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n° 8 Mars 2009 0,50 E Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre Les élèves du Club en plein travail sur leur tout nouveau site LE CLUB PARRAINAGE ARRIVE SUR LE NET LE CLUB PARRAINAGE ARRIVE SUR LE NET LE CLUB PARRAINAGE ARRIVE SUR LE NET LE CLUB PARRAINAGE ARRIVE SUR LE NET ( Voir notre article en pages 3 ) ( Voir notre article en pages 3 ) ( Voir notre article en pages 3 ) ( Voir notre article en pages 3 ) Voir aussi, en pages 4 et 5: Thomas, notre nouvea Voir aussi, en pages 4 et 5: Thomas, notre nouvea Voir aussi, en pages 4 et 5: Thomas, notre nouvea Voir aussi, en pages 4 et 5: Thomas, notre nouveau filleul u filleul u filleul u filleul

La Main Tendue n°8

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Journal du Club Parrainage du Collège Paul Bert d'Auxerre

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Mars 2009 0,50 E

Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre

Les élèves du Club en plein travail sur leur tout nouveau site

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s’explique par le fait qu’Aide et Action n’intervient que sur l’enseignement primaire, qui est, il faut bien le reconnaître, la priorité première. Permettre à un maximum d’enfants d’al-ler à l’école, afin d’apprendre à lire et à écrire, est déjà un grand pas vers l’autonomie et la construction d’un avenir meilleur, pour eux mêmes et pour leur pays. Mais que les âmes sensibles se rassurent, nous continuerons à avoir des nouvelles de notre petite pro-tégée et de sa famille, par l’intermédiaire de Patricia

Saizonou, responsable des actions de parrainage au Bé-nin, qui s’est engagée, à titre privé, à aller voir Yvette, lors-qu’elle se rendra dans la ré-gion de Ouidah pour son tra-vail. Nous mesurons tous la chance que nous avons, et la remercions très amicalement pour ce geste exceptionnel, qui est comme une récom-pense de tout ce qui a été réalisé par les élèves du club. Nous avons d’ailleurs voulu finir notre mission à Ouidah, en beauté, en nous assurant que Louise, la maman des jumelles, aurait les moyens de financer la scolarité de ses filles au collège. Nous avons ainsi mis une touche finale à une action, entamée l’an pas-sé, en lui permettant d’ouvrir un petit fonds de commerce, où elle revend, dans son quar-tier, avec un petit bénéfice, du pain, préalablement acheté en ville dans une boulangerie.

Un rendez-vous réussi Une fois de plus, le stand du Club Parrainage, durant les réunions parents professeurs de fin d’année, a rencontré un vif succès. Nombreux ont été ceux et celles qui sont venus acheter des gâteaux et bois-sons, qui sont venus découvrir le dernier numéro de « La Main Tendue », ainsi que l’exposition sur les actions du club, ou qui sont tout simple-ment venus discuter avec les élèves, qui animaient ces soi-rées. Nous les remercions tous chaleureusement. Cela a permis de générer un bénéfice de quelques 240 euros. Cet argent a immédiatement été utilisé pour aider financière-ment la famille d’Yvette, à subvenir aux frais de scolarité inhérents à l’entrée des jumel-les en sixième. Nous tenons également à remercier tous les parents qui ont participé, soit en confectionnant ces succu-lents gâteaux qui ont fait la joie de tant de papilles, soit en prêtant leur cuisine à leur ap-prenti cuisinier d’enfant. Nous espérons bien renouve-ler ce succès, lors des pro-chaines réunions parents pro-fesseurs La fin officielle du parrai-nage d’Yvette Cette fois, ça y est: le moment tant redouté par les élèves du club est arrivé. Le parrainage d’Yvette, par l’intermédiaire d’Aide et Action, est officiel-lement terminé. Nous avons d’ailleurs reçu un courrier de l’association, qui soulignait la qualité, la constance des ac-tions du club et la totale réussite de sa mission. Cela

