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C aravelle La Vie associative : Coopération entre sourds Vie associative : Coopération entre sourds La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds n° 181 | Décembre 2007 | 8 euros Dossier Lecture labiale Culture : Les fantômes de Goya Culture : Les fantômes de Goya

La Caravelle - ardds.org · SIEMENS ACURIS SM ayant servi trois mois. Contact : [email protected] Tél. : 02 32 49 47 32 À chacun sa Caravelle Brèves Courrier des lecteurs

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CaravelleLa

Vie associative :

Coopération

entre sourds

Vie associative :

Coopération

entre sourds

La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds

n° 181 | Décembre 2007 | 8 euros

Dossier

Lecture labiale

Culture :

Les fantômes

de Goya

Culture :

Les fantômes

de Goya

À propos de l’article« Le congrès mondial dessourds » publié dans le n° 180Suite à l’article de R. Cottin je voudraisdire que le problème de la langue esttoujours très passionnel. Et même sila langue des signes a uneimportance très grande, il reste quela langue commune en France c’est…le français. Et il est fâcheux quel’UNISDA reste très critique vis-à-visde l’implant cochléaire, car lesparents choisissent forcément ce quioffre les meilleures chancesd’éducation pour leur enfant et ils ontaccès à de nombreux témoignagesvia Internet. Ces sujets sont tellementpassionnels qu’il est préférable delaisser les associations de parentsd’enfants sourds débattre de toutcela. Faut-il mettre un aidant derrièrechaque enfant sourd ou derrièrechaque adulte devenu sourd? Je croisque c’est irréaliste car la bonnevolonté ne suffit pas et lacompétence se paie cher! Sauf pourquelques rares cas où l’aide humaineest incontournable il reste que c’est la recherche et la technologie quipeuvent permettre au sourd oudevenu-sourd de se débrouiller seul.Nous avons besoin :1) de progrès de la médecine pour

stopper les surdités évolutives oumieux traiter certaines surdités del’enfance.

2) d’appareils auditifs efficaces,facilement réglables et à des prixabordables (quasi jetables commeles téléphones portables)!

3) d’implantations cochléairesperformantes. C’est une inventioninattendue et incroyable, elle doitencore progresser.

4) de systèmes automatiques detranscription de la parole utili-sables au niveau collectif commeindividuel (téléphonie mobile).

Malheureusement ces 4 points nesont les premières priorités ni du BUCODES ni de l’UNISDA.Souhaitons-nous de l’énergie

et de l’audace, y compris en créantde nouvelles structures, poursoutenir ces priorités etaccompagner les progrès de lascience pour le bénéfice de tous.

❏ Jacques SchlosserIngénieur, implanté cochléaire

en 2005, ancien président de Surdi13 (1997-2007)

http://parole.loria.fr/livreParole

La rédactionLes propos tenus dans notre courrierdes lecteurs n'engagent que leursauteurs. La lettre de notre amiJacques Schlosser contient des appré-ciations critiques que certainespersonnes trouveront infondées.Nous avons tenu cependant à lapublier parce qu'elle apporte deséléments de réflexion importants et que nous sommes très attachés àla liberté d'expression. Nous réser-vons un droit de réponse dans leprochain numéro de La Caravelle.

Dysfonctionnements de boucles magnétiquessignalés par nos adhérents

Réponse à une lettre de Suzy Bassolésignalant un mauvais fonctionne-ment de la BIM et demandant la poursuite du sous titrage desconférences philosophiques.

Bibliothèque nationale de FranceUn grand merci pour votremessage. Pour ce qui est dudysfonctionnement de la bouclemagnétique du grand auditorium,la commande de l'audit vient d'êtrepassée. Il devrait avoir lieu ennovembre. Nous attendons lesconclusions de la société avecimpatience. Quant à la poursuitedes conférences surtitrées et inter-prétées en LSF, le dossier a officiel-lement été adressé à la FondationOrange. Nous sommes égalementen attente de leur réponse qui seraprobablement positive. Notredemande porte sur le cycle Philo-sophie ainsi que sur le cycleHistoire (première conférence enjanvier).

❏ Carole RouxMission handicap

Appareil de correction auditived’occasionSuite décès, particulier vendensemble de deux appareilsSIEMENS ACURIS SM ayant servitrois mois.Contact : [email protected]él. : 02 32 49 47 32

À chacun sa Caravelle

Brè

ves

Courrier des lecteurs

Décembre 20072 | La Caravelle | 181

Décès de Daniel FontaineNous avons appris avec tristesse le départ de Daniel Fontaine qui fut le correcteur de La Caravelle depuis 1995, date à laquelle il avait succédé à son ami Robert Dubut. Lorsde mon arrivée dans l’équipe de rédaction de La Caravelle, Daniel m’a gentiment mis le piedà l’étrier et a toujours répondu avec la plus grande célérité à mes demandes de correctionsouvent bien tardives. Nous devions nous rencontrer pour visiter ensemble la MDPH de sarégion. La maladie (son « crabe ») a interrompu ce projet, Daniel a dû nous quitter.Toute l’équipe de rédaction présente à sa famille leurs sincères condoléances.

❏ Brice Meyer-Heine et l’équipe de rédaction

Le dossier de ce numéro est consacré au désormais traditionnel stage d'étéde lecture labiale organisé par l'ARDDS. Chaque année, de nouveauxstagiaires (personnes malentendantes ou élèves orthophonistes) viennentdécouvrir la lecture labiale ou se former à son enseignement.

Jacqueline Guibert, orthophoniste, nous détaille quelques-unes des raisons du succès ininterrompu de ces stages depuis 1985, année où quelques amis se sont réunis pour s'entraîner à lire sur les lèvres.

La langue des signes française, véritable langue avec sa propre syntaxeet sa grammaire, est plus difficilement accessible pour une personnedevenue sourde ou malentendante et dont la langue maternelle reste le français. Cette difficulté n'empêche pas une excellente coopérationentre sourds signeurs et oralistes pour défendre nos droits à une acces-sibilité complète dans la vie quotidienne, culturelle, et notre droit à l'information. Les sections ARDDS Isère et Pyrénées nous décrivent lesactions entreprises en commun avec les sourds signeurs de leur région.Les cours de français signé dispensés le jeudi après-midi à Dumaspermettent d'initier les fans de la lecture labiale à la richesse du signe et complètent notre panel de communication entre sourds.Le mime Marceau, qui vient de nous quitter, a montré dans le mondeentier et auprès d'un vaste public la précision et la finesse d'unecommunication silencieuse.

Le monde de la surdité est vaste, chaque personne sourde ou malen-tendante est un cas particulier avec son histoire, ses difficultés et sesmoyens de compensation. Cette diversité se traduit par une grandevariété de termes utilisés pour qualifier une déficience auditive.Emilie Ernst, orthophoniste et docteur en psychologie cognitive, nousmontre comment chaque dénomination traduit la représentation quenous nous faisons de la surdité.

Personnellement je pense qu'au XXIe siècle, avec les moyens techniqueset humains à notre disposition, la surdité ne devrait plus être considéréecomme un handicap mais comme une différence.Cette différence peut être source de créativité.Ronsard et Goya n'étaient-ils pas des demi-sourds ?

Mais chacun d’entre vous a sa propre vision de la surdité. Nous espéronsque vous serez nombreux à répondre à notre enquête (page 10).

❏ Brice Meyer-Heine

Éditorial

La Caravelleest une publication trimestrielle de l’ARDDS

75 rue Alexandre-Dumas – 75020 ParisTél. 01 46 42 50 32

Ce numéro a été tiré à 1200 exemplairesDirecteur de la publication :

Aline DucasseRédacteur en chef :Brice Meyer-Heine

Équipe rédactionnelle :Sophie Chaudoreille, Aline Ducasse,

Emilie Ernst, Nicole Hameau, ManuellaLefèvre, Annie Rivoal, Catherine Sermage,

René Cottin, Jean-Pierre LoviatCollaborateurs :

Angélique Alleman, Anne Chalan Belval,Anne-Marie Choupin, Marie-Claude

Heydemann, Leïla Marçot, JacquelineGuibert, Béatrice Velay, Suzy Bassolé

Correctrice : Jeanine RocaMise en page – Impression :

Ouaf! Ouaf! Le marchand de couleurs16, passage de l’Industrie 92130 Issy-les-Mlx

Tél. : 0140 930 302 – www.lmdc.netCommission paritaire : 0611 G 84996

ISSN : 1154-3655

Crédits dessins et photos : Béatrice Velay, Jacqueline Guibert, Marie-Claude Heydemann,

Jean-Pierre Loviat, René Cottin.

