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DES ORIGINES L e même émerveillement est exprimé par David à propos de la création et de la perfection de la révélation biblique. Les observations de la nature, notamment les découvertes en géologie au XIX e siècle et les travaux de Darwin, semblent mettre à mal la compatibilité entre les sciences et la Bible. Pourtant nous osons affirmer que ces contra- dictions ne sont qu’apparentes. Entre ces deux « livres », il y a une seule vérité. Si contra- diction il y a, ou bien notre observation de la nature est faussée, ou bien il faut revoir notre compréhension du texte biblique. Je reconnais que cette position est loin de faire l’unanimité auprès des pen- seurs de notre temps à cause d’une contestation quasi générale de la Bible et d’une surestimation de « La » science comme nous le ver- rons dans un premier temps. Nous survolerons ensuite plu- sieurs tentatives de conciliation ou de non-conci- liation entre ces deux « livres ». La contestation de la Bible À l’époque de Jésus, les sadducéens glis- saient déjà vers le « rationalisme » en refusant de croire aux anges, ou à la résurrection 2 . Ce phénomène n’a fait que s’amplifier au cours des siècles. La période la plus contestataire à l’égard de la Bible a probablement été le Siècle des Lumières. WELLHAUSEN (1844-1914), un siècle plus tard, est l’un des héritiers de ces « Lumières ». Il a marqué l’ensemble de l’aile libérale protestante puis l’aile progressiste catholique 3 . La leçon inaugurale de Thomas RÖHMER sur les Mélanges bibliques au Collège de France en 2009 est très révélatrice. Après une belle introduction sur l’impact de la Bible La Bible et les origines 1 2 1 Cet article est un résumé et une adaptation d’interventions de l’auteur données à Grenoble ou lors de rencontres GBU en 2009, année « Darwin » ! 2 Marc 12.18-27 Introduction « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mainsLa loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ; le témoignage de l’Éternel est véritable. » (Psaume 19.1,7) REYNALD KOZYCKI Pages Servir 3-2010 29/10/10 20:20 Page2

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DES ORIGINES

Le même émerveillement est exprimé parDavid à propos de la création et de laperfection de la révélation biblique. Les

observations de la nature, notamment lesdécouvertes en géologie au XIXe siècle et lestravaux de Darwin, semblent mettre à mal lacompatibilité entre les sciences et la Bible.Pourtant nous osons affirmer que ces contra-dictions ne sont qu’apparentes. Entre cesdeux « livres », il y a une seule vérité. Si contra-diction il y a, ou bien notre observation de lanature est faussée, ou bien il faut revoir notre

compréhension du textebiblique. Je reconnais quecette position est loin de fairel’unanimité auprès des pen-seurs de notre temps à caused’une contestation quasigénérale de la Bible et d’unesurestimation de « La »science comme nous le ver-rons dans un premier temps.Nous survolerons ensuite plu-

sieurs tentatives de conciliation ou de non-conci-liation entre ces deux « livres ».

La contestation de la Bible

À l’époque de Jésus, les sadducéens glis-saient déjà vers le « rationalisme » en refusantde croire aux anges, ou à la résurrection2. Cephénomène n’a fait que s’amplifier au coursdes siècles. La période la plus contestataire àl’égard de la Bible a probablement été le Siècledes Lumières. WELLHAUSEN (1844-1914), unsiècle plus tard, est l’un des héritiers de ces« Lumières ». Il a marqué l’ensemble de l’ailelibérale protestante puis l’aile progressistecatholique3. La leçon inaugurale de ThomasRÖHMER sur les Mélanges bibliques au Collègede France en 2009 est très révélatrice. Aprèsune belle introduction sur l’impact de la Bible

La Bible et les origines1

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1 Cet article est un résumé et une adaptation d’interventionsde l’auteur données à Grenoble ou lors de rencontres GBUen 2009, année « Darwin » !2 Marc 12.18-27

Introduction« Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses

mains… La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ; le témoignage del’Éternel est véritable. » (Psaume 19.1,7)

REYNALD KOZYCKI

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dans le monde et la richesse de soncontenu, l’auteur explique que les récits del’Ancien Testament n’ont quasiment aucunfondement historique, mais s’apparententaux mythes et aux légendes4.

Heureusement au cours du XXe siècle,quelques grands noms de l’archéologie(de tous bords) ont, par leurs découvertes,mis en valeur la trame historique de la Bible.Il s’agit d’ALBRIGHT, BRIGHT, DE VAUX, PAR-ROT5… Un auteur comme VON RAD écrit :« Rien de plus surprenant que la réserve,la sobriété, la froideur de l’histoire bibliqueen regard aux couleurs capricieuses et in-tenses des mythes d’autres peuples » 6.

Fin XXe et début XXIe siècle, les travauxd’évangéliques comme Alan MILLARD oul’œuvre magistrale de l’égyptologueKenneth A. KITCHEN ont contrebalancél’approche majoritairement « mytholo-gique » de la Bible7.

Surestimation des sciencesLydia JAEGER, physicienne et théolo-

gienne, écrit : « Les mythes anciens ne ser-vent plus de repères pour comprendre l’ori-gine du monde. C’est la Science, qui, pourbeaucoup, les a remplacés dans leur fonc-tion explicative. Il n’est pas rare de voir lesthéories scientifiques sur l’origine de l’uni-vers de la vie investies d’une fonction quasi-religieuse »8.

VON RAD avait bien repéré, en sontemps, la fragilité d’un certain nombre dethéories actuelles donnant les réponses surles origines : « La tendance si déconcertantedes cosmogonies scientifiques modernes àpasser de mode si rapidement permet dedouter sérieusement que la science ait atteintle niveau d’intelligence du récit biblique »9.

En conclusion de cette première partie,nous pouvons affirmer que malgré d’ap-parentes contradictions, la vision bibliqueet l’observation attentive de la nature ne

se contredisent pas, tout au moins, mesemble-t-il, pour les approches qui sesituent dans les positions 5 à 7 décrites trèssommairement ci-dessous.

Essai de classification desapproches face aux origines

Nous partons des positions les plus« strictes » au plus « libérales »10.

1. Les partisans de la terre plate

Une société a été créée en 1979 parSamuel SHENTON regroupant quelquescentaines de personnes. Se basant sur unecertaine lecture de la Bible et des sciences,elle démontre que la terre est un disqueimmobile11.

2. Les géocentriques

Gerardus BOUW, docteur en astronomie,est l’un de ceux qui soutiennent une inter-prétation très littérale de la Bible et affirmeque la terre est fixe au centre de l’Univers.

3 Notamment depuis l’encyclique de Pie XII Divino Afflante Spiritu du30 septembre 1943. Voir le bref commentaire dans le numéro de Servir6-2009 dans l’interview : « L’inerrance : entretien avec Henri Blocher ».4 Cette leçon donnée le 5 février est en ligne à ce jour sur le site duCollège de France.5 W.F. ALBRIGHT, professeur à John Hopkins University ; John BRIGHT,de Union Theological Seminary ; Roland de VAUX, de l’école bibliquede Jérusalem ; André PARROT, directeur du Louvre…6 Auteur qu’on ne peut pas soupçonner d’être obnubilé par ladéfense de la Bible. Von RAD, La Genèse, University of Chicago, 1963,p. 98 cité dans Lydia JAEGER, Vivre dans un monde crée, Farel, 2007.7 Kenneth KITCHEN, On the Reliability of the Old Testament, Grand Rapids,Eerdmans, 20038 Op. cit., Vivre dans un monde créé, p. 10.9 Gerhard Von RAD (de l’Université de Heidelberg), The Old Testamentand Archeology, The Huhlenberg Press, 1948, p. 135, cité par PierreBERTHOUD, En quête des Origines, Excelsis, 2008, p. 211.10 Cette classification s’inspire de nombreuses lectures, dont notam-ment les travaux de Jean STAUNE, Notre existence a-t-elle un sens ?,Presse de la renaissance, 2007 ; le site internet très fourni www.bio-logos.org fondé par le généticien évangélique Francis COLLINS et unplus modeste équivalent français www.scienceetfoi.com où un diaporamade Pascal TOUZET traite de ce thème de « classification ». Voir aussil’article de Matthieu RICHELLE dans ce même numéro qui développecertaines facettes de la question.11 Voir le site internet en.wikipedia.org/wiki/Flat_Earth_Society

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Le monde a été fait en 6.000 ans et tousles fossiles s’expliquent par le déluge. Évi-demment, on ne trouve qu’une poignéed’adeptes de ces théories.

3. Le créationnisme « Terre jeune »

Le monde a été créé il y a environ10.000 ans. L’évolution est un grand leurre(excepté les microévolutions). La mort ausens littéral pour les hommes et les animauxa fait son apparition à la chute.

Au début du XXe siècle, les évangéliquesnord-américains acceptaient assez facile-ment l’idée de l’évolution12. Un durcisse-ment d’une aile évangélique « Terre jeune »est apparu dans les années 1920 avec leprocès du singe. La position « Terre jeune »est probablement majoritaire actuellementparmi les membres d’Églises évangéliquesaux USA. On la retrouve aussi chez plu-sieurs musulmans radicaux. En France, elleest moins courante, surtout chez les per-sonnes plus informées scientifiquement. Ilest notoire que, lors du colloque du Réseaude scientifiques évangéliques en janvier2010, ce courant n’était représenté paraucun orateur et pratiquement aucun deschercheurs évangéliques présents ne sou-tenait cette position.

4. Le créationnisme « Terreancienne »

Cette position accepte sans difficulté lesdates habituelles de l’origine de l’universde 13,7 milliards d’années. La « macro-évo-lution » est un leurre, chaque nouvelleespèce est apparue par des actes de créa-tion indépendants.

5. Le créationnisme « progressif »

Jean HUMBERT écrit : « Le Créationnismeprogressif… admet que Dieu a été àl’œuvre tout au long du processus créateur-évolutif, tantôt par le moyen des lois de lanature qu’il soutient, tantôt par des actions

directes (généralement qualifiées demiracles, mais qui sont peut-être des loisque nous ignorons) »13.

La suprématie de la sélection naturelleet du hasard est contestée. Cette positionest soutenue, avec des nuances, par unnombre assez important de scientifiquesévangéliques, mais parfois aussi agnos-tiques. Michael DENTON, par exemple,parle d’une évolution guidée par la nature(téléologie), l’homme reste le but de l’évo-lution de l’univers. La logique interne(inside story) de Rémi CHAUVIN, lesapproches de Pierre-Paul GRASSÉ oud’Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ rejoignenten partie cette position14.

6. L’Intelligent Design

Les principaux penseurs de ce courantse situent le plus souvent dans la position5, parfois 4, mais les militants font souventpartie des positions 3 et 4, ce qui engendreparfois certains amalgames.

7. Le créationnisme évolutif

Dieu a créé les espèces vivantes par unprocessus évolutif qu’il a pleinementcontrôlé et planifié, malgré son apparencealéatoire. Le parallèle est fait avec le pro-cessus chaotique du climat, qui est, mal-gré tout, sous le contrôle de Dieu. Ses par-tisans croient que la Bible est la Parole deDieu, pleinement inspirée, mais le Saint-Esprit s’est mis au niveau « scientifique »des auteurs bibliques selon le principe« d’empathie ».

DES ORIGINES

12 Les évangéliques Asa GRAY (professeur de botanique à Harward,ami de Darwin), les théologiens George F. WRIGHT, James ORR,Benjamin B. WARFIELD ou Ruben TORREY s’affichaient ouvertementcomme favorables aux théories de Darwin, tout en étant opposés à« l’évolutionnisme philosophique ».13 Jean HUMBERT, Création, Évolution, faut-il trancher ?, Sator, 1989.14 On pourrait aussi ajouter Jean CHALINE et ses gènes de régulation,les « macro-mutations » canalisées de Roberto FONDIN ou l’approchede Marcel-Paul SCHÜTZENBERGER. Voir la synthèse de ces différentespositions dans Jean STAUNE, op. cit.

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1) Le texte tel qu’il se présenteLa compréhension du texte ne doit pas flotter au gré

des sensibilités personnelles. Il faut plutôt se mettre àl’écoute de ce qu’il a, lui, à nous dire. Or nous nesommes pas dépourvus d’éléments à ce sujet.

