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La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr janvier 2015 Articles sélectionnés sur internet par Jean-Philippe Piquard et mis en forme par Jean-François Piquard page1 TERRORISME Nous faisons la guerre, mais nous ne l'assumons pas Les terroristes sont nos enfants : le livreur de pizza devient l'ennemi intérieur. (Article paru le 8 janvier dans L'Opinion, avant l'attaque de la porte de Vincennes) Nous sommes en guerre, mais nous ne l'assumons pas. En guerre contre qui ? «Le terrorisme et le fondamentalisme» a répondu, dès mercredi, le président de la République dans son allocution à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo. Mais le terrorisme et le fondamentalisme sont des notions bien abstraites : le premier désigne un moyen d'action, le second l'attachement excessif à des principes. Pour tuer, ces idées doivent s'incarner dans des êtres de chair bien réels, en l'occurrence tueurs qui ont mené l'attaque de mercredi à Paris. Alors que François Hollande évitait soigneusement de prononcer des mots comme islam, djihad ou musulman, les deux suspects, les frères Chérif et Saïd Kouachi, plaçaient explicitement leur attaque sous une bannière religieuse, en criant comme ils l'ont fait «Allahou Akbar» et «Nous avons vengé le Prophète». C'est un fait, dérangeant pour les innombrables Français attachés au «vivre-ensemble» et sans doute pour les musulmans pieux au premier chef, qui voient dans ces actes un «dévoiement absolu» de leur religion. Cette gêne, palpable dans les prudences des commentaires et des réactions, ne doit pourtant pas empêcher de comprendre ce qu'il arrive à notre pays. Pourquoi Chérif et Saïd Kouachi ont-ils fait cela ? Pourquoi, après Mohammed Merah à Toulouse et Mehdi Nemmouche à Bruxelles, sont-ils devenus cela ? Expliquer n'est pas excuser. Dans la réalité des faits, la France est en guerre contre les terroristes. Mais, d'habitude, les Français ne s'en rendent pas compte car tout se passe loin de nos frontières. Depuis deux ans, l'armée française combat des «groupes armés terroristes» au Mali puis dans tout le Sahel. Un second front a été ouvert cet été, avec l'engagement de l'aviation française contre Daesh (l’Et at islamique) en Irak. Ces engagements militaires font l'objet d'un quasi-consensus des forces politiques. A la mi-décembre, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se réjouissait du bilan de l'opération Barkhane : «Depuis le 1er août, nous avons pu neutraliser une soixantaine de djihadistes, essentiellement dans le nord du Niger et du Mali. Près de 200 ont été neutralisés en un an et parmi eux, des chefs importants.» «Neutraliser», en langage militaire, signifie tuer. En Irak, les Rafale et les Mirage français frappent régulièrement d'autres djihadistes. Un communiqué laconique du ministère de la Défense annonce généralement qu'au cours d'un raid, nos avions ont «neutralisé plusieurs membres de Daesh». Mercredi prochain, François Hollande se rendra à bord du porte-avions Charles-de- Gaulle qui appareillera pour le Golfe, afin de renforcer le dispositif français. Et ce jeudi, le Pentagone annonçait de son côté que la coalition avait tiré près de 5000 bombes contre les groupes djihadistes en Irak et en Syrie, depuis le mois d'août. Ces bombes tuent, elles aussi. On prête cette phrase au général De Gaulle : «La guerre, c'est comme la chasse, sauf qu'à la guerre les lapins tirent». Vivant en paix depuis 70 ans, nous avons fini par oublier cette évidence que les lapins tirent... Peu importe, au fond, de savoir qui a commencé la guerre, et même qui mène le juste combat, mais il faut se souvenir que l'ennemi frappe lui aussi. Avec ses propres moyens et sur les objectifs qui lui importent le plus. Nous l'avons vu mercredi dans les locaux de Charlie Hebdo : une frappe de précision contre une cible soigneusement choisie pour son islamophobie supposée. Effet politique colossal ; mission accomplie.

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Articles sélectionnés sur internet par Jean-Philippe Piquard et mis en forme par Jean-François Piquard

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TERRORISME Nous faisons la guerre, mais nous ne l'assumons pas Les terroristes sont nos enfants : le livreur de pizza devient l'ennemi intérieur.

(Article paru le 8 janvier dans L'Opinion, avant l'attaque de la porte de Vincennes)

Nous sommes en guerre, mais nous ne l'assumons pas. En guerre contre qui ? «Le terrorisme et le fondamentalisme» a répondu, dès mercredi, le président de la République dans son allocution à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo. Mais le terrorisme et le fondamentalisme sont des notions bien abstraites : le premier désigne un moyen d'action, le second l'attachement excessif à des principes. Pour tuer, ces idées doivent s'incarner dans des êtres de chair bien réels, en l'occurrence tueurs qui ont mené l'attaque de mercredi à Paris. Alors que François Hollande évitait soigneusement de prononcer des mots comme islam, djihad ou musulman, les deux suspects, les frères Chérif et Saïd Kouachi, plaçaient explicitement leur attaque sous une bannière religieuse, en criant comme ils l'ont fait «Allahou Akbar» et «Nous avons vengé le Prophète». C'est un fait, dérangeant pour les innombrables Français attachés au «vivre-ensemble» et sans doute pour les musulmans pieux au premier chef, qui voient dans ces actes un «dévoiement absolu» de leur religion. Cette gêne, palpable dans les prudences des commentaires et des réactions, ne doit pourtant pas empêcher de comprendre ce qu'il arrive à notre pays. Pourquoi Chérif et Saïd Kouachi ont-ils fait cela ? Pourquoi, après Mohammed Merah à Toulouse et Mehdi Nemmouche à Bruxelles, sont-ils devenus cela ? Expliquer n'est pas excuser.

