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La conservation de la nature dans une perspective de développement durable: le cas du Costa Rica

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This article was downloaded by: [Miami University Libraries]On: 18 October 2014, At: 07:40Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK

Loisir et Société / Society andLeisurePublication details, including instructions for authorsand subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rles20

La conservation de la naturedans une perspective dedéveloppement durable: le casdu Costa RicaR. Marin a & G.-H. Lemieux ba Université du Costa Rica , San Joséb Département des sciences humaines , Université duQuébec à Chicoutimi , CanadaPublished online: 08 Jun 2013.

To cite this article: R. Marin & G.-H. Lemieux (1990) La conservation de la naturedans une perspective de développement durable: le cas du Costa Rica, Loisir etSociété / Society and Leisure, 13:2, 409-430, DOI: 10.1080/07053436.1990.10715360

To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/07053436.1990.10715360

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LA CONSERVATION DE LA NATURE

DANS UNE PERSPECTIVE DE DEVELOPPEMENT

DURABLE: LE CAS DU COSTA RICA

Developpement et environnement

R. MARIN

Universit.e du Costa Rica San Jose

G.-H. LEMIEUX

Departement des sciences humaines Universit.e du Quebec a Chicoutimi

Canada

En 1980, l'Union intemationale pour Ia conservation de Ia nature (VICN), avec le soutien du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le World Wildlife Fund (WWF), !'organisation des Nations Unies pour !'agriculture et !'alimentation (FAO) et !'organisation des Nations Unies pour l'education, Ia science et Ia culture (UNESCO), a propose Ia Strategie mondiale de Ia conservation (31). Le theme central est le developpement durable. D'apres cette strategie, Ia conservation et le developpement doivent devenir des activites qui se renforcent mutuellement au lieu d' entrer en conflit Pour qu 'il so it durable, le developpement do it etre fonde sur Ia conservation des ressources vivantes et des systemes connexes indispensables a Ia vie, notamment 1 'agriculture, Ia foret et 1 'eau. Les trois enonces principaux de cette strategie sont: 1) conserver les processus ecologiques essentiels et les systemes nourrissant Ia vie; 2) preserver Ia diversite genetique, et 3) utiliser les especes et les ecosystemes de f~on a assurer leur survie.

Loisir et soci~t~ !Soc~ty and Leisure Volume 13, num~ro 2, automne 1990, pp. 409-430 ©Presses de l'Universit~ du Qu~bec

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410 R. MARJN et G.-H. LEMmux

En 1987, le rapport Brundtland (7) est devenu un document de Ia plus haute importance, denon~t le liberalisme sauvage qui met Ia Terre en grand peril et qui f~onne un monde ou vivre est devenu presque intolerable. En outre, le rapport annuel du World watch Institute (groupe forme de scientifiques, d 'universitaires, de penseursetd'hommes politiquesrenommes), intituleStateofthe World -1988 (24), dresse un sombre tableau de l'etat de Ia planete.

La vie humaine et animale dependent des ressources naturelles. Ces ressour­ces constituent un element complexe de notre biosphere et leur protection est vitale pour toutes les societes. L'utilisation raisonnable des ressources est primordiale, puisque celles-ci ne dureront pas toujours; de Ia Ia necessite d'etablir un equilibre entre les exigences du developpement economique et celles de Ia conservation.

Depuis plus d'un siecle, l'homme a commence a etablir des zones ou il essaie de mettre les ressources nature lies a I 'abri de Ia pression croissante qui s 'exerce sur ce qui subsiste de son milieu naturel. II en est ainsi, puisque l'homme redoute I' extinction d' especes ani males et vegetates, et Ia disparition d 'ecosystemes dont il tire des enseignements precieux et peut -etre vitaux. Ces zones nature lies protegees jouent un role majeur dans le maintien des equilibres ecologiques essentiels et garantissent I 'utilisation durable des especes et des ecosystemes. Les a vantages du maintien de ces zones sont tres importants tant des points de vue biologique qu'educatif, scientifique, spirituel et economique. Bien gerees, ces zones peuvent devenir un atout de premiere importance pour le developpement d 'une region aussi bien que pour I' economie d' un pays. Voila I' aspect qui no us interesse et que no us voulons analyser plus en detail dans ce travail. Si une population se rend compte qu'elle peut tirer un quelconque profit de Ia preservation de Ia nature, elle sera Ia premiere interessee a sa sauvegarde.

C'est ici qu'entre en ligne de compte le concept de diveloppement durable, lequel implique un lien tres etroit entre l'environnement et l'economie. L'objectif principal du developpement durable est Ia satisfaction des besoins essentiels de 1 'humanite, tout en respectant les ecosystemes naturels. En maints endroits, on a pu constater que Ia conservation de Ia nature au moyen d'aires protegees est une methode efficace d'arriver a cet objectif. En meme temps qu'elles protegent les richesses biologiques, sceniques et physiographiques, ces zones peuvent represen­tee un grand potentiel de developpement pour les populations habitant dans leur peripherie (revenus tires du tourisme ou de I' extraction de certains produits de fa~ on contr6lee par exemple).

Le cas du Costa Rica

Ce pays latino-americain n 'a qu 'une toute petite etendue en comparaison de celle du vaste terri to ire canadien ou meme quebecois. Par contre, comme il est situe dans une region tropical e. il possMe une diversite biologique beaucoup plus grande que

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les territoires septentrionaux. Cependant, comme le mentionne Boza dans une these sur le volcan Poas (5), cette diversite biologique est tres fragile et elle subit les consequences de I' accroissement de Ia population, «qui a provoque, parmi d' autres problemes, une acceleration de Ia colonisation agricole, laquelle s'est caracterisee par un developpement desordonne et par une exploitation destructive des ressources naturelles. L'amenagementde nouvelles terres, pas toujours propices aux activites agricoles ou d'elevage, a attire des problemes d'ordre scientifique, recreatif et economique» (4).

Heureusement, les consequences de Ia rupture entre le developpement et l'environnement sont encore mocterees au Costa Rica. Meme s'il existe des problemes environnementaux serieux en ce qui concerne le cas specifique de Ia deforestation, on peut dire qu' il est encore temps d 'eviter le pire. Depuis vingt ans, ce petit pays latino-americain s' est lance dans un vaste effort de conservation de ses richesses nature lies; son reseau d 'aires naturelles protegees est tres important (voir figure 2). Cependant, dans les demieres annees, on s'est rendu compte que les efforts conservationnistes se heurtaient a toute une serie de problemes ayant comme causes principales le manque de coordination entre les differents organismes responsables et Ia mauvaise situation economique du pays. Cependant, afin de garder les acquis en matiere de conservation, le Costa Rica se prepare a mettre en branle un ambitieux programme de cteveloppement durable qui, s'il est bien sui vi, pourra permettre une meilleure harmonisation entre le cteveloppementeconomique, le bien-etre de Ia population et Ia preservation de Ia nature.

