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la lettre Association de l’aquifère des calcaires de Champigny en Brie n°9 | mars 2013 La gestion différenciée, solution vers le 0 pesticide dans les collectivités Atteindre le « 0 pesticide » sur l’ensemble des espaces publics c’est possible ! Certaines communes ont relevé le défi en adoptant la gestion différenciée. Cette approche globale et systémique de tous les espaces communaux, permet de minimiser le recours aux pesticides sans augmenter le budget consacré à l’entretien. Ses avantages sont nombreux : amélioration du confort de travail, gain de temps, optimisation des durées d’entretien, revalorisation et responsabilisation du travail des agents... sans oublier bien sûr l’éradication des pesticides, qui va de pair avec la préservation de la qualité de l’air, de l’eau donc de la santé publique ! Et ce n’est pas tout : la gestion différenciée favorise la biodiversité et contribue à embellir les espaces en redonnant sa place au végétal. Zoom sur cette façon de gérer l’entretien, durable tant sur le plan écologique qu’économique et social... édit’eau La Lettre AQUI’ Brie évolue ! Pour mieux répondre à vos attentes, 3 rubriques rythmeront désormais votre Lettre et la rendront plus attrayante. Un « Zoom sur… » puis les rubriques « Suivi de l’eau » et « Prévention » vous informeront des dernières actualités liées à nos deux champs d’activités : la connaissance de la nappe du Champigny et les actions préventives pour préserver cette ressource en eau. Occasionnellement un supplément complètera la Lettre, pour rendre compte d’une information spéciale ou importante. C’est le cas ce mois-ci, avec la sortie inédite du rapport « jaugeages » réalisé par nos hydrogéologues. Une nouvelle formule donc, pour mieux parler de nous tous. Le lecteur persevra ainsi mieux la large palette des différentes missions d’AQUI’ Brie et des actions qui en découlent. Au fil des Lettres, les actualités témoigneront de la mobilisation d’AQUI’ Brie et de ses partenaires pour préserver ce patrimoine d’intérêt régional qu’est la nappe du Champigny : une connaissance toujours plus poussée sur l’évolution de son état qualitatif et quantitatif et, en réponse, des actions préventives ciblées pour réduire toutes les atteintes à la qualité de l’eau. La nappe du Champigny a besoin de nous tous : cette nouvelle formule de la Lettre contribuera à renforcer la mobilisation autour de cette ressource menacée et à valoriser les actions menées pour la préserver. Jean Dey, Président d’AQUI’ Brie www.aquibrie.fr

la lettre - AQUI'Brie · de pair avec la préservation de la qualité de l’air, de l’eau donc de la santé publique ! Et ce n’est pas tout : la gestion différenciée favorise

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Page 1: la lettre - AQUI'Brie · de pair avec la préservation de la qualité de l’air, de l’eau donc de la santé publique ! Et ce n’est pas tout : la gestion différenciée favorise

la lettreAssociation de l’aquifère des calcaires de Champigny en Brie n°9 | mars 2013

La gestion différenciée, solution vers le 0 pesticide dans les collectivités

Atteindre le « 0 pesticide » sur l’ensemble des espaces publics c’est possible ! Certaines communes ont relevé le défi en adoptant la gestion différenciée. Cette approche globale et systémique de tous les espaces communaux, permet de minimiser le recours aux pesticides sans augmenter le budget consacré à l’entretien. Ses avantages sont nombreux : amélioration du confort de travail, gain de temps, optimisation des durées d’entretien, revalorisation et responsabilisation du travail des agents... sans oublier bien sûr l’éradication des pesticides, qui va de pair avec la préservation de la qualité de l’air, de l’eau donc de la santé publique ! Et ce n’est pas tout : la gestion différenciée favorise la biodiversité et contribue à embellir les espaces en redonnant sa place au végétal. Zoom sur cette façon de gérer l’entretien, durable tant sur le plan écologique qu’économique et social...