Dans la réalité des faits, la France est en guerre contre les terroristes. Mais, d'habitude, les Français ne s'en rendent pas compte car tout se passe loin de nos frontières. Depuis deux ans, l'armée française combat des «groupes armés terroristes» au Mali puis dans tout le Sahel. Un second front a été ouvert cet été, avec l'engagement de l'aviation française contre Daesh (l’Etat islamique) en Irak. Ces engagements militaires font l'objet d'un quasi-consensus des forces politiques. A la mi-décembre, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se réjouissait du bilan de l'opération Barkhane : «Depuis le 1er août, nous avons pu neutraliser une soixantaine de djihadistes, essentiellement dans le nord du Niger et du Mali. Près de 200 ont été neutralisés en un an et parmi eux, des chefs importants.» «Neutraliser», en langage militaire, signifie tuer. En Irak, les Rafale et les Mirage français frappent régulièrement d'autres djihadistes. Un communiqué laconique du ministère de la Défense annonce généralement qu'au cours d'un raid, nos avions ont «neutralisé plusieurs membres de Daesh». Mercredi prochain, François Hollande se rendra à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle qui appareillera pour le Golfe, afin de renforcer le dispositif français. Et ce jeudi, le Pentagone annonçait de son côté que la coalition avait tiré près de 5000 bombes contre les groupes djihadistes en Irak et en Syrie, depuis le mois d'août. Ces bombes tuent, elles aussi.

On prête cette phrase au général De Gaulle : «La guerre, c'est comme la chasse, sauf qu'à la guerre les lapins tirent». Vivant en paix depuis 70 ans, nous avons fini par oublier cette évidence que les lapins tirent... Peu importe, au fond, de savoir qui a commencé la guerre, et même qui mène le juste combat, mais il faut se souvenir que l'ennemi frappe lui aussi. Avec ses propres moyens et sur les objectifs qui lui importent le plus. Nous l'avons vu mercredi dans les locaux de Charlie Hebdo : une frappe de précision contre une cible soigneusement choisie pour son islamophobie supposée. Effet politique colossal ; mission accomplie.

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Ce conflit ne se déroule pas seulement dans les sables du Nord-Niger, dans la banlieue de Damas en Syrie ou dans les monts Sinjar en Irak. Il est global, mondialisé. Le camp d'en face utilise des techniques contemporaines pour s'adresser, partout dans le monde, à des jeunes nourris de séries TV et de jeux vidéos. Ainsi, Al Qaïda a publié en mai dernier dans son magazine numérique Inspire une affiche au graphisme soigné et non dénuée d'humour (très) noir. On y voyait les photos de toutes les personnes, dont le dessinateur Charb, que les terroristes voulaient tuer, sous cette phrase en anglais : «A bullet a day keeps the infidel away» (une balle chaque jour tient l'infidèle éloigné), directement inspirée de l'adage britannique : «An apple a day keeps the doctor away»...

Cette radicalisation au sein de l'islam – dont les musulmans sont, et de très loin, les premières victimes – est sans frontière. On l'observe partout où il y a des musulmans. La France n'y échappe pas et il ne s'agit plus d'un conflit importé comme lors des précédentes vagues de terrorisme des années 80 et 90, lorsque Libanais, Iraniens ou Algériens faisaient exploser des bombes sur notre sol. Cette fois-ci, les tueurs sont nos enfants. Une infime minorité d'entre eux, mais nos enfants quand même. Impossible de s'abriter derrière une quelconque ligne Maginot en boutant l'étranger hors de France. Cherif et Saïd Kouachi sont nés à Paris, en 1980 et 1982, et ils ont grandi dans le quartier des Buttes-Chaumont. Ils ne viennent pas d'une vallée reculée de l'Afghanistan ou du Yémen, mais du métro Bolivar et de la place des Fêtes. Ils sont allés à l'école de la République et l'un d'eux a pu, un soir, vous livrer une pizza sur sa mobylette comme vous avez pu croiser son frère dans une salle de sport. Nemmouche, lui, est né à Roubaix, et Merah à Toulouse. Rien que de la petite ville de Lunel dans l'Hérault, six jeunes sont partis pour la Syrie, où ils sont morts. Environ 1200 jeunes Français, ou résidents en France, sont impliqués dans les réseaux djihadistes vers le Proche-Orient et, parmi eux, un quart sont des convertis. Du jamais vu. Et rien ne dit que ce ne soit pas qu'un début.

Qu'est-ce qui a mal tourné ? Au delà de l'émotion et du rappel des grands principes, il faut s'interroger. Le chercheur Olivier Roy confiait récemment à l'Opinion que «chez les jeunes anti-système, le djihad a remplacé le mythe de la Révolution» de sa propre jeunesse. Il y avait eu les anarchistes à la fin du XIXe siècle, qui ont assassiné le président de la République Sadi Carnot et le tsar Alexandre II, puis les mouvements d'extrême-gauche des années 70 (Brigades rouges, Fraction armée rouge, Action directe). Il y a aujourd'hui le djihadisme, qui fait appel à la même logique suicidaire d'un romantisme révolutionnaire.

Le terreau de ce radicalisme politique est au bout de la ligne du métro parisien, pas à Raqqa, «capitale» autoproclamée de l'Etat islamique. Voici le témoignage d'une jeune femme de Seine-Saint-Denis, musulmane non-pratiquante, élevée à la dure école des cités de Bobigny, séparée d'un mari islamiste et... amie d'Ahmed Merabet, le policier abattu sur le trottoir devant le siège de Charlie Hebdo. Elle a confié sa colère à l'Opinion : «Ici, chez nous, de l'autre côté du périph, tout le monde est écœuré. Nous pensons simplement que ces barbares ne pratiquent en rien l'islam ! Mais à force de laisser les jeunes de côté, voilà ce qui arrive. Ils sont pris par les mouvements intégristes qui leur bourrent le crâne de conneries au nom de la religion. Personne ne veut d'eux et je sais de quoi je parle. Les boîtes interdites, les boulots, le nom ne passe pas etc. Les fanatiques se chargent de récupérer ceux dont personne ne veut, en leur inculquant la haine, le diable...» Mais, ajoute-t-elle, « si les portes nous sont déjà fermées, avec ce qui vient de se passer, elles vont nous être barricadées. Nous allons rester en huis clos sans aucune chance de sortie. C'est de cela dont nous avons peur».