Au COUTS des demieres annees, le developpement atteint par le Costa Rica en matiere de conservation de Ia nature et les efforts consentis pour planifier le developpement economique de fa~on durable font de ce pays un cas particulier tant en Amerique Latine que parmi les pays en voie de cteveloppement.

Le Costa Rica: aspects gem!raux

Le Costa Rica est un petit pays tropical qui fait partie de cette «autre Amerique», I' Amerique Latine. II est situe plus precisement en Amerique Centrale, entre le Panama et le Nicaragua; il est baigne par I 'Ocean Pacifique et Ia Mer des Caraibes, et n'a que 51 100 km2 (a peu pres grand comme Ia province canadienne de Ia Nouvelle-Ecosse).

Aujourd'hui, le creur du Costa Rica, dans tousles sens du mot, est situe dans le Valle Central. Dans cette region d'altitude favorable, s'est develop¢ un groupe de population forme en sa plus grande partie par des colons espagnols (Ia population indigene etant peu organisee et peu nombreuse ). Situe au beau milieu du pays, avec une altitude moyenne de 1 200 metres, une temperature moyenne de 21 oc et entoure par des montagnes d' origine volcanique, leV aile Central abrite plus de 60 pour cent de Ia population du pays (2 800 000 habitants au total), dont Ia plupart habite Ia ville

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de San Jose, capitale de Ia nation, et trois autres villes principales: Alajuela, Heredia et Cartago, et aussi une grande quantite de petites villes et de villages.

Actuellement,le gouvemement fonctionne comme une democratie represen­tative: president de Ia Republique, Assemblee Legislative (Parlement) et gouveme­ments locaux etant elus au suffrage universel direct a tousles quatre ans. L'Etat assigne pres de 27 pour cent de son budget a I' education et a Ia culture. Le pays compte quatre universites publiques et plusieurs autres privees, et le taux d' alphabetisation est de quatre-vingt-treize pour cent (93 % ). Le pays assigne pres de 10pourcentdu produit interne brut ala sante publiqueet l'esperancede vie y est de 75 ans (niveau comparable a celui des pays developpes). Tous ces progres ontete rend us possibles grace principalement au fait de ne pas a voir a entretenir une armee (17, 23). Aujourd'hui,le pays se targue encore d'avoir plus d'enseignants que de gendarmes sur son territoire.

Dans un avenir previsible, l'economie du pays continuera a dependre de l'accroissement dans }'exploitation des ressources naturelles (exportations de produits agricoles et de matieres premieres), pourengendrer les devises necessaires au paiement de Ia lourde dette exterieure, pour fmancer les importations en petrole, Ies matieres premieres et les biens de capital necessaires pour le futur developpe­ment industriel et economique du territoire. De Ia, Ia necessite de bien gerer le patrirnoine naturel qui est Ia garantie d'un meilleur avenir pour le pays.

Le territoire du Costa Rica: haut lieu zoologique et botanique

Cette etroite extension de terri to ire est traversee dans sa partie centrale (dans un axe S.O.-N.E.) par de hautes montagnes, quelques-ones d'origine volcanique. On y trouve des sommets qui depassent les 3 800 m d'altitude, comme par exemple le Cerro Chirrip6, pointculminant du Costa Rica, situe au sud du pays sur Ia Cordillere de Talamanca. Le caractere isthmique du Costa Rica, combine a sa topographie tres variable (plaines cotieres, trois chaines de montagnes, dont deux volcaniques et piedmonts ou bassins inter-montagneux), a sa position geographique et a Ia proximite des deux oceans fait que ce pays a des climats tres varies. Dans quelques endroits, par exemple,les pluies peuvent atteindre une moyenne annuelle d' au plus 1400 mm, distribuee principalement dans une saison de pluies d'a peine six mois tandis que dans d'autres regions, Ia pluie tombee peut depasser les 7 000 mm annuels, Ia saison seche n 'existant pratiquement pas a travers les variations dans Ia precipitation annuelle.

Meme si le Costa Rica n'est pas vaste, le pays jouit d'un emplacement «strategique» et privilegie. Les phenomenes orogeniques, tectoniques et volcani­ques qui ont modele sa geographie, ont produit une grande variete d'habitats et transforme le terri to ire en une espece de pont biologique permettant Ia rencontre des

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especes botaniques et zoologiques du nord du continent avec celles des tropiques. Cette singuliere combinaison biogeographique a fait en sorte que le Costa Rica possede une variete extraordinaire de flore et de faune dont on a recense jusqu 'a present 848 especes d 'oiseaux, 205 especes de mammiferes, 218 especes de reptiles et 160 d'amphibiens, 130 especes de poissons d'eau douceet pres de 9 OOOespeces de plantes qui correspondent a pres de 4 pour cent du total des especes de plantes existant sur la planete (13, 14). En outre, toutes ces conditions speciales ont fait egalement en sorte que le pays compte aujourd 'hui avec toute une variete de milieux, qui vont de la foret tropicale tres humide du versant des Caraibes jusqu'a la foret tropicale seche du versant pacifique nord, en passant par la foret pluviale des chaines volcaniques de moyenne et haute altitude.

Toute cette extraordinaire diversite en habitats naturels a etC classifiee en quelque douze zones de vie suivant le systeme de «zones de vie» d'Holdridge (15). Selon cette classification, 47 pour cent du territoire du Costa Rica correspond a Ia foret tropicale hum ide (24,2 pour cent) eta Ia foret tropicale tres hum ide (22,6 pour cent); Ia foret «montaine» basse, tres hum ide, et Ia zone de vie subalpine tropicale pluviale etant les moins representatives. Si on tient compte du fait que onze des douze zones de vie representees dans le pays ont Ia capacite de supporter une couverture arborescente (a I' exception de Ia zone subalpine tropicale pluviale ), on peut penser qu'a J'origine, 99,8 pour cent de Ia superficie terrestre du Costa Rica etait couverte de forets naturelles.

L'action de l'homme sur l'environnement au Costa Rica

Toutes les caracteristiques naturelles a J'origine de ce qu'est aujourd'hui le Costa Rica, ont fait de lui un territoire possedant une grande diversite naturelle et une impressionnante richesse biologique. Cependant, avec le temps, l'environnement du pays a ete transforme. Depuis J'epoque precolombienne, les habitants du territoire qui constitue aujourd 'hui le Costa Rica, ont toujours dependu de I' exploi­tation des ressources nature lies pour leur survie et leur developpcment. C' est aces ressources naturelles que le Costa Rica doit beaucoup de ce qu'il est a present et, aussi, beaucoup de ce qu'il pourrait devenir.

De Ia, on peut pretendre que le developpement du pays est du, en grande partie, a J'interaction dynamique entre son histoire sociologique et J'emploi des res sources nature lies renouvelables (31 ). II n 'y a pas de douteque le progres, le bien­etre, la vie meme de la nation, reposent essentiellement sur Ia conservation de quelques centimetres de couverture vegetale, des eaux, de Ia foret et des beautes naturelles. Toute la vie sociale, economique et politique du pays, a son origine, quoiqu'indirectement, dans les champs de labour.

