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P. Paul-Marie MBA « Que celui qui a soif de voir son Dieu, enlève la poussière de son miroir et purifie son esprit » Richard de Saint-Victor LA VOIE DU DEPOUILLEMENT DANS LE CHRIST PAR L’ESPRIT-SAINT selon SAINT JEAN DE LA CROIX

La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

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Page 1: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

P. Paul-Marie MBA

« Que celui qui a soif de voir son Dieu,

enlève la poussière de son miroir et purifie

son esprit »

Richard de Saint-Victor

Essai de présentation de la doctrine mystique pour les frères et sœurs de S. Jean de la Croix

de S. Dominique

Blagnac, novembre 1998

LA VOIE DU DEPOUILLEMENT DANS LE CHRIST PAR L’ESPRIT-

SAINT

selon

SAINT JEAN DE LA CROIX 

Page 2: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

PLAN DU TRAVAIL

INTRODUCTION p. 3

PRELIMINAIRES p. 3

§.1. Ce qu’est la vie mystique p. 3

§.2. Les Ecrits de S. Jean de la Croix p. 4

§.3. L’anthropologie « sanjuaniste » p. 5

§.4. Tableau récapitulatif de la doctrine de S. Jean de la Croix p.

I. LA NUIT DES SENS : DE QUOI S’AGIT-IL ? p. 5

1.1. Définition et justification (1MC 2,1) p. 5

1.2. Nuit ou Nuits p. 6

1.3. Comment entrer dans la Nuit ? p. 6

II. LA NUIT DES SENS OU PURIFICATION DES SENS p. 6

2.1. Ce qu’est la Nuit active des sens

(Purification active des sens) p. 6

2.2.Mortification partielle p. 7

2.3.Mortification totale du sensible p. 7

III. L’ORAISON DE CONTEMPLATION ACTIVE p. 8

2

Page 3: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

3.1. Aperçu des différentes formes de prières p. 8

3.2. Ce qu’est l’oraison de contemplation active p. 8

3.3. Comment accueillir cet état p. 9

IV. LA NUIT ACTIVE DE L’ESPRIT OU PURIFICATION

ACTIVE DE L’ESPRIT p. 9

4.1. Pourquoi se priver du travail des facultés p. 9

4.2. Ce qu’est la Nuit active de l’esprit p. 10

4.3. Comment on la réalise p. 10

V. LA NUIT PASSIVE DES SENS ( 1 NO 1 et 1 NO 14) p. 11

5.1. Les signes qui permettent de la subodorer p. 11

5.2. Comment vivre cette étape p. 11

VI. LA CONTEMPLATION PASSIVE ( 2 MC 13 ; 2 MC 15) p. 12

6.1. Les signes annonciateurs de cet état p. 12

6.2. Pour correspondre à l’œuvre de la grâce p. 12

6.3. La période de transition p. 13

VII. LA NUIT PASSIVE DE L’ESPRIT p. 14

7.1. Un trop plein de Lumière p. 14

7.2. Comment la vivre p. 14

VIII. L’UNION INITIALE : LE TEMPS DES BAISERS p. 15

3

Page 4: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

8.1. Qu’il me baise des baisers de sa bouche p. 15

8.2. Un double martyre p. 15

IX. LES FIANCAILLES SPIRITUELLES p. 15

9.1. Le choix définitif p. 16

9.2. L’heure des cadeaux pour la mission p. 16

X. LE MARIAGE SPIRITUEL ET L’UNION

TRANSFORMANTE p. 16

10.1. Ce qu’est le Mariage Mystique p. 16

10.2. Quelques fruits de cette expérience p. 17

10.3. L’Union Transformante p. 17

CONCLUSION p. 18

BIBLIOGRAPHIE p. 19

ANNEXES

INTRODUCTION

4

Page 5: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

Les lignes qui vont suivre ne sauront être une présentation exhaustive de l’œuvre

mystique de S. Jean de la Croix. Leur unique souci est de vouloir donner quelques portes

d’entrée pour une lecture intelligente des oeuvres du « Docteur des Nuits ». Vous êtes donc

en présence d’une simple introduction.

Certes, la popularité de Jean de la Croix enjambe les frontières de notre foi, mais on se

contente trop souvent, même dans les milieux religieux, de connaissances très

approximatives dont on use par ailleurs à tort et à travers. Jean de la Croix passe parfois pour

un monstre d’ascèse, aux allures de moines bouddhistes, comme si la sainteté et la voie qu’il

nous dessine étaient le résultat des efforts d’un homme étranger aux joies de la vie humaine et

insensibles à toute souffrance, au pire masochiste.

Jean de la Croix est un familier des ascensions divines. C’est à ce titre qu’il se propose

de poser les balises sur l’étroit chemin qui conduit à l’union à Dieu. Poussé par le Saint-Esprit

et animé de compassion pour les âmes, il décrit avec finesse les méandres du coeur humain,

donne les moyens qui permettent de le disposer à la grâce (phase ascétique dite Nuit active).

Puis, il montre comment se manifeste la réponse de Dieu à cette invitation de l’homme1(Nuit

passive ou phase passive). Déploiement de la vie théologale et détachement sont les deux

thèmes par lesquelles il déploie son enseignement lequel n’a d’autre objectif que de donner

aux contemplatifs des moyens concrets et clairs en vue la réalisation leur vocation. Cette

œuvre est sous-tendue par une anthropologie dont la compréhension est loin d’être un détail

inutile à l’étude du Maître des Nuits. Cette clé de lecture fera donc l’objet d’un rapide

échange. C’est après cela seulement que nous survolerons cette œuvre inégalée2. Nous nous

appuierons sur un tableau emprunté à d’autres et retravaillé par nous. Quelques textes

illustreront notre propos.

Préliminaires :

§.1.Ce qu’est la vie mystique3 

1 Le chemin est le même pour tous mais on le vit de façon unique (VF 3, 39) 2 Ce travail est de beaucoup redevable à  un autre : Collectif, Avec Saint Jean de la Croix, doctrine de vie spirituelle, Imprimerie Saint-Augustin, Fribourg, 1978, pp. 1043 « Myste » est celui qu’on initie au « musterion » i.e. aux cultes secrets par lesquels on accédait au salut. Au III è s. le mot s’est étendu aux sacrements parce qu’ils rendent présent le Christ et parce qu’ils réalisent cette union mystérieuse entre les croyants et Dieu.

5

Page 6: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

L’union à Dieu est initiée avec le Baptême (Ga 3,27 ; Rm 6). Elle est « la participation

de l’homme à la vie Trinitaire en Jésus-Christ ». Elle se déploie et devient plénière avec le

plein exercice des vertus théologales. Aussi la sainteté - autrement appelée vie mystique -

n’est rien d’autre que la vie chrétienne ou théologale portée à son plus haut point. C’est la

communion des hommes aux « sancta » qui en fait des « sancti ».

