22
Chapitre 10 1 L es années 1880 sont un moment fondateur pour la nation républicaine : les républicains entreprennent d’unifier le pays autour des principes de 1789. Une volonté de grandeur nationale s’affirme, qui se traduit par la constitution d’un vaste empire colonial. Le dénouement de l’affaire Dreyfus marque la victoire de la concep- tion républicaine de la nation fondée sur les droits de l’homme. La construction de la nation républicaine (1880-1914) Thème : La construction de la République Comment la conscience nationale française s’enracine-t-elle ? Cours 1 Une nation de citoyens Dossier Les grands symboles républicains Dossier L’école et la nation Nation État-nation Notions du programme Cours 2 L’affirmation du patriotisme républicain Dossier Le colonialisme français Quels débats autour de l’idée de nation ? Nationalisme Colonisation Colonialisme Notions du programme Sujet d’étude La défense nationale Sujet d’étude L’affaire Dreyfus 1870 1914 1900 1870 Défaite de la France face à la Prusse 1871 Traité de Francfort : Alsace-Lorraine allemande 1877 Le Tour de la France par deux enfants 1880 Le 14 juillet fête nationale 1881-1882 Lois scolaires 1879 Les républicains seuls au pouvoir 1904 Création de l’AOF 1905 Service militaire universel 1910 Création de l'AEF 1881 Protectorat en Tunisie 1887-1889 Boulangisme 1885 Victor Hugo au Panthéon 1898 J'accuse d'Emile Zola 1894 -1906 Affaire Dreyfus

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Chapitre

10

1

L es années 1880 sont un moment fondateur pour la nation républicaine :

les républicains entreprennent d’unifi er le pays autour des principes de 1789. Une

volonté de grandeur nationale s’affi rme, qui se traduit par la constitution d’un vaste

empire colonial. Le dénouement de l’affaire Dreyfus marque la victoire de la concep-

tion républicaine de la nation fondée sur les droits de l’homme.

La construction de la nation républicaine (1880-1914)

Thème : La construction de la République

● Comment la conscience nationale française s’enracine-t-elle ?

Cours 1 Une nation de citoyens

Dossier Les grands symboles républicains

Dossier L’école et la nation

● Nation ● État-nation

Notions du programme

Cours 2 L’affi rmation du patriotisme républicain

Dossier Le colonialisme français

● Quels débats autour de l’idée de nation ?

● Nationalisme ● Colonisation ● Colonialisme

Notions du programme

Sujet d’étude La défense nationale

Sujet d’étude L’affaire Dreyfus

1870 19141900

1870Défaite de la Franceface à la Prusse

1871 Traité de Francfort :Alsace-Lorraine allemande

1877 Le Tourde la Francepar deux enfants

1880Le 14 juilletfête nationale

1881-1882Lois scolaires

1879Les républicains seuls au pouvoir 1904

Création de l’AOF

1905 Servicemilitaireuniversel

1910Créationde l'AEF

1881 Protectoraten Tunisie

1887-1889Boulangisme

1885Victor Hugoau Panthéon

1898J'accuse d'Emile Zola

1894 -1906Affaire Dreyfus

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11

2 La mission civilisatrice de la France

Couverture d’un manuel scolaire, 1900.

1 Le 14 juillet,

fête nationale

Albert BLIGNY (1849-1908), Le 14 juillet 1881,Paris, musée Carnavalet.

1 Que commémore

le 14 juillet ?

2 Quelles catégories

de la population sont

représentées sur le tableau ?

3 Quel message le peintre

a-t-il voulu faire passer ?

1 Comment la colonisation

est-elle présentée (doc. 2) ?

Comment l’étendue de l’empi-

re français est-elle évoquée ?

2 Comment la domination

française sur Madagascar est-

elle suggérée (doc. 3) ?

3 L’impérialisme français

Affi che, musée de la publicité, 1896.

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Cours

12

➜ Sur quoi repose le projet républicain d’unifi cation nationale ?

A. La France, un État-nation

■ La France est, avec l’Angleterre, le plus vieil État-nation d’Europe. Ce sont d’abord les rois de France qui ont commencé d’unifi er le pays. Puis la Révolution de 1789 a donné une nouvelle base à l’unité nationale : l’adhésion volontaire des citoyens à la nation (doc. 2).

Napoléon Bonaparte a organisé une administration centralisée qui a renforcé le rôle de l’État et donné à Paris, la capitale, une importance considérable.

■ Durant les années 1870, la majorité de l’opinion se rallie à l’idée républicaine. Cette évolution permet aux républicains de s’installer au pouvoir grâce à leurs succès électoraux. L’État républicain vise à renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, en particulier au moyen de l’école publique, gratuite et obligatoire (1881-1882).

B. L’affi rmation des valeurs de la Révolution française

■ Les républicains veulent unir le pays autour des valeurs de 1789 résumées dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (doc. 3). L’ordre républicain repose sur la loi, qui est la même pour tous et qui doit être respectée. Les citoyens doivent contribuer à la défense de la patrie●. Le service militaire, qui touche toute une classe d’âge à partir de 1905, prolonge la formation civique reçue à l’école.

■ Les symboles révolutionnaires deviennent ceux de la nation : le drapeau tricolore est le drapeau français depuis 1830, mais c’est seulement en 1879 que la Marseillaise redevient l’hymne national. Marianne trône dans les mairies et la devise « Liberté, Égalité, Frater-nité » orne les bâtiments offi ciels et les pièces de monnaie (doc. 1). Le 14 juillet est fête nationale depuis 1880.

C. Une défi nition juridique de la citoyenneté

■ La France est devenue un pays d’immigration car sa natalité est faible. Il faut intégrer ces populations immigrées, alors surtout belges et italiennes : les ouvriers étrangers sont mal acceptés et les étrangers nés en France échappent au service militaire.

■ En 1851, le « double droit du sol » est mis en place : l’enfant né en France d’un parent étranger lui-même né en France est français.

■ La loi de 1889 (doc. 4) approfondit le droit du sol● : tout enfant de parents étrangers né sur le sol français obtient la nationalité fran-çaise à sa majorité, sauf refus de sa part. La naturalisation, fortement encouragée, est possible après dix ans de présence dans le pays.

● État-nation : nation dotée d’un gouvernement souve-rain, par opposition à un empire ou à une nation qui n’a pas son indépendance politique.

● Nation : groupe humain possédant des traits com-muns, du fait soit de ses origines, soit de sa langue, soit de sa culture, et qui a conscience de son unité et de sa volonté de vivre ensemble.

Notions du programme

● Patrie : littéralement, « terre des pères » ; terre natale. L’idée de patrie comporte aussi un élément affectif. L’historien Fustel de Coulanges écrit en 1870 : « La patrie, c’est ce qu’on aime. »

● Droit du sol : la nationalité peut être défi nie à partir du lieu de naissance de l’individu (droit du sol) ou de la nationalité de ses parents (droit du sang).