Que de chemin parcouru de-puis six ans ! Lorsque le Club a été créé, en 2002, avec une poignée d’élèves, les objectifs étaient modestes: établir une correspondance régulière avec Yvette, notre filleule, lui per-mettre de jouer pleinement son rôle d’ambassadrice au-près de sa classe et de son école, par l’envoi de colis contenant du petit matériel scolaire, apprendre peu à peu à connaître le Bénin, et trou-ver les moyens de financer notre action. A cette époque, l e ma î t re mo t é ta i t « patience », car il nous fallait attendre de longs mois, pour avoir la réponse à nos cour-riers. Peu à peu cependant, les élèves ont trouvé des moyens d’être plus efficaces, les actions se sont renforcées et diversifiées. Le club a gran-di, en même temps que ses créateurs. Et puis, ces derniers sont partis vers le lycée, et la relève a repris le flambeau avec brio, bénéficiant de l’ex-périence des ainés. Le club a muri, soutenant Yvette et son école de plus en plus efficace-ment. Les colis sont devenus plus fréquents et plus consé-quents, nos partenaires sont devenus plus nombreux. Fort de sa devise, « Patience, ri-gueur et respect d’autrui », le club a continué à toujours aller de l’avant. Aujourd’hui, il entre dans une nouvelle aire, en créant son site Inter-net et en prenant la responsa-bilité d’un nouveau parrai-nage. Le mérite de ce succès revient aux nombreux élèves qui se sont succédés en son sein, depuis six ans: un grand bravo à eux tous...

M. Dollé,

professeur coordonnateur

La vie du Club. Des nouvelles de nos fil-leuls (Yvette et Thomas). Mieux connaître le Bénin: Djougou et sa région. Reportage: les rois du Bénin A l’honneur: les acteurs locaux d’Aide et Action.

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LE CLUB PARRAINAGE RENFORCE SON ACTION En ce début d’année 2009, le Club Parrainage se lance dans deux nouvelles aven-tures: l’ouverture de son site Internet et le parrainage d’un nouvel enfant, dans le nord du Bénin. Nul doute que cela apportera a tous ses membres de nouvelles expé-riences enrichissantes.

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Yvonne et Yvette avec leurs présents de fin d’année

Louise

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de nombreux mois, tant l’en-vie de partager notre expé-rience avec d’autres nous titil-lait. Il apparaissait de plus en plus évident que ce qui man-quait à notre club, c’était un site. C’est désormais chose faite. Nous avons essayé de créer un espace à la fois convivial et riche d’informa-tions, en utilisant les nom-breuses photos, les docu-ments, les enregistrements audio et vidéo, que nous avons amassés, depuis 2002. Nous avons ouvert dix rubri-ques différentes, où l’on peut tout aussi bien redécouvrir, année après année, les diffé-rentes actions du club, où bien visiter le Bénin à travers un diaporama. On peut égale-ment lire ou relire toutes les lettres d’Yvette, ainsi que tous les numéros de « La Main Tendue » en couleur, on peut s’initier au Fon, la lan-gue maternelle d’Yvette, s’en-traîner à l’awalé, visiter les sites de nos partenaires, etc... Il reste encore quelques rubri-ques à terminer, mais l’essen-tiel est déjà accessible. Une inauguration officielle devrait avoir lieu, à la fin du mois de mars. C’est pour nous un nou-vel outil très intéressant de communication, destiné non

Le 4 février dernier, nous avons eu le plaisir de recevoir au collège, Romain Jannel et Tristan Sicard, deux représen-tants d’Aide et Action, qui sont venus spécialement de Paris, pour nous rencontrer et discuter de notre engagement. Ceci, dans le but de réaliser un article, qui paraîtra dans le prochain numéro de la revue de l’association. C’est pour nous à la fois un honneur et une reconnaissance du travail accompli. Romain, qui est responsable des actions jeu-nesse, nous a expliqué que notre club pouvait servir d’exemple et donner l’envie à d’autres jeunes de se lancer dans l’aventure du parrainage. Nous leur avons donc expli-qué comment fonctionnent nos réunions hebdomadaires, comment nous prenons cha-que décision démocratique-ment, comment nous nous répartissons les tâches et quels objectifs nous nous sommes fixés. Ils ont été les premiers à découvrir les rubri-ques déjà réalisées de notre tout jeune site Internet. Le Club Parrainage fait son entrée sur « la toile » Nous en parlions déjà depuis

