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17 e 16 e 18 e 19 e 21 e 20 e La grande époque des restaurants, des cafés et des salles de jeux au Palais-Royal L ’entreprise de lossement du Palais-Royal osée par Louis-Philippe Joseph d’Orléans a rencontré un vif succès auprès des Parisiens car il a réussi à créer à proximité de son palais le centre d’animaon le plus vivant de Paris, où tous les plaisirs s’offrent à l’amateur : maisons de jeux, cabinets très par- culiers, cafés sélects et bientôt les premiers grands restaurants, lancés par la mode du « déjeuner à la fourchee.» D’ailleurs, le terme de restaurant pour désigner un établissement qui offre au client de la nour- riture ne date que du XVIII e siècle ; auparavant, il qualifiait de simples bouillons « restaurants ou revigorants ». Aussitôt apparue, la vogue des restaurants s’am- plifie grâce aux Assemblées législave qui obligent les députés venus de province à se restaurer avant les séances de l’après-midi et à la rage d’imiter les anglais qui ont l’habitude de prendre leurs repas dans les tavernes. Entre 1770 et 1789, une centaine de restaurants voient le jour à Paris. Il existait bien auparavant dans la capitale des tables d’hôte et des traiteurs convenables, mais aucun restaurant qui puisse offrir au client un repas à la carte, à toute heure du jour, dans un cadre agréable. L’honneur d’avoir inauguré le premier établisse- ment de luxe à Paris revient à Antoine Beauvil- liers, ancien cuisinier du prince de Condé et du comte de Provence, tous deux réputés pour le raffinement de leur « bouche ». En 1788, il achète une maison dans la galerie de Valois, à quelques mètres du Café de Chartres. Pendant quinze ans, le restaurant de Beauvilliers le Magnifique reste- ra le plus illustre, malgré la Révoluon qui gronde jusqu’au cœur du Palais-Royal et malgré les nom- breux imitateurs qui s’installent à proximité. gALERIE dE MontPEnsIER N° 7 à 12 : Le café glacier Corazza Il occupe à parr du 4 juillet 1787, les arcades 7 à 12 de la galerie Montpensier. Il sera vendu aux enchères en 1816. Les principaux chefs de la Montagne fréquentent le Café glacier Corazza, il devient le quarer géné- ral des jacobins, Bonaparte le fréquente également. Ce café disparaît en 1914. N° 36 : le Café des Mille-Colonnes ouvert en 1807, il se situe dans la galerie de Mont - pensier au 1 er étage. Il doit son nom aux mul- ples colonnes (plus de 30) qui se réfléchissent dans la glace. Et il doit sa vogue surtout à la beauté de la maîtresse de maison, madame Romain, surnommé « la Belle Limonadière », dont le mari était laid et man- chot. Jean Hillairet dans sa «Connaissance du Vieux Paris », nous indique « qu’elle était en 1815 la plus jolie femme de Paris et que plus tard, elle finit ses jours comme religieuse ». Le café sera fermé en 1826. N° 57 à 60 : le Café de Foy Il fut crée par un ancien officier nommé « Foy ». Lorsque Philippe Egalité ouvrit les galeries en 1784, le propriétaire d’alors le transporta sous les arcades de la galerie de Montpensier (Il occupe 7 arcades dès LES RESTAURANTS & CAFÉS DU PALAIS-ROYAL

La grande époque des restaurants, des cafés et des salles ... · de mort du cœur de Paris. néanmoins, la concurrence est rude sous la galerie de Beaujolais. Les Frères Provençaux,

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La grande époque des restaurants, des cafés et

des salles de jeux au Palais-Royal

L’entreprise de lotissement du Palais-Royal osée par Louis-Philippe Joseph d’Orléans a rencontré un vif succès auprès des Parisiens car il a réussi à

créer à proximité de son palais le centre d’animation le plus vivant de Paris, où tous les plaisirs s’offrent à l’amateur : maisons de jeux, cabinets très parti-culiers, cafés sélects et bientôt les premiers grands restaurants, lancés par la mode du « déjeuner à la fourchette.»