Définitions

La France est un État-nation●. Les républicains travaillent à pour-

suivre la construction de l’unité nationale, en diffusant les valeurs

de la Révolution française. Leur vision citoyenne de la nation● s’ex-

prime dans la loi de 1889 qui vise à l’intégration des immigrés.

1 Une nation de citoyens

1 La monnaie, symbole de l’unité nationale

Pièce de 1 franc, 1898.

A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)

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Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 13

4 Devenir français

Sont français : 1°. Tout individu né d’un Français en France ou à l’étranger. […] 2°. Tout individu né en France de parents inconnus ou dont la natio-nalité est inconnue. 3°. Tout individu né en France d’un étranger qui lui-même y est né. 4°. Tout individu né en France d’un étranger et qui, à l’époque de sa majorité, est domicilié en France, à moins que l’année qui suit sa majo-rité […], il n’ait décliné la qualité de Français et prouvé qu’il a conservé la nationalité de ses parents […].

Art. 8. de la loi du 26 juin 1889 sur la nationalité.

I. Quel rôle jouent les valeurs de la Révolution française

dans l’unité nationale ?

DOC. 3 a. Quels sont les droits fondamentaux défi nis lors de la Révolution ? b. En

quoi les deux droits « actuels » mentionnés par l’affi che s’inscrivent-ils dans le pro-

longement de 1789 ? c. Comment l’affi che met-elle en valeur cette continuité ?

DOC. 1 a. Quel est le rapport entre la monnaie et l’unité nationale ? b. Ce rapport

existe-t-il encore dans la France d’aujourd’hui ? c. Quels symboles sont présents sur la

pièce de monnaie ? d. Quelles valeurs sont invoquées ?

II. Qu’est-ce qui défi nit la nation républicaine ?

DOC. 2 a. Le sentiment national est-il seulement lié à un passé commun ? Pour-

quoi ? b. Qu’est-ce qui explique selon Ernest Renan l’amour de la patrie ?

DOC. 4 a. Quel(s) cas relève(nt) du droit du sol ? Du droit du sang ? b. Pourquoi la

nation républicaine n’apparaît-elle pas comme un groupe fermé ?

Questions sur les documents

3 La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen,

un texte de référence

Affi che scolaire de FOURNIGAULT, 1905, Paris, BnF.

2 La nation :

un héritage à faire fructifi er

Une nation est une âme, un prin-cipe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une consti-tuent cette âme, ce principe spiri-tuel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la posses-sion en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consen-tement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. […] La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifi ces et de dévoue-ments. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. […] Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté com-mune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacri-fi ces qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la mai-son qu’on a bâtie et qu’on trans-met.

Ernest RENAN,Qu’est-ce qu’une nation ?, 1882.

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14

A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)

Les grands symboles républicains➜ Comment les grands symboles républicains unifi ent-ils la nation ?

à partir de 1879, les républicains au pouvoir font des symboles de la Révolution

française les symboles de la nation. Ceux-ci rendent visible, dans le temps et dans l’espace,

l’appartenance des Français à la nation, au-delà du cadre villageois dans lequel vivent encore la

majorité d’entre eux. Ces symboles ancrent dans les consciences des références communes.

1 L’hymne national et les valeurs de la République

Allons ! Enfants de la PatrieLe jour de gloire est arrivé !Contre nous de la tyrannie,L’étendard sanglant est levé ! […]Que veut cette horde d’esclaves,De traîtres, de rois conjurés ? […]La France que l’Europe admireA reconquis sa LibertéEt chaque citoyen respireSous les lois de l’Égalité. […]Foulant aux pieds les droits de l’Homme,Les soldatesques légionsDes premiers habitants de RomeAsservirent les nations.Un projet plus grand et plus sageNous engage dans les combatsEt le Français n’arme son brasQue pour détruire l’esclavage.

La Marseillaise, composée par Rouget de LISLE en 1792, devenue hymne national le 14 février 1879.

2 Marianne,

un emblème

de la République

3 La mairie, symbole

de la démocratie locale

Mairie de Taverny (Val-d’Oise), vers 1900.

Dossier

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Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 15

1 Quelles valeurs républicaines sont exaltées

par la Marseillaise (doc. 1) ? Quelle vision de la

France donne-t-elle ?

2 Quelle est la coiffure de Marianne (doc. 2) ?

Pourquoi a-t-il fallu personnifi er la République ?

3 Quelle devise fi gure au fronton de la mairie

(doc. 3) ?

4 Quel rôle jouent les enfants dans la fête na-

tionale (doc. 4 et 5) ? Pourquoi leur fait-on jouer

un rôle ?

5 Rechercher quelle était la première fonction

du Panthéon (doc. 6). À quoi sert-il désormais ?

Que signifi e la devise inscrite sur le fronton (« Aux

grands hommes la patrie reconnaissante ») ?

6 Compléter le tableau suivant à partir de l’en-

semble des documents :

Symbole républicain Signifi cation Manière dont il est utilisé

La MarseillaiseFête du 14 JuilletMarianneLe PanthéonLe franc (p. 12)

Questions

4 Le 14 juillet des enfants

Défi lé des élèves de l’école primaire place de la République à Paris, 14 juillet 1880, Paris, musée Carnavalet.

5 La fête nationale au village

Le 14 juillet dans un village de Vendée, raconté par un instituteur.

[Les républicains] étaient maîtres de la rue. Ils organisaient cette fête avec leurs propres moyens et leur propre matériel. […]Les instituteurs, avec les grands élèves, aidaient aux préparatifs, qui commençaient à la sortie de la classe le 13. […]La fête commençait au début de l’après-midi par des compétitions et des jeux divers entre les enfants, dirigés par les instituteurs et les pompiers. Les hommes se répartissaient de-ci, de-là pour des concours de boules. […] La Marseillaise était écoutée tête découverte, applaudie frénétiquement et répétée. […] Le banquet réunissait alors un très grand nom-bre de convives : la Marseillaise y était chan-tée, mais on préférait chanter le Chant du départ, dont le refrain permettait de clamer le mot République. […] Alors les écoles laïques entraient en scène. Les institutrices, aidées par les parents, avaient fait allumer les 4 ou 500 bougies des lampions, et le cortège se formait pour la retraite. En avant, la musique, dont les exécutants se relayaient pour jouer sans arrêt, les pompiers avec les torches, les instituteurs à la tête des élèves (garçons et fi lles) portant les fl ambeaux se mettaient en marche, suivis d’une foule longue et joyeuse.

