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1 La fécondation La fécondation désigne la fusion d'une spermatozoïde avec un gamète femelle : ce dernier peut participer à la fécondation sans pour autant avoir achevé sa maturation. Cette fusion est suivie de l'amphimixie, cad de la fusion des noyaux : on a alors formation d'un zygote. La fécondation permet donc le passage de l'haplophasie à la diplophasie, et dans le cas général, elle assure le rétablissement de la diploïdie de l'espèce (c'est donc l'événement complémentaire de la méiose). La pénétration spermatique active l'œuf et permet ainsi la mise en route du développement embryonnaire : c'est à ce moment-là que le sexe génétique de l'individu est déterminé chez la plupart des espèces. I) Les modalités de la fécondation La fécondation se fait toujours en milieu aqueux : ce sera en présence d'eau s'il s'agit d'espèces aquatiques et généralement ovipares, auquel cas la fécondation est externe. Cependant, elle pourra également se faire en présence de sécrétions des voies génitales femelles chez tous les vivipares et chez tous les ovipares terrestres, auquel cas la fécondation est interne. 1) La fécondation externe La plupart des Invertébrés et Vertébrés anamniotes ont recours à la fécondation externe. Ils devront alors lutter contre de nombreux problèmes, et ont développé en réponse différentes stratégies pour se reproduire. Par exemple, les Oursins vivent en général en colonies mais ce sont des individus fixés : la rencontre des gamètes implique donc que les individus soient proches, et que les gamètes (mâle et femelle) soient émis au même moment et en grand nombre. On peut comprendre que le grand nombre est nécessaire, puisqu'il faut que les gamètes aient une probabilité non négligeable de se rencontrer, afin d'assurer la perpétuation de l'espèce. 2) La fécondation interne elle implique forcément la différenciation d'organes copulateurs mâles, grâce auxquels le sperme pourra passer dans les voies génitales femelles. Dans quelques cas, bien que le mâle ne possède pas d'organe copulateur, la fécondation sera tout de même interne, mais on parle alors de fécondation pseudo-interne. C'est par exemple le cas chez les Batraciens Urodèles, où le sperme est déposé dans ou au sommet d'un spermatophore (selon l'espèce) :ce dernier sera récupéré par la femelle et c'est pour cela que l'on ne parle pas de fécondation interne au sens strict. La fécondation interne implique cependant le rapprochement des partenaires sexuels : pour faciliter ce phénomène, il existe des signaux vocaux (chant des Batraciens, miaulements…) mais aussi visuels (paon par exemple) et de nature hormonale (émission de phéromones).

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La fécondation La fécondation désigne la fusion d'une spermatozoïde avec un gamète femelle : ce dernier peut

participer à la fécondation sans pour autant avoir achevé sa maturation. Cette fusion est suivie de l'amphimixie, cad de la fusion des noyaux : on a alors formation d'un zygote. La fécondation permet donc le passage de l'haplophasie à la diplophasie, et dans le cas général, elle assure le rétablissement de la diploïdie de l'espèce (c'est donc l'événement complémentaire de la méiose).

La pénétration spermatique active l'œuf et permet ainsi la mise en route du développement embryonnaire : c'est à ce moment-là que le sexe génétique de l'individu est déterminé chez la plupart des espèces.

I) Les modalités de la fécondation La fécondation se fait toujours en milieu aqueux : ce sera en présence d'eau s'il s'agit d'espèces

aquatiques et généralement ovipares, auquel cas la fécondation est externe. Cependant, elle pourra également se faire en présence de sécrétions des voies génitales femelles chez tous les vivipares et chez tous les ovipares terrestres, auquel cas la fécondation est interne.

1) La fécondation externe

La plupart des Invertébrés et Vertébrés anamniotes ont recours à la fécondation externe. Ils

devront alors lutter contre de nombreux problèmes, et ont développé en réponse différentes stratégies pour se reproduire.

Par exemple, les Oursins vivent en général en colonies mais ce sont des individus fixés : la rencontre des gamètes implique donc que les individus soient proches, et que les gamètes (mâle et femelle) soient émis au même moment et en grand nombre. On peut comprendre que le grand nombre est nécessaire, puisqu'il faut que les gamètes aient une probabilité non négligeable de se rencontrer, afin d'assurer la perpétuation de l'espèce.

