pour les provinciaux, lapénibilité d’aller à Paris où s’effec-tue l’essentiel du travail auprès desministères et autres organismesofficiels. Résultat : la poignée deresponsables du Bureau Bucodes àParis est constamment surmenéeet l’organisation en souffre. À celas’ajoute, pour ces responsablesparisiens, la nécessité de participerà la gestion de l’UNISDA, ce quiaccroît leur charge de travail.L’UNISDA est une union nationalequi représente l’ensemble desdevenus sourds, des sourdsgestuels et des parents d’enfantssourds. Elle est devenue l’interlocu-teur principal et presqu’unique desautorités supérieures.

Le fait que les diverses catégories dedéficients auditifs soient réunies sousun même chapeau constitue, certes,une bonne chose, mais il arrive queles intérêts spécifiques de chacunsoient parfois oubliés. On l’a bien vulors de la discussion sur le devis desaudioprothèses où nos intérêts ontété négligés. On peut craindre qu’ilen soit de même pour les relaistéléphoniques, où la part de la trans-cription écrite semble, pour l’instant,bien mince par rapport à celle de latraduction en langue des signes.

La situation financière du BucodesDepuis cinq ou six ans, les déficitsse sont accumulés au rythme depertes de 5 000 à 10 000 euros paran. L’équilibre jusqu’à la fin de2008, fut obtenu grâce à un legsprovidentiel, mais nous ne savonsde quoi sera fait 2009, en dépit dela recherche acharnée de nouvellessubventions. Faudra-t-il quitter lelocal qui sert de siège? Pourra-t-oncontinuer à rétribuer une secrétairepermanente? Qu’arrivera-t-il en casde totale faillite? Ne jouons pas lesCassandre en considérant que lasituation est sans issue. Le Bucodesnous est nécessaire et il devrasurvivre.Il possède encore des forces vives,notamment dans ses commissionsqui font un excellent travail d’enquête et d’orientation revendica-tive. Mais pour survivre, il devra seréformer profondément : assainir sagestion financière, re-motiver lesresponsables, donner plus d’autono-mie aux commissions et, surtout,adopter un programme centré uni-quement sur les tâches essentielles.Quand la tempête arrive, il fautcolmater les brèches et réduire la voilure.

❏ René Cottin,Co-fondateur et administrateur

actuel du Bucodes

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Mars 2009

Vie Associative

186 | La Caravelle | 7

Beaucoup de sourds signeurs ettrès peu de devenus sourds, ce quidémontre une fois de plus lafaiblesse de notre représentativitéau niveau national. Le thèmeprincipal concernait les relaisvidéo-téléphoniques.

Voici quelques notes prises au cours du congrès qui a duréune pleine journée :• Aux États-Unis, existent actuelle-

ment 11 centres de relais vidéo-téléphonique qui fonctionnent 24hsur 24 et 7 jours sur 7. Ils sontgratuits pour les sourds. Leur finan-cement est assuré par un prélève-ment sur l’ensemble desabonnements de télécommunica-tion. Prélèvement très faible, del’ordre de 10 centimes de dollarpar mois et par abonné. Dans cescentres, les traducteurs gestuels etles transcripteurs de l’écrit sonthautement qualifiés et astreints àla confidentialité. Pour lesurgences, les appels sont automa-tiquement renvoyés vers lespompiers, la police, les hôpitaux etautres organismes de secours.

• En France, a fonctionné, il y a unedizaine d’années, un « centre de truchement », ancêtre descentres relais. À l’époque, 250sourds ont pu bénéficier duservice qui utilisait le minitel.L’expérience fut abandonnée, car les frais de fonctionnementétaient trop importants en regarddu nombre d’intéressés.

• Depuis un an, sous l’égide del’UNISDA et de l’AGEFIPH, sontexpérimentés de nouveauxrelais qui utilisent l’ordinateur etl’ADSL pour transmettre lesimages gestuelles et la trans-cription écrite.

Pour l’instant ces relais ne fonction-nent que certains jours et à cer-taines heures, et uniquement dansle sens des appels de sourds versdes entendants. Techniquement,les résultats sont très satisfaisants.

• Le problème capital des centres de relais est leur financement.L’UNISDA exige la gratuité duservice pour les sourds, seul le prixdes communications leur étantfacturé. Marie-Anne Montchamp,ancienne secrétaire d’état auxpersonnes handicapées présenta ilya deux ans à l’Assemblée Natio-nale un amendement destiné àfaire prendre en charge le finance-ment des relais par les entreprisesde télécommunication, commecela se fait aux États-Unis. Sonamendement fut repoussé par legouvernement qui demanda undélai de réflexion supplémentaire.

• En juin 2008, le président de laRépublique déclara « descentres relais pour personnessourdes et malentendantes vontêtre créés qui permettrontd’assurer en simultané la traduc-tion des conversations. Il s’agitd’une innovation essentielle ».Depuis, nous attendons lepassage des paroles aux actes.

• Les entreprises privées de télécom-munication (Orange, Bouygues,SFR, Free….) renâclent évidem-ment à financer les centres relais,comme elles ont rechigné à com-penser le manque à gagner deschaînes de télévision dont on asupprimé les revenus publicitaires.Orange, qui avait lancé un serviceprivé de relais, vient de l’abandonner.

• Il existe en France 200 à 300 inter-prètes en langue des signes maistrès peu de spécialistes de la trans-cription écrite.

Un vélotypiste doit atteindre lavitesse de 500 frappes à la minuteavec un décalage inférieur à 3secondes entre la parole et sa trans-cription, ce qui exige une longueformation. Le métier de techniciende l’écrit doit être développé.

• Le président du Conseil supérieurde l’Audiovisuel confirma lapromesse d’un sous-titrage à 100%de toutes nos chaînes nationalesd’ici la fin de 2010, mais avoua nepas savoir quelles sanctions serontprises contre les chaînes récalci-trantes. Il rappela qu’actuellementTF1 et FR3 sont sous-titrées à 71%,FR2 à 65% et FR5 à 59%.

• Dans son intervention, RoselyneBachelot manifesta son attache-ment à la mise en œuvre du projeteuropéen Reach 112, projet destinéà rendre accessible aux sourds lesappels d’urgence. Une expérienceest en cours de démarrage avec leCHU de Grenoble, mais l’utilisationdu numéro 112 pour contacter lesurgentistes (pompiers, SAMU, police)pose de nombreux problèmes pourassurer la traduction, la sélectivitéet la confidentialité des appels.

• En conclusion, Jérémie Boroy,président de l’UNISDA, encoura-gea les participants à poursuivreleurs efforts pour obtenir que lesrelais deviennent une réalité enFrance, tout en regrettant lesatermoiements actuels dugouvernement concernant leurfinancement. Il nous mit engarde contre la tentationd’accepter de payer des servicesproposés par des entreprisesprivées, ce qui irait à l’encontredu principe de gratuité auquelles handicapés auditifs doiventrester attachés.

❏ René Cottin

Quelques notes surle congrès UNISDA23 janvier 2009 - Un beau site : le Palais Brongniart à Paris. Du beau monde : les présidents

des principaux organismes officiels de télécommunication et des représentants du gouver-

nement, dont Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. De beaux discours, tenus par des gens

habitués à manier la rhétorique et parfois à bien parler pour ne rien dire. Une salle pleine.

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Mars 20098 | La Caravelle | 186

Vie Associative

Groupe de parole…

Problème de communicationdans le coupleNous vous proposons une synthèse d’une des réunions du groupe de parole de l’ARDDS

animée par Michèle Fleurant, psychologue qui ont lieu tous les 1ers mardis de chaque

mois de 16h30 à 18h à la maison des associations du XXe (1-3, rue Frédérick Lemaître).

