Upload
jacqueline-gautier
View
102
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
La coopération : une compétence, une entreprise, un paradigme?
André Martin, professeur associé
Directeur adjoint de l’IRECUSUniversité de Sherbrooke
Congrès de l’Association des directeurs généraux des commissions scolaires
Bromont, le 20 mai 2011
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Objectifs
Distinguer les notions de collaboration et de coopération.
Permettre aux participants et aux participantes d’enrichir leur compréhension de la coopération, comme « paradigme ».
Amener les gens à questionner leurs pratiques professionnelles en lien avec l’idéal de la coopération. (C’est un exercice qui se fait dans le temps!!!)
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Plan de notre présentation
Première partie :Collaboration ou coopération?
Deuxième partie :Paradigme, qu’est-ce que ça signifie?
Troisième partie :Paradigme de la coopération?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Première partie
Collaboration ou coopération?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Qu’est-ce que la collaboration?
Signifie « travailler avec ». Exige un niveau moyen de confiance en
l’autre et d’implication de l’autre. C’est un travail d’équipe qui s’élabore autour
d’un projet qui n’appartient pas toujours à tout le groupe. À la limite, c’est une tâche qui pourrait être réalisée par une personne sachant l’avantage à se joindre à d’autres.
Peut être épisodique et circonstancielle!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
La coopération?
Signifie « travailler ensemble ». Exige un haut degré de confiance en l’autre
et d’implication mutuelle. C’est l’union d’un groupe de personnes,
poussées par un intérêt commun, à explorer ensemble des possibilités novatrices qui permettent de répondre à un besoin partagé qu’une personne ne peut réaliser seule.
La notion de permanence est plus présente en coopération.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Exigences de la coopération
Engagement mutuel vers un objectif commun Établissement de règles de travail partagées Responsabilités assumées et prise en charge Reconnaissance d’expertises complémentaires Utilisation constructive des différences Besoin d’expression, de discussion, de
délibération, de débats pour trouver et faire émerger un sens « ensemble »
Faire éclater les îlots : RENOUER LES LIENS
http://www.mels.gouv.qc.ca/dgfj/dp/programme_de_formation/secondaire/pdf/prform2004/chapitre003v2.pdf
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Caractéristiques de la coopération
Une mission définie et une vision claire fondées sur les valeurs de la coopération.
Une vitalité associative, participative, implicative et démocratique des membres.
Un enracinement territorial qui s’exprime par un leadership local (coopship) et un savoir-faire local.
Une gestion différenciée tant au niveau financier et économique que social et humain.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Résumons-nous un brin…
On peut facilement collaborer au projet d’un autre en « faisant avec », mais on ne peut coopérer qu’à un projet commun en « faisant ensemble ».
La collaboration n’exige pas de compétences spécifiques à développer. La coopération, oui!
La collaboration n’est pas un « mouvement » entrepreneurial. La coopération, oui!
La collaboration ne s’inscrit pas à l’intérieur d’une vision du monde (paradigme). La coopération, oui!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Deuxième partie
Paradigme, qu’est-ce que ça signifie?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Définition d’un paradigme
Un modèle rationnel et d’action qui propose un cadre conceptuel précis, c’est-à-dire :
D’une conception particulière de l’être humain De valeurs correspondantes Dessinant des finalités existentielles spécifiques
C’est donc un cadre structuré d’une compréhension de l’être humain et du monde qui sert à penser et à agir à partir d’un ensemble de règles et de normes données.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Caractéristiques du paradigme
Les paradigmes précisent notre façon de fonctionner en groupe, en communauté et en société, en acceptant des règles, des normes et une façon de se concevoir.
Le paradigme peut être dominant ou alternatif.
Les paradigmes existent depuis toujours, et ce, dans toutes les sociétés du monde.
C’est aussi une réalité qui change dans le temps.
Alternative(A-E-F)
Alternative(A-E-F)
Alternative(A-E-F)
CulturesParadigmes
Alternative(A-E-F)
Alternative(A-E-F)
Alternative(A-E-F)
Alternative(A-E-F)
Dominant(A-E-F)
Cadre totalitairedémocratique
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Des exemples…
Le mouvement des paradigmes :
un petit exemple à partir de l’histoire du Québec
Économiste
Communiste
1760 - 1960
Coopératif et
mutualiste
Fondamentaliste
Corporatisme
Religieux
Social-démocratie
1960 - 1980
Laïque
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Coopératif et
mutualiste
Communiste
1960 - 1980
Religieux
Laïque
Fondamentaliste
Corporatisme
Social-démocratie
Économiste
Laïque
1980 - …
(néo-libéralisme)
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Valorisation de l’individualité, de la liberté, du droit, de la sphère privée. Son pendant inquiétant : l’individualisme, le narcissisme, le relativisme, le manque de vision, le court terme, la royauté de l’individu…
Dépréciation du collectif, du principe de l’égalité, du devoir, des débats, du dialogue, de la sphère publique, des projets de société à long terme.