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Pour reaffirmer 1' importance que les ressources nature lies renouvelables ont joue dans le developpement de 1 'economie nationale, il suffltde faire remarquer que jusqu 'au milieu du xx• siecle, pratiquement toutes les exportations consistaient en matieres premieres ou en produits semi-finis provenant de Ia terre; que le secteur agraire constituait 1a principale source de travail et qu' il proportionnait les produits necessaires a I' alimentation de Ia population et les matieres dont avaient besoin les activites industrielles.

Or, le Costa Rica, com me jeune pays, passe actuellement l'etape critique de son auto-suffisance et du renouvellement de ses ressources. On peut dire que le developpement atteint jusqu' a presents' est fait aux de pens des res sources naturel­les renouvelables. En accord avec 1a strategic mondiale de 1a conservation, le pays doit vite contrer 1a deterioration acceleree des principaux ecosystemes. Les syste­mes suivants sont en train, si rien n 'est fait, d'etre irremediablement desequilibres: a) les forets; b) les systemes agricoles; c) les systemes deseaux etd) I' atmosphere, dont les effets polluants se font sentir davantage dans Ia zone metropolitaine.

usforets

Le terri to ire costaricien est constitue de 5,1 millions d'hectares, dont approximati­vement 3,3 millions (deux tiers du territoire national) ne sont pas aptcs a I' agricul­ture ou l'elevage, ces terres etant plus propices a Ia protection des bassins hydrographiques, de Ia flore et de Ia faune sylvestres, a Ia recreation et Ia production dubois (22). Or, 60 pour cent de ce tcrritoire a deja ete dCfriche (voir tableau 1 et figure 1). Au Costa Rica sont coupes, annuellement, plus ou moins six millions de metres cubes de bois, dont 2,1 millions sont utilises par 1' industrie, 1, 7 million pour le bois a bniler et les 2,2 millions restants sont perdus sans etre utilises (10). Si Ia deforestation continue au rythme actuel (de 20 000 a 60 000 hectares par annee) (9), le Costa Rica aura a decider bien tOt entre deux options funestes. La premiere sera d 'importer, a partir de 1995 et avec une tendance croissante, une moyenne annuelle de deux millions de metres cubes de produits forestiers primaires, pour une valeur minimale de 500 millions $US et de substituer, par une autre source, l'energie produite par le bois a brfiler. La seconde sera d'exploiter les forets des pares nationaux, des reserves forestieres et d 'autres aires protegees, avec les problemes economiques, ecologiques et sociaux que cela comporte, jusqu' a 1' epuisement de ces territoires, tout en dependant de f~on croissante d'une importation de plus ou moins 700 millions$ US de produits forestiers par annee (8).

us systemes agricoles

Au Costa Rica, meme si les sols sont en grande majorite d'aptitude forestiere, l'economie depend en grande partie de I' agriculture. Cependant, Ia base de ceue

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An nee

1950

1961

1977

1984

FIGURE 1

Costa Rica

AIRES DENSlOMENT BOISlOES 1940. 1987

Tenitcire dei"''S8ment OOi~ (Ayant de 80 * 100'1'. de couvenure boiS<lel

TABLEAU 1

Couvert forestier du Costa Rica (1950-1984)

Territoire boise (km2)

27 084,0 *

23 122,0 *

15 901,0 *

9 674,2 **

* Comprend seulement des aires boisees a plus de 81,1 %

** Comprend seulement des aires boisees a plus de 90,0%

Source: (22)

% du pays

53,0

45,2

31,1

18,9

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economie est en train d'etre detruite. Panni les causes de cette destruction des systemes agricoles, on retrouve Ia croissance urbaine demesuree, I' erosion des sols et I 'utilisation abusive des pesticides. Finalement, Ia deforestation abusive, res­ponsable du manque d'eau dans les rivieres a Ia saison seche, affecte les systemes d'irrigation dont dependent des zones agricoles de plus en plus grandes et impor­tantes.

Les systemes des eaux

Le Costa Rica subit autant Ia destruction de ses eaux littorales que de ses eaux continentales. Les eaux des littoraux sont affectees par les eaux polluees provenant des zones urbaines. En outre, tant sur le littoral du Pacifique que sur celui de I' Atlantique, on detruit les estuaireset les mangroves qui procurentabri et nourriture aux oiseaux marins, aux poissons, crustaces et mollusques. Au Costa Rica, ces systemes disparaissent principalement a cause de I' accroissemen t des aires urbaines dans les zones cotieres, des exploitations du sel et du charbon, et aussi a cause des «projets de developpement» qui se font en eliminant des centaines d'hectares de mangroves. Toute cette destruction a lieu, meme si Ia Loi de juillet 1977 declarait toutes les mangroves et forets salees reserves forestieres protegees (1).

L'atmosphere

De jour en jour, Ia pollution atrnospherique devient un grave probleme pour le Costa Rica, principalement dans Ia zone metropolitaine de San 1 ose, Ia capitale. Selon les donnees du recensement industriel de 1975, 85,6 pour cent de I' activite industrielle du pays etait concentree dans le Valle Central, tendance qui se maintient encore aujourd'hui (13). Ceue deterioration atrnospherique commence a attaquer Ia sante des personnes et egalement les structures des edifices du patrimoine architectural costaricien.

La conservation au Costa Rica: une vision d'avenir

Le Costa Rica n'est pas absent du mouvement mondial pour Ia protection de Ia nature. Meme si le pays n 'echappe pas aux crises economiques et sociales qui affectent aussi d 'autres nations sous-developpees, il est reconnu au niveau mondial pour son reseau d' aires naturelles protegees ayantcomme but principal !a conservation des ressources naturelles et culturelles. Au debut, l'etablissement de ces aires protegees a ete plutOt une reaction contre les menaces immectiates, produites par I 'exploitation irrationnelle et Ia destruction des ressources naturelles, pour devenir aujourd'hui une action planifiee dont l'objectif est Ia meilleure utilisation de ces memes ressources par les actuelles generations afin de les leguer en bon etat aux generations futures (13).

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Au Costa Rica, on donne le nom d'aire protegee a tout territoire qui protege, d'une facon ou d'une autre, Ia richesse biologique et physiographique du pays. A I 'heure actuelle, il existe un total de 91 unites (ou aires) de conservation, legalement etablies et distributes en neuf categories d'utilisation differentes, ce qui veut dire que presque 27 pour cent du territoire national est protege par des politiques conservationnistes (16, 22). Bien sfu, toutes ces aires n'ont pas le meme degre de protection. Ainsi, 12 pour cent du territoire correspond a des pares nationaux, des reserves biologiques, des refuges de vie sauvage et un monument national, avec une protection absolue (voir figure 2). Les 15 pour cent restants correspondent aux reserves forestieres, aux zones de protection, aux reserves indigenes et aux aires recreatives nationales dont I 'utilisation diversifiee et rationnelle tend vers un rendement durable lie a Ia protection des ressources naturelles.

