La Face Cachée Des Villes

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  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

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    METTRE AU JOUR ET VAINCRE

    LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

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    Catalogage la source : Bibliothque de lOMS

    La face cache des villes : mettre au jour et vaincre les ingalits en sant en milieu urbain.

    1.Sant urbaine - orientations. 2.Urbanisme. 3.Urbanisation. 4.Style vie. I.Organisation mondialede la Sant. II.Organisation des Nations Unies pour les tablissements humains.

    ISBN 978 92 4 254803 7 (Classification NLM : WA 380)ISBN 978 92 1-132277-4 (UN-HABITAT)

    Organisation mondiale de la Sant, Centre OMS pour le dveloppement sanitaire de Kobe, et

    Programme des Nations unies pour les tablissements humains (ONU-Habitat), 2010. Tous droitsrservs. Les demandes dautorisation pour la reproduction ou la traduction des publications delOrganisation mondiale de la Sant, des fins commerciales ou non, doivent tre adresses auxditions de l'OMS, Organisation mondiale de la Sant, 20 avenue Appia, 1211 Genve 27 (Suisse)(tlcopie : +41 22 791 4806 ; adresse lectronique : [email protected]) ou au Centre OMSpour le dveloppement sanitaire de Kobe, au Japon (tlphone : +81 78 230 3100 ; adresselectronique : [email protected]).

    Les appellations employes dans la prsente publication et la prsentation des donnes qui yfigurent n'impliquent de la part de l'Organisation mondiale de la Sant, du Programme des Nationsunies pour les tablissements humains ou du Secrtariat des Nations Unies aucune prise de positionquant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorits, ni quant autrac de leurs frontires ou limites, ni quant leur systme conomique ou leur niveau dedveloppement. Les lignes en pointill sur les cartes reprsentent des frontires approximatives

    dont le trac peut ne pas avoir fait l'objet d'un accord dfinitif.

    La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produitscommerciaux sont agrs ou recommands par l'Organisation mondiale de la Sant ou le Programmedes Nations unies pour les tablissements humains, de prfrence d'autres de nature analogue.Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu'il s'agit d'un nom dpos.

    L'Organisation mondiale de la Sant et le Programme des Nations unies pour les tablissementshumains napportent aucune garantie quant lexhaustivit et lexactitude des informationscontenues dans cette publication, et ils ne sauraient tre tenus responsables des prjudices subisdu fait de son utilisation.

    Lanalyse, les conclusions et les recommandations de cette publication ne reprsentent pas nces-sairement les opinions ni les dcisions ni les politiques de l'Organisation mondiale de la Sant et du

    Programme des Nations unies pour les tablissements humains ou de son Conseil dadministration.Imprim en Suisse

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    METTRE AU JOUR ET VAINCRE

    LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

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    Le rapport conjoint ONU-Habitat/OMS La Face cache des villes : Mettre au jour et vaincre les ingalits ensant en milieu urbain est le fruit dune intense collaboration entre le bureau principal dONU-Habitat Nairobi, au Kenya, et lOrganisation mondiale de la Sant.

    CONTRIBUTIONS : Nous souhaitons remercier les personnes suivantes pour leurs interventions prcieuses,quil sagisse de contributions, dexamens collgiaux, de suggestions, de critiques, dencadrs, de chiffresou danalyses de donnes : Jonathan ABRAHAMS, Fiona ADSHEAD, Andrew ADWERA, Muhammad ChaudharyAFZAL, Muhammad Mahmood AFZAL, Siddharth AGARWAL, Shunichi AKAZAWA, Daniel ALBRECHT, AlaALWAN, Giuseppe ANNUNZIATA, Mina ARAI, Linda ARCHER, Francisco ARMADA, Tim ARMSTRONG, LuciaARTAZCOZ, Oscar ARTEAGA, Mohsen ASADI-LARI, Mohammad Arkadani ASSAI, Enis BARIS, Francoise BARTEN,Mark BELLIS, Samir BEN YAHMED, Roberto BERTOLLINI, Ties BOERMA, Neil BOMBERG, Fernando BORGIA,Carme BORRELL, Richard BRADFORD, Lucy BRAUN, Alexander BUTCHART, Diarmid CAMPBELL-LENDRUM,Anthony CAPON, Paulo CAPUCCI, Giovanni CARACCI, Adriana Miranda CASTRO, Somnath CHATTERJI, HaejooCHUNG, Carlos CORVALAN, Mario Roberto DAL POZ, John DAWSON, Jan DE MAESENEER, Sophia DESILLAS,lia DEZ, Carlos DORA, Milka DUNCHIN, Christopher DYE, Kristie EBI, Sarah ENGLAND, JoAnne EPPING-JORDAN, Jazla Saeed FADDA, Oscar FEO ISTRIZ, Babatunde FASHOLA, Fariyal FIKREE, Elaine RuthFLETCHER, Jean-Christophe FOTSO, Howard FRUMKIN, Cecilia Vidal FUERTES, Michelle FUNK, PascalineGABORIT, Gauden GALEA, Sandro GALEA, Luiz A. Cassanha GALVAO, Loic GARON, Paul David GARWOOD, TinaGOULD, Geoff GREEN, Francis GRENIER, Steffen GROTH, Mohamed HALFANI, Trevor HANCOCK, Jeremy HESS,Ahmad HOSSEINPOOR, Syed Jaffar HUSSAIN, Jide IDRIS, Akiko IMAI, Yoko INOUE, Aya ISHIZUKA, UrbanJONSSON, Megumi KANO, Mina KASHIWABARA, Seiya KATO, Makie KAWABATA, Rania KAWAR, Maura ErinKENNEY TISSOT, Meleckidzedeck KHAYESI, Anthony KOLB, Soewarta KOSEN, Etienne KRUG, JacobKUMARESAN, Jostacio LAPITAN, Roderick John LAWRENCE, George LUBER, Pamela LYNAM, Hossein MALEK-AFZALI, Josephine MALILAY, Isaac MALONZA, Fernando MARIDES, Maya MASCARENHAS, Colin MATHERS,Richard MATZOPOULOS, Gora MBOUP, Michael MCGEEHIN, Richard MEDDINGS, Shanthi MENDIS, BettinaMENNE, Susan MERCADO, James MERCY, Stuart MERKEL, Christopher MIKTON, Linda MILAN, Khalif BileMOHAMUD, Esther MOK, Eduardo MORENO, Ayako MORITA, Davison MUNODAWAFA, Carles MUNTANER,

    Nirmala Devi NAIDOO, Keiko NAKAMURA, Jai NARAIN, Benjamin NGANDA, NISHIKAWA Azumi, AlexandraNOLEN, Helena NYGREN-KRUG, Carla Makhlouf OBERMEYER, Hisashi OGAWA, Akihiro OHKADO, Keiko OKUDA,Danielle OMPAD, James OPERE, Victor ORINDI, Jane OTAI, Tikki PANGESTU, Heather PAPOWITZ, GregoryPAPPAS, Sukhumbhand PARIBATRA, David PARKER, Isabel PASARN, Jonathan PASSMORE, Maria FernandaTourhino PERES, Julia PERRI, Armando PERUGA, Amit PRASAD, Thebe PULE, Meng QINGYUE, RavindraRANNAN-ELIYA, Romero REROMA, Marilyn RICE, Victor RODWIN, Maris ROMERO, Alex ROSS, Miki SAKAGUCHI,Priyanka SAKSENA, Gerardo SANCHEZ MARTINEZ, Luminita SANDA, Shekhar SAXENA, Hawa SENKORO, LoriSLOATE, Sanjeev SRIDHARAN, Mubashar Riaz SHEIKH, Xiaoming SHEN, Sarah SIMPSON, Ian SMITH, IleneSPEIZER, Hari SRINIVAS, Lihong SU, Malinee SUKAVEJWORAKIT, Ryoko TAKAHASHI, Junko TAKEBAYASHI,Paulo TEIXEIRA, Kristin THOMPSON, Mauricio TORRES, Carlos Alberto TORRES TOVAR, Adewale TROUTMAN,Agis TSOUROS, Kazuhiro UCHIMURA, Hiroshi UEDA, Mohammad R. VAEZ-MAHDAVI, Nicole VALENTINE, WimVAN LERBERGHE, Emese VERDES, Eugenio VILLAR MONTESINOS, David VLAHOV, Elizabeth WARD, Fan WU, KeXU, Mariko YOKOO, Itsuro YOSHIMI, Hongwen ZHAO, Sarah ZINGG WIMMER.

    RVISION. Nous exprimons notre gratitude tous les experts et collgues qui ont eu la gentillesse derviser ce rapport.

    REMERCIEMENTS

    CONCEPTION : Suazion Inc

    PHOTO DE COUVERTURE : OMS/Anna Kari

    NOTE : Les exemples portant sur des villes prcises servent illustrer diffrents points traits dans ce rapport. Il nefaut en aucun cas interprter ces exemples comme des valuations du niveau global dquit en sant constat dans

    ces villes, ni en dduire que telle ou telle ville est plus ou moins en avance sur le plan des actions engages pourvaincre les causes profondes des ingalits en sant en milieu urbain.

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    TABLE DES MATIRESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    I

    AVANT-PROPOS IV

    SYNTHSE VII

    PARTIE UN. LAUBE DUN MONDE URBAIN 1

    INTRODUCTION LA PARTIE UN 2

    CHAPITRE 1. LESSOR DES VILLES MODERNES 3DMOGRAPHIE ET TENDANCES DE LURBANISATION 4

    LES BIENFAITS DE LURBANISATION 6LES DFIS DUNE CROISSANCE RAPIDE ET ANARCHIQUE 6

    LES VILLES DE DEMAIN 10

    RSUM DU CHAPITRE 10

    CHAPITRE 2. LA SANT EN MILIEU URBAIN 11DTERMINANTS DE LA SANT 12

    DTERMINANTS DE LA SANT EN MILIEU URBAIN 12

    CONSQUENCES DE LA VIE EN VILLE SUR LA SANT 28

    RSUM DU CHAPITRE 29

    PARTIE DEUX. DONNER VOIR LA FACE

    CACHE DES VILLES 31INTRODUCTION LA PARTIE DEUX 32

    CHAPITRE 3. INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN :QUELS SONT LES ENJEUX ? 33LES INGALITS EN SANT : QUELLE PART DINJUSTICE ? 34

    POURQUOI IL FAUT METTRE EN VIDENCE ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT 35

    LQUIT EN SANT EN MILIEU URBAIN EST LIE AUX DROITS DE LHOMMEET AUX CONVENTIONS INTERNATIONALES 37

    RSUM DU CHAPITRE 38

    CHAPITRE 4. MISE AU JOUR DES INGALITS

    EN SANT EN MILIEU URBAIN 39INGALITS EN SANT ENTRE POPULATIONS URBAINES RICHES ET PAUVRES 40

    INGALITS EN SANT ENTRE QUARTIERS 49

    INGALITS EN SANT ENTRE SOUS-GROUPES DE CITADINS 54

    RSUM DU CHAPITRE 56

    CHAPITRE 5. ATTEINDRE LES OBJECTIFS DU MILLNAIREPOUR LE DVELOPPEMENT 57INTRODUCTION AUX OBJECTIFS DU MILLNAIRE POUR LE DVELOPPEMENT 58