English lessonApprendre une langue étrangère pour un malentendant est un défi, mettre en place

un cours d’anglais pour des malentendants en est un autre. Il faut trouver un local,

constituer un groupe homogène de personnes ayant le même niveau linguistique,

et le même niveau de restes auditifs, trouver un professeur d’origine anglaise

si possible, sachant articuler correctement, et enfin trouver un financement

pour rémunérer le professeur. « That is the question ».

Tous ces problèmes ayant été résolusentre les 2 réveillons 2007, un coursd’anglais a donc été mis en place lapremière semaine de janvier 2008, àla MDA, le mardi soir de 19h à 21h,pour 6 personnes. Le cours a très bienfonctionné pendant quelques mois ets’est achevé par un week end àLondres; au retour, l’absentéismepour surmenage, maladie et autresmotifs nous a conduit à arrêter lecours au moment des congés d’été.

Toujours aussi tenace, nous avonsredémarré ce cours début 2009sous une autre formuleIl ne s’agit plus d’un cours pourapprendre le vocabulaire et lagrammaire mais de s’exprimer en anglais sur un sujet d’actualité,à partir d’un article de la revueThe Economist avec une dameanglaise bénévole, qui nous reçoità son domicile, dans le centre de Paris.

Les cours ont lieu le mardi soir,tous les quinze jours, de 19h à20h30.Nous avons inscrit 10 personnespour être sûr d’avoir un groupe de 6 personnes présentes àchaque séance, le groupecomprend des participants deplusieurs associations, and now,it’s wonderful !

❏ Suzy Bassolé

Nous avons tous vécu, en tant quemal-entendant, cette situation révol-tante de se trouver mis en accusationd’avoir volontairement mal entendu,par le conjoint bien-entendant.

Qui a tort, qui a raison,Madame la psychologue ?Michèle nous rappelle les règlesélémentaires pour améliorer lacommunication du couple : il fautque l’environnement soit calme,rester soi-même calme, demanderà son conjoint de parler plus lente-ment, bien prononcer, nous regar-der, et faire preuve de patience. Il ya un réel effort à faire de la part duconjoint bien-entendant; à nousaussi, de comprendre, que lesentendants, par moments (réunions

de famille par exemple) ont besoinde parler entre eux; l’attention pourle bien-entendant, peut être troplourde à supporter en permanence.Il peut y avoir aussi chez le bien-entendant un sentiment de frustra-tion, du fait de ne pas être compris(car, pas bien entendu du mal-entendant). Mais ce sentiment defrustration peut entraîner dans lecouple une tendance au repli sur soi.De l’avis général du groupe, lacommunication entre le couplebien-entendant-mal-entendantpasse bien, si l’on respecte les règlesélémentaires citées ci-dessus.Mais le plus important est quel’un et l’autre soit en disponibilitépsychologique d’écoute (commedans tout couple).

S’il y a des problèmes d’agressivitédans le couple, ils ne peuvent pasêtre tous mis sur le dos de la surdité.C’est quelque fois difficile de vivreen couple, la malentendance estune difficulté supplémentaire.Par des exemples concrets, MichèleFleurant nous explique que le con-joint agressif, est une personne quisouffre d’une blessure d’amourpropre, ce que nous pouvons com-prendre, même si nous ne pouvonspas résoudre le problème de l’autre.

À retenir lors d’un éventuelconflit conjugal :L’agressivité de l’autre vient de son mal-être.

❏ Suzy Bassolé

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1/ Dans les cocktails, les cérémonies, ou les pauses café

Richard : je colle mon micro Con-versor sous la bouche de mes inter-locuteurs pour qu’ils n’oublient pasque je suis sourd et pour qu’ils nerelâchent pas leur efforts.

Manuella : C’est une situationpour laquelle les micros convien-nent bien, un petit bémol pour les dames : tenir le sac à main, le micro et le verre… Prévoir unpetit sac à porter en bandoulière.

2/ Quand on marche avec des amis, des collègues dans la rue

Richard : Quand je marche avecun groupe de collègues dans larue, je ne cherche pas à attraperdes bribes de conversation.Je marche loin devant ou derrièrele groupe pour ne pas participer àla conversation et pour que lesgens n’imaginent pas que j’ai toutcompris alors que je n’aurais saisique quelques éléments.Ainsi, une fois arrivés à destination,spontanément ils me font un résu-mé de leur conversation s’ils ontbesoin de mon opinion sur le sujet.

Brice : En ce qui me concerne j’ai ladémarche inverse. Je m’efforce derester dans le groupe mais jepréviens que j’entends mal. Celaévite de passer pour quelqu’un quiaime s’isoler et je marque maprésence. Si un collègue me parle etque je ne comprends pas à cause dubruit je lui dis : « Je n’arrive pas à tecomprendre, nous reprendronscette conversation lorsque le bruitaura cessé. » Dans les balades jepasse le micro directionnel au coud’une personne chargée de merelayer les questions.

Anne-Marie : En balade, jediscute rarement, je marche et regarde le paysage ! J’ai peutêtre une réputation de sauvage !Parfois, je parle avec un seul interlocuteur, placé à magauche.

Manuella : Pour une courte marche,j’arrête mon interlocuteur pour leregarder en face et le comprendre.On rejoint ensuite le groupe etj’explique que je ne peux pasmarcher et écouter, que s’ils jugentque je dois connaître certaines infor-mations, il faut s’arrêter.Sinon, j’accepte de marcher sanscomprendre ce qui s’échangeautour de moi ou je choisis demettre près de mon oreille « lamieux entendante » une personnequi a une voix que je discerne. J’aiarrêté les randonnées en groupe àcause de ce souci.

3/ a) Relations par téléphone,fax, email

Richard : Idéalement, pour lesdémarches administratives oupour mon travail, je traiterais tout par courrier électronique.Malheureusement, les personnesqui ne sont pas sourdes préfèrentgénéralement le téléphone, et nerépondent pas toujours à mesmessages. Quand je téléphone, jene comprends pas toujours lesréponses, surtout quand ellessont compliquées ou quand j’aibesoin qu’on me donne des nomsou des adresses.Aussi, quand je dois téléphoner àune personne dont j’ai aussil’adresse électronique ou lenuméro de téléphone mobile,j’envoie d’abord un courrier ou unSMS, et je l’appelle au téléphonedix minutes plus tard. Quand jel’ai au bout de fil, je lui dis qu’ellevient de recevoir un message demoi, je lui repose mes questionset je lui explique que comme jesuis sourd, je préfère une réponseécrite.

Chacun son trucLe monde de la surdité est vaste. Chaque malentendant à ses propres difficultés.

Les appareils de correction auditifs et les implants, malgré leurs progrès, ont leurs

limites. Mais celle-ci ne doivent pas être un obstacle à une vie sociale normale.

Voici quelques stratégies de compensation, à vous de choisir celles qui vous sont les

mieux adaptées. Vous avez les vôtres, faîtes-les nous connaître.

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Ainsi, j’obtiens généralement uneréponse écrite dans la foulée, car mon interlocuteur n’a pasbesoin de noter mon adresseélectronique ou mon numéro detéléphone mobile. Il n’a qu’àappuyer sur le bouton « répondre ».