Il semble y avoir un manque d’équilibre entre le volet individuel hautement valorisé et le volet collectif particulièrement appauvri.
Certains constats…
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Chez vous,
Une période de turbulence qui demande une grande force d’adaptation au changement.
Une remise en question de l’existence et de la légitimité de vos organisations.
Des luttes de pouvoir constantes. Des intérêts corporatifs importants. De nombreuses réformes tant pédagogiques
qu’administratives. Une gestion des résultats, etc.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Si aujourd’hui…
On suppose que le paradigme dominant actuel est de type économiste et qu’il réduit l’idéal humain à une vision matérialiste. Il semble urgent de le confronter à d’autres idéaux, à d’autres paradigmes.
Donc, que dire de la coopération, de son idéal, de son paradigme? Quelle vision anthropologique du monde nous donne-t-elle? Quelles en sont ses grandes valeurs et ses grandes finalités?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Troisième partie
Paradigme de la coopération?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Son fondement
Depuis 1895, l’Alliance coopérative internationale (ACI) déclare que la coopération s’articule autour de sept principes, eux-mêmes élaborés à partir de valeurs fondamentales qui sont :
Démocratie, égalité, équité, solidarité, liberté, responsabilisation personnelle et collective…
Réfléchissons un peu plus sur ces valeurs dans un contexte historique précis.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Siècle des Lumières – 18e siècle
FRANCE :
Montesquieu (1689-1755)J.-J. Rousseau (1712-1778)A. de Tocqueville (1805-1859)
GRANDE-BRETAGNE :
John Locke (1632-1704)David Hume (1711-1776)Adam Smith (1723-1790)
ALLEMAGNE :
Guillaume Leibniz (1646-1716)Emmanuel Kant (1724-1804)
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
POPULACE
ORDONNE
ORIENTE
DIRIGE
IMPOSE
DÉCIDE
UNIDIRECTIONNELUNIDIMENSIONNEL
OBLIGE
COMMANDE
MÈNE
A
ndré
Mar
tin, I
RE
CU
S, U
nive
rsité
de
She
rbro
oke
POPULACE
Assemblées politiques et économiquesConstitutions – Lois – Conseils
CITOYENS
Révolution démocratique : changement de
paradigme majeur
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
CITOYENS
Assemblées politiques et économiquesConstitutions – Lois – Conseils
MU
LTID
IME
NSI
ON
NE
L MU
LTID
IRE
CT
ION
NE
L
ÉLECTION
DÉLÉGATIONREPRÉSENTATION
PRISE EN CHARGE
LIBERTÉ
MANDAT OPINION
AUTONOMIE
CONSULTATION
ARGUMENTATION
RESPONSABILISATION PRISE DE POSITION
SUFFRAGE
DÉBAT VOTE
ÉGALITÉ
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Projet démocratique des Modernes
LIBERTÉ ÉGALITÉ
DÉM
OC
RATI
E
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Naissance de la coopération – 18e et 19e siècle
FRANCE :
H. de Saint-Simon (1760-1825)Charles Fourier (1772-1837)Philippe Buchez (1796-1865)
GRANDE-BRETAGNE :
Robert Owen (1771-1858)William King (1786-1865)Pionniers équitables de Rochdale (1843)
ALLEMAGNE :
H. S. Delitzsch (1808-1885)F. W. Raiffeisen (1818-1888)
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Idéal démocratique des Modernes …
LIBERTÉ ÉGALITÉ
DÉM
OC
RATI
E
devient aussi la base du paradigme de la coopération
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
LIBERTÉ ÉGALITÉ
ÉQUITÉ
SOLI
DAR
ITÉ
DIGNITÉ
DÉM
OC
RATI
E
Paradigme de la coopération : en équilibre
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Paradigme de la coopération : en équilibre
LIBERTÉ ÉGALITÉ
ÉQUITÉ
SOLI
DARI
TÉ
DIGNITÉ
DÉM
OCRATIE
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
LIBERTÉ ÉGALITÉ
ÉQUITÉ
SOLI
DARI
TÉ
DIGNITÉ
DÉM
OCRATIE
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
ÉQUITÉSO
LIDAR
ITÉ
DIGNITÉ
DÉM
OCRATI
E
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
ÉQUITÉ
SOLI
DAR
ITÉ
DIGNITÉ
DÉM
OCRAT
IE
PRISE EN CHARGE
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Grandes finalités de la coopération
Améliorer le MIEUX-ÊTRE personnel et collectif par la prise en charge des citoyens eux-mêmes.
