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LA GALERIE DE L'EXIL PRéSENTE GEORGES-HENRI PESCADÈRE

La gaLerie de L'exiL présente GeorGes-Henri Pescadère · ... il a su tout aussi bien s’en détacher pour écrire une page incroyable de l ... Un jour, roberta, une amie du village,

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La gaLerie de L'exiL présente

GeorGes-Henri Pescadère

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Couverturenus sur fond bleu116x89

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geOrge-Henri pesCadÈre

Cette exposition est née d’une rencontre.Lors d’un dîner en ville, je me trouvais assis à coté de la journaliste Marine Jacquemin, ex épouse de roch pescadere. La conversation s’engagea, et bien sur, très vite nous en vînmes à parler de l’art moderne, puis de l’oeuvre de son beau père.La façon dont elle parla de lui m’intrigua, car elle n’était pas dans les dithyrambes mais plutôt dans un esprit critique, entre éloge, regret, et frustration. Comment un homme, mort à 88 ans, qui a consacré une partie importante de sa vie à peindre pouvait-il n’avoir jamais exposé, si ce n’est une exposition isolée en 1985 à Hyères.

Comme si « sa peinture » n’était pas digne d’être livrée au regard d’autrui !Comme si, en bon anachorète il voulait garder ses images pour lui seul, et que les montrer signifiait la mise à nu de son âme, la perte d’un ego, la confrontation d’unevision à tout jamais déflorée par le jugement de celui qui regarde.Lorsque je vins, dès le lendemain chez Marine, il y avait là 4 toiles, posées à même le parquet, qui, immédiatement alors que je la saluais, attirèrent mon regard. J’ai su dés lors que la peinture de pescadère me plaisait, comme le coup de foudre de notre amour de prime jeunesse. pour rien au monde je n’aurais laissé le soin à quelqu’un d’autre d’organiser cette exposition de george Henri pescadère. a première vue, on ressent immédiatement l’héritage de pi CassO, pour les portraits et les nus et celui de CeZanne pour les paysages. Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit en aucun cas d’imiter l’écriture de ces deux illustres amis. son regard, sa palette, le chromatisme des oeuvres n’appartient qu’à pescadère. s’il a su respirer, sentir et voir leurs oeuvres, il a su tout aussi bien s’en détacher pour écrire une page incroyable de l’histoire de l’art, et présenter à vous, aujourd’hui après plus de 60 ans de silence et d’ombres, des oeuvres intemporelles, silencieuses, baignées par la lumière du midi, des chefs d’oeuvres inconnus. inconnus pour combien de temps ?Cette exposition a le mérite de mettre fin à une longue nuit et de révéler sur la scène dorénavant éclairée des artistes méconnus, un dinosaure égaré dans le xx ème siècle.

Jacques MaUgUin

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La gaLerie de L’exiLrend hommage au peintre georges-Henri pes-cadère (1915-2003). il a peint plus de six cents tableaux, jamais exposés, excepté à l’occasion de deux petites expositions à Hyères en 1985, et à Bormes les Mimosas après sa mort en 2007. il acceptait mal le regard d’autrui sur ses toiles et haïssait les mondanités.nous sommes heureux de vous présenter une quarantaine d’oeuvres, natures mortes, pay-sages, nus et portraits de femmes. Malgré un parcours douloureux (il est déporté en alle-magne pour faits de résistance), son coeur n’a jamais été rempli de haine, ni de regret.nourri de l’admiration qu’il voue pour Cézanneet picasso, georges-Henri pescadère ne se privepas de cette filiation. Le résultat est patent. L’histoire de la peinture du début du xxème siècle reprend force et vie sous ses pinceaux.

etienne aubert

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Le nu au chat116x81

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grecque en couleur 50x61

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enfin… alpes de haute provence été 1982 : première rencontre avec georges-Henri pescadère dans son atelier de savacane à Curel. roch, mon mari, m’avait prévenu, son père était intimidant ! et ce qu’il ne choisissait pas, lui plaisait rarement…

il nous a reçus, ce matin là, en tenue de peintre en bâtiment, un pinceau à la main.« Bonjour, je suis content de faire votre connaissance, à toute a l’heure ! « Un peu sec comme 1ère prise de contact. Une manière, bien à lui, de délimiter son territoire. en juillet-août, il quittait la côte d’azur où il habitait, pour retrouver cette vallée retirée. aux pieds du mont Ventoux, tout était source d’inspiration, lespaysages, les figures locales. Les lignes, les courbes et les couleurs.