Ce huis-clos correspond à la stratégie des islamistes : les plus modérés, comme les Frères musulmans de l'UOIF, veulent une communauté repliée sur elle-même, où l'on mange halal, refuse les mariages mixtes et dont les femmes portent le voile. Le politologique Gilles Kepel l'a décrit dans son livre «Quatre-vingt-treize» (Gallimard, 2012), fruit d'une enquête de terrain en Seine-Saint-Denis. Les plus radicaux sont dans une

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logique de confrontation, de guerre sainte (djihad) contre les mécréants. Mais ce huis-clos est aussi le résultat des ratés de l'intégration et de la montée de l'islamophobie.

Les manifestations, nombreuses, spontanées et sympathiques, qui se déroulent à la suite de l'attaque contre Charlie Hebdo ne doivent pas masquer le fait que les réseaux sociaux et les sites des journaux sont assaillis de messages haineux, racistes, nourris d'une méfiance qui peut être compréhensible vues les circonstances, mais dont les auteurs aspirent avec une joie mauvaise à l'affrontement avec nos compatriotes musulmans. C'est la France décrite par Michel Houellebecq dans «Soumission» (Flammarion), avant qu'elle n'élise un président islamiste... C'est la France qui vote pour Marine Le Pen et celle qui fait un triomphe au «Suicide français» d'Eric Zemmour.

Au Sahel et au Proche-Orient, notre pays fait la guerre aux djihadistes, un conflit qui a des ramifications jusque dans l'Hexagone. Or, la guerre finit toujours par imposer sa logique à la vie nationale. Pourra-t-on longtemps cloisonner les fronts extérieurs du théâtre intérieur, alors que la menace est globale ? Veut-on s'installer dans une situation où l'ennemi intérieur serait votre livreur de pizza ? Le défi, politique, est là.

Chronique d'une radicalisation quotidienne Sophie n'est pas née de la dernière pluie. Cela fait 20 ans que cette professeur de philosophie enseigne dans divers établissements de l'Essonne (91). Elle a rencontré toute sorte d'élèves issus de milieux sociaux variés et de confessions diverses. Depuis une dizaine d'années, elle constate avec regret et inquiétude des changements profonds dans les comportements des jeunes qui se succèdent dans sa classe. Ce qu'elle appelle une "radicalisation" qui, combinée à des renoncements quotidiens de la part de l'Éducation nationale, finit par engendrer une situation explosive dont plus personne ne sait comment s'extirper. Témoignage. "Le tournant, pour moi, c'est le 11 septembre 2001 : cela a délié une parole jusque-là retenue du moins devant les enseignants. Lors du vote pour élire les délégués de classe, début octobre 2001, plusieurs bulletins de vote portaient le nom de Ben Laden. Quand je m'en suis offensée, des propos de haine ont fusé : "C'est bien fait pour les Américains !" puis à notre encontre : "Il faut foutre le feu à cette ville !" Afin de susciter la réflexion, leur réflexion, la semaine suivante j'ai distribué un texte de Platon sur la démocratie. Deux élèves ont refusé de le prendre, l'un des deux l'a jeté par terre et en sortant s'est essuyé les pieds dessus. Le cours suivant fut très dur, il a commencé par des insultes contre "les juifs chrétiens" puis un refus de travailler et de nouveau "il faut foutre le feu dans cette ville" et autres propos violents. Le ton est monté entre nous et à la fin du cours ils ont réussi, après la sortie de tous les élèves, à se positionner devant la porte pour que je ne puisse pas sortir. Là ils m'ont insultée en me tutoyant et en me traitant plus bas que terre, faisant sans cesse un geste du pouce autour du coup en me disant : "On te retrouvera." L'administration du lycée a convoqué la commission disciplinaire, aucun des parents n'est venu, ni même le second élève. Je suis aussi allée porter plainte au commissariat qui n'a pris qu'une main courante. "On ne parle que de philosophes juifs comme Spinoza"

À la même époque travaillait au lycée un surveillant de confession musulmane qui veillait à ce que les filles musulmanes ne soient pas maquillées et à ce qu'aucun élève musulman n'utilise les distributeurs de café pendant le ramadan. Il conseillait à nos élèves de ne pas se rendre en cours de philosophie, car, disait-il, "on ne parle que de philosophes juifs comme Spinoza". Jamais ce surveillant ne regardait les professeurs femmes dans les yeux quand nous nous rendions dans son bureau. Tout le monde était au courant de cette attitude, mais personne n'a osé intervenir par crainte de "mettre la ville à feu et à sang". Quelques années plus tard, des propos homophobes et antisémites ont de plus en plus souvent été tenus en classe. Contre ces dérapages, ma seule arme en tant qu'enseignante était de rédiger un rapport, cela bien sûr

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page 4 après avoir tenté de discuter avec ceux qui les avaient proférés. Mais toute conversation devenait impossible : soit les élèves provoquaient encore plus, soit ils contestaient avoir tenu de tels propos. Un jour, l'un d'entre eux en plein cours me demande : "Pourquoi y a-t-il des grilles à la synagogue ?" (qu'il avait confondue avec l'église catholique). J'ai répondu que je ne savais pas et l'élève a répliqué : "Pour leur lancer des cacahuètes", ce qui a provoqué l'hilarité d'une bonne partie de la classe. Une autre fois, en terminale littéraire, un lycéen réalise un exposé brillant, je demande à la classe quelle note lui attribuer. Réponse d'un élève : "On ne va quand même pas lui mettre 20, à ce pédé." Hormis mes rapports, aucune sanction n'a été prononcée contre ces élèves. Au fil des années j'ai vu la dégradation, il est devenu difficile de faire un cours sur le droit, la justice et plus encore sur la religion. Parler de la théorie de l'évolution est devenu impossible car contestée de façon violente. Chaque année, j'emmenais mes classes à la galerie de l'évolution du jardin des Plantes, mais ils étaient de plus en plus nombreux à refuser d'y aller (les sorties scolaires sont gratuites sur le temps scolaire donc obligatoires). À partir de 2007/2008, de plus en plus de jeunes filles arrivaient voilées au lycée et il fallait parfois passer dix minutes de cours pour leur faire enlever ce voile qu'elles remettaient dès que je me retournais pour écrire au tableau. Beaucoup de mes collègues ont renoncé à ce combat. Peut-être aurait-il fallu dès le début sévir de façon plus efficace : un conseil de discipline plutôt qu'une simple commission disciplinaire aurait pu déboucher sur une exclusion des deux premiers élèves (même si c'était envoyer dans la nature des éléments dangereux qui de par leur âge - 20 et 21 ans - n'étaient plus soumis à l'obligation scolaire), le surveillant aurait dû être renvoyé, ce qui aurait peut-être empêché par la suite que nos cours soient contestés. Plus de fermeté et plus d'unité dans le corps enseignant auraient permis de mieux lutter contre les propos homophobes et antisémites. C'est le laisser-faire et l'impunité qui ont permis cette escalade.