C’est tardivement, que le « mystique » (l’individu) viendra à désigner un homme élevé

par Dieu à un haut degré d’union avec lui. Quant à son qualificatif, il désigne un fait se

rapportant à cette expérience surnaturelle. Si dans la tradition, ses significations apparaissent

fort tard (XVIe s.), c’est parce que dans un premier temps, l’Eglise a davantage été consciente

que la vie Chrétienne est fondamentalement une vie d’union Dieu par la participation des

croyants au Christ, mort et ressuscité grâce à la Liturgie et aux sacrements4. Est mystique

tout homme qui vit des mystères du Christ par les sacrements. Le mystique est un chrétien

normal, un chrétien accompli parce qu’il a réalisé l’appel de son baptême.

Il importe d’entendre cette parole. Elle peut éviter des quiproquos et nous éviter de

croire que nous sommes dispensés de désirer et de travailler à l’accueil de ce don. Le

mystique chrétien n’est pas un homme à l’esprit élevé, un surhomme mais un chrétien

ordinaire vivant de la grâce de son baptême. Bref, la vie mystique est inhérente à la

consécration de notre baptême ou, si on préfère, le baptême nous consacre et nous engage à la

vie mystique.

§.2. Les Ecrits de S. Jean de la Croix

Ils sont de plusieurs types, en majorité issus de son expérience intérieure. Ses oeuvres

telles qu’Une Nuit obscure, le Cantique spirituel, La Source  sont composés à la clarté d’un

obscur cachot ! S’étant enfui, il les partage à ses filles et à ses fils qui lui en demandent des

commentaires. Ainsi naîtront des oeuvres plus didactiques : Cantique spirituel, Montée du

Mont Carmel et Vive Flamme d’Amour qu’il destine à Ana de Penalosa tandis qu’il rédige

pour Anne de Jésus (fondatrice des Carmels en France et en Belgique) le commentaire du

Cantique spirituel.

4 Jean-Pierre JOSSUA, Seul avec Dieu, L’aventure mystique, Découvertes Gallimard, 1996, pp. 13 - 16

6

Page 7: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

La persécution lui donnera l’occasion de revoir et d’affiner ses textes et d’en écrire

d’autres5. L’ordre chronologique de rédaction des oeuvres didactiques entre 1579 et 1586

semble être le suivant :

Cantique spirituel A abrégé ainsi : CS A6.

Le poème chante l’indicible et « Admirabile commercium » entre Dieu et l’âme.

La Montée du Carmel ou MC

C’est un commentaire des 3 premières strophes des 8 que compte « Par une Nuit

profonde » !

La Nuit obscure ou NO

C’est aussi un commentaire de « Par Une Nuit profonde »

La Vive Flamme A ou VF A

Le poème lui-même semble avoir été composé dans un moment de grande ferveur et

comporte 4 strophes. Le saint ne put le commenter en totalité tant il avait du mal à

dire les mystères de l’union. Il préféra s’arrêter...

le Cantique spirituel B ou CS B

Vive Flamme B ou VF B

Toutefois, pour savoir à qui Jean de la Croix adresse ses écrits, on lira les Prologues

de Montée du Carmel, Cantique spirituel et de Vives Flammes. Les débutants auront intérêt à

fréquenter les petits traités qui offrent une rencontre directe avec le saint 7 , dépouillé des

artifices théologiques.

§. 3. L’anthropologie « sanjuaniste »

5 On classe ses Ecrits en 4 : Les poèmes (il n’en commentera que 3) (1); Les Ecrits spirituels : brefs et grands traités(2). Les brefs traités (3) qui sont divisés en 4 ensembles (graphiques, Courts traités spirituels, avis et Sentences...) et les Lettres (4). Les autres écrits sont des textes administratifs.6 Exemple de lecture pour les renvois : 1 MC 6, 13 - 15. Signifiera Montée du Carmel, livre 1, chapitre 6, paragraphes 13 à 15. Quant à CSA 5, 6 ce sera : Cantique Spirituel A, strophe 5, paragraphe 6 7 Nous ne saurons trop conseiller « Quatre avis à un religieux pour atteindre la perfection ». 4 mots : résignation, mortification, exercice des vertus, et la solitude du corps et de l’âme synthétisent l’ascèse « sanjuaniste ».

7

Page 8: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

L’homme est un être unifié constitué de trois principes : le corps, l’âme et l’esprit dont

le centre est en Dieu (CS 12, 3 ; VF B 1, 9- 11 et 4, 3)). L’âme est sensible et spirituelle à la

fois. L’homme est mû par sa sensibilité (5 sens externes et 2 sens internes). Il est dépendant

de ses facultés naturelles (CS B 20, 6), car les puissances de l’âme et les sens fonctionnent en

synergie parce qu’elles sont articulées entre elles (2 MC 8, 5). L’esprit ne fonctionne qu’à

partir des sens. Aussi, la sensibilité est la voie de l’homme vers Dieu (1 MC 3, 2 et

CS B 18, 4), le chemin de son intériorisation. C’est pourquoi la vie spirituelle est une

intériorisation progressive qui nécessite la connaissance de soi. Savoir le fonctionnement de

l’esprit s’avère utile.

L’entendement désigne la capacité de compréhension et de réflexion. La mémoire

embrasse tout le champ possible du souvenir et de sa projection dans l’immédiat et dans

l’avenir. Quant à la volonté, elle est la reine des facultés et elle se présente comme l’énergie

du désir. L’homme doit apprendre à être maître de son émotivité qui dépend de ses passions

aveugles. Il doit aussi « dépouiller » ses facultés spirituelles en les soumettant aux vertus

théologales. Il ne s’agit pas d’une négation de la nature mais d’un travail de purification et de

guérison pour que de celles-ci soient capables de Dieu (2 MC 6, 1), car « Gratia non tollat

naturam sed perficiat »

Ce « travail » sur soi par soi, et de la grâce sur soi, entraîne des mutations profondes

dans la personne (CS B 18). L’anthropologie « sanjuaniste » est une anthropologie évolutive.

Sa doctrine spirituelle respecte la nature (1NO 4, 3). Elle l’épouse délicatement. C’est une

thérapie pour la nature humaine blessée (1 MC 1, 1).

§.4.Tableau récapitulatif de la doctrine de S. Jean de la croix

Une bonne lecture de ce tableau offrira à tout lecteur une magnifique porte d’entrée

dans les oeuvres de saint Jean de la Croix. Les chiffres qui s’y trouve indiquent un ordre

logique de lecture.

