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La culture, dynamo de la cité

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Je remercie Max SANIER, Maître de conférence à l’IEP de Lyon, pour m’avoir suivie dans cetteaventure avec toujours autant d’attention et de patience et pour avoir enrichi ce travail de ses trèsprécieux conseils.

Je remercie également Philippe CORCUFF, Maître de conférence à l’IEP de Lyon, pouravoir accepté d’être présent lors de la présentation de ce travail.

Merci à Keith DIXON, Professeur de civilisation britannique à l’Université Lyon II, pourm’avoir accordé de son temps ainsi que pour les nombreux contacts qu’il m’a communiqué.

Merci enfin à toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à ce travail en acceptantde participer aux entretiens : (par ordre alphabétique) Mark ANDERSON, Charles BLANC etTristan SURTEES, Paul BOINO, Philippe CHAUDOIR, Michael DALE, Roberta DOYLE,Beatriz GARCIA, Steve INCH, Ian McCULLOCH, Robin MORTON, Stephen SLATER.

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CCPR: Centre for Cultural Policy Research – University of Glasgow

CVRP: Clyde Valley Regional Plan

GA: Glasgow Action

GCC: Glasgow City Council

GDC: Glasgow District Council

GEAR: Glasgow Eastern Area Renewal

SDA: Scottish Development Agency

SECC: Scottish Exhibition and Conference Centre

SRC: Strathclyde Regional Council

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« C’est tout juste si en prononçant le mot Glasgow, certaines personnes necommencent pas à défaillir ou à faire une moue dégoûtée : "Pouah, cette villeindustrielle, grise, morne et sale, pleine de prolétaires tristes à mourir… et puis, iln’y a rien à voir !". Quelle erreur ! Si Glasgow n’est effectivement pas Rome ouPrague, elle est cependant la vraie métropole d’Ecosse (à laquelle unearchitecture débridée confère presque un look américain). Après en avoir finiavec l’industrie lourde, Glasgow se refait une santé (et une beauté) en misant sursa formidable énergie créatrice. Architectes, designers et artistes réhabilitent,construisent et habillent quartiers et rues de cette cité autrefois prospère tandisque des musées passionnants continuent d’émerger. Peu à peu la ville setransforme et décroche en 1990 le titre de capitale européenne de la Culture. Neufans plus tard, elle est élue capitale britannique de l’architecture et du design. Pasde quoi s’ennuyer, donc. »

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« L’orthodoxie était que la politique d’aménagement du territoire au niveaurégional ou communal relevait d’une logique de redistribution et qu’elle avait peud’effet sur l’économie. Dans cette perspective, les politiques de régénérationurbaine étaient considérées comme relevant du traitement des symptômes desquartiers pauvres et comme une réponse palliative aux échecs du marché. » 14

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« Dans mon nouveau rôle en tant que président de la commission du logement,j’ai senti, dit-il, qu’une des priorités dans ce domaine était de remédier ausentiment d’isolement et de déracinement au sein des nombreuses cités deGlasgow. Dans des endroits comme Castelmilk, Pollock, Easterhouse ouDrumchapel, il était clair qu’un certain nombre de personnes se sentaientexclues. Ces logements ont été crées avec un extraordinaire manqued’imagination : les efforts semblaient porter davantage sur le respect des quotasgouvernementaux que sur la création de réelles communautés. » 15

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« La nouveauté réside dans le fait qu’il y a cette fois non plus un mais plusieursacteurs publics et que la politique de régénération n’est plus exclusivementcentrée sur la provision de logements mais vise à prendre en compte diversbesoins de la population. Le projet GEAR est unique, non seulement en raison deson envergure et de l’investissement qu’il a nécessité, mais aussi dans la mesureoù il préfigure la politique de régénération qui sera mise en place à Glasgow àpartir du début des années 1980 » 18

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« Glasgow a réussi un tournant prodigieux depuis les cinq dernières années.L’accrocheuse campagne de communication "Glasgow’s miles better" a aidé àenlever l’image crasseuse et violente : plus de gens sont en train de réaliser queGlasgow est peut-être une des villes les plus intéressantes des Ilesbritanniques. » (The Sunday Times, 1985)

« Ce qui est ressorti de [l’étude McKinsey] était que nous devions nousconcentrer sur l’exploitation de nos points forts, vous savez, avec les universités,notre environnement physique, les constructions victoriennes, notre offreexceptionnelle en terme de musées, dont la plupart avaient été construits aumoment où Glasgow était une grande ville industrielle, et nous avons senti qu’il yavait là l’opportunité de développer une industrie touristique. Nous avons doncsenti que le tourisme, la culture et l’environnement et le patrimoine étaient trois

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choses autour desquelles nous devions être capables de construire uneéconomie. ».