Amislecteurs,

Sommairen°181 • Décembre 2007Courrier des lecteurs 2Vie associativeDes nouvelles du Dauphiné 4L'informatique à ARDDS PyrénéesLe français signé à Dumas 5Coopération entre sourds 6Rencontres entre sourds 7Le rassemblement du Trocadéro 8OrthophonieLa terminologie de la surdité 9DossierLa lecture labiale 11Les nouveautés de Brest 13Orthophoniste en formationTémoignage d'une stagiaire 14Un stage en BD 15CultureLes fantômes de Goya 16Le mime Marceau 17BrèvesFormation et entraînementà la lecture labiale 18Emploi et surdité 19Galette des Rois

Décembre 2007

La prochaine assemblée générale de l’ARDDS se tiendra le 15 mars2008 à 14 heures au 75, rue Alexandre-Dumas, Paris 75020.

181 | La Caravelle | 3

La classe, studieuse, de Jacqueline Guibert

Décembre 20074 | La Caravelle | 181

Vie Associative

Des nouvelles du DauphinéNous étions quatre membres du bureau d'ARDDS 38 à avoir répondu à l'invitation

du CCAS (centre communal d’action sociale) de Claix, une petite ville proche de Grenoble.

Dans la salle commune du foyerlogement, nous avons rencontréune quinzaine de résidents.L'animatrice du foyer logementétait présente et très attentive.Nous pensons qu'il est très impor-tant que le personnel s'intéresseaux appareillages, car il y asouvent de tous petits problèmesfaciles à régler par un familier.Après présentation de l'ARDDS etde nos activités locales, nousavons abordé leurs questions.Beaucoup sont venus avec l'appa-reil dans la poche, ou dans saboîte, le sortant pour nous lemontrer.Une dame s'inquiète, elle vientd'un autre département et a peurqu'un nouvel audioprothésiste neveuille lui vendre un autreappareil, le sien est très récent.

Nous lui conseillons d'aller voir lereprésentant de la même chaîne,de venir de notre part et de noustenir au courant du résultat !Une autre nous montre sonappareil en disant qu'il ne marchepas… la pile était à l'envers.Remise à l'endroit, il s'avère qu'elleest usée ! Après remplacement,elle nous dit : mais pourquoi vousparlez si fort? Elle a gardé sonappareil tout l'après-midi en étanttrès contente de tout comprendre!Un après-midi très agréable pourtous, au cours duquel nous sommesconvenus que c'est bien que lesinterlocuteurs voient l'appareil, ilssont alors plus enclins à parlerlentement et à être patients.J'ai même raconté que notre amiGustave avait un contour d'oreillerouge !

Nous leur avons parlé de lecturelabiale, de boucle magnétique, en leur promettant de la leur faireessayer la prochaine fois.Les audioprothésistes grenobloisvont avoir de la visite ces joursprochains !

❏ Anne-Marie Choupin

Les résidents du foyer logement de Claixécoutent avec attention les explicationsd'ARDDS 38

L'informatiqueà ARDDS PyrénéesLa révolution informatique a transformé la vie moderne.

Les réseaux Internet se sont répan-dus dans toutes les parties dumonde. Pour les personnes sourdesou malentendantes, dont l'accès autéléphone est difficile, voire impos-sible, le courrier électronique et lamessagerie instantanée constituentdes outils de communication extra-ordinaires. Mais il y a un hic : pourles utiliser, il faut savoir maîtriser unordinateur. Cet engin redoutable faitpeur aux non-initiés, en particulierchez ceux qui n'appartiennent pas à la dernière génération.

Peur justifiée car, avouons-le, laformation à l'informatique n'est pasune partie de plaisir, surtout si leformateur ne sait pas adapter sondiscours au cas des déficientsauditifs. D'où l'idée de créer descours donnés par des instructeursspécialisés, parlant lentement pourêtre facilement lus sur les lèvres et utilisant le maximum de trans-criptions écrites. À Pau des cours du jeudi soir à la Maison des Sourdsont commencé au printempsdernier. Ils sont gratuits.

Le formateur est un expert en informatique, le même qui donneégalement des cours aux sourdsde naissance, un autre soir de lasemaine, car il est aussi expert enlangue des signes. Le supportécrit se fait par vidéo projectionsur grand écran avec, en complé-ment, un tableau et stylo-feutrepour les discussions. La Maisondispose d'une dizaine d'ordina-teurs de récupération, en bonétat, fournis par la Mairie et desentreprises locales.

Actuellement six adhérents del'ARDDS Pyrénées suivent réguliè-rement ces cours et s'en montrenttrès satisfaits. D'autres élèves sontdéjà inscrits pour la prochainesession.

❏ René Cottin

Quelle est la différence entre la Langue des Signes Française(LSF) et le français signé?La LSF est une langue à partentière. Mais à la différence deslangues orales, elle repose surl'aspect visuel des gestes, del'expression du visage, du corps,du regard… Évidemment la LSFest liée à la culture française maiselle a sa propre grammaire, qui est très différente de celle du français (par exemple, pourdire « Mon frère est gentil », on utilise les signes suivants :frère/mon/gentil.) Le françaissigné est un compromis entre laLSF et le français : on respecte lagrammaire française, tout enajoutant des signes. C'est un peucomme si nos mains parlaient enmême temps que nous.

Quelle est l'utilité du françaissigné ?Pour les devenus-sourds, lefrançais signé présente denombreux avantages :- Il permet de lever l'ambiguïté

sur certains mots. Le françaissigné aide à fluidifier la commu-nication. Par exemple pour

la compréhension des nomspropres, la dactylologie (leslettres de l'alphabet) est trèsutile.

- Le français signé fait travaillerles mains, les bras, l'orientationdans l'espace, l'expressivité duvisage, la mémoire… C'est unetrès bonne gymnastique pour le corps et la tête !

- Connaître quelques signes de la LSF, c'est aussi s'ouvrir à la richesse de la culture sourdeet de sa langue. Cette annéePaul Claudel (sourd, enseignantde LSF à Serac) a eu la gentillesse de venir à l'ARDDSnous proposer une petite initiation à la langue des signes.

Comment se déroule un coursde français signé ?On retire ou on éteint lesappareils auditifs pour mieux se concentrer sur la vue.On essaye aussi de ne pas utiliserla parole pendant le cours.Place au silence et aux signes !D'abord un peu de gymnastiquepour s'échauffer les mains.Chacun tourne, plie, étire, doigtset poignets.

Ensuite on fait un peu de dactylo-logie : on reprend les lettres de l'alphabet, on épelle des nomset des mots en tout genre.Puis on révise les signes appris la semaine précédente. Parfois la mémoire nous joue des tours,on se trompe… Mais on s'enamuse toujours ! C'est ce qui estagréable à l'ARDDS, la bonnehumeur et l'esprit de solidarité.À chaque cours on apprend de nouveaux signes. Les motscorrespondants sont écrits au furet à mesure au tableau. Si unsigne est un peu difficile à faire,on prend le temps de vérifier quetout le monde y arrive. Chacunparticipe selon son niveau et progresse à son rythme. Parfoison termine le cours par des infossur la LSF ou bien par un petit jeu.Voilà maintenant plus d'un an queje donne des cours de français signéà l'ARDDS. Certains se débrouillenttrès bien maintenant. J'espère qued'autres adhérents viendront sejoindre à nous, car c'est un réelplaisir de retrouver tout le mondeles jeudis après-midi.

❏ Leïla Marçot

181 | La Caravelle | 5Décembre 2007

Vie Associative

Le français signé à DumasC'est en mars 2006 que j'ai commencé à donner des cours de français signé à l'ARDDS.

L'accueil de l'équipe administrative et des adhérents a été très chaleureux et je me suis

tout de suite sentie à l'aise. Au début, de nombreuses personnes ne savaient pas

vraiment ce qu'était le français signé, il a donc fallu répondre à quelques questions.

