2
P erchées sur le large fronton, surplombant l'entrée majestueuse du bâƟ‐ ment, c'est depuis 1954 que ces 7 leƩres légendaient le lieu d'expression arƟsƟque et culturelle de PoiƟers. D'ici ou de là, passant par la place du maréchal Leclerc, chacun pouvait imaginer l'importance de l'art pour PoiƟers … en lisant l'enseigne blanche qualiant cet édice des années 50 : THEATRE. Et quelle devait être la belle surprise du promeneur quand de nuit, l'éclairage du hall permeƩait de voir l'élégante glace églomisée des ateliers Pansart représentant l'ensemble des arts qui s'expriment dans ce lieu. Plus tard, dans les années 80, 7 nouvelles leƩres plus modestes, rouge vif sur une ligne courbe, viennent souligner l’acƟvité cinématographique du théâtre. Quoi de plus beau qu’une telle façade au cœur de la cité, qui, entre, l'hôtel de ville et —la préfecture, arme la présence de l'art sur ceƩe place emblémaƟque de notre ville? Quoi de plus naturel de retrouver ensemble théâtre et cinéma sur la façade d'un bâƟ‐ ment réalisé par l'un des grands spécialistes de la construcƟon des salles spectacles en France des années 30 à 60 ? Un rapt ! Mais, après tant d'années de quiétude pour ceƩe façade, la "révoluƟon cœur d'agglo" (qui réorganise le centre ville) s'empare de la place et de ses façades. En mai 2011, les leƩres théâtre sont toujours là dèles au poste mais …, un beau jour de 2012 elles disparaissent du paysage. Etonnant non? Symbole dérangeant, volonté délibérée de rayer le théâtre du paysage de cœur d'agglo pour anƟciper sa transformaƟon en projet de commerces et appartements de luxe ? À l'époque, selon les dires de responsables à la mairie, les leƩres ont été déposées pour les travaux de "neƩoyage puis de ravalement" de la façade du théâtre (opéraƟon vraiment nécessaire ?). « Promis, elles seront reposées »… En toute logique et selon le respect des règles d'urbanisme, ces leƩres auraient dû reprendre leur place sur la façade du théâtre. Des élus de la majorité ont même demandé la repose des leƩres au maire qui s'est engagé à le faire. Enn, après plusieurs semaines d'aƩente ne voyant toujours pas ces leƩres revenir, plusieurs poitevins ont mené l'enquête. Et qu'ontils appris ? Que l'ordre avait été donné, par un collaborateur du maire de ne pas remeƩre en place ces éléments majeurs de la façade. Que les leƩres démontées ont été dans un premier temps stockées dans l'entrepôt de l'entreprise qui réalisait les travaux. Mais, celleci ayant des problèmes de trésorerie, déménagera son stock dans d'autres bâƟments plus peƟts et en protera pour se débarrasser des leƩres (qui auraient ni à la décheƩerie du Bois d'Amour !!). Qu'il resterait une leƩre (la première leƩre qui conƟent le système d'électricaƟon), c'est la seule bonne nouvelle à conrmer car elle permeƩrait de reproduire à l'idenƟque les leƩres manquantes. Candidat à l’Unesco ? Voici donc la triste histoire d'un des éléments décoraƟfs essenƟels et symboliques de la façade de l'ancien théâtre et par làmême de la ville de PoiƟers. L'histoire d'un vandalisme, en totale contradicƟon avec le nouveau plan de sauvegarde et de mise en valeur (P.S.M.V.) récemment validé, aujourd'hui applicable et qui consƟtue l'un des atouts maître pour l'obtenƟon des six leƩres tant convoitées mais virtuelles, peutêtre à jamais, celles du label : UNESCO. En eet, selon le PSMV, le premier critère est la conservaƟon de la parƟcularité de la ville, de son visage, de son idenƟté… de l’architecture qui fait PoiƟers, de ses édices rares. La sauvegarde du patrimoine architectural et urbain consƟtue la raison d’être même du P.S.M.V., elle doit être exemplaire. Elle exige le mainƟen de tous les éléments té- moignant de l’histoire du bâƟment et de son authenƟcité… Relisons ce que Louis Réau, dans son livre inƟtulé « Les Monuments détruits de l'art français » (1959) dit en parlant de la province et plus parƟculièrement de PoiƟers : "Les dévastaƟons perpétrées en province, sous le second Empire, sont, en majeure parƟe, le fait de municipalités béoƟennes qui n'avaient pas encore compris que les monuments anciens sont pour une ville non seulement une parure, mais un capital et une source intarissable de revenus. Malgré les intervenƟons répétées de Mérimée, les monuments de PoiƟers eurent à ceƩe époque parƟculièrement à sourir. …. Moins sensibles au passé glorieux de leur cité, les édiles du XIX° siècle laissèrent en 1857 toute laƟtude à une bande de spéculateurs pour détruire ce précieux témoignage de la grandeur romaine qui était pour la capitale du Poitou un Ɵtre d'ancienneté qu'elle aurait dû avoir à cœur de conserver. En dépit des protestaƟons indignées de la Société des AnƟquaires de l'Ouest, l'amphithéâtre fut sacrié pour faire place aux étaux de bouchers du marché saintHilaire …" Si nous reprenons ceƩe dernière phrase, mise au goût du jour, cela donne : « Moins sensibles au passé glorieux de leur cité, les édiles du XXIe siècle laissèrent en 2013 toute laƟtude à une bande de spéculateurs pour détruire ce précieux témoignage de la grandeur architecturale de la culture qui était pour la capitale du Poitou un Ɵtre d'ancienneté qu'elle aurait dû avoir à cœur de conserver. En dépit des protestaƟons indignées du CollecƟf de Défense de l'Ancien Théâtre de PoiƟers, le théâtre fut sacrié pour faire place aux commerces et appartements de luxe des promoteurs sélecƟonnés … » Mais ici l'histoire n'est pas encore terminée, à nous d’écrire la suite autrement ! Robert Dubruau Redonnons au théâtre ses lettres de noblesse n°2 février 2014 Elles ont disparu du Fronton, elles sont perdues corps et biens : c’est une triste histoire de LeƩres que vient d’écrire l’actuelle municipalité sur le grand livre de la culture. Histoire d’un gâchis.

