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1 La lutte contre les espèces envahissantes dans les environnements aquatiques et côtiers Module 1 Introduction sur les espèces envahissantes aquatiques et côtières

La lutte contre les espèces envahissantes dans les ... · 1.4.1 Caractéristiques de l’espèce 35 1.4.2 Conditions environnementales & bouleversements 36 1.4.3 D’autres facteurs

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La lutte contre les espèces envahissantes

dans les environnements aquatiques et côtiers

Module 1

Introduction sur les espèces envahissantes

aquatiques et côtières

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION SUR LA LUTTE DES ESPECES AQUATIQUES ET COTIERES

ENVAHISSANTES

Objectifs du module 3

1.1 Définition d'une espèce exotique envahissante (EEE) 3

1.1.1 Envahissant et exotique? 4

1.1.2 Terminologie associée 5

1.1.3 Quels types d'espèces envahissent ? 6

1.1.4 Le procédé d'invasion 8

1.1.5 Définir les chemins d'invasion et les vecteurs 9

1.2 Présentation d'EEE dans des environnements aquatiques et côtiers 11

1.2.1 Introductions intentionnelles 12

1.2.1.1 Industrie de la mariculture 13

1.2.1.2 Relâches d’aquariums 16

1.2.1.3 Gestion et restauration côtière 17

1.2.2 Introductions non-intentionnelles 18

1.2.2.1 Eaux de lestage 19

1.2.2.2 Bio-encrassage / Infestations des coques 22

1.2.2.3 Débris marins flottants 26

1.2.2.4 Canaux, routes maritimes et voies d’eau intérieures 26

1.2.2.5 Portée des expansions dans un monde en mouvement 28

1.3 Impacts 29

1.3.1 Impacts écologiques 29

1.3.2 Impacts économiques 30

1.3.3 Impacts sur la santé publique 33

1.4 Prévoir les invasions 35

1.4.1 Caractéristiques de l’espèce 35

1.4.2 Conditions environnementales & bouleversements 36

1.4.3 D’autres facteurs 37

1.4.4 La pratique courante 38

1.5 Le besoin de lutter contre les EEE 39

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Objectifs de ce module:

• Définir les espèces envahissantes et la terminologie associée

• Décrire le procédé d'invasion

• Différentier les introductions intentionnelles et non intentionnelles

• Dresser une liste des routes principales des invasions des espèces envahissantes

aquatiques et côtières

• Décrire les types d'impacts associés avec les espèces envahissantes aquatiques

• Dresser une liste de certaines caractéristiques des espèces envahissantes aquatiques

• Expliquer l'impact de la globalisation sur le problème des espèces envahissantes

aquatiques

• Présenter des études de cas sur les espèces envahissantes aquatiques et côtières

1.1 Qu'est-ce qu'une espèce exotique envahissante ?

Les espèces exotiques envahissantes sont désormais généralement reconnues comme une

des plus grandes menaces à la biodiversité mondiale. Elles ont de sérieux impacts sur

l’économie, l’environnement et la santé ; et par conséquent, elles placent des contraintes

énormes sur le développement. Dans les environnements aquatiques et côtiers, les

espèces envahissantes ont été identifiées comme un des quatre plus grands risques pour

les océans avec:

• Les sources terrestres de pollution marine

• La surexploitation des ressources marines vivantes

• L'altération ou la destruction physique des habitats marins

INTRODUCTION SUR LA LUTTE CONTRE LES

ESPECES AQUATIQUES ET COTIERES

ENVAHISSANTES 1

La prolifération des espèces exotiques envahissantes est une lourde

menace au bien-être écologique et économique de la planète (GISP)

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Toutefois, les connaissances et la lutte contre les invasions aquatiques et côtières sont

une science immature et émergente et la terminologie liée continue à évoluer et à

changer. Par conséquent, il n'existe pas pour le moment de glossaire complet et

généralement accepté sur le sujet. A la place, des termes apparemment interchangeables

mais en fait ambigus et confus sont utilisés, freinant parfois compréhension et progrès.

Les définitions qui suivent tentent d'éclairer et de mettre en contexte certains termes de

base, tout en soulignant les sources d'ambiguïté ou les doubles emplois avec des

synonymes ou des termes similaires. D'autres termes importants pourront être définis

dans les sections et les modules qui suivent selon le cas. Une liste complète de termes et

de définitions associées aux espèces envahissantes marines peut être trouvée dans

l'Annexe I des modules du cours.

1.1.1 Envahissant et exotique?

Une espèce envahissante est une espèce qui s'est établie et a proliféré ou a le potentiel de

le faire, en dehors de sa gamme naturelle de distribution, et qui par la suite menace des

écosystèmes, des habitats et /ou d'autres espèces, provoquant éventuellement des

dommages économiques et /ou environnementaux ou des problèmes de santé publique.

La majorité des espèces envahissantes sont exotiques, mais il est important de noter que

les espèces indigènes peuvent aussi devenir envahissantes, souvent quand les conditions

environnementales sont modifiées. Toutefois, à ce jour, ces types d’invasion, autant que

nous sachions, sont beaucoup plus communs dans des environnements terrestres que dans

des milieux aquatiques.

Espèce exotique– une espèce qui a été intentionnellement ou pas introduite dans une

zone, un endroit ou une région où elle ne vit pas spontanément.

Selon la Convention sur la diversité biologique (CBD) “Espèce exotique” renvoie à une

« espèce, une sous-espèce ou un taxon inférieur introduit à l’extérieur de sa distribution

passée ou présente; y compris une partie, des gamètes, des graines, des œufs, ou des

propagules d’espèces qui risquent de survivre et de se reproduire par la suite ».

Des termes synonymes comme « espèce non-native ou non-indigène », sont plus précis et

peuvent être utilisés dans un souci de plus grande clarté et remplacer des mots comme

« introduit, exotique, redevenu sauvage, étranger, ornemental, ou mauvaises herbes ».

Espèce exotique envahissante (EEE) – une espèce exotique qui cause, ou a le potentiel

de causer, des dommages à l’environnement, aux économies, ou sur la santé de l’homme.

La majorité des espèces envahissantes étant exotiques, ce terme est largement utilisé par

les experts en la matière.

Il y a plusieurs versions de la définition des EEE. Par exemple, la Convention sur la

diversité biologique (CBD) définit une EEE comme une espèce exotique dont

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l’installation et la prolifération menacent les écosystèmes, les habitats ou une espèce qui

cause des dommages économiques ou environnementaux.

Mais selon l’UICN (l’Union mondiale de conservation de la nature) il s’agit d’une espèce

exotique qui s’installe dans des écosystèmes ou un habitat naturel ou semi-naturel, et qui

est un agent du changement et menace la diversité biologique indigène.

Il faut retenir que c’est le pouvoir d’invasion d’une espèce qui cause le problème. Une

espèce exotique qui ne devient pas envahissante n’est pas une menace sérieuse, bien qu’il

faille l’évaluer au cas où elle commence à proliférer.

Les envahisseurs aquatiques sont connus sous différents noms, dont : les parasites

marins introduits (Australie et Nouvelle Zélande), les espèces aquatiques nuisibles

(Etats-Unis), et les espèces marines nocives (Convention sur les Eaux de lestage de

l’OMI).

Encadré 1.1

Définitions dans les lois nationales

Selon la Loi sur la biodiversité (Gestion de l’environnement national Sud-africain) : une

« espèce exotique » est définie comme:

(a) une espèce qui n’est pas indigène; ou

(b) une espèce indigène déplacée ou qu’on prévoit de déplacer vers un endroit à

l’extérieur de son cadre de distribution naturelle dans la nature, et non une espèce

indigène qui a étendu sa distribution naturelle par des moyens de migrations naturels ou

dispersion sans intervention humaine;

Tandis qu’une « espèce envahissante » est une espèce dont l’installation et la

prolifération à l’extérieur de sa distribution naturelle

(a) menacent les écosystèmes, les habitats ou une autre espèce ou ont un potentiel

prouvable de menacer les écosystèmes, les habitats ou une autre espèce; et

(b) risquent de résulter dans des dommages économiques ou environnemental ou bien

encore à la santé de l’homme.

La définition officielle américaine d’une espèce envahissante a été donnée dans le décret

numéro 13112 signé par le Président Bill Clinton le 3 février 1999. Ce document parle

d’une espèce exotique dont l’introduction peut, ou risque, de provoquer des dommages

économiques ou environnementaux ou bien encore à la santé de l’homme.

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1.1.2 Terminologie associée Introduction – Le mouvement provoqué par l’homme de déplacer une espèce d’une zone

vers une autre zone à l’extérieur de sa portée naturelle. Ce mouvement peut se faire à

l’intérieur d’un pays ou entre pays.

Selon la CBD, « une introduction ou un déplacement est le mouvement assisté par

l’homme d’un organisme vers une zone à l’extérieur de sa portée naturelle » et « une

espèce aquatique introduite est une espèce dont le mouvement a été aidé par les activités

humaines vers une zone à l’extérieur de sa portée naturelle ».

Pour citer le décret présidentiel américain 13112 sur les espèces aquatiques nuisibles

(Clinton 1999): « "Introduction" signifie le déplacement intentionnel ou non intentionnel,

puis la relâche, la dissémination, ou le placement d’une espèce dans un écosystème suite

à une activité humaine’.

Espèce cryptogénique – Une « espèce cryptogénique n’est simplement pas de manière

démontrable indigène ou introduite » (Cohen & Carlton 1995, Carlton 1996). De

nombreuses espèces aquatiques répandues et appelées « cosmopolites » sont

cryptogéniques car leur distribution originale et naturelle a disparu après des siècles de

transferts par bateaux, par canaux, par péniches, l’aquaculture etc... En fait, dans

certaines régions, de nombreuses introductions ont été considérées comme faisant partie

de la communauté naturelle jusqu’à ce que des études récentes sèment le doute. Les

exemples incluent plusieurs pollueurs communs et des creuseurs de bois comme le

bivalve la bernicle (Teredo navalis), le bernacle à raies (Balanus amphitrite), les moules

bleues (Mytilus) et brunes (Perna) et certaines espèces d’huîtres.

Ce terme est particulièrement important pour les systèmes aquatiques, car les archives

historiques biogéographiques n’existent pas vraiment pour de nombreuses espèces.

Dans le cas où on soupçonne sans pouvoir le prouver que des espèces envahissantes sont

nocives, des termes comme « les EEE suspectées d’être nocives », « espèce à risque » ou

bien « parasite marin potentiel » peuvent être utilisés, surtout quand on essaie d’identifier

les « parasites du futur » potentiels. De telles expressions sont utiles quand on craint ou

qu’on prévoit des impacts mais qu’ils ne sont pas encore confirmés par des observations

ou des preuves.

1.1.3 Quels sont les types d’espèces qui envahissent ?

Dans le royaume aquatique, ainsi que sur la terre, il y a des exemples d’espèces

envahissantes provenant de tous les groupes taxonomiques, des plantes aux vertébrés en

passant par les microbes. Des exemples de la plupart des taxons peuvent être trouvés dans

les études de cas qui sont décrits dans d’autres endroits de ce cours.