1 Oraison

(c’est le lieu où l’on puise la force d’entreprendre la

montée du Carmel)

1 Purification

( refus de tout goût sensible et de toute complaisance en

soi ) :

1 MC 1 - 2

3 Méditation 2 des sens Nuit

8

Page 9: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

(considérations, affections, résolutions et silence

amoureux. Travailler au recueillement) // « l’eau tirée du

puits »

2 MC 12

(imitation du Christ, purification des sens et des passions et

amour de soi qui conduit à la liberté intérieure)

1 MC 13 - 15 ( normes importantes pour la purification.

des Sens)

1 NO 1 - 7

(foi,

goût,

Dieu)

a

c

t

i

Commen-

çants

ou

voie

4 Contemplation active

(// L’eau est tirée par une « Noria »: oraison de

recueillement ou simplicité)

2 MC 13 - 15

5 de l’esprit

(enraciner les vertus théologales dans les facultés de l’esprit. 2

MC 16-32 conduite vs phén. extraordinaires)

2 MC 1 - 6

2 MC 7 - 11 : intelligence

3 MC 1 - 15 : mémoire

3 MC 16 - 45 : volonté

v

e

H>D

Pu

rifi-

ca

trice

7 Contemplation passive

(Impossibilité de méditer. Pensée de Dieu devient

souffrance. Souffler délicatement sur la braise. //

l’arrosage se fait par des canalisations. Oraison de

quiétude. La passivité)

2 MC 13 6 15

6 des sens

(l’ascèse plus spirituelle, les vices cachés ; perte de tt appui car

aridité, angoisse, pauvreté... : fuite ou Abandon, adoration ou

désespoir)

1 NO 8 - 14

Nuit

(foi,

goût

et

Dieu)

P

a

Pro-

gres-

sants

8 transition :

(danger d’illusion car extases, ravissements, visions,

prophéties : démon se revêt de lumière. Crainte de D., défiance

v.s. extraord.)

2 NO 1- 2

s

s

i

ou phase

Illu-

9 de l’esprit

(Lire d’abord 2 NO 19-20 car vision panoramique. perte de la

conscience de l’amour de Dieu conduisant à l’expérience du

purgatoire, des enfers. Destructions des racines du péché.

Destruction du moi pour une naissance du soi transparent et

libre)

2 NO 3 - 8 : les épreuves

2 NO 14 - 20 : le chemin

2 NO 9 - 13 : les fruits

2 NO 21 - 25

v

e

D<H

mina

ti

ve

10 Union

« la rosée »  

initiale 

(époque des baisers et des souffrances du délaissements, les

souffrances disparaissent progressivement, les vertus se

déploient...)

Par

faits

9

Page 10: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

CS

1 - 12

ou phase

11

Fiançailles

« l’averse »

CS

spirituelles

(Union des volontés. La purification s’achève ici. Dieu confie

une mission pour le monde : apôtre. 3 MC 2, 6)

13 - 21

uni

ti

ve

12 Mariage

CS

spirituel (confirmation en grâce)

22 - 40

13 Union

VF

Prol.

transformante

(en entier)

3 - 4

I. LA NUIT : DE QUOI S’AGIT-IL ?

1.1. Définition et justification  ( 1 MC 2, 1):

Pour saint Jean de la Croix, la Nuit est le chemin de l’âme dans son ascension, mieux

dans son assomption vers Dieu. Trois raisons justifient sa proposition :

1° Le point de départ : la privation de tout goût des choses créées

2° Le moyen de cette union : la foi laquelle est obscure pour l’esprit humain

3° Le but : Dieu qui est pure Esprit et qui est au delà de toute réalité.

L’âme humaine ne va à la rencontre de Dieu que guidée par la foi  ! A cause de la

faiblesse de la nature humaine, on ne communie à Dieu que par la Foi : dans la Nuit et au

moyen de la Nuit. C’est plongée dans la Nuit, gardée et guidée par elle que l’âme réalise son

but ! Il accorde donc une primauté totale à la foi, à l’espérance et à la charité dans la vie

spirituelle. A côté de ces trois, tout est accessoire. Les vertus théologales divinisent l’homme

en le connectant directement sur Dieu et élevant notre vie et nos actions à la perfection du

Christ.

1.2. Nuit ou Nuits ?

10

Page 11: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

Faudrait-il parler d’une nuit ou des nuits ? Jean de la Croix répond lui-même. Il s’agit

d’une seule Nuit calquée sur le découpage d’une nuit naturelle en 3 parties : la tombée du jour

ou crépuscule ( Nuit active), la Nuit obscure de minuit (Nuit passive) et l’aurore : Union à

Dieu.

L’action de l’homme et de Dieu sont différentes en chacune de ses étapes. La nuit

active est caractérisée par la prédominance de l’activité humaine sur celle de Dieu alors que

dans la Nuit Passive Dieu assure son empire dans l’âme dont l’activité est progressivement à

un abandon8 confiant et à un lâcher-prise de toutes ses capacités au profit de l’agir divin.

1.3. Comment entrer dans la Nuit ?

Quelques résolutions fermes suffisent au point de départ :

1° acquérir une volonté détachée de tout péché, fut-il « mignon ».

2° ferme détermination d’aller jusqu’au bout, « coûte que coûte, vaille que vaille... »

mais aussi deux pieds pour monter le Mont de la sainteté :

1° L’Oraison constante (d’abord !) : lieu de l’acquisition des forces nécessaires pour la

marche

2° La purification active : apprentissage du détachement et de la liberté intérieure

Ces deux réalités fonctionnent en synergie. Elles s’influencent mutuellement et

croissent parallèlement si bien qu’à chaque degré de purification correspond un type

d’oraison. L’atrophie de l’un de ces pieds aura une incidence négative dans l’ascension

mystique, du moins tant que l’âme n’est pas encore parvenue au but. Le maintien ferme de

ces résolutions disposent à l’entrée dans la Nuit des Sens.

II. LA NUIT DES SENS OU PURIFICATION DES SENS (1 MC 1, 4)

C’est la première partie de la Nuit qui correspond à la tombée du jour.

8 L’abandon et la passivité sont le sommet de la vie spirituelle. Ils sont signes de la docilité à l’Esprit.

11

Page 12: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

2.1. Ce qu’est la Nuit active des Sens (Purification active des Sens)  :

Elle consiste dans l’acquisition du « refus de tout goût sensible et de toute

complaisance en soi ». Elle est un détachement par rapport au goût des réalités créées qui

nous font préférer la créature au Créateur. Ce qui nuit à l’âme n’est pas tant les choses (en

elle-même) que le désir et le goût que nous en avons. Il s’agit de se détacher des choses de ce

monde et d’en user sans qu’elles nous possèdent selon l’invitation de l’apôtre Paul à user des

choses comme n’en usant pas, à être dans l’abondance et dans la gêne d’un cœur semblable

plein d’action de grâce. Quelques attitudes sont à cultiver avec pédagogie pour entrer dans cet

état d’esprit.

2.2. Mortification partielle :

D’une manière générale, on sera attentif à une progression logique laquelle consistera

à élever progressivement des réalités matérielles aux réalités spirituelles. Au lieu d’un sevrage

brusque plongeant dans un vide total, on substituera la faim et le goût des réalités matérielles

à ceux des réalités spirituelles par la prière, la pénitence, les lectures spirituelles, la vie

sacramentelle ( 3 MC 29, 1 et VF 3, 32). Quand l’âme a découvert et pris goût aux joies

spirituelles, elle est prête à la purification des sens par  « une mortification totale du goût

sensible 9».