Cité in Jacques OZOUF, Nous, les maîtres d’école : autobiographie d’instituteurs de la Belle Époque,

Gallimard/Julliard, 1967.

6 Les funérailles de Victor Hugo (1885)

Jean-Paul SINIBALDI, Le Panthéon lors des funérailles de Victor Hugo,1885, Paris, musée de la ville de Paris.

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16

2 Le contenu de l’enseignement primaire

Article premier. – L’enseignement primaire comprend : – l’instruction morale et civique ;– la lecture et l’écriture ;– la langue et les éléments de la littérature française ;– la géographie, particulièrement celle de la France ;– l’histoire, particulièrement celle de la France jusqu’à nos jours ; – quelques notions usuelles de droit et d’éco-nomie politique ; – les éléments des sciences naturelles, physi-ques et mathématiques, leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usages des principaux métiers ; – les éléments du dessin, du modelage et de la musique ; – la gymnastique ;– pour les garçons, les exercices militaires ;– pour les fi lles, les travaux à l’aiguille.

Loi du 28 mars 1882.

A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)

L’école et la nation➜ Comment l’école républicaine a-t-elle renforcé la conscience nationale ?

L es instituteurs, « hussards noirs de la République » (Charles Péguy), ont pour

tâche de former des citoyens et de développer leur conscience nationale. L’école républicaine

propose une vision de la France qui marque les jeunes esprits.

1 Un bataillon scolaire défi le le 14 juillet

Paris, 14 juillet 1882, BHVP.Un décret du 6 juillet 1882 prévoit la constitution de bataillons scolaires, composés de quatre compagnies de 50 enfants dans les écoles primaires publiques de plus de 200 élèves.

Dossier

3 Un héros national dans l’histoire :

Vercingétorix après le désastre d’Alésia

Dans la nuit qui suivit cette funeste journée, Vercingétorix, voyant la cause de la patrie perdue, prit une résolution sublime. Pour sauver la vie de ses frères d’armes, il songea à donner la sienne. Il savait combien César le haïssait ; il savait que, plus d’une fois, dès le commencement de la guerre, César avait cherché à faire livrer Vercingétorix par ses compagnons d’armes, promettant à ce prix de pardonner aux révoltés. Le noble cœur de Vercingétorix n’hésita point : il résolut de se livrer lui-même.

G. BRUNO, Le Tour de la France par deux enfants,Paris, Belin, 1877.

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Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 17

5 Connaître la patrie et la langue

nationale

Le Tour de la France par deux enfants fut l’un des manuels de lecture les plus répandus dans l’enseignement primaire. Il met en scène deux jeunes Lorrains qui parcourent la France à la recherche de leur oncle.

PréfaceLa patrie ne représente pour l’écolier qu’une chose abstraite […]. Pour frapper son esprit, il faudrait lui rendre la patrie visible et vivante. […] En leur racontant le voyage courageux de deux jeunes Lorrains à travers la France entière, nous avons voulu la leur faire pour ainsi dire voir et toucher. […]En groupant ainsi toutes les connaissances morales et pratiques autour de l’idée de la France, nous avons voulu présenter aux enfants la patrie sous ses traits les plus nobles, et la leur montrer grande par l’honneur, par le travail, par le respect religieux du devoir et de la justice.

Dans une auberge du DauphinéLes gens qui entraient parlaient tous patois entre eux ; les deux enfants, assis à l’écart et ne comprenant pas un mot de ce qui se disait, se sentaient bien isolés dans cette ferme étrangère. […] - Pourquoi donc tous les gens de ce pays-ci ne parlent-ils pas français ?- C’est que tous n’ont pas pu aller à l’école. Mais dans un certain nombre d’années il n’en sera plus ainsi, et par toute la France on saura parler la langue de la Patrie. À ce moment la porte d’en face s’ouvrit de nouveau : c’étaient les enfants de l’hôtelière qui revenaient de l’école.- André, s’écria Julien, ces enfants doivent savoir le français, puisqu’ils vont à l’école. Quel bonheur ! nous pourrons causer ensemble.

G. BRUNO, Le Tour de la France par deux enfants,Belin, 1877.

École primaire de Beauvais, 1900.

6 Une séance de gymnastique en 1900

Même après la fi n des bataillons scolaires, la gymnastique prend parfois un aspect de préparation militaire.

1 Quelles matières enseignées mettent directement la patrie en valeur (doc. 2,

3, 6) ?

2 Pourquoi les héros du Tour de la France par deux enfants sont-ils deux jeunes

Lorrains (doc. 5) ?

3 Quel est le rôle du culte des grands hommes (doc 3) ? Comment l’enseigne-

ment de la patrie est-il lié à l’enseignement moral ?

4 Quelle partie de la France montre l’instituteur (doc. 4) ? Pourquoi ?

5 Pourquoi fait-on défi ler les élèves (doc. 1) ? À quoi veut-on les préparer ?

6 Reconnaît-on immédiatement un cours de gymnastique (doc. 6) ? Pourquoi ?

7 Remplissez le tableau suivant pour montrer comment la nation est présente à

l’école de la République.

Documents utilisés RéponsesMatières enseignées Doc. 2, 3, 4 et 5Exercices pratiqués Doc 1 et 6

Questions

4 Une salle de classe

(1887)

A. BETTANAUER,La Tache noire sur la carte.

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Cours

Le patriotisme républicain rassemble la majorité des Français ;

l’empire colonial leur paraît le garant de la grandeur nationale et

l’expression de la mission civilisatrice de la France.

A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)

2 L’affi rmation du patriotisme républicain

➜ Comment s’exprime le patriotisme républicain ?

A. Patriotisme et nationalisme

■ La défaite de 1870 contre la Prusse a traumatisé le pays. L’Alsace- Lorraine a été annexée par la nouvelle Allemagne (doc. 1). L’idée de relè-vement national et l’espoir d’une « revanche » sont très forts au début de la IIIe République. Le patriotisme● rassemble alors les Français.

■ Une partie de l’opinion estime que la république parlementaire est trop faible pour s’imposer face à l’Allemagne. Le boulangisme● qui culmine en 1888-1889 voudrait installer un homme fort à la tête du régime : une partie des patriotes se placent en marge de la République.

■ Avec l’affaire Dreyfus, un nationalisme● xénophobe, antisémite et antiparlementaire s’installe durablement dans une partie de l’opinion.

B. Une politique de colonisation

■ Ferry et Gambetta veulent redonner à la France son rang internatio-nal, peu après la défaite de 1870. Ils lancent le pays dans la consti-tution d’un vaste empire colonial. La France impose son protectorat sur la Tunisie dès 1881, et sur le Tonkin de 1883 à 1885 : les autorités traditionnelles sont sauvegardées mais soumises à la métropole.