D’ailleurs, le terme de restaurant pour désigner un établissement qui offre au client de la nour-riture ne date que du XVIIIe siècle ; auparavant, il qualifiait de simples bouillons « restaurants ou revigorants ».

Aussitôt apparue, la vogue des restaurants s’am-plifie grâce aux Assemblées législative qui obligent les députés venus de province à se restaurer avant les séances de l’après-midi et à la rage d’imiter les anglais qui ont l’habitude de prendre leurs repas dans les tavernes. Entre 1770 et 1789, une centaine de restaurants voient le jour à Paris. Il existait bien auparavant dans la capitale des tables d’hôte et des traiteurs convenables, mais aucun restaurant qui puisse offrir au client un repas à la carte, à toute heure du jour, dans un cadre agréable.

L’honneur d’avoir inauguré le premier établisse-ment de luxe à Paris revient à Antoine Beauvil-liers, ancien cuisinier du prince de Condé et du comte de Provence, tous deux réputés pour le raffinement de leur « bouche ». En 1788, il achète une maison dans la galerie de Valois, à quelques mètres du Café de Chartres. Pendant quinze ans, le restaurant de Beauvilliers le Magnifique reste-ra le plus illustre, malgré la Révolution qui gronde jusqu’au cœur du Palais-Royal et malgré les nom-breux imitateurs qui s’installent à proximité.

gALERIE dE MontPEnsIER

N° 7 à 12 : Le café glacier CorazzaIl occupe à partir du 4 juillet 1787, les arcades 7 à 12 de la galerie Montpensier. Il sera vendu aux enchères en 1816.Les principaux chefs de la Montagne fréquentent le Café glacier Corazza, il devient le quartier géné-ral des jacobins, Bonaparte le fréquente également. Ce café disparaît en 1914.

N° 36 : le Café des Mille-Colonnesouvert en 1807, il se situe dans la galerie de Mont-pensier au 1er étage. Il doit son nom aux multi-ples colonnes (plus de 30) qui se réfléchissent dans la glace. Et il doit sa vogue surtout à la beauté de la maîtresse de maison, madame Romain, surnommé « la Belle Limonadière », dont le mari était laid et man-chot. Jean Hillairet dans sa «Connaissance du Vieux Paris », nous indique « qu’elle était en 1815 la plus jolie femme de Paris et que plus tard, elle finit ses jours comme religieuse ». Le café sera fermé en 1826.

N° 57 à 60 : le Café de FoyIl fut crée par un ancien officier nommé « Foy ». Lorsque Philippe Egalité ouvrit les galeries en 1784, le propriétaire d’alors le transporta sous les arcades de la galerie de Montpensier (Il occupe 7 arcades dès

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1786). Il fut tour à tour rendez-vous des femmes de qualité, des abbés, des petits maîtres et des jacobins.

Le signal de la Révolution partit du café de Foy, un après-midi de juillet 1789. Monté sur une des tables, Camille Desmoulins cria pour la première fois «Aux armes !». Pour se débarrasser de sa clientèle révolutionnaire, le patron trouva un moyen ingénieux : il augmenta le prix des consommations.

Le voisinage du théâtre-Français attirait au café de Foy les littérateurs et les artistes. Alexandre dumas père, Léon Laya , l’auteur du duc Job ; Louis Lurine, écrivain de grande valeur ; Eugène gauthier qui a écrit au «Constitutionnel» et dans plusieurs autres jour-naux des études fort remarquables sur la musique et les musiciens. Mr gauthier a été professeur d’histoire de la musique au Conservatoire, maître de chapelle à sainte- Eugénie. Il a orchestré Mozart au théâtre- Lyrique et a commis plusieurs pièces fort gaies, nous citerons entre autres le docteur Mirobolant.