2.3. Mortification totale du sensible :

Elle se réalise par :

1° L’Imitation constante et persévérante du Christ (1 MC 13, 3) : désir habituel

d’imiter le Christ en tout. Ce désir sera nourri par la méditation de sa vie et par la pratique

constante de sa présence, par la pratique des bouées, des oraisons jaculatoires, des plongées...

Le Christ doit devenir la référence de toute action, intérieure et extérieure.

9 C’est ici que commence la Nuit des sens

12

Page 13: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

2° Purification des Sens ( 1 MC 13, 4) : il s’agit de renoncer totalement par amour

pour le Christ à tout plaisir sensible qui n’est pas à la gloire de Dieu. Deux possibilités

s’offriront à l’âme : le refus de tout ce qui n’est pas nécessaire pour le Royaume dans l’ordre

de l’audition, de la vue, de la possession (1). Quand on ne peut éviter ces choses pour des

raisons diverses (devoirs d’état), on n’évitera d’en savourer le goût et de s’en délecter (2).

3° Purification des passions (1 MC 13) : il convient d’abord de ne pas satisfaire aux

requêtes des passions. Mais la purification des passions, à proprement parler, consiste à

orienter progressivement la volonté vers ce qui fait horreur à la nature tel S. François

embrassant le lépreux. Le refus des requêtes des passions ne suffit pas, il faut investir leur

dynamisme positivement ailleurs (sublimation dira la psychologie moderne).

4° Purification de l’amour-propre (1 MC 13) : l’amour propre est une subtile

complaisance de soi-même, un secret orgueil qui rend impossible l’Union à Dieu car il est

fondamentalement indépendance à Dieu.

Trois moyens pratiques permettront d’en venir lentement à bout : Tâcher d’être

méprisé et désirer être méprisé des autres (1), toujours parler en «désavantage » de soi et

désirer que les autres le fassent de nous (2), chercher une basse estime de soi et que les

autres... (3).

La pratique généreuse de ces 4 points conduira rapidement à la Nuit des sens

( 1 MC 13, 7 - 8). La Purification des Sens est réalisée quand l’âme est devenue indifférente

à tous les goûts (1 MC 15). Ses sources de joie ne la satisfont plus et la laissent vide. L’âme

est enfin libre pour voler. Cette étape est accessible à tous.

III. L’ORAISON DE CONTEMPLATION ACTIVE ( 2 MC 14, 2 - 3)

Comme entrevu, cette purification des sens a une répercussion sur la prière.

13

Page 14: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

3.1. Aperçu des différentes formes de prière :

Il existe trois grandes façons de prier relevant soit de l’avancement spirituel,

soit de la situation en groupe. Ces trois formes sont les suivantes :

1° la prière vocale : Le Seigneur a donné cette forme de prière aux siens (Pater).

Cette forme de prière convient mieux à la prière commune. Par ailleurs, il semble que

jusqu’au III è s. la prière vocale ait été la seule manière chrétienne de prier ensemble.

2° la méditation mentale ou oraison mentale : La méditation consiste en l’application

de toutes les facultés -- sens intérieurs et facultés spirituelles -- à la recherche de Dieu. Elle

est le lieu de la connaissance et de l’amour de Dieu (2 MC 14, 2). Trois grands moments font

une méditation : les considérations, les affections (dialogue : questions et réponses), les

résolutions.

Progressivement ce colloque va souffrir une impossibilité, puis être remplacé par une

autre forme de prière.

3° la contemplation : elle comporte des degrés, chacun révélant un état d’union à

Dieu. C’est aussi le plus haut degré de la prière.

3.2. Ce qu’est l’oraison de contemplation active

La pratique de la purification des sens alliée à l’oraison enflamme l’esprit d’amour et

conduit à un premier état de contemplation appelé l’oraison de contemplation active. Cet état

s’inaugure par une difficulté imprévue et agaçante : l’âme n’arrive plus à appliquer son esprit

à un thème particulier tout en ayant très discrètement un autre goût de Dieu ! L’âme vient de

passer d’une attention particulière à Dieu à une attention générale, silencieuse et amoureuse

pour Dieu. A peine commence-t-elle la prière qu’aussitôt elle rentre dans cette présence

mystérieuse et savoureuse, douce et paisible. Elle n’a plus besoin de se fatiguer pour se

nourrir, elle n’a plus qu’à tendre la main et à boire ce que lui offre le Père des âmes. Mais elle

14

Page 15: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

se doit de l’entretenir en l’arrosant par des élans et des « soupirs » affectueux que des larmes

peuvent parfois accompagner.

C’est encore une oraison à mi-chemin entre la méditation mentale ou discursive et la

contemplation passive. Tout le monde peut accéder à cet état.

3.3. Comment accueillir cet état ?

Si beaucoup de personnes arrivent à cet état d’oraison, très peu savent comment s’y

maintenir ! Ne comprenant plus ce qui leur arrive, ces personnes essayent à tout prix de

continuer la méditation mentale alors que le Seigneur commence lui-même à mettre leurs

facultés au repos. Il nourrit l’âme « comme par perfusion » en lui donnant une nourriture

spirituelle presque sans effort. L’eau est désormais à sa portée.

Ici, l’âme n’emploiera que très peu de temps à la lecture et à la réflexion sur des

sujets particuliers ou même y renoncera totalement ou momentanément. Elle apprendra à se

taire et à rester amoureusement en présence de son Seigneur. Surtout, elle restera ferme dans

le détachement des réalités humaines.

IV. LA NUIT ACTIVE DE L’ESPRIT OU PURIFICATION ACTIVE DE L’ESPRIT

L’analyse de cet état de prière montre que le Seigneur pousse l’âme vers un autre

détachement, celui de ses capacités spirituelles ! L’âme est prête à une purification active de

l’esprit, plus précisément de l’intelligence, de la volonté et de la mémoire.

4.1. Pourquoi se priver du travail des facultés ?

La réponse se ramène à quelques raisons forts simples (2 MC 8, 3 - 5) !

1° Par docilité au Saint-Esprit :

15

Page 16: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

L ’agir de Dieu dans l’oraison de contemplation active nous montre que c’est Dieu lui-même

qui nous y pousse. Mais pourquoi ce détachement s’impose-t-il alors que ces facultés sont un

don du Seigneur ?

2° La nature et le fonctionnement de l’esprit à partir des sens (2 MC 8, 3 et 5) :

Il est facile de comprendre l’exigence du détachement aux sens. L’expérience nous convainc

qu’ils sont grossiers, limités et aveugles depuis la blessure du péché originel. Leurs

perceptions ne se limitent d’ailleurs qu’aux réalités matérielles. Les sens n’ont pas accès aux

réalités spirituelles et invisibles.