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Nous avons par ailleurs confectionné un colis, pour les fêtes de fin d’année, qui est arrivé il y a quelques se-maines. A l’intérieur, en plus des courriers, Yvette a pu dé-couvrir une mallette à dessi-ner, avec tout le matériel né-cessaire pour nous faire de superbes dessins: de la pein-ture, des feutres, des crayons de couleur, des crayons gras… Elle a également reçu quelques livrets de travail scolaire, le dernier numéro de « La Main tendue », sa carte de membre d’honneur de no-tre club et quelques cadeaux, comme des bijoux fantaisie. Yvonne n’a pas été oubliée, puisqu’elle a aussi reçu quel-ques petits présents. Une nouvelle mission En ce début d’année 2009, le Club s’est engagé dans une nouvelle mission: le parrai-nage d’un nouvel enfant. Il s’agit cette fois d’un garçon, prénommé Thomas, qui ha-bite dans le nord du Bénin, plus précisément dans la ré-gion de Djougou (voir nos articles en pages 4 et 6). Il est entré en CP en 2008 et sa sco-larité primaire, s’il ne redou-ble pas, doit nous mener jus-qu’en 2012. Cela va nous per-mettre de découvrir une ré-gion du Bénin très différente de celle de Ouidah. Notre club à l’honneur Suite à la parution du dernier numéro de « La Main ten-due », nous avons reçu une carte de félicitations, de Mon-sieur l’Inspecteur d’Acadé-mie, qui nous a vraiment fait chaud au cœur. Cela nous montre que nous œuvrons dans le bon sens et nous en-courage à poursuivre.

seulement aux anciens du club, qui vont maintenant pouvoir suivre beaucoup plus facilement les différentes ac-tions, mais aussi pour tous ceux qui veulent apprendre à nous connaître et peut-être s’inspirer de ce que nous fai-sons, pour se lancer à leur tour dans une opération de solidarité. Nous espérons éga-lement qu’Yvette pourra pro-chainement, depuis son col-lège, accéder à notre site, pour communiquer directe-ment, par e-mail, avec nous. Et d’ici juin ? Nous avons encore au moins trois projets importants, que nous aimerions mener à terme. Tout d’abord, nous voudrions offrir des diction-naires de langue française à l’école de Thomas, comme nous l’avions fait, il y a trois ans, grâce à un don du Conseil Général, pour l’école d’Yvette. Nous avons d’ores et déjà contacté Mme Hadrbo-lec, notre conseillère géné-rale, pour lui transmettre no-tre demande. Par ailleurs, l’association Joigny Baobab, qui travaille également sur le Bénin, prépare l’envoi d’un nouveau conteneur, pour mai ou juin prochain. Mme Brayotel, sa présidente, nous a très gentiment proposé une place pour envoyer des colis à destination de Cotonou. Inu-tile de vous dire que c’est là une chance, que nous ne sau-rions manquer. Enfin, nous espérons pouvoir organiser, à la fin de l’année, une soirée béninoise, avec peut-être un nouveau tournoi d’awalé: affaire à suivre… Les élèves du Club Parrainage

Et si vous veniez le découvrir à l’adresse suivante: http://parrainagepaulbert.free.fr

Maxime lisant le petit mot de M. l’Inspecteur d’Académie, le 4 février dernier,

lors de la venue de Romain et Tristan

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ques pratiquants du culte tra-ditionnel, le vodou. Le village de Fomérou est constitué de cases rondes et de maisons carrées ou rectan-gulaires, construites en terre de barre (banco), recouvertes de paille ou de tôles. Dans la plupart des cas, il y a au moins deux pièces: une cham-bre est occupée par la femme et ses enfants, l’autre par le chef de famille. L’activité économique domi-nante est l’agriculture. On y