Même si une grande variété d’espèces a le potentiel de devenir envahissante, celles qui

sont communément associées avec les vecteurs principaux sont plus susceptibles d’être

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introduites vers de nouvelles régions. Par exemple, les organismes qui s’attachent à des

surfaces dures comme les bernacles et les vers tubicoles sont habituellement trouvés

attachés aux coques de navires, ou à d’autres structures. On parle souvent d’eux comme

d’organismes polluants ou bio-encrassants.

Les organismes qui sont introduits à des fins spécifiques, comme la pêche ou la

mariculture peuvent aussi tout à fait devenir envahissants. Ils peuvent aussi porter des

parasites ou des infections bactériennes ou virales. Ces invasions d’agents pathogènes

introduits ont de très lourdes conséquences sur l’industrie locale de fruits de mer.

Presque tous les types d’organismes peuvent être transférés quand l’eau est transportée

d’un écosystème vers un autre (par exemple avec les eaux de lestage dans les bateaux).

Ceci s’explique par le fait que presque toutes les espèces aquatiques, y compris de

nombreux poissons, ont un stade planctonique dans leur cycle de vie (voir schéma 1.6), et

que ces larves flottant dans les eaux sont facilement transportées dans un état viable.

1.1.4 Le procédé d’invasion

Il y a trois phases principales dans le procédé d’invasion:

1. Introduction

2. Installation

3. Prolifération

1. Introduction de l’espèce L’espèce doit survivre pendant et après le

voyage. De nombreuses espèces ne

réussissent pas à survivre à moins d’être

soignées, (comme les imports

intentionnels) à cause de conditions

défavorables comme la lumière, la

température, la salinité etc.

2. Installation et reproduction de

l’espèce introduite Les survivants doivent persister et se

reproduire avec succès jusqu’à ce

établissent une « population fondatrice »

qui ne dépende que d’elle-même.

3. Prolifération L’espèce installée commence à se

multiplier et proliférer, parfois après une

période de temps substantielle (ou une

période de creux) de quelques années ou

décennies. C’est la phase de l’explosion

(elle devient envahissante).

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La population fondatrice est un groupe d’organismes de la même espèce qui s’installe

dans le nouvel environnement. Un minimum d’individus, qu’on appellera population

viable minimum est habituellement nécessaire pour qu’une telle population se répande

avec succès. La taille d’une population viable minimum variera et dépendra de l’espèce et

des conditions environnementales.

Des observations ont montré que toutes les espèces envahissantes, y compris les espèces

aquatiques ont tendance à avoir une période de creux pendant laquelle elles sont moins

abondantes et n’ont que peu d’impacts remarquables. Toutefois, avec le temps, la

population augmente rapidement (phase de l’explosion) et les impacts deviennent

apparents. La durée de la phase de creux n’est pas prévisible. Suite à la phase de

l’explosion, les niveaux de population augmentent tant que l’environnement le permet.

(Schéma 1.1).

Même si une période de creux est un trait général du procédé d’invasion, certains

organismes n’en ont pratiquement aucune, et les effets de leur pouvoir d’invasion peut

être vu presque immédiatement (par exemple certains parasites, maladies, algues). Il est

aussi important de noter que de nombreuses espèces exotiques introduites ne vont pas

expérimenter une explosion de leur population, et donc ne vont pas devenir

envahissantes.

Temps

Taille de la population

Phase de

creux

Capacité de

portage

Phase de

l’explosion

Schéma 1.1 Procédé d’invasion

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1.1.5 Définir les chemins d’invasion et les vecteurs

Les introductions d’espèces peuvent être intentionnelles ou accidentelles et se passent à

travers une variété de chemins d’invasions. Le tableau 1.1 donne des exemples de

chemins d’invasions connus pour les envahisseurs aquatiques et côtiers, mais peut-être en

y a-t-il d’autres qui n’ont pas été identifiés. La connaissance et la compréhension des

chemins d’invasions permettent aux pays d’entreprendre les actions nécessaires pour les

empêcher d’amener des espèces nocives jusqu’à leur porte.

Un chemin d’invasion est défini, en bref, comme le médium (par exemple un avion, un

bateau ou une personne), un but ou une activité (par exemple la mariculture, le trafic

maritime ou le commerce pour les aquariums), ou une commodité (par exemple les

pêcheries) par lesquels une espèce exotique peut être transportée vers une nouvelle

location, intentionnellement ou accidentellement. Le mécanisme plus spécifique pour le

transfert d’espèce, au sein de chaque chemin d’invasion, est un vecteur. Un exemple

démontrant cette distinction: dans chaque chemin d’invasion maritime, les eaux de

lestage, le bio-encrassage et le chargement d’un bateau agissent chacun comme vecteurs

indépendants et demandent différentes approches de gestion.

Les chemins d’invasion peuvent aussi être divisés en deux catégories : primaires et

secondaires (Schéma 1.2). Les chemins d’invasions primaires se rapportent aux vecteurs

et chemins qui font bouger les espèces vers de nouvelles régions ou provinces à travers

des barrières océaniques, des masses de terre ou des barrières climatiques (c’est à dire

trans-océaniques et intercontinental chemin d’invasions), tandis que les chemins

d’invasions secondaires aident à la prolifération et dispersent les espèces aquatiques

envahissantes à l’intérieur de régions ou entre régions proches (par exemple les chemins

suivis par le trafic maritime domestique et local, les bateaux de pêche ou les

remorqueurs).

Les chemins d’invasion secondaires incluent toutes les activités et les situations à

l’intérieur d’une région qui peuvent faciliter la prolifération locale d’une espèce

aquatique envahissante après que sa population fondatrice se soit installée. Ces

expansions de second niveau peuvent commencer rapidement ou demander plusieurs

années ou même décennies avant éventuellement de faire disparaître certaines contraintes

internes ou externes déclenchantes (par exemple grâce à une acclimatation génétique, une

voie d’eau améliorée, une nouvelle route d’échanges, la disparition d’une barrière ou

barrage ou un changement de température/ de régime de salinité, etc.).

Il est à noter que l’espèce peut aussi proliférer de manière naturelle. Par exemple,

l’espèce peut nager ou flotter sur les courants vers de nouveaux endroits. Certaines

espèces ou des fragments d’espèces peuvent être déplacés vers de nouveaux endroits

grâce aux vents, aux courants, et sur ou dans un animal. On appelle ce phénomène

« dispersion naturelle » et pas introduction. La dispersion naturelle peut jouer un rôle

significatif dans la prolifération secondaire d’une espèce exotique une fois qu’elle est

introduite dans une nouvelle région ou pays.

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POLAIRE FROID TEMPERE CHAUD TEMPERE TROPICAL

Schéma 1.2 Chemins d’invasion primaires et secondaires.

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Table 1.1 Vecteurs des invasions aquatiques (extrait de Carlton, 2001).

Bateaux � Organismes planctoniques et nectoniques

dans les eaux de lestage � Les organismes attachés sur - la coque; ou sur la gouvernail, les hélices dans les parties humides, dans les réservoirs de

lestage et dans les soutes du cargo.

� Les organismes associés avec les ancres,

les chaînes et les verrous de chaîne d’ancre � Les organismes associés avec les cargos, comme Les troncs d’arbre qu’on a fait flotter

Les plateformes de forage � Les organismes attachés et libres -

Les organisme planctoniques et nectoniques

dans les eaux de lestage

Docks à sec � Organismes encrassants attachés et vivant librement

� Les organisme planctoniques et nectoniques

dans les eaux de lestage Bouées de navigation et dans les marinas � Organismes encrassants attachés et libres

Avions amphibie et hydravions � Organismes encrassants attachés et libres

� Organismes dans l’eau des pontons C anaux � Mouvement des espèces à la surface de l’eau, Sur écluses, ou les canaux d’irrigation

Aquariums publics � Relâche accidentelle ou intentionnelle des Organismes exhibés

� Relâche accidentelle ou intentionnelle des organismes accidentellement transportés avec des espèces exhibées

Recherche � Mouve ment et relâche des invertébrés, poissons, et algues utilisées en recherche (fuite intentionnelle ou

accidentelle) � Organismes associés avec la recherche et

l’équipement d’échantillonnage, y compris la

plongée et autre. Débris marins flottants s � Transport d’espèces sur des débris générés par l’homme comme les filets flottants et les détritus

en plastique

-

Equipement de loisirs

� Mouvement de petits bateaux de loisirs, Masques de plongée, tubas, palmes et

bouteilles, combinaisons, jet skis etc.

Pêcheries, y compris l’aquaculture marine (Mariculture) � Transplantation ou stock de coquillages, Ex : huîtres, moules, palourdes, crabes, Langouste, et autres; poissons; ou algues en eau libre pour la croissance ou le rafraîchissement (renouvellement); et autres organismes associés avec les containers

� Relâche intentionnelle de coquillages, poissons, algues, à cause d’une tentative d’introduction gouvernementale Officielle ou dans le cas d’une relâche privée illégale

� Remplissage de stock souvent continu, Ainsi qu’organismes transportés par accident

� Transfert de crustacés prévus pour la vente mais relâchés dans la nature

� Traitement de crustacés frais ou congelés et relâche des rejets dans l’environnement; qui peut inclure

organismes liés vivants ou incrustés

� Transfert d’appâts vivants relâchés dans la nature par la suite

� Jet de matériels d’emballage comme les algues et les -organismes liés utilisés avec les appâts et les crustacés -

� Transfert ou dérive de matériel de pêche comme les filets, les bouées, les pièges, les chaluts et les dragues

� Relâche des organismes comme la nourriture pour d’autres

espèces � Organismes transportés intentionnellement ou

accidentellement dans des eaux de “bien être “, des

embarcations ou bien des bassins � Relâche d’organismes génétiquement modifiés - (OGM)

� Mouvement des algues et organismes associés comme substrats pour y déposer œufs de poisson

Commerce des animaux d’aquariums � Transfert et relâche des invertébrés, des poissons et des algues utilisés dans le commerce des aquariums (intentionnelles ou accidentelles)

Protection de la nature � Mouvement des marais, des dunes, ou algues Ainsi que organismes liés

� Ré-installation des populations localement éteintes ou décimées des espèces indigènes, et transportées par

accident + les organismes liés

Education � Relâche des espèces par les écoles, lycées, universités suite à usage en classe

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1.2 Les introductions d’EEE dans les environnements aquatiques et côtiers

Depuis un millénaire, les espèces aquatiques se sont dispersées librement à travers les

océans du monde par des moyens naturels tels que les courants, les conditions

climatiques, les vents de surface de l’océan, en s’attachant à des arbres flottants, etc. Les

seules barrières à leur prolifération ont été des facteurs naturels biologiques et

environnementaux comme la température, la salinité, les masses de terre et les prédateurs

naturels.