3° La transcendance absolue de Dieu ( 2 MC 8, 3) :

Pour ce qui est des facultés de l’esprit humain, elles n’ont été que partiellement touchées par

la blessure originelle. Ce qui oblige à cette purification c’est la nature même de l’esprit

humain et celle de Dieu. Tout d’abord, l’esprit humain fonctionne à partir du sensible. Il

n’acquiert lamentablement quelques connaissances qu’au prix de grands efforts. Les sens lui

fournissent des renseignement limités et en partie erronés. Etant lui-même limité, l’esprit

humain n’est pas capable de connaître directement Dieu (2 MC 8, 5), tel qu’il est. Il n’a accès

qu’à l’existence de Dieu et à ses perfections ou attributs (bonté, beauté), mais pas à son

essence. Il n’a accès à Lui qu’à travers ses empreintes dans la création comme on aurait accès

à une personne dont on ne verrait que les traces sur du sable. L’homme ne peut de ses propres

capacités s’unir à Dieu.

4° Les sens intérieurs et extérieurs sont « le port et le marché du diable » (2 MC 16 ) :

Les soumettre à la foi revient à se soustraire, en très grande partie, à l’influence du Tentateur.

« Toutes les grandes tromperies du diable, et les plus grands maux qu’il fait à l’âme, entrent

par les notices et les discours de la mémoire »10 (3 MC 4). Avis aux amateurs de télévision

laquelle excite les deux pulsions fondamentales de l’homme (Thanatos et Eros) en injectant

toutes sortes de convoitises dans la mémoire11. 

10 art. « Le démon dans l’œuvre de Saint jean de la Croix », in : Collectif, SATAN, DDB et Cie, Bar-le-Duc, 1948, p. 4911 Les trois grands remèdes contre le tentateur que nous donne saint Jean de la Croix sont : l’esprit de foi, l’humilité et l’obéissance (VF 2, 5 et Opuscules)

16

Page 17: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

4.2. Ce qu’est la Nuit active de l’esprit ou Purification active de l’esprit

(2 MC 6, 6) :

Elle consiste à contraindre l’esprit à ne vivre et à ne s’appuyer que sur les trois vertus

théologales. Ces trois vertus, à cause de leur origine et de leur finalité, sont le seul moyen que

nous offre la Providence divine pour nous unir à Dieu. Il s’avère donc indispensable de

réduire les trois facultés de l’esprit à chercher Dieu par le truchement des vertus théologales.

Cette opération établit une autre nuit en l’âme, la Nuit active de l’esprit.

4.3. Comment on la réalise

1° La Nuit de l’intelligence ( 2 MC 29 et CS 3) :

On la réalise en mettant de côté tout savoir humain, toute la science naturelle pour ne

plus s’appuyer que sur la foi en Dieu, en ce que sa parole nous révèle. C’est un détachement

complet ou une purification de l’esprit que réalise cet abandon. La foi peut se déployer parce

qu’elle n’est plus investie en soi . Pour cela l’âme devra tout interpréter à la lumière de la foi

(CS 14), surtout le « difficultueux » les tentations, les épreuves, les souffrances... La prière

réalise aussi cette nuit à sa manière, en ce qu’elle oblige à des actes de foi de plus en plus

grands. C’est donc la foi qui réalise cette Nuit.

2° La Nuit de la mémoire (3 MC 2 -3) :

C’est l’espérance qui étend cette nuit à la mémoire. Pour cela un vide total sauf

nécessité d’état, est de rigueur. L’âme ne doit conserver le souvenir de rien de ce qu’elle a

goûté, sentie... (3 MC 2). Nous pouvons déduire que la télévision est un poison pour la vie

d’union. Ce vide de la mémoire doit être entretenu pour l’oraison. On fera taire la mémoire

pendant l’oraison (3 MC 3).

3° La Nuit de la Volonté :

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Page 18: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

Elle se réalise par l’exercice de la charité en aimant Dieu en nous du même amour

dont il nous aime en l’aimant pour ce qu’il est. L’aimer sans consolation et faire sa volonté

quel qu’en soit le prix. L’âme sera particulièrement à l’amour des créatures qui essayera

d’anémier cet amour et d’en voler l’exclusivité à Dieu. Mais elle veillera aussi à ne pas

réfréner sa générosité et sa joie à se donner.

V. LA NUIT PASSIVE DES SENS (1 NO 1 et 1 NO 14)

Dieu ne peut être vaincu par tant de générosité. Il ne tardera pas à le prouver. Il le

manifeste en faisant entrer l’âme dans la Nuit Passive des Sens. Dans cet état, il purifiera lui-

même l’âme de ce qui la tient loin de Lui. Il le fait en la sevrant de toute consolation

naturelle et surnaturelle.

5.1. Les signes qui permettent de la subodorer :

1° l’aridité de la prière malgré une volonté et un zèle évident

2° le spectacle de ses péchés : l’âme se découvre misérable, pécheresse

3° La découverte de son incapacité : ce qu’elle faisait autrefois lui devient impossible,

ses talents semblent s’être évanouies !

Dieu opère ce retournement intérieur par le moyen d’événements : des pertes, des

maladies, des chocs affectifs. C’est un temps de crise12. La personne prend douloureusement

conscience que Dieu seul compte. Elle affrontent ses premières angoisses spirituelles. C’est

un passage difficile où beaucoup retournent à leur ancienne vie... Les tentations y sont très

nombreuses : celles de la chair, les scrupules, les culpabilités et même le blasphème ce qui

en augmente la souffrance. Les doutes font jour. C’est l’âge du premier grand

appauvrissement de l’esprit. Dieu met la main à la pâte en portant un grand coup aux péchés

et aux vices de l’âme. Cependant, les racines des péchés ne seront extirpées que dans la

Terrible Nuit de l’esprit.

12 La crise est un temps de passage douloureux. Elle est faite pour approfondir ses motivations profondes et surtout pour les ajuster par des choix fidèles au passé mais en leur donnant des appuis nouveaux.

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Page 19: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

La preuve qui authentifie la Nuit passive des sens, c’est le désir et la recherche

angoissée, son anxiété et son assiduité, et son ardeur malgré tout à aimer Dieu et à servir ses

frères.

5.2. Comment vivre cette étape ?

Il faut se garder de tout retour en arrière quelques soient les raisons et les évidences.

Le diable est le Prince du mensonge, il a l’art de faire passer les ténèbres en lumière. Il est de

règle de ne jamais prendre de décision dans la Nuit. Il faut se garder de retourner à l’amour

des créatures, se maintenir fervent dans la prière en redoublant de « tendresse quand le ciel

semble se fermer ». Il faut rester fidèle au devoir d’état et à la volonté de Dieu. En résumé, il

faut accueillir et bénir la main divine qui s’appesantit sur nous et espérer contre toute

espérance.

Progressivement en s’abandonnant, l’âme est introduite dans la contemplation passive

(1 NO 9). La pratique des « actes anagogiques » est particulièrement conseillée en ces états.