Le decompte des unites de conservation s'etablit a 14 pares nationaux, 12 reserves biologiques (dont quatre reserves biologiques ou stations scientifiques privees), 12refugesdeviesauvage, 1 monumentculturel, 12reservesforestieres(en plus de toutes Ies mangroves du pays), 13 reserves indigenes, 23 zones de protection et 5 aires recreatives nationales. De plus, le pays compte sur deux reserves de Ia biosphere. La premiere, creee en 1982, renferme le pare national Chirrip6 et le pare national de Talamanca (appele aussi Pare international de I 'ami tie) et I' autre, creee en 1988, est constitute par le territoire de Ia Cordillere volcanique centrale, qui englobe Ia plupart des aires protegees de cette region du Costa Rica (16, 22).

Le tableau 2 fait etat des statistiques de ces aires naturelles protegees. II fait Ia distinction entre les aires protegees publiques et privees en indiquant le nombre d'unites, I'etendue en hectares, le pourcentage du pays couvert par unite et le nom de l'organisme gestionnaire. II est a noter que 1 394 085 hectares, soit 26,61 % du territoire, sont consacres aux aires naturelles publiques et privees. Ces statistiques constituent un record mondial en terme de pourcentage de territoire national consacre a Ia conservation.

C'est grace aux mesures qui ont ete prises pour proteger sa richesse biolo­gique que le Costa Rica a aujourd' hui une grande reputation intemationale en ce qui conceme Ia conservation de Ia nature. Ses territoires proteges sont motifs de fierte tant pour le gouvemement que pour Ia plus grande partie de Ia population. De plus, ils temoignent de Ia grande diversite biologique du territoire et du grand effort entrepris par le pays pour conserver ses ressources nature lies et culturelles.

Le reseau d 'aires protegees: vingt ans de developpement

Avec Ia creation de Ia Direction generale forestiere (DGF) en 1969, le Costa Rica s'est dote, en vingt ans, d'un vaste reseau d'aires naturelles protegees. Cependant, les debuts de ce mouvement de conservation ont ete assez difficiles, car il a fallu

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TABLEAU 2

Aires naturelles protegees du Costa Rica (mars 1989)

Aires protegees publiques

Categorie Nombre Etendue % d'unltes (ba) du pays

Pares nationaux 14 432 572,0 8,50 Reserves biologiques 8 17 696,4 0,3 Refuges de vie sauvage 11 127 867,0 2,50 Zones protectrices 22 111 380,0 2,20 Reserves forestieres 12 358 967,0 7,00 Aires recreatives 5 653,7 O,Ql Monument culture! 1 217,9 Reserves indigenes 13 325 470,0 6,30

Total** (propriete publique) 86 1 374 824,0 26,43

Aires protegees publiques

Categorie Etendue % (ha) du pays

Reserve biologique Monteverde 5 000 0,100 Reserve biologique La Selva 1430 O,Q25 Jardin botanique Wilson 127 0,002 Reserve biologique Los Espaveles 200 0,004 Reserve biologique Tres de Junio 150 0,015 Station biologique Marenco 422 0,009

Hacienda La Pacifica 1 332 0,023

Total (propriete privee) 19 261 0,180

Grand Total (publlque et privee) 1394 085 26,61

• SPN: Office de pares nationaux DGF: Direction generale forestiere ICT: Institut costaricien du tourisme OET: CONAl CST:

Organisation d'etudes tropicales Commission nationale des affaires indigenes Centre scientifique tropical

URC: Universite du Costa Rica

Organisme respoosable*

SPN SPN DGF DGF DGF SPN, ICf SPN CONAl

Organlsme responsable*

CST OET OET CATIE VCR Famille Miranda AELP

CATIE: AELP:

Centre agronomique tropical de recherche et d 'enseignement Association ecologique La Padfia

** Les Reserves de Ia biosphere du pays sont constituees de quelques-unes des aires protegees ci-mentionnees

Source: SPN, DGF, CONAl.

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Costa Rica

faire face a un manque pennanent de fonds et de personnel competent et aller a I' encontre de I' opinion publique qui considerait Ia conservation com me une acti vite superflue. Cetteanitudeetait principalementdue a I 'absenced'education en matiere de conservation eta I' absence aussi de zones modeles pennettant de demontrer les bienfaits des aires protegees (3). De plus, l'infonnation manquait sur Ia fac;:on dont les pays developpes avaient resolu, dans Ia pratique, les problemes relatifs a !'administration et au developpement de leurs aires naturelles protegees (4, 19).

Au Costa Rica, pour pouvoir se doter d'aires protegees, les instigateurs du mouvement ont alors fait appel a toute une serie de strategies. On a d'abord detennine les zones qui devaient etre protegees en priorite, et ensuite celles qui

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pouvaient etre amenagees compte tenu des ressources et du personnel disponibles. De ceue far.;on, pour ne pas «diluer>> les maigres ressources disponibles, on a evite de creer un nombre excessif d'aires naturelles sous le pretexte de proreger de nombreuses zones en peril (4).

En outre, pour ne pas trop soulever de reactions, les premieres aires choisies com me pares nationaux ont ere des zones de grande valeur historique ou scenique. Par exemple, le premier pare etabli, Santa Rosa, situe au nord-ouest du pays sur le versant du Pacifique, avait ete le theatre en 1856 d'une grande bataille pour Ia defense de 1a souverainete nationale, outre qu 'il etait une des rares zones a conserver Ia flare et 1a faune des forets tropicales seches et de formations telles que savanes, mangroves et forets-galeries. Le deuxieme pare cree, celui du Volcan Poas, situe au milieu du pays sur 1a Cordillere centrale, etait une zone de forets nuageuses, et, qui plus est, un des rares volcans encore actifs du continent accessible par 1a route a longueur d'annee. De cette far.;on, on s'est servi de Ia fierte nationale pourproteger Ia nature (3), et en agissant ainsi, on a pu disposer de bons «modeles» amenages afm de poursuivre le mouvement de conservation sans que personne ne meue en doute Ia necessite de proteger le patrimoine national.

D'un autre cote, pour faire face au manque de fonds, de materiaux, d'equipe­ments et de personnel, on a fait participer les gouvemements locaux devenus sensibles a des arguments comme le progres economique par le tourisme et le prestige rejaillissant sur le canton. lis ont grandement appuye le developpement de ces aires protegees. Citons aussi les associations folkloriques ou de developpement communautaire, les Boy Scouts, le Mouvement national de Ia jeunesse et certains clubs tels que le Rotary ou le Lions Club qui ont fait leur part. En fin, on a exploite adroitement le «filon» de I' aide intemationale, dont le Costa Rica a su tirer grand profit (4).

L'aide intemationale a largement contribue a l'amenagement d'aires prote­gees dans le pays et continued' etre aujourd 'hui un facteur extremement important dans leur developpement. On a fait appel a des organisations telles Ia FAO, l'UNESCO, I' AID, l'OEA, l'UICN, le WWF, le Rockefeller Brothers Fund, Ia Caribbean Conservation Corporation, Ia Nature Conservancy, 1a Philadelphia Conservationists, Ia Fauna Preservation Society, le Sierra Club, les Compai'leros de las Americas, Ia International Conservation et plusieurs autres (2, 3, 4). On a aussi compte sur I 'aide de plusieurs gouvemements comme celui du Canada, de 1a Suede, des Pays-Bas, du Japan, de I' Allemagne et de 1a Belgique (4, 21).