De nos jours toutefois, les activités humaines permettent aux espèces de franchir ces

barrières. De nombreuses espèces aquatiques et côtières ont donc été capables d’établir

de nouvelles populations à l’extérieur de leur gamme naturelle et, potentiellement, de

menacer les espèces natives et/ou de causer de lourds dommages écologiques et

environnementaux, de poser une menace aux hommes et dans de nombreux cas, d’avoir

un effet sérieux sur l’économie. Ces incursions ont augmenté dramatiquement en

fréquence, en portée et en dommages sur la dernière moitié de siècle à peu près et cette

tendance va continuer. Il y a peu de doutes que cela soit du en grande partie à la

confiance accrue accordée au commerce maritime et aux pêcheries sur le marché

mondial.

L’argument avançant que toutes les espèces aquatiques capables d’introduction se sont

désormais établies dans toutes les zones possibles (car les vecteurs comme l’infestation

de coques, le lestage sec, les eaux de lestage, et l’aquaculture n’ont jamais été contrôlés

jusqu’à récemment) a été largement réfuté. De nombreux cas où les espèces doivent avoir

été déplacées depuis plusieurs décennies mais ne se sont pas installées jusqu’à récemment

ont été liées à un concept appelé « pression sur les propagules améliorée » (voir section

1.5). La pression sur les propagules augmente quand des renforcements des chemins

d’invasion entraînent que la population fondatrice soit plus grande, plus forte et/ ou

introduite plus fréquemment.

D’autres facteurs expliquent l’augmentation des introductions aquatiques et des taux de

prolifération depuis les années 60 : les changements anthropogéniques qui ont rendu de

nombreux environnements aquatiques réceptifs plus accueillants aux envahisseurs.

Comme il est décrit dans la Section 1.6.2, ces changements comprennent plus d’habitats

artificiels, dérangés, et/ ou eutrophiques, plus des cas de détours ou bien d’ajouts d’eau

douce à des projets publics d’irrigation ou d’apport de l’eau, l’ionisation des eaux de

rivière à cause des rejets industriels et des déchets urbains, et /ou des changements

régionaux de climat, ont réduit l’incidence d’une basse salinité ou de températures

extrêmes.

Les pressions locales opérant sur les populations fondatrices d’EEE peuvent aussi aider

leurs descendants à acquérir des dons de pré-adaptations qui faciliteront leurs chances de

se déplacer, en comparaison à leurs camarades indigènes.

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L’introduction délibérée d’espèces au delà de leur portée naturelle est liée de très près

aux mouvements passés et présents des hommes sur le globe. Où que les hommes soient

allés, ils ont apporté des espèces exotiques avec eux, afin de les consommer ou à des fins

économiques. Ce type d’introduction est appelé « intentionnelle ». De nombreuses autres

espèces ont aussi été transportées accidentellement dans le monde, suite à des activités

humaines comme les échanges, le voyage et le transport. Celles-ci sont des

« introductions accidentelles» (Schéma 1.3).

Schéma 1.3 Les différentes sortes d’introductions d’espèces exotiques

1.2.1 Introductions intentionnelles

Les introductions intentionnelles peuvent être autorisées dans le cadre d’un contexte

légal, ou peuvent être non autorisées et donc illégales. Les introductions autorisées

comprennent ces situations :

• L’introduction délibérée de différentes espèces de macro algues, de mollusques,

de crustacés, et de poissons, dans le but de remplir les stocks et /ou la mariculture

dans des buts de loisir et de commerce;

• L’importation de diverses macro algues, mollusques, crustacés et poissons pour

des usages domestiques, publics ou de la recherche en aquariums ou dans des

endroits spéciaux;

Introduction d’espèces

aquatiques exotiques

Intentionnelle Non-

intentionnelle

ss

Autorisée/ Legale

Non autorisée Non liée à la

navigation

Liée à la

navigation

Relâche directe dans la nature

Relâche en captivité

Eaux de lestage

Bio-encrassement

Echappée ou relâchée

intentionnellement

Associée avec les pêcheries et

la mariculture

Liée aux aquariums (privés;

publics, de recherche)

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• L’introduction délibérée d’espèces côtières pour la gestion des côtes ou dans des

buts de restauration comme la stabilisation de dune, la réintroduction de

populations localement éteintes ou en voie de disparition.

La majorité de ces introductions autorisées sont supposées être des introductions en

captivité, en cage, ou bien dans des constructions sur la rive (pour la mariculture), ou

dans des aquariums ou autre. Toutefois ces espèces peuvent par la suite être relâchées

intentionnellement ou par accident (devenant par là des introductions non autorisées

dans la nature). De plus; toutes les espèces introduites risquent de porter des agents

pathogènes ou des parasites avec elle, ce qui constitue des introductions fortuites. Il faut

prendre ces faits en considération quand on délivre des permis pour les introductions

intentionnelles.

Encadré 1.2

Contexte historique des introductions intentionnelles

Historiquement, la plupart des relâches intentionnelles dans la nature sont des tentatives

par des individus venant d’Europe ou d’Amérique du Nord et s’installant dans d’autres

régions du monde d’établir des stocks de coquillages de qualité ou de poissons

téléostéens. Ces tentatives devaient ‘enrichir’ les stocks locaux ; dans des buts

sentimentaux, commerciaux et /ou de loisir. Par exemple, des introductions délibérées

d’espèces aquatiques commerciales et de loisirs provenant d’Europe ont été tentées en

Australie, en Nouvelle Zélande, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud après leur

colonisation par les Européens. De manière similaire, il y a eu des introductions

délibérées dans les îles d’Hawaii dans les années 50 et 60. il s’agissait d’une large

gamme de biote : algues, crustacés, mollusques, salmonidés et poissons d’eaux

profondes. Les chargements de stocks de graines ou d’œufs destinés à l’élevage et la

relâche étaient organisés par les agences gouvernementales, des sociétés

« d’acclimatation » et de riches individus. Toutefois, la majorité de ces tentatives

délibérées d’introductions d’espèces aquatiques dans la nature ont été un échec relatif,

comparées à l’euryhaline ou aux poissons d’eaux douces et certaines écrevisses d’eau

douce qui ont été délibérément introduites dans les points d’eau au cœur de l’île.

Une des introductions les plus précoces et délibérée était l’huître du Pacifique,

Crassostrea gigas, dans le sud-ouest de l’Europe. Plusieurs groupes ont été amenés par

des commerçants portugais pendant le 16ème siècle et relâchés dans les eaux

portugaises, où ils se sont acclimatés et ont été appelés Ostrea angulata jusqu’à ce que

des études génétiques en 1998 confirment leur véritable origine. Des dizaines de millions

de Crassostrea gigas ont été par la suite exportées au 20ème siècle vers l’Amérique du

nord, l’Europe, l’Australie et l’Afrique du Sud dans le but d’établir différentes opérations

de mariculture en eaux fermées et en eaux ouvertes.

D’autres introductions délibérées de mollusques ont eu différents niveaux de succès,

comme celles des huîtres européennes (Ostrea edulis) et des moules bleues (Mytilus

edulis et M. galloprovincalis) vers l’Amérique du Sud, l’Australie, l’Afrique du sud et la

Nouvelle Zélande. Certaines de ces introductions ont entraîné des invasions, comme la

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15

prolifération de Mytilus galloprovincialis en Afrique du sud. Cette espèce s’est désormais

répandue en Namibie, remplaçant la moule indigène dans les habitats rocheux

intertidaux.

1.2.1.1 L’industrie de la mariculture

La mariculture est l’aquaculture ou l’élevage d’espèces aquatiques. L’Organisation des

Nations Unies pour la nourriture et l’agriculture (FAO) définit l’aquaculture comme

« l’élevage d’organismes aquatiques, y compris les poissons, les mollusques, les

crustacés et les plantes aquatiques. L’élevage implique un certain niveau d’intervention

dans le procédé d’élevage pour améliorer la production, comme des stocks réguliers, les

nourrir, les protéger contre les prédateurs, etc. L’élevage implique aussi que la récolte

appartient à quelqu’un, un individu ou une entreprise … »

Tandis que les stocks de poissons sauvages dans le monde continuent à diminuer,

l’aquaculture est un des secteurs connaissant la plus rapide croissance de l’économie

alimentaire dans le monde, augmentant de plus de 10% par an, et comptant couramment

pour plus de 30% de tous les poissons téléostéens et coquillages consommés. La majorité

des opérations de mariculture sont basées sur des espèces introduites.

La plupart du poisson d’élevage, y compris les salmonidés, sont gardés dans des cages ou

des parcs, et sont nourris avec des granules fabriqués avec des végétaux ramassés ou des

poissons servant d’appât comme les anchois et les harengs ; qui sont distribués

directement dans les parcs. Moules, huîtres, palourdes et pétoncles, eux, n’ont pas besoin

d’être nourris car ils filtrent le plancton et les particules organiques dans l’eau, et se

développent au fond, ou sur de longues cordes suspendues, ou sur une espèce de radeau.

Les introductions dans des buts de mariculture devraient être assujetties à des évaluations

de risques et d’impact environnemental avant d’être autorisées. De telles évaluations

doivent prendre en compte non seulement le risque et les impacts de l’espèce introduite

elle-même mais ceux des autres espèces qui lui sont associées (maladies, parasites et les

autres passagers), et avec la nourriture et le matériel nécessaire. Ces introductions par

inadvertance via les opérations de mariculture peuvent se passer de quatre manières :

• Quand les agents pathogènes, les parasites, les ‘’auto-stoppeurs’’ ou autres

“passagers clandestins” s’échappent ou sont importés dans les chargements de

crustacés, de mollusques ou d’oeufs de poissons qui ne sont pas soumis à un

dépistage adéquat et à des procédures de quarantaine;

• L’auto dispersion de frai et de larves à partir d’endroits non confinés où on cultive

les stocks non indigènes de mollusques sessiles qui filtrent leur nourriture comme

les huîtres, ou les moules bleues;

• La fuite d’une espèce élevée à partir de cages et de parcs immergés (surtout les

salmonidés);

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16

• L’introduction d’agents pathogènes exotiques dans les produits de poisson

congelés ou cuisines; importés pour nourrir le thon d’élevage, les salmonidés ou

les autres poisons carnivores.

Le niveau de risque associé avec les introductions de mariculture varie avec l’espèce

mais aussi avec le type d’opération comme résumé dans le tableau 1.2 ci-dessous.

Tableau 1.2 Problèmes liés aux différents types de maricultures.

Système Typique Problèmes liés aux EEE Niveau

d’impact

Elevage en eaux

côtières, systèmes

ouverts et semi-

fermés, y compris

les constructions

sur rive.

Les huîtres, les

moules,

les pétoncles, les

palourdes, les

ormeaux, les

algues

Introduction d’une espèce

non-native (y compris le

stock, les agents

pathogènes, les parasites et

différents autres passagers

clandestins). Le transport

de matériel peut transférer

des maladies et des

parasites le long des

chemins d’invasions

secondaires

Il varie avec le

niveau de

planning et de

gestion, en

particulier la

réserve d’œufs et

le nettoyage de

matériel.