lepoint.fr

Le groupe EI endoctrine les enfants pour en faire des combattants

Un pistolet fermement tenu dans ses mains, le jeune garçon exécute froidement deux hommes agenouillés devant lui. Cette vidéo glaçante récemment diffusée par le groupe Etat islamique illustre la détermination des jihadistes à endoctriner une nouvelle génération.

L'apprenti jihadiste, aux cheveux mi-longs et noirs, paraît avoir une douzaine d'années et il vient de tuer deux personnes accusées de travailler pour les services de renseignements russes, selon une affirmation de l'EI qui n'a pu être indépendamment confirmée.

Le jeune bourreau était déjà apparu dans une vidéo de propagande de l'EI en 2014. Interrogé sur ce qu'il comptait faire plus tard, le garçon répondait: "Je serai celui qui vous massacre, vous les infidèles. Je serai un moujahidine (combattant de Dieu)".

Dans ces prises de vue, ce garçon, qui dit se nommer Abdallah et venir du Kazakhstan, remonte une kalachnikov sous le regard d'autres jeunes de son âge. Les enfants assistent en outre à des cours de religion et d'arabe et participent à des exercices de tirs puis à un entraînement physique. "Ils sont la prochaine génération", prévient le narrateur.

Ces six derniers mois, explique Charles Lister, analyste au Brookings Doha Center, l'EI a "graduellement augmenté le niveau de la violence à laquelle se livrent des enfants" dans son matériel de propagande, "leur dernière vidéo étant le degré le plus extrême jusqu'à présent".

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- S'inscrire dans la durée -

"Présenter des enfants accomplissant des actes d'une telle violence est une façon pour l'EI de suggérer que tout homme en âge de se battre devrait prendre part à sa lutte armée", dit M. Lister.

En inculquant cette extrême violence dès l'enfance, le groupe jihadiste cherche surtout à "créer un environnement qui va lui permettre de continuer à recruter des partisans pour les années à venir", estime-t-il encore.

Pour l'EI, il s'agit de faire en sorte que son "califat", décrété fin juin sur les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak, s'inscrive dans la durée. L'EI n'est pas le seul à utiliser des enfants pour sa propagande, explique Aymenn al-Tamimi, chercheur au Middle East Forum, mais pour cette organisation, le message est particulier "car elle se présente comme un véritable Etat".

"L'EI juge que les enfants sont essentiels pour perpétuer son existence", assure M. Tamimi, qui estime que l'utilisation par ce groupe d'images de jeunes enfants a commencé à être notable à la mi-2013, quand, portant alors un autre nom, il "cherchait à démontrer son influence en Syrie".

- Bottes trop grandes -

Aujourd'hui, l'EI publie nombre de photos de propagande où figurent des enfants. L'une d'elles montre un groupe de garçons, portant des cagoules et tenues de camouflage, kalachnikov en mains et posant fièrement devant le drapeau noir de l'organisation.

Sur une autre image, on voit deux kalachnikovs près d'un très jeune garçon ceint d'une réserve de chargeurs, debout dans des bottes de soldat bien trop grandes pour lui.

Plus récemment encore, le groupe a diffusé deux photos de fillettes voilées, une kalachnikov à la main.

Cet endoctrinement idéologique, plus encore quand il est doublé d'une participation active à des actes violents, a des conséquences psychologiques dramatiques sur les enfants, estime Jeffrey Bates, porte-parole de l'agence de Nations unies pour l'enfance (Unicef) en Irak.

"Les exemples ne manquent pas dans le monde depuis des décennies montrant l'impact de tout cela sur des enfants, c'est dévastateur", indique M. Bates, qui assure que cela posera un problème majeur à l'Irak dans quelques années.

"On ne peut pas surestimer la portée de ce problème, on parle là de milliers et de milliers d'enfants".

Lepoint.fr

Evènements du Niger : attaques contre la France et Eglises brûlées.

Vu d'Afrique, l' "affaire Charlie hebdo" illustre les limites de l'universalisme européo-centré. Vendredi 16

janvier, alors que les sociétés de l'hémisphère nord communiaient dans le culte de la liberté d'expression, une

partie de l'Afrique s' insurgeait contre la France des "Charlie". Du Sénégal à la Mauritanie, du Mali au Niger,

de l'Algérie à la Tunisie et au Soudan, le drapeau français a été brûlé, des bâtiments français incendiés et en

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"prime", des églises détruites. Quant aux imprudents chefs d'Etat africains qui participèrent à la marche des

"Charlie", dont Ibrahim Boubacar Keita du Mali, les voilà désormais désignés ennemis de l'islam.

Aveuglés par la légitime émotion et noyés sous l'immédiateté, nos responsables politiques n'ont pas songé à

se demander comment l'Afrique percevait les événements. Or, alors que pour nous, il s'agit d'un ignoble

attentat contre la liberté d'expression commis contre des journalistes, personnes sacrées dans nos sociétés

de la communication, pour une grande partie de l'Afrique, il s'agit tout au contraire de la "juste punition de

blasphémateurs". Qui plus est ces derniers n'en étaient pas à leur coup d'essai et ils avaient même été

solennellement mis en garde. Voilà pourquoi leurs assassins sont considérés comme des "héros". Quant aux

foules de "Charlie", elles sont vues comme complices des insultes faites au Prophète. De plus, comme le

président de la République a marché à leur tête, cela signifie que la France et les Français sont coupables.