La première piste est le style de Genèse 1. Ce pas-sage est rempli de traits typiques de la poésie :• des parallélismes, par exemple : « Dieu appela la

lumière “jour” // et il appela les ténèbres “nuit” » ;• des paires d’éléments opposés : jour/nuit,

lumière/ténèbres, etc. ;• des refrains : « il y eut un soir, il y eutun matin », etc. ;• des jeux de mots. Ainsi, les « lumi-naires » sont créés pour « illuminer » laterre et séparer la « lumière » et lesténèbres (Gn 1.17-18). Le degré d’élaboration du texte vajusqu’à un raffinement extrême. L’au-teur a calculé le nombre d’apparitionsdans son texte de certaines formules.On rencontre par exemple :• 10 fois le verbe « faire », les expres-

« Au commencement, Dieu créa le ciel et laterre… ». À première vue, le récit de la créa-tion de Genèse 1 paraît simple. Et pourtant,la toute première page de l’Écriture fait l’ob-jet de désaccords sensibles parmi ses lecteurs.Comment y voir clair parmi la multiplicité desinterprétations ?

MATTHIEU

RICHELLE,PROFESSEUR

D’ANCIEN

TESTAMENT À LA

FLTE DE VAUX-SUR-SEINE

DES ORIGINES

La création de l’hommeL’interprétation de Genèse 1

15 Voir les interviews de Francis COLLINS dansle magazine Time de juillet 2006 (couverture)et son livre phare, The Language of God, FreePress, 2006, et son site internet célèbrewww.biologos.org

C’est la position par exemplede Francis COLINS, ex-directeur duHuman Genome Project 15 oudes chercheurs français écrivant surle site scienceetfoi.com.

Une certaine liberté est prise parrapport à Genèse 1-11, quelques-uns remettent en question l’exis-tence historique d’Adam et Ève.

8. L’évolutionnisme agnostiqueou athée

Dans la version agnostique,l’évolutionnisme ne rejette pasnécessairement l’idée de Dieu,mais se distancie d’une révélationécrite. Dans la version athée, uneopposition parfois farouche contreDieu et les religions est exprimée.

Conclusion

Comment se situer dans ces dif-férentes approches ? Dans unemême Église, on trouvera peut-êtredes personnes soutenant les posi-tions 3 à 7 : cela ne devrait pasempêcher une vraie « communionfraternelle ». Nous sommes dansle cas des différences d’opinions« secondaires » décrites enRomains 14. Pour ma part, lorsquej’ai découvert l’Évangile, j’aiadhéré à la position 3 puis, aprèsde nombreuses lectures, j’ai trouvéles positions 5 et 7 (avec l’histo-ricité d’Adam et Ève) plus convain-cantes, tout en gardant, mesemble-t-il, une harmonie entre lelivre de la nature et la révélationbiblique. R.K.

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sions « Dieu dit » et « selon leurespèce » ;

• 7 fois la formule « Dieu vit que celaétait bon » ;

• 3 fois les expressions « qu’il y ait » et« Dieu bénit ».Mieux, l’auteur semble avoir compté

le nombre de mots de certaines sectionsdu texte, et avoir fait en sorte qu’ils’agisse de multiples de 7. Le passageentier (Gn 1.1 à 2.3) comprend 7 x67 mots. L’introduction (1.1-3) contient7 x 3 mots, les six premiers jours sontécrits en 7 x 59 mots, et le 7e jour en 7x 5 mots… Tout cela ne peut être dû auhasard.

L’ensemble s’avère également trèsbien structuré. Le jour 1, où Dieu créela lumière, correspond au jour 4 où ilforme les luminaires. Le jour 2, où Dieusépare les eaux, trouve un écho dans lejour 5 où les eaux deviennent le lieud’un grouillement d’êtres vivants. Quantaux jours 3 et 6, ils sont unis par lethème de la terre : elle est formée d’uncôté et devient habitée par les animauxterrestres et l’homme de l’autre. De plus,la végétation qui sort de la terre au jour3 devient nourriture de ces êtres vivantsau jour 6. Au final, le texte se présentecomme un véritable diptyque, puisqueles jours 1-3 et 4-6 se répondent deuxà deux.

En somme, on est loin d’être dans unrécit habituel : un souci esthétique pré-side clairement à l’agencement du texte.

2) Le texte dansson contexte

Le second élément qui peut nousorienter crevait les yeux des lecteursantiques… mais pas les nôtres, car nousne vivons plus dans un contexte poly-

théiste, rempli de dieux et de mythes.Par exemple, en Égypte, certains textesracontaient qu’à l’origine se trouvaientles quatre dieux primordiaux du chaos :Nun (« profonde masse d’eau sansvie »), Hehu (« immensité infinie »), Keku(« obscurité infinie ») et Amun, le ventqui se meut sur les eaux. Le dieu-lumière, Atum, aurait été créé par laparole du dieu Ptah. Une colline seraitapparue au milieu des eaux, puis le cielaurait été séparé de la terre. Ensuite,l’humanité, les animaux, etc. auraientété créés, et pour finir Ptah se seraitreposé de son travail de création.

Les différences entre la Genèse et cesmythes de création (« cosmogonies »)sont saisissantes. Dans la pensée égyp-tienne, une multitude de dieux consti-tuent eux-mêmes une partie de lamatière transformée pour créer lemonde. Dans la Genèse, un Dieuunique crée un monde totalement dis-tinct de lui. Le soleil et la lune ne sontplus des dieux, mais de simples objetsmatériels créés. C’est révolutionnaire !

En même temps, on relève des simi-litudes frappantes. Tout commence parun abîme, une masse d’eau indifféren-ciée. À partir de là, on progresse parséparations successives. L’idée de la créa-tion par la parole d’un dieu, qui serepose à la fin, existait déjà en Égypte.Certains chercheurs estiment même queles quatre éléments de Genèse 1.2(l’abîme, le tohu-bohu, le souffle deDieu, les eaux) pourraient avoir étémentionnés exprès pour répliquer auxquatre dieux du chaos. De manièregénérale, on rencontre la mêmeséquence dans l’apparition des chosescréées.

Autrement dit, en rédigeant son texte,l’auteur de Genèse 1 a adopté un genre

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littéraire bien connu dans l’Antiquité,celui des « cosmogonies ». Il en a aussivolontairement repris des motifs clas-siques (abîme primordial, séparations,etc.), pour mieux y répliquer dans sonpropre cadre. Ilcombine ains ipédagogie enversceux qui étaienttentés par cesidées et habilepolémique. Ordans l ’Orientancien, les cos-mogonies sont ungenre totalementdistinct de celuides traités scienti-fiques. Le but descosmogonies estde décrire l’impli-cation des dieux dans l’origine dumonde. Cela suggère fortement quel’auteur de Genèse 1 avait délibérémentchoisi de ne pas livrer une description« scientifique » de la formation de l’uni-vers (il aurait adopté un genre différentpour cela), mais plutôt de montrer com-ment le vrai Dieu s’était impliqué dansla création.

3) Les interprétationspassées au cribledes données

Confrontons maintenant les princi-pales lectures de Genèse 1 aux donnéesdu texte.

L’interprétation littérale, selon laquelleDieu a créé le monde en 6 jours de 24heures, se heurte à plusieurs difficultés.D’abord, la lecture littérale n’est pas apriori la meilleure méthode pour inter-préter un texte biblique. Tout dépend du

genre du texte (on ne comprend pasune parabole comme un récit histo-rique). Dans le cas de Genèse 1, le genrelittéraire, le style semi-poétique et l’éla-boration esthétique tranchent totalement

sur les récits que l’on prend à la lettre.Ensuite, comme le soleil n’est créé qu’aujour 4, comment considérer les jours 1à 3 comme des jours de 24 heures ? Ceserait forcer le texte que d’imaginer queDieu a créé une lumière spéciale pouranticiper sur la durée des journéesactuelles. Enfin, le 7e jour ne dure pas 24heures ! L’absence de la formule récur-rente « il y eut un soir et il y eut unmatin » suggère qu’il n’a pas de fin. EnJean 5, pour justifier le fait qu’il guéritun jour de sabbat, Jésus déclare qu’ilimite ce qu’il voit son Père faire (v. 19).C’est donc que Dieu est en train d’œu-vrer pendant son propre sabbat. De plus,Jésus précise que son Père « agit jusqu’àprésent » (v. 17), ce qui implique quel’œuvre de Dieu n’a pas cessé (Gn 2.2-3 dit seulement que Dieu s’est reposé deson œuvre de création).

Pour l’interprétation restitutionniste,les six jours consistent en une œuvre de

CRÉATION

D’ADAM.CHAPELLE

SIXTINE,MICHEL

ANGE

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restauration du monde après une catas-trophe située « entre » les v. 1 et 2. Cettehypothèse est généralement abandon-née par les exégètes, car elle ne respectepas le texte, mais y importe des idéesextérieures : l’idée que le v. 2 décrit unétat chaotique résultant d’une catas-trophe, qu’il faut y traduire « la terredevint », une chute de Satan non men-tionnée entre les v. 1 et 2.

D’après l’interprétation concordiste,les jours sont de longues périodes cor-respondant à de grandes ères cosmolo-giques ou géologiques. En effet, le mot« jour » désigne parfois une longuedurée, par exemple au Psaume 90.4(« mille ans sont à tes yeux comme lejour d’hier ») ; És 4.2 (« en ce jour-là »),etc. De plus, le 7e jour de Genèse 1s’étend sur une immense période. Maisc’est seulement dans des expressionsidiomatiques (« en ce jour-là », « le jourde Yahvé »…) qu’on rencontre ce sensde « période ». On ne peut en déduireque le mot isolé peut facilement porterà lui seul cette acception. En Genèse 1,le refrain sur le soir et le matin corres-pond au contraire à des jours ordinaires(mais pas à prendre littéralement,comme on le verra). Dans « mille anssont à tes yeux comme le jour d’hier »,la comparaison n’est pertinente que si lejour en question désigne un jour ordi-naire. Quant au 7e jour, c’est l’exceptionqui confirme la règle : le texte prendsoin de ne pas mentionner de soir.

L’interprétation du « cadre littéraire »est la seule à se fonder sur les élémentsque nous avons recueillis plus haut ausujet du texte et de son contexte. L’étudedes caractéristiques du passage montreque c’est une intention esthétique quipréside à son organisation et à la symé-trie entre les jours. Remettre le texte

dans son arrière-plan antique montreque l’auteur n’a pas choisi un genre lit-téraire de type « traité scientifique »,mais celui des cosmogonies. Sa volontéde répliquer aux mythes environnants l’aconduit à reprendre en partie la mêmetrame et les mêmes motifs, tout en lespurifiant et en y répondant point parpoint. Constat supplémentaire : le texteutilise un anthropomorphisme (unefaçon imagée de parler de Dieu, commes’il était humain). En effet, il montreDieu en train de travailler puis de sereposer, selon un rythme humain.D’ailleurs, Exode 31.17 dit avec audaceque le 7e jour « Dieu reprit haleine » ! Enfait, l’auteur de Genèse 1 a choisi dereprésenter Dieu tel un artisan façonnantle monde, et, pour cela, a choisi le cadred’une semaine de travail.

Son souci n’était donc pas de livrer lachronologie littérale des évènements.« Pastoralement », cela n’avait aucunintérêt. En revanche, il convenait defournir aux fidèles un vrai cadre de pen-sée. Cela ne signifie pas que le texte estune fiction. L’Ancien Testament contientdes fresques analogues. En 2 Samuel 22(= Ps 18), David dépeint poétiquementDieu volant sur un « chérub », de lafumée sortant de ses narines, la terre etle ciel ébranlés… Il parle en fait de lamanière dont Dieu l’a délivré de Saül etd’autres ennemis. Description imagéed’évènements réels et concrets ! Demême, la vision de la « vallée des osse-ments » (Ez 37) décrit picturalement uneœuvre réelle. Par l’œuvre de Christ,Dieu a vraiment redonné vie aux Israé-lites acceptant son Fils, ils ont vraimentété ressuscités par son souffle-Esprit. Demême, Genèse 1 est une magnifiquedescription picturale de Dieu à l’œuvredans la Création. M.R.