Son cadre de vie La région où vit Thomas jouit d’un climat tropical, avec une saison sèche et une saison pluvieuse. Entre les deux, sé-vit l’harmattan, un vent chaud et sec venu du Sahara. La vé-gétation est caractérisée par des grands arbres et de hautes herbes, qui servent souvent à couvrir les toits des habita-tions. La religion dominante est l’Islam. Il y a également des Chrétiens et encore quel-

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UNE NOUVELLE MISSION POUR LE CLUB PARRAINAGE

Depuis quelques semaines, notre club parraine un second en-fant. Il s’appelle Thomas et vit dans le nord du Bénin. Nous lui souhaitons la bienvenue (Fonakayo, en langue Dendi). Nous espérons avoir autant de joie et de réussite avec cette nouvelle mission...

Thomas et sa famille Thomas vit avec sa famille, à Fomérou, un village du nord du Bénin, situé dans la com-mune de Djougou, à environ vingt-cinq kilomètres du cen-tre de la ville. Thomas est né vers 2001. Cette date imprécise s’expli-que par le fait, que dans les villages trop éloignés d’un centre de santé, les accouche-ments se font souvent de ma-nière traditionnelle, avec par-fois l’aide d’une matrone. Dans la plupart des cas, l’en-fant n’est pas déclaré à la naissance et on oublie bien vite, dans sa famille, la date exacte. On doit alors se contenter d’une estimation, par rapport à un évènement marquant. Ceux qui suivent le Club Parrainage depuis plu-sieurs années, se souviennent sans doute qu’en début de scolarité, Yvette était dans le même cas; la situation n’avait été réglée, par une procédure administrative, que trois ans plus tard. Le papa de Thomas s’appelle Koffi. Il est agriculteur et a en tout dix enfants. Sa maman, Afoé, est ménagère. Dans son village, Thomas aide ses pa-rents à faire les petits travaux domestiques, mais ce qu’il aime le plus, c’est jouer de-hors avec ses camarades.

cultive le maïs, le manioc, les haricots, l’arachide, les pi-ments, l’igname, le sorgho et le coton. Les paysans plantent également des manguiers et des anacardiers. Certains ex-ploitent les noix de Karité, pour faire du beurre, qu’ils revendent sur les marchés. L’école de Thomas Thomas est actuellement en deuxième année de cours pri-maire, dans l’école de Van-houi-A. Cette dernière se si-tue dans un village proche de Fomérou, dans lequel Thomas se rend chaque matin, à pied. Vanhoui, qui signifie en lan-gue yom « je suis venu cher-cher du bien », dispose d’un complexe scolaire à deux groupes (A et B), créé en 1981, par M. Célestin Zouma-rou. Le groupe A, où se trouve Thomas, est dirigé par M. Janvier Dieudonné Ma-houton. Il compte 369 élèves, répartis dans six classes et encadrés par six enseignants. L’école est publique et mixte (il y a 173 filles pour 196 gar-çons). Le groupe A dispose de deux modules de trois classes, dont un est en matériaux défi-nitifs. La classe de Thomas compte 64 élèves, dont 28 filles. Les conditions de tra-vail sont difficiles, à cause de la promiscuité et du manque de matériel scolaire. La plu-part de ces enfants ne parlent pas français dans leur famille. C’est donc à l’école, qu’ils s’initient à notre langue, qui est aussi la langue officielle et

Thomas Yvette

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qui va pouvoir inaugurer son rôle d’ambassadeur auprès de ses camarades, dès la pro-chaine visite des représentants de l’association. Nous avons, en effet, déjà fait parvenir au Bénin, des cahiers et des sty-los, ainsi que quelques effets offerts par une grande surface auxerroise, par l’intermédiaire d’un ami du club, M. Ma-gloire Guezodgé. Ce dernier a bien voulu, lors de son récent voyage à Cotonou, prendre dans ses bagages, un carton de matériel scolaire, qu’il a déposé au siège d’Aide et Ac-tion. Nous l’en remercions très chaleureusement. C’est là un procédé que nous avons inauguré, il y a déjà deux ans, et qui donne totale satisfac-tion, puisque nos envois se font ainsi en toute sécurité et gratuitement. Nous venons par ailleurs, d’expédier un nouveau colis, destiné à Tho-mas, contenant des crayons à papier, des règles graduées, des gommes, des tailles crayons, qu’il aura plaisir à distribuer, avec son ensei-gnant, aux camarades de sa classe. Il trouvera également ses premiers courriers, que les membres du club lui ont écrits ainsi qu’un petit cadeau: une flûte. Nous lui souhaitons de bien travailler et de ne jamais oublier, que c’est à l’école qu’on construit son avenir…