Mr Lenoir céda son établissement à son premier garçon, Mr Lemaitre. Ce fut l’ex-fournisseur, Mr Mami-gnard, qui lui avança les deux cent mille francs néces-saires pour payer son patron. L’ancien garçon, devenu martre à son tour, fit une fortune de deux millions et se retira des affaires. Le fils de Mr Mamignard épousa mademoiselle darcier. Le Café de Foy déclina rapide-ment, le deuxième successeur de Mr Lemaître ayant fait de mauvaises affaires, il abandonna son fonds à ses créanciers qui firent vendre le mobilier aux enchères.

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Le café Hollandais situé galerie de Montpensier, une galiotte (petit bateau à voiles) lui sert d’enseigne. C’est le rendez-vous des élèves de saint-Cyr et de l’école Polytechnique qui s’y livrent au jeu du billard.

gALERIE dE BEAuJoLAIs

N° 72 à 82 le café de ChartresLe 4 mai 1782, le sieur Aubertot, limonadier de son état, loue sur plan une maison au duc d’orléans pour la somme de 14 000 livres par an. L’emplacement qu’occupe aujourd’hui Le Grand Véfour est judicieu-sement choisi pour lui assurer des chalands fidèles puisqu’il se trouve juste en face du théâtre des Petits Comédiens du comte de Beaujolais qui appartient au troisième fils du duc d’orléans. sitôt achevée la construction des pavillons, Aubertot ouvre en 1784 un café à l’enseigne du café de Chartres.

L’opération fut-elle moins rentable qu’il n’avait espéré ? En 1787, pour 300 000 livres, Jean-Baptiste Fontaine achète au duc d’orléans, contraint à la vente du lotissement par de nouvelles difficultés financières, la maison louée par Aubertot et reprend le fonds du limonadier pour 40 600 livres. Il ne reste au locataire malchanceux qu’une petite chambre sous les combles ! Pourtant, le Café de Chartres était honorablement connu puisqu’il figurait en 1785 dans l’Almanach du Palais-Royal utile aux voyageurs : « une nombreuse et bonne société se réunit dans ce vaste local pour y lire

Camille Desmoulins harangue les foules devant le café de Foy dans les jardins du Palais Royal

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des papiers anglais et allemands », selon une mode venue d’outre-Manche.Au Café de Chartres, deux propriétaires, Charrier puis Moynault, succèdent à Fontaine avant l’arrivée de Jean Véfour qui fera la gloire de l’établissement, rebaptisé de son nom.

Le Véfour, puis le grand VéfourJean Véfour est né le 5 mai 1784 à saint-Juste-en-Bast, petit village de la Loire. Fut-il réellement chef des cuisines de Louis-Philippe d’Orléans, futur roi des Français, comme certains l’affirment ? on l’ignore. A l’âge de trente six ans, il achète en 1820 la maison où est installée le Café de Chartres, pour la somme de 900 000 francs. Posée sur trois arcades et dressée sur trois niveaux, elle a abrité les amours de Barras et de la Montansier, qui l’habita jusqu’à son quatre-vingt dixième et dernier printemps. Fragonard habita aussi cet immeuble et y mourut en 1806 en mangeant une glace...

Jean Véfour souhaite passionnément faire de cet ancien bistrot un restaurant somptueux pour surpas-ser Véry, son voisin et rival. sans lésiner, il aménage les trois niveaux, tous dotés d’une cuisine, et décore les salles avec un souci évident de luxe ; l’accès se fait alors par la porte cochère de la rue de Beaujolais. La qualité de la cuisine est à la hauteur du cadre. un fâcheux homonyme, sans lien de parenté avec lui, étant venu s’installer non loin ( le petit véfour), Véfour ajoute le qualificatif de « grand » sur l’enseigne de son établissement. sa fortune est si considérable qu’en 1823, soit trois ans seulement après l’achat du Café de Chartres, il se retire des affaires pour profiter de la nouvelle vie qui s’offre à lui après son remariage avec la jeune Adélaïde-Elisabeth Billion. Il revend l’affaire pour une somme coquette à son ami Louis Boissier qui fut témoin à son mariage. digne successeur de Véfour le grand, Boissier maintient l’établissement au plus haut de sa cote et parvient même à hériter de tous les déjeuners de la galerie de bois et de la galerie vitrée.

