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1184 -mars 2017 nUméRo SPécial PRiX en fRance 3 €. iSSn : 2117-5047, eiSSn : 2493-2752 commission paritaire N°0418 I 83051 le ReVenU UniVeRSel ? OUI, ON PEUT ! La Grande Relève menSUel de RéfleXion Socio-économiQUe VeRS la démocRaTie d’Une économie diSTRibUTiVe «Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» V. Hugo.

La Grande Relèveprogramme de B. Hamon, mais en relation avec le revenu universel cela ne me semble crédible que dans un contexte de retour à la souveraine - té monétaire. Il faut

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Page 1: La Grande Relèveprogramme de B. Hamon, mais en relation avec le revenu universel cela ne me semble crédible que dans un contexte de retour à la souveraine - té monétaire. Il faut

n° 1184 -mars 2017 numéro spécial

prix en france 3 €. issn : 2117-5047, eissn : 2493-2752 commission paritaire N°0418 I 83051

le revenu

universel ?

OUI, ON PEUT !

La Grande Relèvem e n s u e l d e r é f l e x i o n s o c i o - é c o n o m i q u e

v e r s l a d é m o c r a t i e d ’ u n e é c o n o m i e d i s t r i b u t i v e

«Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» v. Hugo.

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Comme beaucoup de nos concitoyensje n’attends plus grand’ chose des gensau pouvoir, et j’ai “allègrement“zappé les Primaires de la droite. Mais l’un des candidats de la gaucheportait haut et fort un programmedont l’une des mesures phares est lerevenu universel ! Alors il m’a sem-blé intéressant que, 80 ans après LaGrande Relève, un homme politiques’en fasse le porte-voix… et de façonassez courageuse pour faire de lui lacible de presque tous les autres “socia-listes” ! Bien que Benoît Hamon ait sembléextrêmement déterminé, il ne sem-blait alors pas en mesure de gagner laPrimaire, faute d’apporter la preuvede la faisabilité économique de sonprojet de revenu universel face auxattaques le chiffrant “dans la strato-sphère”. Comme s’il n’avait pas lesarguments, mais que, comme un nau-fragé dans la tempête s’accroche à sonradeau, il s’arc-boutait à cette mesurephare sans vraiment arriver à faire ladémonstration de sa justesse. D’unecertaine manière il me faisait de lapeine, car bien qu’il tienne fermementle cap, il ne proposait pas d’argumentssuffisamment convaincants. À l’issue du premier tour je medemandais ce que B. Hamon connait“de l’historique” du revenu univer-sel, de La Grande Relève et de tout letravail, de toutes les réflexions, aulong des années, que vous avez eues àce sujet … ce qui l’aiderait à pouvoirrépondre à toutes les objectionscontraires et à les vaincre. J’ai donc euenvie de vous inciter à le contacterafin de le fortifier dans sa vision. Eneffet, c’est sans doute la première foisque le revenu universel est débattu defaçon aussi médiatique et pour beau-coup de gens cela reste une abstrac-tion - attractive pour beaucoup, maisirréaliste - d’autant que les adver-saires et les experts, “ceux quisavent” disent que c’est une folie éco-nomique. Moi-même, lorsque j’aiassisté à une conférence de M-LDuboin il y a une vingtaine d’annéesà Genève, je n’avais jamais entenduparler du revenu universel, mais

cette présentation m’a intéressé etje vous suis depuis cette date.Si Benoît Hamon n’avait pas été fina-liste, la trappe se serait momentané-ment refermée. Fort heureusement, c’est lui qui agagné la Primaire, bien que ManuelValls ait redoublé ses attaques, se pré-sentant comme l’homme d’expérienceà la stature présidentielle, faisant toutce qu’il pouvait pour déconsidérer sonadversaire, recourant même au vieuxslogan “Moi ou la défaite !”. Y en amarre de ces types à l’ego si imposantqu’ils empêchent toute discussion pai-sible et constructive, tellement sûrsd’eux et de la doctrine capitaliste libé-rale (“assujettis” à leurs grandspontes) qu’il n’y a aucun espoird’idées nouvelles avec eux ! À l’opposé, B. Hamon (j’espère que savictoire ne lui a pas tourné la tête !),qui a dit «Je ne suis pas l’homme pro-videntiel, je crois en l’intelligence col-lective», ce qui est plutôt rafraîchis-sant, serait donc vecteur de beaucoupplus d’horizontalité, de partage desinitiatives et des responsabilités. Juste proposer le revenu universel estconsidéré par la majorité de la classepolitique, des experts économistes etdes médias, c’est pratiquement commeexiger “l’abolition de l’esclavage” auxpropriétaires terriens du Sud (qui ontfait une guerre pour ça !). Les grandspatrons de l’industrie et du commerces’étranglent si on leur demande derenoncer à leur outil de pression et dedomination sur les travailleurs ! Siles ouvriers ne sont plus ”contraints”d’être exploités pour survivre… com-ment feront-ils encore leurs bénéficeséhontés ?J’ai bien compris les grandes lignes duprogramme de B. Hamon, mais enrelation avec le revenu universel celane me semble crédible que dans uncontexte de retour à la souveraine-té monétaire. Il faut donc essayer de l’amener au-delà du revenu universel à la vastevision… de l’économie distributive. Et puisque la lumière des projecteursest actuellement braquée sur cetaspect important de nos propositions

économiques, c’est une occasion pré-cieuse de mettre enfin l’économie dis-tributive en pleine lumière. Il serait très profitable de saisircette opportunité d’en faireconnaître la réalité, car au-delà descris d’orfraie des tenants du systèmeultra-libéral, je suis persuadé quepour beaucoup de personnes peuinformées c’est désormais un thèmecapable de susciter leur curiosité etleur intérêt. Pour le bénéfice du plusgrand nombre et la possibilité d’unevéritable alternative politique, écono-mique, écologique, sociale, relation-nelle … Il y a encore assez de gens intelligentspour s’intéresser à une économiealternative sérieuse, comprendre lavaleur de votre approche de la société(et aux trésors de réflexion des numé-ros passés ) encore faut-il… qu’ils enconnaissent l’existence !Or, si cette ouverture se referme bru-talement, alors les préjugés sur lerevenu universel auront gagné et ilsera beaucoup plus difficile ultérieure-ment de faire changer d’avis à sonsujet.Benoît Hamon doit être solidementarmé et avoir tous les arguments“concrets” pour faire avancer cetteidée malgré toutes les attaques du“capital” et de tous ceux qui ont inté-rêt à ce que l’ancien régime continue,pour maintenir leurs privilèges exor-bitants, honteux, voire … criminels.Et même si la victoire des idées n’estpas pour cette fois, aider à la concep-tualiser dans l’esprit de tous les “indi-gnés, révoltés, insoumis, nuit debout,etc.” contribuera à faire un jour rem-part contre les profiteurs.Quant à Macron le bluffeur, sa popu-larité semble si artificiellement gon-flée (par les tenants du capital) qu’el-le ne se retrouvera sans doute pasdans les urnes…. Mais si les genssont assez bêtes pour le mettre audeuxième tour face à Marine Le Pen… ce sera tant pis pour eux, c’est-à-dire aussi… pour nous ! Telle est la loide ce genre de …“démocratie” !