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« Notre première tentative réelle en tant qu’événement majeur a été le GardenFestival en 1988. (…) Nous avons en fait régénéré une zone d’anciens docks, et lastratégie qui a suivi à partir de ça était de postuler pour des événements majeurs,essayer d’obtenir un événement de grande envergure tous les deux ou trois ans.Donc l’idée était que si vous étiez un touriste à Glasgow, à chaque fois que vousveniez, il y a un événement majeur ou il y a un nouveau musée ou galerie àvisiter. »

« La mesure économique des projets culturels tend à apparaître là où lefinancement – privé mais principalement public – a exigé des informations àpropos des impacts économiques et en termes d’emploi et d’investissement. Desétudes sur l’importance plus générale des arts, commissionnées depuis le milieudes années 80 se sont focalisées sur la contribution de la culture à l’économienationale ou régionale et non sur les programmes de régénération et leurs effets.Ces études font le lien entre les arts et le tourisme en terme de dépense desvisiteurs, d’emploi dans les arts et les industries culturelles, et l’importanceassignée aux équipements culturels dans les décisions de délocalisation desemployeurs (ou la « culture » se place haut parmi les préférences du manager enterme de location). Des études cartographiées au niveau national ontultérieurement mesuré l’importance économique des industries créatives pourl’économie britannique par secteur principal. (…) Les études de l’impact àl’échelle régionale et locale ont de façon croissante identifié la contribution desarts et des industries culturelles à la régénération (…) elles utilisent l’analyse enterme de multiplicateur direct de l’emploi et de la dépense et les effets indirects etinduits dans la zone d’impact/de bénéfice. » 26

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« L’intérêt de la communauté des affaires s’est reflété dans la forte participationde Glasgow Action, un groupe de personnalités du monde des affaires et dumonde politique qui, avec l’appui d’intérêts privés et publics incluant lesautorités locales et la Scottish Development Agency (SDA), agit comme un foyerd’initiatives provenant du secteur privé dans la régénération de la ville. » 27

« En mars 1992, Rudolph Giuliani, maire de New York, annonce que la

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municipalité versera des bourses à des institutions culturelles. Il s’appuie, afin deconvaincre du bien-fondé de ces dépenses, sur une étude qui montre quel’impact économique total de la culture aurait atteint 55 milliards de francs pourl’agglomération new-yorkaise, en incluant les frais de transports, d’hôtel, derestaurant, liés aux sorties culturelles. Cette conclusion rejoignait celle d’unrapport du Port Authority qui, en 1983, évaluait l’importance des arts pour la villeet pour le New Jersey. Une brochure de l’Arts Council, datant de 1985, vantaitaussi les mérites de l’art qui offre des emplois, stimule le tourisme et incite lesmultinationales à s’installer en Grande-Bretagne. » 28

« Pour la première fois Glasgow dispose des données et chiffres qui démontrentl’étendue et l’importance des arts pour l’économie de la ville. (…). [L’étude]

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montre que bien que le secteur des arts repose sur des bases solides, son impactsur la communauté locale sera réalisé à condition de poursuivre avec pertinenceles investissements. Le choix du moment opportun pour l’année culturelle deGlasgow ne pouvait être meilleur. » (Glasgow 1990 Festival Office, 1990).

« Vous ne pouvez pas rester à rien faire ; vous ne pouvez pas vous reposer surles réalisations du passé, peu importe combien elles ont pu êtreimpressionnantes… Les jours de Glasgow en tant que grande ville industriellesont terminés. Aussi triste que cela puisse paraître, les conséquences sontclaires : en route pour devenir une grande ville post-industrielle… le futurpost-industriel de Glasgow découlera en grande partie de son héritage civique etde sa richesse culturelle… Avec Glasgow perçue comme une grande Ville deCulture, nous pouvons nous attendre à ce que les arts soient reliés à l’expansion– et avec cela viennent les emplois ». (Glasgow 1990 Festival Office, 1990).

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« Ils ont tous été conviés à une réunion très très tôt dans le processus, avantmême que l’offre pour 1990 ne soit lancée, et tout le monde a reçu uneprésentation de Bob Palmer qui a dit en gros "c’est une opportunité économiqueénorme pour Glasgow et tout le monde doit s’y engager et jouer son rôle dans lamise en place d’une offre puis signer pour fournir un programme quiaccompagnera l’offre (…)". Donc tout le monde a signé et tous ont accepté detravailler ensemble afin de mettre en place ce programme. Donc je pense querassembler l’offre a été assez facile » (Steve Inch)

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« Je pense qu’il y a toujours la vision selon laquelle nous avions un desprogrammes les plus ambitieux des Villes de la Culture ; je veux dire, c’était toutel’année, certaines d’entre elles avaient juste mis en place des événements durantl’été, mais nous, nous avons démarré avec votre Président, on avait JacquesChirac ici le tout premier jour, il est venu le 31 décembre de l’année d’avant où

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Paris était Capitale et nous avons enchaîné jusqu’à la fin de l’année suivante,donc ce fut vraiment une année entière d’événements. » (Steve Inch)