Par ailleurs, depuis quelques annees, le Costa Rica a beneficie d'un nouveau mecanisme fmancier international destine a eponger sa dette exterieure en echange de Ia protection de Ia nature par l'etablissement et le maintien d'aires protegees. II a ainsi etabli un troc financier avec les gouvemements de 1a Suede, des Pays-Bas et des Etats-Unis grace a un programme de «dette contre nature» (20, 21). Conr.;u en

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1984 par Thomas Lovejoy de Ia Smithsonian Institution, ce genre de transaction innovateur implique tres souvent Ia cooperation entre les gouvemements, les banques et les groupes conservationnistes. Ceci a permis un grand developpement du reseau d'aires protegees du Costa Rica, principalement en ce qui conceme les pares nationaux et les reserves biologiques. Grace a ce programme financier, de 1987 au premier trimest.re de 1989,le Costa Rica areussi a changer 75 millions US de sa dette avec le systeme bancaire international; ceci equivaut a 5 pour cent du montant total dfi par le pays, soit I 500 millions. Actuellement, le pays pretend changer par ce moyen un montant de 15 millions $ US de sa dette annuellement (26). C 'est par Ia Fondation des pares nationaux creee en 1982 que le pays procede par ces nouveaux fonds a l'achat des terres privees situees dans les aires protegees.

Finalement, pour orchestrer Ia gestion des aires protegees, on a etabli, en 1986,le ministere des Ressources Nature lies, de l'Energie et des Mines (MIRENEM), qui agit desormais comme organisme directeur des politiques de conservation et de gestion des ressources naturelles du pays. A vee Ia creation du MIRENEM, le premier objectif vise fut «l'institutionnalisation» de Ia conservation afin de lui donnerl'importancequ'ellemeritecommeelementessentieldansledeveloppement du pays. D'autre part, le MIRENEM a vu a doter le Costa Rica d'un «C6digo ambiental» (Code environnemental) qui regira Ia Loi forestiere et Ia Loi de Ia vie sauvage pour garantir Ia viabilite des aires protegees (18). C'est Ia Commission speciale sur I' environnement de I' Assemblee legislative (le Parlement) qui a redige le pro jet de loi de ce Code environnemental. Par ailleurs, en 1989 ,le MIRENEM a publie un document tres important qui dicte les parametres a suivre pour planifier et integrer les necessites de Ia conservation avec celles du developpement econo­mique (11).

Vers une nouvelle notion de developpement

Pour faire face a Ia croissance de sa demographie qui est passe en 90 ans de 300 000 a 3 millions d'habitants, le pays envisage maintenant d'adopter une nouvelle strategie de planification afin d'inregrer Ia conservation de l'environnement a Ia nouvelle vision du developpement. Des 1986, en suivant les directives de Ia Strategie mondiale de la conservation qui pronent Ia preparation dans chaque pays du globe de strategies nationales de conservation, le Costa Rica a mis au point sa propre strategie.

L'operation de Ia «Estrategia Nacional de conservaci6n para el Desarrollo Sostenible de Costa Rica» s'est penchee sur 20 differents secteurs d'analyse ( energie, population, agriculture, conservation, industrie, etc.). Chacun des secteurs a ete envisage en matiere de politiques, d'objectifs, de principes operationnels et

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d'actions a poursuivre. Neuf principaux objectifs d'une strategic nationale de conservation en sont ressortis:

1- Maintenir etameliorer les processus ecologiques et les systemes de soutien essentiels dont dependent le developpement et le progres durables du Costa Rica.

2- Maintenir et ameliorer Ia diversite genetique autant des especes sauvages que des especes domestiques, lesquelles sont indispensables au fonction­nement des systemes de soutien essentiels.

3- Assurer I' utilisation durable des ressources naturelles du pays tels Ia vie sauvage, l' eau, les forets, les sols agricoles, les ressources marines, etc., de fa~on a garantir les activites et les services qu'elles soutiennent

4- Faire prendre conscience aux. Costariciens que ia conservation et Ia gestion integree des ressources sont indispensables pour atteindre un developpe­ment national stable et une qualite de vie qui permettront de maintenir Ia paix et Ia tradition civique dont ils sont fiers.

5- Atteindre un equilibre entre le developpement rural et Ia croissance urbaine au moyen de plans strategiques qui promeuvent un developpement socio-economique et culture! du milieu rural de far;on a que ce milieu devienne attrayant en meme temps que soit amelioree Ia qualite de vie des secteurs plus marginaux du milieu urbain.

6- Utiliser, en accord avec les plus hauts interets nationaux, les ressources non renouvelables du pays afin de contribuer a une economie durable a long terme, et ce, dans le benefice de Ia majorite des Costariciens.

7- Definir des politiques de population qui incluent aussi les migrations d' etrangers, en tenant compte des limites des ressources naturelles essen­tielles au pays etde Ia capacite financiere a foumir les services garantissant une qualite de vie raisonnable.

8- Maintenir et developper les occasions d 'utilisation durable des ressources naturelles de fa~on a engendrer une qualite environnementale adequate pouvant offrir aux Costariciens les meilleures options pour Ia satisfaction de leurs besoins recreatifs, esthctiques et spirituels.

9- Ameliorer et consolider Ia justice sociale et raffermir les valeurs ethiques, civiques et de respect de Ia nature, de fa~on a assurer une plus grande harmonie entre les Costariciens et leur milieu de vie.

C'est autour de ces objectifs que le Costa Rica pretend etablir les grandes avenues politiques et les actions prioritaires en matiere d'environnement et de developpement pour les annees a venir. Ce qu 'il faut retenir de cette initiative, c 'est qu 'elle constitue une premiere tentative pour doter le pays d' une strategie claire en vue d'integrer et de rendre compatible Ia conservation avec le developpement

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economique. La «Estrategica» est un pilier fondamental dans Ia quete d'un deve­loppement durable et socialement juste. Elle constitue egalement le premier effort de ce genre dans les pays latino-americains et elle vise a aueindre une meilleure qualite de vie tant pour les generations presentes que futures du pays.

L 'interaction nature-economie

Quoique les debuts de toutle mouvement pour la conservation de la nature aient ete difficiles au Costa Rica etqu 'il y ait encore des problemes et des reticences de Ia part de certains groupes sociaux, les preuves que Ia conservation «paie» ne sont plus a faire. Nombreux sont les exemples qui demontrent que la conservation peut attirer une grande quantite d'avantages economiques en plus, bien sUr, des avantages ecologiques bien connus, et qu'eile peut, en outre, travailler en harmonie avec !'agriculture, Ia foresterie, la peche et d'autres projets de developpement.