Brice : Lorsque j’ai du mal àcomprendre un mot je fais répéteren demandant d’épeler commeles opérateurs radios :Ainsi la rue Laugier devient la rueLouis, Antoine, Ursule, George,Isidore, Écho, Radio. Cela me permetde distinguer les G (Georges) des K(Kilo). Cela permet de lever lesconfusions entre les se (Suzanne) etles fe (Françoise).Pour les chiffres et les numéros detéléphone je les fais épeler à l’améri-caine. Ainsi 77 75 : sept, sept, sept,cinq. Pour lever toute ambiguïté jerépète en belge; septante, septante,septante, cinq. Si on me fixe unrendez vous à deux heures moins lequart, je fais préciser une heure 45.Les correspondants s’y font très vite!

Aline : Ne pouvant téléphoner, jecouple les emails urgents auxquelsje souhaiterais qu’on me réponderapidement d’un SMS : « voir mail ».

Manuella : Nous avons un numérode téléphone unique pour la maisonet la ferme. Après plusieursexpériences désastreuses (je nesavais pas qui avait appelé, ni sic’était un homme, une femme etsurtout, j’avais le sentiment depasser pour une demeurée), nousavons un téléphone spécial sourdavec ampli, et avec écran, sur lequels’affichent le numéro et le nom ducorrespondant qui appelle.Ça a changé mes rapports aveccet outil ! Depuis, je sélectionne !Je me force à répondre à ceux qui connaissent ma situation(famille, amis,…) et les autres ontla possibilité de laisser unmessage sur le répondeur pourmon mari, ou un fax pour moi.Pendant longtemps on a laissél’annonce que j’avais enregistréequand je pouvais téléphoner. Lesinterlocuteurs ne comprenaientpas que je ne réponde plus maisqu’eux, entendaient ma voix.

Maintenant l’annonce est dictéepar mon mari, et mentionnel’entreprise et nos noms.Pour des démarches administra-tives, j’utilise le courriel quandc’est possible ou je me déplace.

3/ b) Messagerie instantanéeAline : Les systèmes de message-rie instantanée, type MSN,permettent d’avoir une conversa-tion, en temps réel, par écrit aumoyen d’un ordinateur.En attendant la mise en place des Centres Relais : http://unisda.org/spip.php?article259C’est ce qui se rapproche le plusdes conversations téléphoniqueset c’est accessible aux sourds.

4/ La radioRichard : Curieusement, jen’entends plus la musique, ou, plusexactement la musique m’estdevenu un bruit désagréable.Heureusement il me restebeaucoup de chansons et demélodies dans la tête que je merepasse sans arrêt (heureusementj’ai un large répertoire !). Je n’utilise donc la radio que pour laparole. Je suis un auditeur assidu deschroniques politiques, des revues depresse et des émissions de FranceInter et France Culture. Le problèmeavec la radio, c’est qu’il n’y a pas desous-titres comme à la télé.

En fait, je n’écoute jamais la radioen direct. Seulement des podcastsque mon ordinateur enregistreautomatiquement et que je trans-fère sur des CD ou des clés USB,ainsi, je peux revenir en arrière etréécouter les passages qui m’ontéchappé.Pour l’écouter en voiture, je metsle volume à tue-tête, et je baissele volume de mes prothèses ou jeles enlève tout simplement.Ainsi la radio couvre largement lebruit du moteur.Dans les embouteillages, mêmevitres fermées, je remarque souventle regard ahuri des autres automo-bilistes, étonnés de voir quelqu’unqui écoute Alain Duhamel ouNicolas Demorand comme d’autresécoutent la musique disco.À la maison, pour ne pas importunerles voisins, et écouter mes podcaststout en faisant la cuisine ou lavaisselle, j’utilise un système microFM qui envoie le son de la radiodirectement dans les prothèses.Problème, je n’entends pas lacocotte minute qui siffle, ni l’évierqui déborde.

Brice : En faisant installer unesortie casque sur la radio de lavoiture et en y branchant soit uneBIM tour de cou, soit un microdirectionnel, il est possibled’écouter la radio ou les CD enposition « T » ou « FM ».

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5/ Cours et conférences :Brice : Dans les salles de conférences ou les amphi sonori-sés je prends contact avec leresponsable de la salle demanière à pouvoir brancher mon micro directionnel directe-ment sur une prise casque del’installation.

Ainsi j’entends par l’intermédiairedu micro directionnel dans unrayon de 20 à 30 mètres.

Manuella : je fais partie d’unatelier d’écriture composé d’unedizaine de personnes que je neconnaissais pas du tout en débutd’année.

J’ai expliqué mes difficultés audépart. Je reste près du respon-sable pour comprendre lesconsignes, et jeter un œil sur sesnotes au besoin.

Je me place de façon à voir lemaximum de personnes et dès la 1re séance, lorsque nous lisons à tour de rôle nos productions, ils m’ont proposé de me déplacercar certains sont tellement émusde se relire qu’ils parlent faible-ment.

Et, si vraiment je ne comprendspas, ils me passent leurs écrits.On plaisante aussi beaucoupautour de ma surdité ensemble !

Ça aussi c’est important. Je leurpropose de leur prêter monattirail quand ils font répéter, oueux, ironisent parce que jecomprends mieux certainsmessieurs que d’autres !

6/ Réunions :Brice : Lors d’une réunion de travail je préviens l’animateurde mon problème et lui demandede veiller à ce qu’une seulepersonne parle à la fois.Ainsi je lui sers de prétextelorsqu’il est débordé et nemaîtrise plus sa réunion, cela luipermet de dire : « Ne parler pastous ensemble sinon Brice nepeut suivre ».

Anne-Marie : Pour une réunion,l’idéal est de mener la séance !Sinon, je me place à côté de l’animateur, si ce n’est paspossible, en face ou pas trop loinsur sa droite.

Je me mets à coté de quelqu’unque je connais et qui prend desnotes lisibles.Je prépare toujours à partir del’ordre du jour et écris lesquestions que je veux poser.

Manuella : J’ai longtemps faitpartie du bureau d’une associa-tion dans ma commune, j’y étaissecrétaire avant de devenirsourde et j’ai continué.Je crois que c’est le bon endroitpour un sourd ! Et, de plus, ceposte est peu recherché !Tout le monde prend soin d’êtrebien compris et les personnesplacées à côté de moi, regardentce que je note pour éviter lesmalentendus.

La présidente prépare sesréunions et me confie l’ordre danslequel, elle va traiter les sujets.Ça se passe bien car il y règne une bonne entente, mais c’esttrès fatigant. Ça demande uneattention soutenue.

7/ À table, en famille, au restaurant…

Aline : Quand on entend mal,choisir sa place au restaurant, ou pour un repas à plusieurs personnes, ne se fait pas au hasard.Personnellement je veille à :• ne pas avoir mes interlocuteurs

en contre-jour (pour pouvoirbien lire sur les lèvres),

• choisir un voisin que je connais bienet qui me tiendra « au courant »,

• le placer du côté de ma« meilleure » oreille,

• ne pas avoir peur d’agacer, dansune certaine mesure, et ne pashésiter à demander souvent derépéter (si on ne demande pas,les gens ne le feront jamais eux-même spontanément etfinalement… on nous oublie),

• prévoir un carnet (ou ardoise)accompagné d’un stylo, et les posersur la table (le petit carnet esttoujours dans mon sac d’ailleurs).

Anne-Marie : Surtout enprésence de gens qui ne meconnaissent pas, je me place aubout de la table, dos à la fenêtresi possible et j’explique pourquoi.C’est moins performant qu’aumilieu pour entendre, mais je voistout le monde et repère siquelqu’un me parle, car j’ai uneoreille appareillée et l’autrecomplètement sourde. Je préviensdonc mon voisin de droite qu’ildoit attirer mon attention avantde me parler. Mais je ne cherchepas à tout comprendre, c’est tropfatigant.