    OMD 1 : LIMINER LEXTRME PAUVRET ET LA FAIM 59

    OMD 4 : RDUIRE LA MORTALIT DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS 62

    OMD 5 : AMLIORER LA SANT MATERNELLE 64

    OMD 7 : ASSURER UN ENVIRONNEMENT DURABLE 66

    RSUM DU CHAPITRE 67

    TABLE DES MATIRES

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    PARTIE TROIS : VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN 69

    INTRODUCTION LA PARTIE TROIS 70

    CHAPITRE 6. UNE GOUVERNANCE URBAINE PERMETTANT DE RDUIRE LES INGALITS EN SANT 71LE RLE DES AUTORITS LOCALES 72

    LES PARTENARIATS : LA CL DE LA BONNE GOUVERNANCE URBAINE 72PRALABLES LACTION LOCALE 73

    RSUM DU CHAPITRE 79

    CHAPITRE 7. DES DONNES FACTUELLES POUR AGIR 81LIMPORTANCE DES DONNES FACTUELLES POUR UNE ACTION EFFICACE ET DURABLE 82

    LIMPORTANCE DES DONNES DSAGRGES 83

    RFLEXION SUR LES DONNES 83

    URBAN HEART DE LOMS 85

    URBANINFO DONU-HABITAT 87

    RSUM DU CHAPITRE 88

    CHAPITRE 8. INTERVENTIONS 89TROIS GRANDES APPROCHES POUR RDUIRE LES INGALITS URBAINES 90

    CIBLER LES INTERVENTIONS PRIORITAIRES 93

    SUIVI ET VALUATION 96

    RSUM DU CHAPITRE 96

    CONCLUSION : LE RISQUE ET LA PROMESSE DE NOTRE MONDE URBAIN 97UN RLE JOUER POUR CHACUN : QUI PEUT FAIRE QUOI ? 100

    ANNEXES 103ANNEXE A. SOURCES ET OUTILS SUPPLMENTAIRES 104

    ANNEXE B. APPROCHE MTHODOLOGIQUE POUR LVALUATION DES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN 106

    ANNEXE C. EXEMPLES DINTERVENTIONS 109

    RFRENCES 118

    ENCADRSEncadr 1.1 Les Villes-Sant Dans Le Monde (Par Rgion De LOMS) 7

    Encadr 1.2 Gros Plan Sur Les Bidonvilles De Nairobi 8

    Encadr 1.3 Gros Plan Sur Quelques Villes Exposes Une lvation Du Niveau De La Mer 9

    Encadr 2.1 Le Changement Climatique Dmultiplie Les Risques Sanitaires 17

    Encadr 2.2 Gros Plan Sur Le Sisme DHati 27

    Encadr 2.3 La Propagation Du SRAS Via Les Centres Urbains 28

    Encadr 5.1 Les Huit Objectifs Du Millnaire Pour Le Dveloppement 58

    Encadr 6.1 Gros Plan Sur Nakuru, Au Kenya 72

    Encadr 6.2 Gros Plan Sur La Participation De La Population Dans Les Zones Urbaines De Catalogne, En Espagne 73

    Encadr 6.3 Gros Plan Sur La Participation De La Population Dans Les Bidonvilles De Nairobi, Au Kenya 76

    Encadr 6.4 Gros Plan Sur La Stratgie De Lutte Contre Les Ingalits En Sant Londres 77

    Encadr 6.5 Gros Plan Sur Les Structures De Gouvernance Vancouver, Au Canada 77

    Encadr 6.6 Recommandations, Destines Aux Autorits Nationales, Pour Une Action Intersectorielle En Sant 78

    Encadr 7.1 Dsagrgation Des Donnes Nationales : Un Exemple En Inde 84

    Encadr 7.2 Gros Plan Sur Paraaque, Aux Philippines 86

    Encadr 8.1 Gros Plan Sur Les Lady Health Workers Dans Les Bidonvilles Urbains Du Pakistan 92

    Encadr 8.2 Amliorer Leau Et Lassainissement Dans Les Villes De La Rgion Du Lac Victoria En Afrique De Lest 92

    Encadr 8.3 Gros Plan Sur Le Port Du Casque 92

    Encadr 8.4 La Mobilisation De La Population Contre La Violence Au Brsil 94

    TABLE DES MATIRESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    II

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    FIGURESFigure S1 Facteurs influenant la sant en milieu urbain XIFigure S2 Taux de mortalit des enfants de moins de cinq ans, par rgion, dans 42 pays revenu faible ou intermdiaire XIVFigure 1.1 Dans quelles rgions trouve-t-on des bidonvilles ? 9Figure 2.1 Dterminants de la sant 12Figure 2.2 Facteurs influenant la sant en milieu urbain 13Figure 3.1 Les ingalits dans la malnutrition chronique des enfants de moins de cinq ans dans 47 pays en dveloppement,

    comparaison entre les zones urbaines et les zones rurales, 1994 2004 35Figure 4.2 Taux de mortalit des enfants de moins de cinq ans dans les zones urbaines de sept pays 41Figure 4.3 Malnutrition chronique des enfants de moins de cinq ans, par rgion, dans 41 pays revenu

    faible ou intermdiaire 42Figure 4.4 Malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans dans les zones urbaines de sept pays 42Figure 4.5 Facteurs contribuant aux ingalits dans la malnutrition chronique chez les enfants de moins

    de cinq ans dans les zones urbaines de sept pays 43Figure 4.6 Proportion des accouchements assists par du personnel de sant qualifi, par rgion,

    dans les zones urbaines de 44 pays revenu faible ou intermdiaire 44Figure 4.7 Proportion des accouchements assists par du personnel de sant qualifi dans

    les zones urbaines de sept pays 44Figure 4.8 Facteurs contribuant aux ingalits dans la proportion des accouchements assists

    par du personnel de sant qualifi, dans les zones urbaines de sept pays 45Figure 4.9 Prvalence du diabte signal par les patients eux-mmes et diagnostiqu par un mdecin chez

    les adultes gs de 45 ans et plus, dans les zones urbaines du Bangladesh (pays faible revenu) 47

    Figure 4.10 Prvalence du diabte signal par les patients eux-mmes et diagnostiqu par un mdecin chezles adultes gs de 45 ans et plus, dans les zones urbaines de la Tunisie (pays revenu intermdiaire) 47

    Figure 4.11 Prvalence du diabte signal par les patients eux-mmes et diagnostiqu par un mdecin chezles adultes gs de 45 ans et plus, dans les zones urbaines de lEspagne (pays revenu lev) 47

    Figure 4.12 Proportion des mnages ayant accs leau courante, dans les zones urbaines de 44 pays revenufaible ou intermdiaire 48

    Figure 4.13 Ingalits dans laccs leau courante en milieu urbaine, dans sept pays 49Figure 4.14 Taux de mortalit des nourrissons, Nairobi, au Kenya 50Figure 4.15 Taux de mortalit des enfants de moins de cinq ans, au Kenya, dsagrgs par quartier de Nairobi 50Figure 4.16 Nouveaux cas de tuberculose notifis pour 100 000 habitants, dans les

    plus grandes villes japonaises, 2006 51Figure 4.17 Taux dhomicide variant de un quatre entre les sous-districts du Cap, en Afrique du Sud, 2001-2004 52Figure 4.18 Relation gographique entre la proportion des habitants vivant dans la pauvret et leur probabilit

    de dcder du sida, New York City, Etats-Unis dAmrique 53Figure 4.19 Ingalits de revenu et ingalits en termes de criminalit et de troubles, Preston, Royaume-Uni, 2007 54

    Figure 4.20 Prvalence du VIH par sexe et par zone de rsidence 56Figure 5.1 Tous les OMD ont voir avec la sant 59Figure 5.2 Avances dans la lutte contre la malnutrition (retard de croissance) des enfants de moins

    de cinq ans en milieu urbain 60Figure 5.3 Cible consistant rduire de moiti dici 2015 (par rapport 1990) le nombre denfants

    souffrant dun retard de croissance, dans les zones urbaines : tendances et projections pourltat plurinational de Bolivie 61

    Figure 5.4 Cible consistant rduire de moiti dici 2015 (par rapport 1990) le nombre denfants souffrantdun retard de croissance, dans les zones urbaines : tendances et projections pour lInde 61

    Figure 5.5 Avances dans la rduction de la mortalit des enfants de moins de cinq ans en zone urbaine 62Figure 5.6 Cible consistant rduire des deux tiers dici 2015 (par rapport 1990) la mortalit des enfants de

    moins de cinq ans dans les zones urbaines : tendances et projections pour ltat plurinational de Bolivie 63Figure 5.7 Cible consistant rduire des deux tiers dici 2015 (par rapport 1990) la mortalit des enfants de

    moins de cinq ans dans les zones urbaines : tendances et projections pour lInde 63Figure 5.8 Avances dans lamlioration de la proportion des naissances assistes par du personnel de sant

    qualifi, en zone urbaine 64Figure 5.9 Cible consistant ce que la totalit des accouchements soient assists par du personnel qualifi,

    jusquen 2015 dans les zones urbaines : tendances et projections pour ltat plurinational de Bolivie 65Figure 5.10 Cible consistant ce que la totalit des accouchements soient assists par du personnel qualifi,

    jusquen 2015 dans les zones urbaines : tendances et projections pour lInde 65Figure 5.11 Proportion de la population urbaine vivant dans des taudis, 1990 et 2010 66Figure 7.1 Prvalence du VIH chez les femmes entre les diffrents groupes socio-conomiques, lchelle

    nationale et dans les zones urbaines, au Swaziland, 2006-2007 83Figure 7.2 Utilisation de la nouvelle maternit en 2009 San Martin de Porres, Paraaque City, Philippines 87Figure 8.1 Trois principales approches pour rduire les ingalits en sant : (a) cibler les catgories dfavorises,

    (b) liminer les disparits, (c) rduire les ingalits dans lensemble de la population 91

    TABLEAUXTableau 7.1 Indicateurs de base pour Urban HEART 85

    Tableau B.1 Pays pour lesquels les enqutes dmographiques et sanitaires fournissaientdes donnes pour quatre indicateurs cl 107

    TABLE DES MATIRESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    III

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    AVANT-PROPOSLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    IV

    AVANT-PROPOS

    MARGARET CHANDr Margaret CHAN, Directeur gnral de lOrganisation mondiale de la Sant

    Cest aujourdhui un fait tabli que la moiti de lhumanit vit en milieu urbain, et que cetteproportion ne cesse daugmenter. Les villes, et la concentration de culture, dinfrastructures etdinstitutions quelles gnrent, tirent depuis longtemps les progrs de la civilisation et polari-sent les opportunits et la prosprit. Aussi bien pour les riches que pour les pauvres, dans lespays dvelopps comme dans les pays en dveloppement, les villes offrent leurs habitants despossibilits uniques daugmenter leurs revenus, de se mobiliser en faveur dune action politiqueet daccder des services ducatifs, mais aussi sanitaires et sociaux. Ces atouts de la viecitadine agissent comme un aimant, attirant les gens dans les zones urbaines et les incitants y rester.