B. V. , La Roque d’Olmes

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017

Voici quelques extraits de la lettre d’un fidèle abonné qui nousa incités, puisqu’enfin l’idée d’un revenu garanti est d’actua-lité, à consacrer ce numéro de mars à un rappel de l’essentielde nos propositions :

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X — êtes-vous pour le revenu universel ?

la grande relève —Pour un revenu garan-ti, individuel, inconditionnel, oui… Mais cesera très difficile d’en obtenir un finance-ment convenable dans le système capitalisteparce que c’est aller à l’encontre de ses prin-cipes fondamentaux.

X — êtes-vous de ceux qui pensent que les nou-velles technologies vont entraîner la fin du tra-vail * ?

la grande relève — Pas du tout. Évoquerla fin du travail* est une absurdité, parceque du travail*, il y en aura toujours. Et sansdoute de plus en plus. Dans toutes les acti-vités concernant lessoins aux autres, etd’abord dans l’édu-cation. Dans larecherche, dans l’ex-ploration, dans lacréativité dans tous les domaines de laconnaissance et des arts. Dans l’informationau présent et dans la participation auxdébats politiques, etc.Mais c’est la fin des emplois salariés : ilsdisparaissent déjà à toute allure. Et les nou-velles technologies vont en supprimer enco-re bien plus qu’elles n’en créeront. Pour uneraison très simple : un employeur ne crée oune maintient un emploi que s’il peut en tirerplus de profit qu’en utilisant un robot !

X — C’est pour cette raison que JacquesDuboin, le fondateur de ce journal, a créél’économie distributive ?

la grande relève — Il n’en a créé que leterme !

X — De quoi s’agit-il ?Et en quoi cela s’op-pose-t-il au système actuel ?

la grande relève — Le terme d’économiedistributive se comprend quand on l’oppo-se aux processus de redistribution quiconsistent, pour organiser une sorte de cha-rité publique, à reprendre aux uns, par l’im-pôt ou des taxes, un peu de ce qu’ils esti-ment avoir bien gagné…

Faute d’un termeparfait, on peut dési-gner l’ensemble deces propositions parle terme d’économiede partage, pour

montrer qu’il s’agit de changer la façon dontles richesses sont réparties, ou par celui dedémocratie économique, pour soulignerque c’est introduire la démocratie dans ledomaine économique dont elle est aujour-d’hui complètement exclue. On aborde alorsle fonctionnement d’une économie danslaquelle ce n’est plus la finance qui com-mande, parce que le rôle de la monnaie nepermet plus que toute activité soit soumiseà la loi du profit.

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017

Le vrai changementc’est sortir de

l’économie de l’échangeet inventer

l’économie du partage !

la fin de QUEL travail ?

c’est de la fin du salariat

dont il s’agit !

*le mot TRAVAIL est employé ici dans le sens qu’en donne le dictionnaire Larousse =activité de l’homme appliquée à la production, à la création, à l’entretien de quelque chose.

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Et c’est le terme d’économie des besoins quiconvient pour mettre en relief le fait quec’est par leurs fondements que “distributis-me” et capitalisme s’opposent totalement.

X — Mais des besoins, il y en a infiniment !

la grande relève —D’autant plus que lecapitalisme s’emploie à en créer d’artifi-ciels  !! Mais vous avez raison, il est impos-sible de les satisfaire tous, donc il faut fairedes choix. Alors comment ? Sur quels critères ?Le rôle de l’économie est de produire desbiens et des services, qui parviennent auxconsommateurs par la vente. Les décisionsdéterminantes concernent donc la produc-tion : qui, quand, comment est fait le choixde ce qui va être produit, avec quelsmoyens, et pour l’usage de quels acheteurs ?Les économistes orthodoxes, pour qui lesystème capitaliste est éternel, affirmentqu’il existe une loi universelle qui, en ren-dant ces choix automatiques, dispense deperdre du temps à en discuter. C’est la loidu marché. Et elle est très simple : on n’en-treprend quoi que ce soitqu’en vue du profitfinancier à en tirer. Ilfaut donc choisir ce quirapporte le plus. Or les “investisseurs”disposent aujourd’huide prodigieux moyensde calcul pour prévoir, en permanence, lesrentabilités escomptables, partout dans lemonde. Cette expertise mathématique leurdésigne les entreprises dont le “retour” s’an-nonce le plus “rentable”, c’est donc cellesqu’ils choisissent pour y placer l’argent quileur est confié pour le faire “fructifier”, etqui constitue les “avances” nécessaires pourproduire. Ce choix des entreprises implique celui deleurs modes de production, des emploisdont elles ont besoin, et de toute la publicitéqu’elles déploient pour pousser les consom-mateurs à acheter leurs produits. Le verdict est prononcé par la vente. Si cequi a été produit trouve client, c’est la preu-ve que c’était bien, donc le marché a raison

de permettre à l’entreprise de continuer,croître et prospérer  ; et sinon, s’il y a tropd’invendus, c’est que ça n’intéresse person-ne, le marché a encore raison en menaçantde faillite les entreprises à qui la vente n’apas assez “rapporté”. Voilà comment un seul et unique critère,celui de la rentabilité, pilote toute l’écono-mie capitaliste qui se trouve ainsi dévoyée.

X — À première vue, on pourrait pourtantdire que «le client est roi» puisque c’est luiqui décide de la production par le choix deses achats. Il vote avec son porte-monnaie,et la production s’adapte à ses choix…

la grande relève — En apparence seule-ment, car c’est oublier l’essentiel. Ce votepar le porte-monnaie est complètementfaussé par le fait que certains ont mille foisplus de bulletins de vote que la moyenne,tandis que d’autres n’en ont même aucun !Un tel vote ne permettrait d’adapter la pro-duction aux besoins de tous que si chacunavait droit à une voix, donc si tout le mondedisposait du même revenu. Mais dans les

conditions actuelles, laproduction n’est faiteque pour satisfaire lesbesoins dits “solvables”,c’est-à-dire ceux desclients éventuels quipeuvent payer. Or pro-duire pour eux du luxe

ou des gadgets inutiles est bien plus “inté-ressant” que se consacrer, par exemple, àune agriculture saine qui exige beaucoup desavoir et de main d’œuvre… Alors c’est tant pis pour tous les autres, pourl’environnement, pour la préservation desressources non renouvelables, pour la santé,etc. Et vive l’agriculture extensive et les intrantsqui rapportent ! Et aussi… tant mieux si quelques tricheriessuscitées par l’appât du gain permettent degagner un peu plus …!