Manuella : pour les repas de fêtes(mariage, etc.) avec musique, jeme mets le plus loin possible de lasource de musique.

Quand on entend mal, choisir sa place

ne se fait pas au hasard

“”

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Quand je commence à me sentirtrès frustrée, que l’ambiancedevient très bruyante, je me lève,vais rechercher la compagnied’autres personnes et les entraî-nent vers le hall, ou un endroit plusau calme, en expliquant pourquoi.

Attention cependant, à ne pas s’ac-crocher à un seul interlocuteur, il fautpenser à varier, pour ne pas lasser.Un autre moyen de faire passer latension qui s’accumule, c’est d’aiderau service, ou à la vaisselle, encuisine quand c’est possible. On n’yest pas seule, et on trouve lemoyen de communiquer et de rire!

8/ L’alphabet dactylologiqueAline : Apprendre la Langue desSignes Française (la LSF) n’est pas àla portée de tous, faute de temps,d’envie ou de moyens (en fait leLSF est une vraie langue, elle n’estni plus facile ni plus difficile àapprendre que n’importe quellelangue étrangère).En revanche la simple connaissancede l’alphabet dactylologique peuts’avérer extrêmement utile pour lesdevenus sourds et malentendants.

Cela fait partie du français signé. Ils’agit d’une simple suite de 26signes, effectués avec une seulemain (droite pour les droitiers,gauche pour les gauchers), chaquesigne correspondant à une lettre del’alphabet. C’est idéal pour épeler unmot sur lequel on bute, un nompropre, un mot « bourré d’invi-sibles », etc. et cela quelque soit lebrouhaha environnant. Cet alphabetest à la porté de tout un chacun : 20minutes suffisent pour l’apprendre(mais je conseille après de le répétertous les jours, du moins au début, caril s’oublie très vite).Personnellement, j’ai demandé àcertains de mes proches enten-dants de l’apprendre et nous l’uti-lisons depuis très couramment. Jel’ai même affiché dans macuisine, en cas de « trou ».L’alphabet dactylologique setrouve un peu partout surInternet, par exemple :http://kik-it.homelinux.org/dactylolotron/ (site sur lequel onpeut aussi s’entraîner).

9/ En familleAnne-Marie : Quand mes enfantsétaient petits, je les observais et remarquais quand ils enten-daient quelque chose, sonnette,téléphone… Ils ont pris très vitel’habitude de me prévenir. Ils ontparlé tôt et bien !

10/ À la caisseManuella : Les grandes surfaces ont souvent des « sonos assour-dissantes » qui ne permettent pasde comprendre les caissières.C’est souvent difficile de commu-niquer en labial, car elles ont leregard fixé sur leur machine(souci de rendement).Bien souvent, il existe des caissesréservées aux handicapés avec unaccès spécial pour les fauteuilsroulants. Il ne faut pas craindre de

s’y rendre si on a des questionsprécises à poser (garantie,échange, etc.) en signalant à lacaissière notre handicap et en luiexpliquant qu’elle doit absolu-ment parler en nous regardant.Elles doivent être moins soumisesaux exigences de rapidité etpeuvent se permettre d’être pluspatientes que leurs collègues.

11/ Petits et grandsagacements

Anne-Marie : Ce qui m’agace le plus : « Oh, t’es pas si sourdeque ça ! »On m’a dit aussi : « Ah, t’essourde, je croyais que tu étaislunatique, à ne pas répondrequand on te parle ! »Ma plus jolie réponse : « Et bien,si tu n’entends pas, c’est pasgrave, on se parlera avec lesyeux. »Manuella : ceux qui s’imaginentqu’on peut tout comprendre enlabial ! Enfin moi je n’y réussispas…

Ils cherchent à ce qu’on ne les quittepas des yeux, et quand on a unmoment de break, ils nous rappel-lent à l’ordre. Certains, dans des réu-nions, des assemblées, pensent queje les regarde et mettent leur maindevant leur bouche… effet désagré-able, comme si j’étais une voyeuse!« Le pire » entendu : « Manuella, jene t’ai pas adressé la parole ce soirparce que j’imagine que ça doit êtredifficile pour toi ». C’était un ami.« Le mieux » entendu : « J’ai appréciénotre conversation, j’ai fini par oublierque tu étais sourde et qu’il me fallaitparfois répéter et te regarder enparlant. » C’est devenu un ami!

❏ Anne-Marie Choupin,Richard Darbéra, Annie Ducasse,

Manuella Lefèvre, Brice Meyer-Heine

T’es sourde, je croyais que tu étais

lunatique“

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Témoignage

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Patrick Décurey : Bonjour Jérôme,les lecteurs de La Caravelle teconnaissent déjà, puisqu’ils onteu l’occasion de lire le récit de toncombat contre la surdité, publiédans le numéro de juin 2008.Depuis, nous avons appris que tuavais décidé de recourir àl’implantation.

Tout d’abord qui t’a conseillé ?Comment ? Est-ce que tu as été correctement informé desrisques de l’opération et desespérances d’améliorationqu’elles t’apporteraient ?

Jérôme Sauliere : J’ai étéimplanté fin juillet 2008 et activédébut août. C’est moi qui ai pris ladécision. J’étais devenu complète-ment sourd et je n’étais plusappareillable : c’était pour moi laseule issue possible.Depuis octobre 2007, j’étaisatteint de surdité. En quelquesmois cette surdité s’est aggravée,toujours par crises, qui duraientde quelques heures à quelquesjours : d’abord légère, elle estdevenue sévère, et finalement,en quelques heures, profonde. Jesuivais les cours de lecturelabiale, non seulement ceux del’ARDDS rue Alexandre Dumas,mais je parvenais à cumuler 10heures par semaine de coursd’orthophonie ; j’avais alors assezde temps, j’étais très motivé,encouragé par mon entourage quiétait mis à contribution. Monorthophoniste m’a présenté dejeunes enfants de 3 ou 4 ans quiavaient été implantés, et m’asouvent parlé de l’implantation,certaine que ce serait pour moi àcourt ou moyen terme un passageobligé. J’ai aussi eu l’occasiond’écouter et de lire des témoi-gnages, sur le site :http://www.cisic.fr/temoignages

Certains étaient très enthousias-mants, d’autres plus modérés ; laplupart étaient très satisfaits ; tousétaient émouvants à leur façon.L’équipe médicale ne m’a jamaisrien caché ; je n’ai qu’un reprocheà leur faire : on m’avait assuré queje pourrais choisir la marque del’implant, j’avais donc fait uneimportante recherche person-nelle, mais finalement, lematériel m’a été imposé parl’équipe de l’hôpital.J’ai aujourd’hui l’impression que les différentes marques (unefrançaise, une américaine et uneaustralienne) se valent ; leursmodèles ont tous des perfor-mances similaires. En définitive,c’est le cerveau humain qui est lefacteur limitant dans la rééduca-tion post-implantatoire : suivantl’âge du patient, le suivi ortho-phonique, la durée de la surditétotale…

P. D. : Donc, tu étais prêt pourl’intervention. Comment s’estpassée l’hospitalisation ?

J. S. : Tout s’est bien déroulé, jen’ai pratiquement pas souffert,mis à part quelques acouphènes,je suis resté 5 jours à hôpital ;bien sûr on n’entend absolumentrien à la sortie, tant que l’implantn’est pas activé.

