La Conscience l'Inconscient Le Sujet 2

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  • 8/14/2019 La Conscience l'Inconscient Le Sujet 2

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    A. La conscience nest pas le tout de lactivit psychique

    La conscience est synthse, unification du rel : ce caractre essen-tiel se trouve inscrit, on la vu, dans ltymologie mme du motconscience le latincum scientia , qui signifie littralement savoirensemble . Pour Freud pourtant, la conscience nest pas le tout de lactivitpsychique. Il se produit en nous des phnomnes psychiques dontnous navons pas mme conscience, mais qui dterminent certains denos actes conscients. Ainsi nous croyons nous connatre, mais noussommes incapables de dire pourquoi nous ne pouvons supporter la vuede tel ou tel animal pourtant inoffensif (une souris, une araigne, etc.),pourquoi nous faisons des rves si dlirants. Nous croyons nousconnatre, mais il y a en nous comme un tranger qui se manifeste detemps en temps dans nos manies, dans nos rves ou dans nos actesmanqus, et qui svertue se drober nos regards introspectifs. Cettranger insaisissable, Freud lappelle linconscient .

    B. Le moi nest pas matre dans sa propre maison

    Pour Freud , il y a des raisons aux conduites les plus draison-nables, et un sens derrire les discours qui paraissent les plus insenss

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    22LINCONSCIENT

    1 LHYPOTHSE DE L INCONSCIENT

    Lessentiel pour comprendre

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    (le discours du rve notamment). Seulement la signification de ces dis-cours chappe ceux-l mmes qui les tiennent. Si la consciencechoue ainsi lire en nous comme dans un livre ouvert , cest quecertaines pulsions, certains dsirs incompatibles avec nos exigencesmorales ont t refouls hors de notre conscience, mais continuentcependant de se manifester sur le mode symbolique, dans nos symp-tmes nvrotiques (angoisses, phobies, obsessions, etc.), mais aussidans nos rves et dans nos actes manqus (lapsus, oublis involontaires,etc.). Linconscient est fait de tous ces contenus psychiques refouls, quisont les causes relles mais enfouies et inaperues de nombre denos penses et de nos conduites. Notre psychisme est ainsi le thtre

    dun conflit permanent dans lequel lemoi doit composer non seule-ment avec la ralit, mais avec les pressions contradictoires dua etdu surmoi . Freud appelle surmoi la censure primitive inconsciente for-me par lintriorisation, dans la petite enfance, des interdictionsmorales, familiales et sociales. Le a , cest la dynamique aveugle despulsions vitales, notamment sexuelles, et des dsirs refouls, qui ten-dent se satisfaire en forant ou en trompant lesurmoi .

    A. Thorie des pulsions et sexualit infantile Les pulsions rotiques, quelles soient narcissiques (amour de soi-mme) ou objectales (amour dun objet autre que le moi), sont rgiespar le principe de plaisir toute tension dsagrable entrane undynamisme correcteur qui tend rduire cette tension, cest--dire supprimer le dplaisir au profit du plaisir et rgles par le principe deralit qui nous invite ajourner la satisfaction, la reporter plustard pour tenir compte des obstacles imposs par le monde extrieur. Freud a montr que lnergie sexuelle, oulibido , napparat pas la pubert, mais la naissance, et que lenfant passe par diffrentsstades o sinvestit successivement sa sensualit : stade oral (oubuccal, priode de la tte), stade anal (entre un et trois ans, la libidoanale doit se soumettre au difficile apprentissage de la propret), et stade

    phallique lorsque, vers quatre-cinq ans, la curiosit pour les organesreproducteurs sveille. Cest cette poque que se dveloppe le

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    2 LES ENSEIGNEMENTS DE LA PSYCHANALYSE

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    complexe ddipe : lenfant prouve un attachement rotique enversle parent du sexe oppos et sidentifie faute de pouvoir le supplan-ter au parent du mme sexe. Par exemple, pour le petit garon, lamre est ce quil voudrait avoir, le pre ce quil voudrait tre .