Le pays a toujours dependu de ses richesses naturelles, principalement de son agriculture. Or, cette richesse naturelle a bel et bien attire d'autres avantages. La grande diversite biologiquedu Costa Rica a perm is Ia creation de maintes institutions, tant nationales qu'intemationales, interessees aux etudes naturelles. Parmi celles­ci, on retrouve le CA TIE (Centro Agron6mico Tropical de Investigaci6n y Ensei'lanza), l'Institut interamericain des sciences agricoles, le Centre scientifique tropical, I' Organisation d'etudes tropicales, l'Universite du Costa Rica et plusieurs autres. Toutes ses institutions ont attire une grande variete de scientifiques, d'etudiants et de chercheurs interesses par Ia biologie des zones tropicales. Ces demiers ont laisse dans le pays une grande quantite de devises etrangeres. De plus, ces «touristes» ne laissent pas leur argent seulement dans les grands hotels de luxe, mais aussi dans les zones peripheriques du pays ou ils doivent poursuivre leurs recherches et souvent laisser du materiel scientifique de valeur (30).

Un autre avantage qui decoule de !'existence de ces institutions et de ce «tourisme scientifique» est la grande quantile de litterature scientifique produite par ces recherches. Outre qu'elle a enrichi considerablement les connaissances en biologie tropicale, toute cette influence a eu un impact tres grand sur le renforce­ment du milieu scientifique, educatif et meme economique du pays. Cette influence se voit clairement par la grande importance que l'on accorde actuellement aux ressources biologiques, aux recherches scientifiques, aux nouvelles institutions chargees de mieux gerer le patrimoine nature I du pays, ala creation d 'un reseau tres important d'aires naturelles protegees, aux nouvelles politiques en matiere d'en­vironnement et conservation eta 1 'avancement en matiere d' education en biologie.

Afin d'eviter au maximum les effets «pervers» du tourisme, comme, par exemple, la destruction ecologique, le pays essaie surtout d'attirer le tourisme dit naturel ou naturaliste, c'est-a-dire les touristes dont I' interet principal est !'appre­ciation de Ia nature en soi. Des plus hauts fonctionnaires jusqu'aux agences de

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voyages, on essaie par tous les moyens de «vendre» Ia nature: les volcans, les rivieres,les plages,les montagnes,la foret tropicale,la variete des ecosystemes,les jardins botaniques,les aires protegees; tout ~a, bien sfrr, sans oublier de mentionner Ia stabilite et Ia civilite du pays. Ainsi, meme si !'infrastructure touristique du Costa Rican' est pas excellente,le tourismeaugmente constamment (en 1988, il augmentait en moyenne de 20 % par annee, alors que Ia moyenne d' augmentation mondiale n'est que de 4 %) et est a l'heure actuelle Ia troisieme source de devises du pays, juste apres Ia production de cafe et de bananes. Ce tourisme a rapporte 137,7 mil­lions$ US en 1986 face aux 372 millions$ US pour le cafe (26, 27). Cette sorte de tourisme peut se diviser en trois clienteles: les scientifiques, les observateurs de Ia nature et les amateurs d'aventure et de sport (28). Presque inexistant il y a une decennie, il represente aujourd'hui plus du 60 pour cent du produit touristique du Costa Rica (29).

Par ailleurs, consciente de Ia rapidite avec laquelle disparaissent les forets du Costa Rica, !a Fondation Neotropicale du Costa Rica, dans un effort conjoint avec le programme de forets tropicales de Ia Conservation Foundation et du World Wildlife Fund des Etats-Unis, a mis en marche le pro jet de conservation et gestion forestiere BOSCOSA. Ce projet a comme objectif principal le maintien de Ia couverture forestiere aux alentours des aires protegees du pays, au moyen non seulement de travaux de conservation, mais aussi de programmes de developpement durable et de gestion rationnelle des ressources naturelles (foret et vegetation en general, sols et eaux).

La conservation et Ia population

Au Costa Rica comme ailleurs dans le monde, Ia conservation des ressources naturelles a longtemps ete considcree comme une question romantique, strictement reliee a Ia preservation de ressources que !'on considerait comme etant belles, abondantes et peu en danger. Dans I' esprit de bien des gens, Ia conservation de Ia nature etait !'action de Ia laisser telle queUe, sans interferences ou modifications. Cette attitude, inevitablement, a cause beaucoup de ressentiment. On reprochait aux. conservationnistes d'etre des irresponsables et peu realistes. La conservation etait pen;ue comme etant contrairea Ia creation de nouveaux emplois etau developpement industriel, indifferente face aux paysans sans terre, pauvres et affames et attentant a Ia liberte des pratiques traditionnelles de 1a chasse. On Ia considerait comme une tendance importee d'autres pays, specialement des pays industrialises. On l'asso­ciait volontiers avec les secteurs intellectuels et aises de Ia societe, et avec les gens de Ia ville, plus motives par leurs emotions que par Ia comprehension exacte de tous les facteurs en jeu.

Heureusement, toute Ia mentalite conservationniste est en train de changer. En effet,l'experience a demontre que Ia survie des aires protegees ne depend pas

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exclusivement des processus biologiques; ces derniers sont aussi influences par les processus sociaux qui se developpent dans les regions ou ces aires sont localisees. Cette nouvelle perception est en train d' operer un changement dans 1 'orientation des efforts pour Ia conservation de Ia nature. Ainsi, les populations vivant a proximite des aires protegees representent Ia premiere et Ia meilleure solution pour developper ce concept social de Ia conservation. La diversite biologique offre une grande variete de solutions utiles dans le processus de developpement social des commu­nautes au moyen d'activites complementaires et paralleles a Ia conservation.

Dans le Costa Rica d'aujourd'hui, on retrouve d'importants courants d'opi­nion qui demontrentclairement l'interetdu peuple pour Ia planification a long terme de Ia conservation et du developpement Les strategies de 1 'Etat visent un deve­loppement durable. Elles sont ecrites; c 'est main tenant le temps de les appliquer, de faire en sorte qu'elle deviennent une realite. Jusqu'a present, le type d'education qu 'on avait toujours donne aux communautes partait du principe des prejudices que causait aux ressources naturelles Ia «production» et non pas du principe de sa complementarite au moyen de techniques adequates ou d'autres solutions de production. II faut que les conservationnistes comprennent que les efforts visant a perpetuer les richesses naturelles ne servent a rien si on ne se penche pas sur Ia pression qu'exercent les communautes dans leur recherche de solutions producti­ves.

Lorsque Ia conservation fait partie du processus productif, le maintien meme des aires de conservation est alors moins critique.

Conclusion

La degradation de 1' environnementa 1' echelle planetaire est telle qu 'elle menace les grands systemes de Ia biosphere, bases memes de Ia vie. Les modifications climatiques, I' accumulation des dechets, l'epuisement des sols, Ia disparition des forets et Ia destruction des ecosystemes sont autant de signes deja perceptibles de cette deterioration. Cependant, on voit des signaux encourageants qui incitent a croire que des changements sont en train de s'operer. Les organismes intematio­naux, Ia presse, Ia population et meme les hommes politiques et les industries (par Ia force des chases) sontde plus en plus sensiblcs aux questions environnementales. On assiste a Ia naissance d'une nouvelle conscience planetaire vis-a-vis l'environ­nement.