DES ORIGINES

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FRANÇOIS-JEAN

MARTIN

DES ORIGINES

Darwin et son époque1

Le contexte historiqueet culturel

On peut faire dire à toute œuvrece qu’on veut si on l’extrait de soncontexte. Cel le de DARWIN

n’échappe pas à cette vérité. Enquoi la théorie de l’évolution est-elleun produit de l’Angleterre victo-rienne ? Il faut réaliser que laconception de cette théorie par DAR-WIN a duré vingt ans. Or, l’Angle-terre, pays rural tenu par quelqueshobereaux conservateurs, devientpendant cette période une sociétéurbaine et industrielle où émergeune bourgeoisie éclairée, prête àentendre des idées nouvelles.Lorsque De l’origine des espècesest publié en 1859, les 1 250 exem-plaires de la première édition sontvendus en un jour et six éditionsvont suivre du vivant de DARWIN2.Peu de temps après sa mort, ontirera le vingt-huit millième exem-plaire.

Le Royaume-Uni pacifié ettriomphant, qui enterre DARWIN en

grande pompe à l’abbaye de West-minster le 26 avril 1882, n’a plusrien à voir avec le pays au bord dela révolution que le jeune naturalisteavait quitté en 1831 en s’embar-quant pour son voyage autour dumonde.

Une nation en pleinchangement

« Rarement et à un tel rythme,une nation n’avait éprouvé deschangements aussi considérablesde ses modes de vie, une telle miseà nu de ses oppositions sociales,une si nécessaire révision de sesprincipes », observe l’historienRoland MARX à propos de la pre-mière moitié du XIXème siècle bri-tannique3. Toute l’organisation poli-tique et sociale, remarquablementstable depuis la « glorieuse révolu-tion » de 1688 qui a institué lamonarchie parlementaire et fait del’Église anglicane la religion d’État,est en effet remise en cause par larévolution industrielle. Une nou-velle classe d’industriels, de négo-

1 Ce résumé fait de larges emprunts à l’article « Bienvenue dans les temps modernes », de Nicolas Che-vassus-au-Louis, paru dans le numéro hors série 2009 de Télérama intitulé : 150 ans après la théorie del’évolution, Charles Darwin dérange encore.2 Mort le 19 avril 18823 Histoire de l’Angleterre (Fayard, 1993)

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ciants et de banquiers s’enrichit à grandevitesse. La géographie du pays est bou-leversée par l’essor des manufacturesde textile et des hauts-fourneaux. Leroyaume s’urbanise à grande vitesse :dès 1851, on compte plus de citadinsque de ruraux, et les « classes labo-rieuses » (terme apparu en 1820) s’en-tassent dans les taudis de « l’enfer desvilles », dont la pollution, l’insalubrité etla promiscuité frappent tous les voya-geurs. Mais, alors que tout change, l’aris-tocratie s’arcboute sur les privilèges quifondent son pouvoir, à commencer parla possession de la terre : 4 000 famillesnobles possèdent plus de 60 % des sur-faces agricoles, dont elles dégagent unerente considérable. Le système électoralgarantit également à l’aristocratie ter-rienne le contrôle du Parlement. Desvilles industrielles en pleine expansioncomme Birmingham ou Manchestern’ont ainsi aucun délégué à la Chambredes Communes. Le dernier bastion dupouvoir de l’aristocratie est le mono-pole religieux de l’Église anglicane, dontdoit être membre toute personne exer-çant une fonction officielle. Critiquéepour sa corruption, coupée des massespopulaires par son indifférence à la ques-tion sociale, l’Église anglicane est unsoutien indéfectible de l’ordre établi,présenté comme d’origine divine.

Du reste, les deux partis, tories (futursconservateurs) et whigs (futurs libéraux),qui se partagent le pouvoirdepuis deux siècles, neremettent pas fondamenta-lement en cause ce systèmepolitique. Seuls les radi-caux, admirateurs de laRévolut ion française,influents parmi la bour-

geoisie urbaine et dans certaines régionsouvrières, le critiquent ouvertement. L’onpeut croire, autour de 1830, que le paysest au bord de la révolution. Les whigsrépondent par quelques timides mesuresde modernisation politique, mais laréforme électorale de 1832 ne fait qu’en-trouvrir les portes du Parlement à labourgeoisie montante. Le nombre d’élec-teurs passe de 478 000 à 813 000 pourune population de 24 millions. Le suf-frage universel masculin, réclamé à par-tir de 1838, est catégoriquement refusé,tant par les whigs que par les tories.

Et pourtant, ce pays qui semble mar-cher sur un fil au-dessus de l’abîmeconnaît à partir des années 1850 unapaisement qui va le faire entrer dansl’âge d’or de l’époque victorienne. Unnouvel équilibre économique s’instaureet les crises récurrentes semblent unmauvais souvenir. Le Royaume-Uni estdevenu l’atelier du monde. Les classespopulaires profitent enfin de l’essor éco-nomique. Les gouvernements lancentde grands travaux d’urbanisme pourassainir les villes, favorisent la santépublique et la scolarisation. Le pays resteprofondément inégalitaire, mais, entreles riches aristocrates et les ouvriers malpayés, une « classe moyenne » d’envi-ron 2 millions de personnes s’étend pro-gressivement.

Charles DARWIN était un représentanttypique de la fraction la plus fortunée de

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cette bourgeoisie en pleine ascension.Fils et petit-fils de médecin, il avait héritéd’une fortune considérable lui permet-tant d’être le premier de sa famille àvivre de ses rentes. À partir de 1842,reclus dans sa maison de Downe, ilcontribua à l’organisation d’une sociétéde prévoyance, s’occupa des comptesde l’école anglicane et prit en 1857 leposte de magistrat local. Il correspondaitavec le philosophe John Stuart MILL,avec lequel il s’accordait sur des posi-tions libérales, favorables au dévelop-pement de l’éducation, hostiles à l’es-clavage et au travail des enfants. Et il alui-même expliqué que c’est à la lecturede L’Essai sur le principe de populationde Malthus que lui est venu l’éclair degénie articulant l’idée de sélection natu-relle avec celle de lutte pour des res-sources finies au sein d’un territoire.

Certains ont voulu voir dans l’œuvredarwinienne une simple projection desdures réalités de la société anglaise bou-leversée par la révolution industrielle.« II est remarquable de voir commentDARWIN reconnaît chez les animaux et lesplantes sa propre société anglaise, avecsa division du travail, sa concurrence, sesouvertures de nouveaux marchés, ses“inventions” et sa malthusienne “luttepour la vie” », écrivait ainsi Karl MARX àFriedrich ENGELS en 1862. Enthousias-més par la lecture du livre De l’originedes espèces, dans lequel ils voyaient « labase fournie par les sciences naturellesà la lutte historique des classes », lesdeux philosophes passèrent cependantà côté, comme beaucoup de leurscontemporains, de l’idée de sélectionnaturelle, reconnue aujourd’hui commela contribution scientifique la plus impor-tante de DARWIN.

L’émergence de questionsscientifiques nouvelles

Elle s’explique par l’intérêt social desscientifiques qui adoptèrent rapidementles thèses darwiniennes : le biologisteHuxley, le botaniste Hooker, le géologueLyell et une dizaine d’autres. Presquetous appartenaient à cette nouvelle bour-geoisie en plein essor politique, qui avaitbesoin d’arguments pour combattre ladomination de l’aristocratie. Avec DAR-WIN, l’évolution sociale pouvait être consi-dérée comme la poursuite de l’évolu-tion naturelle, le remplacement inévitablede formes dépassées par d’autres, plusavancées. « Ce qui explique [le] triomphede [l’évolutionnisme], c’est la conjonctionde deux phénomènes : d’une part ledéveloppement rapide d’une bourgeoi-sie “libérale” et “progressiste” et, d’autrepart, l’absence de révolution. L’opposi-tion aux forces de la tradition ne cessaitde croître, mais désormais elle ne sem-blait plus impliquer de soulèvementsocial. [...] Ainsi, plus que des mérites évi-dents de “De l’origine des espèces”, lesort du darwinisme dépendit-il de laconjoncture politique et idéologique »,explique l’historien HOBSBAWM4. Ce com-bat politique se doublait d’un combatidéologique contre l’Église anglicane, quifondait sur le plan spirituel le pouvoir del’aristocratie terrienne. En remettant encause le fixisme qui s’appuyait sur unelecture littérale du texte biblique sur laCréation et sur une compréhension desespèces comme immuables, toute théo-rie de l’évolution sapait en effet un despiliers du discours religieux sur l’ordresocial. Au magistère des clergymen, lesjeunes darwiniens entendaient ainsi sub-

4 L’Ère du capital (Fayard, 1978)

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stituer celui des scientifiques. « Le succèsdu darwinisme ne fut pas dû à uneacceptation générale de la théorie de lasélection, mais à l’exploitation de l’évo-lutionnisme par ceux qui étaient déter-minés à faire de la science une nouvellesource d’autorité pour la civilisation occi-dentale. [...] Les hommes de science quiétudiaient la loi naturelle devaient deve-nir la nouvelle source de l’autorité intel-lectuelle, succédant aux moralistes etaux théologiens qui dictaient aupara-vant au monde la façon de comprendrela nature humaine », observe l’historienBOWLER5. Il s’agit bien d’une prise depouvoir dans la société. Homme pru-dent, DARWIN était bien conscient de cesconséquences politiques de son travailscientifique. C’est parce qu’il ne veut pasaffronter un inévitable scandale sansavoir rassemblé le plus d’arguments pos-sible en faveur de ses thèses qu’il metplus de vingt ans à exposer ses idées surl’origine des espèces. Et c’est pour cettemême raison qu’il s’abstient d’y évoquerla question de l’homme, qu’il ne traiteraque douze ans plus tard. Si DARWIN reçutdes honneurs nationaux, ce n’est pastant à cause de la pertinence de sadémonstration que parce qu’il avait sunouer dans la société victorienne desliens scientifiques solides avec des alliéspolitiquement intéressés au triomphe deses idées sur l’évolution.

ConclusionsLes idées comme celle de l’évolution

ne tombent pas du ciel, si j’ose employerune telle image. Elles sont filles de leurépoque, de la société dans laquelle ellesnaissent. En effet, la bataille à l’époquede DARWIN est le reflet de révolutionsprofondes de la société. Les nouvelles

idées provoquent ou accompagnent ousont les conséquences de ces change-ments. Mais les enjeux réels ne sont nithéologiques ni scientifiques, ils sont liésau pouvoir, au maintien du pouvoir, àla prise du pouvoir. Pour cela, théologieet science sont utilisées, manipulées, tra-hies si besoin.

Si le contexte n’est pas le mêmeaujourd’hui, dans le débat qui nousoccupe, il n’en demeure pas moins toutaussi important. Je prétends que l’es-sentiel, dans les choix faits par les diffé-rents partis, reste hors des domaines dela science ou de la théologie et j’oseavancer qu’il s’agit toujours de pouvoir.Il faut en être conscient quand on s’en-gage dans ce débat. Une bonne partiedes créationnistes fondamentalistes amé-ricains forment la droite dure qui a portéplusieurs présidents au pouvoir auxÉtats-Unis. Ce qui les meut n’est pasque théologique. Richard DAWKINS,célèbre éthologiste d’Oxford, chef defile des néo-darwiniens, est porte-paroled’un athéisme militant. Ce qui le meutn’est pas que scientifique. En disant cela,je ne prends pas position sur les thèsesscientifiques qu’ils défendent, mais jemets en garde contre une soi-disant neu-tralité des uns et des autres. Ne nous lais-sons pas manipuler ou embrigader pardes gens dont l’intérêt majeur n’est pasla défense de la foi ou celle de la science.

Ainsi, on peut être un scientifiquerigoureux et croire en un Dieu créateur ;on peut être chrétien et croire en l’exis-tence de lois évolutives ; mais, on peutaussi être fidèle à Dieu en ayant sur laquestion qui nous occupe des points devue différents. F-J.M.