P. D. : Et ensuite ? Il y a eu lesdifférents réglages et tu esparti en vacances ?

J. S. : J’ai fait un voyage en Irlandeet au retour, après deux mois decours, j’ai démarré un stage quidoit durer un an dans une grandeentreprise privée. Pour lapremière fois, j’ai plongé dans ununivers professionnel extrême-ment dur sur le plan des horaireset de la charge de travail ;

l’horaire minimum d’une journéede travail est de 9h à 19h,certains restent jusqu’à 23h, jeressens une fatigue extrême carje suis continuellement dans unmilieu bruyant, dans un bureau àtrois, je ne peux pas non pluséchapper à la cantine et à lapause-café où je suis censéapprendre beaucoup sur la culturede l’entreprise.Autre problème qui a des consé-quences directes : je necomprends rien aux visioconfé-rences et aux conférencestéléphoniques ; je suppose qu’àterme il me faudra une transcrip-tion écrite.J’aimerais en parler mais leresponsable du service ne peutpas comprendre puisque macompréhension est parfaite entête à tête, et elle est trèsvariable lorsqu’on passe à ungroupe de 3 ou 4 personnes : toutdépend des voix, du débit, et demon stress.L’implant cochléaire ne règle pas le problème de l’effet cocktail.

P. D. : Tu devrais pouvoirdemander un aménagement de bureau, dans les limites duraisonnable. Il n’y a aucuneraison que tu travailles 10heures par jour, tu as d’ailleursdroit à des congés supplémen-taires. Enfin, tu peux demanderun assistant à ton école, qui asigné la convention de stage.

J. S. : Le problème est que je suisstagiaire, et les stagiaires n’ontaucun droit !On estime (et à juste titre) qu’ilsdoivent déjà être reconnaissants àl’entreprise qui les accueille :comment voulez-vous qu’ils osentdemander un aménagement deposte ?Et qui paierait ?

The star patient« Le Patient modèle », surnom donné par les médecins aux patients implantés chanceux

qui, dès les premiers temps d’activation, montrent de bons résultats en compréhension.

Interview de Jérôme Sauliere, élève ingénieur polytechnicien en 3e année.

Par Patrick Décurey, responsable du Pôle activités de l’ARDDS

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Témoignage

Mars 2009

P. D. : Voilà qui doit faire l’objet d’une question écrite à un parlementaire au gouverne-ment, nous allons nous enoccuper. Est-ce que tu t’es faitreconnaître Travailleur Handicapé?

J. S. : Je crois avoir fait une erreur, j’aicoché la case demande de carted’invalidité mais pas celle de recon-naissance de T.H. Il faut que jereprenne mon dossier. Quoi qu’il ensoit, je ne suis pas employé maisstagiaire. J’ai parlé très vaguementde mon handicap auditif à l’entretien,j’ignore dans quelle mesure celaaurait pu jouer en ma défaveur.

P. D. : Pour conclure cette inter-view : est ce que tu conseilleraisl’implantation à ton meilleur ami?

J. S. : Je ne regrette pas un seulinstant l’implantation. Néanmoins, jene pense pas pouvoir la recomman-der ex abrupto à toute personnesourde. L’implantation est une déci-sion lourde de conséquences (même

si la plupart de ces conséquencess’avèrent positives) et dont on nepeut faire la publicité comme on leferait du dernier gadget à la mode.Le bénéfice que tirera unepersonne de l’implant me semblecorrélé à 3 points essentiels :• La durée de la surdité totale : c’est

un facteur important, selon les ORL.Une personne qui s’est déshabituéed’entendre pendant plusieursannées mettra plus de temps àréapprendre les sons et à retrouverl’intelligibilité des voix humaines.

• Ensuite, la plasticité cérébralejoue un rôle central. On apprendplus facilement une languevivante quand on est jeune et/ouvif d’esprit. À beaucoup d’égards,la rééducation après l’implanta-tion ressemble à l’acquisitiond’une nouvelle langue vivante. Il s’agit de réapprendre lelangage des sons d’abord, et puissa propre langue. C’est aussi ce qui en fait un processuspassionnant, et très stimulantintellectuellement.

• Vous direz que c’est une obsessionchez moi, mais un troisième etdernier point me semble être lamotivation et l’assiduité de larééducation orthophonique. Unepersonne motivée, qui consacre dutemps et de l’énergie à la rééduca-tion (orthophoniste, mais aussiexercices à la maison), sans se mettre toutefois dans des situa-tions trop difficiles et découra-geantes, aura de meilleurs résultatsqu’une personne qui « laisse faire ».

En résumé, si un devenu sourd (le cas des sourds de naissance estdifférent) me demande de but enblanc s’il a intérêt à se faire implan-ter, je lui répondrai : presque sûre-ment, oui, pourvu qu’il s’engage àne jamais se décourager.Car tôt ou tard, sans aucun doute,des résultats viendront.Et il y a tant de choses à redécouvrir,et le monde est si plein de sons…

❏ Interview de Jérôme Saulierepar Patrick Décurey

Les implantés n’avaient initialementrien à payer mais, par la suite, ilsdevaient régler de leur poche lesfrais de réparation de la partieexterne, les frais de remplacementdes accessoires (cordons, antenne…)ainsi que les frais de piles et debatteries. En outre rien n’était prévupour le renouvellement complet de la partie interne, ni pour celui du processeur externe.Ce que nous attendions est enfinarrivé : par un arrêté, daté du 2 mars, les implants sont mainte-nant inscrits sur la liste des produits et prestationsremboursables (LPPR).

Au départ rien ne changera pour lespersonnes qui se feront implanterdans les hôpitaux habilités : l’opéra-tion chirurgicale, l’appareil interne etexterne, les réglages, resterontgratuits. C’est par la suite que l’arrêtéapporte du nouveau. Dorénavant,les réparations du processeur, leremplacement des accessoires, lafourniture des piles et batteries, leschargeurs de batteries, serontremboursables par forfaits annuels,sur présentation d’une prescriptionet d’une facture.En outre, le remplacement de lapartie interne sera entièrement prisen charge à l’issue de la période

de garantie obligatoire de 10 ans etle renouvellement de la partieexterne sera entièrement pris encharge au-delà de la période degarantie obligatoire de 5 ans.Par ailleurs, l’arrêté définit avecprécision la composition deséquipes d’implantation, de façon àaméliorer la qualité des soins.Nous ne connaissons pas encoreles montants exact des forfaitsannuels mais nous pouvons dèsmaintenant affirmer que cenouveau système est un progrèspar rapport au précédent.

❏ René Cottin

Du nouveau dans le finan-cement des implantsRappelons que les implants cochléaires et les implants du tronc cérébral étaient,

jusqu’à présent, pris en charge par un fond spécial, dit « d’innovation ».

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Témoignage

Mars 2009 186 | La Caravelle | 15

Le temps passe et notre psycho-logue est de plus en plus déçuede son appareillage : sa viesociale et sa communication avecautrui ne s’améliorent guère. Pourune psychologue, c’est vexant.Alors elle décide de consulter unéminent ORL. Elle le voit unepremière fois pleine d’espérance. Illui fait passer par sa techniciennedes audiogrammes avec et sansappareillage afin d’évaluer le degréd’amélioration de l’appareillage.Une fois retournée en salled’attente, sur le conseil de la techni-cienne qui ne lui a donné aucunrésultat, elle attend le médecin pourconnaître son verdict.Notre psychologue attend, attend :elle n’est jamais appelée. Elle s’enétonne et va voir la secrétaire.Voici leurs échanges :« Mais il est parti le professeur »Notre psychologue est stupéfaite« Mais je ne l’ai pas revu. Je ne con-nais pas les résultats des examens »« On vous les enverra »« Mais je lui ai remis tout mondossier et j’en ai besoin »« Vous n’en avez plus besoin »« Mai si. Je ne l’ai pas en double.Puis-je le récupérer ? »« Il est à l’étage, je ne peux pasmonter maintenant »Et notre psychologue re-attendtoute la matinée sans récupérerson dossier.