    Certes, la vie en milieu urbain continue doffrir de nombreuses opportunits, mais leur rpartitionpeut tre extrmement ingale. Si lon regarde au-del des marchs anims, des gratte-ciel et deslumires de la ville, on constate que, dans le monde entier, les villes daujourdhui ont une facecache, si bien que la vie et les conditions de vie vritables de nombre de citadins ne sont pas imm-

    diatement visibles. Certaines catgories de citadins sont davantage sujettes un mauvais tat de sant, et ces ingalits sontimputables des disparits dans les conditions de vie et le contexte social. Et ce problme npargne aucune ville.

    Longue est la liste des dangers urbains potentiels et des risques pour la sant qui y sont lis : logements insalubres etsurpeupls, problmes de scurit sanitaire des aliments et salubrit de leau, inadquation des services dassainisse-ment et dvacuation des dchets solides, pollution atmosphrique, embouteillages, pour nen citer que quelques-uns.De nombreuses villes sont exposes une triple menace : les maladies infectieuses se dveloppent lorsque les gens sontentasss et vivent dans des conditions misrables ; les maladies chroniques non transmissibles sont en progression cause de la mondialisation des modes de vie peu sains auxquels incite la vie urbaine (tabagisme, mauvaise alimentation,usage nocif de lalcool...) En outre, la ville est un terrain fertile pour dautres flaux : accidents, notamment de la route,traumatismes, violence et dlinquance.

    Les pouvoirs publics locaux aussi bien que nationaux sattlent aux dfis que soulve lurbanisation. Dans bien des cas,les autorits municipales sont dbordes par le rythme de croissance dmographique et ne disposent pas des capacitspour btir suffisamment dinfrastructures de base qui assurent la scurit et la salubrit ncessaires. Lurbanisation sac-compagne, dans les pays en dveloppement comme dans les pays dvelopps, dune concentration de la pauvret,laquelle saggrave et se propage jusqu' devenir une caractristique, largement non reconnue, de la vie urbaine. Prsdun milliard de personnes, soit un tiers de la population citadine, vit dans des taudis urbains et des bidonvilles. Pourles citadins pauvres, le fait de vivre en ville prsente peu, voire pas du tout, davantages. Ainsi, lexistence de servicessanitaires proximit ne garantit nullement quils soient abordables et effectivement utiliss. Malheureusement,certains citadins ptissent dingalits et subissent diverses formes dexclusion et de marginalisation.

    Le secteur de la sant ne peut lui seul remdier ces ingalits et aux diffrents problmes de sant en milieu urbain. Laville influe directement sur les conditions de vie, les opportunits socio-conomiques et ltat de sant de tous les citadins.Cest pourquoi il faut quun grand nombre de parties prenantes se mobilisent si lon veut que la sant des habitants des villessamliore rellement et durablement. La sant en milieu urbain ne relve pas exclusivement des pouvoirs publics : la socit

    civile, les groupes communautaires et les entreprises y tiennent galement une place importante. Il faut amener les popula-tions, et en particulier les citadins pauvres, participer aux dcisions qui affectent leur vie. Les occasions de mettre la santau cur du programme daction publique des villes existent, et il est temps que tous les secteurs travaillent main dans lamain des solutions innovantes et efficaces, qui attnueront les risques et renforceront les bienfaits pour la sant.

    Les villes sont lavenir de notre monde. Cest maintenant que nous devons agir si nous voulons tre srs que demain,elles seront un lieu de vie sain pour chacun.

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    Dans les milieux qui surbanisent rapidement, la trs grande majorit desproblmes de sant est imputable aux conditions de vie et de travail.Ces conditions relvent notamment de dterminants sociaux, parexemple des logements insalubres et surpeupls, des conditions detravail dangereuses, labsence daccs de leau potable et un assai-nissement dcent, ou encore lexclusion sociale. Actuellement, selon lesestimations, un milliard de personnes vivent dans des tablissementsinformels et des taudis. Pourtant, dans la plupart des pays affichant uneurbanisation rapide, les solutions proposes dans les politiques de santpublique restent axes sur les maladies et ngligent lenvironnementsocial et physique. En consquence, les problmes de sant persistent,les ingalits en sant se creusent et les interventions sanitaires produi-sent des rsultats suboptimaux.

    Lurbanisation offre, malgr tout, de nombreux atouts qui permettront de renforcer lefficacitde la politique et des pratiques sanitaires. Cependant, les pouvoirs publics ne semblent gurese saisir de ces opportunits pour dfinir leurs politiques de sant, comme en tmoignent lemode durbanisation qui prdomine actuellement, chaotique et mal planifi. Cette urbanisationde la pauvret et de lexclusion sociale accentue les ingalits en sant et les vulnrabilits.

    Parmi les nombreux risques lis lurbanisation rapide, aucun nest plus grave que la pauvreturbaine, laquelle se manifeste trs nettement dans la croissance des tablissements informels.Si lintensification de la pauvret urbaine apparat aussi dans le monde dvelopp, elle estdavantage marque dans les pays en dveloppement et se traduit presque invariablement par lamultiplication des sans-abri.

    Dans le monde entier, les habitants des taudis ptissent dun moindre accs aux ressources sanitaires,sont davantage malades et meurent plus jeunes que les autres segments de la population. Ces dispa-rits injustes dans la situation sanitaire ne cessent de saccentuer alors que la plante dispose derichesses et dun savoir sans prcdent et que les gens sont plus sensibiliss que jamais aux questionsde sant. Malgr des services sanitaires relativement satisfaisants dans les zones urbaines, lescitadins pauvres semblent tre en moins bonne sant que les pauvres qui habitent les campagnes.Cest pourquoi il est impratif de mieux comprendre les ingalits intra-urbaines et leurs implicationsen termes de sant.

    Au-del de lpidmiologie et des amliorations des systmes de sant, le bien-tre, au stadeactuel du dveloppement de lhumanit, passe in fine essentiellement par des interventionsdiriges vers lenvironnement urbain.

    Il faut donc prter davantage attention la manire dont sont prises des mesures visant

    transformer les conditions de vie et de travail en milieu urbain, ainsi quaux processus sociauxet aux informations susceptibles damliorer durablement de la sant urbaine. Ce rapportconjoint ralis par ONU-Habitat et lOMS donne lalerte pour que des actions concrtes visant vaincre les ingalits en milieu urbain soient lances. Je souhaite sincrement que les recom-mandations formules dans ce rapport permettent de faire progresser cette cause urgente.

    AVANT-PROPOSLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    V

    INGA BJRK-KLEVBYInga Bjrk-Klevby, Sous-Secrtaire gnrale de lOrganisationdes Nations unies et Directrice excutive adjointe en charge,Programme des Nations unies pour les tablissements humains(ONU-Habitat)

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    Le rapport conjoint de lOrganisation mondiale de la Sant(OMS) et du Programme des Nations unies pour lestablissements humains (ONU-Habitat), intitul La Face cachedes villes : Mettre au jour et vaincre les ingalits en sant en

    milieu urbain, montre que certains habitants des villes sontparticulirement exposs une multitude de maladies et deproblmes de sant.

    Ce rapport propose des informations et des outils dont lespouvoirs publics et les responsables locaux peuvent se servirpour lutter contre les ingalits en sant dans leur ville. Il napas pour objectif de comparer les ingalits en sant entrepopulations rurales et citadines. De fait, tant diffrentes depar leur ampleur et leur distribution, les ingalits en santdans les zones urbaines appellent des actions spcifiques.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    VII

    OMS/Anna

    Kari

    SYNTHSE

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    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    VIII

    Pour la premire fois dans lhistoire de lhumanit,la majorit de la population de la plante vit dansdes zones urbaines, et cette proportion ne cessede crotre.

    Les villes concentrent les opportunits, lesemplois et les services, mais galement lesrisques et les dangers pour la sant.

    Lexpansion rapide de la population citadineconstituera lun des principaux problmes de santmondiale au XXIe sicle.

    Dbords par le rythme de la croissance urbaine,les pouvoirs publics nont pas la capacit de btirdes infrastructures de base, si bien quun citadinsur trois vit dans un taudis ou un tablissement informel.

    Dans tous les pays, certains habitants des villes souffrent plus particu-lirement dun mauvais tat de sant, et ces ingalits sont imputables des disparits dans les conditions de vie et le contexte social.

    Si lon veut mettre au jour lampleur des ingalits en sant en milieuurbain, il est important de dsagrger les donnes sanitaires et cellessur les dterminants de la sant au sein des villes.

    moins de prendre de toute urgence des mesures pour venir bout desingalits en sant en milieu urbain, certains pays ne pourront pasatteindre les cibles des objectifs du Millnaire pour le dveloppementrelatives la sant.

    Afin dinfluer sur les ingalits en sant en milieu urbain, lescommunauts organises et tous les niveaux de gouvernement(locaux, provinciaux et nationaux) doivent se mobiliser.

    Les solutions dpassent bien souvent le secteur de la sant etncessitent lengagement de nombreux segments des pouvoirspublics et de la socit.

    Les responsables locaux et les pouvoirs publics peuvent et doiventjouer un rle crucial dans la promotion de lquit en sant enmilieu urbain.

    METTRE AU JOUR ET VAINCRE

    LES INGALITS EN SANTEN MILIEU URBAIN

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    12/145

    Laube dunmonde urbainLe rapport conjoint de lOMS et dONU-Habitat,

    La Face cache des villes: Mettre au jour et vaincre

    les ingalits en sant en milieu urbain, parat un

    tournant dans lhistoire de lhumanit. Pour la toute

    premire fois, les citadins sont plus nombreux que

    les ruraux, et leur proportion ne cesse de crotre.Traduisons cette ralit en chiffres : en 1990, moins de

    4 personnes sur 10 vivaient en zone urbaine. En 2010,

    cette proportion est passe plus de 1 sur 2, et en

    2050, elle atteindra 7 sur 10. Le nombre de citadins

    augmente de prs de 60 millions par an.1

    Cette transition dmographique dun monde rural

    vers un monde urbain, aussi appele urbanisation,a de profondes consquences. Elle saccompagne de

    changements globaux dans lconomie, qui abandonne

    les activits agricoles pour privilgier lindustrie de

    masse, la technologie et les services. Les fortes densits

    urbaines rduisent les cots de transaction, amliorent

    la rentabilit des dpenses publiques dinfrastructure

    et des services et facilitent la production et la

    diffusion de savoir, autant dlments qui stimulent

    la croissance conomique.