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5 Darwin (Flammarion, 1995)

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Je travaille au Commissariat à l’É-nergie atomique où j’encadre desrecherches en microélectronique etc’est en tant que scientifique chré-tien que l’on m’a demandé d’ap-porter mon témoignage. J’ai redé-couvert la foi chrétienne et l’actualitéde l’appel de Jésus-Christ à le suivre2

au cours de mon doctorat.La physique est depuis long-

temps un domaine qui me pas-sionne à cause de sa capacité àrendre compte des phénomènesphysiques, tout en montrant l’unitédes lois de la nature derrière lamultitude des manifestations quenous connaissons. Depuis maconversion, un Psaume me parle par-ticulièrement à ce sujet, le Psaume19. Il exalte la révélation de Dieu,tout d’abord dans ses œuvres (v.1-7), puis de manière plus explicitedans sa loi (v.8-15).

Depuis ma conversion, les deuxdomaines de la physique et del’étude des Écritures sont pour moiautant d’occasions pour mieuxconnaître Dieu, même si les Écrituresont la primauté. Vient alors la ques-

tion de la lecture des premiers cha-pitres de la Bible en tant que croyantscientifique. Des textes dont on asouvent dit qu’ils sont dépassés parle discours scientifique.

Durant les premières années quisuivirent ma conversion, j’ai adoptéune interprétation littérale de ces pre-miers chapitres, car c’est la lecturequi me paraissait alors la plus fidèle.En lisant à cette époque certainslivres néo-créationnistes3, j’appréciaisaussi d’y voir une certaine contes-tation du discours scientifiquemoderne, parfois un peu trop suf-fisant.

Depuis, dans cet effort d’unelecture parallèle des deux tables dela révélation, pour reprendre la

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Entre Science

et Bible,

mon cheminement1

1 Ce témoignage a été donné lors de la journée« Bible et origines » à Grenoble le 14 mars 2009.2 On trouvera une version étendue de mon témoi-gnage dans « Un regard chrétien sur le bouddhisme »Croire-Pocket n°123 Tout chrétien recevant l’autorité des Écritures estcréationniste au sens où il croit que Dieu est le créa-teur du monde. Les néo-créationnistes ont une lec-ture littérale des premiers chapitres de la Genèseet en particulier des périodes qui y sont indiquées,ce qui les conduit à croire en une terre de quelquesmilliers d’années.

CHARLES LEROUX

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Témoignage

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structure du Psaume 19, j’en suis venuà une position différente : à la fois créa-tionniste et évolutionniste.

Mais avant d’aller plus loin dans l’ex-posé de cette position, j’aimerais faire uneparenthèse sur la notion de vérité enscience. Mes impressions sont plus baséessur un vécu au laboratoire que sur desconnaissances en philosophie dessciences. D’une part, parce qu’elle est sou-mise à l’expérience et à l’observation, lascience se met nécessairement à l’écoutede la création, elle peut ainsi apparaîtrecomme un effort pour se mettre à l’écoutede la gloire de Dieu manifestée dans sacréation (Pr 25.2), et force est de consta-ter un progrès en la matière depuis laRenaissance. D’autre part, il faut consta-ter que la science est conduite par deshommes pécheurs dont les motivationsne sont pas nécessairement la recherchedu vrai, mais aussi bien d’autres moti-vations moins avouables : la reconnais-sance personnelle, la soif de pouvoir, l’ap-pât du gain. Au fil des années, on voitun certain progrès de la science. Mais aujour le jour, les laboratoires sont aussi lethéâtre d’enjeux politiques, et pas seu-lement d’enquêtes impartiales. On peutparfois se demander si la science ne pro-gresse pas en dépit des scientifiques, àcause d’une certaine grâce commune.Enfin, dernière remarque, la science nenous donne pas accès à la vérité deschoses, elle reste à leur surface.

Prenons l’exemple de la théorie du BigBang pour illustrer notre propos. Cettethéorie qui fut à l’origine proposée parun scientifique jésuite belge, GeorgesLemaitre, a longtemps rencontré unegrande réticence à cause de sa trop forteparenté avec l’idée de création. Elles’est finalement imposée à la commu-

nauté scientifique à cause de faits expé-rimentaux qui l’appuyaient (entre autresle rayonnement fossile découvert parPenzias et Wilson, prix Nobel de Physique1978, et le décalage vers le rouge duspectre des étoiles les plus lointaines, signede l’expansion de l’univers).

Mais cette théorie ne peut pas nonplus, dans sa quête des origines, remon-ter à un temps 0. Elle est limitée au tempsde Plank 10-43seconde (42 zéros aprèsla virgule et avant le 1), certains dirontmoins que rien !

On voit donc que cette théorie s’estplutôt imposée par des évidences expé-rimentales, et qu’elle connaît aussi seslimites, n’accédant pas à l’origine de l’uni-vers, mais à ses débuts. Cette théoriecomporte toujours un côté désagréablepour des athées professants et on voit pasmal d’efforts de certains pour penser unavant Big Bang !

Aujourd’hui, il me semble que lesscientifiques arrivent par des voies dif-férentes (astrophysique, géologie, bio-logie…) à un certain consensus pourcomprendre notre univers, et le mondetel que nous le connaissons, comme lefruit d’une lente évolution à partir d’uneexplosion initiale, il y a environ 15 mil-liards d’années. Toutefois, une telle com-préhension ne dit rien en soi sur le pour-quoi du monde : création de Dieu ouexistant de par lui-même. Je partage justeun sentiment de croyant : 15 milliardsd’années me paraissent un peu rapidepour un monde qui se serait fait tout seulpour aboutir à ce que nous connaissonsaujourd’hui de complexité, en particu-lier sur notre terre.

Reconnaître le monde comme créé parDieu est avant tout une certitude qui me

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vient des Écritures et en particulier despremiers chapitres de la Genèse : « Aucommencement, Dieu créa les cieux etla terre… » Qu’en est-il alors des 6 joursdu chapitre 1 de la Genèse ? Faut-il voirdans ce texte l’intention de l’auteur,sans doute Moïse, reprenant une tradi-tion qui remonte certainement àAbraham, de nous donner une descrip-tion scientifique avant l’heure de l’originedu monde, avec des jours de 24 heures ?Il me semble qu’il y a là un anachronismede notre part. Un récit sur les originess’entend aujourd’hui comme une des-cription chronologique du déroulementdes événements. Mais à l’époqued’Abraham, si on se fie aux nombreuxmythes de l’Orient ancien, un récit surles origines était avant tout un récit surle pourquoi du monde et de l’homme.Or la révélation a d’abord été adresséeà ces hommes du Moyen-Orient anciendans un langage qu’ils pouvaient com-prendre, et c’est au travers d’eux qu’ellenous parvient. Notons aussi que lasemaine de 7 jours était l’usage enMésopotamie à l’époque d’Abraham, àla différence des semaines de 10 joursen Égypte.

Je comprends donc aujourd’hui le récitde Genèse 1 comme une révélation surles origines dans un monde qui était alorspeuplé de mythes. L’étude approfondiedu texte plaide, me semble-t-il, en faveurd’une structure avant tout littéraire4.Cette structure littéraire avec 3 jours deséparation et 3 jours de peuplementinsiste sur le fait que c’est Dieu qui a crééle monde en le faisant venir à l’existence,puis en l’organisant. À ce titre, la Genèseinsiste, avec les jours, sur le déroulementdu temps à la différence des mythes quigomment le temps. Cette structure insiste

aussi sur le caractère créé de tous ceuxqui peuplent le monde, même les plusprestigieux, des rois aux astres. Sur biendes points, le texte se distingue desmythes qui lui sont contemporains. Ladifférence ne porte pas tant sur la chro-nologie des actes créateurs que surl’éclairage qui est porté sur notre mondeet sa valeur aux yeux de Dieu. On ydécouvre entre autres une révélation surl’être humain et sa responsabilité àl’égard de la création, sur le couplehumain et sa spécificité, mais aussi surla présence du mal et son origine histo-rique. Il me semble que l’on peut com-parer ces premiers chapitres de la Genèseaux autres textes prophétiques de la Bible,il y est bien question d’histoire, mais avecun ordre plus théologique que chrono-logique, afin de nous montrer le plan deDieu dans notre histoire.

Pour conclure, il me semble qu’il nefaut pas craindre la confrontation entreBible et Science. Des questions peuventse poser, car nous connaissons en par-tie5, autant au niveau des sciences quede notre interprétation des Écritures.L’histoire a montré jusqu’à présent qu’ilne faut pas désespérer de trouver desaccords. Parfois nos questions restentouvertes et l’explication se fait attendre,mais cela est vrai de bien des domaines,dont la science et son rapport avec laBible. Les deux doivent nous éclairer surle même monde créé par Dieu. La révé-lation quant à elle va bien au-delà d’undiscours sur la création, elle nous révèlele créateur et son plan à notre égard.

C.L.

4 « Révélation des origines », PBU, 1988, d’Henri Blocher développeen détail les raisons en faveur d’une interprétation littéraire du texte5 1 Co 13.9

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Dès l’Antiquité, l’Homme s’est

interrogé sur l’origine de sa

planète et de la vie. Pour répondre

à ces grands mystères, les

différentes religions, la philosophie

et la science ont tour à tour essayé

d’apporter leur point de vue. Nous

n’aborderons ici que ce qu’affirme

la Bible et ce qu’elle

ne dit pas, avec ce que

la géologie en tant que

science a découvert et

ce qu’elle peut affirmer

aujourd’hui.

DES ORIGINES

THIERRY GRAND,GÉOLOGUE

La Géologie et la BibleLa Géologie et la Bible

Comment approcherla Bible

Nous croyons qu’il est utile avantd’aller plus loin et pour rassurer leschrétiens qui peuvent avoir différentesopinions, de bien insister sur ce faitindéniable pour le croyant : Dieu créales cieux et la Terre ! Quelles que soientles interprétations que l’on voudra don-ner à la genèse de notre planète et dela vie, les chrétiens et les scientifiqueschrétiens ne peuvent que tomber d’ac-cord sur cette affirmation. Mais alors,que pouvons-nous comprendre dans lanotion de création ? Il est évident qu’àl’époque où le livre de la Genèse a étéécrit, le discours de son texte ne pou-vait être une approche scientifique tellequ’on l’entend aujourd’hui. Les termesemployés dans l’original hébreu sont

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parfois traduits assez maladroitementdans nos différentes versions françaises,ce qui laisse envisager qu’une lecturelittérale du texte reste la plus riche.

Il est bon de redire que la Bible nousrévèle le plan de Dieu à notre égard etveut surtout, dans les premiers chapitresde la Genèse, nous présenter le pourquoide la création. Dieu nous présente unenvironnement choisi par lui pour ymettre l’Homme et accomplir son plan.Il ne nous donne que peu d’indicationssur la manière dont il fit les choses : Dieudit… et la chose se fît ! Il est évident quedans ces affirmations le chrétien doitretenir essentiellement que toute chose aété voulue par Dieu, rien n’est le fruit duhasard dans ce qui nous entoure.

Vues ainsi, les choses prennent unautre aspect. Dieu a tout voulu de ce quinous entoure, mais comment a-t-il faittoutes ces choses ?

Dieu n’est-il pas souverain pour choi-sir sa manière ? En quoi sa puissanceest-elle remise en question s’il a utilisé leslois de la physique, de la chimie, de labiologie, qu’il a lui-même créées pourobtenir les choses ?

Si donc on admet que le texte de laGenèse n’est pas un écrit scientifique,alors il n’y a plus aucune contradictionentre Bible et science, ni entre les notionsde création et d’évolution ! Dieu étant detoute manière à l’origine des choses !