« La culture est individuelle, collective et diverse, et reflète les expériencesparticulières de chacun de nous, incluant les enfants, les jeunes, les plus vieux,les minorités ethniques, les handicapés et les autres groupes qui pourraient avoirdes besoins particuliers. De ce fait, les événements et activités culturelles serontvariés, recouvrant le plus d’aspects possibles de nos vies. » (Festivals Office,1988)

« La culture ne se réduit pas seulement aux arts. La culture de Glasgowembrasse toutes ces caractéristiques qui font de Glasgow ce qu’elle est. (…) Laculture de Glasgow est dans son humour, ses rues et chansons, son crépitementparticulier et ses équipes de foot. Elle est dans ses salles de danse et ses salonsde coiffure, aux arrêts de bus, dans ses bus et dans ses pubs. » 29 (RobertPALMER, 1990)

« Je pense que le programme que nous avons mis en place était le programmeque nous avions en tête lorsqu’on a commencé. Et je pense que la plupart duprogramme qui figurait dans l’offre a fini par être réalisée. Donc je pense quenous avons fait l’événement que nous avions dit que nous ferions. » (Steve Inch)

« A l’époque les agencements du gouvernement local étaient différents : il y avaitGlasgow District Council qui correspondait plus ou moins à la même zone que leCity Council aujourd’hui et il y avait Strathclyde Region. (…) L’événement devaits’étendre sur toute la région donc Strathclyde Region a indiqué que s’ils devaientêtre impliqués, le programme devait aller au-delà des frontières du DistrictCouncil et devait concerner la région tout entière. Et je pense, d’un point de vueextérieur, j’étais au District Council à l’époque, que nous étions assez satisfaits

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d’embrasser l’idée que ça allait devoir marcher à l’échelle ville-région plutôt quesimplement à l’échelle de la ville. » (Steve Inch)

« Plus que beaucoup d’autres villes britanniques, Glasgow a su utiliser les artspour communiquer sa régénération et souscrire au rôle de stratégiesévénementielles de développement économique à travers le tourisme. (…)L’année de la Culture a fourni un élan considérable au système culturel deGlasgow. La population locale s’est engagée dans l’événement et a répondupositivement au programme. Des questions sur la culture locale et l’identitérégionale ont été soulevées dans un contexte européen et les gens ont étéencouragés à apprendre davantage sur leur passé» qu’à celui de la communautéartistique : « La réponse significative de la communauté des affaires de Glasgowà 1990 représente une énorme opportunité pour les organisations artistiques dela ville. » 30

« Glasgow 1990 a amélioré substantiellement les perceptions externes de la villeà la fois localement et à l’étranger. D’importants développements ont eu lieu surles marchés des visiteurs pour les événements artistiques et les attractions àGlasgow. L’intérêt touristique accru pour Glasgow a été une réussite qui présage

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des opportunités significatives pour le futur. L’initiative a généré des bénéficeséconomiques et culturelles substantiels nets. Les emplois supplémentaires sontestimés à 5,350-5,580 personnes par an. Le secteur culturel a accueilliapproximativement 21 500 emplois dans la région de Glasgow en 1990 soit 2,8%de la population active économiquement. (…) En terme de développement, lesprincipales réalisation sont liées à la croissance du marché, à un accès accru auxarts et à une meilleure perception de ville. » 31

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« Le changement d’image, précise Beatriz Garcia, a été mesuré en évaluant laprogression des récits personnels, institutionnels et médiatiques produits àpropos de Glasgow en tant que ville à visiter, où travailler et vivre, dans lecontexte de la Capitale Européenne de 1990 ou à sa suite (…) La mesure aimpliqué l’identification d’indicateurs clés tels que les références et attitudesenvers la stratégie promotionnelle ou marketing de la ville et les discours en lienavec le développement de la ville ; les opinions rendues publiques ou laperception personnelle à propos de sa qualité de vie et sa « viabilité » ; laperception des niveaux et du caractère approprié de l’approvisionnement, desfacilités et des infrastructures culturels ; les opinions à propos de l’effet de 1990sur la confiance locale, le développement créatif et les résultats créatifs ; et laparticipation de la communauté dans les arts et autres développements culturels,l’implication civique et la citoyenneté culturelle. » 35

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« l’Union européenne et le Royaume-Uni adoptent une définition de plus en plusélargie des indicateurs culturels, tentant de mesurer les impacts sociaux des artssur les individus et les communautés (…) en adéquation avec les finalitésrécentes de leurs politiques culturelles, qui visent tant le développementéconomique que le développement des individus et des communautés. » 37

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« L’autre chose dont je me souviens très très clairement (…) est le sentiment quec’était chaotique. Le projet entier semblait improvisé et chaotique (…) Il y avaitsoudain cette idée que nous allions avoir ce magnifique festival de VilleEuropéenne de la Culture, mais personne ne comprenait ce dont il s’agissait ».