Parcs en filet ou

cages

Saumon, bar,

Dorade, thon,

Mérou, perche

Fuites, introduction

d’espèces exotiques

d’agents de maladies

Considéré

comme élevé

Etendues d’eau

saumâtres près des

côtes

Crevettes

pénéides

Introduction d’espèces

non-natives, Prolifération

de maladies

Considéré

comme élevé

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17

Encadré 1.3

Etude de cas – l’algue wakamé

Le varech asiatique ou japonais (Undaria pinnatifida), aussi connu sous le nom de

« wakamé », s’est installé par accident dans la Méditerranée quand il a été apporté dans

des envois d’huîtres en 1971. Puis en 1983, on l’a introduit dans le nord ouest de la

France, sur la côte Atlantique, délibérément, afin de le cultiver. Cette entreprise a

échoué mais l’algue n’a pas été détruite et s’est répandue. On l’a trouvée sur la côte sud

du Royaume Uni en 2000 et désormais sur d’autres plages d’Europe du Nord.

Undaria pinnatifida

En plus de ces introductions en Europe occidentale, Undaria a aussi été introduit par

accident sur des coques sales ou dans des eaux de lestage dans les eaux côtières

d’Argentine, d’Australie, de Nouvelle Zélande, et d’Amérique du Nord, où on l’a

découvert pour la première fois en Californie au printemps 2000. En 2001, ses

sporophytes fertiles étaient présents dans de nombreux endroits Californiens, de San

Francisco jusqu’au port de Monterey Bay (c'est-à-dire sur une distance de 500 km et à

des profondeurs de 25 m).

La capacité de cette algue à proliférer et à s’installer très vite peut être attribuée à ses

caractéristiques reproductives et de dispersion qui sont remarquables. L’algue visible et

ses gamétophytes filamenteux microscopiques peuvent toutes s’attacher facilement à des

surfaces dures, y compris les coques de bateaux. De plus, les zoospores sont capables

de retarder leur développement dans l’obscurité et de survivre dans des réservoirs

d’eaux de lestage pour au moins plusieurs jours. Ces caractéristiques expliquent aussi

pourquoi toutes les tentatives d’éradication et de contrôle ont été des échecs.

Une fois installée, cette espèce infeste des zones sous tidales, devient un parasite

écologique, et modifie de manière significative les habitats qu’elle domine.

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1.2.1.2 Relâches en provenance d’aquariums

Les espèces sont importées pour différentes sortes d’utilisation dans le circuit

aquariophile. Les aquariums publics exhibent souvent des espèces provenant du monde

entier, tandis que les aquariums scientifiques ne vont utiliser une espèce étrangère que

dans des buts de recherche. Le commerce de l’aquariophilie est basé sur des espèces

ornementales en provenance de différentes mers et océans, même si ordinairement, il

s’agit essentiellement d’espèces de coraux tropicaux.

Ce commerce est une affaire mondiale, avec une augmentation récente de plus de 30 %

des colis destinés à des aquariums postés à l’international. De plus petits colis acheminés

par des compagnies de courrier express fournissent aussi désormais de nouvelles voies

d’accès. Les sources ont aussi augmenté, en particulier avec la croissance des services de

commande par Internet où la plupart des organismes aquatiques sont devenus disponibles

(par exemple, la souche envahissante de C. taxifolia), même si plusieurs pays sont en

train de réagir en régulant ce commerce).

Même si les espèces importées pour l’aquariophilie ne sont pas censées être introduites

dans la nature, on connaît des cas où le propriétaire n’en voulait plus et les a relâchées

délibérément, ou bien des cas de fuite accidentelle. Les plus célèbres fuites d’aquariums

impliquent des souches de l’algue verte, normalement tropicale, Caulerpa taxifolia qui

avaient été sélectionnées en aquarium; tolérante au froid et extraordinairement

vigoureuse. L’étude de cas ci-dessous décrit la manière dont elle s’est enfuit d’un

aquarium public, où l’eau circule et se renouvelle directement dans la mer.

Exemple

Caulerpa a été introduite en

Méditerranée en 1984 environ. C’est

difficile à prouver, mais on suspecte que

l’aquarium de Monaco l’a rejetée dans la

mer. De petits fragments de cette souche

peuvent survivre et servir de boutures.

Le transport de plantes échappées et

vivant dans les eaux côtières peut se

faire via les eaux de lestage, les coques

infestées, des équipements de pêche, de

mariculture ou de plongée mal lavés.

L’algue continue à se répandre à travers

la Méditerranée du nord et est arrivée

sur la côte nord-africaine. Elle a un effet

dévastateur sur les espèces natives dont

elle étouffe les habitats comme les

herbiers de phanérogames marines, qui

servent de nurseries à de nombreuses

espèces.

Caulerpa (Caulerpa taxifolia)

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19

Le problème des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans le circuit aquariophile

a été mis en avant récemment avec l’annonce de l’existence d’un poisson zèbre « rouge

fluorescent ». Le poisson a été accepté dans certains états américains (comme la Floride)

mais il a été interdit de vente dans d’autres par les agences gouvernementales (la

Californie). Une fuite accidentelle ou un rejet de poissons modifiés dans la nature (y

compris des salmonidés transgéniques) est un des problèmes les plus importants dans la

gestion d’un aquarium.

1.2.1.3 La gestion côtière / Restauration

Les projets de gestion côtière introduisent souvent des plantes ou d’autres espèces à des

fins de restauration, de stabilisation de dunes ou dans d’autres buts. Les espèces sont

généralement sélectionnées pour leur habileté à pousser rapidement et à dominer un

paysage. Ces mêmes caractéristiques peuvent donc entraîner que certaines espèces

dépassent les attentes qu’on avait d’elles originellement et envahissent un habitat naturel.

La côte est des Etats-Unis a connu plusieurs problèmes avec des envahisseurs côtiers ; y

compris la salvinie géante (Salvinia molesta), une petite fougère flottante qui envahit les

zones humides près des côtes, le vitex des plages (Vitex rotundifolia) sur les dunes

côtières, et les pins australiens (Casuarina obtusifolia) sur les îles du sud de la Floride.

Ces espèces et d’autres peuvent avoir de sérieux impacts sur la flore et la faune indigènes,

remplaçant les espèces côtières qui ont de la valeur ou sont ornementales, empêchant

l’utilisation de la plage par les espèces natives (comme la ponte des tortues) et bouchant

les voies d’eau.

Exemple

Le vitex des plages de la Plage de DeBordieu, comté de

Georgetown, Caroline du Sud.

Le vitex des plages (Vitex rotundifolia) est une

plante grimpante avec du bois, indigène à la

Corée. Au milieu des années 1980, elle a été

introduite dans les Caroline par l’Université

d’état de Caroline du Nord en tant que plante

d’ornement et pour stabiliser les dunes.

Aujourd’hui on la trouve le long de la majeure

partie de la côte des Carolines, et on l’a aussi

trouvée en Floride, en Alabama et au

Mississippi. Elle gêne la reproduction des

tortues de mer et forme de denses

monocultures qui excluent Uniola Paniculata

et d’autres espèces natives des dunes – dont

elle n’empêche pas l’érosion.

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1.2.2 Non- intentionnelles

Les introductions non intentionnelles sont celles qui se passent de manière imprévue, non

préméditée et qui pénètrent de nouvelles zones géographiques en tant qu’« auto-

stoppeurs » ou passagers clandestins ou grâce à des vecteurs impliquant les hommes

comme le commerce, le voyage et le transport. Parfois, les introductions non

intentionnelles se passent en parallèle des introductions intentionnelles, comme l’exemple

de la laminaire wakamé le montre ; introduits dans la Méditerranée par des chargements

d’huîtres. De manière similaire, les parasites et les maladies peuvent être associés avec

les déplacements d’une espèce commerciale.

Récemment, la croissance rapide du commerce, des voyages et des transports mondiaux a

augmenté considérablement le taux des introductions intentionnelles; en brisant les

barrières naturelles comme les courants, les masses de terre et les niveaux de température

qui, historiquement, limitaient le mouvement des espèces. Le transport par bateau, dans

lequel on inclue les structures transportables comme les plateformes pétrolières et les

péniches, est le vecteur prédominant dans les invasions non intentionnelles du milieu

marin. Les différentes parties d’un bateau peuvent fonctionner comme des vecteurs pour

les transferts d’espèces aquatiques (Schéma 1.4).

Schéma 1.4 Les moyens d’invasion liés à un cargo.

1.2.2.1 Eaux de lestage

La plupart des invertébrés envahissants connus ont été introduits par

accident.

Les eaux de lestage et le bio-encrassement/ ou l’infestation de la

coque sont les moyens d’invasion les plus significatifs pour les

invasions biologiques aquatiques.

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Les cargos sont conçus et bâtis de telle manière qu’ils peuvent naviguer en transportant

de lourdes charges, comme du pétrole, des minéraux, des containers etc. Par conséquent,

quand le bateau voyage à vide, ou seulement avec une partie de sa charge, il n’est pas

assez lourd pour se maintenir stablement dans l’eau. Un lestage doit donc être utilisé pour

constituer un poids supplémentaire qui maintiendra le cargo stable, et lui permettra

d’opérer de manière efficace et sûre. Ce qui signifie que le bateau sera suffisamment

enfoncé pour assurer l’efficacité de son hélice et de son gouvernail, pour éviter que la

proue ne sorte trop et pour éviter les poussées et les tensions sur la coque, surtout par

mauvaise mer, ce qui pourrait éventuellement provoquer des dégâts et le faire couler.

Encadré 1.4

Que sont les eaux de lestage ?

La Convention internationale 2004 pour le contrôle et la gestion des eaux de lestage et

des sédiments sur les bateaux, qui a été développée sous les auspices de l’Organisation

maritime internationale (OMI) définit les eaux de lestage comme ceci: « Le terme eaux

de lestage définit l’eau et les matières suspendues qu’elle contient, prises à bord d’une

embarcation pour contrôler l’ébarbement, les courants, la stabilité, ou les pressions sur

un bateau ».

Le problème des eaux de lestage est lié de très près aux sédiments dans les lestages.

Quand un bateau recueille des eaux de lestage, il prend aussi ce que l’eau contient. Dans

les eaux troubles ou peu profondes, cela veut dire des corps solides. Quand ces corps

entrent dans le réservoir, ils se déposent au fond comme du sédiment et peuvent devenir

les hôtes ou la zone de reproduction de toute une variété de vie aquatique.

La Convention décrit les sédiments des eaux de lestage comme « les matières qui

proviennent des eaux de lestage à bord d’un bateau ».

