La cration du monde Science et Religion : des rapprochements ?
B. Legras - 20 janvier 2015 Musique : Darius Milhaud - La cration
du monde (1923)
Page 3
Lauteur, professeur horaire la facult de mdecine de Nancy, ne
veut pas avancer masqu : En sappuyant sur le message trs clair de
lvangile, il croit que notre monde nest pas abandonn, quil nest pas
un lieu de hasard coinc entre le chaos et le nant. Il croit que
toutes les vies ont un sens, mme si nous habitons la banlieue dune
galaxie immense. Mais, on peut argumenter ces affirmations, en
faisant intervenir la connaissance scientifique. Et la rflexion sur
lorigine du monde en donne loccasion.
Page 4
Un livre passionnant, lorigine de cette ralisation
Bibliographie scientifique importante Louvrage (best-seller) de Jos
Rodrigues dos Santos : La formule de Dieu
Page 5
Prix Nobel de Physique de 2011 pour : Saul Perlmutter, Brian
Schmidt et Adam Riess Communiqu de lAcadmie Royale de Sude Au dbut
du XXme sicle, lUnivers tait considr comme un lieu calme et
paisible, pas plus vaste que notre galaxie, la Voie lacte. Lhorloge
cosmologique battait le temps de manire fiable et rgulire. Et
lUnivers tait ternel. Bientt pourtant, un changement radical allait
bouleverser cette vision.
Page 6
Communiqu de lAcadmie Royale de Sude suite Lunivers finira
probablement dans les glaces si nous en croyons les laurats. Ils
ont soigneusement tudi dans des galaxies trs lointaines de la ntre,
plusieurs douzaines dtoiles en train dexploser, quon appelle des
supernovae, et ils en ont conclu que lexpansion de lUnivers
sacclre.
Page 7
Que dit la Bible ? Dieu cra le ciel et la terre (Credo) en six
jours selon la Gense (Bible). La cration du monde date denviron 14
milliards dannes. Que dit le scientifique ? Le scientifique croyant
croit une origine divine du monde et un dessein intelligent Le
scientifique agnostique rejette lorigine divine et recherche des
explications rationnelles : hasard, mondes multiples,
Page 8
Le calendrier cosmique de Carl Sagan : ramenant l'chelle
humaine dune anne lhistoire de l'Univers, du Big Bang aujourd'hui 1
er janvier : Big Bang 1 er mai : formation de la Voie lacte 9
septembre : formation du systme solaire 14 septembre : formation de
la Terre 31 dcembre 21h : apparition de l'australopithque 23h50 :
domestication du feu 23h56 : apparition de l'Homo sapiens 23h58 :
apparition de l'homme de Cro- Magnon 31 dcembre 23h59 35s :
invention de l'agriculture 51s : invention de l'alphabet 56s :
naissance de Jsus de Nazareth 58s : croisades 59s : priode de la
Renaissance Minuit : aujourdhui
Page 9
Que disait la science sur la cration ? Au XIXme sicle :
lunivers statique Lunivers est statique et infini. LUnivers est
rigoureusement dterministe, comme une mcanique dhorlogerie. Nous
devons envisager l'tat prsent de l'univers comme l'effet de son tat
antrieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une
intelligence qui pour un instant donn connatrait toutes les forces
dont la nature est anime et la situation respective des tres qui la
composent, si d'ailleurs elle tait assez vaste pour soumettre ces
donnes l'analyse, embrasserait dans la mme formule les mouvements
des plus grands corps de l'univers et ceux du plus lger atome: Rien
ne serait incertain pour elle et l'avenir comme le pass serait
prsent ses yeux . Laplace (Essai philosophiques sur les
probabilits, 1814) Pierre-Simon de Laplace (marquis), n en 1749
Beaumont-en-Auge et mort en 1827 Paris, mathmaticien, astronome et
physicien franais.
Page 10
Que dit la science sur la cration ? Au XXme sicle : lunivers
dynamique, le Big Bang Lunivers est n dune brusque expansion : le
Big Bang. Le temps commena avec lespace. Le moment initial est une
singularit (point dnergie infinie) quon ne peut pas tudier.
Lunivers est en expansion continue (fuite des galaxies). Lunivers a
eu un dbut, il aura une fin. Les deux hypothses actuelles sont : -
soit le Big Freeze (la grande glaciation), - soit le Big Crunch (le
grand crasement). La premire hypothse est la plus plausible
(acclration de lexpansion tudes sur la masse noire et lnergie
noire).