    B. La cure psychanalytique Un grand nombre de troubles de la personnalit et de maladies ner-veuses seraient dus, selonFreud , au refoulement de conflits psy-chiques infantiles. Ainsi Dora, lune de ses patientes, tait aphone parintermittences. En fait, ces priodes daphonie correspondaient auxabsences de lhomme quelle aimait amour quelle refusait desavouer elle-mme (cet homme tait mari, donc son amour lui

    apparaissait comme coupable). Le symptme signifiait : je refuse deparler quand celui que jaime nest pas l, mais il signifiait cela linsu du sujet, qui refoulait ses propres sentiments. Do la formula-tion de Freud : Les nvroses sont des produits, non de la sexualit,mais du conflit entre le moi et la sexualit. Pour gurir les patients atteints de ce type de troubles, Freud metau point une mthode originale la psychanalyse , fonde sur lex-ploration de linconscient laide des associations libres. Allong surun divan, le malade est invit par lanalyste raconter ses rves (aucours des rves, la censure du surmoi se relche et laisse saccomplirdes dsirs inconscients, non sans les dformer et les travestir) et diretoutes les penses qui lui viennent lesprit, mme et surtout celles quilui paraissent ridicules ou inconvenantes. Cette cure par la parole ,qui ncessite souvent de nombreuses sances, permet de vaincre lesrsistances du patient et de ramener jusqu sa conscience les lmentspsychiques refouls.

    A. Linconscient nest pas un autre moi La notion dinconscient est inconcevable, contradictoire si nousdfinissons la psychologie comme ltude de la vie intrieure, de laconscience. Une conscience inconsciente, cela na pas de sens ! PourDescartes , on la vu, la conscience est identifie la pense.Tout ce qui, en moi, chappe la conscience appartient donc cette

    Chapitre 2 Linconscient

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    3 CRITIQUES DE LA THORIE FREUDIENNE

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    partie de moi qui nest point pense, savoir mon corps. En dignehritier de Descartes,Alain affirme son tour : Savoir, cest savoirquon sait . Autrement dit, nul ne peut penser sans avoir consciencede penser. Tout ce qui se passe en nous sans que nous layons voulurelve du corps, et non de notre psychisme. Tel est le cas du rve, quinest, selon Alain, quun simple mcanisme corporel. Le motincons-cient renverrait donc au corps, des mcanismes purement physiolo-giques, comme le sont la respiration ou la digestion. Or, gonflerlinconscient au point den faire une sorte demonstre qui habiteraitchacun de nous constitue une faute, et mme la faute capitale , ditAlain. ce compte-l en effet, personne ne serait vraiment respon-sable de ses actes, et tous les crimes pourraient tre mis sur le comptede linconscient de leurs auteurs

    B. Lhomme est libert Le point de vue deSartre , lve dAlain, sinscrit aussi dans laligne cartsienne. Comment le psychisme humain peut-il censurer cequil ne connat pas ? Si certains de mes dsirs sont inconscients, cestquils ne sont pas connus, et donc quils ne sont pas non plus suscep-tibles dtre refouls. Pour Sartre, linconscient nexiste pas. Ce quiexiste en revanche, cest lamauvaise foi , cette comdie par laquelle jefais semblant dtre ce que je ne suis pas ( lexemple de ce garon decaf qui, de faon un peu trop appuye, joue tre garon de caf ).Mais la mauvaise foi est une attitude consciente : La seule faondexister pour la conscience, crit Sartre dans LImagination , cestdavoir conscience quelle existe . En invoquant des causes inconscientes pour expliquer voire pour justifier nos penses et nos actes, nous nous mentons nous-mmes ; nous tentons de nous persuader que ce nest pas nous qui

    dcidons, mais que nous sommes gouverns par des pulsions ou pardes tendances contre lesquelles nous ne pouvons rien. Mais refuser laconscience, cest refuser la libert. Il ny a pas de temprament lche,dit Sartre ; le lche est responsable de sa lchet. Chacun choisit dtrece quil est, sans excuses. Il ny a pas de dterminisme, crit Sartre,lhomme est libre, lhomme est libert .