« Lorsque nous avons commencé pour la première fois à parler de ce festival, jepense, précise Roberta DOYLE, que la notion même de festival était ressentiecomme quelque chose d’extraterrestre, comme un "alien". Aujourd’hui ça paraîtridicule, tout le monde comprend ce dont il s’agit, mais n’oubliez pas que c’étaiten 1988, c’est il y a presque vingt ans, et les gens ne saisissaient pas le pouvoirde transformation des arts pour la ville, enfin certaines personnes si, mais pas àun niveau macro. ».

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« Toute l’histoire à propos du Tramway, c’était "promenons-nous dans la villeavec Peter Brook et prions les grands dieux pour trouver un endroit où réaliser sapièce de théâtre". Et c’est littéralement ce qui s’est passé, personne, personnen’aurait cru que ça allait devenir un lieu de spectacle, ça devait être démoli parceque c’est là que les trams et les chevaux étaient entreposés, etc. Et Neil Wallace,je suis sûre que vous savez déjà ça, c’est devenu une légende, il conduisait PeterBrook dans Glasgow et en lui disant "voici le Theatre Royal, ici le King Theatre,etc" et lorsqu’ils sont passés en voiture devant le Tramway en épave, (…) PeterBrook a dit "est-ce qu’on peut rentrer là-dedans et jeter un coup d’œil ?" etapparemment c’est comme ça que ça s’est passé, Peter Brook est entré et a dit"oui ! oui ! oui !" . Donc les choses sont arrivées d’une manière fantastique maisil n’y avait pas de stratégie attachée à ça, donc oui, je me souviens bien que cefut chaotique. » (Roberta Doyle)

« Le Département, en 1990, était dirigé par Bob Palmer et Neil Wallace (…) et jedois dire qu’ils ont réussi à mener 1990 en dépit du City Council parce qu’ils ontopéré une unité très visionnaire dans un département du Council qui était trèstrès traditionnel. (…) Et les deux hommes qui ont eu les postes n’étaient pas dutout des types traditionnels du genre des autorités locales donc je pense qu’il yavait des défis intéressants des deux côtés. (…) les deux hommes étaienttellement visionnaires et déterminés qu’ils se sont entendus et ont fait advenirl’événement, je pense, pour être honnête, en dépit du City Council. »

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« La personne, je pense, qui a été la plus influente dans tout ça (…) était ledirecteur du Tourist Board, c’était un homme appelé Eddie Friel, c’est un hommeincroyable, et de mon point de vue, Eddie Friel est l’homme qui a fait se réaliser1990, vraiment. Il était le moteur de l’événement parce qu’il avait une vision trèsaiguisée de ce qu’était le tourisme culturel. (…) A l’époque, personne n’avait neserait-ce qu’une idée de ce qu’est le tourisme culturel, personne ne comprenaitce que ça voulait dire mais [la] position [d’Eddie Friel] en tant que directeur duTourist Board était " nous devons réinventer cette ville" parce que la réputationde Glasgow était à l’époque celle de l’industrie lourde, de la privation, de lapauvreté, etc. Et il avait cette vision que nous pouvions réinventer la ville àtravers des œuvres culturelles indigènes et internationales et par conséquentrepositionner le profil de la ville comme moteur économique pour le tourismemais aussi comme un exercice de marketing. Pour moi, si Eddie Friel n’avait pasété là, 1990 ne serait pas arrivé, en dépit de toutes les organisations culturelles,je pense que c’est celui qui a fait que tout ça s’est produit. (…) Je pense qu’hiercomme aujourd’hui, les organisations artistiques, celles qui sont subventionnéesdu moins, sont souvent trop occupées à s’inquiéter de leur position financière, ilsne peuvent tout simplement pas prendre la mesure d’une collaboration aussigigantesque. Et je pense que si ça avait été laissé entre les mains d’individusd’organisations artistiques, ça ne se serait jamais passé. (…) Eddie Friel estl’homme qui a fait que 1990 s’est réalisé bien qu’il soit très modeste à ce sujet, ilne l’admettrait jamais, il dirait que c’était un effort d’équipe mais je ne pense pasque ce soit vrai. »

« Ce que j’aimerais pouvoir dire à propos de toute industrie est que si vous avezune stratégie, les personnalités ne comptent pas. Malheureusement ce n’est pasvrai. Une stratégie, pour quoi que ce soit, me semble t-il, doit être menée par despersonnes charismatiques ou des leaders que les gens acceptent de suivre. Vouspouvez avoir la meilleure stratégie du monde, si le leader de votre organisationne vous inspire pas pour mener à bien cette stratégie, ça échouera. » (RobertaDoyle) « Et la personne qui a joué un rôle clé là-dedans est un homme nomméEddie Friel et il était alors le directeur du Tourist Board mais bien sûr c’était unhomme très cultivé, il avait travaillé auparavant avec le Scottish Opera, etc. doncje veux dire, il a su voir la valeur de quelque chose que Glasgow pouvait faire. »(Michael Dale)