X.— Donc, le “distributisme” s’oppose au capi-talisme en refusant de soumettre l’économie à laloi du marché ?

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la pseudo “loi“ du marcHé

dispense de bien desconcertations

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la grande relève — Oui. D’abord parceque ce n’est pas une loi de la nature, univer-selle et éternelle comme le prétendent leséconomistes classiques. Et surtout parce que cette pseudo loi a biend’autres aspects trop lourds de consé-quences… À commencer par le fait qu’elle dispense lesélus de leur responsabilité économique.Ainsi quand une entreprise privée congédieses employés pour se délocaliser, pour être“plus compétitive” en payant moins desalaires et moins d’impôts, c’est une affaireprivée, donc le gouvernement ne peut quelaisser faire puisque ce n’est pas de son res-sort… ! Ensuite parce que cette quête aveugle duprofit crée une rivalité permanente, unesituation de guerre de tous contre tous,employeurs et employés sont stressés par lapeur de perdre leur situation. Ce “chacunpour soi” détruit donc la société. En outre cette loi du marché est celle du“laisser-faire”, celle de la “liberté d’entre-prendre” que ses farouches défenseurs pré-tendent nécessaire pourstimuler une inventivitéqui serait synonyme deprogrès social. C’estdoublement faux  : laliberté d’entreprendreest réservée à la minoritéqui a les moyens finan-ciers suffisants ; l’im-mense majorité ne peutcréer qu’en empruntant, donc en se soumet-tant par la dette à l’obligation de rentabilitépour verser les intérêts exigés par ses créan-ciers. Et puis surtout c’est laisser faire n’importequoi, avec tous les dangers qu’entraîne unetelle insouciance. Avec le formidable déve-loppement des technologies (nanotechnolo-gies, intelligence artificielle, interventionssur le génome, etc.) s’ouvrent de tellesimmenses possibilités souvent porteuses delourdes conséquences, qu’il devient urgent,au contraire, de veiller à limiter les risquesau maximum  ! Des décisions aussi impor-tantes pour le devenir de l’humanité doi-vent être basées sur la raison. Au lieu de

laisser faire “la main invisible” du profit, ilfaut diffuser l’information et instaurerconcertations et débats.

X.— Je ne vois pas comment peut fonctionnerune économie non soumise à la loi du marché !

la grande relève —Parce que l’imagina-tion est bloquée par la religion de l’échangemarchand… Si l’économie ne lui est plus soumise, c’estaux êtres humains concernés de l’organiser.En renversant la vapeur : au lieu de laisserla finance piloter l’économie, ils peuvent lamettre au service de leurs besoins écono-miques.

X.— C’est donc d’une réforme monétairequ‘il s’agit ?

la grande relève — Bien plus que d’uneréforme  ! Toutes les réformes imaginablesdans le système capitaliste ont été essayéeset ont échoué. Pour s’affranchir de la dictature de la finan-

ce il faut s’en prendre àson fonctionnement, aurôle que joue son arme,qui est la monnaie, pour ladésamorcer. La difficulté vient d’aborddu fait que les écono-mistes ont bien soin d’élu-der ce sujet qui les déran-ge. Le résultat est que les

gens, dans leur immense majorité, sontprêts à croire n’importe quoi, par exemple àpropos de la création monétaire. Ou au sujetdes dettes souveraines : quand on leur affir-me qu’ils doivent se serrer la ceinture pourque l’État puisse rembourser, sinon ce seraitcondamner d’avance leurs enfants à payer àleur place, ils se sentent coupables et sontprêts à accepter.

X — Vous pensez donc que, je cite, «notreennemi, c ’est la f inance» !

la grande relève — Nous ne nous conten-tons pas de le déclarer, nous le montrons. Mais si nous avons tant de mal à nous faire

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le «laisser-faire»

… n’importe quoi

c’est détruire la

société Humaine

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entendre, c’est parce que c’est oser aborderun domaine réputé si compliqué qu’il neserait accessible qu’à quelques spécialistes,qui peuvent ainsi en parler doctement… àleur guise ! Et pourtant, nous sommes tous concernéspar le fait que le monde est dominé par l’ar-gent. Comme M-L Duboin le montre dansson livre Mais où va l’argent  ?, tant qu’unemajorité de gens refusera d’essayer de com-prendre les mécanismes qui nous ontconduits à la situation catastrophiqueactuelle, elle ne fera qu’empirer. Admettrequ’il est “normal” qu’on n’y entende rien,qu’on ne peut donc que laisser faire ceux quisavent, et qui tiennent à ce que rien ne chan-ge, c’est permettre que rien ne change.

X — Faut-il comprendre que vous voulezsupprimer la monnaie ?

la grande relève — Non, parce que l’éco-nomie doit être sérieusement gérée, neserait-ce que pouréviter le gaspilla-ge des ressourcesnon renouve-lables… C’est àcette gestion quedoit servir lamonnaie, per-mettre de comptertout ce qu’il faut é-co-no-mi-ser. Mais toutle reste, tout ce qui peut, sans danger, êtreconsommé sans limite, et qui d’ailleurs n’esten général pas mesurable, doit être gratuit.

X — La croissance cesse donc d’être unimpératif, sauf pour les connaissances, laculture, l’art, etc.

la grande relève —Oui, car, en résumé,l’objectif de l’économie des besoins est deproduire et mettre à disposition, de façonraisonnée, c’est-à-dire en tenant compte desmoyens disponibles et des retombées pos-sibles, ce qui est nécessaire pour satisfaireles besoins de tous, en commençant par lesplus vitaux, puis, dans la mesure du pos-sible, les plus souhaitables et les moinsindispensables.

Presque chaque mot de ce résumé suscitedes questions telles que  : Comment produi-re ? Comment mettre à disposition ? Que veutdire de façon raisonnée ? Comment savoirquels sont les “moyens disponibles” ? … Etc.On entre là dans le détail des modalités defonctionnement que depuis 1935, et pas seu-lement en France, des milliers de gens ontavec nous envisagé, imaginé, discuté. Et, en général, plusieurs solutions sont pos-sibles. Or c’est aux personnes concernées d’en déci-der, les modalités adoptées peuvent doncêtre différentes selon les lieux et modifiéesau cours du temps. C’est là un premier point important  : ladémocratie apporte à l’économie une véri-table souplesse  : il devient possible d’enadapter l’organisation aux conditionslocales et les modalités peuvent enfin évo-luer avec les moyens de production.En envisageant ces diverses modalités, oncomprend à quel point s’affranchir des

impératifs figésde la loi du mar-ché, est une véri-table libération.On découvre tousles verrous quis’ouvrent, toutesles possibilités quine sont que des

rêves dans le système du profit, tous lesinterdits qui bloquent même les imagina-tions, et tous les dangers vers lesquels nousprécipite cette course en avant pour unecroissance hors de toute mesure, par unecompétition qui, même “libre et non faus-sée”, est mortifère.