    Lurbanisation sacclre mesure que la mondialisation

    diffuse lindustrie et la technologie aux quatre coins du

    monde. Ainsi, alors que Londres a mis environ 130 ans

    passer de 1 8 millions dhabitants, il nen aura fallu

    que 45 Bangkok et 25 Soul.2 lchelle plantaire,

    la croissance urbaine a culmin au cours des annes

    1950, plus de 3 % par an.3

    Au fur et mesure de lurbanisation de la plante,

    les citadins continueront de vivre dans des villes de

    toutes tailles, dont le schma de distribution selon

    la taille sera analogue celui observ aujourdhui.4

    Actuellement, prs de la moiti des citadins vivent dansdes villes comptant entre 100 000 et 500 000 habitants,

    mais moins de 10 % dans des mgapoles (cest--dire,

    selon la dfinition dONU-Habitat, des villes de plus

    10 millions dhabitants).5

    Lessentiel de la croissance de la population urbaine sur

    les 30 prochaines annes se produira dans des pays en

    dveloppement. Il est prvu que des villes comme

    Phnom Penh (Cambodge), Tijuana (Mexique), Marrakech

    (Maroc) et Lagos (Nigeria) affichent une croissance

    annuelle denviron 4 %, si bien que leur population va

    doubler sur les 17 prochaines annes. Certaines villes de

    Chine, telles que Shenzhen et Xiamen, enregistreront un

    taux de croissance annuelle suprieur 10 % : leur

    population doublera donc grosso modo tous les 7 ans.

    Dans les pays revenu lev, limmigration, aussi bien

    lgale quillgale, reprsentera plus des deux tiers de la

    croissance urbaine. Sans immigration, il est probable

    que la population urbaine de ces pays dclinerait ou

    stagnerait durant les prochaines dcennies.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    FU

    DanielBoiteau/Fotolia

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    13/145

    18 et 59 centimtres dici la fin du sicle, psera sur

    certaines des villes les plus tendues et la croissance

    la plus rapide. Sur toute la plante, les villes ressenti-ront les effets du changement climatique, qui se mani-

    festera par des vagues de chaleur plus frquentes, la

    pollution atmosphrique, des temptes violentes et des

    maladies infectieuses.

    Dans bien des cas, du fait de la croissance de la population

    urbaine, les pouvoirs publics ne sont plus en mesure de

    procurer des services et des infrastructures essentiels.

    Labsence ou la mauvaise conception des systmes

    dadduction deau et dassainissement ou de transport

    est un problme courant dans de nombreuses villes.

    Beaucoup de citadins sont confronts dautres diffi-

    cults et doivent, par exemple, vivre dans des logements

    inadquats (qui vont dimmeubles locatifs de grande

    hauteur de mauvaise qualit des baraquements ou

    mme des tentes en plastique installes sur le trottoir),

    surpeupls et construits ou installs de manire anar-

    chique. Les habitations de ce type sont souvent situes

    dans des quartiers peu avenants, notamment sur des

    pentes abruptes, des berges susceptibles dtre inondes

    ou des zones industrielles.

    Centres densment peupls prsentant la fois desrisques et des opportunits, les villes, ainsi que le

    phnomne durbanisation en gnral, revtent une

    importance cruciale pour la sant mondiale au XXIe

    sicle. Compte tenu tout simplement du nombre et de la

    proportion grandissante de citadins, les problmes de

    sant en milieu urbain touchent directement plus de la

    moiti de la population de la plante. Et indirectement,

    les villes influent sur la sant de pans encore plus vastes

    de la population cause des pandmies qui se propagent

    via des gares routires et ferroviaires bondes, les vastes

    aroports et les ports internationaux. La flambe de

    SRAS en 2003 en est un exemple typique.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    X

    UN NOUVEAU PAYSAGE URBAIN

    En bien des endroits, les villes fusionnent pour former

    des peuplements urbains dune chelle sans prcdent.

    Ces nouvelles configurations prendront la forme de

    mga-rgions, de couloirs urbains et de villes-rgions,

    faonnant une nouvelle hirarchie et un nouveau

    paysage urbains. Ainsi, on estime quau Japon, la mga-

    rgion Tokyo-Nagoya-Osaka-Kyoto-Kobe comptera 60

    millions dhabitants en 2015. La ville-rgion de Bangkok

    (Thalande) gagnera 200 kilomtres dici 2020 par

    rapport son centre actuel, dpassant largement sa

    population actuelle, qui est dj suprieure 17

    millions dhabitants. Des tendances analogues sontobservables dans dautres rgions du monde.

    Le citadin lambda a davantage de choix et de possibi-

    lits que ses anctres nen ont jamais eus. Par compa-

    raison avec les habitants des campagnes, il dispose

    dopportunits exceptionnelles de voir ses revenus

    augmenter, de bnficier dun logement et de conditions

    de vie satisfaisants et davoir accs des services

    comme lducation et les soins de sant. Il nest donc

    peut-tre pas surprenant que les citadins soient, en

    moyenne, mieux lotis que les habitants des campagnes.

    Ils ont gnralement davantage accs des servicessociaux et sanitaires, leur taux dalphabtisation est

    plus lev, et leur esprance de vie plus grande.

    Dans le mme temps, les villes concentrent certains

    risques et alas pour la sant. Limpact dvnements

    dltres, tels que la contamination de leau, la

    pollution atmosphrique ou sonore, ou les catastrophes

    naturelles, est amplifi dans les zones urbaines

    densment peuples. Les rpercussions que les change-

    ments climatiques peuvent avoir sur la sant sont

    sources dalas supplmentaires dans les villes. Lamonte du niveau de la mer, qui devrait atteindre entre

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    14/145

    ou encore lgalit entre hommes et femmes, a unimpact majeur sur la sant des citadins. La scurit et

    la qualit des aliments influent sur la sant en milieuurbain en jouant sur la disponibilit des denres,

    notamment en cas de scheresse, et se traduisant par un

    rgime alimentaire fortement calorique, caractris parune teneur leve en graisse, en sucre et en sel. De

    multiples facteurs relatifs aux services et la gestiondes urgences sanitaires ont des rpercussions sur lasant en milieu urbain; il sagit notamment de laccs des soins de sant primaires de qualit, de la couverture

    universelle et de la ractivit du secteur de la sant

    publique. Enfin, la gouvernance urbaine est inextrica-

    XI

    NOTRE LIEU DE VIE JOUE

    SUR NOTRE SANTDe vastes dterminants physiques, sociaux et cono-

    miques ont une incidence sur la sant des citadins

    (figure S1). La sant des habitants des villes dpend de

    lenvironnement bti et naturel : gographie et climat,

    qualit des logements, eau et assainissement, qualit

    de lair, systmes de transport et infrastructure.

    Lenvironnement social et conomique, en particulier

    laccs des opportunits conomiques et ducatives,

    la sret et la scurit, laide et la cohsion sociales,

    FIGURE S1FACTEURS INFLUENANT LA SANT EN MILIEU URBAIN

    Environnement socialet conomique

    Services et gestion desurgences sanitaires

    Environnement naturelet bti

    Scurit et qualitdes aliments

    CARACTRISTIQUES DE LA POPULATION

    GOUVERNANCE URBAINE

    13

    degauchedroite:OMS/AnnaKari;4:ONUPhoto/JawadJalali

    WilliamF

    awcett/iStockphoto

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

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    blement lie la sant et au bien-tre des habitants des

    villes, car elle peut leur procurer une plateforme partir

    de laquelle ils peuvent mettre profit leurs talents afin

    damliorer leur situation sociale et conomique. Chacun

    de ces facteurs peut largement jouer, en positif ou en

    ngatif, sur la sant des populations urbaines.

    UNE TRIPLE MENACE PSE SURLA SANT EN VILLE

    Dans de nombreuses villes travers le monde, plusieurs

    dterminants de la sant se conjuguent pour faire planer

    une triple menace sur la population urbaine : a) les

    maladies infectieuses, telles que le VIH, la tuberculose,

    la pneumonie et les maladies diarrhiques, b) les maladies

    et affections non transmissibles, dont les cardiopathies,le cancer et le diabte, et c) les traumatismes (notamment

    dus aux accidents de la route) et la violence. Les maladies

    infectieuses reprsentent une menace considrable dans

    de nombreuses villes en raison de la densit de popula-

    tion, du surpeuplement, du manque deau salubre et de

    systmes dassainissement, des dplacements et des

    changes internationaux, de la mdiocre accessibilit

    des services de soins de sant, en particulier dans les

    bidonvilles. Les maladies et affections non transmissi-

    bles sont exacerbes dans les zones urbaines du fait

    des volutions du rgime alimentaire et de lactivit

    physique, de lexposition aux polluants atmosphriques

    (notamment la fume de tabac) et de lusage nocif

    de lalcool. Dans de nombreux pays en dveloppement,

    lurbanisation et laugmentation du nombre de vhicules

    motoriss ne saccompagnent pas dune infrastructurede transport adquate, de lapplication des rgles de

    circulation routire ni du dploiement de mesures visant

    amliorer la scurit routire. La violence urbaine

    est principalement imputable lexclusion sociale, la

    pauvret, au chmage et linsalubrit des logements.

    En consquence, les villes offrent leurs habitants

    des opportunits uniques de bnficier de systmes

    ducatifs et de sant et de services sociaux, mais aussi

    doptimiser leur sant et leur qualit de vie, alors que,

    dans le mme temps, les risques pour la sant, par

    exemple les pitres conditions de logement ou labsence

    daccs de leau potable et lassainissement, favori-

    sent divers problmes de sant. Dpasss par le rythme

    de cette progression, les pouvoirs publics ne peuvent

    bien souvent pas faire face aux besoins sans cesse crois-

    sants dinfrastructure et de services. Cest pourquoi,

    beaucoup de zones urbaines renferment, simultanment

    et au sein dune mme ville, le pire et le meilleur pour

    la sant et le bien-tre.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XII

    OMS/AnnaKari

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    Donner voir la facecache des villesSil est gnralement admis que les citadins sont, en

    moyenne, en meilleure sant que les habitants descampagnes, on ne sait pas grand-chose des disparitsen sant qui existent au sein des villes. Bien souvent,la croissance dmographique y est si rapide que lesurbanistes municipaux ne disposent mme pas dinfor-mations de base, comme le nombre de personnes quirsident dans leur ville ou encore le lieu exact o elleshabitent. Les informations sanitaires disponibles sontgnralement agrges, ce qui donne des moyennes surlensemble des populations urbaines (riches et pauvres,jeunes et personnes ges, hommes et femmes, migrantset rsidents de longue dure) ; elles ne sont pas

    dsagrges par revenu, par quartier ni par toute autrecaractristique dmographique. En consquence, lesdiffrents univers dans lesquels vivent les citadinsrestent dans lombre, et les grands problmes de santdes plus dfavoriss sont mconnus.