L’aspect relationnel « patients-soignants » était une préoccupa-tion majeure de notrepsychologue du temps de sapériode professionnelle active.Cette préoccupation l’est restéemais cette fois-ci c’est elle mêmequi se trouve de l’autre côté de labarrière : celui du patient !

Elle décide de demander undeuxième rendez vous pour avoir,enfin, les résultats et un véritableentretien où elle pourrait poser lesquestions qui la tracassent. Lors decette nouvelle consultation, l’émi-nent professeur, sans doute avertipar sa secrétaire, est charmant etpropose un nouveau réglage. Il écritune lettre en ce sens à l’audiopro-thésiste puis convie sa patiente à lerevoir une troisième fois, la modifi-cation faite pour la tester.

En sortant de l’hôpital notrepsychologue était joyeuse. Ainsi, ilsuffisait d’être soi-même nonagressif et compréhensif, tout enayant le courage d’exposer posé-ment les raisons de son méconten-tement pour que nos relations« soignants- soignés » s’améliorent.

Une fois les modifications faites parl’audioprothésiste (qui était plus oumoins content) notre psychologueretourne à l’hôpital pour unetroisième consultation.Cette troisième consultation dura unéclair, le temps de prescrire à nouveaudes audiogrammes (avec et sansappareils) pour tester les améliora-tions éventuelles de l’appareillage.Longue attente pour les audio-grammes. Aucun échange avec latechnicienne qui ne lui donne aucunrésultat et fut muette. Nouvelleattente en salle d’attente. Notrepsychologue attend, attend, pluspersonne, plus de secrétaire. Tout àcoup le professeur passe en coup devent, la voit et tout en continuant àmarcher lui dit qu’il va écrire àl’audioprothésiste pour lui deman-der d’essayer encore, car il y avaitpeu de changement.Et il continue son chemin.

Notre psychologue est déçue. Va-t-onlui écrire à elle aussi? Aura-t-elle lesrésultats de ces nouveaux audio-grammes? Elle attend, chez elle, uncourrier. Rien. Au bout d’un mois etdemi elle téléphone à nouveau ausecrétariat. Cette dernière lui prometde lui envoyer la copie du courrierenvoyé à l’audioprothésiste par leprofesseur. Mais les photocopiesn’étaient pas les bonnes. Retéléphone, re réclamations et toutcela sans explication du professeur.Pour couronner le tout, l’audioprothé-siste l’a abandonnée. Sans doute fut-il déçu que ses réglages ne furentpas jugés performants.

Notre psychologue a tiré les con-clusions suivantes de cette expé-rience qui a duré quatre mois :• Les relations soignants-soignés-

administrations demanderaient uneétude plus approfondie pour qu’elless’améliorent en mettant le doigt surl’essentiel dans toute relation : l’infor-mation, l’écoute, le respect des unset des autres et le souci de créer unréseau d’informations entre tous lesacteurs partenaires de cette relation

• La haute technicité qui caracté-rise maintenant le mondemédical et paramédical ne doitpas être une justification del’abandon ou d’un laisser pourcompte de la relation humaine,qui doit rester primordiale.

• La collaboration entre les malen-tendants, l’ORL, et l’audioprothé-siste doit être plus étroite. Lesmalentendants ont non seulementbesoin d’entendre mieux mais aussid’être écoutés pour que leur casparticulier soit pris en compte.

Et vous qu’en pensez vous ?

❏ Nicole Martin Rouge

Cela arrive…

même aux psychologuesIl était une fois une psychologue retraitée et d’un certain âge. Malvoyante et entendant

de plus en plus mal elle consulte un ORL qui la fait appareiller des deux oreilles.

Très vite elle constate que ses appareils ne la satisfont pas. Elle s’en ouvre à son

audioprothésiste qui tente de la persuader que c’est une question de temps et

d’adaptation et non pas d’appareils.

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16 | La Caravelle | 186 Mars 2009

Technique

Cet appareil est destiné aux surditéssévères, c’est un contour à compres-sion fréquentielle, un système quipermet d’optimiser le travail desfréquences encore opérationnellesdans l’oreille interne.J’ai 4 programmes : le programme1 qui restitue tous les bruits, le 2pour les conversations en groupe,le 3 pour filtrer les bruits de larue, les transports en commun oula voiture et le 4 pour la boucle àinduction. Mais d’autres combinai-sons sont possibles.

Toutes les fréquences peuventêtre réglées avec précision, j’aieffectué plusieurs réglages, maisdès le début j’ai tout de suitecompris plus clairement lesparoles.

Il a fallu évidemment procéder àun nouveau moulage de monconduit auditif ce que j’appréhen-dai un peu car d’habitude il fautque je revienne plusieurs foispour des adaptations.

Cette fois l’audioprothésiste m’aexpliqué qu’on allait procéderdifféremment : l’embout seraitréalisé avec l’aide d’une technolo-gie laser (cliché en 3D du volumedu conduit auditif de l’empreinte,puis utilisation d’un laser poly-mérisant pour la fabricationproprement dite de l’emboutauriculaire) : stupéfaction !

Dès le premier essail’embout s’adaptaitparfaitement ce qui

constitue un vrai plus.

En outre, pour l’écoute dutéléphone et de la télévision, il

m’a parlé d’un élément optionnelet complémentaire, l’ICom, quiest un accessoire Bluetooth sansfil et mains libres.

Il s’agit d’un collier très léger avecun pavé qui se connecte parsimple pression aux téléphonesmobiles ; avec un accessoiresupplémentaire, le Jabra A 120S,on peut se connecter aux MP3, ouà la télévision. Le coût pourl’ensemble est de 200 euros.

L’audioprothésiste enregistre lesréglages de l’Icom sur mon appareil,ensuite il reste à apairer (connecter)l’Icom au téléphone et/ou le MP3 etle téléviseur au Jabra.

Après quelques tâtonnements toutfonctionne, c’est un vrai plaisir detéléphoner car j’entends parfaite-ment sans les bruits extérieurs etpour la musique ou la télévisionc’est très confortable puisque je negêne personne, mon entouragepeut écouter la télévision avec ousans casque, il me suffit de réglerl’intensité avec mon appareil auditif.

Chaque fois que je sors, jeconnecte l’Icom à mon téléphone,la réception est très nette pourmoi mais peut être perturbée parles bruits ambiants pour moninterlocuteur.

À chaque appel il faut que jepense à dégager l’Icom qui sertde micro relais ! je n’ai plus deproblème pour chercher montéléphone avec le risque deperdre la communication.

J’ai testé le Jabra avec un MP3 pasde problème la connexion se faitautomatiquement et l’écoute estagréable.

Avec la télévision c’est très netégalement, j’ai essayé de meconnecter sur plusieurs appareils, làaussi la connexion se fait automati-quement. Je peux régler le sondirectement avec mon appareilauditif. Par contre, j’ai rencontré desproblèmes de branchement surcertains téléviseurs pour l’adaptateurpéritel de prise télé, il n’y a as assezde place pour l’adaptateur, c’est unpoint à vérifier. Le collier me paraitassez résistant et pas trop gênant.

Pour l’instant je n’ai pas encorerelevé d’inconvénients majeurs, si cen’est de penser à recharger l’ICom…

Je pense qu’il existe d’autresaccessoires mais pour l’ins-tant le besoin ne s’en fait pas ressentir.