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Quand les premiers bateaux ont été construits il y a des centaines d’années, ils

transportaient du lestage solide sous forme de pierres, de sable ou de métal. Depuis

environ 1880, les cargos ont surtout utilisé de l’eau parce qu’elle est évidente à trouver,

plus facile à recueillir et à déverser, et donc plus efficace et plus économique que le

lestage solide. Quand un navire marchand n’a pas de chargement, on le remplit avec des

eaux de lestage. On vide cette eau quand il prend son chargement à bord. L’eau de lestage

est répartie à travers tout le navire dans des réservoirs. Ces réservoirs sont placés

stratégiquement de différentes manières, selon la structure du navire; généralement le

long des côtés et au fond de la cale (schéma 1.5). Les eaux de lestage sont aspirées à

travers des prises d’eau sur le côté ou sur le fond du bateau, grâce à des pompes. Les

ouvertures des prises d’eau sont recouvertes de grilles ou de tamis qui empêchent les gros

objets de rentrer dans les réservoirs. Toutefois, les petits organismes et le plancton

peuvent passer librement.

Chaque embarcation peut transporter quelques centaines de litres ou jusqu’à 150 000

tonnes d’eaux de ballast, selon sa taille et son utilisation. On estime que près de 12

milliards de tonnes d’eaux de lestage sont transportées autour du monde chaque année.

C’est de là qu’on a conclu que les eaux de lestage sont responsables du transfert d’entre

7000 et 10 000 espèces différentes d’espèces de microbes, de plantes et d’animaux

aquatiques mondialement chaque jour.

Schéma 1.5 Coupe transversale d’une soute de cargo montrant les réservoirs de lestage et le

procédé de transfert d’espèces.

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Même si les quantités d’eaux de lestage transportées par les bateaux varient

considérablement, le volume est seulement un composant du risque, car les études

montrent qu’un seul mètre cube d’eau de mer peut contenir jusqu’à 50 000 individus de

zooplancton et/ ou 10 millions de cellules de phytoplancton qui peuvent potentiellement

s’installer et devenir envahissantes dans une autre partie du monde.

Il est prouvé que la plupart des phylums majeurs et mineurs survivent à des voyages dans

les réservoirs de lestage, et de fait, une grande variété d’espèces aquatiques a été

introduite de cette manière. En fait, la majorité des espèces aquatiques ont un stade

planctonique dans leur cycle de vie et peuvent donc facilement être transportés dans des

réservoirs de lestage (voir schéma 1.6 ci-dessous).

Schéma 1.6 Cycle de vie de la crevette et de la praire.

En plus du volume du lestage, les facteurs de risque comme la fréquence des visites de

bateaux et les similarités de l’environnement des ports d’origine et de déversement sont

peut-être plus importants. Certaines des invasions biologiques les plus spectaculaires se

sont passées dans des ports qui reçoivent relativement peu d’eaux de lestage, tandis que

de grands ports qui reçoivent d’énormes volumes n’ont pas été envahis, à cause d’un

environnement peu similaire ou d’autres facteurs.

Les eaux de lestage ont été reconnues pour la première fois comme un vecteur

d’introductions aquatiques accidentelles en 1908, et ont été reportées à différentes

occasions et discutées par différents chercheurs jusqu’à la publication en 1985 de

l’ouvrage précurseur de Carlton sur les déversements de ballasts trans-océaniques et

interocéaniques. La revue a souligné plusieurs facteurs agissant sur l’importance

croissante du vecteur des eaux de lestage, y compris l’augmentation progressive du

nombre et de la vitesse des voyages trans-océaniques, associée à la réduction de la

longueur des voyages grâce aux canaux de Suez, de Panama et d’autres, et de l’utilisation

croissante de cargos plus grands, conçus pour des charges mouillées ou sèches, et des

livraisons en « aller simple » (qui nécessitent donc l’utilisation fréquente de grandes

quantités d’eaux de lestage pour le voyage retour). Depuis, les efforts de gestion et

l’attention du grand public sur les invasions biologiques provoquées par des navires se

sont largement concentrés sur les chemins d’invasion primaires et secondaires offerts par

ce vecteur.

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L’eau de cale qui s’accumule dans un bateau est habituellement liée au déplacement

d’agents pathogènes comme les souches de Vibrio cholera, mais elle est souvent inclue

avec les eaux de lestage pour des raisons pratiques. Elle peut agir comme vecteur pour

des plantes et des animaux aquatiques dans certains types d’embarcation de pêche, de

péniches ou de yachts de croisière. Toutefois, l’espace dans la cale de la plupart des

embarcations à moteurs conventionnelles est souvent trop chaud ou huileux pour qu’une

faune aquatique y survive, et de nombreux pays imposent des règles limitant le

déversement d’eau de cale dans les eaux côtières ou intérieures dans le cadre de mesures

anti- pollution.

Tableau 1.3 Exemples d’espèces aquatiques envahissantes introduites via les eaux de lestage.

La moule zébrée européenne (Dreissena

polymorpha) introduite en Amérique du

Nord.

Forme de denses matelas ou des grappes,

qui couvrent les structures de toutes sortes

et la tuyauterie des usines.

La groseille de mer (le cténophore)

Mnemiopsis leidyi introduite en Mer Noire.

A consommé tant de plancton dans la Mer

Noire qu’elle a entraîné la chute des

pêcheries.

La micro-algue Aureococcus

anophagefferens introduite en Afrique du

Sud.

Se reproduit et forme des « marées

brunes » qui réduisent les taux de

croissance des moules et des huîtres

d’élevage.

1.2.2.2 Bio-encrassage - Infestation des coques

Quand des organismes s’attachent à l’extérieur d’une embarcation (les parties

immergées), on appelle ce phénomène infestation des coques (même si cela inclut des

prises d’eau, des ancres, etc.). C’est aussi un moyen d’invasion fréquent pour les espèces

envahissantes aquatiques. Le plus grand risque provient de bateaux et machinerie gardés

au port pendant de longues périodes et puis déplacés vers de nouveaux endroits sans être

nettoyés. Les déplacements de plus petits yachts à travers les régions sont aussi devenus

un facteur important de ce transfert d’espèces.

N’importe quelle espèce pouvant adhérer à une surface ou à une autre espèce pendant un

de ses stades de développement est un candidat potentiel à un transfert (par exemple les

algues, les éponges, les mollusques, les tubicoles). Comme pour les eaux de lestage, les

espèces qui sont introduites de cette manière dans des eaux convenant à leur survie

peuvent aussi s’implanter et devenir envahissantes. Des exemples d’espèces introduites

de cette manière sont présentés dans le Schéma 1.4.

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Si on remonte l’histoire, l’infestation des coques a toujours été un moyen de transport

important. En effet, les coques en bois et les coques en fer étaient communément

infectées par des organismes s’accumulant sur leurs coques. Les durées des traversées

étaient beaucoup plus longues que pour les navires modernes et rapides d’aujourd’hui, ce

qui permettait un attachement plus facile des organismes marins. Toutefois, pendant les

années 1980, on ne pensait plus que l’infestation des coques était conséquente. En effet,

la plupart des navires commerciaux à coques de bois ont été mis au rebut dans les années

40, et des substances anti-infestation de coques comme la tributyrine (TBT) étaient

utilisées, les navires modernes étaient très rapides et leurs temps de préparation dans les

ports avant de repartir étaient beaucoup moins longs, grâce aux containers et aux

équipements qui permettent des manipulations de masse.

Schéma 1.4 Exemples d’espèces aquatiques envahissantes introduites via l’infestation des

coques

L’algue japonaise brune

(Sargassum muticum) sur la côte

Pacifique de l’Amérique.

L’algue japonaise brune déplace les lits de

zostère marine, qui sont d’importantes

nurseries pour les espèces aquatiques

indigènes.

La moule noire zébrée (Mytilopsis

sallei) dans le nord de l’Australie.

Recouvre les ancres, les pylônes, les

bouées, et remplir les tuyaux d’évacuation.

Le varech asiatique (Undaria

pinnatifida) en Méditerranée, en

Australie et en Nouvelle Zélande.

De grosses infestations d’Undaria peuvent

bloquer la machinerie utilisée dans

l’élevage, ralentir la croissance des

moules, salir les cages de poissons à

nageoires, et tout ce sur quoi grossissent

les huîtres, les moules et les praires, ce qui

peut impacter sur la mariculture.

Toutefois, pendant les années 90, il est devenu tout à fait évident que les infestations des

coques étaient toujours un problème important dans les chemins d’invasion primaires et

secondaires, en particulier pour les navires non commerciaux où le besoin d’avoir une

coque lisse (et d’économiser du carburant) n’est pas critique, comme pour les péniches,

les plateformes de forage, les bateaux de pêche artisanaux, ainsi que de nombreux navires

commerciaux, des yachts de croisière, et de plaisance. Même les bateaux de plaisance

remorqués constituent un vecteur pour les infestations des coques en connectant les lacs

et les voies d’eau isolés en Amérique du Nord par exemple. De nombreuses embarcations

sont aussi relativement stationnaires, tandis que les produits anti-infestations sur les

coques s’appuient sur une action «auto polissante », où les espèces peu abondantes sont

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emportées par les eaux quand le bateau navigue. De longues périodes stationnaires vont à

l’encontre de ceci, car il y a plus de chances qu’un film biologique épais se développe et

que le cuivre, ou qu’un taxon résistant au TBT colonise lentement des zones où il n’y a

plus de protecteur.

De plus, dernièrement, la Convention anti-infestation de l’OMI a banni l’utilisation de

produits anti- encrassement biologique plus toxiques, comme ceux qui contiennent du

TBT. Même si cette action peut avoir un effet positif au niveau de la pollution

aquatique, elle peut aussi augmenter le problème du bio-encrassement, du moins à court

terme, jusqu’à ce que d’autres méthodes soient développées.

L’encrassement biologique est généralement composé des groupes d’espèces suivants:

• Des films biologiques développés par les bactéries, les cyanobactéries et les

diatomées

• Des algues vertes filamenteuses (souvent Enteromorpha spp.) et des algues

rouges et brunes

• Des animaux sessiles comme les éponges, les hydroïdes, les coraux, les anémones

de mer, les vers tubicoles, les bernacles, les mollusques bivalves, les bryozoaires

et les ascidies, (qui peuvent tous adhérer à des substrats leur convenant et

proliférer lors du frai, avec des durées variées de leur stade larvaire)

• Les animaux mobiles benthiques et épibenthiques, par exemple les vers errants

polychètes, les caprelles, les amphipodes, les isopodes, les crabes, les

nudibranches, les buccins, les crinoïdes et les poissons territoriaux (spécialement

Gobiidae et autres similaires). Ce groupe évite de se faire déloger :

- En s’attachant et s’agrippant aux autres espèces parasites ou aux parties

protégées de la coque

- En se faisant un nid dans les micro espaces au milieu des espèces

installées ou mortes

- En se protégeant dans les ouvertures de la coque et la tuyauterie (y

compris les petits poissons).

De plus, on peut rencontrer un ensemble d’espèces commensales, de parasites et d’agents

pathogènes intimement liés aux membres du biote ci-dessus. De nombreuses espèces

colonisatrices peuvent adhérer solidement, croître rapidement et atteindre leur maturité

sexuelle avant qu’elles ne soient délogées.