Les conséquences géopolitiques qui vont découler de cette situation ne peuvent encore être mesurées,

notamment dans les pays du Sahel en raison du jihadisme récurrent contre lequel nos troupes sont engagées.

Le plus grave est ce qui s'est passé au Niger où Boko Haram qui, jusqu'à présent ne s'était pas manifesté, a

pris le prétexte de la nouvelle livraison de Charlie Hebdo pour lancer les foules contre le centre culturel

français de Zinder; au même moment, nos postes militaires avancés veillent aux frontières du pays...

Personne n'a dit ou vu que l' "affaire Charlie Hebdo" n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase des

impératifs politiques et moraux que nous imposons à l'Afrique: démocratie, droits de l'homme, avortement,

mariage homosexuel, anthropomorphisme etc. Tous y sont considérés avec dédain ou même comme de

"diaboliques déviances".

C'est donc dans les larmes et dans le sang que les bonnes âmes et les idéologues vont devoir constater que

le "village Terre" n'existait que dans leurs fantasmes universalistes. Ce qui est bon ou juste aux yeux de leur

branchitude est en effet une abomination pour une grande partie de l'Afrique et même de la planète.

En plus de cela, pour nombre d'Africains, l'Europe est devenue une terre à prendre : ses habitants ne croient

plus en Dieu, ses femmes à la vertu volage ne font plus d'enfants, les homosexuels s'y marient et la

féminisation y a dévirilisé ses mâles. Paradoxe cruel, ceux qui, depuis des décennies, ont permis cette

révolution en tournant systématiquement en dérision les valeurs fondatrices et le socle social (famille, travail,

discipline, ordre, effort, armée, police etc.) ont été odieusement assassinés par les enfants de ceux auxquels

ils ont si largement ouvert les portes...

Nous voilà donc au terme du processus. Désormais, la contradiction est telle que seul un "saut qualitatif

brusque", comme le disaient les marxistes, permettrait de la surmonter. L'obsolète méthode "soustellienne" de

l'intégration ou celle du "radeau de la Méduse" de la laïcité n'y suffiront sans doute pas...

Bernard Lugan 17/01/2015

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Terrorisme : les armées sur le pied de guerre

La mise en place de militaires autour des lieux de culte est inédite. La défense se mobilise pour une crise sans précédent.

Jean-Yves Le Drian a décidé d'annuler son déplacement prévu lundi 12 janvier à Pau dans les forces spéciales. Il est retenu à Paris par les réunions de crise qui se succèdent. Il avait prévu de se rendre au 4e régiment d'hélicoptère des forces spéciales de Pau (Pyrénées-Atlantiques) pour marquer son appui aux militaires conduisant actuellement des opérations antiterroristes en Afrique saharo-sahélienne et voler à bord d'un hélicoptère de combat Tigre. Le ministre devait également inaugurer le quartier-chef de bataillon Damien-Boiteux, du nom du premier soldat tué dans l'opération Serval au Mali, le 11 janvier 2013. Contrairement aux habitudes, le déplacement de Jean-Yves Le Drian avait été annoncé avec cinq jours d'avance, le 7 janvier dernier, cinq heures après l'attentat contre Charlie Hebdo.

Concernée au plus haut chef

La défense française est concernée au plus haut chef par la crise actuelle. Dans une vidéo diffusée dimanche sur le site YouTube, et aussitôt retirée, un homme qui pourrait être Amedy Coulibaly a indiqué, cité par l'AFP : "Ce qu'on fait est tout à fait légitime vu ce qu'ils font. C'est amplement mérité depuis le temps. Vous attaquez le califat, on vous attaque", affirme-t-il en référence aux missions conduites par les forces spéciales, l'armée de l'air - et bientôt par la marine - en Irak dans le cadre de l'opération Chammal. Les opérations militaires antiterroristes se poursuivent également en Afrique, dans le cadre de l'opération Barkhane.

Opération intérieure

Dans le cadre de ce que les militaires appellent une Opint (opération intérieure), par opposition aux Opex (opérations extérieures), le plan Vigipirate prévoit 1 350 militaires à Paris plus 600 dans les régions. Les hommes impliqués dans ces opérations sont aujourd'hui chargés de remplacer les forces de police et de gendarmerie autour des lieux de culte et autres points sensibles.

S'y ajoutent deux dispositifs ininterrompus, mais dont la vigilance a été renforcée ces dernières heures : la posture permanente de sûreté aérienne (PPSA) et la posture permanente de vigilance maritime (PPVM). Ces deux dispositifs comptent 1 500 hommes. La défense reste relativement discrète sur l'ensemble de ces mesures qui pourraient être renforcées le cas échéant. Le président de la République devrait évoquer précisément le rôle confié aux militaires dans la phase actuelle, en se rendant le mercredi 14 janvier sur le porte-avions Charles de Gaulle en partance pour le Golfe arabo-persique, afin d'y présenter ses voeux aux forces armées.

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Directives opérationnelles du CEMA dans le cadre du plan Vigipirate « attentat »

Le 13 janvier 2015, le général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), a réuni les adjoints de ses commandants interarmées (COMIA) au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à Paris.

Alors que nos armées sont dans une configuration sans précédent pour garantir la sécurité du territoire national, le CEMA a convoqué ses principaux « bras armés territoriaux » pour leur préciser « à la voix » ses directives et recueillir leur appréciation de situation. Il a axé son message sur sa perception des enjeux sécuritaires, appelant les COMIA à poursuivre leur action pour contribuer au plan d’alerte gouvernemental.

Alors même que le Président de la République annonçait le déploiement de 10 000 militaires sur l’ensemble du territoire, le CEMA a insisté sur la nécessité, pour les armées, de maintenir le niveau de réactivité et de professionnalisme avec lequel elles ont su mobiliser, en moins de 72h00, plus de soldats qu’elles n’en engagent en opérations extérieures.