Sur l’âge de la terreNous voudrions maintenant dévelop-

per rapidement trois aspects de la géo-logie qui contribuent à faire admettre quenotre planète est vieille. Le premier estd’ordre paléontologique. L’un des grands

principes fondamentaux de la géologieest celui « de superposition ». Les rochesse sont déposées les unes sur les autresau cours du temps de telle sorte que lesplus anciennes se retrouvent sous les plusjeunes. Dans le cas du bassin parisien parexemple, on trouvera les plus vieillesstrates apparaissant en bordure du Seuildu Morvan et, en se dirigeant vers Paris,les couches deviennent de plus en plusjeunes. On remarquera aussi qu’il n’y apas la succession logique de sédiments demer peu profonde qui s’approfondiraitpour ensuite à nouveau devenir de moinsen moins profonde comme cela devraitl’être dans le cas de strates déposées enune année par le Déluge. La successionest plus complexe et on passe plusieursfois de mers peu profondes à des mersplus profondes.

Or les géologues ont pu constater (etce constat est indéniable) que lescouches inférieures de notre planètecontiennent des fossiles différents deceux trouvés dans les couches supé-rieures. On doit donc admettre la non-contemporanéité des fossiles. Les fossilesn’étant donc pas contemporains, on peutles utiliser, après les avoir répertoriés,comme base de datation relative.Aujourd’hui les datations basées sur laradioactivité (radio chronologie) confir-ment cette succession et apportent desvaleurs absolues à ces âges.

Depuis une cinquantaine d’annéesseulement, les géophysiciens peuventdater de façon précise et fiable les dif-férentes strates de notre planète.

Le deuxième argument est celui de latectonique des plaques dont les méca-nismes sont connus depuis 1970 envi-ron. Quelques décennies auparavant,

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Alfred WEGNER avait déjà proposé que,si les continents avaient des formes quipouvaient s’emboîter, c’est qu’ils n’enformaient qu’un à une époque.

Les mesures actuelles, très précisesgrâce au GPS et aux satellites, permet-tent de connaître les vitesses de dépla-cement des plaques. Si l’on prendl’exemple de l’océan Atlantique sud quis’agrandit chaque année de 2 centi-mètres, on arrive à considérer qu’à cettevitesse l’Amérique du Sud et l’Afriqueétaient accolées l’une à l’autre il y a80 millions d’années. Ce que confirmepar ailleurs et la paléontologie et la radio-chronologie ! Ces trois méthodes confir-ment cet âge alors qu’elles sont baséeschacune sur des mécanismes et des loisqui sont indépendants les uns des autres.Ce n’est pas le hasard qui permet cela.

Enfin, si l’on considère les déforma-tions de l’écorce terrestre et notammentles plissements des strates calcaires, il estévident que ceux-ci ont nécessité delongues durées pour pouvoir se faire sansqu’il y ait fracturation. À grande profon-deur, avec les températures élevées qui yrègnent, des roches rigides en surfacepeuvent devenir plastiques. Mais pourles strates de surface (calcaires Urgoniensdes falaises du Vercors, par exemple), ilest impossible de les plisser rapidement.Il faudra plusieurs centaines de millé-naires voire des millions d’années pour yarriver. (On ne plisse pas instantanémentdu rotin pour en faire un meuble, il fauty aller doucement et progressivement !)

Voilà donc quelques arguments enfaveur d’une Terre vieille, sans toutefoisremettre en question le texte biblique etencore moins la grandeur et la souve-

raineté de notre Dieu qui de toutemanière reste l’architecte et l’ouvrier desa création. Dieu ne peut mentir ni don-ner dans sa création d’observations quile contrediraient. Bien au contraire, lanature et son étude sont là pour nousrappeler que Dieu existe (Romains 1).

Ainsi, quelle que soit notre façon devoir les choses, la conclusion est queDieu est grand et qu’il est le créateur detoute chose. T.G.

DES ORIGINES

FOSSILE,ARCHAEOP-TERYX

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La paléoanthropologie

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DES ORIGINES

Pouvez-vous nous dire en quelquesmots les différents domaines derecherche dans lesquels vous aveztravaillé ?

Je suis biochimiste et chercheur enpharmacologie, spécialiste des ques-tions de bioéthique et passionné degéologie et de paléontologie depuisma jeunesse. Après une thèse por-tant sur l’action des toxines sur le sys-tème nerveux, je me suis orienté versla recherche de médicaments pouvantsoigner diverses maladies d’originenerveuse ou cardiaque. Je travailleactuellement sur certaines patholo-gies cardio-pulmonaires.

Nous savons que vous suivez deprès l’actualité paléoanthropolo-gique par intérêt et pour les confé-rences que vous donnez. Commentdécririez-vous, en simplifiant, lesdécouvertes récentes sur l’originede l’homme selon les donnéesscientif iques communémentadmises ?

L’actualité cinématographiqueavec le film « Ao, le dernier Néan-dertal » de Jacques MALATÈRE, nousplonge au cœur de la question desorigines de l’homme et de ses diffé-rentes espèces. Le film nous montreque plusieurs espèces humaines ontcoexisté dans un passé « proche »pour la géologie de -43 000 à -30 000 ans : l’homme de Néandertal

(Homo neanderthalensis) et l’hommemoderne, l’homme de Cro-Magnon(Homo sapiens). Ce film est basé surles dernières découvertes et fouillesdes paléontologues de divers pays.D’autres découvertes récentes enIndonésie indiquent qu’à cette mêmeépoque une autre espèce humaine(Homo floresiensis) vivait aussi danscette partie du monde.

Dans un passé plus lointain,d’autres espèces plus anciennes dugenre Homo sont apparues, il y a 2à 3 millions d’années (H. ergaster, H.habilis, H. erectus dont dériveraitH. floresiensis, H. antecessor, H. hei-delbergensis dont dériverait H. nean-derthalensis). Elles se sont touteséteintes.

En effet, aujourd’hui, il n’existequ’une seule espèce humaine –Homo sapiens – qui vit et recouvrela terre entière. Cette espèce qui estla nôtre est née en Afrique, il y a150 000 à 200 000 ans. Les étudesde génétique des populations et lesrécentes analyses de biologie molé-culaire par séquençage de l’ADN desgènes mitochondriaux – lignée fémi-nine – et des gènes du chromosomeY – lignée masculine – concordentpour indiquer qu’Homo sapiens tireson origine unique d’un homme etd’une femme ayant vécu il y a150 000 à 200 000 ans.

La dispersion d’Homo sapiensINTERVIEW

D’ALAIN LOMBET

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s’est alors faite à partir de ce continent eta atteint son apogée entre –50 000 et–35 000 ans en Europe. C’est à cemoment qu’Homo sapiens rencontreHomo neanderthalensis. Mais il semble,d’après le séquençage du génome d’Homoneanderthalensis, qu’il n’y a eu que trèspeu de croisements avec Homo sapiensmalgré une coexistence pendant environ12 000 ans. Bien que possédant 99,7 %de gènes en commun, on ne trouve traceque de seulement 2 à 4 % de mélange pos-sible entre les 2 espèces ; ce qui montreune très faible probabilité d’hybridationentre ces 2 espèces distinctes.

Puis brusquement vers –30 000 ans,Homo neanderthalensis disparaît de la sur-face de la Terre sans que l’on sacheaujourd’hui pour quelle raison. C’estdonc Homo sapiens seul qui va conqué-rir et remplir toute la planète.

Une seconde dispersion suivra lesmêmes voies terrestres à partir duMoyen-Orient vers l’Europe au néoli-thique (-12 000 à -6 000 ans) au momentde la sédentarisation avec l’apparition del’agriculture et de l’élevage. La terre vaalors se remplir de plus en plus (6,5 mil-liards d’Homo sapiens aujourd’hui).

Nous connaissons aussi votre atta-chement à la Bible. Comment situeriez-vous Adam dans l ’h is toire del’homme ?

Le chapitre 1 du livre de la Genèsenous indique la création de l’homme au6e jour et Dieu lui ordonne alors deremplir la terre et de l’assujettir. Le paral-lèle peut être fait avec la première dis-persion du paléolithique récent, vue pré-cédemment. Genèse 2 vient ensuite avecune reprise plus détaillée de la créationde l’homme avec Adam et Ève, « Homotheologicus » créé à l’image de Dieu, insuf-

flé de son Esprit et en relation avec soncréateur. Il est à noter (Gn 4.2) queleurs enfants Caïn et Abel sont respecti-vement cultivateur et berger-éleveur.Nous voilà en pleine période néolithique.Je situerais donc Adam à cette époque(-12 000 à -6 000). Dieu a choisi parmiles hommes (Homo sapiens) un hommeparticulier Adam pour être son « porte-Parole » auprès des autres hommes.

Un courant « néo-évangélique » com-mence à nier l’historicité d’Adam.Quelle est votre position sur ce point ?Pensez-vous que la « chute » soit un faithistorique ?

La chute rapportée en Genèse 3 a eulieu dans l’histoire d’Adam. Comme il estlui-même un homme qui a vécu dans l’his-toire de l’humanité qui est la nôtre, on peutdonc affirmer que la chute est un fait his-torique. Ainsi, par désir effréné d’auto-nomie, Adam va rejeter la grâce deconnaître son créateur et de rentrer dansle plan que Dieu a conçu pour l’huma-nité (l’homme est une créature hétéro-nome1). C’est la mort spirituelle qui le privede la vie éternelle et le jette hors du jar-din d’Éden, lieu de la présence de Dieu.

Dieu se choisit alors un peuple –Israël – parmi les autres peuples pour por-ter sa Parole au monde, mais ce peuplerejettera aussi cette mission. Alors Dieuenvoie son Fils afin que quiconque croiten lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vieéternelle.

Ainsi son plan se réalise au travers del’Église, le peuple des hommes qui ontchoisi de rester hétéronomes sous lagrâce de Dieu.

Propos recueillis par Reynald Kozycki

1 Ndlr : Qui obéit à des lois extérieures, qui n’estpas autonome.

DES ORIGINES

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Pourriez-vous expliqueren quelques lignes enquoi consiste votre travail ?

Je suis enseignant-chercheur àl’université des Sciences & Techno-logies de Lille. J’enseigne essen-tiellement les méthodes statistiqueset la génétique des populations enpremière année d’une école d’in-génieurs de l’université et mondomaine de recherche est la géné-tique évolutive. Cette activité derecherche consiste aujourd’hui àencadrer des étudiants en thèse,étant par la force des choses quelquepeu éloigné de la « paillasse ». Jem’intéresse aux facteurs évolutifsresponsables de la perte d’une fonc-tion importante chez certainesespèces de plantes à fleurs : l’inca-pacité à produire du pollen, la causeétant à chercher au niveau d’un petitgénome, celui de la mitochondrie,usine électrique des cellules. Celaimplique à la fois des expérimenta-tions en serre, des croisements

contrôlés, l’analyse de la diversitégénétique dans des populations,jusqu’à la reconstruction de laséquence entière de génomes mito-chondriaux pour en proposer unmodèle théorique d’évolution.

À côté de votre travail, vous êtesaussi un responsable de votreÉglise CAEF de Lille. J’imagineque plusieurs ont dû vous deman-der comment un chercheur enbiologie peut-être aussi engagédans sa foi chrétienne. Qu’est-ceque vous répondez à vos col-lègues qui doivent être surpris quevous soyez « chrétien engagé » etscientifique ?

Questions à In

terv

iew Pascal TOUZET

professeur de génétique

1 Plan de travail sur lequel les chercheurs font lesexpériences en laboratoire.

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J’ai le sentiment, dans mapropre expérience, que la sur-prise n’est pas toujours ducôté attendu. En effet, j’airencontré de la part de mescollègues non croyants plutôtde l’intérêt ou tout au moinsdu respect. La surprise mesemble parfois provenir defrères ou sœurs surpris demon activité de rechercheconsidérée comme inutile(mais à quoi ça sert ?) etapparemment en porte-à-fauxavec une certaine idée del’acte créateur de Dieu…

Vous travaillez régulière-ment sur le terrain de l’évo-lution. Le 6e « jour »biblique de création décritl’apparition de toutes sortesd’animaux, puis de l’êtrehumain. Comme la plupartdes chercheurs interviewésdans ce numéro, je suppo-se que vous ne prenez pasle mot « jour » au sens lit-téral, mais voyez-vous unlien entre les découvertes enbiologie ou en paléontolo-gie et le 6e jour ?