    En particulier, le sort des citadins pauvres semblegnralement nintresser personne, parce que lesautorits en charge de la sant publique ne collectentpas dinformations dans les tablissements informelsou illgaux, et quelles ne tiennent pas compte dessans-abris. Cest un point capital puisquon estime

    828 millions le nombre de personnes vivant dans destaudis, soit environ un tiers de la population des villesdans le monde. Limmense majorit des bidonvilles (plusde 90 %) est situe dans des villes de pays en dvelop-pement. Ce sont souvent les villes affichant la croissancedmographique la plus rapide qui prsentent la plus forteconcentration de ces tablissements informels.

    METTRE EN VIDENCE LES INGALITS

    DANS TOUTES LES VILLESPour comprendre la sant en milieu urbain, il faut toutdabord savoir quels citadins sont concerns par quelsproblmes de sant, et pourquoi. cette fin, il convientde disposer dinformations dsagrges en fonction decaractristiques propres aux citadins, comme leursituation socio-conomique ou leur lieu de rsidence.En mettant ainsi en lumire ces informations, on pourramieux dterminer quels sont les problmes, o ils sesituent et quelle est la meilleure manire dy remdier.

    Les donnes dsagrges font invariablement apparatredes ingalits en sant, qui sont systmatiques,

    produites par la socit (et donc modifiables) et

    injustes. Les ingalits en sant sont le rsultat des

    conditions dans lesquelles les gens grandissent, vivent,

    travaillent et vieillissent, des systmes de sant auxquels

    ils peuvent recourir, ceux-ci tant, leur tour, faonns

    par des forces plus globales, savoir politiques, sociales

    et conomiques.Leur distribution nest pas alatoire,mais se conforme plutt un schma constant sur

    lensemble de la population, souvent fonction de la

    situation socio-conomique ou gographique. Il semble

    que ce problme dquit en sant npargne aucune

    ville, grande ou petite, riche ou pauvre, lEst ou

    lOuest, au Nord ou au Sud.

    Les exemples dcrits dans le prsent rapport montrent

    que les citadins pauvres sont plus particulirement

    touchs par une large palette de maladies ou de

    problmes de sant. Les familles au revenu le plus faiblesont celles qui ont le plus grand risque de rencontrer des

    difficults de sant, avec notamment un fort taux de

    mortalit des enfants de moins de cinq ans (figure S2).

    Elles accdent moins facilement aux services de sant,

    tels que la possibilit daccoucher avec lassistance de

    personnel de sant qualifi, et sont galement dsavan-

    tages sur le plan des conditions de vie, par exemple

    pour laccs leau courante. Point important, ces

    ingalits suivent un gradient social, affectant donc

    aussi les classes moyennes au moins dans une certaine

    mesure. Les causes sous-jacentes de ces ingalits en

    sant sont avant tout de nature sociale : patrimoine du

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XIII

    OMS/AnnaKari

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

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    mnage, niveau dinstruction et lieu de rsidence,

    facteurs qui psent davantage que les attributs prd-

    termins comme lge et le sexe.

    Causes de dsavantages et maladies se concentrent

    galement dans certains quartiers, et la probabilit pour

    les citadins dtre en bonne sant dpend largement de

    leur localisation dans la ville. Ainsi, New York, aux

    tats-Unis dAmrique, les personnes en mauvaise sant

    habitent surtout dans certains quartiers, et les habitants

    les plus pauvres sur le plan conomique sont ceux quirencontrent le plus de difficults. En 2001, lesprance

    de vie dans les quartiers les plus dmunis de New York

    tait infrieure de huit annes celle observe dans ses

    quartiers les plus riches.

    Outre la situation socio-conomique et le quartier, la

    mauvaise sant de certains citadins sexplique par lamarginalisation et la discrimination sociales dont ils font

    lobjet pour certains aspects de leur identit quils ne

    peuvent pas changer (ge, sexe ou handicap, notamment).

    Par exemple, dans les villes, les femmes sont particuli-

    rement vulnrables linfection VIH. Les rsultats

    prsents dans La Face cache des villes montrent que la

    prvalence du VIH chez les femmes qui vivent en ville

    est 1,5 fois suprieure celle observe chez les hommes

    vivant en zone urbaine, et 1,8 fois suprieure celle

    releve chez les femmes en zone rurale.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XIV

    0

    30

    60

    90

    120

    150

    Quintile urbain le plus riche

    Moyenne urbaineQuintile urbain le plus pauvre

    FIGURE S2TAUX DE MORTALIT DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS, PARRGION, DANS 42 PAYS REVENU FAIBLE OU INTERMDIAIRE

    Afrique Amriques Asie

    Note : Ces rsultats correspondent aux moyennes des pays pour lesquels les enqutes dmographiques et sanitaires prsentent des donnes relatives la mortalit des enfants de moins de cinq ans en ville (Afrique = 25 pays, Amriques = 7 pays, Asie = 10 pays). Ils ne sont donc pas reprsentatifsdes rgions dans leur ensemble.

    Source : Calculs de lOMS, daprs des donnes tires des enqutes dmographiques et sanitaires, 2000-2007.

    Tau

    xdemortalitdesenfantsdemoinsde

    cinqans(pour1000naissancesvivantes)

    LES INGALITS EN SANTTOUCHENT TOUT LE MONDE

    Au bout du compte, les ingalits en sant en milieu

    urbain sont prjudiciables tous les citadins, quelles

    touchent notamment par le biais des flambes de

    maladies, des troubles sociaux, de la criminalit et de la

    violence. Ces menaces peuvent se propager facilement

    au-del des limites dun quartier ou dun district,

    mettant en danger lensemble des citoyens et ternissant

    la rputation dune ville.

    Les ingalits en sant en milieu urbain menacent

    galement la ralisation, dici 2015, de plusieurs cibles

    des objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD)lies la sant. Ainsi, sils continuent davancer au

    rythme actuel, plus de 80 % des pays revenu faible ou

    intermdiaire examins ici naccompliront pas les

    progrs ncessaires pour atteindre plusieurs OMD,

    comme en tmoignent les indicateurs concernant le

    retard de croissance des enfants et la mortalit des

    enfants observs dans leurs populations urbaines

    pauvres. Cet chec compromettra la capacit de ces pays

    atteindre les cibles nationales et empchera la vision

    formule par la communaut internationale, savoir la

    sant et le dveloppement pour tous, de se concrtiser.

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    18/145

    Vaincre lesingalits en santParce que les ingalits en sant existent partout,

    tous les responsables locaux et nationaux doivent sedemander comment y remdier. Les autorits locales

    sont dans une position idale pour coordonner les

    efforts, mais elles doivent le faire de faon ce que tous

    les autres chelons de gouvernement et les populations

    participent. Elles doivent comprendre la nature et

    lampleur des ingalits en matire de sant au sein de

    leurs villes, slectionner les interventions prioritaires,

    puis les surveiller et en valuer les effets au fil du temps.

    DSAGREGR LES DONNESPOUR RVLER LA RALIT

    Il faut, pour commencer, disposer dune image prcise

    des problmes de sant et de leurs dterminants lint-

    rieur de la ville. Il convient pour ce faire de recourir

    des donnes dsagrges. En fonction du contexte, elles

    peuvent ltre suivant une distinction hommes/femmes,

    par tranche dge, selon les zones gographiques ou les

    quartiers de la ville, ou par catgorie socio-conomique.

    Une fois les informations rassembles, on peut les

    agencer de faon identifier les sous-groupes de popu-lation et les problmes de sant responsables des inga-

    lits en sant les plus marques en milieu urbain. Ces

    donnes dsagrges permettent galement dobserver

    lvolution de ces problmes sur la dure ou de procder

    des comparaisons entre villes. Elles peuvent provenir

    de sources locales aussi bien que nationales, mais, dans

    tous les cas, elles doivent prsenter un haut niveau de

    fiabilit, de transparence et dexhaustivit.

    Forts de ces informations, de multiples secteurs peuvent

    agir de manire coordonne sur le rseau complexe dedterminants de la sant pertinents. Les interventions

    porteront sur des domaines diffrents selon la nature

    des ingalits en sant et le mode dorganisation des

    pouvoirs publics, mais, classiquement, elles requirent la

    participation de reprsentants de plusieurs dpartements

    de ladministration municipale, de ministres nationaux,

    de la socit civile et du secteur priv. Des partenariats

    verticaux, entre autorits nationales, rgionales et

    locales, doivent tre complts par des partenariats

    horizontaux entre les parties prenantes au sein des

    villes. Les autorits locales sont souvent bien placespour mener le processus, mais il est crucial que poli-

    tiques nationales et mise en uvre locale concordent.

    Outre les partenariats intersectoriels, une action efficace

    contre les ingalits en sant suppose plusieurs condi-

    tions pralables : lengagement politique dun vaste

    ventail de responsables locaux, une vision commune

    soutenue par toutes les parties prenantes, des mca-

    nismes institutionnels qui renforceront la communica-

    tion et la collaboration intersectorielles existantes, ainsi

    que des interactions avec dautres acteurs, dans le paysou en dehors, susceptibles dappuyer les efforts grce

    leur expertise et leur exprience du terrain. Chacun de

    ces acteurs est essentiel la rduction durable des

    ingalits en sant.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XV

    OMS/AnnaKari

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    19/145

    DES DONNES FACTUELLES POUR AGIR

    Il convient de prendre en compte divers facteurs lorsque

    lon veut hirarchiser et dployer des interventions

    spcifiques. Si des dcisions peuvent tre prises partir

    de lexamen de profils des ingalits en sant, les inter-ventions retenues doivent tre ralisables, durables et

    fondes sur des donnes factuelles. Au lieu de ne

    sappuyer sur aucune donne factuelle pour prendre les

    dcisions, mieux vaut recourir aux meilleures donnes

    factuelles disponibles . Avec cette solution, on utilise

    les donnes factuelles dont on dispose mme si elles

    nont pas t produites suivant un protocole dtude

    rigoureux. Le choix des interventions repose aussi sur

    dautres considrations, notamment les capacits locales

    de mise en uvre, limpact probable, lacceptabilit et

    lappui politique.

    Il importe en outre de tenir compte de la population

    cible. Il existe trois grandes approches : a) cibler les

    catgories de population ou les classes sociales dfavo-

    rises, b) rduire les disparits en sant, ce qui revient

    se concentrer uniquement sur les citadins les mieux lotis

    et sur les plus dfavoriss, cest--dire sur les extrmes

    de lchelle sociale, et c) rduire les ingalits en sant

    dans lensemble de la population citadine, y compris au

    sein des classes moyennes.

    Beaucoup sont davis que le meilleur moyen de parvenir lquit en sant rside dans la troisime approche,

    savoir la rduction des ingalits dans lensemble de la

    population citadine. Nanmoins, la prudence est de

    mise, car certaines interventions ayant une influence

    positive sur la sant de la population en gnral pour-

    raient ne pas atteindre les catgories vulnrables, ce qui

    risquerait daccentuer les ingalits. Il est indispensable

    de procder une analyse minutieuse pour dterminer si

    les interventions prioritaires doivent tre conues de

    faon toucher uniquement les groupes de population

    dsavantags ou bien les habitants des villes dans leur

    ensemble. Quoi quil en soit, la solution retenue doit

    toujours viser la rduction des ingalits en sant au

    sein de la ville.