A cet égard, le général de Villiers a rappelé la continuité entre les opérations extérieures, qui constituent une véritable « défense de l’avant », et nos engagements sur le théâtre national. « Dans chacun des cas, il s’agit bien d’assurer la protection de la France et de nos concitoyens », a-t-il précisé, soulignant que ce lien est d’autant plus fort face à une menace terroriste qui ne connaît pas de frontières.

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Les COMIA

En métropole, les commandants interarmées (COMIA) se répartissent entre les officiers généraux de zone de défense et de sécurité (OGZDS), les commandants de zone militaire (CZM) et les commandants de la défense aérienne et des opérations aériennes CDAOA.

Dans le cadre de l’organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD), les septOGZDS (Nord, Est, Ouest, Sud-Ouest, Paris, Sud et Sud-Est) sont chargés, en liaison avec les autorités préfectorales, de la préparation et de la gestion des crises sur le territoire national. Ils assurent également le contrôle opérationnel des unités engagées en missions intérieures et sont responsables de la mise en œuvre, sur décision du gouvernement, de tout ou partie des mesures de défense opérationnelle du territoire (DOT) dans leurs zones.

Les commandants de zone maritime (CZM) sont chargés de la défense maritime du territoire au sein de leur zone maritime. Ils agissent depuis les trois bases navales métropolitaines (Brest, Toulon et Cherbourg).

Le COM DAOA est, quant à lui, responsable de la veille permanente et de l’intervention dans l’espace aérien national, ainsi que de la planification, de la conduite et du suivi des opérations aériennes. Le commandement est implanté sur la base aérienne de Balard ; son état-major est basé à Lyon.

Hors territoire métropolitain, les commandants des forces de souveraineté (COMSUP), basés aux Antilles, en Polynésie française, en Nouvelle Calédonie et dans la zone sud de l’océan Indien assurent, entre autre, les missions des COMIA, sous l’autorité du CEMA. Sources : État-major des armées

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INFOS EMA - Vigilance INFOS EMA Vigilance : une vigilance accrue est demandée sur tout le territoire, à tous les militaires d’active ou de réserve. Elle concerne la protection des installations mais également la protection des personnes.

Port de l’uniforme : le port de l’uniforme en dehors des enceintes militaires doit être limité au strict besoin. Il est interdit dans les transports en commun et déconseillé pour tout militaire isolé sur la voie publique.

Manifestation sur la voie publique : les autorités militaires territoriales (dont les DMD) peuvent « renoncer à certaines manifestations sur la voie publique dont l’intérêt ne serait pas à la hauteur du risque encouru ». Les cérémonies, et la participation de militaires et/ou de stagiaires rentrent dans ce cas. L’interprétation et l’application locale de cette directive nationale seront précisées par les DMD en lien avec les organisateurs. Pour toute cérémonie à court terme, incluant une participation de stagiaires, je vous demande de vérifier avec le DMD l’opportunité de maintenir, reporter ou annuler la cérémonie, le principe général pouvant être appliqué étant le suivant :

- Cas de figure n°1 : la cérémonie n’est pas une cérémonie nationale, et elle ne revêt pas une importance particulière : envisager avec l’organisateur ou le demandeur une annulation de la participation des stagiaires, voire une annulation ou un report de la cérémonie ;

- Cas de figure n°2 : la cérémonie a une importance particulière (cas d’une remise de fanion) : prévoir le maintien de la cérémonie, et étudier avec le DMD et la municipalité les éventuelles dispositions particulières qu’il faut adopter. Dans tous les cas, les directives spécifiques fixées localement par les DMD priment et doivent appliquées strictement.

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Les militaires massivement engagés sur le territoire national

L'engagement de 10.000 hommes dans une opération de sécurisation sur le territoire national, aux côtés de la police et de la gendarmerie, est du jamais-vu depuis la Guerre d'Algérie. Il s'ajoutent au près de 5000 CRS et gendarmes mobiles engagés. La montée en puissance des militaires va être très rapide. Selon le ministère de la Défense, «2025 militaires étaient déjà déployés dimanche. Ils seront 5400 lundi soir, 8500 mardi et 10.500 mercredi». «Ils protègent la population, les lieux de forte affluence et les sites référencés comme sensibles» assure-t-on au ministère. La liste complète des sites sensibles relève du secret-défense.

Sur les 10.000 militaires engagés (hors gendarmes), «près de 8000 le sont au titre du plan Vigipirate» précise l'état-major des armées. Ce sont eux qui sont déployés dans les rues et les lieux publics. C'est considérablement plus qu'en temps normal. Mercredi dernier, 450 militaires seulement étaient déployés en Ile-de-France, où se concentraient l'essentiel des efforts. Les autres militaires hors plan Vigipirate assurent notamment des missions de sûreté de l’espace aérien et de sauvegarde des approches maritimes. La protection des sites militaires a été renforcée et des consignes de discrétion données aux militaires (pas de port de l'uniforme pour les déplacements personnels, par exemple) : du fait de leur engagement contre les djihadistes au Sahel et en Irak, les armées sont des cibles pour les terroristes. On se souvient qu'en 2012, Mohammed Merah s'en était d'abord pris à de jeunes engagés.

Les 10.000 hommes déployés correspondent au maximum que les armées sont censées fournir à tout moment sur le territoire national. Ce chiffre est celui du «contrat opérationnel» des armées, défini par les Livres blancs de la défense de 2008 puis 2013. C'est une opération de grande ampleur : depuis la guerre du Golfe en 1990-91, les armées françaises n'ont jamais engagé simultanément autant d'hommes sur un même théâtre.

Cette montée en puissance pose la question d'une future désescalade. Créé en 1991, le plan Vigipirate n'a plus été levé ou suspendu depuis le 3 décembre 1996 – il y a dix-huit ans. Combien de temps des milliers de militaires resteront-ils mobilisés dans les rues ? Prendre la décision de réduire la voilure ne sera désormais pas facile. lopinion.fr

D'où vient ce chiffre de 10.000 hommes engagés sur le territoire national ? 10.000 militaires sont aujourd'hui engagés dans une opération intérieure (opint) sur le territoire national. C'est le chiffre maximum prévu par le Livre blanc de la défense. Mais comment a-t-il été fixé ? En voici la petite histoire, assez prosaïque.