édit’eauLa Lettre AQUI’ Brie évolue ! Pour mieux répondre à vos attentes, 3 rubriques rythmeront désormais votre Lettre et la rendront plus attrayante. Un « Zoom sur… » puis les rubriques « Suivi de l’eau » et « Prévention » vous informeront des dernières actualités liées à nos deux champs d’activités : la connaissance de la nappe du Champigny et les actions préventives pour préserver cette ressource en eau. Occasionnellement un supplément complètera la Lettre, pour rendre compte d’une information spéciale ou importante. C’est le cas ce mois-ci, avec la sortie inédite du rapport « jaugeages » réalisé par nos hydrogéologues.Une nouvelle formule donc, pour mieux parler de nous tous. Le lecteur persevra ainsi mieux la large palette des différentes missions d’AQUI’ Brie et des actions qui en découlent. Au fil des Lettres, les actualités témoigneront de la mobilisation d’AQUI’ Brie et de ses partenaires pour préserver ce patrimoine d’intérêt régional qu’est la nappe du Champigny : une connaissance toujours plus poussée sur l’évolution de son état qualitatif et quantitatif et, en réponse, des actions préventives ciblées pour réduire toutes les atteintes à la qualité de l’eau.La nappe du Champigny a besoin de nous tous : cette nouvelle formule de la Lettre contribuera à renforcer la mobilisation autour de cette ressource menacée et à valoriser les actions menées pour la préserver.

Jean Dey,Président d’AQUI’ Brie

www.aquibrie.fr

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Mettre en place la gestion différenciée pour préserver la nappe du Champigny

Pour pérenniser le « 0 pesticide », un seul maître mot : s’or-ga-ni-ser. C’est l’un des principes de base de la gestion différenciée.En fonction de leur état de dégradation, de leur taux de fréquentation par le public, de leurs enjeux culturels, sociaux, environnementaux, économiques… les espaces sont entretenus différemment. Ils sont répartis en catégories selon l’exigence d’entretien qu’ils requièrent (classe « prestige », « accompagnement » ou « champêtre »). Objectif : optimiser l’entretien en combinant les solutions les mieux adaptées à chaque espace. Et les solutions ne manquent pas. Outre le désherbage mécanique et thermique, le paillage et les plantes couvre-sol, l’espacement des tontes peut être envisagé pour les surfaces enherbées qui n’ont pas besoin d’être systématiquement à ras. Autre possibilité : végétaliser une surface pour remplacer le désherbage chimique par un entretien par tonte.

La gestion différenciée,une démarche progressive

ZOOM SUR...

Et AQUI’ Brie dans tout ça ?

Choisir le bon entretienau bon endroit...

Mais attention, en gestion différenciée, combiner les solutions ne suffit pas : il faut savoir anticiper. Il est indispensable de rester en veille sur la pousse d’herbes indésirables et d’entretenir régulièrement. Cela permet de gagner du temps par rapport à un désherbage massif ponctuel sur une végétation développée.

Mettre en œuvre la gestion différenciée ne se fait pas du jour au lendemain ; il faut respecter certaines étapes pour installer la démarche dans le temps. ▪ Réaliser un diagnostic complet des pratiques d’entretien sur la commune. Gaspillage de produits, surdosages, perte de temps… le constat est souvent le même : un manque d’efficacité généralement lié à une vision de l’entretien par espace ou à l’absence de formation des agents. ▪ Définir les grandes lignes du plan de gestion à

mettre en place. En attribuant à chaque espace un mode d’entretien précis, les services techniques établissent un « plan de sectorisation ». ▪ Affecter les moyens humains et matériels utiles au bon déroulement du plan de gestion. C’est souvent le moment de réfléchir aux investissements nécessaires : désherbeur thermique, brosses mécaniques, espèces végétales à planter, paillage... Une fois le plan de gestion en marche, ne pas crier victoire tout de suite. Encore faut-il...▪ Réussir à pérenniser la démarche sur le long terme. Pour cela les services techniques devront faire le point régulièrement sur les résultats de la gestion différenciée, évaluer la réussite de la démarche et prévoir des réajustements si besoin.

Les conseillers verts d’AQUI’ Brie accompagnent les communes dans la réduction des pesticides. Ils les encouragent à adopter la gestion différenciée, outil incontournable pour atteindre le «0 phyto». Ils réalisent le diagnostic des pratiques d’entretien, organisent des formations, proposent des retours d’expérience de communes pilotes et favorisent les échanges entre collectivités signataires de la charte du Champigny au travers du réseau AQUI’ Vert.