Décembre 20076 | La Caravelle | 181

Vie Associative

Lorsque notre section régionale del'ARDDS vit le jour, en novembre2005, nous avions le choix entre unlocal indépendant et la Maison desSourds où étaient déjà installés lessourds de naissance.Nous choisîmes la seconde solution.Il faut dire que cette Maisonprésente bien des avantages. Géréepar la municipalité paloise qui prenden charge la totalité des dépenses,elle est vaste, bien équipée etsituée en centre ville. Créée en1976, elle n'a abrité longtemps quedes sourds de naissance.À notre arrivée, les premierscontacts furent relativement froids.Nous avions l'impression de passerpour des intrus. Cependant, petit à petit, nos nouveaux compagnonsapprirent à mieux nous connaître.Ils comprirent qu'une surdité acquisepose de graves problèmes et quebeaucoup d'entre nous sont encoreplus handicapés qu'eux-mêmes,d'où un gain de considération.De notre coté, nous nous sommesprogressivement débarrassés de nosméfiances et préjugés. Certes,l'esprit communautaire des sourdssigneurs est très fort, et parfoisgênant pour les non-initiés, mais on ne trouve chez eux aucunostracisme marqué, aucune hostilitélatente à l'égard du mondeextérieur. Ils se montrent plus gaiset plus décontractés que nous,probablement parce qu'ils ne sontpas taraudés par la nostalgie del'audition perdue, et qu'ils assumentplus facilement leur handicap.Beaucoup comprennent sans tropde difficulté le français écrit etapprécient les sous-titres, bien qu'ilsse sentent plus à l'aise avec unetraduction gestuelle. Ils lisentgénéralement bien sur les lèvres.Certains sont même totalementbilingues et acceptent de jouer sansretenue le rôle d'interprète. Il n'y adonc pas de mur infranchissable

pour communiquer au sein de laMaison. La condition nécessaire etsuffisante pour que la coopérationfonctionne correctement est lerespect mutuel. Nous respectonsleur langue des signes. Ilsrespectent notre exigence de latranscription écrite.Bien sûr, nous préférons éviterd'aborder le sujet qui fâche : celuides implants cochléaires.Cependant, sur ce sujet, lesattitudes évoluent lentement.Certes, il reste encore parmi lessigneurs de nombreux intégristes,principalement chez ceux qui ontété élevés dans des famillesutilisant exclusivement les signes.Pour ces intégristes l'implant estle mal absolu, une menace qu'ilscombattent becs et ongles.Mais d'autres sourds de naissanceont l'esprit plus ouvert.

Ils se rendent compte de l'effetségrégatif de la culture gestuelle,qui limite leur accessibilité sociale et professionnelle. Ilsreconnaissent qu'il est difficile des'opposer aux progrès scientifiquesde la chirurgie et envisagent, avecrésignation, le déclin possible deleur culture au profit de l'oralisme.Les avantages que nous tirons denotre coopération avec les sourdsde naissance sont nombreux. Il y a, tout d'abord, le partage deséquipements communs : salle de réunion, vidéo-projecteur etécran, batterie d'ordinateurs quisert alternativement aux cours de formation gestuels et oraux,matériel de cuisine qui permet

de préparer des repas sur place…Il y a ensuite l'organisation de sorties communes. Étant plusnombreux, nous pouvons louerplus facilement les servicesd'autocars ou ceux de guidesprofessionnels pour nos sorties enhaute montagne.Il y a, enfin, un gain de crédibilitéglobal. Dans certaines de nosdémarches auprès des servicespublics régionaux, et en particulierà la MDPH, nous nous présentonscomme une Union locale regrou-pant l'ensemble des déficientsauditifs, de façon analogue à ceque fait l'UNISDA au niveaunational. Nous avons ainsibeaucoup plus de force que si nousnous présentions séparément, sansque cela ne nous empêche demarquer clairement les différencesdans nos besoins spécifiques.

Je n'aurais pas la naïveté de croireque l'exemple de Pau est facilementgénéralisable. Nous avons la chanceparticulière d'avoir une municipalitéqui s'occupe beaucoup despersonnes handicapées.Il y a aussi la personnalitéexceptionnelle du directeur de laMaison des Sourds, bien-entendant et traducteur gestuel,qui joue un rôle important dansnos relations. Je suis cependantconvaincu que ces conditionsfavorables peuvent se retrouverdans de nombreuses villes et quele schéma palois de coopérationse développera dans l'avenir.

❏ René Cottin

Coopération entre sourds à PauDans un monde plus divisé que jamais, où les affrontements fratricides entre diverses

ethnies et communautés éclatent un peu partout, où l'individualisme l'emporte sur

l'universalisme et le particulier sur le général, une coopération étroite entre sourds

signeurs et sourds oralistes est-elle possible? Oui, si l'on en juge par ce qui se passe à Pau.

Ils se montrent plusgais et plus décontractés

que nous“

Décembre 2007

Au cours de l'été 2001, j'ai apprisl'existence d'un nouveau servicedu Conseil Général de l'Isère :Handicap Info 38. Je me suisrenseignée alors pour pouvoir enparler aux adhérents. Dans lesmêmes locaux est installé l'ODPHIdont j'ai rencontré la présidente.C'est une union d'associationsd'handicapés qui travaille sur lesthèmes importants pour cesassociations et qui fait part de sestravaux au Conseil Général de l'Isère.On nous proposa alors d'y adhéreret de participer à la commissionSurdité qui va s'installer en 2002.Cette commission est composéede représentants d'associationsde devenus-sourds, de sourdssignants à qui on fournit deuxinterprètes, de parents d'enfantssourds et de professionnels.Concrètement, au début j'étais laseule devenue-sourde car il n'yavait pas de boucle, il y avaitquelques parents et une grandemajorité de personnes pratiquantla langue des signes.Nous avons donc fait connaissanceet appris à travailler ensemble.

Nous avons mis quelques tempsavant de vraiment communiquer.J'avoue que personnellement j'aieu très rapidement de bonscontacts avec les professionnels(assistante sociale) et puis j'aicommencé à écrire à ceux quisignent et me suis rendu compteque l'écrit n'était pas facile poureux. Ensuite, je leur ai parlé et airemarqué qu’ils avaient souventune bonne lecture labiale, doncnous avons commencé àcommuniquer. Je crois que lessourds signants ont vraimentcompris que j'étais sourde quandon a installé une bouclemagnétique dans la salle de

réunion et que je me suis mise àparticiper et même à faire lecompte rendu. Avant cela, je penseque pour eux un devenu-sourd étaitun malentendant, donc unentendant qui avait des problèmes!Depuis, ils ont compris notreproblème d'entendant ayant perdu

en partie ou totalement l'ouïe, etque nos besoins étaient différents.Le premier travail de cettecommission a été la réalisationd'un livret appelé « Surdité » faisant l'inventaire de ce quiexiste en Isère sur ce sujet : les associations mais aussi les établissements et les services.Ensuite nous avons préparé undossier pour le schéma dépar-temental « handicap ».

Là, cela a été difficile pour moi,car on parlait beaucoup desbesoins en interprètes en languedes signes et on mettait unemajuscule à Sourd.Quand j'ai compris la significationculturelle de cette majuscule, j'aidit que le mot de sourd étaitbeaucoup plus large et n'était pasréservé aux personnes pratiquantla langue des signes. N'ayant pasréussi à faire admettre mon pointde vue, j'ai obtenu que, dans le dossier, on enlève la majuscule

et qu'on ajoute devenus-sourds etmalentendants chaque fois quel'on parlait des personnessourdes. Cela n'a pas allégé letexte, mais cela a montré notreprésence et la demande de priseen charge de nos besoins.Je peux dire que maintenant nos

relations sont cordiales. Pourl'instant, nous nous rencontronsseulement dans ce cadre-là.L'ARDDS 38 est une association engrande majorité troisième âge et lessignants que nous rencontrons à lacommission sont plus jeunes. Maisje souhaite que nous prenions letemps de faire autre choseensemble! Nous poursuivons cetteannée le travail sur les personnesâgées sourdes ou devenues-sourdeset nous serons trois personnes del'ARDDS 38 aux réunions, carmaintenant, il y a une boucle.

Nos contacts avec la maisondépartementale des personneshandicapées d’Isère (MDPHI) ontété facilités, car le serviceHandicap Info 38 a été intégrédans la MDPHI et nous leconnaissions bien.Mais ce sujet sera développé dansun autre numéro.

❏ Anne-Marie Choupin

Rencontres entre sourdsen IsèreLa coopération avec les sourds signeurs s’est effectuée au cours de travaux communs

au sein de l’Office départemental des personnes handicapées de l’Isère (ODPHI).

Nous avons dû apprendre à mieux connaître nos difficultés respectives.

On a compris que j’étais sourde lors del’installation d’une boucle

magnétique

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Vie Associative

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Décembre 20078 | La Caravelle | 181

Vie Associative

De nombreuses associations y participaient, représentant les handicapés auditifs dans touteleur diversité : sourds de naissance,signeurs et oralistes, devenus-sourds et malentendants, parentsd'enfants sourds, sourds mal-voyants, promoteurs de la langueparlée complétée…

Bien que modeste par le nombredes manifestants (trois à quatrecents), le rassemblement sedéroula dans une ambianceremarquablement conviviale etfraternelle. Ce qui prouve bien,qu'en dépit des différences, il estpossible de s'unir dans la bonnehumeur pour présenter desrevendications communes.