2) La fécondation interne

elle implique forcément la différenciation d'organes copulateurs mâles, grâce auxquels le

sperme pourra passer dans les voies génitales femelles. Dans quelques cas, bien que le mâle ne possède pas d'organe copulateur, la fécondation sera tout de même interne, mais on parle alors de fécondation pseudo-interne. C'est par exemple le cas chez les Batraciens Urodèles, où le sperme est déposé dans ou au sommet d'un spermatophore (selon l'espèce) :ce dernier sera récupéré par la femelle et c'est pour cela que l'on ne parle pas de fécondation interne au sens strict.

La fécondation interne implique cependant le rapprochement des partenaires sexuels : pour faciliter ce phénomène, il existe des signaux vocaux (chant des Batraciens, miaulements…) mais aussi visuels (paon par exemple) et de nature hormonale (émission de phéromones).

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II) Les principales étapes de la fécondation La fécondation fait intervenir au minimum 4 étapes, que l'on va détailler d'une après l'autre : - reconnaissance et adhérence des gamètes - traversée de la ou des enveloppes protectrices de l'œuf par le spermatozoïde - fusion des membranes plasmiques des gamètes - amphimixie (= caryogamie) après activation du métabolisme du gamète femelle.

1) Les enveloppes de l'œuf Le gamète femelle est très souvent entouré d'enveloppes protectrices, mais on en distingue 2

grands types. On a en premier des enveloppes primaires généralement mises en place dans l'ovaire par le gamète femelle seul ou par le gamète et les cellules somatiques qui l'entoure. Ces enveloppes portent des noms différents selon les espèces :

- membrane vitelline chez l'Oursin et les Batraciens - zone ou membrane pellucide chez les Mammifères - chorion chez certains Poissons et les Batraciens (dans ce cas, chorion = mb vitelline) On peut également avoir ajout d'une ou plusieurs membranes secondaires : elle sont

généralement mises en place pendant le transit de l'œuf dans les voies génitales femelles. Là encore elles portent plusieurs noms selon les espèces :

- gangue, qui est souvent gélatineuse → on en retrouve 2 types chez les batraciens : une gangue individuelle constituée de plusieurs couches et une gangue assurant l'adhésion à d'autres œufs et au substrat

- chorion chez certains Poissons et chez les Insectes : c'est une membrane difficile à traverser, mais elle est percée d'un micropyle par lequel pénètre le spermatozoïde.

- membrane coquillière et coquille calcaire chez les Sauropsidés : la fécondation, si elle est interne, se fera dans les parties hautes de l'oviducte, avant le dépôt de ces membranes secondaires.

2) Reconnaissance et adhérence des gamètes

a) Généralités

A priori, on va avoir libération de plusieurs type de spermatozoïdes à proximité d'un ovule, appartenant à la même ou à une autre espèce. On a montré que les spermatozoïdes sont recouverts par de nombreuses protéines de liaison qui reconnaissent des récepteurs situés sur les membranes protectrices de l'œuf.

Si le spermatozoïde possède un acrosome, c'est lors de la traversée des enveloppes que se fera la réaction acrosomique (= acrosomiale = acrosomienne) : les enzymes acrosomiales, et en particulier les protéases et les hydrolases, sont libérées et assurent la lyse des constituants macromoléculaires des enveloppes. Cela permet le rapprochement progressif du spermatozoïde et de la membrane plasmique du gamète femelle.

Les modalités de la réaction acrosomiale dépendent de l'espèce considérée, notamment du fait de la morphologie et de la composition variable du spermatozoïde. On va développer le cas d'un Vertébré aquatique à fécondation externe, l'oursin, et le cas d'une Vertébré terrestre à fécondation interne, la souris.

b) Chez l'Oursin

Par une série d'expériences, on a montré que l'on avait une véritable attraction du spermatozoïde par le gamète femelle par le biais d'une substance chimique : on parle de chimiotactisme, qui existe en réalité chez toutes les espèces aquatiques.

On peut parler d'ovule d'oursin car le gamète femelle participe à la fécondation alors que la phase de maturation est terminée. L'attraction se fera par un peptide émanant de la gangue (appelée

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aussi gelée) : il a été caractérisé chez Arbacia punctulata où on l'appelle resact (14aas). En fonction de l'espèce d'oursin, le resact sera composé d'un nombre variable d'aas : ainsi chez Strongylocentrotus purpuratus, il compte 77 aas.