La diversité d’une communauté colonisatrice augmente sur les surfaces qui sont sujettes à

de longues périodes d’immobilité (comme les plates-formes de forage, les péniches, les

docks flottants et les épaves de bateaux), et inclut une gamme d’algues foliacées vertes

ou brunes, d’éponges, d’anémones de mer, les coraux souples et les plus durs, selon

l’endroit.

En comparaison avec les eaux de lestage, l’infestation des coques en tant que moyen

d’invasion n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite. Toutefois, quelques pays (en particulier

l’Australie et la Nouvelle Zélande) mettent des mesures en place pour réduire les

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27

introductions d’espèces exotiques de cette manière. On assiste aussi à une pression

croissante pour des régulations régionales et /ou mondiales.

Encadré 1.5

Où est-ce que les infestations biologiques se font ?

Les infestations sur un bateau ne se trouvent pas seulement sur la coque, mais aussi sur les

prises d’eau sous les flottaisons (qui aident au système réfrigérant d’un bateau), sur les

hélices, les parbatages, dans les parties humides et la tuyauterie. Ces zones peuvent offrir

un habitat protégé pour certaines espèces tandis que le navire est en mer. Quand les

bateaux restent dans les ports ou ancrés pour des périodes prolongées, les communautés

composant l’infestation peuvent prendre pied dans ces zones cachées et être très difficiles à

enlever.

Cet encrassement peut aussi se trouver sur toute une variété d’autres structures, sur de

l’équipement de pêche ou de plongée et des débris flottants.

Bio-encrassement sur les embarcations:

Tuyaux

Parbatage

Hélices Prises d’eau

Parties humides

Coque

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28

1.2.2.3 Débris marins flottants

Les débris marins sont bien connus pour poser des menaces environnementales à la

faune, qui risque de se prendre dedans ou de les ingérer, ainsi que pour le tourisme car ils

sont très inesthétiques. Le rôle des débris marins flottants transportant des espèces a été

soulevé par plusieurs chercheurs, en relation avec le problème de la pollution marine,

mais les preuves formelles restent peu nombreuses. Le plastique flottant, les caisses et

d’autres débris artificiels peuvent former des substrats de substitution pour des débris

naturels (des tapis d’algues, des matelas de végétation terrestre, des troncs d’arbre, et les

baleines, tortues, et requins baleines qui sont lents). Les déchets en plastique flottants

peuvent aussi fonctionner d’une manière similaire que les coques de bateaux et le

transport des organismes. Des filets de pêche dérivant après leur abandon ou leur perte

dans l’Océan Pacifique ont été trouvés recouverts de nombreux organismes marins et on

pense qu’ils peuvent représenter un mécanisme de transport significatif dans le Pacifique.

Une étude sur des débris marins dans le nord de la Nouvelle Zélande ont trouvé 60

espèces bryozoaires dont 28 inconnues, tandis que d’autres études ont confirmé que les

plastiques et les matériaux persistants peuvent porter différents organismes salissants et

épibiontes, et peuvent aussi attirer une faune relativement mobile et diverse.

Une étude de 10 ans sur des déchets échoués sur les rives (épaves flottantes) a confirmé

que le plastique, le plus durable des types de déchets, est typiquement plus colonisé que

d’autres débris matériels et constitue le composant dominant des déchets flottants dans la

plupart des cas. Cette étude indiquait aussi que le vecteur des débris marins peut menacer

les îles isolées autour du globe comme les Galápagos, ainsi que l’Antarctique, où la

quantité de matériel flottant disponible a quintuplé à cause des quantités plus grandes de

rejets. L’étude a aussi trouvé que les espèces marines salissantes sont capables de

pénétrer les eaux de l’Antarctique par ce vecteur, surtout quand les barrières comme les

températures de l’eau et la divergence circumpolaire (une barrière naturelle de

températures abruptes à la surface de l’eau) continuent à évoluer à cause de la tendance

au réchauffement de la planète.

Réduire la prévalence de matériels synthétiques pénétrant les océans demande un

changement de sensibilité et des attitudes des communautés et des industries côtières, et

une meilleure mise en place des régulations sur la pollution existantes (MARPOL) par les

Etats des ports et des bateaux.

1.2.2.4 Les canaux, les routes maritimes et les voies d’eau intérieures

Les canaux et les autres voies d’eau navigables sont le seul point de liaison entre des

masses d’eaux qui autrement ne seraient pas connectées et fournissent des voies d’accès

importantes pour l’expansion de portée de certaines espèces, pas seulement pour des

espèces aquatiques éloignées mais aussi pour les indigènes d’une région qui n’avaient pas

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29

auparavant atteint des masses d’eau jusque là isolées. Même si cette situation est plus

commune dans les systèmes d’eau douce, l’ouverture de nouveaux canaux et voies de

mer ont entraîné des introductions suite au raccourcissement des chemins empruntés par

les bateaux, la naissance d’un trafic de péniches régional et l’aide aux auto expansions de

portées.

Encadré 1.6

Migrations Lessepsiennes

Certaines des plus célèbres introductions par canaux sont les “migrations Lessepsiennes”

vers la Méditerranée orientale via le Canal de Suez (nommé après l’ingénieur français

qui a dessiné et dirigé la construction du canal). L’ouverture du canal de Suez en 1869 a

connecté la Mer Rouge avec la Méditerranée. Au contraire du canal de Panama qui a des

écluses et passe à travers des eaux vives et des eaux saumâtres de lacs en permanence, le

canal de Suez n’a pas d’écluses. 30 ans après son ouverture, de nombreux crustacés et

poissons de la Mer Rouge avaient traversé le canal.

Les plus récentes estimations indiquaient que le canal a causé l’influx de plus de 300

espèces tropicales indopacifiques vers les eaux oligotrophes de la Méditerranée orientale.

Cette migration vers le nord a été associée avec le courant du canal qui va surtout vers le

nord, la capacité des taxons de la Mer Rouge à tolérer des conditions d’hiver dans le

bassin Levantine et la biodiversité relativement peu abondante de la Méditerranée

orientale. Toutes les introductions en Méditerranée ne sont pas dues au canal. Par

exemple, 5% de l’inventaire actuel des mollusques en Méditerranée comprend des espèces

non-indigènes introduites vers sa moitié occidentale par les eaux de lestage, l’infestation

des coques et d’autres vecteurs.

La finition du canal de Welland entre le Lac Ontario et le Lac Erié a fourni un détour

autour des Chutes du Niagara, ce qui a permis à la lamproie anadrome et à d’autres

envahisseurs marins de répandre leur frai et d’étendre leur zone d’alimentation dans de

nombreuses parties des lacs supérieurs et des systèmes de rivières. Les lamproies marines

adultes sont grandes (60-90 cm) et des suceurs de sang voraces de nombreux poissons

indigènes, y compris les saumonées. Elles se sont rapidement implantées et ont décimé

les populations locales de truite de lac et d’autres espèces. Le passage des Grands Lacs

vers la mer fournit aussi une route pour d’autres biotes d’eaux saumâtre et marines, la

plus connue d’entre elles étant la moulé zébrée, Dreissena polymorpha. On pense que la

salinité abondante des Grands Lacs entre 1940 et 1970, due en partie à un apport en eau

douce moins important et à des variations climatiques a aidé ces espèces à survivre.

D’autres canaux ayant causé des invasions significatives sont ceux formant le système

des eaux euro asiatique (comme le système du Dnepr et le Volga-Dom), et les liens entre

rivières Parana- Tocantis- Amazone en Amérique du Sud.

L’ouverture du canal de Panama en 1914 connecta l’Atlantique ouest et les Caraïbes avec

le Pacifique oriental. Ce canal a des écluses et passe sans arrêt à travers des eaux vives et

des eaux saumâtres de lacs, ce qui réduit les chances de succès de transiter pour des

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30

espèces à travers différents niveaux d’expansion. Toutefois, en réduisant

significativement les temps de voyage inter-océans et par là même en augmentant la

survie des espèces dans les réservoirs de lestage, et sur les coques des bateaux, ce canal a

quand même contribué significativement au taux croissant d’introductions marines au

20ème

siècle.

1.2.2.5 Portées des expansions dans un monde en mouvement Les fluctuations et les cycles naturels dans l’intensité solaire, l’inclinaison des planètes,

les courants océaniques et les systèmes de climat, avec les activités humaines comme

l’urbanisation et les combustibles fossiles consommés, se combinent tous pour provoquer

des changements de climat régional et mondial, et des modifications sur des décennies et

même plus. On a spéculé que les cycles régionaux de chute de pluie et d’extrêmes

thermiques expliquent en partie pourquoi certaines espèces introduites ont subi une forte

hausse dans leurs populations locales, comme le crabe chinois à mitaines sur les côtes

allemandes pendant le 20ème

siècle.

Des modifications soudaines du nombre d’individus ne sont pas rares dans les

populations natives, comme le montre l’explosion du nombre d’étoiles de mer du

Pacifique Nord (Asterias amurensis) dans le cadre de leur portée endémique et l’étoile de

mer « couronne d’épines » (Acanthaster planci) dans l’Indopacifique tropical. La pêche

excessive de mérou, le prédateur naturel de la larve d’Acanthaste, contribue aussi à ces

explosions de population.

Ces changements majeurs mais apparemment naturels dans la taille de la population ont

été liés aux fluctuations du climat, du courant d’eau, aux nutriments et aux conditions

planctoniques, car ces facteurs peuvent promouvoir de hauts taux de survie larvaire,

d’installation et de recrutement. Plusieurs études ont montré comment même de petites

fluctuations de climat peuvent générer de grands changements dans les communautés

marines via une altération des taux de prédation et de la structure de la chaîne

alimentaire.

Suite au réchauffement de la planète, au cours du siècle passé, on a vu des expansions de

portée naturelle par exemple dans la Mer Ligurienne dans la Méditerranée, la Manche et

les eaux côtières de la Caroline du Nord, de la Californie et l’Australie Occidentale. Des

expansions récentes (20ème

siècle) vers les pôles subtropicaux des espèces marines et

côtières tropicales sont bien documentées (par exemple les coraux, les mollusques, les

poissons, les oiseaux de mer et les plantes côtières) et souvent liées à d’autres preuves de

réchauffement de la planète. Dans le même sens, on a assisté à un retrait des formes

vivant dans les eaux froides avec le réchauffement des eaux côtières. On parle ici du

déplacement vers le sud des lits de varech géants (Macrocystis pyrifera) au large du sud-

est de l’Australie, avec un net retrait vers le sud qui a été accéléré par une arrivée de

Undaria pinnatifida.

Les fossiles montrent la tendance marquée chez les espèces marines principales de partir

d’eaux chaudes vers des régions à eaux plus froides plutôt que le contraire. Comme pour

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31

beaucoup de biotes terrestres, ces migrations sont souvent arrivées, la dernière étant la ré-

invasion rapide pendant l’holocène et l’arrivée de taxons dans des régions tempérées et

boréales, taxons qui avaient été comprimés dans des ceintures étroites tempérées et

subtropicales pendant le dernier âge de glace.