    INTERVENTIONS ET OUTILS

    Les domaines dintervention spcifiques couvrent la

    fois lenvironnement naturel et bti, lenvironnementconomique et social, la scurit et la qualit des

    aliments, ainsi que les services et la gestion des

    urgences sanitaires. La Face cache des villes propose

    des exemples pour chacun de ces domaines. Mme si

    laction initiale peut se cantonner tel ou tel domaine,

    il est crucial que gouvernants et dcideurs noublient

    jamais leur vision commune globale.

    Aprs la mise en uvre, il est ncessaire de procder

    un suivi et une valuation prcis afin de savoir si les

    activits en rapport avec lintervention ont t menes

    dans les dlais requis, si lon a pu disposer de tous leslments ncessaires pour aboutir aux effets dsirs, si

    les cibles ont t atteintes et si les rsultats viss ont

    t obtenus. Un mcanisme de partage des rsultats qui

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XVI

    UNP

    hoto/JawadJalali

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    20/145

    associe les partenaires de tous les secteurs et la popula-

    tion permet de renforcer la collaboration et de rester

    focalis sur les rsultats souhaits en termes dquit.

    Il convient de communiquer les rsultats disponibles et

    ceux qui se font jour dune manire qui soit comprhen-

    sible et utile pour les utilisateurs finals.

    Diffrents outils peuvent aider les pouvoirs publics et les

    responsables locaux dans ces processus. Simple dutilisa-

    tion et convivial, le nouvel outil de lOMS dnomm Urban

    HEART (outil dvaluation et dintervention pour lquit

    en sant en milieu urbain) peut tre utilis par un large

    ventail de personnes en vue dvaluer les ingalits

    dans le domaine de la sant et dy remdier. Il milite

    pour lutilisation des donnes dj disponibles, qui sontensuite dsagrges en fonction des catgories socio-

    conomiques et des zones gographiques ou des quartiers.

    Urban HEART se penche sur les dterminants de la santet leurs interactions dans de multiples domaines de la

    vie urbaine, et il encourage les ractions et les interven-

    tions qui seront tenables sur le long terme. Le logiciel

    UrbanInfo, dONU-Habitat, permet aux utilisateurs de

    stocker, danalyser et de communiquer des rsultats

    relatifs toute une gamme dindicateurs urbains, dfinis

    aussi bien lchelle mondiale que par lutilisateur. Il

    permet aussi dlaborer des tableaux, graphiques et

    cartes dans diverses langues, avec des intituls, des

    logos et des illustrations personnaliss. La Face cache

    des villes recense encore dautres outils et ressources.

    ConclusionLe nombre de personnes qui vivent en zone urbaine ne

    cesse de crotre. Au milieu du XXIe sicle, la population

    des villes aura quasiment doubl, passant denviron 3,4

    milliards dhabitants en 2009 6,4 milliards en 2050.

    Sur la mme priode, la population rurale va, linverse,

    dcliner partout dans le monde. La quasi-totalit de la

    croissance dmographique urbaine aura lieu dans les

    pays revenu faible ou intermdiaire. Certaines desvilles la croissance la plus rapide verront leur popula-

    tion doubler dans les sept prochaines annes.

    Globalement, lurbanisation offre aux pays opportunits,

    prosprit et sant, mais, paralllement, elle est source

    de disparits importantes et injustes dans ltat de sant

    des habitants des villes. Ces ingalits urbaines ne sont,

    pour lessentiel, pas immdiatement visibles. Pourtant,

    aux quatre coins du monde, certains citadins sont plus

    particulirement affects que dautres par un mauvais

    tat de sant, car ils ptissent dingalits imputables

    des disparits sociales et de conditions de vie. La triple

    menace que constituent les maladies infectieuses, les

    maladies et affections non transmissibles, ainsi que les

    traumatismes (notamment dus aux accidents de la route)

    et la violence, rsulte dune interaction complexe entre

    diffrents dterminants, dont des conditions de vie insa-

    lubres et des infrastructures et des services insuffisants.

    Au rythme actuel, les avances dans les interventions

    ciblant les citadins pauvres ont peu de chances de

    permettre aux pays datteindre la plupart des cibles des

    OMD en relation avec la sant.

    Les pouvoirs publics et les responsables locaux dsireux

    de rduire les ingalits en sant doivent tout dabord

    comprendre quels sont les citadins touchs par des

    problmes de sant, et pourquoi. Les donnes dsagr-

    ges sont essentielles dans cette optique. Des outils

    comme Urban HEART et UrbanInfo peuvent aider

    rassembler les donnes factuelles partir desquelles agir.Une fois que la nature et lampleur des ingalits en

    sant seront comprises, il sera possible de prendre des

    mesures dans plusieurs domaines. Diffrentes options

    seront alors envisageables : amliorer lenvironnement

    naturel et bti, lenvironnement social et conomique,

    la scurit et la qualit des aliments, ainsi que les

    services et la gestion des urgences sanitaires. Les

    priorits ne seront pas les mmes dune ville lautre,

    mais en tout tat de cause, les interventions retenues

    devront tre ralisables, durables et fondes sur des

    donnes factuelles.

    Quel avenir attend notre monde urbain, et les villes

    qui le constituent ? Les tendances passes peuvent

    nous livrer quelques indices utiles, mais il reste difficile

    de prvoir limpact de certains facteurs majeurs,

    qui faonneront le visage de nos villes : migrations,

    changements climatiques, mais aussi accs linforma-

    tion, technologie et mondialisation des marchs. Sans

    une planification ou une gouvernance adquates, les

    villes auront de plus en plus de mal proposer des

    terrains un prix abordables, des logements dcents et

    des services publics et de transport adquats. Dans cescnario, le sort des habitants des taudis nintressera

    toujours personne, et les disparits au sein des villes

    ne cesseront de saccentuer.

    Dans le mme temps, les villes offrent des opportunits

    substantielles pour demain. Les plus prospres seront

    celles qui auront su dfinir une vision durable et globale,

    et crer de nouvelles institutions, ou renforcer celles en

    place, afin de donner corps cette vision. Pour ce faire,

    elles devront rechercher de nouveaux modes de coopra-

    tion troite avec les autorits rgionales et centrales,

    ainsi quavec dautres acteurs, tels que le secteur priv,

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    XVII

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    21/145

    tout en veillant une distribution quitable des oppor-

    tunits et la prennit du dveloppement.

    Si rien nest encore jou, lavenir renferme la fois un

    risque et une promesse.

    Le risque, si nous nagissons pas, est de voir les

    ingalits se rpandre encore parmi les citadins,

    avec davantage de souffrances dcoulant de maladies

    et autres problmes de sant, alors quelles taient

    vitables. Ces souffrances empcheront les paysdatteindre les objectifs du Millnaire pour le dveloppe-

    ment et de raliser pleinement leur potentiel cono-

    mique et humain. De lautre ct, il y a la promesse

    de villes saines pour tout le monde. Lquit en sant

    est avant tout une affaire de justice sociale, et un

    indicateur de la capacit des villes offrir leurs

    habitants les conditions ncessaires leur sant et

    leur bien-tre, et de les aider concrtiser leurs

    aspirations et leurs talents.

    Cette promesse pourra devenir ralit partir du moment

    o nous rorienterons nos approches traditionnelles.

    Cela suppose de reconnecter le secteur public de la

    sant et lurbanisme au sein dun cadre de gouvernance

    urbaine plusieurs niveaux. La Face cache des villes

    montre quel rle majeur peuvent endosser les responsa-

    bles municipaux et les autorits locales pour combiner

    les talents et les pouvoirs de tous les secteurs en uneffort coordonn de lutte contre les ingalits urbaines.

    Il ne tient qu nous que se concrtise soit ce risque soit

    cette promesse. Il est de notre responsabilit collective

    de veiller ce que les villes soient des lieux de vie sains

    pour tout un chacun, aujourdhui et demain. Nous

    devons tous agir pour que cela devienne ralit.

    SYNTHSELA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN.

    XVIII

    RaijaYlonen/SXC.hu

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    22/145

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

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    En 1990, moins de 4 habitants de la plante sur 10 taient des citadins. En 2010, plus dela moiti de la population vit dans des villes, et dici 2050, cette proportion sera passe 7 sur 10. La majeure partie de cette croissance explosive a lieu dans les pays en dvelop-pement, o les municipalits et autres autorits sont souvent dbordes par cettepousse dmographique et se dbattent pour y faire face.

    Dans le monde entier, les villes modernes sont les centres de lactivit conomique. Leursgratte-ciel et leurs marchs anims tmoignent de leur rle moteur pour le dveloppement.Globalement, lurbanisation est source dopportunits, de prosprit et de sant pour les pays.

    Dans le mme temps, les villes modernes regorgent de zones dombre. Au-del des gratte-ciel, derrire les marchs anims, personne ne voit comment vivent vraiment les citadins.Cest particulirement vrai de ceux qui vivent dans des bidonvilles ou dans des habitatsinformels, et qui sont souvent exclus des estimations du dveloppement conomique et dela sant en milieu urbain. Si lon se fie aux moyennes calcules pour les villes, au lieudexaminer les diffrences entre les quartiers et les sous-catgories de population urbaine,on ne fait que masquer davantage les ingalits qui rgnent au sein des villes.

    Les dernires sections de ce rapport exposeront au grand jour cette face cache des villes. LaPartie Un fait le point sur ltat des connaissances sur ce sujet. Le monde est urbanis et vale devenir plus encore. Laugmentation rapide des populations citadines va compter parmi lesprincipaux problmes de sant mondiaux du XXIe sicle. Les villes offrent leurs rsidentsdes opportunits uniques de sinstruire, de bnficier de services sanitaires et sociaux et

    doptimiser leur sant et leur qualit de vie. Dans le mme temps, les risques pour la sant,tels que de mauvaises conditions de logement, labsence daccs leau potable et lassai-nissement et les rcessions conomiques, favorisent une multitude de problmes de sant.De plus, si rien nest fait pour y remdier, le changement climatique va multiplier les risquesplanant sur la sant des citadins en raison des vagues de chaleur, des temptes et des altra-tions du climat quil provoque. Pendant ce temps, pris de court par la rapidit de lessordmographique, les services de sant de nombreux environnements urbains sont mal quipspour grer les menaces actuelles sur la sant publique et pour parer celles qui se prparent.

    Chapitre 1. Lessor des villes modernes

    Chapitre 2. La sant en milieu urbain

    PRINCIPAUX MESSAGES DE LA PARTIE UN :

    Pour la premire fois dans lhistoire de lhumanit, la majorit de la population mondialevit dans des zones urbaines, et cette proportion ne cesse de crotre.