1/Désherbeur thermique - 2/Débrousailleuse avec brosse de désherbage - 3/Paillage organique - 4/Prairie fleurie

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L’indicateur de niveau de la nappe du Champigny au 22 janvier 2013

Rendez-vous sur www.aquibrie.fr, rubrique Télechargement.

C’est le volume d’eau moyen utilisé pour l’exploitation d’un puits de fracturation hydraulique.

Coupe géologique du bassin parisien indiquant la position des aquifères et des couches contenant des hydrocarbures. Source : J. Burrus, thèse école des mines de Paris, modifié par J. Goncalves

Crécy

ProvinsNangisMelun

Mont.-Flt-Y.

Draveil

Queue en B.

Morsang

0 à 5 % 5 à 10 % 10 à 20 % 20 à 50 % 50 à 75 % 75 à 100 %

0 km 10 km 20 km

Pas d'info

SUIVI DE L’EAU

De l’huile sur la nappe ?

Le tableau de bord n°11 en ligne !

L'année 2009-2010 a été marquée par l'apparition du glyphosate dans la nappe. 23 autres pesticides y sont ponctuellement quantifiés (sans compter la pollution de fond en triazines). Il s’agit surtout d’herbicides (81%) et de fongicides (18%). Dans cette édition vous trouverez aussi le bilan des prélèvements jusqu'en 2010, sur le territoire d'AQUI' Brie et la Zone de Répartition des Eaux du Champigny.

Alors que les hydrocarbures conventionnels forment des gisements et sont exploitables par forages traditionnels, les hydrocarbures non conventionnels sont dispersés à l’intérieur de couches peu perméables, difficilement accessibles, et nécessitent des techniques d’extraction lourdes et complexes.

Hydrocarbures conventionnels et hydrocarbures non conventionnels

Depuis les années 70, les hydrocarbures conventionnels sont extraits des couches poreuses profondes du Trias et du Dogger (cf. coupe).

Plus de 300 forages pétroliers traversent aujourd’hui les nappes d’eau potable du Champigny (en jaune), de la craie (en vert) et de l’Albien (en bleu clair) ; des puits dont l’étanchéité doit être parfaite pour ne pas contaminer l’eau que nous buvons.

Face à la hausse du prix des énergies fossiles, il est désormais envisagé d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels contenus dans le Lias : les huiles de schistes. Pour cela, les pétroliers ont recours

15000 m³

Il indique le pourcentage de remplissage de la nappe par rapport aux niveaux minimum et maximum mesurés depuis 2003.

à la fracturation hydraulique. Ils réalisent des forages horizontaux dans la roche, puis la rendent perméable en injectant de l’eau, du sable et des substances chimiques sous pression. Les huiles ainsi extraites contiennent une part des fluides injectés et des sels, métaux, éléments radioactifs… naturellement concentrés dans ces couches

profondes.

L’exploitation des huiles de schistes se caractérise par

un déclin de la production de chaque puits en quelques années ; il faut donc réaliser 10 à 100 fois plus de puits que pour le pétrole classique. Dans le bassin parisien, ceci multiplierait les besoins en eau et les risques de pollution des nappes. Par ailleurs, les scientifiques sont

divisés sur le risque à long terme de rompre l’imperméabilité du Lias.

AQUI’ Brie demande à ce que la connaissance sur l’exploitation pétrolière soit mieux partagée et qu’il y ait une réelle transparence des pratiques afin de mieux estimer les risques que cette exploitation fait courir sur les nappes potables, et d’en assurer la surveillance.