X —Si ce n’est plus le profit qui stimule lesactivités, mais où va-t-on !

la grande relève — Vers le contraire decette lutte permanente : vers la coopérationqui, outre qu’elle rend la vie humaine moinsviolente, est économiquement bien plus effi-cace et plus productrice de qualité. On va s’en apercevoir dans tous lesdomaines, à tous les niveaux. Commençonspar les choix économiques déterminants  :

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la monnaie doit permettre

de gérer ce qui doit être

é-co-no-mi-sé.le reste peut être GRATUIT.

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quelles productions faut-il mettre en routeet avec quels moyens ? Ces décisions essen-tielles sont politiques. Elles résultent dudébat démocratique qui est organisé defaçon à ce qu’un maximum d’informationsobjectives puisse être pris en compte. Cetteprospection revient à l’Institut National dela Statistique et des Études Économiques(INSEE). Sa mission n’est pas seulement lapublication de bilans, il lui revient de recen-ser et de rendre publics, en permanence, lesbesoins, les moyens matériels accessibles, lepersonnel disponible, les méthodes envisa-geables et leurs retombées prévisibles. Le recensement des ventes passées fait par-tie des informations qui lui sont nécessairespour évaluer les besoins, y compris ceuxdestinés à des contrats d’échanges avec l’ex-térieur. Les propositions de travail, sous forme decontrats civiques (on verra plus loin) lui per-mettent de connaître les moyens disponiblesen personnel. Moyens techniques et chiffrage des fourni-tures nécessaires lui sont communiqués parles entreprises en activité et les chercheurs. Les professionnels de la santé, de l’environ-nement, de l’agronomie, etc. sont là pourprévoir, selon les cas envisagés, les retom-bées dans leurs domaines respectifs.

X — Je vous arrête : c’est ne pas respecter lesecret des affaires, les secrets profession-nels, les brevets d’exclusivité !

la grande relève —Bien sûr. Secrets et bre-vets n’ont de raison d’être que s’il s’agit derivaliser avec des concurrents. C’est cet obs-tacle à la transparence qui disparaît quandl’objectif commun est de produire le mieuxpossible en disposant des meilleures tech-niques, les découvertes les plus récentessont alors largement accessibles.En outre, le débat démocratique n’a aucuneraison de favoriser l’obsolescence program-mée, mais au contraire le développementd’ateliers de réparations. Et sortir de la loi du marché c’est aussi sedébarrasser de la pression exercée par deslobbyistes, par exemple quand il s’agitd’empêcher la diffusion de produits dange-

reux ! C’est rendre inutiles fraudes, contrefa-çons, tromperies sur les effets de certainsmédicaments. Dans le domaine de la santé,c’est même aller plus loin  : alors que lesmédicaments sont aujourd’hui une énormesource de profits (surtout pour les labora-toires pharmaceutiques), comme sans doutebien des dépenses “curatives”, se libérer dela loi du profit ne peut que favoriser le déve-loppement éminemment souhaitable de lamédecine préventive et changer aussi biendes aspects actuels des professions médi-cales.

X — Et pourquoi pas aussi : adieu auxpesticides, aux armes, aux drogues…

la grande relève — Ils résultent, en effet,de la même motivation.Reprenons. C’est à tous les niveaux appro-priés (local, régional, etc.) selon le principede subsidiarité et en disposant de toutes cesdonnées que s’organise le débat de politiqueéconomique, quasi en permanence, au seinde ce qu’on peut appeler le Conseil Écono-mique et Social (CES). Ces décisions établis-sent le projet de production où sont précisésce qui va être produit, où, par quelles entre-prises, dans quelles conditions, avec qui,avec quoi, quelles quantités sont prévues,où ces produits seront livrés et mis en vente,et à quels prix, etc.

X — C’est la planification à la soviétique !

la grande relève — Pourquoi «à la sovié-tique»  ? Vous oubliez qu’en France, unCommissariat au Plan a existé dans lesannées 1950-70 et qu’il a largement contri-bué aux reconstructions et adaptations

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secrets professionnels,

brevets, lobbies

obsolescence programmée

tricHeries

ont la même motivation

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nécessaires après la guerre.Pas une seule entreprise, capitaliste ou pas,ne peut fonctionner sans avoir un plan,parce qu’avant de pouvoir produire quoique ce soit il faut savoir ce qu’on veut faireet comment !

X — Le projet est donc destiné à préparer laproduction…

la grande relève — Oui, mais pas seule-ment. Le projet établit aussi l’estimationchiffrée, pour une période donnée, de larichesse qu’on a décidé de produire pour lamettre en vente ou pour l’échanger (contratsde troc) avec des richesses produites à l’ex-térieur. C’est cette estimation qui fixe le montant dela masse monétaire qui est alors créée par labanque centrale.

X — Vous voulez dire que si telle régionentreprend de produire pour un milliard enproduits divers, il va y être créé un milliarden monnaie ? Mais ce sera l’inflation !

la grande relève — Non parce que cettenouvelle monnaie ne peut servir qu’à ache-ter son équivalent de produits : lors de toutachat, que ce soit d’un bien ou d’un service,elle est automatiquement annulée. La mon-naie distributive ne circule pas. Son rôle estde faire passer les produits des producteursaux consommateurs. Ce qui est bien le butde l’économie, non ? Puisque les produits serenouvellent, ne vous paraît-il pas logiqueque la monnaie pour les acheter se renou-velle au même rythme ? Monnaie et produits sont ainsi deux flux quis’écoulent en parallèle, et qu’il s’agit d’équi-librer.

X — Mais il y a des aléas. La réalisationn’est jamais tout à fait conforme aux prévisions…

la grande relève — Bien sûr que non,même si les informations sont d’autant plusfiables qu’il n’y a plus de raison de lescacher ou de les truquer.Mais des erreurs sont toujours possibles, et

il y a des catastrophes imprévisibles. C’estpour cela que l’INSEE compare, en continu,les résultats qui lui sont communiqués avecles prévisions qui ont déterminé la massemonétaire. Et le pouvoir d’achat de cettemonnaie est corrigé en permanence pourrectifier, rétablir l’équilibre entre les flux deproduction et de consommation.

X — Tout ça paraît bien compliqué.

la grande relève —Pas plus que ce quefont aujourd’hui les traders. Les logicielsnécessaires pour assurer cet équilibre sontsemblables à ceux qu’ils ont mis au point etqui fonctionnent dans le monde entier, 24heures sur 24. Pour les adapter, il faut justechanger de point de vue !!