En nous servant du cas precis du Costa Rica, nous esperons a voir demontre que Ia conservation de Ia nature n'est pas necessairement en conflit avec le developpement. Au contraire, lorsqu 'elle est pratiquee correctement, Ia conserva­tion peut devenir un puissant outil de developpement. Le Costa Rica, meme s'il se retrouve parmi les pays en voie de developpement et qu 'il fait face a toutes sortes de problemes sociaux et economiques, est reconnu au niveau international pour le

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grand effort dans lequel i1 s 'est lance pour conserver ses richesses naturelles. En pres de vingt ans, il a reussi a proteger une grande portion de son territoire au moyen de mesures conservationnistes. Actuellement, ce pays possede le plus grand et le mieux organise des reseaux d'aires protegees du continent americain (6, 25). De plus, le pays a deja prepare sa propre strategie nationale pour le developpement durable, ce qui le place a 1 'avant-garde des pays latino-americains dans ce domaine.

La cooperation intemationale a aussi un grand potentiel. Bien organisee, elle devient un outil tres important pour empecher Ia destruction de l'environnement mondial. Deja, on voit apparaitre de nouvelles initiatives et un interet international pour Ia conservation des ecosystemes tropicaux. Dans les pays developpes, plusieurs organisations ont commence a ramasser des fonds pour le troc de Ia dette en echange de Ia protection de Ia nature. D'autres aident dans des programmes de reboisement et de developpement durable dans les pays tropicaux.

Cependant, Ia communaute intemationale devrait s'interesser davantage a Ia solution d'un probleme encore majeur, qui englobe Ia presque totalite des autres problemes des pays en voie de developpement, c'est-a-dire l'echange economique inegal. lei, on pourrait citer le celebre ecologiste franc;:ais, Rene Dumont, qui nous fait remarquer que:

[ ... ]le neoliberalisme, avec ses lunettes fort etroites du seul profit, neglige le probleme demographique [ ... ] 11 sous-es time le drame ecologique, qui no us mene taus ala mort. Et il «oublie» la misere du Tiers monde, qui atteint deja un niveau politiquement (et non pas seulement moralement) intolerable. (12)

Comment peut-on demander a un pays pauvre de se lancer dans Ia conserva­tion de ses ressources naturelles lorsque sa population vit dans la misere et qu' i1 do it payer une dette exterieure devenue ecrasante ?

Me me si le Costa Rica a reussi a controler sa natalite au moyen de programmes gouvemementaux dans les annees 60 et 70, avec Ia crise du debut des annees 80, Ia plupart de ces programmes ont ete negliges ou carrement abandonnes. Le danger existe que Ia population se mette a augmenter a un rythme accelere. En outre, le pays a vu s'effondrer les prix de ses exportations alors que ceux de ses importations augmentaient, resultant en un fort endettement. AI 'heure actuelle, le Costa Rica a la dette exterieure per capita Ia plus elevee au monde. Meme dans ces conditions, le pays a continued 'appliquer son ambitieux programme de conservation, bien que ses pares et ses reserves ne survivent que grace a l'aide intemationale. Tousles projets en cteveloppement durable qui se deroulent actuellement au Costa Rica pointent vers la bonne direction. Cependant, dans un systeme economique inegal com me celui dans lequel ils se retrouvent, comment pourront le Costa Rica ou les pays pauvres sortir de leur retard economique? L'avenir apportera une reponse a cette question.

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Noms

1. BoNILLA, A. Reservas forest ales y zontJS protector as. Cartago, Costa Rica: Editorial Tecnol6gica de Costa Rica, 1983, 312 p., p.14.

2. BoZA, M.A. Elsistemadeparquesnaciona/esdeCostaRica: Unadicadadedesarrollo. Programa de Educaci6n Ambiental, Universidad Estatal a Distancia. San Jose, Costa Rica, 1981, p. 3.

3. BoZA, M.A. «Le Costa Rica: un exemple de strategie appliquee ala creation de pares nationaux dans un pays en voie de developpement» Rapport II, De~aieme Conference Mondia/e sur les Pares Nationa~a. Yellowstone, Etats-Unis, 18-27 septembre 1972, p. 206.

4. BoZA, M.A. et I....EMrnux, G.-H. «Les pares nationaux du Costa Rica: Bilan strategique actueletamenagementfutur.»/nternationalExperiencewithNationalParksandRelated Reserves. Edited by Nelson, Needham and Mann, University of Waterloo, Ontario, Canada, 1978, p. 301.

5. BoZA, M. A. Plan de manejo y desarrollo para el Par que Nacional Volcan Poas, Costa Rica. Tesis de Grado,I.I.C.A., Turrialba, Costa Rica, Noviembre, 1968, p. 1.

6. BuoowsKI, G. La conservaci6n como instrumento de desarrollo. Editorial Universidad Estatal a Distancia. San Jose, Costa Rica, 1985, p. 72.

7. COMMISSION MONDIN.E SUR L 'ENYIRONNEMENT ETLE D.,YFLOPPEMENT (Rapport Brundtland). Notre avenir a tous. Rapport final. Avril 1987.

8. CoNsEJo NACIONAL DE INVESTIGACIONES CIENTif1cAS Y TECNOLOGICAS. Diagn6stico del Sector Forestal. San Jose, Costa Rica, Noviembre,1984, p.56.

9. CosTA RICA. MiNisTI'JUo DE AoRJCULTURA Y GANADERIA. DIREca6N GENERAL FoRESTAL. DEPARTAMENTO lNVESTIGACI6N FoRESTAL. Algunas causas de la deforestaci6n en Costa Ricay sus posib/es soluciones. Gonzalez Meza, Rodrigo. Reimpresi6n, San Jose, Setiembre 1987, 11 p., p. 1.

10. CosTA RicA. MINISTERIO DE GoBERNACION Y PouCIA. La verdadera emergencia nacional. San Jose, Imprenta Nacional,1986, p. 22.

11. CosTARICA.MiRFNEM.EstrategiaNacionaldeConservacibnparaelDesarrolloSostenido. San Jose, Costa Rica, 1988.

12. DUMONT, R. Un monde intolerable, /e liberalisme en question. Editions du Seuil, Paris, 1988.

13. FUNDACION NEOTII.OPICA. Desarrollo socioecon6mico y el ambiente natural de Costa Rica: siluaci6n actual y perspectivas. Primera edici6n; San Jose, Costa Rica, Editorial Heliconia, 1988, 160 p., p. 35.

14. FUNDACION NEOTROPICA - PROGRAMA DE PATRIMONIO NATURAL - CoNSERVACION lNTERNACIONAL. Evaluacibn de Ia conservaci6nde los recursos biol6gicos. San Jose, 1988, 13 p., p.4.