Les affaires marchent si fort qu’en 1827, Boissier cède à son tour le restaurant aux frères Hamel. Il peut se flatter d’avoir du flair car l’incendie des galeries de bois en 1828 et la fermeture des maisons de jeux en 1836 portent un coup fatal au Palais-Royal et signent l’arrêt de mort du cœur de Paris.néanmoins, la concurrence est rude sous la galerie de Beaujolais. Les Frères Provençaux, installés en 1786, qui rivalisent avec Véry, établi en 1808, sont réputés les meilleurs.

N° 83 : Le Café VéryInstallé au Palais-Royal en 1808 dans la galerie Beau-jolais n°84 à 85, le Véry est le premier restaurant parisien à prix fixe. Il a la réputation d’être le meilleur restaurant de Paris. Lucien de Rubempré y fait son premier déjeuner parisien. «une bouteille de vin de Bordeaux, des huîtres d’ostende, un poisson, un macaroni, des fruits … Il fut tiré de ses rêves par le total de la carte qui lui enleva les cinquante francs avec lesquels il croyait aller fort loin dans Paris. Ce dîner coûtait un mois de son exis-tence à Angoulême ». on raconte qu’en 1815, après Waterloo, un officier prussien attablé au Véry réclame haut et fort un café «dans une tasse où aucun Français n’aurait jamais bu». on lui présente donc le café demandé… dans un pot de chambre ! Ce restaurant se fond en 1859 dans l’établissement du grand Véfour. A partir de 1892, la France connaît une période d’attentats déclenchés par le mouvement anarchiste.Le café Véry n’y échappe pas. En plein procès Ravachol, jeune adepte des thèses anarchistes, une bombe éclate en mai 1892 au restaurant Véry dont un garçon de café avait reconnu l’anarchiste, provoquant son arrestation. Bilan : deux morts.

N° 88 : Le restaurant des frères Provençauxon y mangeait très bon marché pour 36 sous par tête. Bo-naparte y dina avec Barras. Ce restaurant disparu en 1786.

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Restaurant des Frères Provencaux, Gravure d’Allen, E.Lami, vers 1840.

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N° 100/101 le café Lamblin fondé en 1805Cet endroit était cher aux impérialistes et plus tard aux demi-soldes sous la Restauration. Il fut fréquenté par Brillat savarin et par le général Cambronne. Le café ferma en 1870.

gALERIE dE VALoIs

N°92 : Le café du caveau Il est ouvert par dubuisson en 1783 dans un style champêtre au n° 92 en sous sol. En 1802, il devient le Pavillon de la Paix.Au Café du Caveau se réunissent les Fédérés qui continuaient les discussions politiques avec autant d’âpreté qu’une salle de séances était spécialement consacrée à ces luttes oratoires. Au lieu de parler art ou littérature, on ne s’occupait que de la forme de gou-vernement à établir après le renversement de Louis xVI. du matin au soir, ces organisateurs d’une société nouvelle s’exerçaient dans l’art de démolir un régime politique pour prendre sa place. on ne parlait pas en-core de la chute de la monarchie, qu’au Caveau elle était condamnée et remplacée par la République.

N° 89-92 : La Rotonde Cet établissement a remplacé le café du Caveau qui était situé au sous-sol. Ce souterrain, où l’on débi-tait de bonnes consommations, était le rendez-vous des flâneurs de l’époque, littérateurs, amateurs de musique.

Le canon régulateur du Palais se tirait, sous la Répu-blique, de haut de la maison du limonadier Cuisinier, auquel Cambacérès fit obtenir, pendant le Consulat, la permission d’établir une rotonde à la place des tentes sous lesquelles on mettait des tables.

N° 103 : le café Lyrique dit le café des aveuglesAu sous-sol du n°103 de la galerie de Beaujolais, le café, créé sous la révolution, est fréquenté essen-tiellement par les sans culottes. quatre musiciens aveugles jouaient au violon, à la clarinette, flûte et basse. dans ce café, on retrouve la devise « Ici, on s’honore du titre de citoyen, on se tutoie, et l’on fume ». gérard de nerval dans les « nuits d’octobre » nous éclaire sur l’origine du nom du café : «Pourquoi des aveugles, direz-vous dans ce seul café qui est un caveau ? C’est que vers la fondation qui remonte à l’époque révolutionnaire, il se passait là des choses qui eussent révolté la pudeur d’un orchestre ».Le café est vendu en 1827.