X — Mais une monnaie qui s’annule àl’achat, ça change complètement nos habi-tudes !

la grande relève — Pas pour tous les gensqui touchent si peu qu’ils ne peuvent rienmettre de côté ! Pour tous ceux dont les finsde mois sont difficiles, la monnaie actuelleest déjà une telle monnaie de consomma-tion ! Et quand on poinçonne un billet de métro,quand on colle un timbre sur une lettre, on abien l’habitude que ce moyen de paiementsoit automatiquement périmé, “oblitéré” !

X — Et pourquoi cette restriction  ? Est-cequ’il n’est pas plus simple d’instituer destaxes (taxe Tobin, TTF sur les transactionsfinancières…) pour réduire la spéculation ?Et pourquoi ne pas l’interdire ?

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017

c’est la possibilité

de placer de l’argent

pour qu’il rapporte

qui creuse de plus en plus

les inégalités

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la grande relève — Parce que le milieufinancier est devenu plus puissant que lesgouvernements. Il dispose aujourd’hui desmoyens de contourner toute loi qui interdi-rait telle ou telle spéculation, tel ou tel para-dis fiscal, le “shadow banking” est bien aupoint, les transactions “sous la table” sont…monnaie courante, c’est bien le mot ! Aujourd’hui, «l’argent va à l’argent», hors detoute raison. Pour que la monnaie ne puisseplus «faire des petits» il faut qu’elle ne puis-se pas être “placée”, donc qu’elle ne circulepas.Il faut insister sur ce point parce qu’il estpassé sous silence. Il est ignoré alors qu’il estessentiel  : c’est la possibilité de placer del’argent pour qu’ilrapporte qui creusede plus en plus lesinégalités, injusti-fiées, entre les for-tunes. Et c’est facile à com-prendre  : tout vientdu fait que les inté-rêts sont propotion-nels au capitalplacé. Pour tous ceux quiont à peine de quoivivre (et ils sont lar-gement majoritaires dans le monde  !) c’estune source de revenu inaccessible. Si le taux d’intérêt est de quelques pourcent, quand vous pouvez placer cent euros,vous en tirez quelques euros. Ceux qui peu-vent placer un million ramassent quelquesdizaines de milliers… Et à ceux qui placentun milliard, c’est plusieurs dizaines de mil-lions qui tombent du ciel… ou plutôt ducapitalisme, puisque c’est sur cette croissan-ce exponentielle que ce système est fondé. À ce taux, la différence est déjà énorme.Mais les investisseurs exigent maintenantdes «retours à deux chiffres», ce qui veutdire des taux de plus de 10 % ! Par exemple,le rendement annuel des actions des multi-nationales de l’industrie pharmaceutique aatteint jusqu’à 27 %. Faites le calcul !

Voilà comment plus vous possédez, plusvous gagnez, sans rien faire. C’est automati-quement, mathématiquement, que l’écart secreuse, donc que les inégalités entre les êtreshumains augmentent de plus en plus vite ethors de toute raison. Faut-il que cette démesure puisse conti-nuer ?

X — Non, bien sûr. Mais comment une tellemonnaie peut-elle être créée et annulée ?

la grande relève — Comme l’est aujour-d’hui la monnaie bancaire, c’est-à-direcomme l’essentiel (de l’ordre de 90%) de lamonnaie utilisée pour les paiements.

La monnaie bancai-re était scripturale àl’origine : des jeuxd’écriture. Sa formeactuelle est mainte-nant informatique,numérique  : lesbanques la créentpar addition, l’an-nulent par soustrac-tion sur lescomptesinformatisés deleurs ordinateurs,entre lesquels elleest transférée, au

sein du réseau informatique qui leur estréservé. Cette forme est adaptée aux moyens perfor-mants qui existent, elle est bien rôdée, ellepermet l’usage, très commode, des cartesbancaires comme moyens de paiement (etpour les détaillants comme moyen de ges-tion de leurs inventaires). Elle peut doncêtre conservée.

X — Si la forme de la monnaie est la même,qu’est-ce qui change ?

la grande relève — Sa raison d’être, l’or-ganisme qui a le droit de la créer, et avecquel objectif. Aujourd’hui, ce sont des orga-nismes privés, les banques, qui la créent, etdans leur propre intérêt, quand elles

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017

dans le capitalisme

plus vous possédez,

plus vous gagnez…

c’est matHématique !

les inégalités ne peuvent

donc qu’augmenter !

9

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LA FINDE

QUEL

TRAVAIL?

la grande peur d’une vie sans travail salariéLes trois siècles qui précèdent ont axé sur le travail salarié le cœur du “lien social” : c’est en fonction d’untravail dans un emploi rémunéré que se dispense l’éducation dans la jeunesse, c’est lui qui par la gradua-tion des revenus détermine les niveaux sociaux de la vie active, c’est lui qui permet le financement de laretraite dans la dernière partie de la vie.Si d’autres modes de répartition des richesses (assurant à chacun la disposition des richesses matériellesnécessaires à une vie confortable) se dessinaient, une interrogation ne manquerait pas de surgir : qu’allons-nous faire de notre vie ? Keynes I’écrivait déjà en 1930 : «la lutte pour la subsistance nous paraît comme ayanttoujours été jusqu’ici le problème primordial et le plus pressant de l’espèce humaine. Si le problème économique est réso-lu, l’humanité se trouvera donc privée de sa finalité traditionnelle... Pour la première fois depuis sa création, l’hommefera face à son véritable problème : comment employer la liberté arrachée aux contraintes économiques ?». Nous ysommes. Et c’est une grande peur qui surgit. Notre éducation, notre culture, ne nous ont pas préparés à unevie dans laquelle les activités collectives de production de biens matériels et de services ne seraient pas lapartie centrale de nos actions; nous n’avons pas appris à considérer le temps libre comme un bien en soi.

extraits du n°972 (décembre 1997) de La Grande Relève intitulé LA FIN DE QUEL TRAVAIL ?

«C ’ e s t u n e s o c i é t é d e t r a v a i l l e u r s q u e l ’ o n v a d é l i v r e r d e s c h a î n e s d u t r a v a i l e t c e t t es o c i é t é n e s a i t p l u s r i e n d e s a c t i v i t é s h a u t e s e t p l u s e n r i c h i s s a n t e s p o u r l e s q u e l l e s i lv a u d r a i t l a p e i n e d e g a g n e r c e t t e l i b e r t é .» Hannah Arendt

Aussi longtemps que la signification de la mutationtechnologique informationnelle ne sera pas acceptéepar les responsables, ni expliquée à l’opinion publique,l’avenir si riche pour tous qu’elle pourrait offrir serabarré ; et cela au nom de la défense d’une économie demarché incapable par nature de maîtriser toute situa-tion d’abondance et de répartir des richesses qui necessent d’augmenter avec de moins en moins de labeurhumain.Il faut porter au compte des résistances au changementune autre donnée centrale : la peur panique de lamajorité des citoyens envers une vie privée des repèresfournis par l’existence du travail salarié.