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« A cette époque, il y avait en plus du City Council le Strathclyde RegionalCouncil et leur leader était un homme nommé Charles Gray, c’était un hommetrès cultivé, c’était un ouvrier des chemins de fer mais il était très très cultivé et ila vu qu’il y avait là une superbe opportunité de promouvoir la culture à traversl’éducation et le travail social donc il a immédiatement discuté avec ses collègueset il a dit :"nous allons mettre £12 millions sur la table". Je me souviens quandc’était dans les journaux, je me souviens m’être dit "oh mon dieu !!! StrathclydeRegion vont mettre £12 millions dans la Ville de la Culture ?! Ce n’est même pasleur projet !". Ils s’invitaient en quelque sorte en sponsor. Donc je pense qu’à lamairie, quand ils ont vu ça (…), je ne pense pas qu’ils pensaient dépenser detelles sommes d’argent, ils devaient probablement envisager de dépenser entre£5 et £10 millions pour être honnête, plus les organisations faisant leur propreboulot notamment avec le Scottsih Arts Council,etc. (…) donc le geste deStrathclyde était un geste politique et ensuite, le City Council s’est dit : "bon, ok,on va mettre £15 millions et on va reconstruire le Concert Hall et on va faire ci eton va faire ça (il prend une voix hargneuse)… donc tout d’un coup c’est monté enflèche et le message qui parcourait la Grande-Bretagne et l’Europe c’était"Glasgow est prêt à investir à fond dans la culture". Pat Lally disait "allons-y !allons-y !" ».

« Je ne pense pas que c’était particulièrement bien planifié, ils ont commencé àpenser que ça allait être bien planifié mais je pense que c’est devenu comme uneavalanche, une sorte d’élan, ils se sont dit "peu importe combien ça coûte" parceque vous pouviez voir que ça allait être un succès, vous pouviez voir que les

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gens étaient intéressés par Glasgow, vous pouviez voir que les gens ont soudaincommencé à venir visiter, vous pouviez voir que le Garden Festival avait été ungrand succès en 1988.» (Michael Dale)

« Alors que 1990 approchait, quelques mois avant 1990, il était très clair que çaallait coûter beaucoup plus d’argent qu[e les organisateurs] n’avaient imaginé…en partie je pense, pour être honnête, du fait de la mauvaise gestion de certainsprojets… il y avait par exemple ce projet appelé "Glasgow’s Glasgow", c’était uneexposition aux Arches et il était dit que cela allait faire perdre £1 million puisensuite c’était £2 millions et à la fin, ça devait être plus de £4 millions… personnene comprenait comment on avait pu en arriver là. La presse a commencé àrécupérer ça comme un élément négatif et se demandait où cet argent avait bienpu aller. Mais voilà ce qu’a dit Pat Lally : "peu importe combien d’argent ça coûte,ça ne compte pas. Si ça compte £15 millions de plus ça n’a pas d’importance" etc’est ce qui s’est passé. Et je pense que les gens au City Council se sontdit :"personne ne saura jamais combien d’argent a été dépensé pour soutenir laVille de la Culture". (…) Dans ce projet, le City Council a fait un peu comme unefusée qui décolle pour l’espace, ça demande tellement d’effort pour décoller dusol et ensuite, une fois qu’elle vole, les gens sont excités de la voir voler… puis sila fusée a l’air de commencer à tomber du ciel, vous dîtes : "remettez ducarburant ! Remettez du carburant !" parce que l’on doit être vus comme sachantoù nous allons. » (Michael Dale)

« Il y avait le concert de Franck Sinatra, j’imagine qu’il réclamait un cachetabsolument énorme (…), ils ont fait ça au stade d’Ibrox, les tickets étaient bientrop chers, bien trop chers (…) et bien sûr ça ne s’est pas vendu, donc ils étaientlà "panique, panique, panique !!", ils ont ensuite commencé à brader les tickets etça a été un désastre absolu en terme d’organisation mais bien sûr, Sinatra étaitune énorme superstar donc évidemment le concert s’est très bien passé. (...) et sij’étais allé voir Pat Lally et Bob Palmer, ils auraient sûrement dit : "super idée !super idée ! Franck Sinatra à Ibrox, génial ! Combien d’argent veux-tu ?" "jevoudrais 3/4 de millions de dollars", ça aurait marché, et c’est ce qui s’estproduit. Ça s’est passé comme ça tout le temps. Je pense qu’après ils sontdevenus incontrôlables "waaouh ! dépensons ! dépensons !" » (Michael Dale)

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« Pour moi, vous aviez deux niveaux d’implication politique ici : vous aviez lesaffaires, le business au sens large, au niveau de la Grande-Bretagne avec ladomination des conservateur et l’antipathie envers les conservateurs et l’Ecossequi était sous l’emprise d’un certain niveau de nationalisme, je dois dire, et parconséquent le parti travailliste qui avait été dans une position inférieure pendantde nombreuses années et qui n’avait plus l’espoir de revenir au pouvoir àLondres… Ceci est l’image grossie ; la situation découlant de cela de manièreofficieuse fut que les conservateurs sont revenus à nouveau au pouvoir maisl’ultime résultat après l’élection suivante a été que l’Ecosse est finalementdevenue un « tory-free country », et nous n’avions plus aucun conservateur avecqui parler à part un député dans le sud du pays, le reste était dominé par leLabour, voilà pour le premier niveau de la politique. L’autre niveau était que laRégion avait été instituée et s’étendait sur une très grande partie de l’Ecosse dusud de Glasgow jusque là-haut dans les Highlands et c’était la plus grandeautorité locale en Europe, donc une entité très puissante ».