■ En 1914, l’Empire colonial français (doc. 2) est le second empire colonial derrière l’Empire britannique. Il s’étend essentiellement en Afrique et en Asie.

■ Les partisans de la colonisation● utilisent des arguments stratégi-ques et économiques (doc. 3). Ils invoquent aussi une « mission civi-lisatrice » de la France (doc. 2 p. 11) : répandre les valeurs, la culture et les techniques européennes.

C. Le débat sur le colonialisme

■ Les opposants à la colonisation sont d’abord nombreux. Radicaux, socialistes ou nationalistes dénoncent une entreprise aventureuse, coûteuse, destinée à servir des intérêts particuliers et propre à brouiller la France avec l’Angleterre ou à la détourner de la « revan-che » (doc. 4). Jules Ferry perd ainsi le pouvoir à la suite d’un revers au Tonkin.

■ Mais l’opinion française est de plus en plus sensible aux arguments du colonialisme● : au début du XXe siècle l’empire colonial apparaît comme un signe de la grandeur de la France. À Marseille, en 1906, se tient la première exposition coloniale en métropole ; l’Exposition coloniale de Paris, en 1931, est demeurée célèbre.

● Nationalisme : attachement à la nation dont l’intérêt doit être placé au-dessus de tout.

● Colonisation : domination politique, économique et culturelle d’un État (la métropole) qui place des territoires (colonies) sous sa souveraineté.

● Colonialisme : doctrine préconisant la conquête de territoires par une métropole en invoquant les avanta-ges stratégiques et économiques, ainsi que la mission civilisatrice des grandes puissances.

Notions du programme

● Patriotisme : attachement à la patrie qui va de pair avec l’affi rmation d’autres valeurs, en particulier celles de la République.

● Boulangisme : regroupés de 1888 à 1889 derrière le général Boulanger, ancien ministre de la Guerre (en 1886), les boulangistes veulent un régime fort qui mènerait une politique plus ferme face à l’Allemagne.

Définitions

1 Boulanger, maître d’école en Alsace

Gustave DONJEAN (1800-1899),

couverture d’un livret de chansons.

18

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I. Comment patriotisme et nationa-

lisme se sont-ils développés ?

DOC. 1 a. Sur quoi le général Bou-

langer attire-t-il l’attention des élèves ?

b. Que veut montrer l’auteur de ce des-

sin ?

DOC. 4 a. Que représentent les deux

jeunes femmes ? b. Comment le peintre

a-t-il traduit les sentiments des popula-

tions concernées ?

II. Comment justifi ait-on la coloni-

sation ?

DOC. 3 Qu’est-ce qui rend la colonisa-

tion nécessaire et légitime selon Ferry ?

DOC. 2 a. Sur quels continents

s’étend l’Empire colonial français ?

b. Quelle image cette carte donne-t-elle

de la puissance française ?

Questions sur les documents

3 Un plaidoyer pour la colonisation

Ce qui manque à notre industrie, ce sont les débouchés […].Il y a un second point […] : c’est le côté humanitaire et civilisa-teur de la question. […] Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […], parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures […].

Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européen-nes […], pour une grande nation, c’est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descen-dre du premier rang au troisième et au quatrième.

Jules FERRY, discours à l’Assemblée nationale, 28 juillet 1885.

2 Un vaste empire : l’empire colonial français en 1914

19

4 Une peinture patriotique

Jean-Joseph WEERTS, France !! Ou l’Alsace et la Lorraine désespérées,1906, Musée lorrain, Nancy, 170 cm x 230 cm.

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A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)

Le colonialisme français➜ Quel a été le débat autour de la colonisation française ?

L es années qui s’écoulent de 1880 à 1914 sont décisives pour la colonisa-

tion française. C’est alors que se constitue l’Empire colonial français et que l’opinion se

rallie majoritairement à la colonisation (et ce jusqu’aux années 1950-1960).

20

Dossier

2 La colonisation enseignée

Quatre raisons essentielles ont motivé [la constitution d’un empire colonial] : raison politique, raison sociale, rai-son économique, raison morale.Raison politique. – Si elle avait négligé de s’agrandir, la France, serrée entre ses ambitieux voisins, eût étouffé faute d’espace suffi sant pour respirer à l’aise.Raison sociale. – Sans les vides créés par l’émigration, elle eût souffert davantage des diffi cultés toujours croissantes de l’existence.

Raison économique. – Sans débouchés extra-européens, elle n’eût pu, à une époque où chaque pays européen tend à se suffi re à lui-même, écouler ses produits et éviter ainsi l’engorgement.Raison morale. – Elle eût, par surcroît, perdu l’occasion, belle entre toutes, d’élever jusqu’à elle, par l’apport de sa civilisation, les peuples courbés sous la barbarie.

G. DODU, Géographie de la France et de ses colonies(manuel pour la classe de troisième), Paris, 1908.

1 La colonisation

et le progrès

Ernest LAVISSE,« La civilisation contemporaine », panneau à l’usage des classes, Historial de Péronne.

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3 Clemenceau contre la colonisation

Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats sin-gulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifi quement que le Français est d’une race inférieure à l’Alle-mand. Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations dites inférieures. […] N’essayons pas de contenir la violence du nom hypocrite de civilisa-tion. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifi que sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profi t du prétendu civilisateur

Georges CLEMENCEAU, discours à l’Assemblée nationale, 30 juillet 1885.

Le Bulletin offi ciel de l’État du Congo […] nous informe qu’en 1893, il a été importé 1 400 054 litres d’eau-de-vie. Suivant l’usage, le Bulletin la désigne sous le nom d’eau-de-vie de traite. Ce nom est signifi catif. C’est un produit qui vise spécialement le gosier et l’estomac du nègre. C’est de l’alcool de pomme de terre ou de mélasse, non recti-fi é, auquel on laisse donc tous ses principes nocifs […]. Le blanc tente l’indigène par l’appât des boissons fortes, parce que sans cela, il ne peut arriver aisément à le faire tra-vailler. Voici pourquoi :Le nègre n’a pas de besoins. Il vit sous une hutte de paille, de roseaux et de feuilles. Il est vêtu de rien, il se nourrit de boulettes de manioc, de poissons, de bananes, de patates douces. Pourquoi travaillerait-il par la cha-leur accablante des tropiques ? Alors on lui fait goûter le rhum ou le gin de la traite, il y prend goût et fi nit par se résigner à travailler pour en avoir.

Georges CLEMENCEAU, « Civilisation ! », La Justice, 27 février 1895.

1 Où est placée la vignette concernant l’expansion de la France ? Pourquoi (doc. 1) ?

2 À côté de quels aspects de la « civilisation contemporaine » est placée l’expansion de la France (doc. 1) ?