La Gazette02

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La Gazette02

P erchées sur le large fronton, surplom‐bant l'entrée majestueuse du bâ ‐ment, c'est depuis 1954 que ces 7 le res légendaient le lieu d'expres‐

sion ar s que et culturelle de Poi ers. D'ici ou de là, passant par la place du  maréchal Leclerc, chacun pouvait imaginer l'impor‐tance de l'art pour Poi ers … en lisant l'en‐seigne blanche qualifiant cet édifice des an‐nées 50 : THEATRE. Et quelle devait être la belle surprise du promeneur quand de nuit, l'éclairage du hall perme ait de voir l'élé‐gante glace églomisée des ateliers Pansart représentant l'ensemble des arts qui s'expri‐ment dans ce lieu. 

Plus tard, dans les années 80, 7 nouvelles le res plus modestes, rouge vif sur une ligne courbe, viennent souligner l’ac vité cinéma‐tographique du théâtre. 

Quoi de plus beau qu’une telle façade au cœur de la cité, qui, entre, l'hôtel de ville et —la préfecture, affirme la présence de l'art sur ce e place embléma que de notre ville? Quoi de plus naturel de retrouver ensemble théâtre et cinéma sur la façade d'un bâ ‐ment réalisé par l'un des grands spécialistes de la construc on des salles spectacles en France des années 30 à 60 ? 

Un rapt ! 

Mais, après tant d'années de quiétude pour ce e façade, la "révolu on cœur d'ag‐glo" (qui réorganise le centre ville) s'empare de la place et de ses façades. En mai 2011, les le res théâtre sont toujours là fidèles au poste mais …, un beau jour de 2012 elles disparaissent du paysage. Etonnant non? Symbole dérangeant, volonté délibérée de rayer le théâtre du paysage de cœur d'agglo pour an ciper sa transforma on en projet de commerces et appartements de luxe ? 