Toutes ces expansions de portée naturelles, non orchestrées par les hommes, sont

considérées comme faisant partie de l’évolution de traits biogéographiques dans les

océans du monde. Même si le réchauffement de la planète peut être lié aux activités

humaines, la lutte contre ce phénomène dépasse les objectifs de cette formation.

Toutefois, le rôle de facilitation joué par le réchauffement de la planète dans les invasions

d’espèces marines devrait être pris en considération quand on recherche le niveau de

capacité d’invasion des espèces et les observations sur les nouvelles espèces et quand on

prend des décisions de gestion qui visent à en introduire quelque part.

1.3 Impacts

L’introduction d’organismes étrangers dans un nouvel environnement peut avoir de

sérieuses conséquences négatives pour l’environnement et la biodiversité locale, pour les

industries et les utilisateurs de ressources naturelles, et aussi pour la santé et le bien-être

de ceux associés avec les systèmes marins affectés. Bien que les impacts des espèces

marines envahissantes soient nombreux et variés, les principales conséquences peuvent

être groupées en trois catégories : écologiques, économiques et sociales et santé

publique.

1.3.1 Impacts écologiques

On assiste à des impacts écologiques quand la biodiversité locale d’une zone et/ ou les

procédés écologiques sont modifiés par les espèces envahissantes. Tandis que les impacts

initiaux peuvent être mineurs et presque invisibles, les impacts vont devenir plus sévères

avec le temps quand la population augmente. De plus, une fois que les espèces sont

introduites, il est très difficile, voire impossible, de les détruire.

Quelques exemples d’impacts écologiques:

• Compétition avec des espèces natives pour l’espace et la

nourriture

• Prédation des espèces indigènes

• Modification de l’habitat d’autres espèces

• Modification des conditions environnementales (par

exemple une eau moins claire)

• Modification du cycle alimentaire

• Déplacement des espèces indigènes, réduction de la

biodiversité native et même extinctions locales

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32

1.3.2 Impacts économiques

Les espèces envahissantes ont des impacts économiques majeurs sur la société. Il s’agit

de pertes dues à la baisse de productivité mais aussi aux coûts de la prévention et de la

lutte contre les espèces envahissantes. Par exemple, on estime que les coûts de contrôle

de toutes les espèces envahissantes (marines et terrestres) aux Etats-Unis seuls dépassent

les 138 milliards de dollars par an.

Des exemples plus spécifiques des impacts économiques incluent:

• Des réductions dans la production des pêcheries (y

compris l’effondrement potentiel de la pêcherie) à cause

de la compétition, de la prédation, du déplacement des

espèces, de la pêche par les espèces envahissantes ou les

changements d’habitats/environnementaux causés par les

espèces envahissantes, ainsi que la disruption d’activités

de pêche, par exemple la groseille de mer nord-

américaine (voir l’Encadré « Exemple » ci-dessous)

• Impacts sur l’aquaculture (y compris la fermeture de

certaines installations locales), spécialement provenant

de l’éclosion d’algues nocives introduites et les maladies

d’espèces cultivées (par exemple la maladie de « la tâche

blanche » sur les crevettes)

Exemple

Varech asiatique ou “wakame” (Undaria

pinnatifida)

Originaire de l’Asie du Nord, le varech

asiatique a été introduit en Australie du Sud, en

Nouvelle Zélande, sur la côte ouest des Etats-

Unis, l’Europe et l’Argentine. Il pousse et

prolifère rapidement, à la fois végétativement

et à travers la dispersion de spores. Il déplace

les algues natives et la vie aquatique, modifie

l’habitat, les écosystèmes et la chaîne

alimentaire. Il peut affecter les stocks de

coquillages commerciaux à travers la

compétition pour l’espace et la modification

des habitats. (Voir aussi Encadré 1.3)

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• Les impacts physiques sur l’infrastructure côtière, les

installations, l’industrie, surtout par des espèces qui les

infestent, et des impacts secondaires à travers l’érosion

côtière, par exemple la moule zébrée (voir l’Encadré sur

la page suivante)

• La perte de vitesse de l’économie et de l’efficacité de la

navigation à cause des espèces salissantes;

• Les impacts ou même la fermeture de plages de loisirs et

d’autres sites de loisirs côtiers à cause des espèces

envahissantes (par exemple la salissure physique des

plages et les odeurs fortes ou les conséquences sanitaires

des éclosions d’algues)

• Les coûts liés aux activités de gestion côtière rendues

nécessaires par les espèces envahissantes comme par

exemple la stabilisation des dunes, et la restauration

d’une biodiversité éteinte localement ou sur le déclin;

• Les impacts économiques secondaires des problèmes de

santé humaine associés aux agents pathogènes introduits

et aux espèces toxiques, y compris une meilleure

évaluation, le dépistage, le diagnostic et les coûts de

traitement de la perte de productivité sociale due aux

maladies ou même à la mort des personnes affectées,

• Les conséquences économiques secondaires des impacts

écologiques et de la perte de biodiversité,

• Les coûts de lutte contre le problème, y compris la

recherche et le développement ; l’évaluation,

l’ éducation, la communication, la régulation, la

conformité, la gestion de la mitigation et les coûts de

contrôle.

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Exemple

Cténophore (Mnemiopsis leidyi)

Le cténophore Mnemiopsis leidyi est endémique à

la côte Atlantique de l’Amérique du Nord. On l’a

repéré en Mer Noire pour la première fois en 1982,

où il s’est très bien acclimaté ; se reproduit en

masse et où il transforme le réseau trophique

pélagique entier. Il a aussi un effet dévastateur sur

les pêcheries pélagiques des mers Noire et d’Azov.

Ces pêcheries se concentrent sur les espèces de

poissons zooplanctivores comme les anchois, le

chinchard de la Méditerranée et la clupéonelle dans

la Mer Noire ; et dans la Mer d’Azov : l’anchois et

le kilka d’Azov. Le Mnemiopsis se nourrit aussi de

zooplancton, et sa présence a entraîné un déclin

massif de la nourriture disponible pour les poissons,

ce qui a causé l’effondrement de pêcheries pour

environ 500 millions de dollars par an. La

production d’anchois n’atteint plus qu’un tiers de

son niveau précédent et de nombreux pêcheurs ont

changé de profession.

La situation s’est améliorée ces dernières années

grâce à une seconde introduction accidentelle, une

autre espèce de cténophore qui se nourrit de

Mnemiopsis, et a fait chuter son nombre.

Exemple

La moule zébrée (Dreissena polymorpha)

Photo: S. Olenin

Provenant d’Europe de l’Est (Mer Noire), la moule

zébrée a été introduite en Europe occidentale et du

nord (Irlande, Mer Baltique) et dans l’est de

l’Amérique du Nord (Grands Lacs). C’est une

espèce qui s’incruste et forme de grands groupes de

moules qui se serrent ensemble, infestant toutes les

surfaces dures disponibles. Elle déplace la vie

marine indigène et modifie les habitats, les cycles

alimentaires et les fonctions des écosystèmes. Elle

provoque de sérieux problèmes d’infestations sur

l’infrastructure et les embarcations et elle bloque les

tuyauteries (Schéma 1.8), les bondes et les digues

d’irrigation. Les coûts pour essayer de l’éradiquer

d’installations industrielles aux Etats-Unis seuls

sont estimés à environ 750 millions de USD à 1

milliard entre 1989 et 2000 (O’Neil, 2000). Cette

invasion et ses coûts continuent et ne cessent de

monter, menaçant désormais la côte ouest

d’Amérique du Nord où de grands programmes de

prévention ont été mis en place.

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Schéma 1.8 : Des moules zébrées bloquant un tuyau

1.3.3 Les impacts sur la santé publique

Au vu de la quantité de transferts des eaux de lestage, le déplacement à grande échelle de

micro-organismes par les navires a attiré l’attention des épidémiologistes et des

biologistes des invasions.

Certaines épidémies de choléra ont été directement associées aux déversements d’eaux de

lestage. Même si Vibrio cholerae et d’autres agents pathogènes sont des constituants

normaux des eaux côtières, ils ne se trouvent pas habituellement en concentrations assez

hautes pour causer des problèmes à l’homme. Toutefois avec un commerce mondial en

hausse et de plus en plus de navires se déplaçant de port en port, le transfert de microbes

pourrait bien être la menace la plus insidieuse liée au déversement d’eaux de lestage.

En plus des bactéries et des virus, les eaux de lestage peuvent aussi transporter un

ensemble de micro algues, y compris des espèces d’algues toxiques qui peuvent former

des proliférations de marées rouges. L’impact de ces crises sur la santé publique est bien

documenté et inclut l’empoisonnement paralysant des coquillages qui peut causer une

maladie sévère et même la mort chez les hommes. La menace des impacts sur la santé

impose aussi la fermeture des installations de mariculture des coquillages filtrant leur

nourriture, qui ont tendance à accumuler dans leurs tissus les micro algues et les toxines

associées.

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Exemple

Choléra (Vibrio cholerae) Photo: G. Casale

La bactérie du cholera Vibrio cholerae qui a provoqué une épidémie en Amérique du sud en

1991 a peut-être été apportée dans la région par un

navire venant d’Asie. La souche bactérienne a été

isolée d’échantillons d’eaux de lestage, et on a

montré qu’elle était génétiquement similaire à des

souches qui étaient communes en Asie.

La maladie a d’abord été reportée dans les villes

côtières du Pérou, mais en quelques semaines, elle

s’est répandue dans tout le pays. L’épidémie s’est

répandue dans la majeure partie de l’Amérique

Centrale et du Sud à cause de la surpopulation et

des pauvres systèmes sanitaires dans les

bidonvilles de la région. A la fin de 1994, plus d’un

million de cas de choléra et plus de 10 000 morts

avaient été reportés.

Exemple

Des algues toxiques (marées rouges/brunes/vertes)

Photo: Y. Fukuyo

Plusieurs espèces d’algues planctoniques ont été

transférées vers de nouvelles zones dans les eaux de

lestage des bateaux et les sédiments, et se sont

installées dans de nouveaux environnements.

Certaines espèces ont des floraisons nocives, qui

causent des destructions massives de vie aquatique

via la privation d’oxygène, la suffocation en

pénétrant dans leurs ouïes, ou l’empoisonnement

dans le cas de phytoplancton toxique. Les espèces

aquatiques mortes qui jonchent les plages peuvent

avoir un lourd impact sur le tourisme et les loisirs.

Les coquillages qui filtrent leur nourriture

accumulent les toxines dans leurs tissus, ce qui

nécessite la cessation temporaire de la récolte des

populations sauvages et d’élevage. La santé de

l’homme peut être affectée car ces floraisons

peuvent empoisonner les poissons (ciguatera) et/ou

les coquillages.

La santé et les effets écologiques de ces floraisons

ont habituellement des coûts, soit pour empêcher

une floraison de se passer ou pour y répondre.

Entre 1987 et 1992, les coûts moyens des floraisons

sur la santé de l’homme aux USA seuls ont été

estimés à 22 millions de USD par an, et

l’empoisonnement des coquillages a coûté 1 million

et la ciguatera 21 millions de USD.