3 Quelle image de la colonisation l’enseignement donne-t-il avant 1914 (doc. 1 et 2) ?

4 Cette vision est-elle alors partagée par tous les républicains (doc. 3) ? Quels sont les motifs de la colonisation d’après cet article

de Clemenceau ?

5 Comment est présenté le capitaine Marchand ? Quelle expression le qualifi e (doc. 4) ?

6 Quelles sont les conséquences de l’épisode de Fachoda pour les relations franco-anglaises (doc. 4) ?

7 Complétez le tableau suivant :

Documents à utiliser Réponse

Aspects de la colonisation mis en avant par

ses partisans avant 1914

Doc. 1 et 2

Autres aspects de la colonisation Doc. 3 et 4

Questions

Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 21

4 L’impérialisme et les heurts entre nations : Fachoda

La France et l’Angleterre se heurtent pour la domination de la région du Soudan. Le capitaine Marchand, qui occupe la ville de Fachoda en 1898, doit l’évacuer après que l’Angleterre eut adressé un ultimatum à la France.

« Le colonel MARCHAND », Image d’Épinal, vers 1898.

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Sujet

d’étude

1798-1814

La conscription est organisée par la loi Jourdan. Les hommes de 20 à 25 ans sont inscrits sur des listes et partent aux armées selon les besoins. Un système de remplacement et de tirage au sort est mis en place.

1818La loi Gouvion-Saint-Cyr rétablit la conscription. Ceux qui tirent un « mauvais numéro » peuvent payer un remplaçant.

1872Le service militaire est étendu, mais il y a de nombreuses dispenses. Il dure trois ans, mais les plus aisés peuvent ne faire qu’un an.

1889 Loi militaire (généralisation du service militaire)

1905Toutes les dispenses sont supprimées et la durée du service militaire est égale pour tous.

1905-1913 La durée du service militaire est ramenée à deux ans.

1913 « Loi des trois ans »

1923La durée du service est ramenée à dix-huit mois. Elle varie par la suite entre deux ans et dix mois.

1965Élargissement de la notion de service national (missions civiles).

1997Instauration du parcours de citoyenneté, qui remplace le service militaire.

1 Quelles sont les grandes étapes de l’histoire du service

militaire (doc. 1) ?

2 Quel est le but de cet exercice (doc. 2) ?

3 Pourquoi le service national n’est-il plus adapté au monde

moderne (doc. 4) ?

4 Comment s’appelle cette « rencontre avec la nation » appe-

lée de ses vœux par Jacques Chirac et quels sont les changements

majeurs par rapport au service militaire traditionnel (doc. 3 et 4) ?

Questions

A Par quoi la conscription est-elle remplacée ?

La défense nationale

● B – Débats et combats

22

4 Du service militaire au rendez-vous citoyen

La conscription traditionnelle ne répond plus aux exigen-ces d’une armée moderne dans un grand pays moderne. […] Je propose donc que le service national que nous connaissons aujourd’hui soit supprimé dès le 1er janvier 1997 […].Je souhaite que chaque jeune Français, dans l’année de sa majorité, vive une rencontre avec la nation. Ce rendez-vous citoyen ne doit pas souffrir d’exception. Il permettra d’établir un bilan général de la santé et du niveau scolairedes jeunes Français. Il aura pour vocation d’ouvrir des voies nouvelles pour favoriser leur insertion lorsqu’ils sont en diffi culté. Il dispensera une information civique sur le respect des droits de l’homme, sur les impératifs de notre sécurité […].

Jacques CHIRAC, président de la République, allocution sur l’avenir du service national, 28 mai 1996.

3 Le parcours de citoyenneté

À l’école : Les principes de la défense nationale et européenne font l’objet d’un enseignement au collège et au lycée.À la mairie : Le recensement est obligatoire pour tous les Français, garçons et fi lles âgés de 16 ans, à la mairie de leur domicile. Cette démarche permet l’inscription sur les listes électorales et la possibilité de se présenter aux examens placés sous l’autorité publique, comme le baccalauréat ou le permis de conduire. Elle autorise aussi un éventuel appel sous les drapeaux, si le contexte venait à l’exiger. À la caserne : Tous les jeunes Français participent à une journée d’appel de préparation à la défense (JAPD), entre le recensement et l’âge de 18 ans : ils y reçoivent une formation sur les enjeux et les objectifs de la défense. À cette occasion sont organisés des tests d’évaluation de la langue française et une aide est proposée aux jeunes en diffi culté de lecture.

DICOD 1999.

Sommaire

A. Par quoi la conscription est-elle remplacée ?

B. Quelles sont les orientations de la défense nationale ?

C. Comment la défense nationale s’inscrit-elle

dans le cadre international ?

1 L’évolution du service militaire

Illustration publicitaire des chocolats Carpentier, 1905.

2 Un apprentissage

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Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 23

1 De quelle arme dispose la France

pour sa défense et celle de ses voisins

européens (doc. 5) ?

2 Quelles sont les missions essen-

tielles de l’armée française (doc. 6) ?

Peuvent-elles toutes s’accomplir sur le

territoire national ?

3 Quel est le thème principal du do-

cument (doc. 7) ?

4 Quelles sont les nouvelles mena-

ces qui visent les pays développés ?

5 En quoi l’attentat du 11 septembre

2001 illustre-t-il ces nouvelles mena-

ces (doc. 7) ?

6 Pourquoi parle-t-on désormais

davantage de « sécurité » que de « dé-

fense » (doc. 7) ?

7 Quelles évolutions la défense natio-

nale française a-t-elle connues pour être

préparée à cette situation (doc. 7) ?

Questions

6 Les nouvelles missions

de l’armée française

Les missions confiées aux forces armées sont les suivantes :– préserver en permanence les inté-rêts vitaux des pays contre toute forme d’agression ;– contribuer à la sécurité et à la défense de l’espace européen et méditerranéen, dans la perspective, à terme, d’une politique de défense européenne commune ;– contribuer aux actions en faveur de la paix et pour le respect du droit international ;– assurer des tâches de service public, notamment en renforçant à la demande les moyens et les organi-sations chargées de la défense civile.

Site du ministère de la Défense nationale.

B Quelles sont les orientations de la défense nationale ?

7 La nouvelle situation de la défense nationale française

Les attentats du 11 septembre [2001] ont montré que la donne avait progres-sivement changé. Des confl its que l’on croyait périphériques (ex-Yougoslavie, Proche-Orient…) ont révélé des ramifi cations actives au cœur des métropo-les occidentales. Des acteurs nouveaux, comme les mafi as spécialisées dans la drogue, le trafi c d’armes et de main d’œuvre, ont introduit des éléments d’instabilité politique et sociale nouveaux en Europe comme aux États-Unis. Les technologies qui ont été le fer de lance du développement économique des sociétés développées au cours des années 1990 ont révélé des plages de vulné-rabilité nouvelles face aux attaques terroristes. […]Rien d’étonnant donc que le mot défense se soit progressivement effacé au profi t d’un concept plus large et fl ou de « sécurité ». Sécurité intérieure et sécu-rité extérieure, les deux notions se recoupent désormais sans se superposer. La sécurité des populations ne passe plus uniquement par la défense du territoire mais par la capacité policière et/ou militaire des États à repérer des formes de déstabilisation proches ou lointaines et à y parer.

