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REPÉRÉ DANS LA PRESSE SPÉCIALISÉE Médecine palliative 360 N° 6 – Décembre 2007 les décisions de fin de vie ; il semble iden- tifié comme un facteur d’accélération de la fin de vie. Conception de la maladie d’Alzheimer comme une maladie relevant de soins palliatifs G. Wolf-Klein G, R. Pekmezaris, L. Chin, J. Weiner American Journal of Hospice and Palliative Medicine 2007 ; 24 : 77-82 La maladie d’Alzheimer concerne 4,5 millions de personnes aux États-Unis, 24,3 millions de personnes dans le monde. Ces chiffres pour- raient être multipliés par 3 en 2050. L’analyse de la littérature montre que, à compter du diagnostic, la survie moyenne de personnes porteuses d’une maladie d’Alzheimer est de 4,2 ans pour les hom- mes et de 5,7 ans pour les femmes. Malgré les progrès, l’espérance de vie n’a pas été modifiée pendant le dernier siècle. Les principales causes de décès sont les broncho-pneumopathies ; viennent en- suite les problèmes cardiovasculaires, les incidents iatrogéniques (psychotropes), les traumatismes et maltraitances. Les similitudes avec l’approche palliative sont nombreuses : la prise en charge des personnes attein- tes de maladie d’Alzheimer donne, comme dans le champ des soins palliatifs, la prio- rité au contrôle des symptômes et à la qualité de vie ; en l’absence d’indicateurs évidents per- mettant d’affirmer la douleur, il est habi- tuel de considérer que ce qui est probable doit être traité, en étant conscient du risque iatrogénique ; concernant l’alimentation : les problèmes de dysphagie, le refus ou l’incapacité à se nourrir sont considérés comme des élé- ments du processus menant au décès. L’in- dication de l’alimentation par sonde (SNG ou GPE) est une question essentielle : si elle repose souvent sur une signification symbo- lique, si elle est parfois une alternative à la difficulté de se nourrir, il n’y a pas de preuve de son utilité en fin de vie. Les auteurs insistent sur l’importance du recueil en temps voulu et de la prise en compte des directives anticipées. Le désir d’accélérer la survenue de la mort chez les patients atteints d’un cancer métastatique G. Rodin, C. Zimmermann, A. Rydall et al. J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 661-75 Mille trois cent vingt-six patients cancé- reux ayant une espérance de vie estimée à plus de 6 mois ont été interrogés de fa- çon rigoureuse par ces auteurs canadiens. Moins de 2 % des patients interrogés ont exprimé un désir d’accélération de la sur- venue de la mort. Ce désir était corrélé avec les facteurs suivants : perte d’espoir, dépression, détresse physique, altération de l’équilibre spirituel, de l’environne- ment social et de l’estime de soi. Il n’était pas corrélé avec la proximité de la mort. Évaluation de l’activité physique et auto-évaluation de la qualité de vie des patients recevant une chimiothérapie palliative M. Dahele, R.J.E. Skipworth, L. Wall, A. Voss, T. Preston, K.C.H. Fearon J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 676-85 Cette étude randomisée compare 20 patients atteints de cancer digestif évolué traités par chimiothérapie palliative avec un groupe contrôle de 13 patients de la même tranche d’âge, non malades. Les patients traités par chimiothérapie pal- liative avaient une dépense d’énergie 8 % plus faible ; ils restaient couchés 2 h de plus par jour ; le niveau d’activité physique était de 43 % moindre. Cette détérioration des capacités physi- ques ne semblait pas clairement corréler avec l’évaluation de la qualité de vie. La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales J. Bilsen, J. Cohen, L. Deliens Population et sociétés 2007 ; 430 Dans ce bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démogra- phiques (INED), les auteurs flamands pu- blient les résultats de l’enquête Eureld (European end-of-life decisions) menée en Italie, Suède, Belgique, Danemark, Pays- Bas et Suisse en 2002. Le but de cette enquête était d’étudier les pratiques médicales et en particulier la fréquence des décisions susceptibles d’abréger la fin de vie. Plus de 20 000 dé- cès ont été étudiés. Lorsque les décès étaient attendus, la mort a été précédée d’une ou plusieurs déci- sions de fin de vie, susceptibles d’avoir abrégé la vie du patient dans un à deux tiers des décès. Ce chiffre recouvre en réalité des situa- tions très différentes comme la mise en œuvre d’un traitement antalgique (19 à 26 % des cas), des décisions de ne pas mettre en œuvre ou d’interrompre un trai- tement susceptible de prolonger la vie (de 4 % en Italie à 28 % en Suisse), à une mort provoquée par euthanasie (0,1 % en Italie, 1,8 % en Belgique, 3,4 % aux Pays- Bas) ou suicide assisté (0,2 % aux Pays- Bas, 0,4 % en Suisse). Les auteurs ont également analysé l’inten- tion qui gouvernait aux décisions prises en fin de vie. Ainsi la prescription d’antalgi- ques s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 2,9 % des cas aux Pays-Bas (0,4 % en Suède) ; la décision d’interrom- pre ou de ne pas mettre en œuvre un trai- tement susceptible de prolonger la vie s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 21 % des cas en Suisse (2 % en Italie). Les morts provoquées par euthanasie ou suicide assisté n’ont pas fait l’objet d’une discussion explicite avec le patient dans 6 % des cas aux Pays-Bas, et dans 49 % des cas en Belgique, la raison principale invoquée étant la non conscience du pa- tient au moment de la décision. La pratique de la sédation profonde jusqu’à la mort est élevée en Italie (8,5 %) et en Belgique (8,2 %). Pourquoi les patients atteints de cancer choisissent-ils une chimiothérapie en fin de vie ? Une revue de la littérature R. Matsuyama, S. Reddy, T.J. Smith Journal of Clinical Oncology 2006 ; 24 : 3490-6 Le nombre de patients recevant une chi- miothérapie en fin de vie est en augmen-