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Concert extraordinaire donné au café des aveugles

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N° 106 à 112 le restaurant du petit Véfour

N° 113 : le Café de février ouvert en 1784, il devint le Café Borel. Le propriétaire était réputé pour son talent de ventriloque.Au dessus, les salons de jeux, le célèbre 113, à l’entresol, qui vit les pertes considérables de certains de ses clients.

N° 121 : le café « Méchanique »Le café «Méchanique» s’installe au n°121 en 1785. devant ce café s’agglutine une foule de curieux pres-sés de voir d’un peu plus près ce curieux mécanisme qui fait monter de dessous la table, par un système de monte-plats, la boisson que l’on demande. L’Almanach du Palais-Royal nous décrit en 1786 plus précisément le mécanisme : « Les pieds des tables sont deux cylindres creux, dont le prolongement communique avec le laboratoire qui est sous la salle. Il suffit pour avoir ce que l’on désire de tirer sur un anneau adapté au-devant de chaque cylindre. Cet anneau répond à une sonnette qui avertit dans le la-boratoire. Alors s’ouvre sous la table une soupape pour recevoir la demande. Cette soupape se referme aussitôt et ne s’ouvre plus que pour laisser passer une servante à double étage ». Ce café fait faillite à la Révo-lution. Il devint le Berceau Lyrique après 1789.

N° 126 : le café de ValoisAvec le café des mille colonnes et le café de Chartres, sa clientèle était composée d’anciens émigrés et des gardes du corps. Il ferma en 1841.

RuE dE VALoIs

Le bœuf à la mode situé non loin du Palais-Royal

L’Empire puis les Alliés font du Palais-Royal la « Capoue de la France » : en 1815, les galeries abritent quinze restaurants, vingt cafés, dix-huit maisons de jeux où les Alliés remboursent allègrement les indemnités de guerre versées par les Français - onze monts-de-piété qui secourent les joueurs malchanceux, et les nombreuses maisons de prostitution des entresols.

Le Boeuf à la mode où se trouve actuellement le restaurant Balm

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LE CIRquE dEs CouRsEs dE CHEVAux dAns LE JARdIn du PALAIs RoyAL

Construit à l’origine par la volonté du Duc d’Orléans, ce cirque devait accueillir des courses de chevaux. Il sera exploité par le restaurateur Rose qui en fait un salon de thé avec un orchestre.

Creusé à 4 m de profondeur et supportant une ver-rière de 70 m de long, il était situé en plein centre du jardin du Palais-Royal. Construit en 1786 il fut détruit en 1798 par un incendie.

on pénétrait dans ce cirque par les deux extrémités et les deux milieux. L’entrée sud reliée au Palais par une colonnade était en pente douce. Les trois autres disposaient d’escaliers, les deux du milieu permettant aussi l’accès à la terrasse. Celle-ci était composée d’un massif de plantations à l’anglaise, entourant la ver-rière centrale cernée d’une allée circulaire.

débordant d’idées pour attirer le public, le duc fait aussi construire en 1787 le Cirque du Palais-Royal au centre du jardin pour organiser des courses de

chevaux. Victor Louis réalise un édifice de 72 colonnes ioniques, revêtu de treillage, de 100 m de long sur 16,50 m de large, en partie enterré (4,30 m) pour ne pas obstruer la vue sur les galeries. 40 boutiques sont complètement enterrées annonçant nos centres com-merciaux d’aujourd’hui. Le monument enthousiasme les contemporains. « Le cirque est le monument d’architecture le plus beau, le plus gracieux, le plus original si on ose le dire qui existe à Paris. C’est une création souterraine for-mée d’un coup de baguette magique. » écrit Louis sébastien Mercier en 1789. Mais les problèmes finan-ciers obligent le duc à le louer. on y installe un salon de thé et un orchestre. Il est détruit par un incendie fin 1798.