Les orateurs se relayèrent pouradresser au gouvernement unrappel de ses promesses.

Ils réclamèrent l'applicationconcrète et rapide de la loi de 2005 garantissant l'égalité des droits et des chances.Ils insistèrent particulièrement sur trois points : la généralisationdu sous-titrage à la télévision, la création de relais télé-phoniques et l'assistance scolairespécialisée des enfants etétudiants sourds.

De nombreuses banderolesémergeaient au-dessus des têtes.Elles affichaient des slogansdivers, exprimant notre volontécommune de devenir des citoyensà part entière. Pour les devenus-sourds, le Bureau de Coordinationen avait préparé deux, surlesquelles on pouvait lire :« Quand c'est écrit, j'entendsmieux » et « Tous au téléphoneavec les centres relais ».

Tout avait été mis en œuvre pour faciliter la compréhensiondes discours : traduction simul-tanée par interprètes gestuels,codage en language parlécomplété (LPC), grande bouclemagnétique faisant le tour del'esplanade et écran sous tentepour la transcription par vélo-typie. Il y avait des journalistes et des représentants des chaînesde télévision. Le soleil lui-mêmefit son apparition.Nous étions une vingtaine del'ARDDS, groupés autour de notreprésidente, heureux de nousretrouver dans ce mouvementsolidaire, tout en admirant lemagnifique panorama constituépar la perspective du Champs deMars, avec la tour Eiffel dresséedans son axe.

❏ René Cottin

Le rassemblementdu TrocadéroLe 29 septembre dernier, à l'occasion de la Journée Mondiale des Sourds,

une manifestation organisée par l'UNISDA (Union nationale pour l'insertion sociale

des déficients auditifs) s'est déroulée sur l'esplanade du Trocadéro.

Orthophonie

A priori tout le monde a raison.Mais vous, vous êtes quoi dans toutça : un sourd, un demi-sourd, un malentendant, un déficientauditif, un vrai sourd, un devenu-sourd, un sourd prélingual, un sourdde naissance, un sourd oraliste, unsourd gestuel, un sourd tardif, unepersonne qui entend mal, qui a unhandicap auditif, qui est dure de lafeuille, sourdingue, sourde commeun pot? Choisir une expressionplutôt qu'une autre, c'est d'unecertaine façon, dire comment onperçoit sa propre surdité, ou celledes autres. L'évolution historiquedes terminologies reflète l'évolutionde notre société dans sa façond'envisager la surdité, commedéficience, handicap, ou différence.Au XIXe siècle, les sourds denaissance étaient appelés « sourds-muets », terminologie maintenantdésuète; le mot « sourd » désignaitdes personnes devenues « duresd'oreille » et le terme « cophose »désignait la surdité totale. Au XXe

siècle, les termes « déficientauditif », « malentendant », « hypo-acousique » signent le passage à lamédicalisation de la surdité.

La surdité vue comme déficienceParler de déficience auditive, c'estconsidérer la surdité comme unmanque physique. Mesurer cettedéficience revêt un caractèretechnique : il s'agit de mesurer enquoi chaque individu s'écarte del'audition normale.

Le BIAP (Bureau Internationald'audiophonologie) a établil'échelle de gravité suivante :- Entre 0 et 20 décibels

de perte : audition normale- Entre 20 et 40 décibels

de perte : surdité légère- Entre 40 et 70 décibels

de perte : surdité moyenne- Entre 70 et 90 décibels

de perte : surdité sévère- Plus de 90 décibels de perte :

surdité profonde.

Les termes de « demi-sourd » pourparler de surdité moyenne ou de« demi-sourd sévère » pour parlerde surdité sévère n'ont pas ungrand succès car ils sont source dequiproquos : dire que vous êtesdemi-sourd risque de conduirevotre interlocuteur à comprendreque vous n'êtes sourd… que d'uneoreille! Le terme « malentendant »sera préféré.Le terme « sourd » est en généralréservé aux sujets dont ladéficience auditive est sévère ouprofonde. La « cophose » ou« anacousie » est quant à elledéfinie comme une absence deréaction à tout son, mêmesupérieur à 120 dB (bruit d'unavion au décollage).

La surdité vue comme handicapAu-delà d'une déficience physique,la surdité est aussi un handicap dansla mesure où elle exclut l'individutotalement ou en partie de certainslieux et rôles sociaux.

Cette définition sociale duhandicap met l'accent sur lecaractère relatif de la déficience.Elle n'entraînera donc pasforcément le même handicapchez deux personnes.C'est précisément ce que lesmaisons du handicap (MDPH)sont chargées d'évaluer, notam-ment pour la prestation decompensation du handicap.

Une question d'âgede survenue de la surditéSi une surdité sévère à profondeest présente dès la naissance, on parlera de « sourd congénital »ou de « sourd de naissance ».On sait les répercussions trèslourdes de la surdité sur l'acquisitiondu langage chez l'enfant. D'aprèsl'OMS (Organisation Mondiale de laSanté), « un enfant hypo-acousiqueest celui dont l'acuité auditive estinsuffisante pour lui permettred'apprendre sa propre langue, departiciper aux activités normales deson âge et de suivre avec profitl'enseignement scolaire général ».C'est pourquoi, si la surdité estprésente dans les années quiprécèdent l'acquisition du langageoral, on parle de « sourd pré-lingual », par opposition au « sourdpostlingual », « devenu sourd » ou« sourd tardif » chez qui la surditéest apparue après l'acquisition dulangage. On nommera « presby-acousique » une personne quiprésente une déficience auditiveliée au vieillissement de l'oreille.

La terminologie de la surditéDemandez aux gens dans la rue : « Qu'est-ce qu'un sourd? ».

Vous recueillerez des réponses diverses parmi lesquelles : « c'est quelqu'un qui n'entend

pas », « c'est un handicapé », « c'est une personne qui parle avec ses mains », etc.

Décembre 2007 181 | La Caravelle | 9

Mais, las ! à mon retourune âpre maladie,

Par ne sais quel destin,me vint boucher l'ouïe…

j'en reste demi-sourd.Ronsard, Élégies, XVI.

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Orthophonie

10 | La Caravelle | 181 Décembre 2007

La surdité vue comme différenceDans les années 1970, le terme« Sourd » avec une majuscule faitson apparition. Il est employé par la communauté linguistique,culturelle et sociale de ceux dont lalangue des signes est le moyenhabituel et naturel de com-munication, soit environ 100 000personnes en France. Ces « sourds-signeurs » se désignent parfoiscomme les « vrais sourds ». Le terme« Sourd » entre pour eux enopposition avec le terme « mal-entendant », qui désigne alors unepersonne dont le mode decommunication habituel est la paroleorale et qui utilise pour compenser lalecture labiale, que sa perte auditivesoit légère ou profonde.Il est donc ici question d'unelangue minoritaire, de différenceculturelle et de communauté… la notion de handicap a disparu !Actuellement, on observe unnouveau changement linguistique.On ne parle plus « d'un sourd »,« d'un déficient auditif » ou « d'unmalentendant », expressions quiidentifient l'individu à son handicap;on parle désormais « d'une personnesourde », « d'une personne qui a une

déficience auditive » ou « qui est ensituation de handicap auditif »,reléguant ainsi la surdité à un attributparmi d'autres, comme on pourraitdire « une personne blonde ». Cesdénominations qui tantôt renforcentles identités et tantôt les invalidentne font que refléter la difficulté àétablir une frontière entre « normal »et « pathologique » et nousrenvoient à des questions politiques,sociales et éthiques bien plus larges.

❏ Emilie ErnstOrthophoniste

Docteur en Psychologie Cognitive

Que Votre Altessene craigne rien,

il est sourd comme un pot,dit sans baisser la voix

la duchesse…Marcel Proust - À la recherche du temps perdu

Pays / Région Expression équivalente Traduction littérale

Allemagne Stocktaub sein Être sourd comme un bâton/une canne

Brésil Ser surdo como uma porta Être sourd comme une porteEspagne Estar sordo como una tapia Être sourd comme un murGrande-Bretagne To be deaf as a post Être sourd comme un poteau

To be deaf as a doorknob Être sourd comme une poignée de porte

Israël Sourd comme un mur/une pierreItalie Essere sordo come una campana Être sourd comme une clochePortugal Surdo como uma porta Être sourd comme une porteRoumanie Être sourd comme la terreSerbie Biti gluv kao top Être sourd comme un canon

Enquête- Et vous, quels termes utiliseriez-

vous pour vous définir?- Quelle représentation de la

surdité vous convient ?- En quels termes parlez-vous

habituellement de votre surditédans votre cadre familial,professionnel, amical?