« C’est dans ce contexte, poursuit Ian McCulloch, que la Région a négocié avec lacommunauté européenne pour lever £3 millions afin de construire le Concert Hallà Glasgow pour 1990 ; Strathclyde Region était donc une entité politique trèsimportante et très puissante et elle avait effectivement une forte présence dans lapolitique européenne ; ils se considéraient donc comme très importants et ils ont

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ainsi conçu l’idée du Concert Hall et celle de récolter l’argent auprès de l’Europe,ce qu’ils ont fait en négociant ces 3 millions. »

« Et dans le même temps ils ont décidé qu’ils mettraient des peintures sur le sujetde Strathclyde et ce qui s’est passé à un tout petit niveau politique est que leGDC, également travailliste, s’est indigné de cette autorité de Strathclyde Régionà Glasgow. Donc dans cette situation, j’ai simplement fait une offre pour lacommande de peinture et c’est seulement une fois après que j’ai réalisé que lespeintures étaient une balle de foot entre deux parties rivales, les deux étantinternes au Labour ».

« Je pense que les tensions provenaient dans une large mesure d’une questionde personnalités entre le leadership de Strathclyde Région et celui de GDC, doncdans cette situation de rivalité, les peintures ont été prises en grippe, étaientdans le collimateur des gens du GDC, ces peintures sont devenues un point decontentieux entre ces deux entités rivales qui, paradoxalement portaientallégeance au même parti politique …. »

« Donc ce qui s’est passé, c’est que Strathclyde Région qui ont été énervés parl’annonce de Glasgow selon laquelle ils allaient retirer les peintures, a porté cetteaffaire devant le tribunal d’Edimbourg en utilisant un mécanisme légal qui permetde stopper quelque chose en train de se faire pendant qu’on enquête sur ce quise passe. (…) Donc Strathclyde Region a fait ça et ça a dû coûter une sommed’argent très importante pour le faire, mais ils l’ont fait. (…) Les peintures ont étéretirées pendant cette période, suivant l’ordre temporaire de la Cour mais ensuite,ce qui s’est passé, c’est que les élections générales étaient annoncées et que leleader de l’opposition à Londres - Je ne peux pas dire que c’est ce qui s’estpassé, tout ce que je peux dire est que je pense que ça a dû être le scénario - adonné l’ordre depuis Londres : « il ne peut y avoir de bataille au tribunal, unebataille visible médiatiquement entre deux Conseils travaillistes au milieu desélections générales ». Donc le résultat, c’est que Glasgow et Strathclyde ontinterrompu la procédure et les peintures ont été retirées. (...) Personne n’estjamais venu vers moi pour me dire pourquoi les peintures avaient été retirées, ilsont juste dit qu’elles devaient être enlevées. Et ensuite ils ont refusé de donnerdes interviews ».

« Voici l’image, ajoute-t-il, qui a causé beaucoup de problèmes à Glasgow, parceque vous avez cette figure représentant les droits de l’Homme (…) mais ce quiétait très troublant dans cette figure était que sa main ici nous entraînaitinévitablement vers le futur. Donc nous avions ce scénario dans lequel il nousfallait aller de l’avant, nous ne pouvions pas reculer et pourtant, nous sommesplein de doute (…). C’est cet élément de doute qui, je pense, a causé beaucoup deproblèmes parce que les gens voulaient attirer des investisseurs, ils voulaientpromouvoir Glasgow et l’idée même d’avoir quelqu’un qui exprime le doute

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semblait être de mauvaise augure. (…) Ce qui s’est passé en 1990 peut être vu enquelque sorte comme un pacte entre la communauté des affaires, les capitalistessi vous préférez, et les socialistes, ils ont couché ensemble et ce qui en a résultéétait une détermination à attirer des investissements, promouvoir les affaires, etc.Maintenant, vous pouvez répondre que c’était quelque chose d’admirable parceque les problèmes sociaux à Glasgow étaient considérables, particulièrementdans les banlieues, qui n’ont pas bénéficié de l’année de la culture, donc vouspouvez répondre qu’à un certain niveau la motivation d’attirer les entreprises etles industries et toute sorte de choses à Glasgow aiderait à résoudre cesproblèmes en injectant du capital dans la ville et serait quelque chose debénéfique mais la façon dont ça a été mené laissait vraiment à désirer ... ».