Tous les peptides agissent de la même manière : ce sont des activateurs des spermatozoïdes, car ils provoquent une stimulation de la chaîne respiratoire. On a donc production d'une grande quantité d'ATP à partir des mitochondries de la pièce intermédiaire, ce qui a une répercussion sur la mobilité du spermatozoïde et sur l'orientation du mouvement.

Au niveau de la membrane plasmique de la tête du spermatozoïde, on retrouve de très nombreux récepteurs, dont celui du resact. C'est également dans la tête du spermatozoïde que l'on trouve le granule acrosomien et le matériel péri-acrosomien. Entre l'acrosome et le noyau, on peut localiser des molécules d'actine sous forme globulaire, couplée à une protéine qui semble inhibitrice.

Après la reconnaissance médiée par le resact, on va observer la réaction acrosomique, qui

semble déclenchée par un glucide de la gelée. On peut alors observer la fusion de la membrane plasmique du spermatozoïde avec la membrane acrosomienne externe : on a ainsi création de vésicules et de pores. Les enzymes contenues dans l'acrosome sont libérées et vont aller digérer la gangue, qui représente le 1e obstacle à la fécondation.

Suite à ce processus de vésiculisation, on assiste au découplage de l'actine et de sa protéine

"inhibitrice", grâce à d'autres enzymes : l'actine peut ainsi se polymériser. On a formation de tubules d'actine qui vont se polymériser entre eux pour constituer le processus acrosomial.

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Grâce à ce phénomène, on a comme une évagination de la membrane acrosomiale interne, et les molécules qui étaient accolées à l'hémi-membrane interne se retrouve en périphérie du filament acrosomien. Ces molécules sont principalement des bindines, cad des protéines de liaison à la membrane vitelline. Elles possèdent plusieurs domaines de liaison à ses récepteurs, mais dans tous les cas, un de ces sites sera spécifique de l'espèce. Chez Strongylocentrotus, les bindines sont de petites molécules (PM = 30,5 kDa) mais leurs récepteurs sont des glycoprotéines de PM égal à 350kDa.

Finalement, tous ces phénomènes se font plus ou moins en même temps : pendant la traversée

de la gangue grâce à des enzymes acrosomiales, on assiste à l'évagination des bindines. L'adhérence entre les 2 gamètes sera alors assuré par la liaison de ces bindines avec leurs récepteurs glycoprotéiques situés sur la membrane vitelline. Après formation de ce complexe, le processus acrosomien s'approche de la membrane plasmique de l'œuf, et on pourra assister à la fusion de la membrane acrosomienne interne et de la membrane plasmique de l'ovocyte.

L'œuf va réagir à cette fixation : les micro-villosités de l'ovule vont se développer et attirer le spermatozoïde : on a formation d'une protubérance (= cône de fécondation) et le noyau du spermatozoïde finira par rentrer dans l'ovule (cf infra).

c) Chez la souris

Quand l'ovocyte quitte l'ovaire, il est entouré de cellules folliculaires de la corona radiata : le spermatozoïde devra donc franchir ce 1e obstacle avant d'arriver à la zone pellucide. La pénétration du spermatozoïde à travers les cellules de la corona radiata est facilitée par leur dissociation partielle. En effet, les cellules oviductaires sécrètent des enzymes qui fragilisent les liaisons entre ces différentes cellules : si elles n'étaient pas sécrétées, la traversée serait impossible, d'autant que la réaction acrosomique n'a pas encore eu lieu.

Le spermatozoïde va ensuite arriver au contact de la zone pellucide : elle porte les sites de reconnaissance et de liaison des spermatozoïdes. La zone pellucide est constituée principalement de 3 glycoprotéines appelées ZP1 (200 kDa), ZP2 (120 kDa) et ZP3 (83 kDa). Les protéines ZP2 et ZP3 s'associent pour former des hétéropolymères, et ZP1, associée en dimère, assure la connexion entre ces différents hétéropolymères. De plus, ZP1 est riche en résidus cystéine donc on aura établissement de ponts disulfures au sein du dimère et avec les hétéropolymères.