Nous comptons sur vos réponses!Écrivez-nous :75, rue Alexandre-Dumas75020 [email protected]

« Je suis sourdingue ! »Le terme « sourdingue » estattesté dans la langue françaisedepuis 1926. Il est formé sur labase du mot sourd à laquelle a étéajouté le suffixe argotique -ingue.

« Je suis sourd comme un pot! »Si les Français utilisent l'expression« Être sourd comme un pot »,connaissez-vous les imagesemployées par nos voisins?

2 expressions devenues politiquement incorrectes…

Pouvez-vous nous résumer votreparcours professionnel, vos liensavec l'ARDDS et les stages delecture labiale?

Il y a trois ans maintenant, l'onm'a proposé de faire partie d'unprojet expérimental de Réseaupour les devenus-sourds après 60ans en Loire-Atlantique.

Mon activité prévoyait l'organi-sation d'un réseau d'orthophonistesexerçant en cabinet libéral ainsique leur formation à la rééducationdes sourds et devenus-sourds après60 ans. Lors de ma prise de poste,mon responsable M. Jahan,fondateur du réseau, m'a demandéd'approfondir mes connaissancesde lecture labiale avec le staged'été de l'ARDDS. J'étais depuis 15 ans déjà orthophoniste dansune association, l'APAJH, pourdéficients sensoriels, de niveauCollège-Lycée. J'ai donc toujoursrecouru à la lecture labiale pour optimiser la communicationavec les jeunes sourds oumalentendants - méthode globaleavec contours d'oreille allumés.

En ce qui concerne mes 25 annéesen cabinet libéral rural, je n'ai jamaiseu de demande de rééducationpour adultes malentendants. Et lesenfants malentendants ou sourdsétaient dirigés vers des structuresspécialisées.Mon employeur m'a donc inscriteau stage d'Annecy. Là, pour lapremière fois, j'ai été confrontée àla rigueur de la méthodeanalytique de Jeanne Garric, sous ladirection de Emilie Ernst, qu'il estinutile de présenter à l’ARDDS, tantses talents d'orthophoniste sontconnus de tous. Les anciensBrigitte, Joëlle, Marc et Odile ontaccepté ma présence dans leurgroupe, et par ailleurs ont tout faitpour me mettre à l'aise dans cenouveau monde inconnu : le staged'été de l'ARDDS.

Il y a quelques années (voir n° 168) l'équipe des orthopho-nistes avait dévoilé commentétaient préparés les stages lors d'un week-end mêlantretrouvailles et travail ! Pouvez-vous nous en dire davantage ?

La préparation pour ce stage d'éténe se résume pas au fameuxweek-end où nous sommes tousfortement conviés à travaillerensemble (à Paris pour les 2dernières années). En effet, Emilieprend le soin de répartir lestâches à chacun (sons, syllabes,mots, phrases, textes, etc.)plusieurs semaines à l'avance.Chacun de son côté prépare lessupports (mots, phrases, etc.)selon des critères très précis.Lors du week-end de rencontre,nous soumettons notre travail aureste de l'équipe présente. Celui-cin'est validé qu'après avoir étépassé au crible : respect de laméthode, de la progression dansles différents groupes, pertinencedes thèmes abordés, etc.

Nous essayons de rester rigoureuxdans ce travail qui peut être uncasse-tête, ce qui n'empêche pasd'aborder cette tâche avechumour : crises de fous rires,contrepèteries et autres jeux demots ridicules ! (À quand unbêtisier de nos préparations ?)

La journée a été longue surtoutpour ceux qui viennent de loin. Ledimanche matin, autour d'un petit-déjeuner préparé par Brigitte, nousfinissons les fiches et réfléchissonsaux dysfonctionnements du stageprécédent afin d'y remédier. Desidées nouvelles sont proposées.

Nous nous séparons donc, avec, à nouveau, ce matériel commun à améliorer, et d'autres àrechercher. Nous nous engageonsà faire parvenir le tout à Emilie,quelques semaines avant le staged'été. Pour moi ces préparationsm'ont paru incontournables pour être dans l'esprit nonseulement de la méthode maisaussi du stage.

La lecture labialeJacqueline Guibert, orthophoniste, nous presente les avantages d’un stage collectif

de lecture labiale.

181 | La Caravelle | 11Décembre 2007

Dossier

Décembre 2007

Dossier

12 | La Caravelle | 181

En quoi la méthode de JeanneGarric se différencie-t-elled’autres méthodes de lecturelabiale ?

La méthode de Jeanne Garric estune méthode analytique. Audépart, tout doit être lu sur leslèvres et le visage : c'estjustement la difficulté de laméthode et, à la fois, son intérêt.

Au quotidien, la communicationne se passe pas ainsi :communiquer c'est analyser lecontexte dans lequel on est,anticiper, suppléer mentalementet attraper quelques indicesvisuels labio-faciaux. Tout unchacun sait faire cela : l'êtrehumain sait donner du sens àpartir de ces mécanismes.Pourquoi contrairement auxautres méthodes Jeanne a-t-ellechoisi de n'enseigner d'abord quela lecture labio-faciale ? Cela vientde ce que nous n'avons pasl'habitude d'interpréter cesmouvements, ces signes.

Cette méthode nous dit qu'avecune attention et uneconcentration plus soutenues,certains sons peuvent être lus.Tout ceci permet d'éviter lestraquenards de la méthodeglobale, à savoir : devinette,vagabondage de l'esprit, etc.

Bien sûr, tout n'est pas résolumais si nous laissons moins de place à l'imaginaire en nousconcentrant sur les mouvementsdes lèvres alors nous saisironsplus d'indices et, de ce fait, nousferons moins d'erreurs.

Un stage collectif de lecturelabiale donne l'impression de progresser et d'évoluer plus rapidement qu'au cours de séances individuelles, qu'enpensez-vous ?

Pourquoi les stagiaires ontl'impression de progresserdavantage en une semaine engroupe, qu'en un an en séancesindividuelles ? Je n'aurai sansdoute pas toutes les réponses.Cependant après avoir pratiquédans des stages, une rééducationintensive (bégaiement et aphasiepour mon cas) en groupe,plusieurs heures, de trois à huitheures parfois, et sur plusieurssemaines, il a toujours étéconstaté, par les stagiaires et lesprofessionnels de santé, mêmeextérieurs au stage intensif, desprogrès plus rapides, voireétonnants et durables.

Au-delà de ce constat,essayons de comprendrecertains mécanismes de la rééducation intensivede groupe. En effet, plusieursfacteurs interviennent :

1. la durée des séancesEn trois heures la stimulation en vue d'une acquisition préciseest nécessairement plus longue et plus régulière.Lorsque des difficultés récurrentesapparaissent, la mémorisation à court terme est sans arrêtstimulée pour obtenir unencodage à long terme.Ainsi une difficulté peut êtrecorrigée non pas ponctuellementcomme cela peut être en coursindividuel - ce serait de l'achar-nement de répéter par exemple15 fois la même chose en 1/2heure - mais continuellement au cours des 18 heures de lasemaine.

2. la dynamique de groupe• Les stagiaires ne ressentent

pas la pression de la mêmemanière, elle est de toutes lesfaçons moins forte. Le rapportd'autorité entre orthophoniste etstagiaires est moins perceptible.

• Du point de vue de laconcentration : si une personnedécroche par saturation oufatigue générale, elle peut semettre en stand by pourquelques minutes, pourparticiper à nouveau dès quedisponible. En rééducationindividuelle si le patientdécroche ou n'est pas en forme,il perd le bénéfice de la séance ;lorsqu'il reviendra, il pourrapeut-être se rappeler de ce qu'ilavait fait 15 jours auparavant, à moins qu'il ne faille toutreprendre à nouveau.

• L'expérience des échecs des unset des autres est profitable à tout le groupe : il n'est pas rareque les stagiaires entre euxarrivent à se corriger de façonplus pertinente que parl'intervention directe del'orthophoniste. Chacun apportedonc sa pierre à l'édifice.

• Les échanges dans le groupesont plus riches du fait que les stagiaires viennentd'horizons différents et que « Le stage d'été » est unmoment unique dans l'année.Les réactions émotionnelles sontfortes pour bon nombre d'entrenous et nous ne sommes pasprêts d'oublier tel ou telmoment du stage.

Chacun pourrait décliner d'autresraisons sans doute.Pour moi ce stage est toujours un moment de rencontre, departage des connaissances,professionnelles ou pas, nonseulement avec les orthophonistesmais aussi avec les stagiaires.Merci à tous et à toutes,à bientôt à Merville 2008.