La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales

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Page 1: La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales

REPÉRÉ DANS LA PRESSE SPÉCIALISÉE

Médecine palliative

360

N° 6 – Décembre 2007

les décisions de fin de vie ; il semble iden-tifié comme un facteur d’accélération de la fin de vie.

Conception de la maladie d’Alzheimer comme une maladie relevant de soins palliatifs

G. Wolf-Klein G, R. Pekmezaris, L. Chin, J. Weiner

American Journal of Hospice and Palliative Medicine 2007 ; 24 : 77-82

La maladie d’Alzheimer concerne 4,5 millions de personnes aux États-Unis, 24,3 millions de personnes dans le monde. Ces chiffres pour-raient être multipliés par 3 en 2050.

L’analyse de la littérature montre que, à compter du diagnostic, la survie moyenne de personnes porteuses d’une maladie d’Alzheimer est de 4,2 ans pour les hom-mes et de 5,7 ans pour les femmes. Malgré les progrès, l’espérance de vie n’a pas été modifiée pendant le dernier siècle.Les principales causes de décès sont les broncho-pneumopathies ; viennent en-suite les problèmes cardiovasculaires, les incidents iatrogéniques (psychotropes), les traumatismes et maltraitances.Les similitudes avec l’approche palliative sont nombreuses :– la prise en charge des personnes attein-tes de maladie d’Alzheimer donne, comme dans le champ des soins palliatifs, la prio-rité au contrôle des symptômes et à la qualité de vie ;– en l’absence d’indicateurs évidents per-mettant d’affirmer la douleur, il est habi-tuel de considérer que ce qui est probable doit être traité, en étant conscient du risque iatrogénique ;– concernant l’alimentation : les problèmes de dysphagie, le refus ou l’incapacité à se nourrir sont considérés comme des élé-ments du processus menant au décès. L’in-dication de l’alimentation par sonde (SNG ou GPE) est une question essentielle : si elle repose souvent sur une signification symbo-lique, si elle est parfois une alternative à la difficulté de se nourrir, il n’y a pas de preuve de son utilité en fin de vie.Les auteurs insistent sur l’importance du recueil en temps voulu et de la prise en compte des directives anticipées.