Yves MAMOU, « Quels budgets pour quelles menaces ? », Le Monde, 25 juin 2002.

5 Essais nucléaires français en Polynésie

Le général de Gaulle à bord du De Grasse, essais nucléaires sur l’atoll de Mururoa, septembre 1966.

Le général de Gaulle décida en 1958 de faire de la France une puissance nucléaire, tout en la retirant du commandement intégré de l’OTAN. Le pays est resté une puissance nucléaire, mais a réintégré l’OTAN en 1995.

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Sujet

d’étude

C Comment la défense nationale s’inscrit-elle dans le cadre international ?

8 La France dans les organisations militaires internationales

9 Une opération de maintien de l’ordre

Les gendarmes français et les miliaires de la KFOR (force de l’OTAN) constituée à partir de l’Eurocorps

lors des altercations entre Serbes et Albanais sur le pont de Mitrovica, 15 octobre 1999.

10 Les missions de l’Eurocorps

Créé en 1993 à l’initiative de l’Allemagne et de la France, l’Eurocorps (Allemagne, Belgique, Espagne, France et Luxembourg) est un corps d’armée multinational européen, indépendant des structures militaires intégrées de l’OTAN. Ses missions principales sont :– aide humanitaire et […] assistance aux populations qui seraient victimes d’une catastrophe naturelle ou d’agressions ;– opérations de restauration de la paix ou […] missions de maintien de la paix dans le cadre, par exemple, de l’ONU […] ;– assurer la défense commune des alliés, en application de l’article V du traité de Washington (OTAN) […].

site internet eurocorps

1 Quelle est la plus grande puissance parmi les membres de

l’OTAN (doc. 8) ? Quels pays sont membres de l’Eurocorps ?

2 Sur quels continents se trouvent les forces françaises

(doc. 8) ? Quelles missions accomplissent-elles ?

3 Quelles sont les missions de l’Eurocorps (doc. 9 et 10) ? En quoi

témoignent-elles d’une nouvelle conception de la défense ?

Questions

24

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Le sujet

d'étude

au

BA

C

Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 25

Compétences

• Dégager les informations fournies

par un document

• Évaluer sa portée

La défense nationale

L’armée et la nation : le 14 juillet

Défi lé du 14 juillet 2000 sur les Champs-Élysées à Paris.

1 Pourquoi l’armée est-elle présente lors des fêtes du 14 Juillet ?

2 Comment cette cérémonie illustre-t-elle le contact entre l’armée et la nation ?

Un député favorableAugmenter le budget de la défense, en ce moment, relève d’un contre-temps fâcheux. Le montant de ce budget est excessif. Il n’y a aucune raison qu’en Europe, la France soit un des seuls pays (avec la Grande-Bretagne et à moin-dre mesure l’Allemagne) à supporter l’essentiel des cré-dits militaires de l’Union. Surtout, j’estime que les vrais et bons choix ne sont pas opérés. On surajoute les dépenses à la dépense sans viser à être utile, effi cace. Pour les investissements nucléaires, la Grande-Bretagne réussit à les limiter en ne fabriquant pas la totalité de leurs composants. La France a sacralisé l’arme nucléaire jusqu’à vouloir tout produire elle-même, à un prix parfois exorbi-tant. […] Faut-il encore dépenser autant d’argent dans ce domaine alors que notre insuffi sance est notoire dans le renseignement ou le matériel d’interventions rapides ?

Jack LANG, député PS du Pas-de-Calais

Un député défavorable Cet effort doit être poursuivi dans la durée, car rien n’in-dique que notre pays puisse mieux partager ses efforts de défense avec ses partenaires européens. Il n’existe que deux États crédibles en Europe pour la défense : la Grande-Bretagne et la France, quis se remet à niveau. Tous les autres y consacrent peu de moyens ou ont des crédits en baisse, comme en Allemagne. C’est un doux rêve d’imaginer que d’autres pays vont fi nancer nos avions ou porte-avions. On a vu où nous a conduit le slogan « l’Allemagne paiera »… En revanche, il serait légitime que les investissements de défense ne soient pas comptabilisés dans les défi cits publics : pour la France, les seules opérations d’intervention sur des théâtres extérieurs représentent en moyenne 1 milliard d’euros par an depuis 1989.

Pierre LELLOUCHE, député UMP de Paris

Libération, 14 octobre 2003.

EXERCICE 2 Expliquer un débat

Faut-il baisser le budget de la Défense ?

EXERCICE 1 Dégager l’apport d’un document

Complétez le tableau suivant à l’aide de citations extraites des deux documents.

Arguments en faveur de la réduction du budget Arguments contre la réduction du budget

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Sujet

d’étude

26

1894Décembre le capitaine Dreyfus condamné pour espionnage au profi t de l’Allemagne

1896

Le colonel Picquart, chef des services de renseignements français, découvre l’innocence de DreyfusL’écrivain Bernard Lazare publie Une erreur judicaire.

1897Le sénateur Scheurer-Kestner ne parvient pas à obtenir la révision

1898Zola publie dans l’Aurore l’article « J’accuse »Fondation de la Ligue des droits de l’homme

1899

Fondation de la ligue de la patrie françaiseFévrier tentative de coup d’État par DéroulèdeGouvernement Waldeck-Rousseau dit de « défense républicaine »Nouveau procès de Dreyfus à Rennes : Dreyfus est déclaré coupableSeptembre Le président Loubet gracie Dreyfus

1906 Le verdict de Rennes est cassé et Dreyfus est réhabilité

1 Un offi cier d’état-major

Alfred Dreyfus est né à Mulhouse en 1859 dans une famille juive. En 1872, la plu-part des membres de sa famille choisissent la nationalité française et quittent l’Al-sace devenue allemande par le traité de Francfort (1871). Ancien élève de Saint-Cyr, le capitaine Dreyfus travaille à l’état-major de l’armée française quand éclate l’Affaire.

4 Zola accuse

L’écrivain accuse divers personnages offi ciels, dont de nombreux militaires, d’avoir faussé ou entravé la justice.

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. […] L’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolution-naire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.[…] Qu’on ose me traduire en cour d’assises et que l’en-quête ait lieu au grand jour. J’attends.

« J’accuse : Lettre au président de la République », L’Aurore, 13 janvier 1898.