À l'époque, selon les dires de responsables à la mairie, les le res ont été déposées pour les travaux de "ne oyage puis de ravale‐ment" de la façade du théâtre (opéra on vraiment nécessaire ?). « Promis, elles seront 

reposées »…  

En toute logique et selon le respect des règles d'urbanisme, ces le res auraient dû reprendre leur place sur la façade du théâtre. Des élus de la majorité ont même demandé la repose des le res au maire qui s'est enga‐gé à le faire. Enfin, après plusieurs semaines d'a ente ne voyant toujours pas ces le res revenir, plusieurs poitevins ont mené l'en‐quête. Et qu'ont‐ils appris ? Que l'ordre avait  été donné, par un collaborateur du maire de ne pas reme re en place ces éléments ma‐jeurs de la façade. Que les le res démontées ont été dans un premier temps stockées dans l'entrepôt de l'entreprise qui réalisait les travaux. Mais, celle‐ci ayant des pro‐blèmes de trésorerie, déménagera son stock dans d'autres bâ ments plus pe ts et en profitera pour se débarrasser des le res (qui 

auraient fini à la déche erie du Bois d'Amour !!). Qu'il resterait une le re (la pre‐mière le re qui con ent le système d'électri‐fica on), c'est la seule bonne nouvelle à confirmer car elle perme rait de reproduire à l'iden que les le res manquantes. 

Candidat à l’Unesco ?  

Voici donc la triste histoire d'un des éléments décora fs essen els et symboliques de la façade de l'ancien théâtre et par là‐même de la ville de Poi ers. L'histoire d'un vandalisme, en totale contradic on avec  le nouveau  plan de sauvegarde et de mise en valeur (P.S.M.V.) récemment validé, aujourd'hui applicable et qui cons tue  l'un des atouts maître pour l'obten on des six le res tant convoitées mais virtuelles, peut‐être à ja‐mais, celles du label : UNESCO.  

En effet, selon le PSMV, le premier critère est la conserva on de la par cularité de la ville, de son visage, de son iden té… de l’architec‐ture qui fait Poi ers, de ses édifices rares. La sauvegarde du patrimoine architectural et urbain cons tue la raison d’être même du P.S.M.V., elle doit être exemplaire. Elle exige le main en de tous les éléments té-

moignant de l’histoire du bâ ment et de son authen cité… 

Relisons ce que Louis Réau, dans son livre in tulé « Les Monuments détruits de l'art français » (1959) dit en parlant de la province et plus par culièrement de Poi ers : "Les dévasta ons perpétrées en province, sous le second Empire, sont, en majeure par e, le fait de municipalités béo ennes qui n'avaient pas encore compris que les monuments an‐ciens sont pour une ville non seulement une parure, mais un capital et une source intaris‐sable de revenus. Malgré les interven ons répétées de Mérimée, les monuments de Poi ers eurent à ce e époque par culière‐ment à souffrir. …. 

Moins sensibles au passé glorieux de leur cité, les édiles du XIX° siècle laissèrent en 

1857 toute la tude à une bande de spécula‐teurs pour détruire ce précieux témoignage de la grandeur romaine qui était pour la capitale du Poitou un  tre d'ancienneté qu'elle aurait dû avoir à cœur de conserver. En dépit des protesta ons indignées de la Société des An quaires de l'Ouest, l'amphi‐théâtre fut sacrifié pour faire place aux étaux de bouchers du marché saint‐Hilaire …"  

Si nous reprenons ce e dernière phrase, mise au goût du jour, cela donne : « Moins sensibles au passé glorieux de leur cité, les édiles du XXIe siècle laissèrent en 2013 toute la tude à une bande de spéculateurs pour détruire ce précieux témoignage de la gran‐deur architecturale de la culture qui était pour la capitale du Poitou un  tre d'ancien‐neté qu'elle aurait dû avoir à cœur de conser‐ver. En dépit des protesta ons indignées du Collec f de Défense de l'Ancien Théâtre de Poi ers, le théâtre fut sacrifié pour faire place aux commerces et appartements de luxe des promoteurs sélec onnés … » Mais ici l'histoire n'est pas encore terminée, à nous d’écrire la suite autrement !  

Robert Dubruau  

Redonnons au théâtre ses lettres de noblesse

n°2 février 2014

Elles ont disparu du Fronton, elles sont perdues corps et biens : c’est une triste histoire de Le res que vient d’écrire l’actuelle municipalité sur le grand livre de la culture. Histoire d’un gâchis.       