15. HOLDRJDGE,L.ForestEnvironmentsinTropica/LifeZones:APilotStudy.PengamonPress, New York, 1976, 747 p.

16. LA NACION. Costa Rica y Nicaragua crearfan par que fronterizo. San Jose, Costa Rica, 6 de Febrero de 1988, p. 2A.

17. LA NACION. Matr£culapara 1989. San Jose, Costa Rica, 27 de febrero de1989, p. 2A.

18. LA REPUBLICA. Est ado debe 800 millones de colones por tierras de parques nacionales. San Jose, Costa Rica, 20 de diciembre de 1988, p. 4.

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19. I...E.MIEux G.-H. Oportunidades para el desarrollo tur(stico del litoral atltintico ai sur de Puerto Linu5n, Costa Rica. Thesis de Magister Scientiae, IICA, Turrialba, Costa Rica, 1969, 169 p.

20. LEWis, T. «Dettecontre nature.» Biosphere (Federation canadienne de Ia faune). Ottawa, vol. 5, No. 1, Janvier-Fevrier 1989, p. 37.

21. MARTINEZ S. «M. Restringen visitas a parques nacionales.» La Naci6n. San Jose, Costa Rica, 20 de diciembre de 1988, p. 8A.

22. MATAMOROS DaoADO, A. Metodolog(apara Ia planificaciOnestrategica del subsistema nacional de reservasforestales y categorfas a{ITU!s; y su aplicaci6n en Costa Rica. Tesis de Grado, U.C.R.-C.A.T.I.E., Turrialba, Costa Rica. 1987.

23. MURILLo, N. «En el afto 2 000 habra 3, 7 millones de ticos.» La Naci6n. San Jose, Costa Rica, 29 de diciembre de 1988, p. I, suplemento Viva

24. NoRTON, W.W. State of the World 1988. A Worldwatch Institute Report on Progress Toward a Sustainable Society. New York, 237 p.

25. 0liTSJDE. The Green World. Chicago, Volume XV, Number 4, Aprili990, p. 51.

26. ROJAS JENKINs, A. Parques N acionales y Reservas Equivalentes. Tesis de Grado. U .C.R, San Jose, Costa Rica. I984, 180 p. p. 9 et p. 25.

27. SANcroN, T. A. «Planet of the year: What on Earth are we doing?>>Time. New York, vol. I33, No I, January I989, p. 22.

28. SHNEIDER,S.H.«ManagingplanetEarth:Thechangingclimate.»ScientifkAmerican.New York, vol. 26I, No.3, September I989, p. 70.

29. SERVICIO NACIONAL DE CoNSERVACION DE SUELos. <<Costa Rica analizara su problema de degradaci6n de suelos.» La Naci6n, San Jose, Costa Rica, 4 de febrero de I989, p. 5A.

30. THE EcoNOMIST. Costing the Earth: Making polluters pay. London. vol. 3I2, No. 76I8, 2-8 September, p. 6-8.

31. UICN. La strategie mondiale de Ia conservation: Ia conservation des ressources vivantes au service d'un developpement durable. Gland, Suisse, I980.

Rolando MARIN et Gilles LEMIEUX

La conservation de Ia nature dans une perspective de developpement durable: le cas du Costa Rica

RE:sUMt

En se servant du cas precis de Costa Rica, I' auteur demontre que Ia conservation de l'environnement n'est pas necessairement en conflit avec le developpcmenL Ce pays, qui s'est lance depuis deux decennies dans un ambitieux plan de conservation de sa nature, commence a voir les fruits de ses politiques. II est reconnu au niveau mondial pour ses efforts visant a proteger ses richesses biologiques. II a aussi ete grandement favorise par l'ampleur qu'a pris le tourisme nature! et scientifique sur

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son territoire. De Ia meme f~on, Ia population a vu !'interet qu'il y a a conserver Ia nature grace a toutes sortes de projets de developpement durable que le gouvemement et plusieurs organisations privees, tant du Costa Rica que d'autres nations, ont mis de !'avant dans les demieres annees.

Bien que ce pays ait connu, et connaisse actuellement, de graves problemes en ce qui conceme ses ressources naturelles, il y existe une volonte d'integrer de plus en plus environnement et economie. Le pays s 'est dejA dote de politiques visant le developpement durable de Ia societe tout entiere. II reste que ses politiques devront etre appliquees et faire Ia preuve qu 'elles sont viables. Le Costa Rica se dirige vers une nouvelle notion du developpement, dans une premiere tentative pour doter le pays d' une strategie claire en vue d' integrer et de rendre compatible Ia conservation avec le developpement economique.

Rolando MARIN et Gilles LEMIEUX

Preservation of the Environment in the Perspective of Sustainable Development: The Case of Costa Rica

ABSTRACT

Using Costa Rica as an example, the author shows that preservation of the environment does not necessarily oppose development During the past two decades, this country has been involved in an ambitious project to preserve its natural environment and the results of its policies are now beginning to show. Costa Rica is renowned throughout the world for its efforts to protect its biological resources. The increase in nature and science-oriented tourism in the country has also been to its advantage. Thanks to various sustainable develpment projects put forward in recent years by state and private organizations, the people of Costa Rica have also recognized the importance of preserving their environment.

Although this country has known and is still experiencing serious problems regarding its natural resources, people increasingly want these problems to be recognized as environmental as well as economical issues. They already have developed policies aimed at sustainable development of the whole society. Such policies will have to be implemented and proven viable. Costa Rica is changing its concept of development in order to give itself clear guidelines for integrating conservation and for making it compatible with their economical development.

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Rolando MARIN et Gilles LEMIEux La conservacion de Ia naturaleza en una perspectiva de desarrollo durable en Costa Rica

REsuMEN

Sirviendose del caso preciso de Costa Rica, los autores demuestran que Ia conservaci6n del medio-ambiante no esta necesariamente en conflicto con el desarrollo. Este pais, que desde hace dos decenios se lanz6 en un ambicioso plan en Ia conservacion de Ia naturaleza, comienza aver los resultados de esta politica Es un pais reconocido a nivel mundial por sus esfuerzos para proteger sus riquezas biol6gicas. Ha sido muy importante tambien el turismo naturalista y cientifico en todo el territorio de este pais. La poblaci6n ha visto asi Ia importancia de conservar Ia naturaleza gracias a todo tipo de proyectos de desarrollo durable que el gobierno y varias organizaciones privadas, tanto Costa Rica, como otras naciones, han lanzado en los ultimos aflos.

Bien que este pais haya conocido y conoce actualmente, graves problemas en lo que concierne asus reservas naturales, hay una voluntad irnportante de integrar cada vez mas medio-ambiente y economia El pais se ha dotado ya de politicas que niran bacia el desarrollo durable de Ia sociedad toda entera Queda que sus politicas deberan ser aplicadas y hacer prueba de que son viables. Costa Rica se dirige bacia une nueva nocion de desarrollo, en una prim era tentativa de proporcionar al pais una estrategia clara con vista de integrar y hacer compatible Ia conservaci6n y el desarrollo econ6mico.

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