pour autant l’air de la montagne ne le rendait pas plus bavard sur sa peinture que celui de la mer. roch l’appelait « Monte en ligne » pas du tout à cause de son passé militaire ou concentrationnaire, mais parce que toute sa vie était un combat. en premier avec lui-même. il m’a fallu du temps pour l’apprivoiser, pour comprendre que derrière sa rigueur intraitable, se cachait beaucoup de pudeur, qui l’empêcha toute sa vie de s’exposer et d’exposer ses toiles. Un jour de mars 1990, j’eus enfin les honneurs de son atelier à Bormes Les Mimosas.Une pièce en clair obscur où s’entassaient 50 années de travail ordonné. 600 tableaux figés dans l’anonymat. et ce jour là, je sentis enfin sa confiance en moi. il se laissa aller à quelques confidences. avec roch nous l’écoutions religieusement.

il fut tour à tour, mais discrètement, question de ses compagnons de route : trauner, Le Corbusier, Brassaï et Max ernst qui partagea un temps son atelier à neuilly. Quelques mois avant qu’il ne nous quitte en novembre 2003, nous évoquions ensemble l’idée d’une exposition, comme si se réveillait en lui un besoin de confrontation, plus simplement de reconnaissance.

etre exposé à paris avenue Matignon au milieu des meilleures galeries et de très grands artistes contemporains, est le plus beau des hommages.C’était mon beau père et j’aime son empreinte.

Marine Jacquemin

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BiOgrapHieg-H pescadère naît en pleine guerre le 7 mai 1915 au 5 rue tolain à paris dans le xxème arrondissement. son père, d’origine pyrénéenne, est fonctionnaire de police. sa mère est issue d’une famille d’agriculteurs de Monthyon en seine-et-Marne. elle a des goûts littéraires et artistiques. g-H a quelques souvenirs de cette période de guerre. La fin de la guerre et une promotion du père permettent à la famille de déménager pour le 31, boulevard de Charonne, à cinq cents mètres de là. Quel changement ! du balcon du 5ème étage, son frère aîné raymond et lui observent la vie du quartier et s’en délectent.. Une fois par mois, la famille se rend au cirque, parfois à l’Opéra Comique et régulièrement au Musée du Louvre.

g-H n’et pas seulement un citadin. il passe ses vacances à Monthyon chez ses grands parents où il participe aux travaux des champs avec son oncle et ses cousins. La vie rurale simple et laborieuse l’enchante. Un jour, roberta, une amie du village, l’entraîne dans l’atelier de son père et lui fait découvrir les sculptures en acier de Julio gonzales, initiateur de picasso pour le travail du fer.Certificat d’étude en poche, g-H pescadère intègre avec difficulté l’ecole supérieure d’arts appliqués germain pilon à quatorze ans. elève moyen jusqu’alors, il devient un sujet brillant. durant quatre ans, il s’initie aux arts plastiques, à la décoration, à l’architecture et surtout à la publicité.

son ami Lucien fontanarosa l’incite à le rejoindre à l’ecole nationale des Beaux arts où il est reçu en section peinture dans la classe de Lucien simon. il loue un petit atelier au 41 rue de seine. Ce sont des années de solitude et de tristesse. il trouve l’enseignement beaucoup trop théorique et académique. il fréquente Yves Brayer, georges rohner et Claude Venard. alexandre trauner l’embauche parfois comme assistant décorateur de ses films. il se forme également dans l’atelier du célèbre publiciste adolphe Cassandre.Un jour sa mère, aline, passe le chercher rue de seine et l’entraîne à une exposition de peintures qui défraie les chroniques artistiques. Le peintre est présent et les accueille : pablo picasso, en personne. g-H affirme avoir plus appris au cours de cette matinée qu’au cours de deux années de Beaux-arts.

Lors du conseil de révision, lui le terrien, l’amoureux des longues marches avait souhaité être versé dans les chasseurs alpins. C’est à Brest qu’il est convoqué et bientôt affecté à bord du cuirassé dunkerque pour deux années de voyages (antilles et dakar). Libéré deux ans plus tard, il reprend ses activités muséales avec l’ami rivière. a nouveau affecté sur le « dunkerque », il y fait la guerre jusqu’en juillet 1940.il faut maintenant survivre durant l’occupation. il travaille à la librairie rive-gauche, rue de rennes, qui sert de quartier général au réseau de résistance « Corvette ». il en fait partie et loge même quelques membres à neuilly. il y fait connaissance d’anne Wemaëre, sa future compagne.