L’accumulation des don-nées biologiques suggère quel’émergence des espèces ani-males s’est faite sur une longuepériode de temps. Toute paired’espèces dérive d’un ancêtrecommun, d’autant plus vieuxque la séparation de ces deuxespèces est ancienne. L’hommeappartient à cet « arbre de lavie » et en est finalement so-lidaire par son origine génétique.

Le 6e jour du livre de laGenèse est donc difficile àconsidérer comme littérale-m e n t d e 2 4 h e u r e s .Néanmoins, il suggère qu’il ya eu un commencement etune fin, que les espèces sontapparues au cours du temps,que l’homme lui-même estinscrit dans cette temporalitéet n’est qu’une créature parmiles créatures. Il est bon d’af-firmer et d’assumer notrecaractère profondément ter-restre !

Depuis le mois de mai2010, on parle assez volon-tiers de croisements pos-sibles entre Néandertal etl’homme moderne. Pensez-vous qu’il soit possible dedire à quel moment, dans leschéma généralementadmis en biologie, on peutparler d’un être humaincomme Adam, créé enimage et en ressemblancede Dieu ?

Le séquençage partiel de plu-sieurs exemplaires de génomesde Néandertal lorsqu’il estcomparé à des génomes re-présentatifs de l’espèce hu-maine suggère en effet l’exis-tence de croisements possiblesmême s’ils ont été vraisem-blablement très limités et localisésgéographiquement. Ceci, dureste, est assez attendu dans unprocessus de spéciation qui neconduit qu’avec le temps à uneétanchéité des espèces. Qu’ily ait ou non croisement, nousdescendons de toute manière

d’un même ancêtre commundont les descendants ont donnél’homme moderne et Néandertal.Comment placer sur cetteéchelle de temps un être hu-main comme Adam ? C’est unequestion difficile, et qui appelleà la prudence et l’humilité. Sil’on considère que le fait d’êtreimage de Dieu est propre àHomo sapiens, cette caracté-ristique essentielle serait apparueaprès la séparation d’avecNéandertal (il y a environ500 000 ans) ou lors de l’émer-gence de l’homme moderne ily a environ 100 000 ans.Néanmoins, comment interpréterles traces de rites funéraires chezNéandertal ? D’autre part,l’environnement culturel ettechnique d’Adam (ou dumoins de Caïn et Abel) rappelleplutôt le Néolithique (il y a en-viron 10 000 ans), une époquebien plus proche de nous et doncbien plus tardive que les tracesconnues des premiers hommesmodernes… Difficile donc dedéfinir qui était Adam, à quelleépoque il vécut… Ce qui estclair est que Dieu dans sa sou-veraineté et son amour infinia choisi une lignée dans laquelleil a insufflé son souffle, et quetout être humain est repré-sentation (image) de Dieu.

Je crois que ces difficultésde « concordance » nous ren-voient à nos propres limitesface à l’infinie sagesse deDieu. Les connaissances scien-tifiques actuelles sont, de plus,elles-mêmes sujettes au chan-

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gement au gré de nouvellesdécouvertes. Il nous reste l’as-surance, à défaut de savoircomment ou pourquoi, queDieu m’a choisi dans sa grâce,mystère de l’élection qui pour-rait se situer à différenteséchelles « généalogiques » :élection de la lignée d’Homosapiens parmi les autres lignéesd’Homo, de la lignée d’Adamparmi d’autres…

Le Psaume 19 affirme queles « cieux racontent la gloi-re de Dieu ». Qu’est-ce qui,dans vos observations pro-fessionnelles, vous semblepeut-être le plus « raconterla gloire de Dieu » ?

Je dirais la complexité duvivant et sa capacité d’auto-organisation et d’adaptation.

L’avancée des connais-sances scientifiques nous révèleque la réalité est souvent bienplus complexe qu’attendue, etque nos représentations etmodèles souffrent d’excep-tions ! Ainsi le vivant reposesur un grand nombre d’inter-actions, que ce soit entre lesespèces au sein d’un écosys-tème, entre cellules au sein desorganismes, entre gènes ausein des cellules, pour nep re n d re q u e q u e l q u e sexemples. Je suis aussi impres-sionné par cette capacité qu’a

le monde vivant à évoluer, às’adapter au cours du temps,finalement à jouir d’unegrande liberté dans l’ensembledes possibles que Dieu a fixés.C’est la foi qui me conduit ày voir, au-delà du visible, lasignature d’un Dieu glorieux,loin parfois des représentationsfigées que je peux me faire, lesdonnées scientifiques agissantcomme un catalyseur de cetacte de déconstruction desidées toutes faites et de recons-truction d’un mystère qui medépasse.

Propos recueillis parReynald KOZYCKI

Pourriez-vous expliquer enquelques lignes en quoi consistevotre travail ?

Je suis astronome à l’Observatoirede Paris et mon travail consiste à fairede la recherche fondamentale sur lesastres. J’étudie le système solaire, eten particulier les « étoiles filantes »qui sont, en fait, des grains de sablese désintégrant à très grande vitessedans notre atmosphère : c’est cequi provoque les traînées furtives que

l’on aperçoit notamment au moisd’août. Ces grains de sable pro-viennent des comètes, qui sont unmélange de roches et de glace d’eau.On pourrait les comparer à l’une denos montagnes des Alpes. En s’ap-prochant du soleil, la glace se trans-forme en vapeur et, en s’échap-pant, libère ses grains de sable quivont tourner indépendamment dansle système solaire.

Questions à

Inte

rvie

w Jérémie VAUBAILLON astronome

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À côté de votre travail,vous êtes aussi engagédans une Église protestanteévangélique. J’imagine queplusieurs ont dû vousdemander comment vouspouvez être croyant. Qu’estce que vous répondez à voscollègues qui doivent êtresurpris que vous soyez« chrétien engagé » et scien-tifique ?

Je réponds la même choseaux collègues qui me de-

mandent comment je peuxêtre chrétien qu’aux chrétiensqui me demandent commentje peux être scientifique ! Enfait, et sans surprise, je suis per-suadé que l’un et l’autre ne sontpas incompatibles, heureuse-

ment ! Contrairement à ceque beaucoup de gens pensent(quelques scientifiques y com-pris), la science n’expliquepas : elle décrit des lois et desprocessus présents, passés etfuturs. En d’autres termes, lascience répond à la question« comment ? ». Inversement,la Bible n’est pas un livre descience et, mis à part l’homme,elle parle finalement peu de lacréation, et encore moins deslois qui la régissent. Elle nousdonne plutôt la raison de notre

existence, qui consiste à glo-rifier Dieu. En d’autres termes,être chrétien c’est avoir une ré-ponse à la question « pour-quoi ? ».

Votre métier vous amène àobserver l’univers. Pendantdes siècles, on pensait quela terre était le centre dumonde et que le soleil tour-nait autour de la terre.Comment, en quelquesmots, Copernic et Galiléeont-ils démontré que cen’était pas le cas ?

Il est vrai que ce n’était pasune chose aisée : en regardantle ciel, tout semble tournerautour de nous. Le modèle de

Copernic expliquaitles mêmes phéno-mènes (révolution desplanètes autour duSoleil) qu’auparavant,mais de façon plussimple. C’est une dé-marche scientifiquetoujours d’actualité :entre deux modèles quirendent compte d’unphénomène, on pré-fère toujours le plussimple et le plus court.Pour Galilée, c’est dif-férent. Aristote avaitdit, 2000 ans aupa-ravant, que puisquetout semblait tournerautour de la Terre, laterre était le centre

de l’univers, mais que si un jouron découvrait un autre centredans l’univers, alors il n’y au-rait aucune raison pour qu’ily ait un centre privilégié, et quedonc l’univers n’aurait pas decentre. En découvrant les sa-

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tellites de Jupiter, Galilée re-prend le raisonnement d’Aris-tote et démontre qu’il n’y a pasde centre privilégié dans l’uni-vers. Ce qu’on oublie sou-vent de dire, c’est que Galiléeavait un caractère exécrable etqu’il prenait un malin plaisir àridiculiser ses adversaires. Est-il donc étonnant qu’on lui aitfait un procès ? Le plus tristedans cette histoire, c’est qu’onait utilisé la Bible à des fins per-sonnelles, en lui faisant dire cequ’elle ne dit pas. En d’autrestermes, on a utilisé la Bible pourrépondre à la question « com-ment ? », alors qu’elle répondà la question « pourquoi ? ».C’est, malheureusement jepense, une erreur encore trèsfréquente aujourd’hui.

Depuis près de deux siècles,on découvre que les tempsde l’univers sont beaucoupplus longs qu’une lecturebiblique littérale pourrait lefaire croire. Quels sont pourvous, en quelques mots, lesarguments les plus fortsmontrant que l’univers aenviron 13,7 milliards d’an-nées ?

La mesure du temps et desdistances a été l’activité prin-cipale des astronomes jus-qu’au début du XXe siècle.On y travaille d’ailleurs encore.La découverte de Hubble dansles années 20 sur la fuite desgalaxies, et donc sur l’expan-sion de l’univers, implique

que dans le passé, les galaxiesétaient beaucoup plus prochesles unes des autres qu’au-jourd’hui. On peut donc dé-finir un temps théorique « zéro »où l’ensemble de l’universétait contenu dans un point in-finiment petit et infinimentdense, après lequel l’univers esten expansion. C’est la raisonmême du nom « big-bang » quià l’origine était un sobriquet des-tiné à ridiculiser une telle théo-rie. Cependant, si en effet toutl’univers était concentré dansun petit espace, il est alors pos-sible d’en observer une tracedans l’univers actuel, sousforme de lumière remplissanttout l’espace. Ce résultat, pré-dit par la théorie en 1954, aété observé par PENZIAS etWILSON en 1965 : c’est lerayonnement cosmologiqueà 3 kelvins. À partir de ces élé-ments, on déduit un âge de l’uni-vers d’environ 13,7 milliardsd’années.

Est-ce que ces temps pluslongs ne vous posent pas deproblème dans votre lectu-re de la Bible ?

Pas vraiment : je lis la Biblepour connaître Dieu et pour sa-voir comment l’honorer auquotidien et non pour ré-pondre à des questions scien-tifiques très intéressantes, maisfinalement pas très utiles surle plan spirituel. Disons que jesuis de ceux qui lisent Ge-nèse 1 comme on lirait Psaume

18.8 : « La terre fut ébranléeet trembla, les fondements desmontagnes frémirent et ils fu-rent ébranlés, parce qu’il étaitirrité ».

Le Psaume 19 affirme queles « cieux racontent la gloi-re de Dieu ». Qu’est-ce qui,dans vos observations pro-fessionnelles, vous semblepeut-être le plus « raconterla gloire de Dieu » ?

La beauté de tout ce qu’onpeut découvrir ! Cela va du« simple » ciel étoilé d’un ob-servatoire, aux pluies de mé-téores impressionnantes quifont l’objet de mes recherches.Mais il y a aussi le lever du so-leil sur un désert, une auroreboréale ou encore l’observa-tion de Saturne ou des cratèreslunaires avec une grande lu-nette ! La création est le doigtqui pointe vers le créateur,pourvu qu’on ne soit pas fo-calisé sur le doigt ! Faire de larecherche c’est partir à la dé-couverte de la création deDieu et on ne peut qu’être émer-veillé devant ce qu’on dé-couvre. Finalement, c’est ce quela science trouve, et non cequ’elle ne trouve pas, qui ra-conte le plus la gloire de Dieu !

Propos recueillis parReynald KOZYCKI

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DES ORIGINES

MARIE CHRISTINE

FAVE

Regards sur l’univers

Observer le cielétoilé un soird’été ets’écrier : « Quec’est beau ! »nous estprobablementtous arrivé.Cependant,nous sommesnécessairementloin de nousimaginer toutesles conditionsrequises pourqu’existe cemagnifiquedécor, et aussipour que notreplanète soithabitable.

Un univers régléavec précision

Vous allez lire dans les lignessuivantes des « si », bien sûr arti-ficiels. L’idée est d’avoir un petitaperçu sur le réglage très pré-cis des lois physiques et forcesfondamentales en les modifianttrès légèrement et en analy-sant les conséquences.