    Les villes concentrent les opportunits, les emplois et les services, mais galement lesrisques et les dangers pour la sant.

    Lexpansion rapide de la population citadine comptera parmi les principaux problmes desant mondiaux du XXIe sicle.

    Dbords par le rythme de la croissance urbaine, les pouvoirs publics nont pas lacapacit de construire linfrastructure de base, si bien quun citadin sur trois vit dans un

    taudis ou dans un tablissement informel.

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    24/145

    Le prsent chapitre tudie les tendances et les projections delaugmentation rapide de la population citadine dans le mondeentier, ainsi que certaines des consquences de ce phnomne.

    PARTIE UN. LAUBE DUN MONDE URBAINLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    3

    WilliamP

    icard/SXC.hu

    CHAPITRE 1

    LESSOR DES VILLESMODERNES

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    25/145

    Dmographie ettendances delurbanisationPour la premire fois dans lhistoire de lhumanit, la

    majorit de la population mondiale vit dans des zones

    urbaines, et cette proportion ne cesse de crotre. Ce

    nest quil y a quelques annes que la population

    mondiale urbaine a dpass la population rurale. Il y a

    cent ans, seules 2 personnes sur 10 vivaient en ville. En

    2030, cette proportion stablira 6 sur 10, avant de

    passer 7 sur 10 dici 2050. Selon les projections, la

    quasi-intgralit de la croissance dmographique des

    trente prochaines annes aura lieu dans les zones

    urbaines. Chaque anne, la population urbaine saccrot

    de prs de 60 millions de personnes1.

    mesure que les tres humains voluent, leur environ-

    nement de vie et de travail volue aussi. Contrairement

    aux environnements ruraux agraires, les villes se carac-

    trisent par une production de masse, des entreprises de

    services et des marchs. Leur chelle, leur densit, ainsi

    que la diversit de leurs catgories sociales, culturelles

    et ethniques les dmarquent des zones rurales. Mais les

    aspects visibles de cet environnement de vie et de

    travail ne sont pas les seuls changer. Leurs qualits

    intangibles, tels que les actifs intellectuels, la crati-

    vit, lanimation et lidentit commune, voluent

    galement. De manire gnrale, les citadins ont

    davantage de choix et dopportunits que leurs anctres

    nen ont jamais eus.

    EXPLIQUER LURBANISATION

    Le terme urbanisation dsigne laugmentation gnralede la proportion de la population vivant en zone

    urbaine, de mme que le processus par lequel un grand

    nombre de personnes se concentrent de manire perma-

    nente dans des zones relativement restreintes, formant

    des villes2. Si la dfinition prcise de urbain diffre

    dun pays lautre, dans toutes les rgions, lurbanisa-

    tion se caractrise par un basculement dmographique

    des zones rurales vers les villes, par une croissance de la

    population urbaine et par une volution globale de

    lconomie, qui se dtourne de lagriculture pour

    sorienter vers lindustrie, la technologie et les services.

    TENDANCES ETPROJECTIONS MONDIALES

    Lurbanisation sest acclre lorsque la mondialisation

    a diffus lindustrie et la technologie jusquaux confins

    de la plante. Par exemple, sil a fallu Londres prs de130 ans pour passer de 1 8 millions dhabitants,

    Bangkok a fait ce bond en 45 ans, et Soul en 25 ans

    seulement3. lchelle plantaire, la croissance urbaine

    a atteint son point culminant pendant les annes

    1950, avec un rythme de progression dmographique

    de plus de 3% par an4.

    Au milieu du XXIe sicle, la population urbaine aura

    presque doubl, et sera passe denviron 3,4 milliards

    dhabitants en 2009 6,4 milliards en 2050. En

    revanche, les populations rurales marqueront un dclin

    dans le monde entier sur cette mme priode.

    Malgr cet essor spectaculaire du nombre total des

    citadins, le rythme global de lurbanisation ne sacclre

    pas. lchelle mondiale, on table sur une croissance de

    la population urbaine avoisinant les 1,5 % par an entre

    2025 et 20305.

    Avec lurbanisation de la plante, les tres humains

    continueront de vivre dans des villes de toutes tailles, et

    dont la rpartition selon la taille suivra le mme schma

    quaujourdhui6. lheure actuelle, prs de la moiti des

    citadins vivent dans des villes de 100 000 500 000habitants, tandis que moins de 10 % dentre eux

    rsident dans des mga-villes (dfinies par ONU-Habitat

    comme des villes comptant plus de 10 millions dhabi-

    tants)1. Toutefois, en bien des endroits, les villes fusion-

    neront pour crer des tablissements urbains dune

    chelle indite. Ces nouvelles configurations prendront

    la forme de mga-rgions, de couloirs urbains et de

    villes-rgions, donnant ainsi naissance un nouveau

    paysage et une nouvelle hirarchie urbaine.

    Aujourdhui, les mga-rgions regroupent davantage depopulation que les mga-villes. Ces mga-rgions sont

    des units conomiques naturelles qui rsultent de la

    croissance, de la convergence et de ltalement territo-

    rial de zones mtropolitaines et dautres agglomra-

    tions gographiquement lies7. Elles grossissent

    nettement plus vite que la population totale des pays

    dans lesquels elles sont situes8. En Chine, la popula-

    tion de la mga-rgion de Hong Kong-Shenzhen-

    Guangzhou, par exemple, compte environ 120 millions

    de personnes, et on estime quau Japon, la conurbation

    de Tokyo-Nagoya-Osaka-Kyoto-Kobe totalisera 60

    millions dhabitants en 20151,9.

    CHAPITRE 1. LESSOR DES VILLES MODERNESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    4

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    26/145

    Dans les couloirs urbains, des centres-villes de diff-

    rentes tailles sont relis le long des axes de transport.

    En Afrique, le couloir urbain Ibadan-Lagos-Accra, qui

    stend sur environ 600 km et traverse quatre pays,

    constitue le moteur de lconomie rgionale de

    lAfrique de lOuest10. En Inde, le couloir qui est en

    train de se dvelopper entre Mumbai et Delhi couvrira

    plus de 1 500 km du port de Jawaharlal Nehru (Navi

    Mumbai) Dadri puis Tughlakabad (Delhi)1,11. Les

    couloirs urbains changent la fonctionnalit des petites

    et des grandes villes, voire des mtropoles, et accl-

    rent la croissance du commerce et le dveloppement

    de limmobilier, renchrissant le prix des terrains

    situs le long de leurs zones de dveloppement, qui se

    droulent comme un ruban.

    un autre niveau, des villes-rgions se dveloppent

    car les grandes villes dbordent de leurs frontiresadministratives et absorbent des localits plus petites,

    les zones semi-urbaines et rurales avoisinantes, et

    fusionnent parfois avec dautres villes de taille inter-

    mdiaire. De nombreuses villes-rgions ont enregistr

    une croissance norme sur les 20 30 dernires

    annes. Ainsi, en Thalande, la grande rgion de

    Bangkok devrait stendre sur 200 km de plus partir

    de son centre actuel dici 2020, et sa population

    dpassera largement les 17 millions dhabitants quelle

    compte aujourdhui. Au Brsil, la mtropole de So

    Paulo couvre dj plus de 8 000 km, avec une popula-

    tion de 16,4 millions dhabitants6. En Afrique du Sud,

    la ville-rgion du Cap stend jusqu 100 km si lon

    compte la distance que les habitants doivent parcourir

    chaque jour pour se rendre leur travail12.

    La priurbanisation, encore appele talement urbain,

    est galement en train de gagner du terrain dans le

    monde entier. Elle se caractrise par une population qui

    est largement disperse dans des zones rsidentielles

    faible densit, par une sparation des zones commer-

    ciales et rsidentielles, par un rseau de routes formes

    de longs tronons et difficilement accessibles, ainsi quepar labsence dun centre dactivit anim et bien dfini,

    analogue ceux des centres-villes. De plus, ltalement

    urbain saccompagne souvent dune dpendance

    excessive vis--vis du transport motoris, les autres

    solutions de transport faisant dfaut, ainsi que despaces

    peu accueillants pour les pitons. Dans la plupart des

    cas, ltalement urbain renchrit le cot de linfrastruc-

    ture publique. Les zones mtropolitaines tales

    consomment beaucoup plus dnergie que les villes

    compactes et ncessitent davantage de matriaux tels

    que le mtal, le bton et lasphalte car les habitations,

    les bureaux et les services publics sont plus loigns13.

    LA CROISSANCE URBAINE NESTPAS UNIFORME

    Les tendances de lurbanisation varient suivant les rgions

    du globe. Certaines villes et rgions connaissent une crois-

    sance rapide, tandis que dautres voient leur populationdcliner. lheure actuelle, lAfrique et lAsie sont les

    rgions les moins urbanises, puisque respectivement 40

    et 42 % de leur population vivent dans des zones

    urbaines. Pourtant, dici 2050, leur population citadine

    ressortira 62 % en Afrique et 65 % en Asie5. Pendant

    ce temps, en Europe, plus de la moiti de toutes les villes

    devraient enregistrer une diminution de leur population au

    cours des 20 prochaines annes.

    La quasi-totalit de la croissance de la population urbaine

    au cours des 30 prochaines annes aura lieu dans lesvilles des pays en dveloppement. Entre 1995 et 2005, la

    population urbaine des pays en dveloppement a

    augment en moyenne de 1,2 million de personnes par

    semaine, soit environ 165 000 personnes par jour14. On

    estime quau milieu du XXIe sicle, la population urbaine

    de ces pays aura plus que doubl, passant de 2,5 milliards

    en 2009 prs de 5,2 milliards en 20505. Nanmoins, en

    moyenne, le taux de croissance de la population urbaine

    ralentit dans les pays en dveloppement : dun rythme

    annuel denviron 4 % entre 1950 et 1975, on projette

    quil stablira 1,55 % par an entre 2025 et 20505.

    En revanche, dans le monde dvelopp, la population

    urbaine totale devrait rester largement inchange sur les

    deux prochaines dcennies, passant de 920 millions de

    personnes en 2009 un peu plus de 1 milliard en 20255.

    Limmigration, lgale et clandestine, reprsentera plus

    des deux tiers de cette progression dans les pays

    revenu lev. Sans limmigration, la population citadine

    de ces pays stagnerait, voire reculerait probablement

    dans les prochaines dcennies.

    Dans les pays en dveloppement, la croissance urbaineest loin dtre uniforme, et ces disparits ne feront que

    saccentuer lavenir. Si lon table sur des taux de crois-

    sance levs dans environ la moiti des zones urbaines

    au cours des 20 prochaines annes, 16 % des zones

    urbaines enregistreront un ralentissement de leur taux de

    croissance, et 11 % assisteront mme un recul de leur

    population, et, trs probablement, de leur conomie15.