La confusion travail-activité est devenue si fré-quente qu’il est de plus en plus difficile de distin-guer dans le discours des uns et des autres de quoil’on parle. Ce qui disparaît, c’est le travail salarié, correspon-dant à un emploi dans la production marchandeen échange d’un salaire. Ce travail, tel que nous leconnaissons aujourd’hui, n’existait même pas chezles grecs et les romains qui considéraient les acti-vités issues de la nécessité, ou tâches laborieuses(artisanales, agricoles ou autres) comme dégra-dantes : la finalité de l’être humain libre devait êtrel’activité éthique et l’activité politique.

de qui est-ce ?

1. «La vie n’est pas le travail. Travaillersans cesse rend fou.»

2. «Le temps libre devient la vraie mesurede la richesse.» réponsesDe deux dangereux révolutionnaires :Le premier est le général De Gaule, cité par Malrauxdans Les chênes qu’on abat.Le second est Karl Marx. L’idée de la finalité du travail n’est donc ni de droite nide gauche, pour peu qu’on soit clairvoyant et logique.

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ouvrent des crédits pour leurs clients. Ellesla gèrent en tenant les comptes. Elles l’annu-lent et encaissent les intérêts quand ces cré-dits leur sont remboursés. Pour que l’économie ait enfin l’intérêt géné-ral pour objectif, un tel privilège doit êtreremis en question. On devrait même sedemander comment il a pu être maintenudans ce qu’on appelle pourtant les démocra-ties  : il s’agissait d’un droit régalien, est-cequ’avec la république, ce droit ne devait-ilpas revenir au peuple ?La forme informatique de la monnaie ban-caire est donc adap-tée à la monnaiedistributive, maisc’est une institutionpublique, transpa-rente et contrôlée,qui la crée et la gèreen se conformantaux décisions depolitique écono-mique prisesdémocratiquementdans les CES,comme on vient dele voir. Les pièces et lesbillets, qui sontfaits pour circuler,sont donc exclus.Ne le regrettonspas : ils servent sur-tout au blanchi-ment d’argent sale et aux paiements “aunoir“  ! Et pour les petits achats, cette“menue monnaie” est déjà en train d’êtreremplacée par le porte-monnaie “électro-nique”.

X — C’est donc la banque publique qui créela monnaie, dans l’intérêt général.Comment ?

la grande relève — Par inscriptions surdeux types de comptes  : les comptes desentreprises, pour acheter ce dont elles ontbesoin pour produire, et les comptes indivi-duels, destinés à la consommation.

Les entreprises dont les projets chiffrés ontété acceptés par les CES s’engagent parcontrat à les exécuter comme prévu. Labanque inscrit donc sur leurs comptes lessommes qu’elles ont demandées.

X — Donc la banque publique assurel’avance nécessaire aux entreprises commele font aujourd’hui les investisseurs pri-vés ?

la grande relève — Oui, sauf que cesentreprises n’ont rien à rembourser. Non

seulement ellesn’ont plus d’intérêtsà payer à qui que cesoit, mais pas nonplus d’impôts, ni detaxes quelconques,ni de cotisationssociales, puisque lefonctionnement detous les servicespublics est financéde la même façon. et ça change tout !Le travail n’a pluspour but d’augmen-ter le bénéfice d’unpatron ou les divi-dendes des action-naires, ni d’assurerqu’ils soient compé-titifs pour gagnerdes marchés.

Le personnel de l’entreprise est le groupedes personnes qui se sont associées dans unprojet commun soumis au CES. En signantle contrat correspondant quand le CES l’aaccepté, elles se sont engagées à le réaliserensemble, selon le financement prévu. Il ne s’agit plus d’un “patron” et de “ses”employés, mais d’une coopérative, donttous les membres, chacun dans sa fonction,ont le même objectif : remplir le mieux pos-sible leur contrat et en fournir la preuve aumoment d’en demander soit ensemble leprolongement, si tout s’est bien passé, soitpour en faire état pour d’autres projets si deschangements sont souhaités.

on ne peut plus

condamner quiconque,

sous peine de

n’avoir pas de quoi vivre,

à cHercHer

sur le marcHé

quelqu’un qui ne lui acHète

son travail

QUEs’il peut en tirer

profit.

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X — Plus de patrons, plus d’employés, quedes coopérateurs ! Bon. Mais comment leurtravail est-il rémunéré ?

la grande relève — Oui, que des coopéra-teurs, mais la hiérarchie de leurs fonctionsn’implique pas celle de leurs revenus. Le travail n’est plus une marchandise. AuXXIème siècle, on ne peut plus condamnerquiconque, sous peine de n’avoir pas dequoi vivre, à chercher sur le marché quel-qu’un qui ne lui achète son travail que s’ilpeut en tirer profit. La condamnation à ne manger qu’à la sueurde son front se justifiait dans les siècles pas-sés quand la production étant surtoutmanuelle, artisanale, la menace de pénuriealimentaire était quasi permanente et ren-dait vitale la nécessitéde produire. Notre système écono-mique a été conçu ences temps où il fallaitdonc obliger tout lemonde à travailler, etle plus possible. Le progrès desconnaissances danstous les domaines, ausiècle dernier, a sicomplètement changénos moyens de pro-duction que nous sommes sortis de cette èrede rareté. Nous sommes entrés dans une èred’abondance potentielle, en ce sens qu’il estdevenu possible de remplacer du travailhumain par celui de robots pour produire cedont l’humanité a besoin pour se nourrir,s’abriter, se soigner, etc.Cette “grande relève” se transforme aujour-d’hui en chômage, alors qu’elle peut être dutemps humain libéré, permettre de réduirele temps de travail nécessaire en le parta-geant mieux, développer des activités choi-sies : loisirs, culture, art, sport… et politique. À condition d’adapter notre système écono-mique à cette évolution.D’abord en reconnaissant que si nous dispo-sons aujourd’hui de telles possibilités c’estgrâce aux connaissances que les générationsprécédentes ont acquises et nous ontléguées.

Les richesses produites aujourd’hui en sontl’usufruit, il faut les partager parce que nousen sommes tous, au même titre, cohéritiers.Le revenu inconditionnel, assuré de la nais-sance à la mort, versé à chacun par la socié-té dont il fait partie, et désigné, pour cetteraison, par revenu social, est cette part d’hé-ritage.