VI. LA CONTEMPLATION PASSIVE ( 2 MC 13 ; 2 MC 15 ; 1 NO 10)

Elle est un pas plus en avant que la contemplation active. C’est la Nuit passive des

sens qui conduit à cet état d’oraison. La contemplation active n’est pas précédée et

accompagnée d’une aridité mais d’une difficulté à appliquer son esprit sur une sujet

particulier de méditation. Au contraire, la contemplation passive naît d’une véritable

impossibilité à la méditation. Elle naît et croît dans l’aridité la plus profonde, au cœur même

d’une Nuit passive, d’un état où l’on est privé de toute consolation sensible. Elle est une

œuvre exclusivement divine. On prie sans effort !

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Page 20: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

6.1. Les signes annonciateurs de cet état

La contemplation passive est reconnaissable par l’existence simultanée de trois

« difficultés » :

1° L’âme ne peut absolument plus méditer : impossibilité d’enchaîner le discours et le

raisonnement dans sa prière. Cependant, il ne faudra pas abandonner la méditation tant qu’on

sera capable d’en tirer quelques fruits.

2° L’âme n’a plus aucun désir de penser ou de prendre goût à d’autres choses créées.

Toutefois, l’imagination arrive encore à vagabonder, mais indépendamment de sa volonté.

3° L’âme a le goût de demeurer avec Dieu : dans un long silence et une attention simple et

amoureuse à Dieu, sans considération et sans passage par la pensée d’une chose à l’autre.

C’est le signe le plus certain.

6.2. Pour correspondre à l’œuvre de la grâce

L’attitude en ces « régions » est la passivité et l’abandon à travers le silence et

l’amour. On se contentera de souffler brièvement sur la braise pour que jaillisse la flamme.

Souffler fortement reviendrait à souffler sur une flamme (2 MC 15 et 1 NO 10). Le résultat

se devine... On tiendra aussi l’intelligence en bride car il ne faut « pas interposer d’autres

lumières de connaissances et de raisonnements ». L’âme ne doit pas s’épuiser à essayer de

sentir ou de voir autre chose que ce que la Providence a préparé pour elle. En étant fidèle au

Saint-Esprit, cette âme parviendra à un temps de repos et de consolation assez long, la

préparant à d’autres aventures plus périlleuses. On comprend la réponse de la Petite Thérèse :

« Je ne lui dis rien, je l’aime ».

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Page 21: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

6.3. La Période de Transition ( 2 NO 1 ; 2 NO 2 )

a. Comment elle se manifeste :

C’est une période de bénédiction sensible. Elle dure assez longtemps, parfois des

années. Dieu se « goûte » physiquement13 ! Parce que la purification de l’âme n’est pas

achevée, cette lumière est susceptible de se mêler à quelques ténèbres. A cette étape,

beaucoup ont des visions, des prophéties, des extases, des ravissements (2 NO 2). Ces

manifestation sont dues aux fatigues de l’esprit et à d’autres faiblesses de la chair encore mal

ajustée à Dieu (ce sont des accidents).

La tentation de se croire saint connaît son apogée ici. Le démon profitant des

faiblesses de la personne se pare de lumière. Ces fausses lumières conduiront à l’arrogance, à

un étalage en actes extérieurs   : orgueil spirituel. Les personnes prises dans les filets du démon

seront reconnaissable à une assurance excessive, hardis envers Dieu jusqu'à perdre la crainte

filiale. C’est la présomption, péché grave.

Les imperfections à ce niveau sont : les distractions multiples dans la prière et une

tendance à l’épanchement vers le dehors.

Mais si l’âme se garde de tout mal, elle va commencer à expérimenter des angoisses

très profondes qui ne dureront parfois que quelques heures. Celles-ci pointeront discrètement

l’apparition de la Nuit de l’esprit ( 2 NO 1). Mais elles ne seront d’abord que très brèves.

b. Comment on doit s’y tenir ( 2 MC 22) :

Il faut se garder de faire attention aux grâces qu’on reçoit. Ne rechercher que la

charité et se souvenir que tout est balayures à côté du don de Dieu. On ne manquera pas de se

rappeler que le seul guide infaillible vers l’Union reste la NUIT ! Ce que l’on n’a jamais fini

de comprendre. C’est pourquoi on accordera le Primat à la FOI. Celle-ci nous ramène à la

volonté dont nous savons maintenant l’importance. On pourra aussi refuser ces consolations

sensibles, même si elles peuvent être authentiques. En tout cas, il faut cerner l’effet qu’elles

13 A proprement parler il n’y a pas encore union. Dieu n’a fait que de déblayer le terrain...

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Page 22: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

produisent en nous, pas seulement dans l’immédiat, mais aussi à long terme ( 3 MC 13). Ce

qui vient du Malin finit toujours par engendrer de l’orgueil, l’estime de soi, le sentiment de

supériorité : toutes sortes de choses qui manquent à l’humilité et tuent la charité par le froid

et le mensonge. Le discernement des esprits s’impose. Tout don de Dieu doit nous conduire à

la crainte filiale et à l’humilité. Il est donc important dans ces temps de consolation de

cultiver la crainte et l’humilité.

Le rôle du directeur spirituel sera de rappeler cette primauté de la foi et de la volonté

par le détachement des biens spirituels mais aussi comme étant ce que Dieu considère en nous

et qui échappe à l’empire du démon.

Cette attitude préparera et fera entrer l’âme dans la Nuit de l’esprit mieux aguerrie.

VII. LA NUIT PASSIVE DE L’ESPRIT : « LA REFONTE DU VASE PAR LE

POTIER » (1 NO 5 ; 8)

Dans la Nuit passive des sens l’âme est plongée dans l’aridité dans sa partie

sensible mais garde son esprit en paix. C’est qu’elle a la certitude d’être aimée de Dieu. La

Nuit de l’Esprit va déraciner ce sentiment qui était encore une dernière consolation sensible !

Elle jette l’âme dans une épouvante dont tous les mystiques disent qu’elle est indescriptible.