❏ Béatrice Velay

Le Naida de PhonakJe viens de changer d’appareil auditif (le précédent datait de 7 ans et je commençais à

être gênée pour la compréhension). Après discussion avec mon audioprothésiste

(Amplifon) j’ai fait un essai avec un Phonak : le Naida V UP, c’est un appareil très

récent dont le coût est d’environ 2 000 euros.

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Culture

Mars 2009

Kilina Crémona, est une danseuse,chorégraphe, pédagogue profes-sionnelle depuis 1968.

Figure marquante de la dansecontemporaine, personnalité recon-nue de par son parcours et sontravail, elle poursuit une carrièreinternationale, aux États-Unis, enFrance, dans les pays de l’Est et enAsie. Elle a créé plus de trentepièces chorégraphiques et remportéde nombreux prix et distinctions aucours de sa carrière.Kilina Crémona est devenue sourdeen 2000, et crée l’année suivante lesAteliers Desmaé. Elle décide de met-tre au point une pédagogie spécifi-que pour les sourds. Kilina Crémona adansé, travaillé, et enseigné à traversle monde, avec les plus grands maîtresde la danse. Déjà bien avant de décou-vrir la surdité, elle défendait l’idéeque la capacité de danser est indé-pendante de la perception auditive.Durant toute sa carrière de chorégraphe,elle a présenté de nombreuseschorégraphies sans musique etpeut donc affirmer qu’il n’y a pasbesoin de musique pour danser.Depuis 2002, les AteliersDesmaé interviennent auprès defoyers, instituts de sourds, classesmixtes (sourds-entendants), éta-blissements scolaires, pour desateliers de pratique artistique, des stages ou des conférencespour faire découvrir la danse.

Nous suscitonset accompagnons

l’éclosion de nouvellesinitiatives en France pour

l’intégration des sourds dans lesmilieux culturels comme par exemplel’ouverture de classes destinées auxpersonnes sourdes dans des conser-vatoires de musique et de danse. En6 ans, plus de 600 personnes sour-des ont bénéficié de nos activités.Les Ateliers Desmaé créent enmoyenne un spectacle par an, met-tant le plus souvent en scène desdanseurs sourds formés profession-nellement par la compagnie. Cescréations sont présentées dans toutela France et notamment à la Bien-nale de la danse de Lyon en 2006.

Structure innovante, elle est enplein prospection pour sonnouveau spectacle « Traces », un duo de danseurs sourds,création unique en France etvéritable emblème de notre voca-tion de pont entre danse et surdité.Les AteliersD e s m a édisposentégalementd’un

studiode danse équipé

d’un plancher dedanse professionnel.

Ce plancher a été transformé en planchervibrant, installation inno-vante et unique en France,pour faciliter l’apprentissagedu rythme pour lespersonnes sourdes.

Notre objectif est de développerl’accessibilité des sourds auxnotions de rythmes et de mélodiesgrâce à nos recherches techniques.Notre plancher vibrant est un outilemblématique et concret de notreposition de passerelle entre danse etsurdité. Pour les sourds, pratiquer ladanse apporte un équilibre et unépanouissement physique et mental.La danse améliore l’équilibre,l’endurance musculaire, l’appré-hension de l’espace. La danse estun facteur d’intégration.Elle permet de coopérer et decréer des liens d’amitié entre les élèves sourds et entendants et de faciliter une ouverture sur lemonde extérieur.La danse est également un autrevecteur d’expression. Elle facilitel’expression par une communica-tion non verbale et universelle.

❏ Les Ateliers Desmaé21, place Tolozan

69001 LyonTél./Fax : 04 78 27 32 49

[email protected]

www.dailymotion.com/ateliersdesmae

Danse et surditéLes Ateliers Desmaé sont une compagnie de danse lyonnaise, fondée par Kilina Crémona en

2001, dont les activités s’articulent autour de 3 pôles : la création de spectacles, la formation

et l’enseignement et la médiation.

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Culture

Mars 200918 | La Caravelle | 186

Fantasio, d’Alfred de MussetMis en scène à la Comédie Française par Denis Podalydès.

Comme il n’y a pas eu de projectionde film sous-titré à Paris depuisquelques mois, une fois n’est pascoutume, c’est d’une pièce dethéâtre dont nous allons vous parler.Il s’agit de Fantasio d’Alfred de Mussetprésenté à la Comédie Française, quenous avons eu l’occasion de voir le 11janvier 2009 dans le cadre d’une sortieorganisée par la section parisienne del’ARDDS. Grâce aux boîtiers individuelsde sous-titrage, mis à notre dispositionpar l’association Accès-culture, la pièceétait rendue parfaitement accessibleaux sourds et malentendants.Le metteur en scène, Denis Poda-lydés, avait connu en 2006 un succèssans précédent avec Cyrano de Ber-gerac d’Edmond Rostand. Il récidivedeux ans plus tard avec Fantasiodans une mise en scène fourmillantd’idées et de trouvailles scéniques,certaines ne se justifiant pas toujourscomplètement d’ailleurs, comme parexemple le choix d’avoir confié lerôle titre à une femme, Cécile Brune,mais après tout pourquoi pas?

Fantasio, jeune homme cynique,insouciant en apparence, est rongépar le mal de vivre. Son détachementl’empêche de s’impliquer réellementdans l’action. Il traîne son ennuiexistentiel et préfère s’enivrer tout lejour afin de supporter son existencede petit-bourgeois criblé de dettes.Fantasio cherche une sorte degrande action à accomplir. Celle-cise présente à lui le jour où l’onprépare le mariage de la fille du roide Bavière. Une mort « oppor-tune », celle de Saint-Jean, va luipermettre d’endosser le costume debouffon et de s’introduire à la cour.Il tentera sous ce masque deconvaincre la belle princesseElsbeth, tiraillée entre son devoir etl’obéissance filiale, d’une part, et sonrejet du prétendant qu’est le princede Mantoue, crétin repoussant,d’autre part, d’écouter son cœur.Le dit prince sera également tentéde dissimuler son identité entroquant son habit avec celui de sonaide de camp, Marinoni, afind’approcher subrepticement l’inti-mité d’Elsbeth et mesurer sespenchants. À ce jeu de cache-cache,Fantasio gagnera, fera échouer leprince dans ce mariage extravagantet évitera ainsi le sacrifice d’Elsbeth.La guerre est déclarée entre les deuxpays mais la princesse est sauvée.

Le cadre se situe à Munich mais lesallusions à Louis-Philippe, « le roi-bourgeois », et à la princesse Louisede France, sa fille, qui avait sacrifiéses sentiments à la raison d’étatpour épouser le 9 août 1832 le roiLéopold Ier de Belgique, font qu’onpourrait bien être à Paris, ou ailleurs.Au XIXe ou aujourd’hui.La pièce est pleine de vitalité etd’énergie, et séduit, même sil’intrigue est finalement assez mince.Ce qui nous est proposé est trèsagréable à l’œil, comme ce jolimanège, un carrousel brinquebalantet parfois endiablé qui prône aumilieu de la scène et qui symbolisetout au long de la pièce les senti-ments virevoltants des personnagesou comme les magnifiquescostumes créés par Christian Lacroixet librement inspirés du XIXe siècle.Les comédiens, comme c’est géné-ralement le cas à la Comédie Fran-çaise, ont une diction parfaite et semontrent capables de dire le texteavec aisance et intelligence.Certains malentendants, placésaux premier rang grâce à labienveillance de nos organisa-trices, ont même pu comprendreune bonne partie des textes tantils étaient énoncés avec clarté.