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Au niveau de ZP3, on distingue 2 grands types de résidus : des résidus glycosyliques liés à l'O de la sérine (on parle alors de O-oligosaccharides) et des résidus glycosyliques liés au N de l'asparagine (N-oligosaccharides).

La réaction acrosomiene début par l'interaction entre les résidus glycosyliques de ZP3 et leurs récepteurs de la membrane du spermatozoïde. Ces récepteurs sont appelée RZP3 ou galactosyl transférase (galtase), qui se lient en réalité aux résidus NAG de la ZP3.

Cette reconnaissance débouche sur la réaction acrosomienne à proprement parlé : la membrane

plasmique du spermatozoïde fusionne avec la membrane acrosomienne externe et les vésicules ainsi formées sont progressivement évacuées, de même que le contenu de l'acrosome.

On peut trouver des enzymes fixées au niveau de la membrane interne de l'acrosome, comme

par exemple l'acrosine : elle va modifier localement la protéine ZP1. Cela revient à considérer que l'on a digestion progressive de la zone pellucide, ce qui permet la progression du spermatozoïde vers la membrane plasmique de l'ovocyte.

De nombreuses protéines interviennent dans la reconnaissance d'autres molécules que les résidus glycosyliques de la zone pellucide. Ainsi, la partie protéique de ZP3 peut interagir avec 2 protéines spermatiques appelées Sp56 et Sp95 (acquises comme beaucoup d'autres au cours de la capacitation du spermatozoïde) ont le domaine intracellulaire a une activité tyrosine-kinase.

Tout cela permet la stabilisation du spermatozoïde sur l'ovocyte ainsi que la libération efficace

du contenu acrosomique dont l'acrosine (qui joue un rôle essentiel dans la fécondation, et notamment chez les hommes). De plus, cela permet le passage du spermatozoïde à travers les différentes enveloppes protectrices de l'ovocyte, et il se retrouve ainsi au contact de la membrane plasmique…

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Au cours de la capacitation, le spermatozoïde a acquis de très nombreuses molécules qui assurent la reconnaissance du spermatozoïde avec l'ovule, mais également dans des processus plus tardifs. Ainsi la fertiline va se lier avec des intégrines de la membrane plasmique de l'ovocyte et cette protéine serait activée par l'acrosine lors de la réaction acrosomique.

La fertiline est une molécule constituée d'une sous-unité α contenant une région similaire aux protéines virales de fusion, et une sous-unité β de la famille des métalloprotéases (présence d'une domaine désintégrine). Dans l'espèce humaine, le dimère serait du type α6β1, mais cela vraie d'une espèce à l'autre. On pense que dans tous les cas la fertiline favoriserait la fusion de la membrane spermatique et de la membrane ovocytaire

3) Activation de l'œuf

a) Chez l'Oursin

La conséquence essentielle de la fécondation est l'activation de l'œuf : chez l'oursin, la fusion des membranes conduit à la formation du cône de fécondation. Ainsi, la membrane de l'ovule se hérisse de quelques micro-villosités mais ce phénomène est exacerbé au point de contact entre le spermatozoïde et l'ovule. C'est la formation de cette protubérance qui va permettre à terme le passage du noyau du spermatozoïde dans l'ovule.

De plus, on trouve des organites appelés granules corticaux dans la zone corticale de l'ovule.

La 1e manifestation de l'activation de l'œuf sera la réaction corticale : suite à une décharge calcique, les 15 000 granules corticaux migrent et fusionnent avec la membrane. Quand la fusion est réalisée, le contenu des granules est déversé dans ce qui deviendra l'espace péri-vitellin. Cette réaction va se propager à l'ensemble de l'œuf à partir du point d'impact du spermatozoïde, et ce très rapidement. L'œuf d'oursin ne mesure que 100µm de diamètre (100 000 fois plus gros que le spermatozoïde de la même espèce), et la réaction corticale est terminée en moins 1mn30. Chez le Xénope, cette réaction prendra beaucoup plus de temps, vu la taille très importante de l'ovocyte.

b) Chez la Souris Les conséquences de la fécondation vont être globalement les mêmes : en effet, la fusion des

membranes entraîne l'exocytose des 4000 granules corticaux présents dans le cytoplasme périphérique de l'ovocyte. La réaction va de la même manière se propager à la totalité de l'ovocyte, à partir du point d'impact du spermatozoïde.