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Le 16 juillet 1944, la gestapo envahit son immeuble et y capture les résistants. Commencent alors ce que georges Henri pescadère nomme pudiquement les « voyages aléatoires ». Les prisonniers sont conduit au 84 avenue foch pour interrogatoire. C’est la prison de fresnes et les camps de concentration de dora, d’ehlrich puis de Bergen-Belsen.Le 1er mai 1945, gare du nord, curieusement il neige. dans son pyjama rayé barré du matricule 77023, georges-Henri avance lentement vers une autre vie et, d’une manière surprenante, sans haine aucune. il est l’unique survivant du réseau Corvette.La vie reprend peu à peu son cours et la belle anne Wermaëre devient anne pescadère en 1946. de cette union naissent deux garçons, Marc en 1947 et roch en 1949. il faut nourrir la famille. il fonde la société anonyme « alliance d’arts graphiques ». il met à profit ses talents et bénéficie de l’essor des « trente glorieuses ».il ressent le besoin de peindre, exutoire ou échappatoire, et les toiles commencent à s’entasser dans l’atelier. pas d’exposition ni de vente  : «  je ne peins pas pour vivre, je vis pour peindre » répète-t-il. il rencontre Max ernst à la galerie drouin. il se lie avec Henri Michaux. Mais en peinture, c’est toujours picasso qu’il admire le plus, sa révélation d’étudiant, son initiateur.

en 1951, georges-Henri et anne découvrent le village de Bormes-les-Mimosas et en deviennent amoureux au point d’acheter une maison dans la rue principale. Le second étage devient l’atelier d’été face à la mer et aux îles. autre coup de cœur, Curel près de sisteron, dans les alpes de Haute provence, où il acquiert en 1962 une maison nommée savacane. au début des années 70, si l’esprit est toujours alerte, les séquelles de la déportation se font de plus en plus sentir et l’obligent à abandonner son activité professionnelle. désormais le couple pescadère vit surtout à Bormes et passe l’été à Curel où la chaleur est moins forte.georges-Henri consacrera le reste de sa vie à peindre et mettra ses talents au service de sa commune d’adoption au sein de l’association « sauvegarde du Vieux Bormes ». il participera alors à la restauration de la chapelle notre dame de Constance, de l’église saint trophyme, puis à celle de la maison taïeb qui après refonte complète devient le Musée Municipal arts et Histoire.

sous la pression d’amis, la seule exposition de son vivant est organisée à Hyères, du 20 novembre au 9 décembre 1985. elle remporte un beau succès, mais georges-Henri exècre les mondanités ; il refuse toute nouvelle présentation au public. il peint désormais tous les après-midi. ses motifs favoris sont la femme, en portrait ou en nu, les paysages de Bormes ou de Curel, et les natures mortes. il travaille directement sur toile ou sur panneau, sans dessin préparatoire et, par modestie, signe et date toujours au verso. L’homme a du tempérament et un grand cœur, sa peinture le reflète.

Usé physiquement, georges-Henri pescadère meurt le 7 novembre 2003.

d’après Michel guillemain

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Carnaval à Venise50x61

Buffet de savacane83x67

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Ciel bleu de provence60x92

Hameau de provence 83x67

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pénélope94x67

14femme au miroir60x92

15femme au miroir60x92

atelier de savacane93x75

16 La femme et l’enfant102x67

17La femme et l’enfant102x67

Café 89x130

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L’Oiseau rare 131x97

Cheminée grande salle savacane132x83

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atelier savacane panier130x81

nu à la fontaine130x96

femme forte sur la plage146x89

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femme forte sur la plage146x89

22deux fleurs jaunes57x47

géométrie 146x89

23Olivia 60x48

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Harmonie grise100x73

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Harmonie grise100x73

Le bougeoir et la coupe99x53

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La femme aux doigts pointus56x67

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rêves d’iles130x97

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Les Jeunes filles et la bougie 60x81

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La lecture (ce que je crois)62x75

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La guitariste83x67

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La femme bleue83x67

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La femme au rossignol67x83

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port pothuau 92x65

femme oiseau rouge tricot rayé73x100

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Le donjon65x92

Bormes (sans date)120x122

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Jeu de ballon sur la plage (bis)115x147

36Les deux femmes et le voilier114x162

37Les deux femmes et le voilier114x162

nature morte ocre 70x104

grecque en couleur 50x61

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La mer 130x162

nature morte aérée 116x89

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Les deux amies130x162

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atelier de Bormes114x159

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La belle Hélène 73x92

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¢2011

La galerie de L’exil18 avenue Matignon 75008 paristél : 01.42.66.55.63www.galerie-exil.com

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Les souliers92x73