    Des villes telles que Phnom Penh (Cambodge), Tijuana

    (Mexique), Marrakech (Maroc) et Lagos (Nigeria)

    devraient continuer de crotre un rythme annuel situ

    autour de 4 %, doublant ainsi leur population sur les

    CHAPITRE 1. LESSOR DES VILLES MODERNESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

    5

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    27/145

    17 prochaines annes. Certaines villes de Chine, telles

    que Shenzhen et Xiamen, afficheront, elles, des taux de

    croissance annuels suprieurs 10 %, et multiplieront

    leur population par deux environ tous les sept ans15.

    Pendant ce temps, dautres villes situes dans des pays

    en dveloppement devraient voir leur populationdcliner. Il sagit de La Paz (tat plurinational de

    Bolivie), de Belo Horizonte (Brsil), de Dengzhou

    (Chine), de Madurai (Inde), de Bandung (Indonsie), de

    San Luis Potosi (Mexique), de Rabat (Maroc) et de

    Manille (Philippines). Dans ces villes, les habitants

    partiront et laisseront derrire eux des maisons inoccu-

    pes, des commerces vacants, des infrastructures inutili-

    ses et des quartiers labandon16,17.

    Lamnagement du territoire des villes et des rgions

    devra passer par des mthodes et des techniquesnouvelles, qui permettront de ragir au dveloppement

    urbain, lexpansion et aux impratifs de la gestion

    de la croissance, mais aussi au dclin dmographique

    ou lmigration. Il conviendra alors dassocier une

    planification intelligente de la croissance une plani-

    fication intelligente de la contraction si lon veut

    favoriser un dveloppement urbain et rgional plus

    durable et quilibr.

    Les bienfaits delurbanisationPour les riches comme pour les pauvres, et dans les pays

    dvelopps comme en dveloppement, les villes offrent

    leurs rsidents des opportunits uniques damliorer leur

    revenu, de se mobiliser autour dune action politique, de

    sinstruire et de bnficier de services sanitaires et

    sociaux. La densit des environnements urbains se prte

    la construction de logements, de rseaux de transport

    et autres infrastructures physiques plus efficients etrespectueux de lenvironnement.

    Par ailleurs, lurbanisation est lie au dveloppement

    conomique. La plupart des pays urbaniss affichent des

    revenus suprieurs, des conomies plus stables et des

    institutions plus solides, et sont mieux pars pour faire

    face aux chocs et la volatilit de lconomie mondiale.

    Inversement, la plupart de pays enregistrant un revenu par

    habitant lev comptent parmi les plus urbaniss, tandis

    que la plupart de pays faible revenu par habitant se

    classent parmi les moins urbaniss. Dans les pays dve-

    lopps et en dveloppement, les villes gnrent une part

    non ngligeable du produit intrieur et de la richesse

    nationale, et crent des opportunits de dveloppement,

    des emplois et des investissements. Dans les annes

    venir, les villes devraient occuper une plus grande place en

    tant que moteurs de la croissance et du dveloppement

    national, surtout si elles font partie des agglomrations

    urbaines telles que les mga-rgions ou les couloirs

    urbains. lavenir, dveloppement rgional et dveloppe-

    ment urbain seront plus troitement lis, si bien que les

    villes prospres seront situes dans les rgions prospres.

    Lurbanisation nest pas seulement bnfique au dve-

    loppement conomique, elle peut aussi avoir des cons-

    quences favorables sur le plan social et sanitaire. Les

    populations urbaines sont gnralement mieux loties

    que les habitants des zones rurales : elles ont plus faci-

    lement accs aux services sociaux et sanitaires, et bn-

    ficient dun meilleur taux dalphabtisation ainsi quedune esprance de vie plus longue18.

    Dans le monde entier, de nombreuses villes capitalisent

    sur les opportunits offertes par lurbanisation pour se

    doter dun environnement plus propice la sant. Dans

    toutes les rgions de lOrganisation mondiale de la Sant

    (OMS), des rseaux villes-sant sont organiss. Lancs

    par le Bureau rgional de lEurope de lOMS en 1986, ces

    rseaux rassemblent aujourdhui des milliers de villes, de

    mtropoles et de rgions dans des dizaines de pays du

    monde entier19

    . Certains de ces rseaux sont propres unpays, et dautres sont rgionaux. Gnralement, chaque

    rseau labore sa propre mthode, en fonction des

    besoins et des proccupations locaux (encadr 1.1), mais

    tous partagent un mme principe : la ville constitue un

    cadre essentiel pour la promotion de la sant, un lieu o

    lenvironnement favorise la sant, o les autorits muni-

    cipales, rgionales, provinciales et nationales dfinissent

    et mettent en uvre des mesures favorables la sant et

    o les citoyens participent la cration de quartiers et

    de villes o ils vivront en bonne sant grce une

    meilleure matrise de la sant et de ses dterminants

    Les dfis dunecroissance rapideet anarchiqueMalgr les opportunits et les avantages quelles offrent,

    bien des villes gnrent des ingalits, diverses formes

    dexclusion et de marginalisation ainsi que de graves

    problmes environnementaux.

    CHAPITRE 1. LESSOR DES VILLES MODERNESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

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  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

    28/145

    Une croissance dmographique rapide peut peser sur la

    capacit de la municipalit surveiller la qualit de

    lair et de leau, fournir des services dassainissement,

    veiller lapprovisionnement alimentaire et

    prserver la salubrit des aliments ainsi que la qualit

    des soins de sant dispenss par le secteur public

    comme priv. Les logements insalubres, les problmes

    de salubrit des aliments et de leau, lencombrement

    de la circulation routire, la pollution atmosphrique

    et la dlinquance sont alors monnaie courante.

    Bien souvent, la croissance est si rapide que les

    responsables municipaux de lurbanisme ignorent

    mme le nombre dhabitants dans leur ville, leur

    adresse et le type daide dont ils ont besoin. Du fait

    de cette absence des informations les plus lmen-

    taires, il arrive que les ressources publiques nattei-

    gnent jamais ceux qui en ont le plus besoin.

    Une urbanisation rapide et anarchique contribue

    galement la pauvret urbaine, laquelle est en train de

    devenir une caractristique grave, trs rpandue et

    largement ignore de la vie urbaine. On peut en effet

    trouver de la pauvret dans toutes les rgions du globe,

    y compris dans les villes de Sude, du Royaume-Uni et

    des tats-Unis dAmrique20. Dans de nombreux pays

    revenu faible ou intermdiaire, les citadins pauvres

    vivent surtout dans les bidonvilles trs tendus.

    CHAPITRE 1. LESSOR DES VILLES MODERNESLA FACE CACHE DES VILLES : METTRE AU JOUR ET VAINCRE LES INGALITS EN SANT EN MILIEU URBAIN

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    VILLES-SANT EN AFRIQUE.Introduit en 1999, le rseau villes-

    sant reste relativement rcent enAfrique. Bien que ses activits soientlimites des projets isols, il nendgage pas moins des rsultatsencourageants pour le dveloppe-ment venir du programme. EnAfrique, de nombreux projets villes-sant visent amliorer les condi-tions de vie et la sant des citadinspauvres. Ces projets soccupent engnral des besoins urgents de lapopulation, par exemple laccs leau et lassainissement.

    VILLES-SANT DANS LESAMRIQUES. Depuis plus de 20 ans,

    lOMS fait la promotion de linitia-tive Municipalits-sant enAmrique latine. Ce mouvement estn de la ncessit de traiter effica-cement les dterminants cono-miques, sociaux et politiques de lasant. Il doit lessentiel de sonsuccs au travail en rseau auniveau des rgions, ainsi quaupartage du savoir et de lexprienceentre les communes et les pays.

    VILLES-SANT EN ASIE DUSUD-EST. Le programme villes-santde lOMS a t lanc en Asie du Sud-Est en 1994. En 2003, 40 villes de

    la rgion y participaient. Leprogramme villes-sant estdsormais relay par linitiativeenvironnements-sant (HealthySettings). Les mesures prises danstous les contextes sont guides parune apprciation des interactionscomplexes entre les tablissementshumains et la sant.

    VILLES-SANT EN EUROPE. Lerseau europen des villes-santrassemble plus de 1 300 villes danstoute la rgion, lesquelles ont

    toutes pris des engagements dansles domaines de la sant et dudveloppement durable. Ces villessont admises au sein du rseaueuropen de lOMS sur la base decritres renouvels tous les cinqans. Chaque phase quinquennalesattache un ensemble de prioritset est lance par une dclarationpolitique nonant une srie dob-jectifs stratgiques. La Phase V(20092013) a ainsi retenu pourobjectif premier la sant et lquiten sant dans toutes les mesures dela politique locale.

    VILLES-SANT EN MDITERRANEORIENTALE. Dans la rgion de laMditerrane orientale, des projetsvilles-sant sont mis en uvre enArabie saoudite, Bahren, en Iraq, Oman, au Pakistan, en Rpubliqueislamique dIran, en Somalie, auSoudan et en Tunisie et couvrent unepopulation de prs de 13 millions depersonnes. Nombre de ces projets

    cherchent amliorer le rgimealimentaire des citadins, ce quipermettra de rduire lincidence dudiabte, de lhypertension et dautres

    affections induites par lalimenta-tion, comme les maladies cardio-vasculaires et le cancer.

    VILLES-SANT DANS LEPACIFIQUE OCCIDENTAL. Leprogramme villes-sant de lOMS at adopt dans la rgion duPacifique occidental en 1992.Actuellement, quelque 170 villes decette rgion sont en train de mettreen uvre des projets villes-sant.LOMS apporte ainsi son concours llaboration de 18 projets auCambodge, en Chine, en Malaisie, enMongolie, en Rpublique de Core,en Rpublique dmocratiquepopulaire lao, aux Philippines et auViet Nam. LAlliance des villes-santa t cre en 2003 et regroupe desvilles et dautres organisationsattaches linitiative villes-sant.Ce rseau, qui comptait 25 villes audpart, en runit aujourdhui 120,auxquelles sajoutaient en dcembre2008 des organisations de 10 pays.

    ENCADR 1.1LES VILLES-SANT DANS LE MONDE(PAR RGION DE LOMS)

    KursadKeteci/SXC.hu

  • 8/21/2019 La Face Cache Des Villes

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    Aujourdhui, on estime que 828 millions de personnes,soit un tiers de la population urbaine de la plante,

    vivent dans des taudis. Dans leur grande majorit (plusde 90 %), ces taudis sont situs dans les pays en dve-

    loppement. Ce sont frquemment les villes enregistrantlessor le plus rapide qui affichent les plus fortes

    concentrations de ces tablissements informels14.

    Les habitants des taudis souffrent souvent dune

    prcarit sociale et conomique qui se manifeste par

    diverses formes de carences (matrielles, physiques,

    sociales et politiques). Lencadr 1.2 dcrit ce sujet les

    bidonvilles de Nairobi, au Kenya21. Ces habitants vivent

    dans des logements surpeupls et mal construits, souvent

    sur des terrains dont les droits de proprit ne sont pas

    dfinis. Leur sant est mise ma