LE JEu Au PALAIs-RoyAL

Le Palais-Royal est pendant toutes ces années un vaste casino, on y joue au creps, au trente et un, au passe-dix, au biribi. Les maisons de prêts au nombre de 11 jouxtaient les salons non loin de la galerie de bois.

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Vue de l’intérieur du Cirque du Palais-Royal et des ambassadeurs du Naba-Tipou.

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Plus de vingt tables sont installées dans le Cirque, mais la plus célèbre maison de jeu est Le 113 qui possède huit salles dont six tables de roulettes.

Au 154 rue Valois, se trouve une table d’or car on n’y joue qu’en pièces d’or ou en billets de banque.

Les salons de jeux prospèrent au 9-12. Le pince cul se trouvait au premier étage, puis en cheminant d’un côté à l’autres des trois galeries au 14,18, 33, 113, 129, 154, les passants viennent perdre leur fortune où trouver du réconfort auprès d’épaules galantes. Les femmes sont interdites dans certains d’entr’eux.

Extraits du site « Paris pittoresque » :

« On faisait en 1807 les grandes parties de trente-et-un au n° 154 actuel, où de vieilles marquises ne crai-gnaient pas de se produire, et où se tenaient aussi des bureaux de prêt. Il, n’y avait plus tard que des tables de roulette et de trente-et-quarante à l’or, c’est-à-dire à vingt francs pour minimum de mise, dans cet établissement, qui s’étendait au-dessus de cinq arcades, et dans lequel tout le monde n’entrait pas : il fallait être connu ou présenté, ou muni d’un laissez-passer demandé à l’avance, et de bonne com-pagnie, pour y avoir accès. Les boiseries sculptées et dorées d’un des salons du 154 furent transportées, après là suppression de la ferme générale des jeux, dans un des salons qui dépendent du café de Foy, au premier, et elles y servent encore d’ornement.

Le 113, au contraire, fut toujours assez populaire : il n’a exclu que la veste, la blouse et la casquette. Huit pièces recevaient les pontes, autour d’une table de passe-dix et de six tables de roulette, où la banque ne dédaignait pas de tenir trente sous, et où se faisait la partie depuis dix heures du matin jusqu’à minuit, dans la région supérieure des arcades 110, 111, 112, 113. Les plus hardies filles de joie, y circulaient en toilettes de bal, comme dans les galeries de Bois ; ces femmes étaient tout le luxe du 113, tant que se pro-longea pour la prostitution la période révolutionnaire qui lui avait livré jusqu’au Palais, avant l’installation du Tribunat.

Si elles tentaient la fortune, c’était avec un avantage encore plus sûr que celui de la banque, pourvu qu’elles réussissent à se rattraper d’une perte en faisait la conquête d’un joueur plus heureux. L’exploitation du vice sur une plus grande échelle avait lieu gale-rie Montpensier, n° 9, 10, 11 et 19. Deux tapis verts pour le trente-et-quarante, qui ne différait guère du trente-et-un des maisons de jeu, et une table de creps occupaient là, trois grandes pièces, près desquelles se trouvaient des salles de trictrac et de billard, ainsi que des buvettes, où flambait le punch, pour mettre le vertige à la place de l’hésitation, de l’inquiétude ou du remords des plus timides, et pour désaltérer les plus ardents.

On ne se contentait pas d’y jouer jusqu’à minuit, devant une galerie de femmes qui ne venaient pas uni-quement pour le jeu ; on dansait à l’étage supérieur jusqu’à six heures du matin, sans que le jeu souffrit d’interruption. Au-dessus du bal, qu’on appelait sans fard le Pince-Cul, la progression continuait encore, et la débauche n’avait plus qu’à descendre. »

Louis Philippe mettra un terme à cette débauche de luxure, de plaisirs divers. Le Palais-Royal entrera alors dans un long sommeil qui durera 16 ans.

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