D’après l’astrophysicienHugh ROSS : « Le premier para-mètre de l’univers à être mesuréa été sa vitesse d’expansion…Si l’univers s’étendait trop rapi-dement, la matière se disper-serait avec une telle facilité que,nulle part, elle ne pourrait for-mer des granulosités suffisantespour générer des galaxies. »1

Sans galaxies, pas d’étoiles nide planètes. « Inversement, sil’expansion de l’univers étaittrop lente, la matière se conden-serait sous la forme d’un amasextrêmement dense avant quetout système solaire ait eu letemps de se former. Ce qui estle plus étonnant, c’est de savoiravec quelle précision la vitessed’expansion doit être réglée

pour que la vie puisse exister :elle ne peut dévier que d’unepartie dans 1055. »1

Prenons la force nucléaireforte qui régit l’interaction entreles protons et les neutrons. « Sicette force était, ne serait-ceque 2 % plus faible, ou 0,3 %plus intense, la vie serait impos-sible en tout temps et en tout lieude l’univers. »1 Pourquoi ? « Sicette force était trop faible,explique Hugh ROSS, les protonset les neutrons ne colleraient pasles uns aux autres. Dans ce casde figure, un seul élément, l’hy-drogène, existerait dans l’uni-vers. » 1 Si elle était légèrementplus intense, il n’y aurait pas d’hy-drogène et donc pas de vie.

On pourrait citer beaucoupd’autres exemples, comme l’in-tensité de la force électroma-gnétique et le rapport entre lamasse de l’électron et celle duproton (de ces facteurs dépen-dent les liaisons chimiques etdonc la formation des molé-cules) qui doivent être eux aussifinement réglés.

1 Hugh ROSS : « Dieu et le cosmos »

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Une Terre sur mesureOn se sent si minuscule dans cet uni-

vers, habitant une planète qui pourraitsembler quelconque, tournant autourd’une étoile comme tant d’autres, dansune galaxie parmi d’autres. En fait, le scé-nario est plus complexe qu’il n’y paraîtà priori.

« Sans nul doute, souligne GuillermoGONZALES, chercheur en astronomie,notre type de galaxie optimise les pos-sibilités d’accueillir la vie parce qu’ellepourvoit à des zones de sécurité. Et laTerre semble être dans une zone de sécu-rité, ce qui explique pourquoi la vie a pus’y développer. »2 Et puis, il faut aussi unsystème qui contient une étoile et uneseule. Selon Hugh ROSS, « seulement lequart des étoiles satisfont au critère del’étoile unique. »1 Ajoutez à ceci que l’âgeet la masse de cette étoile doivent encorerépondre à certains critères, sans oublierceux pour la Terre elle-même.

En effet, pour éviter des différences detempérature trop grandes entre le jour etla nuit ou des vitesses de vent tropimportantes, « la période de rotation d’uneplanète propre à la vie ne peut changerde plus de quelques pour cent… maisaussi, la rapidité avec laquelle cettepériode évolue est critique au soutien dela vie. »1 Par ailleurs, « dans le cas de laTerre, un changement de la distance laséparant du Soleil aussi petit que de 2 %éliminerait toute vie sur la planète. »1

On pourrait là encore continuer cetteliste en mentionnant l’inclinaison del’axe de la Terre, la masse de celle-ci, sataille, et même celle de la Lune…L’astrophysicien BROWNLEE et le géologueWARD, auteurs du livre « Rare Earth »,affirment que « non seulement la vie intel-

ligente, mais aussi la vie animale laplus simple, est extrêmement rare dansnotre galaxie et dans l’univers… LaTerre est vraiment un lieu d’exception. »3

Alors…Pour Allan SANDAGE, lauréat en astro-

nomie, il « semble bien improbablequ’un tel ordre soit sorti du chaos. Il doity avoir un principe d’organisation. Pourmoi, Dieu est un mystère, mais il est l’ex-plication du miracle de l’existence, la rai-son pour laquelle il y a quelque choseplutôt que rien. »4 Avec cette citation, ontouche aux limites de la science (leconstat d’un ordre étonnant et de l’im-probabilité du hasard) et on sort dudomaine de la science quand on com-mence à donner des raisons. En tantqu’êtres humains, il semble naturel d’es-sayer d’interpréter des informations et deles discuter. Néanmoins, il restera un pasde foi que les connaissances scientifiquesne remplaceront jamais. En effet : « C’estpar la foi que nous comprenons que lemonde a été formé par la parole de Dieu,de sorte que ce qu’on voit ne provientpas de ce qui est visible. » (Hé 11.3)

En conclusion, « il y a une harmonieconstatée qui force l’admiration » commele reconnaît Pierre NORTH, chercheur aulaboratoire d’astronomie de Genève.Un univers minutieusement réglé, uneTerre sur mesure et, par surcroît, situéedans une zone de la galaxie qui permetl’observation. Le croyant y verra lasagesse et les « perfections invisibles » deDieu et le louera pour cela.

MC.F.

2 Co-auteur du livre « The privileged planet » et cité par Lee STROBEL

dans « Plaidoyer pour un Créateur »3 Cité par Lee STROBEL dans « Plaidoyer pour un Créateur »4 Cité par Hugh ROSS dans « Dieu et le cosmos »

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DES ORIGINES

FRANÇOISE

LOMBET

Enseigner la création à l’École du dimanche

La Bible commence par une affir-mation forte : « Au commence-

ment Dieu créa les cieux et la terre ».Le premier livre de la Bible, la Ge-nèse révèle qui est Dieu, puis qui estl’homme et répond à des questionsfondamentales : Qui sommes-nous ?D’où venons-nous ? Pourquoi mou-rons-nous ? Quelle est notre espé-rance ?…

La foi en un Dieu créateur signi-fie que Dieu est à l’origine de toutechose. Cela implique que le mondene dépend pas de lui-même, mais qu’ilest dépendant de Dieu.

Les découvertes scientifiques nousfont mieux connaître les œuvres deDieu. Mais notre compréhension esttrès limitée aussi bien dans les sciencesque par rapport à l’interprétationdes Écritures. C’est Dieu qui a établiles lois que le scientifique cherche àconnaître.

Dans l’ouvrage de référence d’HenriBlocher, Révélation des origines, ce-lui-ci distingue plusieurs lectures dupremier chapitre de la Genèse1. Cesdifférentes approches entraînent dif-férentes façons de comprendre la re-lation entre la Bible et la Science :1. Littérale : position des créationnistes

(au sens étroit du terme) ; leur dé-sir de placer l’autorité de la Bibleau-dessus de la science leur donneune position stricte.

2. Fidéiste : séparation totale entre Bible

et science ; la vérité révélée de lafoi ne concerne pas le champ dessciences.

3. Concordiste : correspondanceschronologiques entre Bible etscience, mais certaines sont diffi-ciles à réaliser.

4. Littéraire (appelée aussi théorie ducadre) : prise en compte du contextedu Proche-Orient ancien, du stylehébraïque, de la structure du texte.

Chacun pourra se positionner etchoisir l’une de ces lectures pour lafaire sienne.

À l’Église, on peut enseigner cettelecture littéraire de la création aux en-fants à l’aide de schémas simplesqui montrent comment Dieu déploieson plan dans le temps, progressive-ment. On se reportera au schéma dela théorie du cadre2 repris ci-des-sous :

Tout d’abord, on constate queDieu crée par sa parole. Puis onpeut réaliser 6 carrés disposés en 2triades parallèles : 1ère case : le jour 1 est partagé en

2 par un trait vertical : Dieu séparela lumière appelée « jour », desténèbres nommées « nuit ».

1 Révélation des origines : le début de la Genèse,Lausanne, Presses Bibliques Universitaires, 2001,ch. 2.2 Jean HUMBERT, Création Évolution : Faut-il tran-cher ? (Opinions/Ed. Sator) 1989, p. 134.

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2e case : le jour 2 est coupé par un traithorizontal, en haut le ciel, en bas lamer.

3e case : le jour 3 la mer est séparée dela terre où poussent les plantes.

En parallèle :4e case : à côté du jour 1, le jour 4 avec

les astres du jour et de la nuit.5e case : à côté du jour 2, le jour 5 avec

les oiseaux du ciel et les animauxmarins.

6e case : à côté du jour 3, le jour 6 laterre se couvre d’animaux et d’êtreshumains.

Que peut-on comprendre etconnaître de Dieu à traversce récit de la création ?

Les 3 premiers jours, Dieu sépare.Il délimite des espaces. Dieu est unDieu d’ordre, il organise, il a un plan.Dans la 2e triade, les jours 4 à 6, Dieuremplit. Il peuple les espaces avec desastres, puis des créatures. Notons quela végétation fait partie de la 1ère triade,annonçant le peuplement de la terre.Dans cette disposition, ce n’est plusune contradiction que les végétaux(jour 3) apparaissent avant le soleil(jour 4). Nous ne sommes pas dansune explication biologique, maisdans la découverte de Dieu. Dieu estle créateur qui règle les jours, les saisons...

Puis Dieu, satisfait de sa création qu’iljuge bonne, se repose le 7e jour. Cenombre de 7 jours évoque la semaine quiest un modèle compréhensible par tous.On découvre par le texte que ce jour n’estpas terminé comme les 6 précédents par« il y eut un soir, puis un matin ». Ce 7e

jour est aussi le seul que Dieu bénit et ilen fit un jour qui lui est réservé. Il annonceainsi le Sabbat, jour réservé à l’adorationdu Dieu créateur.

Ainsi le récit de la création nous faitconnaître différents attributs de Dieu etaussi son plan pour la création et ses créa-tures, en particulier l’être humain. Onpeut détailler les rôles confiés à l’hommequi fut le premier biologiste, le premierécologiste, qui doit nommer les ani-maux et gérer la création.

Selon l’âge des enfants, on pourra par-ler de sexualité avec l’explication de « illes créa homme et femme » et avecl’ordre d’être féconds et de se multiplier.On trouvera aussi les thèmes de l’hommecréé à l’image de Dieu et, dans Genèse2, celui de la relation entre l’homme etDieu qui lui insuffle le souffle de vie etcommunique alors directement avec lui.

Dans ce récit de la création, ce ne sontpas les êtres, ni les périodes géologiquesqui sont importants. L’homme regardel’œuvre achevée, son sens et il réfléchità sa relation avec Dieu. Le texte est artis-tique, la symétrie est logique plutôt quechronologique. Nous ne nous identifionspas à notre ouvrage, à notre travail. Lerepos permet l’Histoire dans laquelle nousentrons. Notre humanité et notre iden-tité trouvent un sens dans la communionet la relation avec Dieu. F.L.

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Commençant par Genèse 1,le théologien Matthieu RI-CHELLE a mis en évidence

le style prose-poétique. Ce-lui-ci présente des affirma-tions très claires sur le Dieu dela création, mais ne requiert pasune interprétation littéraliste.Avec beaucoup d’humilité,Pascal TOUZET, généticien,nous a rendus attentifs au faitqu’une théorie en science estnormalement constituée d’unensemble de propositions ob-tenues à partir d’observationset ayant une facultéd’explication et de pré-diction. L’évolution mé-rite ce titre dans la me-sure où les donnéesarchéologiques, biolo-giques et génétiquessont cohérentes entreelles. Cependant, lafrontière entre microé-volution et macroévo-lution semble encore

bien mystérieuse. Ensuite, cefut au tour de S. FATH, histo-rien, de commenter les réac-tions des milieux évangéliquesfrançais à la suite des publicationsde Darwin. En fait, la théorieen question a d’abord connuun accueil plutôt favorable.Ce n’est qu’à partir des années1950 que le créationnismestrict, d’abord formulé auxUSA, a commencé à se dé-velopper en France parmi lesévangéliques. H. BLOCHER,bien connu, entre autres, par

son livre « Révélationsdes Origines »3 (où il amontré le caractère lit-téraire de Genèse 1) étaittrès attendu sur lethème : l’évolution fa-vorise-t-elle l’athéisme ?C’est avec beaucoup denuances que le pro-fesseur BLOCHER a ré-pondu à la question.D’une part les médias

se servent de l’évolution pourcorroborer l’athéisme, maisd’autre part la vision bibliquedu Dieu créateur n’exclut pasdu tout l’intégration de processusévolutionnistes dans l’œuvrede la création. Cette JournéeRSE a eu le souci d’éviter cer-tains débats stériles tout en vou-lant favoriser le dialogue entredes participants d’opinionsdifférentes, en particulier dansles carrefours. J’ai participé àun carrefour sur le Desseinintelligent, mais j’ai regretté quepersonne, parmi les partici-pants, n’ait su défendre lesmotivations de ce courant, envue d’un vrai débat contra-dictoire.