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administrative du Bénin. Des difficultés de scolarisa-tion Dans le nord du pays, il existe un grave problème, contre lequel doivent lutter ceux qui veulent développer l’école. Il s’agit de la traite des enfants. A cause de la grande pauvreté de beaucoup de familles, ce fléau continue à sévir aujour-d’hui. Il touche principale-ment les jeunes de sept à quinze ans et surtout les filles. Sous prétexte de tradition, ce sont les parents eux-mêmes qui remettent les enfants, qu’ils ne parviennent plus à nourrir, à des trafiquants, pour qu’ils soient « confiés » à une famille plus aisée. Enfin, ça c’est la théorie. En réalité, ils sont revendus à des gens qui vont les exploiter, voire les maltraiter durement. On re-trouve ainsi des enfants béni-nois, au Nigéria, qui cassent des cailloux dans les carriè-res, des jeunes filles qui ser-vent d’esclaves domestiques, débarrassant et faisant la vais-selle chez des notables… Et bien d’autres situations, par-fois dramatiques, puisque de nombreux cas de maltraitan-ces sont rapportés par les autorités locales. A Djougou, il existe un comi-té communal de lutte contre le

trafic, qui tente de faire appli-quer la nouvelle loi de 2006, plus sévère à l’encontre des trafiquants. Il organise égale-ment des campagnes d’infor-mation, auprès des parents, afin que ceux-ci envoient leurs enfants à l’école, le seul moyen de leur offrir un avenir décent. Toujours à Djougou, la police de la ville tente de contrôler les déplacements des plus jeunes, en exigeant un certificat de placement, délivré par la mairie après enquête, pour envoyer un en-fant, dans une autre famille. Sans ce document, la police peut arrêter les personnes, autre que père et mère, qui voyagent avec des mineurs. C’est ainsi qu’une partie des enfants victimes de trafic sont amenés dans un centre, géré par une O.N.G. (Organisation Non Gouvernementale) soute-nue par l’Unicef. Le président de la République Béninoise espère que la gratuité de l’école primaire, qui a été ré-cemment décrétée, va amélio-rer la situation… Nos encouragements pour Thomas Nous espérons que grâce à Aide et Action et à notre mo-deste contribution, nous sau-rons donner le goût de l’école à notre nouveau petit protégé,

Et nos jumelles ? Yvette et Yvonne sont main-tenant au collège, depuis le mois d’octobre. Elle ne sont pas dans la même classe, mais nous les connaissons suffi-samment bien, pour imaginer qu’elles s’y rendent chaque jour, main dans la main. Yvette a eu quelques petits problèmes de santé, en fin d’année, mais sans gravité. Les cours sont désormais sans doute plus difficiles, mais nous comptons sur elles deux pour faire les efforts nécessai-res et continuer ainsi le très beau parcours qu’elles ont déjà effectué. Nos pensées les accompagnent en permanence et même si nous sommes éloi-gnés de plusieurs milliers de kilomètres, nous essaierons de les soutenir au mieux. Nous espérons aussi qu’elles auront bientôt la possibilité d’aller voir, dans leur collège, notre site, où elles occupent une place si importante.