Chez la souris, les granules contiennent des mucopolysaccharides, des glycoprotéines et tout un arsenal d'enzymes. Certaines vont modifier la ZP3 de la zone pellucide : elles attaqueraient entre autres les O-oligosaccharides responsables de la reconnaissance des spermatozoïdes. Ainsi, les

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autres spermatozoïdes présents sur le pourtour de l'ovocyte ne pourront plus se fixer, et cela représente un obstacle à la polyspermie. D'autres enzymes des granules cliveraient la partie protéique de ZP3, qui constitue également un site de fixation primaire des spermatozoïdes.

4) L'amphimixie

a) Chez l'Oursin

L'amphimixie va toujours commencer par l'activation du métabolisme du gamète femelle, que ce soit chez l'Oursin ou chez la Souris. Dès que la fusion des 2 membranes est réalisée, on formation d'un canal par lequel pénètre le noyau du spermatozoïde. La pièce intermédiaire pénètre également, entraînant donc l'entrée de la zone du cou, où se trouve le centriole. Chez certains Oursins, la queue pourra également pénétrer, mais ce n'est pas le cas général.

Hormis le centriole proximal et le noyau, les autres composants du cytoplasme du spermatozoïde vont dégénérer : ainsi moins de 1% des mitochondries du zygote proviennent du spermatozoïde, et on considère souvent que seul l'ADNm de la mère sera transcrit et traduit.

Après la pénétration du noyau, on assiste à une très forte augmentation de la concentration intracellulaire du Ca2+, par sortie depuis le RE. Cette augmentation est transitoire, mais elle s'accompagne d'un efflux de protons compensé par une entrée de Na+. Cela entraîne donc l'augmentation du pH intracellulaire : il passe de 6,2 (ou 6,6 chez certaines espèces) à 7,2.

Ces flux ioniques résulteraient de réactions déclenchées au sein des phospholipides membranaires. En effet, l'un des protagonistes important est le PIP2 : il est hydrolysé par la PLC en DAG et IP3. Ce dernier se fixe sur des récepteurs présents sur le RE, ce qui permet la libération du Ca2+ depuis cet organite. Une fois relargué, le Ca2+, en synergie avec le DAG, active une PKC qui sera à l'origine de l'augmentation de synthèses protéiques et de la synthèse d'ADN.

Lorsque le noyau spermatique a pénétré dans l'ovule, il effectue une rotation de 180°, à l'issue

de laquelle le pôle postérieur du noyau se trouve orienté vers le centre de l'œuf. C'est justement dans la fossette post-nucléaire que se trouve le centriole proximal : il va alors se dupliquer et on a ainsi mise en place d'un diplosome. Ce dernier est entouré par du matériel péri-centriolaire qui sert de MTOC, et donc de centre du nucléation pour les microtubules.

Ce spermaster (centriole + MTOC + microtubules) va alors fortement se développer : en

contraste de phase, on voit qu'il s'étend dans tout le cytoplasme, comme pour se repérer dans l'espace et repérer le pronucleus femelle. On pense d'ailleurs que cet aster sert au rapprochement des pronuclei : en effet, au fur et à mesure que le noyau mâle migre vers le pronucleus femelle, les fibres du spermaster régressent, pour complètement disparaître lorsqu'ils sont presque en contact. On assiste alors à une modification du noyau mâle : les protamines disparaissent au profit des histones, ce qui entraîne un relâchement de la chromatine. On observe ainsi une augmentation du volume, et le noyau mâle est désormais appelé pronucleus mâle.

Une fois le rapprochement terminé, le spermaster va former 2 asters qui s'écartent progressivement l'un de l'autre. Ils constitueront ensuite les pôles du 1e fuseau mitotique, et la 1e division est donc préparée avant même la fusion des pronuclei. C'est alors que l'on assiste à la fusion des enveloppes nucléaires : on a donc mise en place du noyau de fécondation diploïde également appelé syncaryon.