Page 11
Le Big Bang : cette ide repose sur : Le second principe de la
thermodynamique (Ingalit de Clausius - 1850) : lunivers volue vers
un accroissement de lentropie (= toutes les formes dnergies et de
temprature). Lunivers vieillit. Cela laisse supposer quil fut jeune
(il y a eu un moment initial dorganisation et dentropie minimum -
lunivers volue dun ordre complet vers un dsordre total). La
dcouverte de Hubble (vers 1920) : existence de galaxies au-del de
la Voie Lacte ; aprs avoir mesur le spectre de la lumire quelles
mettaient, il saperut que toutes sloignaient de nous. Plus une
galaxie est loin, plus vite elle sloigne. Lunivers est en
expansion. De fait on est fond croire quelles sont parties dun mme
point. Les thories de la relativit dEinstein : lunivers est
dynamique, en expansion (ou en rtraction).
Page 12
Le Big Bang : Les preuves La preuve dcisive fut la dcouverte du
rayonnement fossile (ou fond diffus cosmologique). Il correspond un
rayonnement de corps noir basse temprature (2,7 kelvins),
conformment aux prdictions de Gamow (dcouverte due Penzias et
Woodrow Wilson en 1965 - prix Nobel de physique en 1978). Dautres
preuves relativement directes sont venues sajouter : lobservation
de lvolution des populations galactiques, et la mesure du
refroidissement du fond diffus cosmologique depuis plusieurs
milliards dannes.
Page 13
Que dit la physique actuelle sur le temps ? Selon la Relativit
dEinstein : Plus un objet est lourd, plus le temps est lent sa
surface. Au moment du Big-Bang , lunivers trs concentr tait
extrmement lourd. Des calculs fonds sur la thorie de Einstein
permettent de calculer la masse de lunivers en fonction du temps
coul et destimer ainsi le temps coul lui-mme en jours
daujourdhui.
Page 14
Trois constantes principales avec dimension : la vitesse de la
lumire : c = 299 792 458 m/s la constante de gravitation : g =
6,67428.10 -11 m 3.kg -1.s -2 la constante de Planck : h = 6,626
068 96.10 -34 J.s correspond la plus petite mesure indivisible.
Elle relie lnergie dun photon E sa frquence f par : E=hf Une
constante sans dimension trs tudie : la constante de structure fine
: 7,2973525698.10 -3 Elle rgit la force lectromagntique qui assure
la cohrence des atomes et des molcules. Que dit la science sur la
cration? Quinze constantes universelles
Page 15
Dinfimes changements des constantes et toute vie serait
impossible. Exemple : une petite variation dans la valeur de la
constante de structure fine serait suffisante pour liminer les
toiles comme le soleil. En la changeant de 4 %, le carbone ne
serait plus produit lors de la fusion stellaire. Que dit la science
sur la cration? Le rglage ultra-fin de lunivers Amas de
galaxies
Page 16
Le principe de lindtermination (Heisenberg) On ne peut pas
prvoir avec prcision le comportement dune microparticule (dualit
onde-particule). Le thorme de lincompltude (Gdel) Il y a des
questions mathmatiques qui sont valides mais qui ne sont pas
dmontrables. La thorie du chaos (Lorentz, Mandelbrot) Certains
systmes dterministes sont non prdictibles long terme du fait des
conditions initiales ( leffet papillon ). Quelques raisons
scientifiques : La complexit du rel est si grande quil est
impossible de prvoir lvolution future de lunivers. Lvolution est
indterminable mme si elle est dtermine.
Page 17
Cest la physique qui rgit le comportement de la matire lchelle
microscopique : le domaine des atomes, des particules qui
constituent les atomes, des photons qui sont des grains de lumire.
Elle fut dveloppe au dbut du XXme sicle afin de rsoudre diffrents
problmes non explicables par la physique classique : le rayonnement
du corps noir, l'effet photo-lectrique, l'existence des raies
spectrales. Elle a permis de dvelopper les technologies modernes,
comme le tlphone portable, le GPS, lordinateur, le laser. Elle se
dmarque de la physique classique par plusieurs aspects et notamment
par l'existence de grandeurs physiques ne pouvant se manifester que
par multiples de quantits fixes, appels quantas, qui donnent leur
nom la thorie. Brves notions de physique quantique Max Planck
(1848-1957) est considr comme le pre de la physique quantique. La
constante de Planck, h, y joue un rle central. Prix Nobel en
1918
Page 18
Le dsaccord entre Niels Bohr et Albert Einstein Bohr et
Einstein taient en dsaccord sur le statut de la mcanique quantique.
Einstein avait tent de montrer que les ides de Bohr conduisaient
admettre des signaux plus rapides que la lumire, en contradiction
avec la thorie de la relativit : cest le paradoxe EPR . Les auteurs
du paradoxe EPR (1935) : Einstein, Podolsky et Rosen. Niels Bohr et
Albert Einstein Qui a raison ? Pour les dpartager : les ingalits de
Bell (1964) : relations des systmes respectant la causalit
relativiste.