Aquifères exploités pour l’eau potable (Champi-

gny, Craie, Albien)

Dogger (réservoir pétrolier, géothermie)

Trias (réservoir pétrolier)Lias (roche mère du pétrole)

0 km 40 km3 km

0 km

2

1

Niveau stabilisé par la Seine

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PRéVEntIOn

www.aquibrie.fr

AQUI’ Brie - 2 avenue Galiéni - 77000 MELUNDirection de la publication : Jean DeyDirection de la rédaction : Agnès SaïzonouRédaction : Anne Reynaud, François Birmant, Eve DusaussoyInfographie : Eve DusaussoyPhotos : AQUI’ BrieImpression : Offset 3000

ISSN 1778-0594

Les missions d’AQUI’ Brie sont essentiellement assurées grâce au concours de ses principaux partenaires financiers :

Aménagements de Rampillon : l’heure du bilan

Jean Dey, président d’AQUI’ Brie, inaugurait le 9 octobre 2012, les aménagements auto-épurateurs des eaux issues du drainage agricole, à Rampillon. 4 zones humides artificielles ont été réalisées pour éliminer les pesticides avant leur infiltration dans la nappe du Champigny. Ce projet a abouti grâce à la participation de 2 agriculteurs, du Syndicat du ru d’Ancoeur, de la commune de Rampillon et des financeurs (Agence de l’Eau, Région Ile-de-France et Conseil général de Seine-et-Marne).

Les aménagements inaugurés

83% des surfaces agricoles du bassin versant sont cultivées avec un recours réduit aux produits chimiques. Cette mobilisation des agriculteurs prouve que ces aménagements ne sont pas un droit à polluer.

83%

Les MAE* font leur cheminSnCF-RFF membresd’AQUI’ Brie en 2011 et 2012

En contrepartie de cette aide compensatoire, des agriculteurs s’engagent, accompagnés par AQUI’ Brie, vers une réduction des pesticides et l’appropriation de techniques et de systèmes de production moins consommateurs en produits phytosanitaires. Les objectifs sont ambitieux mais tout à fait atteignables : - 40% d’herbicides et - 50% des autres pesticides dans un délai de 5 ans. Avec plus de 20% d’agriculteurs engagés aujourd’hui, la mobilisation est forte sur le bassin versant de l’amont de l’Ancoeur, incluant l’aire d’alimentation du captage grenelle de Nangis. Plusieurs agriculteurs en MAE depuis 2007 se sont d’ailleurs réengagés pour poursuivre et pérenniser leurs changements de pratiques, car c’est à l’échelle de la rotation des cultures que les effets seront durables.

* Mesures Agro-Environnementales

Avec ses 310 km de voies à entretenir sur le territoire d’AQUI’ Brie, l’infrastructure ferroviaire a un impact non négligeable sur la qualité d’eau. C’est pourquoi depuis 2007 AQUI’ Brie accompagne SNCF et RFF vers la réduction des phytosanitaires et la recherche de solutions alternatives. Bienvenue à nos nouveaux membres !

Les aménagements auto-épurateurs inaugurés, leur potentiel de réduction des pollutions reste encore à préciser.

Laetitia Roux, diplômée de l’institut national polytechnique de Grenoble, a jusqu’à 2015 pour étudier la question. Sa thèse, co-financée par l’Irstea et l’Agence de l’Eau Seine Normandie, permettra d’évaluer l’efficacité du projet, en tenant compte de la réduction de l’épandage par les agriculteurs et de la capacité épuratoire des aménagements. La thèse sera suivie par un comité de pilotage réunissant des représentants de l’IRSTEA1, l’INRA2, l’Agence de l’Eau, l’ENGEES3 et d’AQUI’ Brie.2 préleveurs automatiques, installés à l’entrée et à la sortie du bassin terminal, permettent de déceler la présence d’une centaine de molécules et d’analyser leur vitesse de dégradation dans le bassin. Ces molécules correspondent aux produits phytosanitaires les plus fréquemment utilisés par les agriculteurs du bassin versant. Ce dispositif permet de comprendre comment se fait l’abattement des pesticides, molécule par molécule. Il permet aussi de suivre les moments clés de pics de transferts, souvent en entrée et en sortie d’hiver, périodes où les phytosanitaires sont entraînés par les premières pluies drainantes après application.Si le taux d’abattement est satisfaisant, les aménagements seront considérés comme contribuant à la protection de l’AAC (Aire d’Alimentation du Captage) de Nangis. Un projet pilote qui on l’espère servira de référence pour la protection d’autres zones d’engouffrement.

1 Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (anciennement Cemagref)2 Institut National de Recherche Agronomique3 Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg

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