A De l’erreur judiciaire à l’affaire

L’affaire Dreyfus

Chronologie indicative

● B – Débats et combats

2 La dégradation du capitaine Dreyfus

Cour de l’École militaire, le 5 janvier 1895, P.-E. TILLY et F. de HAENEN, L’Illustration, 1895.

3 Caran d’Ache : ils en ont parlé

Caricature parue dans Le Figaro, le 14 février 1899.

Sommaire

A. De l’erreur judiciaire à l’affaire

B. Le camp dreyfusard

C. Le camp antidreyfusard

1 Pourquoi Dreyfus a-t-il été soupçonné (doc. 1 et 2) ? Pour-

quoi le chef d’accusation est-il particulièrement grave ?

2 Comment le « J’accuse » de Zola a-t-il fait de l’affaire

Dreyfus un enjeu national (doc. 3 et 4) ?

Questions

— Surtout ! ne parlons pas de l’affaire Dreyfus !

… Ils en ont parlé …

UN DINER EN FAMILLE

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Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 27

5 Statuts de la Ligue

des droits de l’homme (1898)

Article premier – Il est constitué une association exclusivement française, destinée à défendre les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

Art. 2 – Cette association prend le nom de Ligue pour la défense des droits du citoyen.

Art. 3 – Elle fait appel à tous ceux qui, sans distinction de croyance religieuse ou d’opinion politique, veulent une union sincère entre tous les Français et sont convaincus que toutes les formes d’arbitraire et d’intolérance sont une menace de déchirements civils, une menace à la civilisation et au progrès.

Art. 4 – Les moyens d’action de la Ligue sont : les réunions, les publi-cations, les pétitions aux Chambres, l’intervention, le cas échéant, auprès des représentants du pouvoir et des administrations publiques.

1 Quelles valeurs les dreyfusards veulent-ils défendre (doc. 5 et 7) ? Quels moyens

d’action choisissent-ils ?

2 Que reprochent les dreyfusards à ceux qui s’opposent à la révision du procès de

Dreyfus (doc. 5) ?

3 En quoi l’affaire Dreyfus met-elle en danger la République (doc. 6) ?

Questions

B Le camp dreyfusard

Affi che en supplément du journal Le Siècle, 1906.

6 Dreyfus est innocent

7 L’engagement des

intellectuels

Émile Zola est poursuivi en justice pour son « J’accuse ». Des intellectuels viennent témoigner en sa faveur, ce qui n’empêche pas sa condamnation.

Je dois vous signaler ce mouve-ment singulier de tant d’hommes de sciences, tant d’hommes de lettres, d’artistes, de ces hommes qui ne suivent pas les fl uctuations de la politique quotidienne et dont beaucoup ignorent même les noms des ministres ! Ces hommes sont sortis de leurs laboratoires, de leurs cabinets de travail, de leurs ateliers pour faire entendre leurs voix parce qu’ils ont compris qu’il s’agit aujourd’hui de la liberté et de l’honneur de la Patrie.

Édouard GRIMAUX1, témoignage au procès d’Émile Zola.

1. Agrégé de médecine, professeur à l’École polytechnique, signataire d’une pétition dreyfusarde.

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Sujet

d’étude

28

8 Manifeste de la Ligue de la patrie

française (janvier 1899)

Émus de voir se prolonger et s’aggraver la plus funeste des agitations,Persuadés qu’elle ne saurait durer davantage sans compromettre mortellement les intérêts vitaux de la Patrie française et notamment ceux dont le glorieux dépôt est aux mains de l’armée nationale,Persuadés aussi qu’en le disant, ils expriment l’opinion de la France,Ont résolu :De travailler, dans les limites de leur devoir professionnel, à maintenir en les conciliant avec le progrès des idées et des mœurs, les traditions de la Patrie française,De s’unir et de se grouper, en dehors de tout esprit de secte, pour agir utilement en ce sens par la parole, par les écrits et par l’exemple,Et de fortifi er l’esprit de solidarité qui doit relier entre elles, à travers le temps, toutes les générations d’un grand peuple.

C Le camp antidreyfusard

9 La presse antidreyfusarde

a) La Libre Parole (1894)

b) Le Pèlerin, journal catholique infl uent (1898)

Caricature d’Achille LEMOT, Le Pélerin, 22 mai 1898.

« Lentement, mais sûrement, la France de Saint Louis, de Jeanne d’Arc, de saint Rémi, continue son ascension vers Dieu, malgré les efforts désespérés des socia-listes, juifs, francs-maçons, sectaires et autres Zola cramponnés à sa robe. »

10 Judas défendu par ses frères (1896)

Caricature de MAILLOTIN, La Libre Paroled’Édouard DRUMONT,14 novembre 1896.

1 Que veulent défendre les adhérents de la Ligue de la patrie

française ? En quoi diffèrent-ils des adhérents de la Ligue des droits

de l’homme (doc. 5 p. 27 et doc. 8) ?

2 Quel rôle joue l’antisémitisme dans l’affaire Dreyfus (doc. 9

et 10) ?

3 Quelle position adopte la presse catholique (doc. 9) ?

Questions

28

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Compétences

• Expliquer une affi che

• Comparer deux documents

Le sujet

d'étude

au

BA

CL’affaire Dreyfus

1 Un homme politique dreyfusard

Les crimes prolongés de la haute armée et la longue suite des mensonges judiciaires ont créé une situation si terrible que peut-être aucune force organisée de la société d’aujourd’hui ne peut résoudre le problème sans le concours passionné de l’opinion.Quelle est l’institution qui reste debout ? Il est démontré que les conseils de guerre ont jugé avec la plus déplorable partialité. Il est démon-tré […] que la haute armée a communié, sous les espèces du faux, avec la trahison.Il est démontré que les pouvoirs publics, par ignorance ou lâcheté, ont été traînés pen-dant trois ans à la remorque du mensonge.Il est démontré que les magistrats civils […] se sont ingéniés, par des artifi ces de procé-dure, à couvrir les crimes militaires.Et le suffrage universel lui-même, dans son expression légale et parlementaire, n’a su que trop longtemps […] que donner au men-songe et au faux l’investiture nationale.Oui, quelle est l’institution qui reste debout ? Il n’en est plus qu’une : c’est la France elle-même. Un moment, elle a été surprise, mais elle se ressaisit et même si tous les fl ambeaux offi ciels s’éteignent, son clair bon sens peut encore dissiper la nuit. […]Voilà pourquoi […] les citoyens qui ont entrepris le combat […] doivent redoubler d’efforts pour éveiller et éclairer le pays.

Jean JAURÈS, Les Preuves,La Petite République, 1898.

EXERCICE Comparer deux documents

2 Jean Jaurès

Caricature de Bruno, 1900.