Page 19
Une exprience troublante RESULTATS Deux particules (deux
systmes quantiques diffrents) ayant une origine commune ne peuvent
pas tre considres comme deux systmes indpendants. Il y a un tat
d'intrication. L'loignement physique des deux systmes ne joue aucun
rle dans cet tat (car il n'apparat aucune variable de position).
L'tat quantique intriqu reste identique toutes choses tant gales
par ailleurs quel que soit l'loignement des deux systmes.
Lexprience (et toutes les suivantes) ont vrifi cet tat dit de non
localit et galement de non- temporalit. Expriences doptique ralises
par Alain Aspect l'Institut d'optique Orsay entre 1980 et 1982.
Elles ont vrifi la violation des fameuses ingalits de Bell et
donnent raison Bohr contre Einstein. Alain Aspect (1947-) Physicien
franais Mdaille dor du CNRS
Page 20
Consquences de lexprience dAspect Le concept de la
non-sparabilit. Explication : l'intrication a unifi les deux objets
qui ont t soumis une interaction : ces deux objets restent un malgr
leur loignement spatial (et temporel). On peut considrer que les
deux particules (photons) forment un systme avec des proprits non
localises dans lun ou lautre des photons. Dans cette interprtation,
les deux photons, mme spars par des annes- lumire, sont en contact
permanent. Ils nont pas besoin dchanger dinformation laide dun
moyen classique limit par la vitesse de la lumire. Les particules
doivent parfois tre considres comme des lments dun tout. Des
interrogations mtaphysiques : Si les microparticules communiquent
entre elles distance instantanment, cela peut-il procder du fait
quelles constituent une entit unique. Est-ce que la matire ferait
partie dun systme indivisible ?
Page 21
Peut-on concilier la Gense et la physique ? On doit comprendre
les jours de la Bible comme les jours de lunivers ! La question est
de savoir combien de temps lchelle temporelle de lunivers
correspond 1 jour sur terre ? Lexistence de la lumire rmanente
(restante) du Big Bang permet daccorder le temps (ouvrage de Gerald
Schroeder). Les calculs disponibles ce jour ont rvl que : Le 1er
jour biblique (densit gigantesque de la masse cre temps trs
ralenti) dura 8 milliards dannes terrestres - Le 2me jour : 4
milliards - Le 3me : 2 milliards - Le 4me : 1 milliard - Le 5me :
500 millions - Le 6me : 250 millions. Rsultat tonnant : La somme de
ces 6 jours bibliques donne 15,7 milliards dannes terrestres. Cela
correspond aux calculs scientifiques daujourdhui.
Page 22
Le 1er jour a donc commenc il y a 15,7 milliards dannes. La
Bible dit Dieu dit que la lumire soit! Et la lumire fut . Nous
savons que cest cette poque que sest produit le Big Bang et que la
matire sest cre. Puis les toiles et les galaxies se sont formes. Le
2me jour a commenc il y a 7,7 milliards dannes. La Bible dit Dieu
spara les eaux qui sont au-dessous de l'tendue d'avec les eaux qui
sont au- dessus . Nous savons que cest durant cette priode que sest
forme notre galaxie, la voie lacte dont le soleil. Le 3me jour a
commenc il y a 3,7 milliards dannes. La Bible dit Dieu dit que le
sec paraisse - Que la terre produise de la verdure et des arbres
fruitiers donnant du fruit . Nous savons que la terre sest
refroidie au cours de cette priode et que leau est apparue ltat
liquide aussitt suivi par lapparition de vgtation marine. La Bible
tablit que la terre na t cre que le 3me jour. De fait, bien que lon
parle de jour terrestre, la Bible se rfre lvidence au 3me jour
lchelle de lunivers, puisque dans les 2 premiers, la terre
nexistait pas. La Gense en jours de lunivers Les 3 PREMIERS
jours
Page 23
Le 4me jour a commenc il y a 1,7 milliard dannes. La Bible dit
Dieu dit qu'il y ait des luminaires dans l'tendue du ciel, pour
sparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour
marquer les poques, les jours et les annes . Les luminaires sont
apparus le 2me jour mais ntaient visibles de la terre que le 4me
jour quand latmosphre de la terre est devenu transparente. Cest
cette priode que la photosynthse a commenc produire de loxygne. Le
5me jour a commenc il y a 700 millions dannes. La Bible dit Dieu
dit que les eaux produisent des animaux vivants et que des oiseaux
volent vers l'tendue du ciel . Nous savons par les tudes gologiques
et biologiques que pour cette priode sont apparus les animaux
multicellulaires, toute la vie marine ainsi que les premiers
animaux volants. Le 6me jour et dernier a commenc il y a 250
millions dannes. La Bible dit Dieu dit que la terre produise des
animaux vivants - Puis Dieu dit faisons l'homme notre image et
qu'il domine sur toute la terre . Les animaux terrestres existent
depuis plus longtemps mais ces 250 millions dannes correspondent la
grande extinction survenue pour une raison encore indtermine. Aprs
cette extinction massive la terre t repeuple et lhomme surgit la
fin de la chaine de lvolution. La Gense en jours de lunivers Les 3
DERNIERS jours
Page 24
Ainsi lunivers a t conu avec une prcision propre gnrer la vie.