La responsabilité de tous les intervenants est de bien utiliser aujourd’hui les ressources et les forces de nos organisations et de nos sociétés dans le but de les faire fructifier aussi pour les générations futures.
La coopération est un levier PERMANENT qui permet de construire le présent et l’avenir des personnes et des communautés à l’intérieur d’un cadre démocratique, délibératif et républicain.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Facile, la mise en pratique de la coopération?
NON!!! Parce que la coopération s’exerce toujours à l’intérieur d’une réalité complexe.
Est-ce possible la mise en pratique coopérative?
TOUT À FAIT, SURTOUT DANS LA COMPLEXITÉ!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Comment???
1. En prenant conscience du monde dans lequel nous vivons et l’influence que nous pouvons exercer ensemble sur l’éducation.
2. En prenant conscience du potentiel de la coopération comme compétence à apprendre et comme paradigme à articuler.
3. En prenant conscience que vous êtes aussi des bâtisseurs de société.
4. En redessinant la fonction qui est la vôtre par l’exercice d’un leadership coopératif…
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Conditions facilitantes
Proposer une mission définie et une vision claire fondées sur des valeurs partagées.
Ouvrir à une vitalité associative, participative, implicative et démocratique des membres.
Reconnaître l’enracinement territorial qui s’exprime par un leadership local (coopship) et un savoir-faire local.
Construire une gestion différenciée tant au niveau financier et économique que social et humain basée sur une éthique humaniste!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Conditions facilitantes
Reconnaître chez les gens le besoin d’inclusion, d’implication, de participation, d’éducation…
Le besoin d’expression, de discussion, de prise en charge.
Le besoin de cohérence (discours - pratique). Le besoin de SENS où les liens humains
doivent êtres tissés de nouveau (complexité). Et ne pas oublier que la coopération, c’est tout
sauf une formule magique!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Existe-il des pratiques coopératives efficaces? Des enseignants utilisent la pédagogie
coopérative (pédagogie originale). Des écoles ont des projets éducatifs
coopératifs. Des écoles ont emprunté la vision
coopérative de l’éducation (établissement vert Brundtland, écoles alternatives, etc.).
Des commissions scolaires cherchent à mettre en pratique, dans leur gestion, la coopération et ses attributs…
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Annonçons la fin de la rencontre
Nos diverses organisations sociales et leurs représentants sont de plus en plus invités à aller au-delà de la maîtrise des processus, des compétences et des structures traditionnelles pour innover et créer de nouvelles réalités. Une recherche sociale est en cours actuellement. Et vous?
L’école peut-elle devenir une dynamique qui promeut des modifications paradigmatiques?
École remorque ou école moteur???
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Changement de paradigme en vue…
Des changements de paradigmes s’annoncent donc. Déjà des idéaux sociaux se dessinent et des projets novateurs émergent.
D’autres cadres éthiques se profilent, proposant des façons de faire les choses AUTREMENT.
Quel modèle de société souhaitons-nous?
Le paradigme de la coopération, en lien avec le développement durable, peut-il répondre aux nouveaux enjeux éthiques et socioéconomiques de nos sociétés?
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Conclusion
La coopération, ce n’est pas seulement une stratégie du vivre ensemble par le déploiement de compétences.
La coopération, ce n’est pas seulement un mouvement entrepreneurial efficace.
La coopération, c’est aussi un paradigme, une manière éthique de vivre ensemble.
Ainsi, la coopération en situation de complexité humaine sera aussi le levier d’un développement plus durable, plus humain!
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Alors,
Oui, on peut parler de coopération dans l’univers scolaire du Québec.
De toute évidence, on pourra en entendre parler encore plus dans un avenir rapproché, dans la mesure où nous la découvrons pour ce qu’elle est : un levier permanent qui place la personne et son développement au centre d’un projet de société éducatif original.
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Un signe de coopération?
M. Claude Gingras – 21 mai 1976
André Martin, IRECUS, Université de Sherbrooke
Merci de m’avoir invité!
Conception graphique :
Madame Carole Hébert
Site Internet de l’IRECUS
www.usherbrooke.ca/irecus