1 http://www.scientifiquesevangeliques.org2 La science peut-elle être neutre ?Collection Question Suivante, ÉditionsFarel/GBU3 Révélations des Origines, Henri Blocher,Lausanne PBU 1979

Le RSE1, lancé sous l’impulsion des GBU en janvier 20092, a tenu sa 2e rencontrele 23 janvier 2010. Environ 140 scientifiques, théologiens et étudiants se sont réunisautour des Perspectives bibliques et scientifiques sur l’évolution. Ce thèmea fait l’objet d’approches théologique, scientifique et historique.

2e rencontre du Réseau des Scientifiques Évangéliques (RSE)

J.C. PARLEBAS,CHERCHEUR

CNRSET ANCIEN DE

« LA BONNE

NOUVELLE »À STRASBOURG

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Paruen librairie

La prière farce ou forceMAURICE DECKER, ÉDITIONS LE BON

LIVRE, 2007, 345 PAGES, 17,00 €

L’auteur, ex-secré-taire général de laFEF et prédicateuritinérant, signe unnouveau commen-taire biblique. Il dé-veloppe de long enlarge un aspect fon-damental de la vie

de Daniel, l’homme «bien-aiméde Dieu», à savoir sa vie de prière.Par la vie de Daniel, la prières’incarne, vit, lutte et s’épa-nouit en un homme de mêmenature que nous.

RK

Le principe du trésor Découvrir la joie dedonnerRANDY ALCORN, ÉDITION BLFEUROPE, 2010, 144 PAGES, 8,50 €

Voici un nou-veau livre deRandy ALCORN enfrançais et, unefois encore, surla libéralité ! LaBible aborde enfait très souventles questions d’ar-

gent. Cette étude développe lapensée de Jésus en Matthieu6.21 : « Là où est ton trésor, làaussi sera ton cœur ». En six clés,dans un style très vivant, l’au-teur démontre qu’il y a réelle-ment de la joie à donner.

RK

Envie de prierYAN NEWBERRY, EDITION BIBLOS,2010, 20,00 €

L’auteur est connu comme unspécialiste désormais de la prièrepar ses livres et ses séminaires.Il est bien connu de nos ÉglisesCAEF puisqu’il est l’un des pas-teurs. Son DVD de 35 mn contienthuit clips suivis de sujets deprières bibliques. Les thèmes sui-vants sont abordés : prier poursoi-même, accueillir la Parole,prier pour nos relations, la fa-mille, nos frères et sœurs, nosamis non chrétiens, l’Église uni-verselle...

RK

La cyberdépendance Mieux maîtriser la relation à

InternetSAMUEL PFEIFER,ÉDITIONS

EMPREINTE, 2010,97 PAGES, 8,00 €

L’auteur est psy-chiatre. Il nouslivre une pré-sentation concise

de la question avec grandecompétence et simplicité. Laquestion de la pornographieprend une grande place. Commetoutes les dépendances, la cy-berdépendance fait des ra-vages. La méthode de sortie estdraconienne. Un bon livre pourtous les mordus d’internet,mais aussi pour toutes les per-sonnes qui font de l’accompa-gnement spirituel.

RK

Borderline, états limites Comprendre l’instabilitéémotionnelleSAMUEL PFEIFER, ÉDITIONS

EMPREINTE, 2010, 84PAGES, 8,00 €

Dans la même veineque le livre précé-dent, l’auteur étu-die ce thème assezpointu des person-nalités « border-line ». On a un peul’impression de lire un manuelde psychiatrie, mais les der-niers chapitres donnent de pré-cieux conseils pour ceux quipratiquent la relation d’aide.

RK

La guérison duguérisseurWALTER VAPPIANI, ÉDITIONS BLF,2010, 150 PAGES, 9,50 €

Livre captivant ettémoignage im-pressionnant. J’aieu l’occasion de fairedes conférences avecl’auteur et ne peuxque me réjouir qu’ilexiste désormais untémoignage écritdu parcours atypique d’un gué-risseur qui découvre la vraie gué-rison en Jésus-Christ. Le livre estcomplété par l’Évangile selonMarc.

RK

La rédaction de « Servir » ne cautionne pas obligatoirement toutes les affirmationset positions présentées dans les ouvrages répertoriés. Certains ouvrages peuvent tou-tefois présenter un intérêt pour l’étude et nous faisons alors mention de nos réserves.

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Les amis de Sylf, une histoire du magazineTournesol (bande dessinée)CARINE, EDITIONS LLB, 56 PAGES,9,00 €

Deuxième tome des aventuresde Sylf, le chien du garde fores-tier et de ses amis Tom, Line etMax. Au cours de leurs balladeset jeux, ils font des rencontresinattendues le long des che-mins et découvrent de nou-veaux amis. Ensemble, ilsapprennent à vaincre leurspeurs, leurs préjugés, leurégoïsme, leur amertume :une leçon de tolérance.

F-J.M.

Jack et une certainearmoireNICOLA JEMPHREY, COÉDITION LLB ET

DYNAMOTS, 2010, 120PAGES, 12,00 €

Voici un beauroman, d’une écri-ture agréable, facileà lire, accessible dèsl ’âge de dix ans.L’histoire de Jackpeut être celle de

beaucoup de préadolescentsou d’adolescents. Le récitmélange de façon astucieusel’histoire de Jack, celle d’unlivre, et d’une rencontre trèsphysique avec l’armoire de C.S.Lewis. Ce dernier est l’hommequi a eu l’idée de l’armoire etdu pays de Narnia caché der-rière ses portes. Pour Jack, dontle père boit trop et dont lamère est partie sans laisserd’adresse, tout bascule le jour

où il se prend une armoire enpleine tête… Vous aimez C.S.Lewis ? Vous aimerez ce livre !

F-J.M.

Un captif à RomeKATHY LEE, EDITIONS LLB, 2010, 160PAGES, 10,00 €

Brynn reprend conscience sur unchamp de bataille où son peuplegaulois vient de perdre une ba-taille contre les Romains. Avec

son frère Conan, ilssont emmenés pri-sonniers et ven-dus comme es-claves à Rome. Lejeune celte, achetépar une famille ai-sée, découvre lavie de la capitalede l’empire avec ses

divers aspects comme les com-bats de gladiateurs. C’est dansce cadre qu’il retrouve Conan de-venu gladiateur. Cependant, ilcontinue à penser à retournerdans son pays.L’auteur expérimenté sait par-ler une langue accessible auxpréadolescents et adolescentset intégrer un enseignementchrétien dans des récits capti-vants.

F-J.M.

Iliora ou la vraie libertéCLAIRE WALKER, EDITIONS LLB,2010, 118 PAGES, 8,00 €

Voici un roman accessible dèshuit ans. Illiora étouffe chez samère et rêve de liberté, dechasse, de contrées lointaines.Mais c’est l’an 300 après Jésus-Christ et les filles n’ont pas le

choix de leur destinée. Iliora vapourtant réaliser une partie deses rêves, mais sans être réelle-ment libre. Puis elle va la trou-ver, cette liberté qui coûte,d’une façon inattendue…

F-J.M.

L’enfant de Noël SALLY ANN WRIGHT, ILLUSTRATIONS

HONOR AYRES, EDITIONS LLB, 2010,8 PAGES, 15,00 €

Pour lest o u spetits de2 à 5 ans,voici unlivre pourraconterl’histoirede la nais-sance de Jésus. Avec 24fenêtres qui ouvrent surl’Avent et une crèche animéepour le jour de Noël.

F-J.M.

Le livre d’activités deNoëlSALLY ANN WRIGHT, ILLUSTRATIONS

PAOLA BERTOLINI GRUDINA, EDITIONS

LLB, 2010, 28 PAGES, 9,50 €

Voici un livre pour occuper defaçon créative les moments del’Avent et de préparation deNoël avec nos enfants de 5 à 10ans. Des cartes de Noël à créeret à colorier, une crèche à mon-ter, des jeux, des coloriages àpartir de l’histoire de la nais-sance de Jésus. De quoi remplirdes moments de convivialité etde joie avec les enfants, tout entransmettant les valeurs essen-tielles et en favorisant l’ex-

Cadeaux / Jeunesse

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pression des dons queDieu leur a donné.

F-J.M.

L’histoire de NoëlTIM DOWLEY, ILLUSTRATIONS

HELEN PROLE, EDITIONS

LLB, 2010, 10 PAGES, 15,00 €

Pour les tous petits de 2 à 5 ans,voici un autre livre pour racon-ter l’histoire de la naissance de

Jésus, mais defaçon plus créa-tive. En effet, desp e r s o n n a g e saimantés permet-tent au conteur

ou mieux, à l’enfant lui-mêmede construire la scène du réciten plaçant personnages et ani-maux et de les déplacer.

F-J.M.

Paraboles de la BibleGUSTAVO MAZALI, EDITIONS LLB,2010, 60 PAGES, 12,50 €

Un livre à poignées pour lestous petits, qui fait suite à « His-toires de la Bible ». Il s’agit dequatre paraboles de Jésus. Debelles images accompagnent ceshistoires toujours d’actualité.

F-J.M.

Un jour une paroleCHRISTINE PREISS, EDITIONS BIBLI’O,2009, 19,80 €

L’auteur est membre de l’EgliseCAEF de Guebwiller. Éducatricespécialisée, elle est passionnéede photographie. Elle a rap-porté de ses voyages autour dumonde, des images chargéesd’émotions et de sens. Pourchaque jour de l’année, elle pro-pose un dialogue sensible entreimage et texte biblique. À l’ap-proche de Noël, voici un ma-gnifique livre à offrir et à s’of-frir. Il accompagnera de belle façonle calendrier « Vivre aujour-d’hui » que vous offrirez à un devos bons contacts ou amis.

F-J.M.

Agenda Repère 2010-2011 COLLECTIF, EDITIONS LLB ET

DYNAMOTS, 2010, 352 PAGES,13,00 €

C’est bientôt le moment d’acquérirun nouvel agenda… en voici unau graphisme jeune et dyna-mique qui vous permet de no-ter vos rendez-vous, non seule-ment amicaux ou professionnels,

mais aussi ceux avec notre Pèrecéleste. Avec des suggestionsde lectures bibliques, des citationsd’hommes et de femmes cé-lèbres, des anecdotes, des ver-sets bibliques, des BD, des ré-flexions.

F-J.M.

Une année avec la BibleJOHN STOTT, EDITIONS LLB, 2009,432 PAGES, 25,00 €

Voici un livre de méditationsquotidiennes qui parcourt tout

le récit bibliquede la Genèse àl’Apocalypse,toutes les sai-sons du calen-drier de l’Egliseet chacune des

doctrines essentielles. John STOTT,théologien anglican évangé-lique bien connu, a choisi avecsoin 365 textes bibliques. Uncomplément de qualité du ca-lendrier « Méditations Quoti-diennes » pour accompagnervotre culte de chaque jour.

F-J.M

Agenda 2011

Passerelles vers DieuSix rencontres pour présenter l’évangile à noscontemporainsDVD VIDÉO ET BROCHURE, ÉDITIONS FAREL, 2010, 15,00 €

Les outils tout prêts pour présenter l’Évangile lorsd’une série de soirées ne sont pas légion en français. Le parcoursAlpha est très connu. Un nouvel outil est désormais disponible.Le DVD « Passerelles » avec sa brochure et son complément surle site internet est un outil remarquable, conçu pour un contextefrançais. David BROWN en a été le concepteur et il a su s’entou-rer de personnes compétentes, notamment de Matthieu SANDERS

pour les courtes prédications et la compagnie des Actes. RK

Audio-visuel

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