Page 2: La Gazette02

Jeu : les 7 erreurs

L e Colisée de Roubaix a été édifié en 1951 par l’architecte Edouard Lardillier qui construira le théâtre de Poi ers 

trois ans plus tard. A l’époque ce e salle de spectacle polyvalente (cinéma, music‐hall, concerts) de 2300 places est la troisième salle de cinéma en France après le Gaumont Palace (sans doute la salle la plus grande du monde avec ses 6000 places) et le Rex (3500 places) à Paris. 

Si son audacieuse façade caractéris que des années 1950 a malheureusement été détruite, les volumes intérieurs ont été en 

grande par e conservés. Après son u lisa on en tant que salle de concert de variété dans les années 1980, le lieu est devenu en 2006 un théâtre ; il abrite le Centre Chorégraphique Na o‐nal Roubaix Nord‐Pas de Calais. La salle a été mise aux normes tout en conservant l’essen el du volume et de la décora on d’origine. L’ancienne salle de danse et le bar années 1950 ont 

également été conservés et rénovés. 

Tout comme l’exemple du cinéma de Ro‐mainville le montrait (voir la Gaze e n° 1), il est donc tout à fait possible – contraire‐ment à ce que la plupart des cabinets d’étude, élus, architectes et techniciens veulent nous faire croire – de me re aux normes actuelles une ancienne salle de spectacle afin de lui conserver sa voca on culturelle tout en me ant en valeur son patrimoine architectural. 

Laurent Prysmicki 

Théâtre de Poitiers, Mon-sieur le Deputé-Maire, aviez-vous dit transparence ?  La transparence cons tue l'une des ver‐tus de tout état démocra que, si ce n'est l'un de ses fondements. Accéder au dos‐sier de vente et de l'appel à projet de l'ancien théâtre de Poi ers semble sou‐lever quelques ré cences de la part du Député‐Maire de Poi ers. Depuis plus d'un mois, divers par culiers et le collec‐f de défense de l'ancien théâtre de 

Poi ers ont essuyé des refus à toute demande de communica on des docu‐ments publics et communicables origi‐naux et ne réussissent à obtenir que le nom du 2e candidat de l'appel d'offre avec une fin de non recevoir pour tout autre document. La Commission d'Accès aux Documents Administra fs vient d'être saisie de manière à obliger le Dé‐puté‐Maire de Poi ers à se conformer à la loi. Nous demandons la transparence !  

Droit de réponse Mis en cause au détour d'une phrase dans le billet publié le 4 février dans les colonnes de la NR, le Collec f de Défense du Théâtre Historique de Poi ers réagit vivement aux termes u lisés pour quali‐fier son ac on citoyenne depuis plus d'un an en faveur du théâtre de Poi ers. L'assimiler à "Une meute" comme Chris‐ane Fraysse, candidate aux municipales, 

est assimilée à une "Chienne" dans le reste du billet relève de l'injure publique et ne saurait s'excuser par le simple re‐cours à une figure de style ; affirmer dans la même phrase que ce e meute agit "pour me re en doute la probité du maire" relève de la diffama on, le collec‐f n'ayant jamais fait autre chose que 

réclamer débat et transparence dans ce e affaire.  

Les salles de Lardillier (2) : Colisée de Roubaix

 

Souscription : offrez-vous la victoire Le Collec f de Défense du théâtre de Poi ers lance sa campagne de souscrip on en ligne. Il doit réunir vite 1500 euros pour envisager le suite de la procédure judiciaire et sauver le théâtre de la vente. Pour faire un don à l'associa on du Collec f de défense de l'ancien théâtre de Poi ers :  

h p://theatrepoi ers.canalblog.com/archives/2014/01/28/29068584.html 

ou bien par chèque à l'ordre de :  Collec f de défense de l'ancien théâtre de Poi ers, 16 rue Maillochon 86000 POITIERS 

Imprimé à 3000 exemplaires  Directeur de publica on : Jacques  Arfeuillère. Rédacteurs : Laurent Prysmicki, Jacques Arfeuillère  et Robert Dubruau, Arnaud Clairand.  Maque e : Séverine Lenhard                                                                       La gaze e du théâtre, 16 rue Maillochon, 86000  Poi ers               Février 2014