Le chemin parcouru visait à cette étape. Elle est le lieu de la transformation définitive et

véritable de l’âme. Qu’est-ce qui s’y vit ? Comment la reconnaît-on ? Il est difficile d’en

parler en peu de mots. Retenons ces quelques indications :

7.1. « Un trop plein de Lumière » :

En fait, le Seigneur expose l’âme à une lumière si vive qu’elle en mourrait s’il ne la

ménageait. Il infuse en l’âme une contemplation de sa sainteté qui par contraste permet à

l’âme de saisir sa laideur et son péché. Elle voit son indignité absolue ; la vue de la

multitudes de ses péchés la fait croire à sa damnation (2 NO 6). Bref c’est un choc salutaire

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Page 23: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

mais qui jette d’abord dans la désespérance car l’âme souffre la peine du purgatoire. Elle se

sent infiniment loin de Dieu et se trouve abandonné des hommes, surtout de ceux qui ont été

jusqu’ici ses alliés( 2 NO 6). Cette contemplation échappe à l’âme (2 NO 5) et porte le nom

de « Contemplation obscure » ou « Sagesse amoureuse de Dieu ». Selon les spirituels, elle est

la même que celle des bienheureux dans le Ciel. La tristesse de l’âme est profonde, son

aridité extrême. Elle ne peut même plus prier. Elle perd le goût de tout. De plus, elle connaît

des moments d’absences avec des pertes de mémoire, des distractions (2 NO 8). Cependant,

Dieu permet des moments de répit pour que l’âme souffle ( 2 NO 18). La Nuit de l’esprit dure

parfois des années14 ! Elle cessera quand elle aura consumé les racines du mal en l’homme et

finit d’embraser ce qui était froid en elle. Si pendant tout ce temps, l’âme connaît encore

quelques chutes que le Seigneur permet, déjà l’enfer grince des dents. L’âme est devenue

imprenable. Elle vole déjà trop haut pour le démon et elle va entraîner à sa suite un grand

nombre.

La Nuit de l’esprit cesse lentement comme s’en va la nuit naturelle laissant un visage

nouveau, plein de lumière et grâce. Alors l’âme commence à recevoir les caresses du

Bien-Aimé dont chaque « toucher » l’enrichit de toutes sortes de grâces et de vertus ( 2 NO

23 ; 24). Elle court vers les fiançailles mystiques.

7.2. Comment la vivre

L’âme devra pratiquer l’abandon et croire parce qu’elle veut croire, selon

l’expression de la petite Thérèse. Prenant son mal en patience, elle vivra dans l’obéissance à

son directeur spirituel dans une ouverture du cœur qui sera de plus en plus difficile. La

pratique des actes de foi, d’espérance et de charité envers tout est de rigueur. L’âme a

aussi besoin de courage.

Le père spirituel sera l’icône de la miséricorde, l’accoucheur qui aidera le bébé à

naître. Il l’entourera de tendresse et de miséricorde, de compassion et de prière. Mais il arrive

que l’incompréhension du Père spirituel fasse partie de l’épreuve de la Nuit !

VIII. L’UNION INITIALE : « LE TEMPS DES BAISERS » ( 2 NO 23)

14 C’est la Bonté de Dieu qui en décide mais en fonction de la collaboration de l’âme et de son projet glorieux sur elle.

23

Page 24: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

Notons que c’est ici que se dégage ce que l’on appelle « l’odeur de sainteté ».

8.1. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche » (Ct 1, 2 ; 2 NO 23) :

C’est l’état de celui qui sort encore des langes. L’âme ne vit plus que pour le Bien-

Aimé : sa Faim, son Désir, sa Soif... Elle expérimente de façon constante la présence de Dieu.

Sa recherche est joyeuse car c’est le temps des « baisers 15», l’hivers est passé et sa vigne est

en fleurs (CS 1 - 12). Ces « baisers » la blessent d’un amour encore plus grand qui la rend

folle d’amour. Elle meurt de ne pas mourir parce qu’elle a le désir d’être réunie pour toujours

et de façon parfaite à son Ami. Elle le cherche en pleurant mais d’une douloureuse joie ( CS

1). Cette quête l’aspire en elle-même ( CS 1, 6).

8.2. Un double martyre :

Ces baisers annoncent les Fiançailles spirituelles lesquelles préparent au Mariage

mystique. Si l’âme est toujours fidèle, persévérant dans l’exclusivité de son amour à Dieu,

elle reçoit des « touches de connaissances divines » qui consistent en une « vision » très

brève de la présence de Dieu en elle ( CS 7, 4). Dieu semble jouer à cache-cache ! Ces

« touches » consolent et plongent dans la désolation. Il se montre et disparaît comme pour se

faire plus désirer. Et, c’est ce qui arrive. L’âme souffre alors un double martyre : celui des

feux divins (1) qui la dévorent et celui de l’absence du Désiré (2) de son cœur. Ce temps est

un temps de grandes souffrances et de grandes joies à la fois. Nous sommes au seuil des

Fiançailles.

Mais elle souffre aussi un troisième martyre pour la cause de Dieu car le mal l’atteint

en plein cœur.

IX. LES FIANCAILLES SPIRITUELLES OU L’UNION DES VOLONTES

(CS 13, 9)

15 Les « touches » correspondent aussi aux « caresse », aux « baiser » et aux « rayon » chez les mystiques. Elles provoques des blessures d’amour, des extases, des ravissements, des vols d’âme ou Rapt. Leurs conséquences est une dilatation du cœur et un amour plus grand.

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Page 25: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

Très peu d’âmes y parviennent parce qu’elles restent « bloquées » dans la Nuit de

l’esprit en retardant leur purification par leur plainte et leur manque de docilité à l’Esprit

Saint ! La plupart d’ailleurs se sont « garées » dans la contemplation passive. Quant à celles

qui ont passées la Nuit de l’esprit, elles sont restées dans l’Union initiale parce qu’elles n’ont

pas su garder leur liberté intérieure au milieu des nombreuses consolations que leur avait

accordée la Bonté divine.

9.1. Le choix définitif

C’est un état aussi appelé Union des volontés puisque qu’il réalise entre Dieu et

l’homme une parfaite union des volontés qui fait que l’homme n’a plus d’autres désirs que

celui de Dieu. Sa seule Nourriture est la Volonté de Dieu. Ainsi les fiançailles annoncent-

elles le choix définitif de Dieu sur l’âme et de l’âme pour Dieu. Les deux volontés sont à

jamais unies.

9.2. L’heure des cadeaux pour la mission :

Comme il convient, c’est l’heure des cadeaux. Les dernières anxiétés et plaintes

disparaissent. Dieu revêt sa Bien-Aimée de vertus et de Charismes pour la mission qu’il lui

confie au service de l’Eglise universelle et de l’histoire. Enfin, l’âme goûte à la paix et aux

délices du monde à venir. Elle s’embrase de zèle pour les âmes et voudrait souffrir mille

peines pour leur salut. Le souvenir de ses péchés a été balayé par l’Amour. Elle ne craint plus

pour ses péchés car elle sait que Dieu est Miséricorde infinie.

Le Seigneur peut encore permettre des désagréments ( CS 14 ; 15 ; 30) mais l’âme est

déjà en sécurité. Il convient qu’elle étende son oraison à tout et s’attache de façon parfaite à

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Page 26: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

la volonté divine, qu’elle qu’en soit le sacrifice. En réalité, déjà elle vit de Lc 18, 1 :  « Priez

sans cesse ».

X. LE MARIAGE MYSTIQUE ET L’UNION TRANSFORMANTE

(CS 22, 3 et VF Prol. 3 ; VF 1, 25)

De toutes les personnes qui arrivent aux Fiançailles, peu arrivent au Mariage Spirituel

( CS 26, 4) ! Pour le définir, il faudrait parcourir tout Vive Flamme d’Amour.