X — Est-ce que cela signifie qu’en économiedistributive la totalité des revenus de cha-cun est la même pour tous ?

la grande relève —Recevoir une part derevenu, au titre de cet héritage commun, estun droit fondamental qui est reconnu à tousen économie distributive. Or la richesse à partager n’est pas la même

d’une région à l’autrepuisqu’elle dépendd’un grand nombre defacteurs et des déci-sions du CES quifixent, comme on l’avu, les masses totalesde monnaie. La part de monnaieréservée en prioritépour la productionassure aussi l’entretiende tous les servicespublics, (dont la plu-

part, comme la santé et la formation, sontd’accès gratuit), il n’y a donc plus aucuneraison de lever des impôts ou des taxes surquoi que ce soit.Reste la masse destinée à la consommation,dont la répartition doit être débattue. Si laproduction et les services publics sont fixésà un minimum, juste de quoi assurer la sur-vie de tous les habitants, l’égalité écono-mique au niveau de base paraît la seule pos-sibilité humainement défendable. Dès qu’on décide de produire plus, on peutsoit tout partager également, soit en réserverune petite fraction pour introduire de la sou-plesse : susciter, encourager certaines activi-tés par des suppléments de revenus, MAISen se gardant bien d’oublier qu’il n’y a pasd’égalité des droits politiques, donc de véri-table démocratie, s’il n’y a pas égalité desdroits économiques.

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on ne peut plus

mesurer le salaire

comme on le faisait

à l’époque

du travail à la cHaîne

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X — Mais c’est l’abolition du salariat !

la grande relève — Oui, bien sûr. Ellesemble aussi difficile à défendre que lefurent l’abolition de l’esclavage au 18èmesiècle, du travail des enfants au 19ème, puisdu repos hebdomadaire et des congéspayés ! Mais elle est inévitable. La preuve, c’estqu’elle a déjà commencé, mais dans le mau-vais sens ! Le salariat, tel qu’on le rêve enco-re, est moribond. Il se transforme, à touteallure, en précariat : c’est Uber et autres enFrance, les “jobs de merde” en Allemagne etles “jobs à zéro heure” au Royaume-Uni,tous ces “petits boulots” mal payés, dedurée souvent très courte, sans aucunegarantie et sans protection sociale.Et il est complètement irréaliste de nier queles technologies du numérique vont se déve-lopper pour la raison évidente qu’elles ”per-mettent” de réduire encore plus la massesalariale. En outre, on ne peut plus mesurer le salairepar le temps passé comme on le comptait àl’époque du travail à la chaîne. Les tech-niques modernes rendent impossible defaire la part dans la richesse produite de cequi résulte du travail effectué par telemployé, celle de la formation qu’il a reçue,celle de ses capacités innées, celle du milieudans lequel il a été élevé, celle de l’état desconnaissances à son époque, celle des choixde l’organisation, des méthodes, etc. Nous proposons d’appliquer le principemutualiste : toute la production est faitepar l’ensemble des actifs, selon leurs capa-cités, et elle est partagée entre tous, actifs etinactifs, en fonction de leurs besoins. On n’a pas trouvé plus équitable ! Le revenu de chacun devient l’avance quelui fait la société humaine pour qu’il puissedevenir, être, et rester le plus longtempspossible, un citoyen heureux d’être actif etutile aux autres. Ce n’est plus le prix d’achatdu travail qu’il a fourni.

X — S’il est payé d’avance, il ne fera rien !

la grande relève — Mais si ! Il reçoit uneavance pour être ce citoyen heureux d’êtreactif et reconnu comme tel. N’est-ce pas ce àquoi chacun aspire ? Et pourquoi trouve-t-on normal que lesemployés fassent aujourd’hui l’avance deleur travail, alors que pour les entreprises,c’est l’ordre inverse ? Pour pouvoir vendre son travail il fautpourtant avoir d’abord acquit la force del’effectuer.En économie des besoins, la société com-mence par fournir à chacun, dès la naissan-ce, tout ce dont il a besoin pour devenir…“un citoyen”, plus précisément pour qu’ilpuisse, de la façon la plus autonome pos-sible, épanouir sa personnalité en s’adon-nant à une ou plusieurs activités par les-quelles il participe à la satisfaction desbesoins de la société dont il fait partie.

L’éducation fait prendre conscience à cha-cun(e) de son appartenance à la sociétéhumaine, comprendre que celle-ci a besoinde sa coopération et que c’est par ses activi-tés d’adulte qu’il (ou elle) va pouvoir êtrereconnu(e) et estimé(e) pour ses compé-tences et son altruisme. Le but de l’enseignement, accessible à tousaussi longtemps que nécessaire, est de pré-parer à cette réciprocité entre individu etsociété.Les activités correspondent ainsi aux capaci-tés et aux aspirations de ceux qui les ontchoisies, elles sont donc beaucoup mieuxexercées que sous la menace de n’avoir pasde quoi vivre. La population, moins stressée, a donc letemps et les moyens de s’informer et deréfléchir pour participer à la démocratie.

X — Comment s’exerce pratiquement, auniveau individuel, ce choix des activités ?

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017 13

appliquons le principe mutualiste

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la grande relève —Comme évoqué précé-demment, tout résident, homme ou femmebien sûr, fait au CES, une proposition pours’engager par contrat dans une activité, enprécisant dans quelles conditions et pourquelle durée. Un tel projet peut être indivi-duel (artisanal, artistique, familial, …) ouproposé par un groupe de personnes qui sesont entendues pour former une “coopérati-ve”. Le contrat signé ensuite avec le CES est,pour chaque participant, son “contratcivique”. Et le bilan de ce qui a été ainsi réa-lisé s’ajoute, à échéance, à son “curriculumvitae”, ce qui lui permet d’en faire étatquand il ou elle en demande le renouvelle-ment ou fait une autre proposition.

X — Alors tout le monde devient “intermit-tent” ?

la grande relève — Oui. Avec un revenugaranti et une sécurité sociale assurée, cha-cun peut ainsi “piloter” sa propre vie.Décider de travailler des années de suitesans relâche, prendre des années sabba-tiques, mener de front plusieurs activités…

X — Et si personne ne propose de participerà une activité jugée indispensable ? Quels contrôles pour veiller à qu’aucuntire-au-flan n’en profite pour ne rien fairedu tout… ?

la grande relève —Rassurez-vous, cesquestions font partie des détails auxquelsplusieurs solutions peuvent être apportées.Quelques unes ont été imaginées, il y a plusde trente ans, dans le livre Les Affranchis. Parexemple, instaurer un service civil obliga-toire pour assurer certaines urgences etaussi pour apprendre à être solidaire et àsortir de ses habitudes ; sa durée peut êtrede quelques mois, voire plus selon lesbesoins, par exemple entre 18 et 25 ans. Unservice de coopération, échangé avecd’autres pays. Et rien n’empêche les CES defaire des propositions pour assurer des acti-vités indispensables pour lesquelles aucunvolontaire ne s’est présenté. Et, rassurez-vous, la loi peut fixer un mini-mum d’engagement actif dû par chacun,entre 25 et 45 ans par exemple selon l’évolu-

tion de la productivité… et condamner lestire-au-flan que vous évoquez, si ce ne sontpas des malades et si c’est vraiment néces-saire, à quelque peine d’activité publique.