Les élèves du Club Parrainage

Notre premier mot de Thomas

La classe de Thomas

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En ce qui concerne l’éduca-tion, Djougou est assez bien dotée. Il y a en effet, quatre-vingt deux écoles primaires et trois collèges, dont un avec un deuxième cycle. Pour presque 200 000 habitants, la com-mune ne dispose que d’un seul hôpital, ce qui est nette-ment insuffisant. Il y a par ailleurs une léproserie et six dépôts pharmaceutiques, qui complètent un dispositif de santé bien fragile. Aussi étrange que cela puisse nous paraître, le métier le plus répandu, dans « cette grande ville », est celui d’agriculteur. Cela s’explique par l’étendue des zones rurales de la com-mune, où l’on cultive le maïs, le coton, le sorgho (céréale alimentaire), le niébé, l’igname et le manioc. Le commerce occupe également une place importante et le grand marché de Djougou est réputé, pour la diversité de ses produits, dans toute la région et même jusqu’au Togo tout proche. L’artisanat et l’ex-ploitation du bois des zones forestières, sont encore des activités assez répandues. Mais, la région souffre d’un certain nombre de maux: le recul inquiétant de la végéta-tion arborée, la baisse de la fertilité des sols, du fait de leur surexploitation, et le dé-clenchement de plus en plus fréquent de feux de végéta-tions anarchiques. La ville est hélas également connue pour son insalubrité, sa pollution, ses problèmes d’assainisse-ment et sa mauvaise gestion des déchets. Ces problèmes ont d’ailleurs tendance à s’ag-graver avec l’augmentation de la population.

Hermione Bankolé 6

LA COMMUNE DE DJOUGOU Djougou est une ville commerciale du nord-ouest du Bénin, à quelques 473 kilomètres de Cotonou, la capitale. Elle se situe dans le département de la Donga, à une quarantaine de kilomètres de la frontière togolaise et aux portes du massif de l’Atakora. C’est dans cette commune, que Thomas, notre nouveau filleul, habite.

Historiquement, Djougou est un ancien carrefour carava-nier. Son nom, « Zougou » signifie la grande forêt. De-meuré un grand centre com-mercial, c’est aujourd’hui la deuxième grande ville du Nord Bénin, après Parakou. La commune est vaste et composée de trente quartiers et de quarante-six villages. Pour un total de quelques 190 000 habitants, la popula-tion proprement urbaine ne représente qu’environ 50 000 personnes, soit seulement 26 % de la population totale. Le reste des gens vit en milieu rural, dans une zone qui va jusqu’à une bonne vingtaine de kilomètres du centre. De par sa position, Djougou est un point de rencontre des peuples Yom Lokpa (51,5 %), Dendi (16,8 %), Peulhs (10,3 %), Yoa, Otamari, Pila-Pila, Gourmantché, Somba et Baatonou. La religion la plus pratiquée est l’Islam (72 % de la population), mais il y a aus-si des communautés catholi-ques (8 %) et protestantes. La religion traditionnelle a égale-ment encore un nombre non négligeable d’adeptes. Pour son alimentation en eau, Djougou bénéficie de quatre rivières et dispose de cin-quante et une pompes, de cin-quante quatre puits aménagés et de trois citernes d’eau cou-rante. Mais, il y a moins de cinq cents familles qui sont alimentées par ces dernières, à cause du coût de l’abonne-ment. Pour l’électricité, le constat est le même: il y a une seule centrale électrique et un petit millier d’abonnés. Quant au téléphone, seulement huit cents habitations sont reliées aux lignes téléphoniques.

Ramassage du Bois dans un village de la commune de Djougou

Par Dumbell

Le Grand marché de Djougou

Par Sophie V.

Par Sophie V.

Une rue de Djougou

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LES ROIS DU BENIN

Le Bénin est aujourd’hui une république démocratique et laïque. Pourtant, la royauté traditionnelle persiste. Pour nous autres Européens, ce sont là deux choses tout à fait incompatibles. Et pourtant...