Il remonte à l'élaboration du précédent livre blanc, en 2007-08. Alors que les membres de la commission chargée de le rédiger débattent, à l'infini, des scénarios de crise et des contrats opérationnels des armées, un samedi matin, le chef d'état-major des armées d'alors, le général Jean-Louis Georgelin, et le président de la commission du Libre blanc Jean-Claude Mallet (aujourd'hui conseiller spécial du ministre de la défense) se retrouve dans le bureau du premier, boulevard Saint-Germain, pour régler quelques problèmes en suspens. Dont celui-ci : combien d'hommes pour une crise d'ampleur sur le territoire national (plan Aigle de l'armée de terre) ? En réalité, il est impossible de le savoir, mais il faut bien donner un chiffre. L'un des deux hommes

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trouve la solution : s'inspirer d'un plan d'urgence déjà existant, en l'occurence celui que les armées mettraient en oeuvre en cas de crue centenale à Paris (Plan Neptune). C'est 10.000 hommes - Jean-Claude Mallet, ancien SGDN est bien placé pour le savoir, pour avoir piloté la mise à jour des divers plans étatiques. Alors va pour 10.000 hommes !

C'est comme cela que sept ans plus tard, on se retrouve avec cet effectif dans les rues du pays. lopinion.fr/

Armées : revoir la réduction des effectifs, mais avec quel argent ?

Après les attaques en France, François Hollande a émis le souhait de "réduire le rythme" de la réduction des effectifs dans l'armée.

En présentant ses voeux aux armées sur le porte-avions Charles de Gaulle en partance pour le Golfe arabo-persique, François Hollande a changé de pied sur les affaires militaires. Il a déclaré que "la situation exceptionnelle que nous connaissons doit conduire à revenir sur le rythme de réduction des effectifs qui avait été programmé pour les trois prochaines années dans le cadre de la loi de programmation militaire". Il a ainsi logiquement reconnu qu'il ne pouvait pas continuer de demander des efforts opérationnels incessants aux militaires aussi bien à l'extérieur des frontières que, depuis la semaine dernière après les attentats de Paris, à l'intérieur de l'Hexagone. Le plan Vigipirate dans sa phase actuelle, inédite par son ampleur, concerne 10 000 militaires, alors que les armées ont perdu 7 881 postes budgétaires en 2014. En six ans, 34 000 postes doivent passer à la trappe !

Nécessités budgétaires

On a bien compris dans les propos de François Hollande qu'il ne renonce aucunement à l'objectif de réduction qu'il s'est fixé, mais qu'il propose seulement d'en "réduire le rythme". D'ailleurs, en confiant sa feuille de route au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, avant un Conseil de défense décisif le 21 janvier, il lui a demandé "des propositions d'ici la fin de la semaine, en tenant compte évidemment des nécessités budgétaires". Or ces "nécessités" budgétaires sont d'abord des difficultés, qui se trouvaient très loin d'être tranchées avant que les attentats se produisent. Pour ralentir les réductions d'effectifs, encore faudra-t-il trouver l'argent nécessaire. Rappelons que ces baisses d'effectifs ont été employées au financement des augmentations salariales des militaires demeurant à leur poste. Et c'est là que le bât blesse. Car s'il fallait réduire les achats de matériels pour conserver les effectifs nécessaires au plan Vigipirate, ce serait un marché de dupes... Dont le budget des armées pour 2015 pourrait être la première victime.

7 % du budget 2015 non financé

Concrètement, le budget de la Défense voté par le Parlement pour l'année 2015 (31,4 milliards d'euros) n'est pas tenable actuellement. 7 % de son montant ne sont pas financés, c'est énorme ! Le problème vient des "ressources exceptionnelles", ou REX, un pactole de 2,4 milliards produit par la vente de propriétés foncières (pas de problème de ce côté-là), pour 200 millions d'euros. Et par celles de fréquences radio aux opérateurs télécom, pour 2,2 milliards. Or cet argent ne sera pas disponible cette année, et sans doute pas en 2016 ni même en 2017. Le Drian joue gros sur cette affaire, car il est aussi peu probable aujourd'hui qu'hier que Bercy crache au bassinet pour boucler le budget, au cas où le pactole des fréquences ne serait pas au rendez-vous

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à temps, ou avec les montants escomptés. La seule solution, c'est que François Hollande règle le problème. Le veut-il ? Ce n'est pas sûr.

Sociétés de projets

Pour pallier ce problème budgétaire de l'année 2015, une vieille idée a été recyclée par Jean-Yves Le Drian. Il s'agirait de vendre des matériels militaires de grande valeur (navires, avions, hélicoptères, satellites, etc.) à des sociétés privées, qui les reloueraient ensuite aux armées. À ce compte, il serait possible d'atteindre les sommes espérées des ventes de fréquences. François Hollande a accepté cette innovation, mais le problème est à Bercy, qui s'est fait tordre le bras et est entré en résistance. Le Drian s'accroche, mais ne convainquait pas du tout les chefs militaires - avant la semaine dernière - quand il assurait que les promesses de François Hollande seraient tenues. De plus, cette solution de financement exotique a déjà été retoquée en 2004 pour l'achat des frégates FREMM. En 1988, la mise en place par le ministre André Giraud d'un emprunt d'État pour acquérir des frégates de type Floreal avait finalement été abandonnée.

lepoint.fr

Les sites Internet du ministère de la Défense saturés et provoqués par des hacktivistes verts

Les sites Internet du ministère de la Défense ont subi une attaque en déni de service ce mardi midi. C'est-à-dire que leurs serveurs ont été submergés par un trop grand nombre de requêtes. Leur indisponibilité a duré plusieurs heures. Hormis la page d'accueil de defense.gouv.fr, aucun article ou site dédié n'était joignable. Un groupe d'hacktivistes écolos, lié au mouvement anonymous, revendique ce coup... Et promet de recommencer mercredi.