Il est difficile de croire quil sagit dun hasard. Cette conclusion
pose invitablement le problme du crateur (Dieu ?). Et lintention ?
: est-ce pour que lhomme puisse y vivre ? (principe anthropique*).
Quelques conclusions * du grec "anthrpos", l'homme Le principe
anthropique : terme formul par Brandon Carter (1974) Large number
coincidences and the anthropic principle in cosmology
Page 25
En dehors de l'ajustement fin des paramtres physiques de
l'univers, un certain nombre d'lments mnent s'interroger sur le
caractre anthropique de l'univers. Probabilit dobtenir par hasard
une protine On a calcul la probabilit dobtenir par hasard certaines
protines en estimant le nombre maximal de collisions ayant eu lieu
dans locan primordial o est apparue la vie. Chaque protine est
constitue de 20 acides amins diffrents. Or, il existe plus de 2
milliards de milliards de faons de placer 20 entits le long dune
chane. La ralisation des diffrentes probabilits demande plus de
temps que lge de la Terre (4 milliards dannes). De plus pas moins
dune centaine de protines sont indispensables la survie et la
reproduction dune cellule primitive (5 pour synthtiser les corps
gras, 8 pour lapprovisionnement en nergie, 10 pour la synthse des
nuclotides de lARN et de lADN et 80 pour synthtiser ses protines).
Ainsi, lhypothse dune cration par hasard dune cellule primitive
vivante comportant non pas 1 mais 100 protines semble bien
improbable tant donne la complexit des schmas mis en jeu. Autre
argument POUR le principe anthropique
Page 26
La position de la Terre et son environnement dans lunivers
(quelques exemples) -Si Jupiter et Saturne navaient pas exist,
leurs masses normes nauraient pas servi de paratonnerres pour
protger la Terre en attirant les mtorites qui lauraient pulvrise.
-Si la Lune nexistait pas, laxe de rotation de la Terre aurait pu
changer constamment rendant la vie trs difficile, voire impossible.
- Si la quantit de matire dans lunivers (les milliards dautres
galaxies et cette matire noire que nous ne connaissons pas) tait
diffrente de ce quelle est, la force dinertie sur Terre serait
modifie et la vie impossible. Ainsi lHomme napparat plus comme
perdu sur une plante insignifiante au milieu de lunivers : le reste
du cosmos lui est indispensable. Un autre argument POUR le principe
anthropique
Page 27
Les univers parallles Andre Linde a dvelopp un modle dans
lequel des mini-univers sengendrent les uns les autres. Certains
ont les mmes caractristiques que leurs parents, dautres ont connu
des mutations qui les rendent trs diffrents. En grossissant, ces
mini-univers se dtachent de leurs parents et plus aucun contact ni
passage dun univers lautre nest possible. Le cosmos serait donc un
ensemble de mini-univers sengendrant les uns les autres et le ntre
aurait par hasard, seul ou non, les constantes adquates pour que la
vie consciente ait une chance de sy dvelopper. Le modle de Linde
implique lexistence dun grand nombre (10 80 ou 10 100 ) dunivers,
voire dune infinit dunivers. Nous serions dans un de ceux ayant reu
par hasard les bonnes constantes au mme titre que si lon joue au
loto toutes les combinaisons de front, on est sr de gagner. Ce
modle est difficilement vrifiable sil ny a pas de connexion
possible entre les diffrents mini-univers. Une explication CONTRE
le principe anthropique
Page 28
Conclusion : deux options rationnelles il y a une infinit
dunivers, et cest par hasard que nous habitons celui-ci ou bien une
Intelligence a voulu notre univers , Mon humble avis : la seconde
option est plus simple et moins extravagante que la premire. Je
vous laisse choisir.
Page 29
Une rflexion parmi bien dautres pour conclure Aujourdhui, lide
dun cosmos organis apparat mme beaucoup plus pertinente qu lpoque
de Voltaire : largument du grand horloger tient, lvidence dune
organisation de lensemble de lUnivers. Les dcouvertes scientifiques
renforcent limpression dune organisation gnrale plus quelles ne la
diminuent. Interview de Michel Houellebecq (La vie - 29 janvier
2015)