Le désir d’accélérer la survenue de la mort chez les patients atteints d’un cancer métastatique

G. Rodin, C. Zimmermann, A. Rydall

et al

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J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 661-75

Mille trois cent vingt-six patients cancé-reux ayant une espérance de vie estimée à plus de 6 mois ont été interrogés de fa-çon rigoureuse par ces auteurs canadiens.Moins de 2 % des patients interrogés ont exprimé un désir d’accélération de la sur-venue de la mort. Ce désir était corrélé avec les facteurs suivants : perte d’espoir, dépression, détresse physique, altération de l’équilibre spirituel, de l’environne-ment social et de l’estime de soi. Il n’était pas corrélé avec la proximité de la mort.

Évaluation de l’activité physique et auto-évaluation de la qualité de vie des patients recevant une chimiothérapie palliative

M. Dahele, R.J.E. Skipworth, L. Wall, A. Voss, T. Preston, K.C.H. Fearon

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 676-85

Cette étude randomisée compare 20 patients atteints de cancer digestif évolué traités par chimiothérapie palliative avec un groupe contrôle de 13 patients de la même tranche d’âge, non malades.Les patients traités par chimiothérapie pal-liative avaient une dépense d’énergie 8 % plus faible ; ils restaient couchés 2 h de plus par jour ; le niveau d’activité physique était de 43 % moindre.Cette détérioration des capacités physi-ques ne semblait pas clairement corréler avec l’évaluation de la qualité de vie.

La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales

J. Bilsen, J. Cohen, L. Deliens

Population et sociétés 2007 ; 430

Dans ce bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démogra-phiques (INED), les auteurs flamands pu-blient les résultats de l’enquête Eureld (

European end-of-life decisions

) menée en

Italie, Suède, Belgique, Danemark, Pays-Bas et Suisse en 2002.Le but de cette enquête était d’étudier les pratiques médicales et en particulier la fréquence des décisions susceptibles d’abréger la fin de vie. Plus de 20 000 dé-cès ont été étudiés.Lorsque les décès étaient attendus, la mort a été précédée d’une ou plusieurs déci-sions de fin de vie, susceptibles d’avoir abrégé la vie du patient dans un à deux tiers des décès.Ce chiffre recouvre en réalité des situa-tions très différentes comme la mise en œuvre d’un traitement antalgique (19 à 26 % des cas), des décisions de ne pas mettre en œuvre ou d’interrompre un trai-tement susceptible de prolonger la vie (de 4 % en Italie à 28 % en Suisse), à une mort provoquée par euthanasie (0,1 % en Italie, 1,8 % en Belgique, 3,4 % aux Pays-Bas) ou suicide assisté (0,2 % aux Pays-Bas, 0,4 % en Suisse).Les auteurs ont également analysé l’inten-tion qui gouvernait aux décisions prises en fin de vie. Ainsi la prescription d’antalgi-ques s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 2,9 % des cas aux Pays-Bas (0,4 % en Suède) ; la décision d’interrom-pre ou de ne pas mettre en œuvre un trai-tement susceptible de prolonger la vie s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 21 % des cas en Suisse (2 % en Italie).Les morts provoquées par euthanasie ou suicide assisté n’ont pas fait l’objet d’une discussion explicite avec le patient dans 6 % des cas aux Pays-Bas, et dans 49 % des cas en Belgique, la raison principale invoquée étant la non conscience du pa-tient au moment de la décision.La pratique de la sédation profonde jusqu’à la mort est élevée en Italie (8,5 %) et en Belgique (8,2 %).

Pourquoi les patients atteints de cancer choisissent-ils une chimiothérapie en fin de vie ? Une revue de la littérature

R. Matsuyama, S. Reddy, T.J. Smith

Journal of Clinical Oncology 2006 ; 24 : 3490-6

Le nombre de patients recevant une chi-miothérapie en fin de vie est en augmen-