Sur Twitter, @OpGPII dit avoir abattu les sites internet de la Défense. Avec une pointe d'humour et de moquerie à l'adresse du ministre de la Défense...

Hello @JY_LeDrian you website have been TangoDown by #Pompeii

Le groupe OpGPII, lancé le 2 décembre, se dit opposé aux méga projets imposés et inutiles comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le centre de loisirs de Roybon, la ferme des Mille Vaches dans la Somme, la ligne TGV Lyon-Turin, l'enfouissement de déchets de Bure, le contournement de Strasbourg ou le barrage de Sivens au Testet... Bref, tous les combats verts qui se cristallisent dans des zones à défendre (ZAD).

" Ce système à l'agonie, aux projets absurdes, nous entraîne avec lui dans sa chutte et n'hésite pas, comme dernièrement, à aller jusqu'à tuer une personne : RemiFraisse ", peut-on lire dans un communiqué de presse mis en ligne : http://pastebin.com/yUqEyZML

Il y a quelques semaines, le site Internet du Conseil général du Tarn, qui pilote le projet de barrage, était également mis down régulièrement. Un zadiste du Testet nous avait informé que leur mouvement radical était soutenu par les Anonymous.

Depuis 15 h ce mardi, les sites du ministère de la Défense tentaient de redémarrer doucement, avec difficultés, semble-t-il.

Cyberdéfense: Les cybersoldats français sur le pied de guerre

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A l'heure des cyberattaques en série, notamment après les dernières caricatures du prophète Mahomet, le Calid, Centre d'analyse de lutte informatique défensive et «gendarme» des systèmes informatiques de l'armée française, est sur le pied de guerre, derrière la façade discrète d'un immeuble parisien.

Installé devant un rideau d'écrans, un cybersoldat en treillis scrute attentivement les informations qui défilent. Soudain une mention « SUSPICIOUS » (suspect) se détache en rouge sur l'un des ordinateurs. «J'ai relevé une alerte sur un site, un utilisateur qui essaie d'aller sur un serveur cloud», lâche le sous-officier qui, avec une trentaine d'autres militaires, surveille 24 heures sur 24 les réseaux du ministère de la Défense, à l'affût du moindre intrus mal ou très mal intentionné.

Détecter le pic de réseau anormal

«Ce qu'on cherche à détecter, c'est un pic de réseau anormal, un trafic important de messagerie. On dispose pour cela de « capteurs » sur les entrées vers nos réseaux, les postes de travail », explique le cybersoldat, qui préfère garder l'anonymat.

Et les ennemis invisibles ne manquent pas. Le 6 janvier, le site du ministère a été piraté par le groupe Anonymous. Et ces derniers jours, l'armée a été la cible d'une dizaine de cyberattaques visant notamment des régiments. Le 12 janvier encore, des pirates se réclamant de l'organisation Etat islamique (EI) prenaient brièvement le contrôle des comptes Twitter et Youtube du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).

Les djihadistes n'ont pas de moyens de mener des attaques d'envergure»

«Les gens de Daesh ont de l'argent, recrutent des informaticiens. Ils manquent peut-être de réseaux de renseignement sur les cibles mais sont capables assez rapidement de bloquer des sites», relève le vice-amiral Arnaud Coustillière, responsable Cyberdéfense à l'état-major des armées. «C'est de la gesticulation. Mais dans la guerre de l'image, ce peut être très intéressant», ajoute ce spécialiste. Les djihadistes n'ont pas en revanche les moyens, selon lui, de mener des attaques d'envergure.

Le Calid surveille aussi les cyberattaques qui peuvent paralyser des systèmes d'armes ou détourner de l'information sur les moyens et les cibles des forces. Il envoie pour cela des équipes au coeur des théâtres d'opération. Car plus que les attaques de sites internet, voilà bien le véritable cauchemar des états-majors: que des missiles soient stoppés net dans leur course, des drones piratés, des frégates détournées à distance au beau milieu d'une intervention militaire.

Des attaques simplifiées par des systèmes interconnectés

En Afrique, l'opération antijihadiste française Barkhane a ainsi été la cible d'une tentative de cyberattaque, confie-t-on au ministère de la Défense, qui peut «se faire à partir d'un ordinateur et d'un téléphone». Et lors du raid israélien contre de présumées installations nucléaires syriennes en 2007, une attaque numérique a ainsi trompé les défenses adverses en renvoyant une image radar tronquée.

Dans l'affaire Stuxnet, c'est un ver informatique, espionnant et reprogrammant des automates industriels, qui s'est attaqué aux centrifugeuses iraniennes soupçonnées de faire de l'enrichissement d'uranium à des fins militaires. Les systèmes sont d'autant plus vulnérables qu'ils sont de plus en plus interconnectés. Sur un

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navire, navigation, propulsion, combat et communications sont intégrés. Faute de sécurisation, il sera bientôt possible de bloquer le bateau en pleine mer ou de l'empêcher de combattre.

Dans la peau du cyberattaquant

Et derrière le Calid, des dizaines de chercheurs de la Direction générale de l'armement (DGA) s'emploient donc à anticiper cette cyberguerre de demain. «On se met dans la peau de l'agresseur et on voit quelles attaques on peut mener sur nos propres systèmes d'armes pour voir quelles menaces sont crédibles», raconte Frédéric Valette, chef du pôle sécurité des systèmes d'information à la DGA.

Face à une menace de plus en plus pressante, la France s'est dotée d'un budget cyberdéfense d'un milliard d'euros sur la durée de la loi de programmation militaire (2014-2019). Le Calid doit doubler de taille dans les cinq ans à venir et 400 spécialistes être recrutés. Il n'empêche que l'Hexagone reste loin derrière les Etats-Unis, la Chine et Israël, à un niveau comparable avec la Grande-Bretagne ou la Russie, selon le ministère de la Défense. «L'idée, c'est d'arriver à un niveau de sécurité suffisant. Mais il n'y a pas de sécurité absolue, il faut savoir anticiper et être capables de réagir en cas d'attaque», résume Frédéric Valette.

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