❏ Aline Ducasse

L’orchestre des doigtsJe vous parlerai de Manga cette fois-ci !

C’est une bande dessinée japonaisequi se lit de droite à gauche!En général, je n’aime pas… pas la BDmais la lecture de droite à gauche!Je vous recommande cependant les4 volumes de l’Orchestre des doigtsde Osamu Yamamoto. Cette histoirese déroule au Japon entre 1913 et1958, ce qui m’a permis d’apprendrebeaucoup de choses sur ce pays, àcette époque. J’ignorais vraiment cespages d’histoire souvent dramatiques!

C’est la vie et l’engagement deKiyoshi Takahashi auprès d’enfantssourds de naissance. Son rêve per-sonnel était de devenir musicien; Il n’a pas pu le réaliser et a consacrésa vie à l’éducation d’enfants sourds,les ouvrant à la communication grâceà la langue des signes qu’il leurapporte comme la musique qu’ilsn’entendront jamais. Il disait : « Quemes doigts engendrent la musiquedans le cœur de ces enfants ».

C e t t esérie m’a

passionnée…

Il fallait bien tout ça pour me convain-cre de commencer un livre par la fin!

❏ Anne-Marie Choupin

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Brève

Brè

vesjouer au golf rend-il sourd?

Une étude publiée en décembre dernier par des ORL et des audiologistes de l’hôpital

de Norfolk et Norwich en Grande Bretagne dévoile que les golfeurs utilisant les

nouveaux clubs en titane exposent dangereusement leurs oreilles au bruit.

En effet, le bruit métalliqueproduit par le club quand il touchela balle peut atteindre 130décibels, niveau pouvant créer desdommages temporaires oupermanents sur l’oreille internedes personnes fragiles.Un cas de perte auditive liée augolf a déjà été constaté sur unhomme de 55 ans.Ce dernier jouait au golf trois foispar semaine depuis 18 mois.

Il utilisait des fers en titane qui,en tapant la balle, produisaientselon lui un son « comme un coupde pistolet ».

Souffrant d’acouphènes et d’unelégère surdité sur l’oreille droite (il est droitier), l’homme aconsulté pour apprendre que les

symptômes dont il souffraitétaient typiques d’une surditéneurosensorielle liée au bruit etdonc ici liés à son hobby. Il a rendusa carte de membre !

D’autres études sont en cours pourdéterminer quel est l’impact exactde ces fers de nouvelle générationsur les golfeurs. « Ouvrez grandvos oreilles et concentrez-voussur le bruit de l’impact. Ainsi vousoubliez votre corps et vous tapezbien votre balle ! ».

Voilà un conseil que les golfeursdébutants entendent régulièrement.Un conseil qui pourrait donc s’avérer dangereux… et inutileune fois que les boules Quièsferont partie de la panoplie detout bon golfeur !

Buchanan M. A., Wilkinson J. M.,Fitzgerald J. E., Prinsley P. R.(2008).

Is golf bad for your hearing?,British Medical Journal, 337 :a2835

❏ Émilie ErnstOrthophoniste

Docteur en Psychologie [email protected]

Astuces techniquesBien souvent des lieux publics ont été sonorisés en oubliant de les rendre accessibles

aux malentendants. Une boucle magnétique qui tient dans une poche ou un

dédoubleur de prise casque peuvent être une solution.

Boucle d’inductionmagnétique tour de cou

Les musées et salles de réunionsont souvent équipées d’unesonorisation avec micro individuel

pour faciliter l’écoute despersonnes ayant une audition« normale ». Les malentendantssont oubliés.

Une boucle d’induction magné-tique « tour de cou » permet,malgré tout, dans certaines situa-tions, de bénéficier de l’écoute enposition « T ».

En effet il est possible debrancher cette prise « tour decou » dans la prise casque du« micro haut parleur » placédevant soi. Dans les muséeséquipées de matériel HF pourpersonnes « entendantes » ilsuffit de remplacer les écouteurspar la boucle « tour de cou ».

Dédoubleur de prise casque

Dans toute salle sonorisée (sallede conférence, salle de cours defacultés…) le micro directionnelHF peut être branché directementsur un sortie casque de l’amplifi-cateur et permet ainsi une écouteen position « HF » dans un rayond’environ 30 mètres.Mais bien souvent cette sortiecasque est déjà utilisée par letechnicien chargé de la sonorisa-tion. Dans ce cas il suffit d’utiliser unconnecteur permettant de dédou-bler la sortie. Ce type de connexionse trouve dans tous magasin dematériel audio type FNAC.

❏ Brice Meyer-Heine

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Règlement par chèque postal ou bancaire à l’ordre de l’ARDDS.

75 ARDDS nationaleSiège et section parisienneResponsable : Aline Ducasse

La Maison des Associations du XXe

1-3, rue Frédérick Lemaître75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

www.ardds.org

ARDDS 02 - AisneResponsable : Marie-France Bentz

37, rue des Chesneaux02400 Château-ThierryTél. : 03 20 69 02 [email protected]

Permanences :2e et 4e lundis du mois de 14h à 16hau 11bis, rue de Fère à Château-Thierry1er et 3e jeudis du mois de 14h à 16hPavillon 2, hôpital de Villiers-St-Denis

ARDDS 38 – AlpesResponsable :

Anne-Marie Choupin29, rue des Mûriers

38180 SeyssinsPermanences :

1er lundi du mois de 17 heuresà 18h30 à l’URAPEDA, 5, placeHubert-Dubedout à Grenoble

3e lundi du mois de 14h30 à 16h30Espace Mutualité,

33bis, rue Joseph Chanrion38000 Grenoble

Renseignements :Tél. : 04 76 49 79 [email protected]

ARDDS 44Loire – Atlantique

Responsable : Huguette Le Corre4, place des Alouettes

44240 La Chapelle-sur-ErdreFax : 02 40 93 51 09

AccueilRéunion amicale le 2e samedi

du mois, de 15 heures à 17h30

ARDDS 46 - LotResponsable :

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46000 [email protected]

ARDDS 56Bretagne – Vannes

Responsable : Pierre Carré106, avenue du 4-Août-1944

56000 VannesTél./Fax : 02 97 42 72 17

AccueilRéunion amicale le mardi

dès 17 heuresMaison des Associations

6, rue de la Tannerie56000 Vannes

Lecture labiale et conservation de la voixMardi à partir de 17 heuresMaison des Associations

6, rue de la Tannerie56000 Vannes

Lundi à 15 heures, salle ArgoatMaison-Mère des Frères

56800 Ploërmel

ARDDS 57Moselle – Bouzonville

Responsable : Gustave DodellerBP25

57320 BouzonvilleTél. : 03 87 78 23 [email protected]éunion amicale

le 1er lundi du mois à 17h154, avenue de la gare57320 Bouzonville

ARDDS 64Pyrénées

Responsable : René CottinMaison des Sourds66, rue Montpensier

64000 PauTél./fax : 05 59 81 87 41

Réunions, cours de lecture labialeet cours d’informatique

hebdomadaires

ARDDS 85Vendée

Responsable : Michel Giraudeau4, rue des Mouettes85340 Île d’Olonne

Tél./fax : 02 51 32 11 [email protected]

75 ARDDS 75Accueil

Jeudi de 14 à 18 heures (hors vacances scolaires zone C)1-3, rue Frédérick Lemaître

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Jeudi de 14 à 16 heures(hors vacances scolaires zone C)1-3, rue Frédérick Lemaître

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www.ardds.org

Et n’oubliez pas de venir sur le site de l’ARDDS : www.ardds.org

informations sur l’actualité du monde sourd

et sur la vie de l’ARDDS.

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