❏ Propos recueillis par Manuella Lefèvre

Décembre 2007

Bien sûr, nous avons égalementparticipé au Loto organisé par Reine et les lots étaientparticulièrement nombreux cetteannée.

La première surprise est arrivéegrâce à Manuella qui a l'habitudede toujours dire bonjour auxmessieurs qu'elle rencontre. Cettefois, c'était un secouriste venufaire un stage d'enseignementdans les mêmes locaux. Il aaimablement proposé de nous

faire un exposé sur les premierssecours d'urgence. Nous vousavons présenté un moyenmnémotechnique pour appelerles services d'urgence dans la Caravelle précédente.

L'autre nouveauté a étél'organisation de jeux en lecturelabiale par les orthophonistespour ceux et celles quisouhaitaient participer.Nous avons été regroupés parniveau d'apprentissage en lecture

labiale et ces jeux ont remporté unfranc succès : toute une soirée, nousavons deviné des énigmes, inventédes suites abracadabrantes à desphrases proposées par nosorthophonistes.Tout s'est déroulé dans la bonnehumeur, mais pas question detricher, les orthophonistes veillaientau sérieux du déroulement!Nous nous sommes couchés forttard, car ce fut passionnant.

❒ Béatrice Velay

Dossier

181 | La Caravelle | 13

Les nouveautés de BrestCette année nous avons eu deux innovations au cours de la première semaine de stage

qui s'est déroulée à Brest.

Je me trouvais dans le grouped'initiation à la lecture labiale,animé par Émilie, et c'est avec ungrand plaisir que j'arrivais chaquematin au Centre Keraudren, où jeretrouvais les membres du groupeet les quelques personnes quemon statut d'externe m'avaittoutefois permis de rencontrer.L'ambiance chaleureuse acertainement participé à monenthousiasme !

Notre groupe était composé de dix à onze personnes, dontquatre entendants (deux conjointset une orthophoniste/logopèdefraîchement diplômée de Belgique,découvrant comme moi cetteméthode de communication).Nous avions quotidiennement troisheures de cours, pendant lesquellesj'ai pu découvrir et apprendre tout un tas de choses, mieux comprendre ce que peut être la viequand on entend mal (même sicette situation m'était un peufamilière : mon grand-père étaitdevenu sévèrement sourd, aprèsavoir travaillé des années auprès demachines extrêmement bruyantes).D'un point de vue pratique, j'aiappris, par exemple, qu'il ne servaità rien (au contraire) d'articulerexagérément ou de parler troplentement pour se faire com-prendre, de scander chaque syllabede la tête (pas facile au début de sedépartir de certains réflexes!).J'ai réalisé la difficulté à reconnaître

des sons très proches dansl'articulation, la concentration àfournir pour lire sur les lèvres. Grâceà plusieurs personnes, j'ai puégalement découvrir et observerdes contours d'oreille et implantscochléaires. Et puis, en tantqu'étudiante, j'ai eu une vision plusconcrète de mes cours dephonétique ou d'audition, d'autantplus qu'Émilie pimentait le toutd'apartés « orthophoniques ».Autre grand souvenir : la soiréed'initiation à l'alphabet dacty-lologique, délivrée par Aline etÉmilie ! La fiche récapitulative dessignes est désormais affichéechez moi : à ce qu'il paraît, ças'oublie très vite…Je remercie toute l'équipe del'ARDDS, ses participants et lesorthophonistes, particulièrementÉmilie, d'avoir éclairé un peu plusma lanterne de future « ortho » et de m'avoir peut-être « ouvert unevoie »?

❒ Angélique Alleman

Orthophoniste en formationJ'ai participé au stage de lecture labiale à Brest, du 25 au 31 août dernier, et ce fut une

semaine passionnante ! C'est par la radio que j'ai pu prendre connaissance de cette

formation, ouverte aux étudiants orthophonistes (j'entre en deuxième année, à l'école

de Paris). Après quelques échanges de fax et coups de fil, j'ai été accueillie

très généreusement par les responsables et organisateurs de l'ARDDS.

Décembre 2007

Dossier

14 | La Caravelle | 181

Je me suis donc inscrite au stagede lecture labiale à Brest à la 1re session. Étant fonctionnaireterritorial au Conseil Général de laCôte-d’Or, j'ai demandé la priseen charge en formation continuepar le FIPHFP (Fonds pourl'insertion des handicapés dans la fonction publique) mais quellegalère pour avoir enfin uneréponse positive. Mes penséess'évadèrent donc vers laBretagne… Le jeudi 16 août, j'eusdonc le plaisir de retrouver masœur à la gare de Brest et dedécouvrir le centre Keraudren.À l'arrivée, un panneaud'affichage ARDDS nous indiquaitla marche à suivre (clés, repas,réunion, etc.). Nous avons doncpris possession de notre chambreau fin fond du couloir au 2e étageavec vue sur la roseraie.

Puis, nous sommes redescenduesen salle de réunion où les cinqorganisateurs nous ont informéesdu déroulement du stage(présentations, horaires, groupesavec les orthophonistes).

Ayant déjà fait notre 1er stage dedébutantes à Dijon en externes, nousnous sommes retrouvées au coursMoyens I où quelques révisions nousont remises sur les rails avec laparfaite articulation de Marie-Claude.

Puis, nous sommes passées enMoyens II dont le nombre destagiaires était plus important etoù le rythme était plus rapide.Marielle, tout droit diplômée chez nos amis belges (là-bas ondit logopède et non pasorthophoniste), avait unedextérité à jongler avec les mots,les explications au tableau et lesmimiques de façon étonnante. Et,malgré la concentration, ce fut unréel plaisir, surtout lors des jeux.

Les repas très conviviaux au selfnous ont fait découvrir les histoiresd'oreilles et personnelles des autresstagiaires.

Hélas, le beau temps n'était pas aurendez-vous lors de la sortie en meret des visites du château de Kerjeanet des enclos paroissiaux, maisqu'importe puisque la chaleurhumaine, elle, était bien présente.

Félicitations à Jean-Pierre, Reine,Betty, Michel et Manuella pourl'organisation sans faille de cestage que j'espère poursuivredans les années à venir.

❒ Anne Chalan Belval

Témoignage d'une stagiaireGrâce à Internet, j'ai découvert l’ARDDS et les stages de lecture labiale à Dijon.

Ma sœur Madeleine et moi-même avions été enthousiasmées.

Gustave et son appareil

Une sortie dans la rade de Brest

Une pause dessin

Un repas entre deux séancesde lecture labiale

181 | La Caravelle | 15

Dossier

Décembre 2007

Le stage de lecture labiale en BD.

❒ Marie-Claude Heydemann

16 | La Caravelle | 181

Culture

Décembre 2007

Le film, les soubresauts de l'histoire

Pourtant, il ne s'agit pas d'unebiographie, ce que l'on peut peut-être déplorer un peu car la destinéeet la vie de Francesco de Goya sontédifiantes. Les deux personnagesprincipaux sont fictifs.Il s'agit de frère Lorenzo, moinefanatique, et Inès Bilbatua, jeunefille d'un riche marchand. Inès(Natalie Portman) est arrêtée ettorturée par des prêtres inquisiteursqui lui font avouer qu'elle est juive,alors qu'elle est chrétienne. Ils lagarderont prisonnière à vie.Dans une scène mémorable, lepère d’Inès fait tourner un dînerguindé en tribunal de l'absurde :il saucissonne et torture le frère

Lorenzo pour lui faire avouer non des hérésies mais desidioties, et prouver ainsi qu'ensoumettant sa fille au mêmetraitement, on n'a rien prouvé.Lorenzo, l'opportuniste, quant à lui,est victime du scandale et se voitcontraint de fuir l'Espagne etl'Inquisition. Plusieurs années plustard, il réapparaît comme ministrede Bonaparte, avant de subir lechâtiment administré aux méchantset aux traîtres lorsque le pouvoirchange à nouveau de main.L'affreux Lorenzo ne se rend pas seulement coupable de spectaculaires retournements desoutanes : de ses assautslubriques dans les geôles del'Inquisition contre l'innocenteInès est née une enfant, viteexpédiée dans un couvent.Or, l'arrivée des troupes françaisesa fait sortir Inès de son cachot, et,celle-ci, à demi-folle, est hantéepar une idée fixe : retrouver sa fille.