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« L’agenda a changé en ce qui concerne les arts. On ne pourrait jamais revoirquelque chose comme 1990 à nouveau parce que la politique du Council sur lesarts a changé et leur vision de soi-disant "arts d’en haut" et "arts d’en bas", quiest quelque chose avec quoi je suis complètement en désaccord, a complètementchangé. Ils ne feraient jamais le chois d’un Peter Brook ou quoi que ce soit desimilaire. Ce n’est tout simplement pas en haut de leur agenda maintenant etc’est dommage. (…) Maintenant, leurs priorités tournent toutes autour del’agenda de l’égalité, tout tourne autour de la question de l’accès à la culture, del’éducation, etc. ce qui est bien sûr critiquable. Ce qui était merveilleux en 1990c’est qu’il nous est apparu que ça dépassait ça. En 1990, ils [le City Council] ont

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simplement réussi à avoir un travail incroyable dans la ville et ont payé pourpermettre à cet incroyable travail de parler pour lui-même. Ca n’arriverait plusjamais aujourd’hui. »

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« Maintenant, prévient-il, il y a le risque que l’incorporation des arts dans descoalitions de croissance urbaine va réduire la liberté qui lui est nécessaire poureffectuer son rôle critique essentiel. Le statut hégémonique de la croyance selonlaquelle « ce qui est bon pour les affaires est bon pour la ville » pourraitsérieusement affaiblir la capacité des arts de pointer des notions alternatives dece qui est « bon à la fois pur l’individu et pour la communauté. » 62

« La croyance selon laquelle le salut économique de Grand Glasgow pourraitpasser par l’exploitation des industries de "services" et particulièrement par lapromotion des "arts" a été épousée avec un zèle touchant. Mais le prix à payerest élevé : l’imposition de valeurs importées, pensées par les importateurscomme plus avant-gardistes et plus à la mode que les valeurs locales,dénigrement du talent local et, pire encore, la mise sous silence des voix locales

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dissidentes (…) Par sa décision de soutenir un Disneyland historique dans lesarches sous la gare Central Station au coût de £3.4 millions au frais du musée deculture populaire de Glasgow, le People’s Palace, le groupe travailliste de la villea enfin révélé sa stratégie pour l’année de la Culture. » 63

« Les seules personnes qui sont exclues de 1990 sont ceux qui ont choisidélibérément de s’en exclure eux-mêmes. Parmi ceux-ci se trouvent les auteurs etcritiques armés qui refusent de salir leurs mains en participant à 1990 ; descentaines de milliers de Glaswegians ordinaires ont supplié pour être distinguésde ces dilettantes et leur nombre a explosé la fréquentation de nos galeries etthéâtres au-delà de toute attente. »

« La différence entre Glasgow et les autres villes gouvernées par les Socialistesau Royaume-Uni est que Glasgow accepte le fait qu’elle doive fonctionner sousun gouvernement Conservateur et elle est suffisamment pragmatique pour lefaire. Les leaders politiques de Glasgow vivent dans le monde réel. » (Campaignfor Scotland report, 1988)

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« La ville serait plus pauvre si elle n’avait pas eu 1990. C’est une bonne façon devoir les choses : où serions-nous si nous n’avions pas eu 1990 ? Nous aurions euplein de communautés européennes et de communautés artistiques quin’auraient jamais entendu parler de Glasgow, et c’est une bonne chose que nousayons entendu parler de Glasgow. Nous ne serions pas tenus en exemple d’uneville qui a su se régénérer à travers la culture si nous n’avions pas eu 1990, mêmesi nous n’avons pas été capables d’entretenir et de faire durer celaparticulièrement, mais néanmoins, Glasgow est certainement utilisée comme unexemple… mais si c’est un faux exemple !! (…) et être capable de montrer à lacommunauté artistique qu’il est possible de travailler ensemble et de créerquelque chose de formidable, c’est une leçon fantastique qu’a eu la ville. Et tuespères en quelque sorte que les gens se souviennent de ça et pensent "oui,c’est sûr, on doit être capables de refaire quelque chose comme ça de nouveau".(…) Et je pense qu’en tant qu’exercice marketing ce fut un gros succès. Au milieude tout ça, est-ce que la communauté artistique a laissé une véritable marque desuccès ? Probablement pas. Donc je pense qu’il y a une tension entre ce que lemonde pense de 1990 et la réalité à l’intérieur de ce petit cercle qui est "les gars,nous avons besoin de travailler plus dur pour tenter de faire durer cela". »

« Je pense que ce groupe de personnes exprimait des désirs que tout le mondeavait déjà. Les gens qui géraient des organisations artistiques et des artistes àGlasgow (…) avaient des ambitions énormes artistiquement et en terme de publicet ils attendaient désespérément que quelqu’un vienne les voir et dise "je vaisvous aider à réaliser votre ambition, que ce soit avec un chèque, avec un théâtre,ou avec une lieu délabré à l’intérieur duquel vous pouvez créer votre pièce ouquoi que ce soit". Donc je crois qu’au départ, les choses ont été facilitées par lesambitions des gens – dont certaines n’avaient pas pu être réalisées avant et ontpu l’être avec tout l’argent mis sur la table – plus, je pense, ce qui a été expriméétait une confiance collective en une ville qui avait auparavant perdu de son nerf.Et cette confiance collective consistait à dire "nous sommes très bons en teldomaine et nous devons juste dire aux autres que nous somme bonslà-dedans" ».