• Question 3 : Cette faute d’orthographe volontaire est

destinée à évoquer une langue étrangère et à suggérer une

accusation. Elle a un sens.

• Question 6 : Le titre devra prendre en compte ce que ces

documents ont de commun (le camp dont ils proviennent,

le type de message qu’ils véhiculent).

Conseils

Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 29

1 De quelle nature sont les deux documents ?

2 Pourquoi Jean Jaurès en appelle-t-il à l’opi-

nion (doc. 1) ?

3 Pourquoi le mot « kapitaine » est-il orthographié

ainsi (doc. 2) ?

4 Ce document provient-il du camp dreyfusard ou

antidreyfusard (doc. 2) ?

5 Pourquoi le caricaturiste s’en prend-il à Jean Jau-

rès (doc. 1 et 2) ?

6 Proposez un titre sous lequel on pourrait regrouper

les deux documents.

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Pour

réviser

30

Qu’avons-nous appris sur la nation républicaine ?

• Après leur arrivée au pouvoir en 1880, les républicains ont encore une tâche essentielle à accomplir : ras-sembler les Français autour de valeurs communes. Ils lancent donc une série de réformes destinées à enra-ciner le régime dans la conscience des Français, pour qu’il devienne le régime défi nitif de la France. L’école, rendue obligatoire, le service militaire, devenu national, et la mise à l’honneur de toute une série de rites et de symboles visent à forger une conscience républicaine

et nationale, encore inégalement développée. La loi de 1889 défi nit les critères de la nationalité et doit permet-tre l’intégration des étrangers.

Qu’avons-nous appris sur le nationalisme ?

• Après la défaite de 1871, une véritable fi èvre patrio-tique entretient le souvenir des provinces perdues, l’Alsace et la Lorraine. Mais une orientation nouvelle est donnée à la politique extérieure : la colonisation, qui devrait permettre à la France de retrouver sa gran-deur et d’accomplir sa « mission civilisatrice ».

SYNTHÈSE DU CHAPITRE

1881 Loi sur la gratuité de l’enseignement primaire

1882 Loi sur la laïcité de l’école et son caractère obligatoire

1889 Loi militaire (généralisation du service militaire)

1889 Loi sur la nationalité

1905 Le service militaire est national, personnel, obligatoire et d’une durée égale pour tous

DATES À RETENIR PERSONNAGES CLÉS

• En 1914, la France est la première puissance coloniale.

• La Troisième République se place dans la continuité de la

Révolution française.

• La loi de 1889 instaure le droit du sang.

• La fréquentation du lycée devient obligatoire pour tous les

jeunes Français à partir de 1882.

• La colonisation est principalement menée au nom de valeurs

morales.

• Le Panthéon est un monument parisien consacré aux

grands hommes.

• Le devoir militaire est enseigné à l’école.

• L’Alsace-Lorraine est redevenue française en 1871.

EXERCICE 2 Vrai/Faux

■ Général Boulanger Voir p. 278■ Jules Ferry Voir p. 278

• Qu’est-ce qu’un État-nation ? La France en est-elle un ?

• Qu’est-ce que le nationalisme ?

• Qu’est-ce que le colonialisme ?

EXERCICE 1 Défi nir une notion

La France, une nation en

construction au XIXe siècle

Des valeurs communesDéclaration des droits de l’hommeNationPatrieRépublique

Un territoireLa France, amputéede l’Alsace-LorraineUne puissance àla tête d’un empirecolonial

Un peupleUne histoire communeUne langueDes loisUne nationalité(loi de 1889)

La France,une nation

(1880-1914)

À lire

• Guide républicain, Delagrave, 2004.

À visiter

• Le Panthéon

• Le musée national de l’Éducation (Rouen)

• Musée de l’Armée

Hôtel national des Invalides, Paris : www.invalides.org

• Musée de la conscription

Caserne Turenne, Strasbourg

Sites Internet

• ministère de la Défense : www.defense.gouv.fr

• Institut des hautes études de défense nationale

www.ihedn.fr

• ministère des Affaires étrangères :

www.ael.diplomatie.fr

Pour aller plus loin

• Je suis une partie du territoire français cédée à l’Allema-

gne après la défaite, en 1871. Je fi gure en noir sur les cartes

de France utilisées dans l’enseignement, et mon souvenir est

entretenu. Je redeviens française en 1918.

• Ancien ministre de la Guerre, surnommé le général « Revan-

che », je rassemble autour de moi un mouvement qui demande

la dissolution de l’Assemblée nationale et une réforme des

institutions.

EXERCICE 3 Qui sont-ils ?

Page 22: La La construction de la nation républicaine (1880-1914)extranet.editis.com/it-yonixweb/images/500/art/doc/6/6444c226199c... · Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine

Méthode

: Expliquer

un

document

Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 31

Compétences

• Décrire l’organisation d’une image

• Interpréter des symboles

• Saisir le message délivré par l’image

Expliquer un document iconographiquew

L’union nationale autour du 14 Juillet

Image célébrant le 14 juillet 1880, Paris, BnF.

Comment expliquer un document iconographique ?

• Un document iconographique, tout comme un

texte, véhicule un message. Pour le comprendre

il faut décoder l'image en deux temps :

• La composition : il faut être attentif à la manière

dont l’artiste a composé son image et donc à

l’organisation des différents éléments. 1. Il faut relever

ce qui fi gure au centre de l’image (là où le regard se

porte d’abord) ou au premier plan s’il y a plusieurs

plans ; 2. Il faut chercher si l’image n’est pas organisée

en plusieurs parties (très souvent, ce sont deux moitiés

qui s’opposent).

• Les symboles : un objet, un personnage dans

telle ou telle tenue, un bâtiment sont utilisés pour

évoquer de grands événements, un pays ou une

communauté humaine, un type de régime politique.

Ces symboles étaient généralement très clairs

à l’époque où l’image a été réalisée ; ils le sont

souvent moins pour nous, et nous devons faire un

effort pour les reconstituer.

• L’analyse de la composition et l’interprétation

des symboles permettent de reconstituer le

message du document.

Point Méthode

Questions portant sur la composition Questions portant sur les symboles Questions portant sur le message

Quels personnages occupent

le centre du tableau ?

En combien de parties peut-on

décomposer cette image ?

Qu’est-ce qui différencie la partie

gauche de la partie droite de

l’image ?

Quelles sont les tenues des deux

personnages centraux ?

Ces deux personnages appartiennent-

ils à la même époque ?

Quel est le château représenté dans

la partie gauche du tableau ?

Pourquoi les deux époques

sont-elles associées ?

Quelle époque de l’histoire de France

est une référence pour la France

républicaine ?

Pourquoi le 14 juillet est-il devenu

fête nationale ?

Questions