Les « fantômes » de MilosForman et ceux de Goya

Le film montre un pays entransition, malmené par lessoubresauts de l'histoire.Le réalisateur, Milos Forman,d'origine tchécoslovaque, ne cachepas les parallèles entre les thèmesdu film et sa propre expérience, lespropres traumatismes qu'il a connusdans sa vie : la déportation et lamort de ses parents à Auschwitz, leprintemps de Prague… Il a déclaré :« J'ai recherché dans la vie de Goyales échos de ma vie sous le nazismeet le communisme ». Là se situentvraisemblablement les fantômes deMilos Forman.Dans le même registre, beaucoupde tableaux de Goya, tels que ses

fameuses « peintures noires » parexemple, représentent descréatures difformes, démoniaques,fantomatiques.L'univers pictural de Goya en estpeuplé. Les obsessions morbidesde l'artiste se sont apparemmentnettement accentuées à la suite dela mystérieuse grave maladie quil'a atteint en 1794, dont il a faillimourir et qui l'a renducomplètement sourd. Depuis lapompe courtisane du peintreofficiel de la cour à ses débuts, son style a évolué vers une « peinture libre », cynique, déran-geante, voire carrément morbide(« Saturne dévorant ses enfants »).Nous le savons, devenir sourdadulte peut facilement conduire àla dépression, l'isolement social, lesidées noires… et on peut aisémentimaginer que pour Goya aussi, cela a dû influer sur son œuvre.

Les fantômes de GoyaLe dernier film de Milos Forman traite de l'Espagne à la fin du XVIIIe siècle, à l'époque

où l'inquisition fait rage, et où les guerres napoléoniennes déchirent l'Europe. Goya, peintre

officiel de la monarchie et des puissants du royaume, s'avère avoir été un des témoins

privilégiés de ces tragiques événements. Ce talentueux et singulier peintre espagnol est le fil

conducteur du film. Concernant son propre parcours, c'est le destin d'un homme,

en pleine gloire brutalement frappé de surdité totale et définitive, qui est évoqué.

Programme des sortiesARDDS Paris

Samedi 19 janvier 14 heuresLe Musée de la Chasse et de laNature de Paris installé hôtelGuénégaud avec visite guidéeaccessible aux DSME.Samedi 9 février 11 heuresExposition Giacometti au centrePompidou avec visite guidéeaccessible aux DSME.Samedi 29 mars 14 heuresPromenade dans l'ancien« Village de Belleville », noustraverserons son charmant parc.

Palais des CongrèsUne boucle à induction magné-tique a été installé au Palais des Congrès de la Porte Maillot àParis, cette boucle est utilisée à lafois pour les malentendants etpour les traductions simultanéesen plusieurs langues.

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Culture

Décembre 2007

Marcel Marceau, de son vrai nomMarcel Mangel, a eu une jeunessedouloureuse. Son père, juifalsacien, est déporté et meurt àAuschwitz. Lui-même s'engagedans la Résistance. Dès la fin de laguerre, il se lance dans le théâtreavec la troupe de Jean-LouisBarrault. En 1947 il abandonne lethéâtre pour se consacrer aumime. Il créé le personnage de« Bip », sorte de Pierrot lunaire,au visage blanchâtre avec unetache noire sous chaque œil et ungrand chapeau gris surmontéd'une rose. Marceau a unecapacité d'expression hors ducommun. Avec lui, l'art du mimeprend un essor prodigieux. Le plusétonnant est que, à ses débuts, ilremporte surtout des succès àl'étranger avant d'être pleinementadmiré et consacré par le publicfrançais. Sur son exemple, denombreuses écoles de mimes'ouvrent aux quatre coins dumonde.

Instinctivement les sourds sontattirés par son spectacle. Avec lui,ils peuvent s'affranchir del'esclavage que constituent la non-compréhension de la parole et lanécessité du sous-titrage. Ils sesentent réhabilités et haussés aumême niveau que les bien-entendants. Les sourds denaissance qui utilisent la languedes signes sont particulièrementséduits. Tous admirent le maître.Certains essaient de l'approcher enespérant accéder à son art difficile.C'est là que me revient unsouvenir des années soixantequinze. Un jeune homme del'ARDDS, devenu sourd profonddans sa petite enfance et qui avaitbeaucoup de mal à s'exprimer, medemanda de l'aider à rencontrerle grand mime. Après quelquesdémarches, je pus obtenir unrendez-vous. Marcel Marceau nousreçut dans sa loge du Théâtre desChamps Elysées, à la fin de sonnuméro. Tout en se démaquillant,il conseilla notre ami avec grandeaffabilité. Sans le décourager, il luifit comprendre, en utilisant lesgestes les plus expressifs, que lemétier de mime demandebeaucoup de travail et desacrifices, avec peu de chanced'en faire un gagne-pain. Il l'invitaà assister aux répétitions de satroupe.J'ai ensuite perdu de vue notrejeune sourd, mais je retiens de cetentretien les grandes qualitéshumaines de Marcel Marceau, sagentillesse naturelle et l'attentionprofonde qu'il portait auxmalheurs d'autrui.

❒ René Cottin

Le mime Marceauami des sourdsLe mime Marceau est mort le 22 septembre dernier, âgé

de 84 ans. Les médias lui ont rendu un hommage

unanime. Journaux, télévisions n'ont pas tari d'éloges

sur sa carrière exceptionnelle. Mais très peu ont

mentionné qu'il s'était dévoué pour la cause des sourds.

Une vision hollywoodienne et absurde de la surdité

Le thème de la probable influencede la surdité acquise sur l'inspirationdu peintre n'est absolument pasenvisagé dans le film, au contraire.Une fois de plus, la langue dessignes y apparaît comme le remèdesystématique, évident, radical, etfacile d'accès pour combattre unesurdité totale brusquement apparuechez un individu de près de 50 ans!Le personnage de Goya est affubléquasi en permanence d'une sortede valet-interprète miraculeux quilui transmet en tant réel tout ce quise dit en langue des signes. Dans detelles conditions, la surdité estgommée, elle devient presqueanecdotique…La présence d'un interprète au XVIIIe

siècle et l'utilisation de la LSF parGoya sont très peu plausibles (Goyapour pallier sa surdité se servait del'écrit via ses fameux « Carnets deconversation »). Et si certainspeuvent trouver anachronique quetout Madrid puisse parler anglaisdans cette Espagne du XVIIIe siècle(évidemment), que dire de l'emploià outrance de l'ASL (American SignLanguage, la langue des signesaméricaine)… incongrue à souhait!Finalement, « Les fantômes deGoya » déçoit un peu. C'est unefresque historique un peu bancale,les personnages principaux sontpeu intéressants. En revanche, il mérite qu'on aille le voir car il donne l'occasion d'admirerl'œuvre remarquable du peintre -beaucoup de tableaux apparaissentdans le film.

❒ Aline Ducasse

Brèves

Formation et entraînementà la lecture labialeà Merville (Nord) - Août 2008

L'ARDDS (Association deréadaptation et de défense desdevenus-sourds) organise, enaoût 2008, à Merville (Nord),deux séjours de formation etd'entraînement à la lecturelabiale d'une semaine chacun :- du samedi 16

au samedi 23 août ;- du dimanche 24

au dimanche 31 août.

Ces séjours destinés aux devenus-sourds et aux malentendantspeuvent accueillir également desorthophonistes et des élèves-orthophonistes intéressés parl'apprentissage de l'enseignementde la lecture labiale.Pour les personnes en activité,ces stages peuvent être effectuésdans le cadre de la formationprofessionnelle continue.Le programme consiste en uncours magistral et en exercices delecture labiale le matin, les après-midi étant libres. Des sorties etdes excursions en car sontorganisées (généralement unejournée complète et un après-midi par semaine).

Les participants sont logés en pension complète, en chambreindividuelle ou en chambre double.L'attribution des chambres se feraen fonction de leur disponibilité.Le prix du séjour par personne etpour une semaine, formation,excursions en car et visitescomprises, s'élève à 520 euros enchambre individuelle (avecsanitaires privés) et à 460 euros enchambre double (avec sanitairesprivés) ou en chambre individuelleavec sanitaires collectifs (lavabodans la chambre). Dans le cas deprise en charge par un organismeextérieur (formation professionnellecontinue…), le prix du séjour est620 euros pour une semaine.Les personnes résidant dans larégion peuvent s'inscrire au stagesans hébergement ni sorties etexcursions (nous consulter).

En raison de la nécessité deréserver longtemps à l'avance etdu nombre limité de places, nousvous conseillons d'envoyer trèsvite votre bulletin d'inscription enindiquant le séjour souhaité et enjoignant un chèque de 230 eurospour la réservation.Les participants non membres del'ARDDS devront établir, en plus,un chèque de 28 euros à l'ordrede l'ARDDS. Le solde devra êtreréglé avant le 15 mai 2008.En cas de désistement, lespersonnes inscrites ne pourrontobtenir le remboursement dessommes versées qu'en cas deforce majeure ou bien si unremplaçant a été trouvé.