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Au cours de ce processus, on a remarqué que l'on avait augmentation du taux de SPF (facteur

promoteur de la phase S) dans le cytoplasme : cela permet d'obtenir 2 pronuclei haploïde dont chaque chromosome porte 2 chromatides.

b) Chez la Souris

La 1e étape après fusion des membranes est l'achèvement de la maturation du gamète femelle (alors que chez l'oursin, il avait déjà terminé sa maturation). En effet, les chromosomes sont encore constituées de leur 2 chromatides puisque la 2e division méiotique était bloquée. Avant la fécondation, on trouvait dans le cytoplasme à la fois le facteur cytostatique CSF (= protéine p39-mos = protéine kinase-kinase) et le MPF actif, qui bloquent tous 2 la métaphase de 2e division méiotique.

Tout comme chez l'Oursin, la pénétration spermatique provoque une très forte décharge calcique qui provoque, par une cascade de phosphorylation, la destruction du CSF et du MPF (notamment grâce à la CAMKII qui participe à la voie de destruction des cyclines). C'est alors que la 2e division de maturation s'achève, par l'expulsion du 2e globule polaire. C'est uniquement à ce moment-là que l'on parle de pronucleus femelle, contenant n chromosomes à 1 chromatide.

On 'na pas pu mettre en évidence le stade du syncaryon : ainsi on n'assiste jamais à la fusion des enveloppes nucléaires. Par contre, la phase S semble se réaliser dans les 2 pronuclei (donc les chromosomes ont 2 chromatides). La 1e fuseau de segmentation se met également en place; et c'est seulement ensuite que l'on pourra observer un mélange des 2 génomes.

Pour visualiser des noyaux hybrides (la moitié de l'apanage chromosomique paternel et la moitié du maternel), on devra en fait attendre la 1e division de segmentation, et les noyaux fils des 2 premiers blastomères seront les 1e à contenir un véritable mélange des 2 génotypes.

-Rm- La parthénogenèse n'existe pas chez les Mammifères : en effet, les pronuclei ne sont pas

équivalents, malgré le fait que chacun d'eux soient haploïdes. En fait, certains gènes paternels ne s'expriment pas : les gènes réduits au silence sont dits soumis à l'empreinte, et cette empreinte génomique parentale n'existerait que chez les Mammifères (on n'a pas encore pu ma mettre en évidence chez l'Oursin).

III) Les mécanismes moléculaires engagés dans le processus de fécondation

1) Chez l'Oursin

a) Au niveau du spermatozoïde Au niveau de la membrane plasmique du spermatozoïde, on retrouve des récepteurs qui

reconnaissent la gangue : ils réagissent avec les résidus fucose (résidus NAG chez la souris) d'une glycoprotéine appelée fucose-sulfate-glycoprotéine. Ce phénomène a été mis en évidence par Alvez et ses collaborateurs en 1997. Cette fixation entraîne une dépolarisation de la membrane plasmique du spermatozoïde, et on a alors ouverture de canaux Ca2+ voltage-dépendants.

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Suite à l'augmentation du taux de calcium intracellulaire dans le spermatozoïde, on observe 2

types de phénomènes : 1. exocytose de la vésicule acrosomiale qui renferme des enzymes lytiques qui hydrolyseront

la gangue → cela permet d'exposer les bindines 2. stimulation d'un antiporteur Na+/H+ : on a donc entrée de Na+, et dans le même temps

augmentation du pH intracellulaire. On a vu que l'on trouvait sous l'acrosome de l'actine globulaire associée à une protéine inhibitrice : cette variation de pH permet le découplage de ce complexe, et rien n'empêche plus les molécules d'actine de se polymériser. On a alors formation d'une évagination en doigt de gant au niveau de la membrane interne de l'acrosome, qui s'enfonce alors dans la gangue.

b) Au niveau de l'ovule

Une fois que les enzymes acrosomiales ont été libérées depuis le spermatozoïde, on va assister à la fusion des membranes plasmique de l'œuf et acrosomique interne du spermatozoïde. Au niveau de l'ovocyte, on observe alors plusieurs réactions :

1. Influx de Na+ assez rapide : cela provoque l'inversion du potentiel de membrane, qui passe

de –70mV à +20mV en quelques secondes. On pense que cette inversion altèrerait la conformation des protéines nécessaires à la fusion des spermatozoïdes : on a donc un blocage rapide de la polyspermie. Cependant, le potentiel de membrane revient à une valeur normale au bout de quelques secondes : le blocage est donc transitoire, et d'autres mécanismes à plus long terme seront nécessaires.