La République et les rois Le Bénin est une république. Mais, cela n’empêche pas la persistance des rois héréditai-res, légitimes descendants des chefs des royaumes disparus lors de la colonisation. Ils n’ont pas de pouvoir officiel, mais ils gardent un ascendant moral et social important sur la population. Ils maintien-nent les traditions et essaient d’arbitrer les différends qui peuvent survenir entre leurs « sujets ». Rencontrer un roi n’est pas chose difficile, pour peu qu’on se plie au proto-cole. A Djougou, par exem-ple, le roi, entouré de sa cour, reçoit avec beaucoup de plai-sir et dans une ambiance fes-tive, tout étranger curieux et désireux d’entendre l’histoire des peuples de la région. A Savé, à une centaine de kilo-mètres au nord de Cotonou, le roi, appelé Oba, accueille avec tout un cérémonial celui qui vient lui rendre hommage. Il faut juste quitter ses chaus-sures et s’incliner respectueu-sement devant chaque mem-bre de la cour (ministres, prin-ces, épouses…), pour que l’Oba réponde courtoisement à toutes les questions qui lui sont posées, concernant son rôle, les traditions et même les secrets de la cité. Il existe, dans le pays, un grand nom-bre de royaumes. Certains sont toutefois plus importants que d’autres. Le titre de roi d’Abomey inspire, par exem-ple, un grand respect. Cela est dû au fait que ce royaume, qui avait fini par englober pres-que la totalité du Bénin, a été historiquement le dernier bas-tion contre la colonisation française, sous le règne du roi

n’est pas possible, certains n’hésitent pas à encourager l’intronisation d’un nouveau chef, ce qui provoque des conflits de plus en plus fré-quents. C’est ainsi que le roi d’Abomey Langanfin Glèlè a été destitué, en 1991, parce qu’il était trop proche de l’an-cien président. Un nouveau roi a alors été désigné, ce qui a provoqué une scission de la famille royale en deux camps ennemis. Les rivalités entre chefs traditionnels débou-chent parfois sur des affronte-ments violents, comme à Kandi, en avril 2008, ou à Abomey, en mai de la même année, où il y a eu un mort et plusieurs blessés. Plus récem-ment encore, le 3 mars der-nier, des problèmes territo-riaux entre deux royaumes, dans la commune de Djou-gou, ont provoqué indirecte-ment le décès du roi de Parta-go, Alpha Moffo Nanga. Devant un tel constat, le pré-sident de la République, M. Boni Yayi, a décidé d’interve-nir. Pour lui, les rois et digni-taires incarnent « les valeurs propres du Bénin, l’essence de l’identité du pays, de ses saveurs, de ses rythmes et de ses danses ». Il est donc indis-pensable, à ses yeux, de réor-ganiser les chefferies tradi-tionnelles, afin qu’elles puis-sent continuer à perpétuer les traditions, sans être « para-sitées » par des politiciens qui ne défendent que leurs inté-rêts propres. De son point de vue, cela ne peut se faire qu’en définissant, dans la constitution du pays, le rôle des rois traditionnels.

M. Dollé

Gbehanzin (détrôné en 1894). La royauté en crise Depuis le retour du Bénin à la démocratie, les royaumes s’enfoncent paradoxalement dans une grave crise. Les lois fondamentales du pays ne dé-finissent pas le rôle des rois, ce qui a laissé la porte ouverte à tous les abus. Aujourd’hui, les royaumes se multiplient, sans fondement historique réel. Même dans des endroits où il n’en existait pas, à l’épo-que précoloniale, des gens en ont inventés, de toutes pièces, et se sont proclamés rois. A

cela, il y a une explication. La royauté est devenue une force politique, qu’il faut contrôler pour avoir les faveurs des électeurs. En effet, les chefs traditionnels béninois ont en-core suffisamment d’autorité sur leurs populations de base, souvent analphabètes, pour que lors des échéances électo-rales, ces dernières se rappro-chent du roi, pour lui deman-der pour qui voter. Certains responsables politiques, qui ont bien compris comment fonctionnait le système, es-saient désormais de contrôler les rois, pour contrôler les électeurs. Et lorsque cela