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1.4 Prévoir les invasions

La possibilité de prévoir les invasions aurait de toute évidence de gros avantages pour les

prévenir ou les combattre. Un effort considérable a donc été fait pour essayer de mieux

comprendre les facteurs, autres que la force des vecteurs d’introduction des espèces, qui

contribuent au succès d’une espèce potentiellement envahissante. Ces facteurs incluent

les caractéristiques des espèces elles-mêmes et aussi l’état de l’environnement récepteur.

1.4.1 Les caractéristiques des espèces

Les biologistes des invasions ont dressé différentes listes d’espèces avec leurs traits et

leurs caractéristiques afin de tenter de prédire lesquelles vont probablement se répandre et

provoquer des dégâts si introduites. Les caractéristiques considérées comme typiques du

pouvoir d’invasion d’une espèce sont:

• D’être largement répartie et abondante dans son habitat naturel.

• Des mécanismes de reproduction et une certaine fécondité. Les reproducteurs à

large échelle, ou des espèces à haute capacité de reproduction sont capables de

bâtir des populations rapidement, augmentant ainsi la chance de s’installer dans

un nouvel habitat.

Exemple

Schéma 2.9: Tapis épais de Caulerpa taxifolia au fond

de la Méditerranée (Alexandre Meinesz)

L’algue verte Caulerpa taxifolia est un bon

exemple d”EEE avec de multiples impacts. Elle

s’est rapidement répandue à travers la

Méditerranée, y compris sur la côte nord-africaine

en causant des ravages écologiques et économiques.

On dit qu’elle a eu des conséquences négatives sur

le tourisme et la navigation de plaisance, dévasté la

plongée sous-marine, et a eu des effets coûteux sur

la pêche commerciale, à la fois en modifiant la

distribution de poissons et en constituant un

obstacle énorme pour la pêche au filet. Le tapis

épais que cette espèce forme sur le lit de la mer

pourrait aussi gêner l’installation de jeunes de

nombreuses espèces de récif.

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• Des stades de dispersion qui durent et soient résistants. Des espèces qui peuvent

grandir et être matures, donc atteindre l’âge de reproduction rapidement, vont

avoir un net avantage dans l’installation d’une population dans une niche

disponible.

• Une grande tolérance et adaptabilité aux conditions environnementales. Les

espèces capables de supporter ou de s’adapter aux nouvelles conditions de

températures, de salinité et d’autres facteurs physiques seront plus susceptibles de

survivre et de proliférer dans de nouveaux environnements.

• Des mécanismes de dispersion efficaces. Les espèces qui peuvent se répandre

rapidement une fois installées dans un nouvel environnement sont plus

susceptibles de devenir envahissantes.

• La capacité d’utiliser de nombreuses sources de nourriture pour répondre à leurs

besoins alimentaires.

Toutefois, les caractéristiques montrées par une espèce dans son habitat natif peuvent

différer de celles montrées par ses populations dans des zones envahies. De plus, des

données-clé sur le cycle de vie et la tolérance environnementale ne sont pas toujours

disponibles. Donc on ne peut pas toujours compter sur les prévisions, au contraire des

résultats, et les évaluations, qui s’appuient fortement sur des opinions d’experts

subjectives peuvent donner un faux sens de sécurité.

Le fait que l’espèce en question ait été envahissante ailleurs est un bon facteur, qui

montre une bonne corrélation avec les résultats prévus. Des correspondances entre la

température de l’eau et les taux de salinité sont aussi utiles, mais seuls, ils ne sont pas de

confiance. Ceci est du au fait que de nombreuses espèces marines et estuariennes ont une

grande tolérance à la salinité. D’un autre côté, la capacité d’une espèce marine à occuper

des habitats divergents est limitée par les puissants procédés hydrodynamiques,

sédimentaires et physico-chimiques qui opèrent dans des environnements marins. Donc,

les méthodes environnementales de correspondance peuvent aussi être des outils utiles

dans la prévision du potentiel de bio-invasion marine de certaines espèces.

1.4.2 Conditions environnementales & bouleversements

Le concept d’environnements “amicaux envers les envahisseurs” se rapporte au fait que

le plus grand nombre d’introductions aquatiques sont habituellement associées à des

estuaires, des ports ou des baies dominées par des habitats artificiels, dérangés, et /ou

eutrophiques. Une biodiversité indigène réduite et une niche qui devient de plus en plus

vacante à cause de l’eutrophisation, de la surpêche (qui augmente aussi la disponibilité

des nutriments et la biomasse en suspens puisque les poissons pêchés ne vont plus en

consommer), l’assèchement des terres, l’urbanisation, les barrages sur les rivières, etc.

ont été liés à des lieux privilégiés pour les invasions et les ‘fusions’ rapportées dans un

ensemble de lieux comme le Nord-ouest de la Mer Noire, la Baie de San Francisco, la

Baie de Port Philippe (Melbourne) et des endroits sur la Méditerranée comme l’Etang de

Berre ( Bouches du Rhône), l’Etang de Thau (Hérault) et la lagune de Venise.

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39

Propagule – une partie d’un

organisme ou d’une espèce

qui peut générer un autre

organisme ou espèce

(comme les graines, les

racines, les rhizomes des

plantes et des œufs, les

larves, etc.

Deux autres traits de l’environnement récepteur sont liés à une grande propension à des

introductions aquatiques et terrestres:

• Le degré d’isolation biogéographique et le pourcentage associé d’environnements

endémiques. Les environnements aquatiques avec de basses connectivités

biogéographiques, et une grande endémicité incluent ceux dans la Ponto-

Caspienne, la Méditerranée orientale, les Grands Lacs Laurentiens, l’Australie du

Sud, la Nouvelle Zélande, Hawaï et des parties de la côte Américano-Pacifique.

Des régions isolées bio-géographiquement qui ont aussi une relativement faible

biodiversité, comme les îles d’Hawaï; la Méditerranée orientale et la Mer

Baltique, ont aussi été considérées comme fournissant une niche vacante qui

facilite les introductions aquatiques à succès.

• La latitude. On a noté de par le monde que le nombre d’espèces aquatiques

envahissantes augmentait à chaque degré de latitude, et spécifiquement le long

des deux côtés du continent Australien. Même si certaines raisons ont été

avancées, on ne sait toujours pas clairement pourquoi les régions tempérées sont

plus susceptibles aux invasions biologiques marines que les côtes tropicales et

polaires.

1.4.3 D’autres facteurs

D’autres facteurs qui peuvent aider les espèces exotiques à s’établir dans de nouveaux

habitats:

- La pression des propagules : la probabilité

d’implantation des espèces exotiques augmente avec

le nombre d’individus et la fréquence des

introductions.

- Le manque d’ennemis naturels (par exemple les

agents pathogènes, les maladies, les prédateurs, les

compétiteurs). Quand une espèce est transférée vers

un nouvel endroit à l’extérieur de sa portée naturelle,

elle risque de laisser derrière elle les prédateurs, les

maladies, ou les autres espèces qui aidaient à la contrôler.

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1.4.4 La pratique courante

Les meilleures prévisions pour identifier quelles introductions aquatiques sont le plus

susceptibles de s’implanter, se répandre et provoquer des dégâts et à quel endroit peuvent

se classifier de la manière suivante:

• Certaines preuves permettent de penser que l’espèce est potentiellement

envahissante et capable de causer des dégâts, (par exemple, des preuves

documentées que l’espèce a envahi et provoqué des dégâts ailleurs).

• Le degré de similarité entre le climat, les caractéristiques hydrologiques et les

habitats marins de la région réceptrice et celles de l’habitat naturel et d’autres

habitats pénétrés par l’espèce.

• Le degré de “bienvenue à l’envahisseur” dans les eaux où l’infestation se passe.

Par exemple :

o Le nombre d’espèces aquatiques récemment installées

o Le pourcentage d’habitats artificiels, fortement modifiés ou bouleversés

qui offrent des niches suite à l’absence ou à l’immaturité des assemblages

natifs

o La présence de communautés natives abîmées par l’eutrophisation, la

pollution, la surpêche, les barrages, ou d’autres procédés dérangeants

o La gamme des routes secondaires disponibles (c’est à dire le nombre et la

fréquence des vecteurs locaux et leurs routes, qui peuvent contribuer à une

prolifération régionale)

• La présence de communautés aquatiques isolées bio- géographiquement et

contenant un haut pourcentage de taxon endémique et/ou offrant des niches

naturellement vacantes à cause d’une biodiversité relativement basse

• L’emplacement des eaux réceptrices par rapport aux latitudes tropicales et

polaires (20-60o).

Toutefois, nous ne disposons pas d’assez de preuves pour quantifier adéquatement ces

tendances. Il y a aussi les facteurs qui influencent le pouvoir d’invasion au cas par

cas, qui sont difficiles à prévoir. Par exemple, l’absence d’un (ou plus) agent pathogène,

de parasites ou prédateurs qui contrôlent les populations dans l’habitat naturel en

réduisant leur degré de force, de fertilité et ou de longévité. A cause de cela, il n’existe

pas de substitut pour une recherche biologique soignée sur une espèce en particulier, que

ce soit dans son habitat naturel et envahi.

Approche prudente : Au vu de l’incertitude des prévisions du pouvoir

d’invasion d’une espèce, et de ses impacts potentiels, chaque espèce

exotique devrait être considérée comme potentiellement envahissante

jusqu’à ce qu’on prouve qu’elle ne présente aucune menace. Ou plus

simplement, chaque espèce exotique doit être considérée comme coupable de

pouvoir envahir jusqu’à ce que son innocence soit prouvée.

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1.5 Le besoin de lutter contre les EEE

La libéralisation du commerce est un phénomène relativement récent qui a transformé la

manière dont l’économie mondiale opère. Les exportations de lointains pays sont

désormais rapidement et efficacement transportées n’importe où en quantités impensables

il y a encore 100 ans. Par exemple, la valeur des exports mondiaux a augmenté de 192

milliards de dollars en 1965 à 6,2 trillions en 2000. On estime que le trafic maritime

mondial, qui est le mode de transport principal pour ces biens, va plus que doubler d’ici à

2020. De plus, avec l’arrivée d’Internet, même les particuliers peuvent commander

facilement n’importe quoi du monde entier. De plus, les personnes se déplacent de plus

en plus autour du globe et les endroits isolés ressentent aussi la pression croissante des

humains. Cette rapide croissance du mouvement des gens et des biens facilite le transport

de milliers d’organismes autour du monde.

La reconnaissance de ces faits, et des impacts provoqués par des espèces envahissantes, a

mené au développement d’une variété de stratégies pour leur prévention et contrôle. Ces

stratégies seront le sujet des modules à venir.

Schéma 1.12: Les personnes et les véhicules circulent plus que jamais autour du globe.

La hausse des échanges, des voyages, et des transports entraîne la

croissance du nombre d’introductions d’EEE.

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Schéma 1.13: Routes maritimes mondiales.