10. 1. Ce qu’est le Mariage Mystique16

Le Mariage spirituel est un dépassement de l’union des volontés. C’est une union

totale qui absorbe et unit tout en Dieu : les sens et l’esprit. D’après saint Jean de la Croix, on

arrive à cette étape que si on est confirmé en grâce, c’est-à-dire quand elle reçoit la grâce de

ne plus être capable de pécher.

Dans cette Union le Saint-Esprit, le divin artisan de cette union, devient le Maître de

l’âme, « le seul maître à bord ». L’âme est comblée de toutes sortes de grâces, Dieu l’infusant

de toutes sortes de bénédictions spirituelles (CS 23, 6). L’âme expérimente Dieu qui devient

plus réel pour elle que la réalité (CS 26,4). C’est l’union la plus parfaite sur cette terre.

10.2. Quelques fruits de cette expérience

Ils sont bien entendu forts nombreux. Nous n’en relevons que quelques uns.

16 Vive Flamme d’Amour décrit le Mariage Mystique

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Page 27: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

L’âme sent et jouit de Dieu en permanence. Elle est totalement embrasée ( VF 4, 15

et CS 22, 6)

Elle repose en Lui comme une épouse entre les bras de son époux (CS 22, 6)

Elle a une connaissance surnaturelle, intime et profonde de Dieu ( CS 23,1)

Elle vit de la vie trinitaire dans un bonheur indicible. Elle a une œuvre

d’intelligence merveilleuse (CS 39, 4 et 39, 6)

Ses sens sont totalement spiritualisés, d’où toute sa chair goûte Dieu. L’esprit règne

à nouveau en souverain sur le corps (CS 40, 5). Cela ne signifie pas que la

souffrance n’existe plus.

Elle connaît des embrasements pour le ciel et ne vit plus que pour lui (CS 40, 7)

10.3. L’Union Transformante ( VF 1, 25)

Contrairement à tous les autres auteurs spirituels S. Jean de la Croix a distingué un

autre état d’union à Dieu situé au delà du Mariage Mystique ! Qu’est il au juste ? Après

quelques balbutiements le Maître des Nuits a dû s’arrêter, incapable d’en rendre compte.

Substantiellement, il le présente comme « un stade de développement extrême,

suprême du mariage spirituel ». Dans cet état, l’âme est enflammée et incandescente jusqu'à

jeter des flammes et des étincelles. La caractéristique de l’union transformante est une activité

d’amour extrême du Saint-Esprit qui assimile de plus en plus l’âme à la Très Sainte Trinité

( VF 4, 16). C’est pourquoi, écrit-il, ses actes sont plus précieux à toute l’Eglise que tout ce

qu’on peut faire et imaginer (VF 1, 3). L’âme est totalement divinisée, aussi possible que cela

l’est sur la terre.

C’est l’extrême limite à laquelle une âme puisse arriver. Après, c’est la vie éternelle

où la grâce s’épanouit en Gloire.

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Page 28: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

CONCLUSION

La doctrine spirituelle que saint Jean de la Croix trace n’est rien d’autre que

l’Evangile, expliquée, distillée systématiquement pour les aveugles que nous sommes à la

lumière de son expérience intérieure. Il serait intéressant d’essayer de retrouver dans les

textes sacrés chacun des conseils qu’il nous livre. Son enseignement n’a qu’un but : nous

aider à devenir ce que le Baptême a fait de nous en germe sur la terre. Qui a, un tant soit peu,

lu S. Jean de la Croix sait que, contrairement à son siècle et à tant d’autres mystiques, s’il est

un passable philosophe, il est incontestablement un parfait exégète mais à la manière des

spirituels et des Pères. Il est aussi l’un des plus grands poètes espagnols de tous les temps. Il a

su dire les vérités éternelles avec une romance délicieusement belle que malheureusement le

Français ne sait pas rendre.

Plutôt que d’oublier Jean de la Croix au profit de Thérèse de l’Enfant-Jésus, il est sans

doute plus profitable d’aller à la sainte de Lisieux avec une mémoire « sanjuaniste ». Sans

cela, la petite Thérèse court le risque, il nous semble, d’être digérée de travers. Elle n’a pas

inventé une autre spiritualité carmélitaine. Sa petite voie nous enseigne comment déployer sur

la Montée du Carmel la vertu théologale de Foi sans laquelle l’ascèse est inutile et la sainteté

impossible. Dans l’imagerie de la sainte de Lisieux, la phase active correspond « au pas » que

lève l’enfant pour essayer de gravir « l’escalier de la sainteté » tandis que l’ascenseur

représente la phase passive où Dieu élève à Lui son petit enfant.

Jean de la Croix nous dit que la foi nous conduit à un troc : nos riens pour le Tout,

c’est-à-dire à la béatitude : « Bienheureux les dépouillés dans l’esprit » ( Mt 5). C’est

l’admirable échange que chante la Liturgie. Il montre comment la Montée vers l’union à Dieu

appelle un dépouillement radical de l’être pour une nécessaire liberté intérieure, condition

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d’adhésion à Dieu dans la foi. Et la petite Thérèse nous rappelle la primauté de la Foi dans

une vie tentée par le pélagianisme ou teintée de jansénisme. La petite Thérèse, elle, nous dit

que nous n’avons pas à nous effrayer car « Le Royaume appartient à ceux qui ressemblent

aux enfants ». Ainsi affirme-t-elle que La Montée du Carmel est pour tous   ! Elle est surtout

pour les enfants, c’est-à-dire pour ceux qui croient à l’amour fou de Dieu, qui s’abandonnent

à cet amour plus fort que la mort dans la certitude que Dieu saura lui-même comment les

élever à Lui. Ce sont deux accents différents du même mystère. Dans un cas comme dans

l’autre, ce n’est que l’Evangile dans toute sa radicalité. Les deux saints nous ramènent à notre

vocation chrétienne qui est d’être des « copies vivantes » du Christ, mort et ressuscité. La foi

nous dépouille toujours de nous mêmes pour nous donner à nous mêmes tel que Dieu nous

désire dans le Christ. Cela n’est possible qu’en consentant à prendre sa croix. Ni Jean de la

Croix, ni Thérèse ne nous en dispensent. Jean de la Croix et Thérèse se rejoignent. On ne peut

être saint à moitié. Aucune sainteté n’est possible sans le passage par la Pâques du Seigneur,

sans purification : sans larmes. Telle est la voie évangélique qui proclame : « Bienheureux

ceux qui pleurent car ils seront consolés. »

Peut-être, le génie de la petite Thérèse serait-il de donner à « La Montée du Carmel »

des apparences plus accessibles, et donc finalement de nous faire croire à la sainteté pour

nous et pour tous. Mais on ne pourrait reprocher à Jean de la Croix d’être de son siècle. Que

serait Thérèse Martin sans Jean de la Croix ?

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Page 30: La Doctrine Spirituelle de Jean de La Croix

BIBLIOGRAPHIE

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