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Demande d'inscription aux stages d'août 2008 à Merville (Nord)À retourner à : ARDDS (inscriptions sessions de lecture labiale Merville)

75, rue Alexandre-Dumas - 75020 Paris, accompagné de votre règlement

Nom-Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

N° Tél./Minitel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . BAL : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail (1) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ❏ oui ❏ nonDate de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Session souhaitée : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Type de chambre souhaité : . . . . . . . . . . . . . Nom du colocataire si chambre double : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avez-vous déjà suivi des séances de lecture labiale ? ❏ oui ❏ nonEn individuel - en collectif : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Quand et pendant combien de temps : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avec la méthode Jeanne Garric ? ❏ oui ❏ non ❏ ne sais pas

(1) Êtes-vous d'accord pour que votre adresse E-mail soit éventuellement communiquée aux autres stagiaires?

Brè

ves

Décembre 2007

Brèves

Emploi et surditéL'UNISDA et l'AFIDEO ont organisé conjointement le 13 novembre 2007 un colloque

sur le thème « Emploi et surdité ». La salle de l'UGC de Paris La Défense lieu de cet événement

était comble. L'assistance était composée de personnes sourdes ou malentendantes

et de représentants des fonctions ressources du personnel de différentes entreprises.

Une réussite sur tous les plans cecolloque ! Nous sommes d'abordaccueillis par des jeunes gensparticulièrement chaleureux quinous invitent à nous restaurer ;nous avons quelques minutespour saluer des têtes connues, etle colloque démarre sur leschapeaux de roue, avec unprésentateur qui s'exprime en LSF.Tout a été prévu pour que touscomprennent les interventions : laboucle magnétique fonctionne etla vélotypiste nous retransmettoutes les interventions sur écran.

Chaque président d'associationreprésentée exprime parfaite-ment nos difficultés particulièresen milieu professionnel : latension permanente pourcomprendre, la fatigabilité enenvironnement bureautique,l'impossibilité de préciser lehandicap auditif sur le CV, lebesoin de communiquer en LSFpour certains, le manque d'acces-sibilité aux centres relais… Puis,au fur et mesure de l'avancée ducolloque, des responsables degrandes entreprises apportent des

réponses techniques et humainesqui redonnent le moral à tousceux qui sont dans la salle.L'après-midi est consacrée auxtémoignages des salariés sourds etmalentendants qui apportent unepreuve magistrale de courage etde réussite, bien plus que desdiscours. Nous n'oublierons pas lechef de partie du restaurantClément, le designer, le commer-cial qui est parti en Chine,l'employée des Assédic deMarseille, la documentaliste,l'équipe qui travaille au groupeOrange, l'ingénieur, l'infirmière.Bravo aux organisateurs et aux 280personnes qui étaient dans la salle.

❒ Suzy Bassolé

Annonces recueilliesau cours de ce colloque :

Thalès et le ministère de la Justiceont confirmé vouloir mettre enplace des expérimentations deservices d'accessibilité à distancepour leurs salariés ou agentssourds, de façon complémentaireaux centres relais téléphoniques.

Le président de l'AGEFIPH et ledirecteur du FIPH ont rappelé leurdisposition à accompagner et àappuyer ces initiatives.

Centres relais téléphoniques :« Quant à l'accessibilité et lasignification de ce terme pour lespersonnes sourdes, je n'oublienaturellement pas un aspectprimordial : celui de l'accessibilitédu téléphone.Dans un univers toujours plustourné vers les technologies del'information et de la communi-cation, comment accéder àl'emploi, comment s'y maintenirquand on est privé d'un outilaussi indispensable que letéléphone? C'est pourtant à cetobstacle que sont confrontésaujourd'hui des milliers depersonnes sourdes.C'est la raison pour laquelle jeveux travailler, avec ChristineLagarde et Luc Châtel, audéveloppement des centres relaispour les personnes sourdes. »

❒ Valérie LetardSecrétaire d'État à la Solidarité

Galette des Rois(pour 6 personnes)

Préparation :Déroulez le premier rond de pâtefeuilletée en laissant le papiersulfurisé sur la plaque à pâtisserie.Dans un saladier, mélangezrapidement tous les ingrédients.Étalez ce mélange sur la pâte feuille-tée en laissant un bord de 2 cm.Placez la fève au milieu.Badigeonnez tous les bords avec leblanc d'œuf. Recouvrez avec ladeuxième pâte feuilletée. Soudez lesbords avec les doigts. Dessinez unquadrillage avec un couteau,

badigeonnez avec le jaune d'œufmélangé à une cuillère à soupe d’eau.Cuisson : 10 minutes à 220° (th 7) dans un four préchauffépuis 25 minutes à 150° (th 5).

❒ Manuella Lefèvre

Ingrédients- 2 paquets de pâte feuilletée

(ronds)- 120 g de poudre d'amandes- 100 g de sucre- 50 g de beurre mou- 1 œuf entier

(gros, sinon 2 petits)- 1 œuf pour les finitions (blanc

pour souder, jaune pour dorer)- 1 fève

181 | La Caravelle | 19Décembre 2007

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Nos sections& activités✁

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Option choisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Montant• Abonnement seul (4 numéros) . . . 28 € ❏ • Adhésion avec journal . . . . . . . . . 26 € ❏ • Adhésion sans journal . . . . . . . . . 12 € ❏

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Désire une facture (pour les professionnels) :❏ Oui ❏ Non

Désire un justificatif fiscal envoyé par courrier :(enveloppe timbrée à joindre)

❏ Oui ❏ Non

Réglement par chèque postal ou bancaire à l’ordre de l’ARDDS.

38

44

75 ARDDS nationaleSiège et section parisienne

Responsable :Aline Ducasse

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

www.ardds.org

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ARDDS 38 – AlpesResponsable :

Anne-Marie Choupin29 rue des Mûriers

38180 Seyssins

Permanences :1er lundi du mois de 17 heures à 18h30 à l’URAPEDA, 5 placeHubert-Dubedout à Grenoble

3e lundi du moisde 14h30 à 16h30 au

Centre de Prévention des Alpes 3 place de Metz à Grenoble ;

Renseignements :Tél./Fax : 04 76 49 79 20

[email protected]

ARDDS 44Loire – Atlantique

Responsable :Huguette Le Corre

4 place des Alouettes44240 La Chapelle-sur-Erdre

Fax : 02 40 93 51 09Accueil

Réunion amicale le 2e samedidu mois, de 15 heures

à 17h30

ARDDS 46 - LotResponsable :

Monique AsencioEspace Associatif Clément-

Marot46000 Cahors

[email protected]

ARDDS 56Bretagne – Vannes

Responsable : Pierre Carré106 avenue du 4-Août-1944

56000 VannesTél./Fax : 02 97 42 72 17

AccueilRéunion amicale le mardi

dès 17 heuresMaison des Associations

6 rue de la Tannerie56000 Vannes

Lecture labialeMardi à partir de 17 heuresMaison des Associations

6 rue de la Tannerie56000 Vannes

Lundi à 15 heures, salle ArgoatMaison-Mère des Frères

56800 Ploërmel

ARDDS 57Moselle – Bouzonville

Responsable : Gustave FegelMaison Sainte-Croix57320 Bouzonville

Tél./Fax : 03 87 57 99 42Permanence le 1er jeudi du mois

Mairie de Bouzonville, de 14 heures à 15 heures

Rencontre et partage le 1er lundi du mois

Espace Ste-Croix, 17h15

ARDDS 64Pyrénées

Responsable : René CottinMaison des Sourds66 rue Montpensier

64000 PauTél./fax : 05 59 81 87 41

Réunions, cours de lecture labiale etcours d’informatique hebdomadaires

ARDDS 85 - VendéeResponsable : Michel Giraudeau

4 rue des Mouettes85340 Île d’Olonne

Tél./fax : 02 51 32 11 [email protected]

75ARDDS 75

AccueilJeudi de 14 à 18 heures

(hors vacances scolaires zone C)75 rue Alexandre-Dumas

75020 Paris

Séances d’entraînement à la lecture labiale

Jeudi de 14 à 16 heures(hors vacances scolaires zone C)

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

SortiesUn samedi par mois

Nicole Hameau7 rue des Rigoles – 75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

www.ardds.org

Et n’oubliez pas de venir sur le site de l’ARDDS : www.ardds.org

informations sur l’actualité du monde sourd

et sur la vie de l’ARDDS.

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