X — C’est changer bien des activités….

la grande relève —De toute façon, la plu-part vont devoir changer pour s’adapter auxnouvelles technologies et aux impératifs duclimat et de l’énergie. Mais ce qu’il est important de souligner c’estcombien sont humainement souhaitables, etinédites, celles qui sont ouvertes quand onse libère de l’orientation imposée par laquête du gain financier. Nous n’avons fait qu’en évoquer quelquesunes, au passage : à propos de l’éducation etde la formation, ce qui mérite pourtant unplus long développement, et dans le domai-ne de la santé, l’ouverture de la médecine àla prévention. Nous avons montré que ladémocratie économique fait de la politiqueune activité ouverte à tous. On aurait pumentionner la levée des contraintes exercéessur la presse et les moyens d’information.…Laissons le lecteur imaginer l’intérêt desactivités de recherche quand elles ne sontplus orientées a priori vers des applicationsimmédiatement rentables. Et celui des activités artistiques quand elleséchappent à toute avidité commerciale. Le changement dans l’activité desdétaillants… n’est pas un détail. Ils ont tou-jours la responsabilité de la gestion de leurmagasin, simplifiée par les paiements infor-matisés. Mais leur rôle d’intermédiaire neconsiste plus à pousser à l’achat, et de préfé-rence à celui qui leur “rapporte”. Il devientcelui d’informateur, et doublement  : fairepart aux fournisseurs des critiques, des sou-haits et des compliments des clients, etinformer la clientèle en transmettant leursréponses, qui ne peuvent être qu’objectives,sur la fabrication de leurs produits.

X — Vous rêvez  : vous croyez que “tout lemonde, il est bon”  ! Alors que les hommessont naturellement méchants.

la grande relève — On ne peut plus affir-mer que tout le monde est, “naturellement”,

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•JE PROLONGE MON ABONNEMENT POUR................ •JE M’ABONNE À ...... EXEMPLAIRE(S) DE LA GRANDE RELèVE À PARTIR DU N° .........

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r è g l e m e n t s :

LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017 15

soit méchant, soit bon. On sait maintenant quele comportement d’un être humain dépendtrès peu de l’inné, beaucoup plus de la façondont il a été entouré dès ses premiers mois, del’éducation qu’il a reçue… ou pas reçue, sonentourage est déterminant. Or le “chacunpour soi” capitaliste incite à la guerre perma-nente de tous contre tous pour “arriver”,alors, comment voulez-vous que la société soitconviviale quand les enfants sont entraînésdès l’école à la compétition ? Quand ce qui ”paie” c’est jouer des coudespour “gagner”, quand on prend l’habitude demépriser les autres pour passer devant eux, àquoi aboutit-on ? — Forcément à faire d’un milliardaire commeDonald Trump le modèle à suivre ! Le cancer qui ronge notre société étant cetteidéologie du profit, la thérapie de choc néces-saire c’est se débarrasser de la finance capita-liste qui a mené l’être humain à devenir ainsil’adversaire de ses semblables !

X — On est en pleine utopie…

la grande relève — Effectivement, en cesens que la démocratie économique n’existenulle part. Mais il s’agit d’une utopie réaliste, parce queles moyens de la réaliser existent déjà et qu’ilsse développent de plus en plus vite. Alors que l’illusion, c’est croire sans raisonque nous traversons une “crise”, autrementdit que les difficultés actuelles ne sont “que”passagères… Car l’humanité est en pleine mutation, notreorganisation économique est dépassée, ellen’est pas adaptée aux moyens actuels, encoremoins à ceux qui se préparent… il faut doncfaire preuve d’imagination pour que l’utopied’aujourd’hui fasse la réalité demain. Il est bien évident que le chemin peut êtrelong. Malheureusement rien n’assure qu’ondispose encore de beaucoup de temps, il estdonc urgent de prendre la bonne direction.

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LA GRANDE RELEVE - N° 1184 - mars 2017

LECTURES POUR APPROFONDIR :• JACQUES DUBOIN

Extraits choisis dans son œuvre (2 euros).Aujourd’hui introuvables, plusieurs de ses livres

ont été numérisés, et leur texte intégral estdisponible gratuitement sur notre site internet.

• ET SI ON CHANGEAIT ?Bande dessinée par J.VIGNES-ELIE (4 euros).

• LES AFFRANCHIS DE L’AN 2000

Un roman de M-L DUBOIN qui, à l’aide d’exemples, explique les mécanismes de l’économie distributive et montre cequ’elle apporte à la société (13 euros).

• MAIS OÙ VA L’ARGENT ?l’étude, par M-L Duboin, de lafaçon dont la monnaie est devenuecette monnaie de dette quiempêche toute véritable démocra-tie, suivie de propositions pourévoluer (édition du Sextant, 240pages, 13 euros).

• D’anciens numéros et un court résumé de nosthèses (4 pages de format A4) sont disponibles(2 euros chacun).

Tous les prix indiqués sont franco de port .

ce que nous proposons :

En résumé, il s’agit de rendrefinancièrement possible ce qui est utile,souhaitable, matériellement et écologi-quement réalisable.

Pour cela, il faut que la monnaieactuelle soit remplacée par une monnaiequi ne circule pas pour qu’on ne puisseplus la “placer” pour “rapporter”.

Cette monnaie “distributive”,émise par une institution publique, estun pouvoir d’achat qui s’annule quandon l’utilise, tout en laissant au consom-mateur la liberté de ses choix.

Créées et détruites au même ryth-me, masse monétaire et production sontainsi deux flux permanents qui s’équili-brent. L’intensité de ces flux est définiepar les citoyens, qui décidant démocrati-quement, à l’échelle appropriée, de ce quisera produit et dans quelles conditions, etde l’importance relative des parts à fairedans la masse monétaire pour financer laproduction, pour assurer les servicespublics (car impôts et taxes n’existentplus), et pour verser à chacun un revenugaranti qui permette à tous de vivrelibres.

Ainsi les décisions prises n’ont plusde retombées financières personnelles,l’intérêt général prévaut enfin sur l’inté-rêt particulier et la démocratie peutdevenir réalité.

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La Grande RelèveFondé en 1935 par Jacque s DUBOIN

Direc t ion e t mi se en page s : Marie-Louise DUBOIN

Rédact ion : les abonnés qui le souhaitent, tous bénévoles.

L e s m a n u s c r i t s s o n t c h o i s i s p a r l e c o m i t é d e l e c t u r e e t n e s o n t p a s r e t o u r n é s .

Imprimé par la Scop Imprimerie de Ruf fié(certifiée ISO 14001 et labélisée Imprim’Vert et Print Environnement,

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