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« La genèse du festival était un genèse économique, pas une genèse culturelle.(…) Certes, les objectifs sont devenus culturels, parce que Bob Palmer et NeilWallace étaient des dirigeants culturels immensément visionnaires, ils n’étaientpas des hommes d’affaires. Bien que les deux choses ne s’excluent pasnaturellement - il faut être un bon homme d’affaire pour être un bon managerculturel – mais le moteur du festival était en premier lieu, à mes yeux, en partieéconomique et ça avait à voir en partie avec le repositionnement de la ville àtravers les arts plutôt que "l’art est fantastique, voyons si nous pouvonstransplanter ça dans la ville de Glasgow", c’est plutôt l’inverse. C’était "nousavons un problème, les gars, cette ville est en déclin, nous perdons la population,nous perdons notre industrie, nous avons un niveau de pauvreté énorme,privation, manque d’hygiène, etc., maintenant, une des choses que Glasgow atoujours eu est une base artistique solide" (…) Je pense que 1990 était unecombinaison de toutes ces choses : la personnalité d’Eddie Friel, la personnalitédu maire de l’époque, Pat Lally, qui est un mégalomane, mais dans le bon sensdu terme, il voulait des monuments construits pour lui et pour sa ville, et ungroupe de leaders artistiques. C’était comme si les planètes s’étaient retrouvéessoudain dans le bon alignement, ça ne pourrait jamais arriver de nouveau parceque ce type de personnalités sont dispersées maintenant. Donc il y avaitcertainement une stratégie, bien que cette stratégie ait été créée très très vited’après ce que j’ai compris, à l’arrache ! ("on the back of a fag packet", soitlittéralement "sur le derrière d’un paquet de clopes" ou "sur un coin de table") Jepense que quand l’opportunité s’est présentée pour Glasgow de devenir Ville dela Culture ils se sont soudain dit "oh mon dieu ! oh mon dieu ! allons-y !" et leurcandidature était envoyée seulement quelques semaines plus tard ! Donc il n’yavait pas d’opportunité pour un plan de régénération sur dix ans. (…) En raisonde la nature particulière du caractère d’Eddie Friel c’était plus qu’uneinstrumentalisation de la culture, parce que c’est quelqu’un de très intelligent, desérieux et il est très très dévoué aux arts. Donc tandis qu’il était le directeur dutrès grand Tourist Board, il était aussi un amoureux d’art donc il a diffusé lavision selon laquelle nous pouvions utiliser la culture pour repositionner la ville,nous pouvions dépenser de l’argent pour un retour sur investissement et nouspouvons signaler quelque chose au reste du monde à propos de notre ville, deplus nous pouvions utiliser les artistes qui sont basés ici, leur donner du travailpour commencer, les payer pour faire ce qu’ils n’auraient autrement pas pu faire,ils ont certainement commissionné des travaux à des compagnies en Ecosse etpar conséquent améliorer l’infrastructure artistique de la ville tout en tentantd’atteindre cet objectif plus large. »

« Je pense, pour être honnête, qu’il y avait des tensions et des différends maisvous voyez, la beauté dans le fait d’avoir quelque chose comme un festival estque l’on peut supporter ces tensions le temps de l’événement. Je pense qu’aufinal tout le monde savait que ça allait être une bonne chose pour Glasgow et parconséquent si vous aviez un problème avec quelqu’un, et bien vous vous taisiez,parce qu’après ça… Donc je pense qu’en tant que ville, tout le monde a plutôt

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bien travaillé ensemble et les gens se sont rencontrés, ont été généreux etsolidaires, etc. Je pense que tout était bien, il y avait une sorte de réel sens de lavie, un élan, tout le monde disait "bravo !", "bien !" et ensuite on a eu le GardenFestival à l’été 1988 et tout s’est très bien passé, donc pendant trois ans tout estallé très bien. »

« Oui, d’une manière générale, oui. Parce que la beauté de [cet événement] estque vous pouviez couvrir votre propre niche et personne n’allait vous dire ce qu’ilfallait faire. (…) Il se trouve que l’université avait une sorte de département demusique, une chapelle, le musée Hunterian, etc. et ils se sont dit : "parfait ! Voiciune opportunité pour nous de placer le Hunterian sur la carte !". Ils ne vont ainsidans la direction de personne d’autre, c’est aussi une opportunité pour eux decontribuer au fait que Charles Rennie Mackintosh qui était assez connu, mêmeplutôt bien connu devienne bien plus célèbre encore. »

« Comme on l'a déjà vu avec Glasgow en 1990, le titre peut faire redémarrer uneville en déclin. Gardons l'espoir que le titre peut en faire de même pour Liverpool,et que l'année 2008 sera à la hauteur des espérances. Les prochaines cinqannées nous le diront. » 64

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