Un roi en procession

Le palais royal Gaa de Djougou

La jarre trouée de Ghezo, symbole du roi Gbehanzin d’Abomey

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alisation des dossiers de par-rainage. Les parents sont, à cet égard, impliqués dans le projet, puisqu’on leur de-mande de s’engager à tout mettre en œuvre pour que leurs enfants aillent à l’école, jusqu’à la fin de l’enseigne-ment primaire . Ce sont égale-ment les comités locaux qui préparent les correspondances des filleuls, à destination de leurs parrains et marraines. Ce sont eux encore, qui gèrent la réception des colis et cour-riers et qui organisent les cé-

rains, marraines et donateurs. Dans les zones d’intervention, des comités locaux de gestion des parrainages sont institués. Il sont composés d’ensei-gnants, de parents d’élèves, de notables et de l’équipe d’Aide et Action. Leur rôle est fondamental, car ils sont le lien direct avec la communau-té du village ou du quartier. Ce sont ces comités qui sensi-bilisent les populations, pour qu’elles scolarisent leurs en-fants, et qui collectent les in-formations permettant la ré-

rémonies de distribution de leur contenu. C’est là souvent un grand moment, une vérita-ble fête, où les enfants parrai-nés jouent pleinement leur rôle d’ambassadeur auprès de leurs camarades. Les comités locaux organisent aussi les visites des parrains et marraines, lorsque cela est possible. Le programme est bien souvent le même: tout commence par une séance de travail avec le directeur de l’école, puis on fait la visite de toutes les classes, puisque l’enfant parrainé est l’ambas-sadeur de son établissement et de sa communauté. Un mo-ment plus long est bien sûr prévu dans celle du filleul, où l’on soumet souvent le parrain ou la marraine à une petite épreuve: reconnaître son pro-tégé dans sa classe. Dans un second temps, le parrain est amené dans la famille de l’en-fant, où l’accueil est toujours très chaleureux. Les acteurs locaux sont des gens formidables, dévoués, passionnés, qui croient qu’un avenir meilleur est possible pour les enfants de leur pays. Nous en avons rencontré plu-sieurs, lors du dernier forum des bénévoles d’Aide et Ac-tion, comme Lucile Bationo, responsable des parrainages au Burkina-Faso. Et nous voulions simplement leur ren-dre un petit hommage, en sou-lignant le rôle essentiel qu’ils tiennent dans le fonctionne-ment et l’efficacité des ac-tions de l’association.

Les élèves du Club Parrainage

Directeur de la publication: M. J.-M. Dubus; Mise en page: M. Dollé (professeur d’histoire); Rédaction des articles: les élèves du club parrainage. Remerciements à tous ceux qui nous ont aidés. 8

DES ACTEURS DE TERRAIN INDISPENSABLES

Dans chaque pays, où Aide et Action intervient, il existe des équipes locales, for-mées de salariés et de bénévoles, qui œuvrent ensemble pour que les programmes d’aide au développement voient le jour et se concrétisent, pour que les parrainages vivent.

Dans tous les pays où Aide et Action intervient, le principe de base est le même: promou-voir l’éducation primaire et aider les communautés à met-tre en place des projets de dé-veloppement adaptés. Cela n’est possible que grâce au travail concerté des différents acteurs locaux. Tout d’abord, il y a dans cha-que pays, une équipe de sala-riés de l’association. Au Bé-nin, par exemple, au siège d’Aide et Action à Cotonou, ils sont trente neuf, répartis en trois services: la gestion des parrainages, les activités de terrain et les services adminis-tratifs. Notre amie Patricia Saizonou travaille dans l’équipe chargée des parraina-ges. C’est là, entre autres, que sont traités les colis et cour-riers. Quand un paquet est expédié de France, il lui faut en général une semaine, pour arriver à destination. Dès lors, il est enregistré par la secré-taire et un accusé de réception est rédigé à l’intention du parrain ou de la marraine. Il est ensuite confié aux assis-tants relations échanges et parrainages, qui l’ouvrent pour prendre connaissance de son contenu. Si le parrain a donné des instructions, celles-ci sont soigneusement notées dans un registre, pour être exécutées, le moment venu. Les colis et courriers sont acheminés dans les écoles, trois fois par an, en mars, mai et novembre, juste avant que ne soient réalisées les corres-pondances des filleuls. Ces dernières sont également trai-tées par le même service, qui répond encore aux préoccupa-tions et sollicitations des par-

Patricia Saizonou dans la classe d’Yvette

Le comité local d’Agbanou réuni à l’occasion d’une remise de prix

Lucile Patricia