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2. On pensait que le récepteur de la bindine sur la membrane plasmique de l'ovule était couplé à une protéine G : la formation du complexe assurerait donc l'activation de la PLC, ce qui permet l'apparition d'IP3 et du DAG…

Ce modèle est actuellement controversé, et d'autres hypothèses ont été émises. A priori, c'est bien la voie de l'IP3 qui serait lancée, mais la nature du récepteur à la bindine n'est pas encore vraiment connue : il pourrait être couplé à une protéine de type tyrosine kinase ou bien directement à activité tyrosine kinase. Dans tous les cas, cela mène à l'exocytose des granules corticaux, ce qui assure un blocage de la polyspermie à plus long terme.

Chez l'Oursin, la membrane vitelline et la membrane plasmique de l'ovule sont étroitement

liées avant la fusion avec le gamète mâle. Par contre, dès que le spermatozoïde est fixé, la réaction corticale commence au niveau du cône de fécondation. On a alors libération de mucopolysaccharides (GAG), de protéases et diverses enzymes et de glycoprotéines entre ces 2 membranes.

Dans un 1e temps, les hydrolases rompent les liaisons entre la membrane vitelline et la

membrane plasmique, et les protéases détruisent les récepteurs de la bindine tout autour du cône de fécondation. Dans un 2e temps, les GAG créent un gradient osmotique dans le sens de la sortie d'eau depuis l'ovocyte : on a donc une importante entrée d'eau entre les 2 membrane (et on pense que l'eau extérieure participe également), ce qui contribue à leur décollement → on a formation de l'espace péri-vitellin.

-Rm- Chez les Amphibiens, la création de l'espace péri-vitellin permet la rotation de l'ovocyte :

le pôle végétatif alourdi par le vitellus très abondant se retrouve donc vers le bas, et tous les ovocytes seront alors orientés de la même manière.

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Dans un 3e temps, on a action d'une peroxydase initialement contenue dans les granules

corticaux. Elle est responsable du pontage entre les glycoprotéines adjacentes de la membrane vitelline par leurs résidus tyrosine : cela provoque sa rigidification.

Enfin, certaines autres glycoprotéines, et en particulier l'échinonectine et la hyaline (220 kDa), se lient à la membrane plasmique pour constituer la "couche hyaline". Elle aura pour rôle d'assurer la cohésion des blastomères lors de la phase de segmentation embryonnaire. Cette couche hyaline accolée à la membrane de l'œuf va en effet gonfler et devient suffisamment épaisse.

2) Chez les Mammifères Les spermatozoïdes subissent de très nombreuses modifications moléculaires lors de leur

formation dans le testicule, et lors de leur passage à travers l'épididyme et les voies génitales femelles (cf oral). Notamment, on a mise en place de la PH20 de 64 kDa dans la région post-acrosomiales : elle aurait pour rôle de modifier l'axe de pénétration du spermatozoïde dans l'ovocyte. En effet, on peut voir que le spermatozoïde s'engage d'abord à travers la corona radiata de manière perpendiculaire à la surface de l'œuf, mais il va finalement pénétrer dans l'ovocyte de manière tangentielle.

De plus, la PH20 aurait une action de type hyaluronidase : ainsi l'acide hyaluronique est un

mucopolysaccharide de structure que l'on retrouve notamment dans le ciment intercellulaire de la corona radiata. Cette action a lieu bien évidemment avant la réaction acrosomique, alors que le 1e rôle de la PH20 que l'on a cité intervient après cette réaction. En effet, on pense que la PH20 migrerait vers la membrane interne de l'acrosome après la réaction acrosomique, où se localise déjà un lot de PH20 pré-existant.

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Dans le cas de l'espèce humaine, on n'a pas pu identifier de PH20 en tant que tell, mais la protéine SMAP1, qui serait un équivalent. De plus, on retrouve un homologue de la SP17 du lapin (la FA-1), qui est une protéine kinase AMPc-dépendante. LA SP95 chez la souris et la FA-1 chez l'homme aurait la même action, à savoir l'activation de l'isoforme γ de la PLC.

Chez l'homme, on ne retrouve pas non plus de Galtase comme chez la souris : on retrouve par contre une αD-Mase (maltase) : ces 2 molécules auraient là encore la même action, à savoir l'activation de l'isoforme β de la PLC.